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Discours de J. LANGLET pour son départ

Mesdames, Messieurs,

Je veux tout d'abord vous remercier de partager ce moment avec moi, en cette veille de jour férié. Je voudrais, avant de revenir sur des actions emblématiques, vous faire partager quelques réflexions personnelles sur la direction départementale des territoires (DDT). La DDT pour moi repose sur trois piliers, le territoire, les actions conduites, et les personnes qui y travaillent : •Le territoire et sa proximité, c'est la marque de fabrique des DDT, dans les réflexions sur l'avenir et les nouvelles organisations de l'État, on sent depuis quelques-temps le retour du besoin de proximité de l'État (ainsi par exemple se développe le concept de maisons de l'État). Comment accompagner les mutations de la société, notamment l'émergence d'une nouvelle économie territoriale pas uniquement dans les métropoles et les grandes villes ? Une réponse personnelle est de garder le contact des territoires. Je suis attaché à la présence territoriale, c'est par la proximité avec le territoire que l'on apporte une plus-value sur toutes les politiques publiques des ministères en proposant au préfet des solutions, des décisions qui tiennent compte le mieux possible des réalités du territoire ; •Les actions en DDT sont d'une grande diversité, c'est à la fois une force et une chance. Une DDT au quotidien doit réussir à faire cohabiter des politiques publiques qui mêlent des objectifs différents. Nous sommes parfois pris dans des conflits d'usages. Quelques exemples de sujets d'actualité : préserver et développer la forêt tout en facilitant l'installation des jeunes agriculteurs, limiter la consommation des terres agricoles ou des espaces naturels mais aussi favoriser la construction de logements, ou l'implantation d'activités économiques nécessaires pour accueillir de nouvelles populations dans notre département, développer les énergies renouvelables... Je m'arrête là, c'est sensible ! C'est toute la complexité de nos métiers ; •Enfin la DDT, ce sont les femmes et les hommes qui y travaillent, dans une grande majorité, ce sont des Lozériens, attachés à leur territoire et au service de ce territoire, il ne faut pas l'oublier. A la DDT de la Lozère, j'ai rencontré des agents compétents et motivés. Je voudrais revenir à mon tour sur quelques actions emblématiques, que le directeur et Monsieur le Préfet ont déjà évoquées. Je ne peux évidemment pas tout citer, mais je reviendrai sur une action pour chaque service de la DDT. Le pôle projets, animé par la DDT au sein de la mission stratégie et pilotage de Ségolène Dubois avec l'appui des pôles territoriaux, vise à accompagner les porteurs publics ou privés pour faciliter l'émergence des projets et leur mise en oeuvre. Je connais l'importance qu'avait l'appui de la DDT aux communes pour réaliser les travaux de voiries, " l'ATESAT », Monsieur le Président de l'association des maires, vous m'aviez largement sensibilisé lors de ma prise de fonction. Aussi, nous avons fait en sorte de travailler en complémentarité avec la création de l'agence " Lozère ingénierie » pour que les maires ne se retrouvent pas seuls face à ces missions. Et lorsque nous avons arrêté ces missions d'ATESAT, la DDT a proposé de mettre en place ce pôle projet pour aider les maires d'une autre façon. Je voudrais à ce sujet dire que faciliter, quand on instruit un dossier c'est complexe. Dire non quand on n'est pas sûr c'est la facilité, on prend le risque de bloquer des projets ou des innovations, à l'inverse, dire oui sans se poser les questions des conséquences, notamment sur l'environnement, et donc tout accepter, c'est aussi la

facilité. Faciliter, c'est plus complexe, cela nécessite d'accepter l'échange, l'écoute, et

parfois de mettre beaucoup de conviction pour adapter et modifier les projets pour les rendre acceptables. L'enjeu pour nous c'est d'être dans une logique d'accompagnement, et pour le porteur de projet d'accepter une construction plus collective de son projet et d'éventuellement le modifier. La mise en place de la nouvelle PAC occupe fortement le service économie agricole. Nous y travaillons depuis de longs mois : d'abord pour influer sur les décisions qui conditionnaient l'avenir, puis ce printemps pour accompagner les agriculteurs confrontés à ces nouveaux dispositifs, et désormais pour instruire au mieux les dossiers. Les équipes s'y emploient avec Arnaud Jullian à leur tête qui maîtrise parfaitement tous ces sujets très techniques. Avec le service aménagement et les pôles territoriaux, je voudrais évoquer les ateliers de territoire et la revitalisation des centres bourgs. La question de l'aménagement du territoire pour moi ne se résume pas aux documents d'urbanisme, qui sont des outils, pour mettre en oeuvre un projet de territoire. Encore faut-il que ce projet de territoire existe. Les ateliers sont une façon pour les élus de

faire émerger ces projets de territoire. Les démarches de revitalisation des

centre-bourgs sont une autre manière de créer des dynamiques, avec l'appui de la

mission nationale d'appui, appelée " Aider », à Florac, ou bien à Marvejols, lauréat de

l'appel à manifestation d'intérêt du CGET. J'espère que la nouvelle situation à la mairie permettra de relancer la démarche, ou encore à Langogne, à La Canourgue et ailleurs dans le cadre de démarches locales. Avec le service risque, à mon arrivée dans le département, la finalisation des plans de prévention des risques inondations dans les secteurs de Langogne, de Villefort et dans les gorges du Tarn, ainsi que le fameux plan de prévention des risques chutes de blocs était un enjeu très fort. La question des risques est délicate, les citoyens demandent aux autorités publiques à la fois, liberté et protection. Liberté car le droit de propriété est effectivement très fort et chacun souhaite décider librement chez lui des aménagements à faire, protection car en cas d'événement ou de catastrophe naturelle le citoyen se retourne vers le maire et vers l'État. Je crois que dans nos discussions, plus ou moins longues, plus ou moins vives selon les secteurs, nous avons pu enrichir nos PPR. Je forme un souhait, c'est que, dans le cadre de la commission des risques majeurs, nous puissions travailler désormais davantage sur la culture du risque avec la population. Avec le service biodiversité, eau et forêt, nous nous sommes lancés dans un chantier vaste, celui de cartographier l'ensemble des cours d'eau lozérien, et ceci

avec la profession agricole, les élus et les partenaires. J'ai participé à une des réunions

sur le terrain, et j'ai l'espoir, qu'à l'issue de ce travail émerge une confiance retrouvée avec le monde agricole, car sur le terrain le dialogue s'instaure et des solutions pragmatiques sont trouvées. Avec notre secrétariat général, je veux évoquer le dialogue de gestion : c'est un peu technique, le terme est un peu obscur, c'est le moment où l'on négocie avec le niveau régional des évolutions des effectifs. Avec Ginette Brunel, et son travail de préparation toujours précis et méticuleux, nous avons cherché à démontrer à Montpellier que l'appréciation de l'activité des services dans un département hyper rural comme le nôtre ne pouvait être limité à un ratio des populations. Nous y sommes parvenus, je salue notamment l'écoute de la DREAL sur ce sujet. Il vous faudra reprendre ce combat avec les nouveaux décideurs toulousains. Permettez-moi maintenant d'évoquer des aspects plus personnels de mon expérience de directeur adjoint de la DDT . Ces trois ans passés ici m'ont aussi permis de découvrir ce département. Et c'est une grande chance. C'est une expérience difficile à synthétiser et je m'inspire de lectures que j'ai pu faire. Pendant trois ans, j'ai pu vivre avec ma famille dans un cadre magnifique, loin du stress de la ville, de la foule, du bruit et de la pollution. La diversité des paysages est exceptionnelle, la nature est omniprésente, façonnée par la géographie et les activités humaines depuis des siècles, activités agricoles notamment. J'ai aimé me promener par ces sentiers, à pied ou plus récemment en VTT, qu'il faut du temps pour découvrir tant ils sont nombreux. J'ai une pensée particulière pour celui qui surplombe les gorges de la Jonte, entre le Rozier et Saint Pierre des Tripiers, surveillé par les vautours, vous pouvez contempler de là-haut le vide et la complexité géologique des gorges. Je pense également à une randonnée en début de printemps autour du col de Bonnecombe, et quand vous arrivez au sommet, vous découvrez une visibilité à 360°, lorsque les premières fleurs commencent à repousser entre les restes de neige, c'est magnifique. J'ai même réussi à trouver des champignons, mais là, je ne vous dirai pas où. La Lozère ce sont aussi des services de qualité. Ainsi par exemple, l'école publique offre des conditions d'enseignement propice, les enfants sont pris en charge dans des petites classes où ils peuvent s'épanouir avec un accompagnement de proximité, quelle chance ! Les activités associatives et sportives sont nombreuses, peut être plus accessibles même que dans les grandes villes, pour ma part, avec ma famille, à Chanac, à Mende, ou ailleurs nous avons expérimenté spéléologie, escalade, danse, musique, piscine, tennis, VTT, canyoning... nous avons fait du ski, nous nous sommes baignés dans les rivières et les lacs... La Lozère ce sont aussi de nombreuses initiatives privées, qui dessinent, je le pense, un modèle d'avenir pour les départements ruraux.

Ainsi j'ai été marqué par la visite récente d'une entreprise à Saint-Pierre-le-Vieux qui,

grâce à internet, vends ses produits de " scrapbooking » partout en France, emploie

13 salariés. Autre exemple, nous avons accompagné, avec le pôle projet, l'entreprise

Essenciagua qui fabrique des huiles essentielles et qui vient s'installer en Lozère à La

Thieule en apportant un savoir faire.

Exemple aussi d'un système économique qui fait confiance : je pense à la fromagerie bien connue sur le causse Méjean qui fait vivre de nombreux éleveurs, et qui, lorsque vous passez en dehors des heures d'ouverture laisse accessible dans un frigo ces produits avec une petite urne pour payer. Avant de conclure, je voudrais remercier ceux qui m'ont fait confiance au sein de cette maison. Au premier rang, le directeur, René-Paul avec qui nous avons formé un binôme, ou un tandem, vous monsieur le Préfet ainsi que vos prédécesseurs, pour la confiance que vous m'avez faite. Les sous-préfets, la directrice de cabinet avec qui j'ai eu plaisir à travailler, le plus souvent en mode " équipe » d'ailleurs. En interne à la DDT, je le redis aux chefs de service et chefs de pôle qui sont ici, je suis reconnaissant aux équipes pour le travail accompli et pour la qualité de nos échanges. Un départ est toujours un moment particulier, surtout quand c'est le sien. Arriver c'est la promesse de découverte, de rencontres, de nouveautés,... partir c'est abandonner en cours de route des projets, des actions, que j'aurais aimé poursuivre avec vous. Mais quand on part, on arrive aussi, quelque part... . Ainsi va la vie administrative, c'est à la fois une richesse et une contrainte. Je voulais vous le dire car si c'est bien entendu un choix, j'ai énormément apprécié mon expérience ici, j'ai beaucoup aimé ce département, et je souhaite rester à mon niveau, un ambassadeur de la Lozère...

Merci à tous, et au plaisir de vous revoir...

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