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Apr 13 2021 conflit sévère de séparation où ... LES CONFLITS SÉVÈRES DE SÉPARATION (CSS) ... CONFLIT DE LOYAUTÉ – État où l'enfant



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Le conflit de loyauté lorsqu'il existe





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Pris dans un conflit de loyauté sa fidélité peut l'amener à prendre parti pour le parent qu'il estime victime de la séparation et certains parents pris par l' 



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Étape 1: Identifier les caractéristiques du conflit entre les parents établir la sévérité du conflit de séparation et identifier les conséquences possibles du 

  • Comment se sortir d'un conflit de loyauté ?

    Essayez de garder, autant que possible, une relation cordiale et polie avec l'autre parent. Réglez vos conflits d'adultes entre adultes et évitez de dire du mal de votre ex-partenaire ou du beau-parent devant votre enfant. Dites-lui qu'il a le droit de se sentir bien avec chacun de ses parents et de ses beaux-parents.
  • Quand un parent dénigre l'autre parent ?

    Le parent dit « aliénant » dénigre constamment et de façon injustifiée l'autre parent. Ce comportement a pour but de « programmer » l'enfant à rejeter l'autre parent. Le dénigrement de l'autre parent sera sanctionné par le juge.
  • Qu'est-ce qu'un conflit de séparation ?

    Qu'est-ce qu'un conflit sévère de séparation? Parents en processus de rupture qui vivent des conflits dont la nature, la durée et l'intensité ont un impact,observable ou supposé, sur l'enfant.
  • Voici quelques exemples de manifestations chez l'enfant :

    1L'enfant refuse les contacts et les visites avec le parent et/ou son entourage, sans explication.2L'enfant verbalise de la haine ou du mépris envers l'autre parent.3L'enfant s'exprime en utilisant un discours emprunté à l'autre parent.
Les mauvais traitements psychologiques caractérisés par des i Les mauvais traitements psychologiques caractérisés par des conflits entre les parents en contexte de Centre

Jeunesse

Mémoire doctoral

Marie-Hélène Fauteux

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D.Psy)

Québec, Canada

© Marie-Hélène Fauteux, 2013

ii iii

Résumé

Au Québec, depuis 2007, il est possible de retenir un signalement à la protection de la jeunesse pour motif de

mauvais traitements psychologiques. Actuellement, la façon dont on a opérationnalisé et balisé les

manifestations de mauvais traitements psychologiques permet aux intervenants de la protection de la

jeunesse de considérer que certaines formes de conflits parentaux constituent en soi des mauvais traitements

psychologiques envers les enfants. La présente étude a pour objectif de décrire 23 situations familiales qui ont

été évaluées en contexte de protection de la jeunesse et pour lesquelles l'évaluation psychosociale fait

ressortir la présence de conflits de couple ou de séparation qui sont qualifiés de mauvais traitements

psychologiques envers le ou les enfant(s).

Plus spécifiquement, les dynamiques familiales sont décrites en fonction des variables suivantes: 1) les

difficultés sociales ou personnelles des parents; 2) l'exercice de la coparentalité; 3) la présence de violence

pendant la vie conjugale, que ce soit sous forme de violence commune ou de dynamiques de contrôle et de

pouvoir, et l'impact du type de violence sur le conflit après la rupture; 4) la présence de triangulation et de

conflit de loyauté chez les enfants et 5) l'impact de la situation conflictuelle sur les enfants, en termes de

préjudice à leur développement psychologique, social et affectif et du maintien de leur relation avec leurs

parents.

Les liens entre les variables découlant de la description des situations familiales sont explorés et décrits. Parmi

ces variables, le manque d'objectivité de la perception parentale se présente systématiquement en présence

d'autres variables de l'analyse : difficultés de fonctionnement relationnel de certains parents; coparentalité

hostile ou désengagée; présence de triangulation et de conflit de loyauté. Le manque d'objectivité semble

aussi associé à la chronicité et à la sévérité du conflit entre les parents ainsi qu'à l'impact du conflit sur les

enfants.

La présence élevée, dans l'échantillon à l'étude, d'indices découlant du conflit parental et associés, dans la

littérature, à un risque élevé pour les enfants sur le plan adaptatif, incite à adopter la perspective de la

protection de la jeunesse et de considérer que certains conflits intenses et chroniques constituent en soi une

forme de mauvais traitements psychologiques. iv v

Remerciements

Je tiens avant tout à remercier les intervenants à la protection de la jeunesse qui ont tous accepté, malgré leur

horaire chargé, de s'engager à témoigner, pour cette recherche, du travail qu'ils accomplissent auprès des

familles. J'ai pu constater avec admiration le professionnalisme et l'humanité avec lequel ils abordent

l'évaluation des situations familiales. Je veux aussi remercier Marie-Hélène Gagné, ma superviseure de

recherche, qui m'a accompagnée dans le parcours parfois sinueux que constitue une analyse qualitative.

Merci de m'avoir permis de me joindre à cette recherche dès la cueillette de données. Merci pour tes patientes

et rigoureuses annotations et commentaires, qui m'ont permis de garder le cap. Merci aussi à Véronique, qui

m'a assisté avec beaucoup d'intelligence dans la codification des vignettes et dans la catégorisation.

Ce mémoire doctoral n'aurait pu être mené à son terme sans le support de personnes chères. Un merci tout

spécial à mon conjoint, Nicolas, qui m'a supporté tout au long des hauts et des bas de ce cheminement. Merci

à mes filles, Capucine et Éliane. Votre présence dans ma vie m'a servi de moteur au cours des quatre

dernières années. Je vous aime. Merci à mon père et à ma mère pour les multiples coups de main qui ont

aussi aidé à rendre tout ça possible. Merci à mes frères François et Nicolas pour votre dernière relecture.

Merci à mes soeurs pour vos encouragements.

Merci à mes superviseurs de clinique, Claire Baudry, Jean Brin, Louis Boivin, Joanne Tendland, François

Faucher. Vous m'avez tous apporté des idées, des couleurs, qui m'ont permis d'affiner mon regard et ma

sensibilité clinique.

Merci aux collègues du labo. Merci à Karine, Sonia, Marie-Ève, Francis, Thomas, les amis du labo d'à côté.

Ça a été bien de vous savoir pas loin, de vous entendre rigoler, de savoir que je peux prendre une pause,

pour sortir des histoires de conflit, pour décompresser. Merci à mes amies Emmanuelle, Sabrina, Isabelle, à

mon ami Sébastien, fidèles au poste pour un p'tit café, des confidences, des états d'âme... Le doctorat restera

une expérience mémorable, grâce à vous. vi vii

Table des matières

Résumé .................................................................................................................................. iii

Remerciements ........................................................................................................................ v

Table des matières ............................................................................................................... vii

Introduction ............................................................................................................................. 1

Chapitre 1 : Problématique ..................................................................................................... 3

Conflit de couple et de séparation : Mise en contexte ............................................................ 7

Conflits de couple, séparation et adaptation de l'enfant ......................................................... 8

Taux de séparation et de divorce ............................................................................................ 9

La séparation et le conflit en contexte de protection de la jeunesse ...................................... 9

Trajectoires conflictuelles post-séparation ........................................................................... 10

Circonscrire le lien entre mauvais traitements psychologiques et conflits parentaux .......... 10

Question et objectifs de recherche ........................................................................................ 16

Chapitre 2 : Méthodologie .................................................................................................... 17

Contexte ................................................................................................................................ 17

Échantillon ............................................................................................................................ 17

Source de données ................................................................................................................ 24

Procédures ............................................................................................................................. 25

Stratégie d'analyse qualitative .............................................................................................. 25

Chapitre 3 : Résultats et discussion ...................................................................................... 33

Description des parents ......................................................................................................... 33

Relation entre les variables décrivant les parents ................................................................. 48

Comportement de l'enfant dans la dynamique conflictuelle. ............................................... 57

Relation entre les variables décrivant les parents et la réaction des enfants ......................... 61

Lien entre conflit parental et maltraitance psychologique .................................................... 62

Synthèse des résultats ........................................................................................................... 64

Forces et limites de l'étude ................................................................................................... 67

Conclusion et retombées cliniques ....................................................................................... 69

Références ............................................................................................................................. 71

Annexes ................................................................................................................................ 75

viii ix

Liste des tableaux

Tableau 1: Unions antérieures et recomposition familiale ................................................................ 19

Tableau 2:Temps écoulé depuis la rupture ........................................................................................ 20

Tableau 3: Personne qui assume la garde de l'enfant au quotidien ou, si l'enfant est placé, qui en

assumerait la garde au quotidien ....................................................................................................... 20

Tableau 4: répartition des motifs de signalement retenus pour l'ensemble de tous les signalements

recensés dans les 23 situations familiales ......................................................................................... 21

Tableau 5: Répartition des capacités parentales au sein des couples parentaux ............................... 22

Tableau 6: Caractéristiques des intervenants .................................................................................... 22

Tableau 7: Description du processus d'évaluation (n=23) ................................................................ 23

Tableau 8: Difficultés liées au fonctionnement relationnel des parents ............................................ 36

Tableau 9: Répartition des difficultés liées au fonctionnement relationnel des parents au sein des

couples parentaux .............................................................................................................................. 37

Tableau 10: Dynamiques de violence conjugale en fonction du sexe et du rôle joué dans la

dynamique ......................................................................................................................................... 40

Tableau 11: Répartition des couples parentaux en fonction de leur style et du sous-type de

coparentalité exercé ........................................................................................................................... 44

Tableau 12: Perception du parent envers l'autre parent ..................................................................... 47

Tableau 13: Répartition de l'objectivité des parents au sein des couples parentaux ......................... 47

Tableau 14: Dynamiques de violence conjugale et difficultés liées au fonctionnement relationnel

des parents ......................................................................................................................................... 50

Tableau 15: Objectivité et difficultés de fonctionnement relationnel des parents ............................ 51

Tableau 16: Coparentalité et perception des parents ......................................................................... 52

Tableau 17: Objectivité des parents et temps écoulé depuis la rupture ............................................. 54

Tableau 18: Sous-type de coparentalité en fonction du temps écoulé depuis la rupture ................... 56

Tableau 19: Maintien de la relation parent-enfant ............................................................................ 58

Tableau 20: Répartition des enfants qui ont développé un conflit de loyauté en fonction de la

présence d'objectivité chez les parents .............................................................................................. 61

Tableau 21: Facteurs associés à un risque accru d'impact du conflit parental sur le développement

de l'enfant .......................................................................................................................................... 63

x 1

Introduction

Les parents de J, une fille de 8 ans, sont séparés depuis qu'elle a 4 ans. Depuis la séparation, c'est la guerre

entre ses parents. Lors des visites à leur père, une fin de semaine sur deux, l'échange des enfants se tient à

la maison de la famille. Les parents communiquent uniquement par écrit, à l'aide d'un journal, afin d'éviter les

conflits lorsqu'ils se parlent. Le père de J. lui dit fréquemment, à elle et à son jeune frère de 5 ans, que sa

mère les néglige, qu'elle garde contact avec eux uniquement pour l'argent de la pension alimentaire. Lorsque

les enfants reviennent d'une fin de semaine passée chez leur père, leur mère les questionne; elle semble

inquiète et tente d'obtenir tous les détails des moments passés avec leur père, des gens qu'ils ont rencontrés,

des mots et des gestes de leur père. Lorsque les enfants se réjouissent des bons moments passés avec leur

père, leur mère ne semble pas se réjouir avec eux; elle se renferme, semble triste. Le père se bat depuis des

années pour obtenir la garde complète des enfants. Il note toute information qui pourrait nuire à la mère et à

ses droits de garde. Au cours de leur dernière visite, il a demandé aux enfants de raconter, devant la caméra,

un épisode au cours duquel leur mère a " été méchante avec eux », une fois où elle a crié fort.

En contexte de protection de la jeunesse, les situations familiales semblables à celle de J. peuvent être

considérées comme une forme de mauvais traitements psychologiques envers l'enfant. Elles correspondent à

un profil de fonctionnement familial proposé par Malo et Gagné (2005) dans leur guide de soutien à

l'évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques envers les enfants, sous le titre des " feux

croisés ». Dans ces situations, l'enfant se retrouve témoin, pris à partie ou même utilisé lors de la

communication négative entre les parents. Ce type de fonctionnement psychologiquement maltraitant a été

intégré au guide de Malo et Gagné suite à des discussions avec les intervenants jeunesse, à partir de

l'expérience clinique de ceux-ci. Cependant, contrairement aux 4 autres profils identifiés dans le guide, il

n'avait pas été validé scientifiquement.

La présente étude dépeint comment se présentent les situations familiales qui sont évaluées en contexte de

protection de la jeunesse pour motif de " mauvais traitements psychologiques » caractérisés par des conflits

entre les parents. Cette étude clarifie le lien entre les mauvais traitements psychologiques et les conflits de

couple ou de séparation. Elle décrit les interactions présentes au sein de ces situations familiales et explore

les processus par lequel les conflits qui y sont présents pourraient entraver le développement des enfants qui

y vivent. Elle propose des pistes d'intervention et de prévention dans ce domaine. 2 3

Chapitre 1

Problématique

Conflit de couple et maltraitance psychologique envers les enfants

Les liens entre les mauvais traitements psychologiques faits aux enfants et les conflits entre les parents

peuvent être analysés sous un angle conceptuel ou un angle empirique. Dans le cas de l'angle empirique, on

conçoit le conflit de couple et la violence envers l'enfant comme deux éléments distincts d'adversité familiale,

qui peuvent coexister et même s'alimenter l'un l'autre ou interagir sur divers aspects du développement, de

l'adaptation ou de la santé de l'enfant. Cette perspective est illustrée, dans l'étude de Gagné, Drapeau,

Melançon, Saint-Jacques et Lépine (2007), où les conflits parentaux et les conduites parentales

psychologiquement violentes sont conceptualisés comme deux variables distinctes, toutefois associées,

susceptibles de contribuer toutes les deux aux difficultés d'adaptation de l'enfant.

Lorsque des conflits parentaux intenses perdurent dans le temps et perturbent plus sérieusement l'enfant qui y

est exposé, le conflit comme tel peut être conceptualisé comme une manifestation de maltraitance

psychologique envers l'enfant. Sur ce plan, les manifestations de conflit de couple ou de séparation en

viennent à faire partie de la définition opérationnelle du mauvais traitement psychologique. C'est la perspective

adoptée par le système québécois de protection de la jeunesse, pas tellement dans le libellé de la loi mais

dans la manière dont, en pratique, on a opérationnalisé et balisé les manifestations de mauvais traitements

psychologiques. En effet, l'article 38 c de la Loi sur la Protection de la Jeunesse (LPJ) définit comme suit les

mauvais traitements psychologiques :

Lorsque l'enfant subit, de façon grave ou continue, des comportements de nature à lui causer un

préjudice de la part de ses parents ou d'une autre personne et que ses parents ne prennent pas les moyens nécessaires pour mettre fin à la situation. Ces comportements se traduisent

notamment par de l'indifférence, du dénigrement, du rejet affectif, de l'isolement, des menaces,

de l'exploitation, entre autres si l'enfant est forcé à faire un travail disproportionné par rapport à

ses capacités, ou par l'exposition à la violence conjugale ou familiale (Québec, 2010).

L'exposition aux conflits parentaux n'est pas normée explicitement dans cette définition. Dans la pratique,

toutefois, lorsqu'il est jugé que le conflit parental risque de compromettre ou compromet effectivement le

développement de l'enfant, le système de protection de la jeunesse retient les motifs de compromission du

développement relatifs aux conflits parentaux sous l'article 38 c " mauvais traitements psychologiques ». En

effet le système de protection de la jeunesse a opérationnalisé la notion légale de mauvais traitements

4

psychologiques en treize problématiques spécifiques (voir annexe A). Trois de ces problématiques concernent

des conflits entre les parents ou les adultes de la maisonnée : conflit de couple, conflit de séparation et conflit

entre deux adultes présents dans la situation familiale. Dans certains cas et sous certaines conditions, on

conçoit donc les manifestations du conflit entre adultes comme une forme de maltraitance psychologique

envers l'enfant qui y est exposé. C'est précisément ce genre de situations qui sera étudiée dans le présent

mémoire.

Les mauvais traitements psychologiques et le conflit de couple constituent des problématiques socio-familiales

dont la prévalence est élevée dans la population générale, qui sont toutes deux des menaces au

développement, à l'adaptation et à la santé des enfants et des adolescents. Dans la littérature scientifique, la

maltraitance envers les enfants et les conflits conjugaux constituent cependant deux domaines de recherche

distincts, qui ont été étudiés en parallèle au cours des dernières décennies. Aussi, les deux concepts seront

présentés séparément dans un premier temps.

Mauvais traitements psychologiques

Définition

Une discussion est toujours en cours quant à la meilleure façon de définir les mauvais traitements

psychologiques. Baker (2009), dans une revue de littérature, fait le survol des définitions des mauvais

traitements psychologiques ayant cours aux États-Unis. Elle constate que les définitions légales diffèrent d'un

état à l'autre et sont la plupart du temps basées sur l'impact qu'a le comportement parental sur l'enfant et non

sur le comportement parental en soi. Quant aux définitions opérationnelles qui sont développées et utilisées

par les chercheurs, elles diffèrent aussi largement entre elles et sont parfois définies du point de vue de

l'impact sur l'enfant, parfois à partir de la comparaison à une norme sociale définissant un comportement

parental acceptable. Une source d'ambiguïté réside dans les différentes terminologies utilisées par les

chercheurs: " emotional abuse », " psychological maltreatment », "mental injury », " psychological abuse »,

" emotional neglect » sont tous des termes faisant référence plus ou moins au même construit, avec parfois

quelques nuances, ce qui ajoute à la confusion conceptuelle.

Au Québec, depuis 2007, il est possible de retenir un signalement à la protection de la jeunesse pour motif de

mauvais traitements psychologiques. La définition du mauvais traitement psychologique mise de l'avant par la

loi de la protection de la jeunesse englobe à la fois le préjudice subi par l'enfant, donc l'impact, et la nature du

geste parental (voir la définition en page 3). Comme la présente étude s'inscrit dans un contexte québécois de

protection de la jeunesse, c'est cette définition qui lui servira de base. 5 Mauvais traitements psychologiques : Prévalence

Une enquête téléphonique menée au Québec en 2004 auprès d'un échantillon représentatif de 3148 mères

(Clément, Chamberland, Côté, Dubeau, & Beauvais, 2005) a permis de mettre en lumière, à l'aide d'une

traduction du Parent-Child Conflict Tactics Scales (PCCTS), qu'au moins une agression psychologique par

année est rapporté dans 79,6 % des foyers. Ce taux diminue à 52% lorsqu'on compte trois épisodes

similaires ou davantage. Comparé à la même enquête, menée en 1999 (Clément, Bouchard, Jetté, &

Laferrière, 2000), une baisse de 5% de l'utilisation de la violence physique est notée, baisse contrebalancée

toutefois par une augmentation similaire d'agressions psychologiques. Il est possible que cette augmentation

soit due au fait que les parents compensent l'utilisation de comportements physiquement violents par

l'utilisation de stratégies psychologiquement violentes pour la gestion de la discipline. Il est aussi probable,

cependant, que la sensibilisation des parents aux conséquences de gestes psychologiquement violents fasse

en sorte qu'ils y soient plus sensibles donc plus conscients et qu'ils nomment davantage ces comportements

lors de l'enquête (Clément & Chamberland, 2007).

Les jeunes que l'on retrouve dans les services de protection de la jeunesse présentent généralement les

situations de maltraitance les plus sévères. En général, leur sévérité va bien au-delà de celle des incidents

rapportés dans les enquêtes populationnelles comme celle de Clément et al. Au Canada, les situations

retenues suite à un signalement aux services de protection de la jeunesse parce qu'elles présentent

effectivement de la maltraitance ou un risque de maltraitance représentent environ 16 enfants sur 1000 dans

la population générale. C'est ce que révèle une enquête pancanadienne de Trocmé, Fallon, MacLaurin, Sinha,

Black, Fast, et al. (2008) menée auprès d'intervenants de la protection de l'enfance de 112 services de

protection Canadiens. Cette enquête a documenté les signalements retenus de 15 980 cas d'abus physique,

sexuel, négligence et maltraitance émotionnelle chez des enfants de moins de 16 ans. Cette étude révèle que

la négligence (34% des cas d'abus) et l'exposition à la violence conjugale (34% des cas) sont les formes de

maltraitance les plus fréquemment recensées comme principale forme de maltraitance. L'abus physique (20%)

constitue la troisième, et la maltraitance psychologique se retrouve au 4 e rang (9%). Toutefois, il faut prendre

en considération que plusieurs formes de maltraitance sont souvent recensées chez un même enfant. Ainsi,

les situations dans lesquelles une forme quelconque de mauvais traitement psychologique a été documentée

représentent 29 % de tous les cas investigués. Les signalements et interventions en protection de la jeunesse

ayant pour motif unique la maltraitance psychologique demeurent rares jusqu'à récemment (Levesque, 1998;

Loue, 2005 ; Trocmé, et al., 2008; Trocmé, Tourigny, MacLaurin, & Fallon, 2003). Au Québec, le mauvais traitement psychologique est retenu comme motif de compromission dans un

pourcentage assez élevé de signalements depuis que la loi le permet. Dans une étude menée auprès des

6

services de la protection de la jeunesse de la région de Québec, Chavarria (en cours) a recensé 3102

signalements retenus du 1 er septembre 2007 au 31 août 2008. Parmi ceux-ci, 834 cas (27%) ont comme motif de compromission le mauvais traitement psychologique; dans 648 de ces 834 cas, le mauvais traitement psychologique survient en concomitance avec un autre motif de compromission. Pour 6% de tous les signalements le motif de compromission retenu est le mauvais traitement psychologique uniquement. En

somme, les mauvais traitements psychologiques font souvent partie d'un portrait regroupant de multiples

formes de maltraitance dans les familles signalées aux services de la protection de la jeunesse et demeurent

rarement le motif premier ou la cause unique de rétention d'un signalement. Développement des enfants et mauvais traitements psychologiques

Les mauvais traitements psychologiques surviennent souvent dans des contextes familiaux où d'autres formes

de violence ou de maltraitance sont aussi présentes (Clément, et al., 2005). Aussi, il est difficile d'isoler

l'impact des mauvais traitements psychologiques sur l'adaptation psychosociale de l'enfant. Il reste que

plusieurs problèmes ont été associés à un vécu de maltraitance psychologique.

Les recensions des écrits sur la question rapportent, dans la petite enfance et l'enfance, un développement

de l'attachement problématique, une communication déficiente ou inexistante avec les proches, des difficultés

académiques, des problèmes de comportement, de l'encoprésie et de l'énurésie qui peuvent amener le rejet

des pairs, un déficit d'estime de soi et un sentiment d'inutilité. Un développement physiologique compromis est

aussi possible; le développement du cerveau de l'enfant peut même en être affecté (Gagné, 2001; Iwaniec,

2006).

À l'adolescence, le passage à travers les enjeux liés au développement de l'identité et de l'indépendance, à

l'acceptation sociale, au niveau d'activité sexuelle peuvent s'avérer plus difficiles si l'adolescent est victime de

maltraitance psychologique. Quant à la santé mentale, elle semble être menacée par la maltraitance

psychologique, qui est associée à des sentiments dépressifs, un sentiment de désespoir et une estime de soi

compromise. L'adolescent intérioriserait les paroles blessantes et démesurément critiques de ses parents et

finirait par se les appliquer à lui-même. Les mauvais traitements psychologiques peuvent, d'autre part, mener

à des difficultés dans les relations interpersonnelles. Des déficits apparaîtraient aussi au niveau scolaire,

difficultés qui agiraient comme une menace supplémentaire à l'établissement de l'estime de soi. Les

problèmes de comportement, en plus des difficultés à se faire des amis, l'isolement et l'évitement social,

seraient aussi des résultats des mauvais traitements psychologiques subis. Ainsi, on retrouverait plus de

jeunes qui font abus de drogues et d'alcool, plus de comportements délinquants et de grossesses non

7

désirées chez les adolescents qui ont été victimes d'abus. En résumé, on retrouverait donc à la fois des

problèmes d'intériorisation comme la dépression et d'extériorisation comme la délinquance chez les jeunes

victimes de maltraitance psychologique (Gagné, 2001; Iwaniec, 2006).

Des recherches plus récentes appuient ces constats. Les mauvais traitements psychologiques vécus dans

l'enfance semblent associés à une estime de soi, à une satisfaction de la vie et à une perception de soutien

social plus basses (Festinger & Baker, 2009). Ils semblent nuire à l'établissement de schèmes relationnels et

de relations saines (Crawford & O'Dougherty Wright, 2007) et ils sont associés à davantage de problèmes

d'intériorisation et d'extériorisation, d'autant plus si plusieurs types de violence sont présents dans le contexte

familial (Arata, Langhinrichsen-Rohling, Bowers, & O'Brien, 2007). Une analyse du contenu de 345 demandes

d'aide acheminées à un service d'aide anonyme par des jeunes de 9 à 17 ans qui font face à des

manifestations de violence psychologique parentale (Gagné, Melançon, Pouliot-Lapointe, Lavoie, & Roy,

2010) a montré que la majorité des jeunes expriment un niveau de détresse modéré (54,5%), ou très élevée

(32,9%). Les émotions les plus courantes nommées par ces jeunes en lien avec le contexte de maltraitance

psychologique sont la lassitude et l'accablement, les sentiments dépressifs, la peur, l'impression d'être démuni

et impuissant, et un sentiment de souffrance généralisée.

En bref, bien que les définitions des mauvais traitements psychologiques fassent encore l'objet de

discussions, les chercheurs s'entendent à l'effet que leur présence est associée à des difficultés importantes

chez les enfants qui en sont victimes. Ils se présentent fréquemment au sein des familles, sous diverses

manifestations. Il est primordial de poursuivre l'identification de ces manifestations afin d'offrir des bases

solides à la prévention et à l'intervention dans ce domaine. Conflit de couple et de séparation : Mise en contexte

La présence de divergences d'opinions ou de sentiments survient inévitablement au sein d'un couple,

amenant ponctuellement des conflits. Ceux-ci ne sont toutefois pas nécessairement malsains. Dans son

ouvrage intitulé " La survie du couple », Wright (1990) présente son " art du combat loyal » comme une

manière saine d'être en conflit au sein d'un couple. De fait, ce sont les conflits hostiles, intenses et qui

demeurent non résolus qui ont l'impact le plus négatif sur l'enfant (Saint-Jacques & Drapeau, 2009). Une

étude de Buehler, Krishnakumar, Stone, Anthony, Pemberton, Gerard, et al. (1998), menée auprès de 337

jeunes de 10 à 15 ans, dont les parents sont séparés ou non, révèle que les conflits voilés, qui se manifestent

notamment par la triangulation de l'enfant, sont aussi préjudiciables. 8

Le conflit conjugal et la séparation conjugale sont deux problématiques très liées mais pourtant différentes; il

est possible de vivre des conflits sérieux sans être séparé et de se séparer sans qu'il y ait de conflit important.

Dans les cas où les parents sont séparés, les recherches montrent clairement que les conflits entre les ex-

conjoints et l'absence de coopération parentale comptent parmi les plus puissants facteurs de prédiction des

difficultés d'adaptation des jeunes à la séparation de leurs parents (Saint-Jacques & Drapeau, 2009).

Conflits de couple, séparation et adaptation de l'enfant

En ce qui a trait au conflit parental en contexte de séparation, selon une recension de littérature de

Hetherington, Bridges, et Insabella (1998) sur l'adaptation des enfants au divorce de leurs parents, les conflits

entre parents précédant et suivant le divorce semblent être liés chez leurs enfants à la présence de

dépression, à des compétences sociales et à des performances académiques défaillantes ainsi qu'à des

troubles de la conduite. Selon deux autres recensions plus récentes (Drapeau, Gagné, & Hénault, 2004;

Lansford, 2009), lors d'un divorce, la séparation conjugale et les conflits pré-séparation contribuent tous deux

de manière indépendante aux difficultés d'adaptation chez les jeunes. L'impact de la séparation et celui du

conflit s'additionnent. Aussi, il est préférable pour un enfant de demeurer dans une famille unie conflictuelle

que dans une famille désunie où le conflit perdure. Si la séparation n'apporte pas de solution aux conflits, les

enfants qui la subissent présentent plus de difficultés d'adaptation que ceux des familles intactes

conflictuelles. De plus, il semblerait que les conflits qui perdurent après la séparation sont particulièrement

préjudiciables pour l'enfant puisque ce dernier peut se retrouver plus directement impliqué dans les conflits. Il

en devient l'un des enjeux cruciaux car il est l'un des seuls liens qui demeurent entre les ex-conjoints. De fait,

les enfants semblent bénéficier de la fin d'une union très conflictuelle dans la mesure où les conflits ne

perdurent pas après la rupture. D'un autre côté, les enfants souffrent de la séparation lorsque le niveau de

conflit pré-séparation est peu élevé. Les enfants vivant dans des foyers hautement conflictuels ressentent un

soulagement lors de la séparation car ils sont alors moins exposés aux conflits, alors que les enfants peu

exposés à des conflits perçoivent la transition familiale comme un événement imprévu, négatif et incontrôlable.

Le niveau de conflit présent dans le couple prédirait mieux l'adaptation de l'enfant que la séparation en soi

(Drapeau, Gagné, Saint-Jacques, Lépine, & Ivers, 2009; Lansford, 2009). Ainsi, dans une étude menée

auprès de 275 parents impliqués dans des conflits de garde, Trinder, Kellet et Swift (2008) retrouvent le

meilleur niveau d'adaptation chez les enfants dont le parent rapporte avoir le moins de tension avec l'autre

parent et le moins de questionnement au sujet des capacités parentales de l'autre parent. Par contre, une

adaptation plus difficile est rapportée, particulièrement chez les garçons, lorsque les parents sont impliqués

dans des disputes légales concernant la garde suivant la séparation ou un divorce. 9

Le portrait des familles québécoises a beaucoup changé au cours des dernières décennies, laissant place à

une augmentation du taux de séparation et de divorce, et donc à une possibilité accrue de conflit post-

séparation. Voyons, dans la section suivante, comment la situation se présente.

Taux de séparation et de divorce

Selon des données québécoises :

Les familles ont changé de façon marquée comparativement à 1984. Les familles biparentales intactes,

qui représentaient alors 79% de l'ensemble de la population, ne forment plus que 67% des familles avec

enfants en 2001. Le pourcentage de familles recomposées est passé de 5 à 11% entre 1984 et 1990 et

s'est stabilisé par la suite. Le recul des familles intactes s'est surtout effectué au profit des familles

monoparentales, dont le pourcentage a crû de 16% à 23%. (Le Bourdais et Lapierre-Adamyck, 2005,

p.73)

Ces auteures précisent aussi que les familles en union libre (6% des familles avec enfants en 1984 et 25% en

2001) ont remplacé les familles de couples mariés (78% des familles avant 1984, 52% en 2001). De plus, en

2005, presque 60% des naissances se produisent hors mariage. L'instabilité conjugale est deux fois plus

élevée chez les couples vivant en union libre que chez les couples qui se sont mariés. En résumé, le portrait

de la famille québécoise s'est beaucoup modifié au cours des dernières décennies, laissant place, entre

autres, à une forte augmentation du nombre de séparations et de recompositions familiales. La séparation et le conflit en contexte de protection de la jeunesse

La clientèle des services de protection de la jeunesse est particulièrement affectée par la séparation

conjugale. Selon une étude de Saint-Jacques, Cloutier, Pauzé, Simard, Gagné et Poulin (2006) menée

auprès de 741 enfants qui reçoivent des services de protection de la jeunesse, de 20 à 30 % de ces enfants

viennent de familles recomposées et 75% viennent de familles dont les parents sont séparés. Les unions

conjugales tendent à être instables dans les familles recomposées qui reçoivent des services de la protection

de la jeunesse. Les enfants de ces familles vivent souvent des transitions multiples, avec plusieurs épisodes

de recomposition familiale. En plus de l'accumulation de facteurs de stress associée aux transitions familiales,

ces jeunes sont donc confrontés à une plus grande instabilité familiale que dans la population normale.

L'échantillon à l'étude provient d'une population de nature clinique. Il faudra en tenir compte dans

l'interprétation des résultats. 10

Trajectoires conflictuelles post-séparation

Une étude de Gagné, Drapeau, Melançon, Saint-Jacques et Lépine (2007) menée auprès de 143 dyades

parent-enfant de familles biparentales et séparées, révèle que les enfants de familles séparées rapportent des

conflits parentaux plus sévères, plus de triangulation dans les conflits et des alliances plus intenses avec un

des parents comparé à des familles biparentales intactes. De fait, bien que les conflits surviennent dans les

familles biparentales intactes, séparées ou recomposées, des études canadiennes, états-uniennes et

australiennes suggèrent la présence élevée de conflits dans 20 à 35% des séparations pour les 2 à 3

premières années suivant un divorce, pourcentage qui diminue ensuite progressivement (Drapeau, 2009).

Une étude longitudinale questionne 123 enfants de 8 à 11 ans et leurs parents, séparés, quant à la perception

qu'ils ont du conflit parental (Drapeau, et al., 2009). Cette étude identifie quatre trajectoires conflictuelles dans

les familles séparées. La première trajectoire, recensée dans le quart des situations familiales, montre un

niveau relativement élevé de conflits pendant la séparation, puis un déclin graduel du conflit dans les

premières années suivant la séparation. Une autre trajectoire, représentée par le quart des parents, montre un

niveau bas de conflit pendant la séparation, ce niveau demeurant bas par la suite. Selon les auteures, cette

trajectoire impliquerait le risque le plus bas pour les enfants, ceux-ci n'étant exposés à aucun conflit post-

séparation. Les résultats montrent aussi que certains parents ont maintenu un haut niveau de conflit qui a

perduré pendant plusieurs années suivant le conflit. Cette trajectoire représente le tiers de l'échantillon et

constituerait un risque élevé pour les enfants parce qu'ils continuent à être chroniquement exposés au conflit

parental. Une dernière trajectoire, représentée par 10% de l'échantillon initial, est formée de parents chez qui

le niveau de conflits suivant la première année de séparation est bas, mais remonte par la suite. Dans cette

étude, trois variables semblent caractéristiques des conflits qui durent, voire qui s'intensifient dans le temps :

un faible revenu familial, la perception, par les parents, qu'un faible degré d'entente était présent pendant la

séparation, ainsi que des problèmes relationnels de l'enfant avec la mère. Circonscrire le lien entre mauvais traitements psychologiques et conflits parentaux

La définition des mauvais traitements psychologiques inscrite dans la LPJ indique que l'enfant subit des

comportements de nature à lui causer un préjudice (Québec, 2010). Tel qu'indiqué plus haut, les conflits

intenses et ceux qui perdurent dans le temps sont les plus susceptible d'amener un impact négatif sur le

développement psychologique et social de l'enfant. La présence de certains autres facteurs pourrait aussi

augmenter les risques d'impact du conflit parental sur le développement de l'enfant. Ces facteurs, présentés

ci-dessous, sont la coparentalité, la triangulation et le conflit de loyauté, l'aliénation parentale ainsi que la

violence familiale et conjugale. 11

Coparentalité

Un des mécanismes explicatifs de l'influence des conflits entre les conjoints sur l'adaptation des enfants

implique que les problèmes relationnels entre les ex-conjoints ont le potentiel de modifier les autres sous-

systèmes relationnels de la famille. Par une sorte d'effets en cascade, les conflits entre les conjoints nuisent à

la qualité des relations parents-enfants et à l'exercice de la coparentalité, et ce sont ces processus plus

proximaux qui agissent sur l'adaptation de l'enfant (Cox, Paley, & Harter, 2001; Doyle & Markiewicz, 2005).

Le concept de coparentalité fait référence à la façon dont les parents, ou figures parentales, sont en rapport

l'un avec l'autre dans leur rôle de parent. Plus précisément, il concerne le soutien et la coordination que les

parents manifestent en matière d'éducation (McHale & Irace, 2011). L'exercice de la coparentalité est une

tâche complexe, d'autant plus dans une situation de séparation conjugale. Dans les études sur la question, les

auteurs présentent trois types de relations coparentales consécutives à la séparation (Baum, 2003;

Hetherington & Kelly, 2002; Maccoby, Depner, & Mnookin, 1990). Un type " coopératif », lequel décrit les

parents qui communiquent fréquemment entre eux à propos de l'enfant et qui se disputent rarement. Un

second type, dit " désengagé » ou " parallèle », implique des parents qui sont désengagés l'un envers l'autre,

ce qui les amène à communiquer très peu entre eux. Le risque majeur associé à ce second type est une

absence de coordination entre les maisonnées. Un troisième type, dit " conflictuel », est caractérisé par des

parents qui gardent le contact, mais d'une manière hostile. Dans ce troisième type, les conflits à propos des

enfants sont importants, les parents contestent mutuellement leurs compétences, sapent leur autorité

respective et sabotent les contacts de l'enfant avec l'autre parent. Ce troisième type est celui qui représente

les risques les plus élevés pour l'enfant sur le plan adaptatif. Ce type de coparentalité caractérise

probablement plusieurs des familles qui font l'objet d'une évaluation en protection de la jeunesse à cause de

graves conflits conjugaux. En effet, selon les auteures, les études montrent que les conflits entre les ex-

conjoints rendent plus difficile l'exercice de la coparentalité. Réciproquement, la reconnaissance mutuelle des

compétences parentales de l'autre et de son rôle primordial dans la vie des enfants entraînerait une diminution

des conflits entre les conjoints. La notion de coparentalité sera mise à profit lors de la description des

dynamiques familiales de notre échantillon.

Triangulation et conflit de loyauté

Un autre facteur qui pourrait amener un conflit parental à être plus nocif qu'un autre pour l'enfant est le niveau

d'implication de l'enfant dans le conflit. Selon Drapeau et ses collaboratrices : " Trianguler consiste à

demander à l'enfant de prendre parti, d'espionner l'autre parent, de faire le messager à propos de sujets

délicats et à dénigrer l'autre parent en présence de l'enfant sans que l'autre parent soit présent » (Drapeau, et

al., 2004, p. 181). 12

Ce phénomène pourrait contribuer au sentiment qu'a l'enfant d'être pris entre ses parents, à son sentiment

d'être en conflit de loyauté. De Becker (2011), clinicien dans un service belge de psychiatrie infantile et juvénile,

dans une recension des écrits et une réflexion clinique sur le conflit de loyauté, cite les nombreux

impacts sur le développement des capacités relationnelles que peut avoir sur l'enfant le fait d'être plongé au

coeur d'un conflit de loyauté. Il retient la définition suivante du conflit de loyauté:

D'une façon générale, le conflit de loyauté peut se définir comme un conflit intrapsychique dont l'origine est

liée à l'impossibilité de choisir entre deux solutions possibles, choix qui engage le niveau des affects

envers des personnes fondamentales en termes d'attachement, à savoir chacun des parents. L'enfant ne

peut gérer sereinement cet état, une situation rapidement insoutenable conduisant au désarroi puisque,

dans l'absolu, père et mère lui sont chers (de Becker, 2011, p. 340).

Dans une étude effectuée auprès de 632 jeunes adultes, Amato et Afifi (2006) démontrent que les enfants de

parents mariés vivant de hauts niveaux de conflits sont plus à risque de vivre un conflit de loyauté que les

adolescents vivant dans des familles où des bas niveaux de conflits sont présents. Ce haut niveau de conflits

est associé à un bien-être subjectif plus bas et à une plus faible qualité de la relation parent-enfant. Les

auteurs notent que le conflit de loyauté décroît généralement dans la décennie suivant une séparation alors

qu'il persiste même à l'âge adulte chez les enfants de familles biparentales très conflictuelles. La triangulation

et le conflit de loyauté pourraient constituer des variables médiatrices ou modératrices de l'impact du conflit

parental sur le développement de l'enfant. Aussi, lors de l'analyse, une attention particulière sera portée à

l'identification de ces variables et à la façon dont elles se présentent dans les situations familiales.

Aliénation Parentale

Le " syndrome d'aliénation parentale » peut être décrit comme suit :

Un trouble qui survient presqu'exclusivement dans le contexte de disputes pour la garde légale des

enfants. C'est un trouble dans lequel l'enfant, programmé par le parent dit " aimé », s'enrôle dans une

campagne de dénigrement du parent dit " rejeté». L'enfant démontre peu sinon aucune ambivalence

quant au rejet, qui s'étend souvent à la famille élargie du parent méprisé. (Gardner, 1998, pp. 1-2,

traduction libre)

La définition avancée ici par Gardner, son idée de définir l'aliénation parentale comme un syndrome et l'idée,

défendue par certains, de l'inclure dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM)

donne lieu à une polémique; plusieurs auteurs croient qu'il serait plus juste de faire d'une telle problématique

une description systémique et contextualisée (Kelly & Johnston, 2001). Le fait de rejeter un parent ou de faire

alliance avec l'autre serait lié à beaucoup de facteurs différents et complémentaires (Gagné, Drapeau, &

13Hénault, 2005). Décrire l'aliénation parentale comme un syndrome ne permettrait pas d'envisager tout le

contexte d'apparition de comportements d'alliance ou de rejet.

Kelly et Johnston proposent une définition qui exclut le comportement "programmateur" du parent et met

l'accent uniquement sur le comportement aliéné de l'enfant:

Un enfant aliéné en serait un qui exprimerait, librement et de façon persistante, des émotions et des

croyances déraisonnablement négatives à l'encontre d'un parent. Ces croyances sont significativement

disproportionnées par rapport à l'expérience réelle qu'a l'enfant avec ce parent (Kelly & Johnston, 2001,

p. 251, traduction libre).

Pour éviter le conflit de loyauté ou pour mettre en place un support mutuel suite à la séparation, il arrive en

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