[PDF] La Pensée : revue du rationalisme moderne

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Source gallica.bnf.fr / La Pensée

La Pensée : revue du

rationalisme moderne Centre d' étu des et de re cherch es marxistes (Paris) . Auteur du texte. La Pensée : revue du rationalisme moderne. 1956-11.

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CÉZANNE,

SASOLITUDE

ETSONTOURMENT

par

Francis

JOURDAIN

^^^^^s^^B TST un grand bonhomme. Et un biendrôledebonhomme. Ses

Jllilslillll

lubies et ses phobies, ses sautes d'humeur et ses maniesrendent hlP3ilillil difficile tout commerce d'amitié avec lui.Il est en outre f^illiiliPl emprunté, maladroit au possible,timide et irascible, méfiant au point dedonner parfois l'impression, defairedelapersécu- tion.Lorsque, en 1905,
jelui suisprésentéàAix parmon ami le peintreCharles

Camoin,il

me dit trèsnaturellement, sans hargne ni ressentiment qu'il est sous lasurveillance constante des

Jésuites,

que ceux-ci l'épient travers lesvitresdel'atelier oùil lui est par conséquent impossible defaire poserun modèle nu.

Causant

un an auparavant, dans la campagne, avec Emile

Bernardquile

vénère, il-trébuche et, instincti- vement,

Bernard

l'empoigne sous lebras pour l'empêcherdetomber.Jusqu'alors extrêmement affable,

Cézanne

entre en fureur,injurie soncompagnon

éberlué

et l'abandonne sur lechemin, gesticulant et criant quepersonnene lui mettra jamais legrappindessus Pour ceux quiconnaissentCézanne, ces bizarreries n'ont rien de surpre- nant quand,après une longue absence l'étranger, son vieuxcamarade

Francisco

Olleravaitretrouvé

Cézanne,

celui-ci ne l'avait-il pas,en effet, accueilli bras ouverts, aidé s'installer

Bientôtreparti

pour

Aix,ilavait

écrit

son ami Je t'attends et, son arrivée,Olleravait trouvé une lettre de

Cézanne

quiluidonnaitduMonsieur et se déclarait résolu nepas le recevoirdans lamaisonde son père Il ajoutait

Lesleçons

quevous vous permettez de me donner auront ainsi porté tous leurs fruits.Adieudonc. De quois'agissait-il

Ollern'en

a jamais rien su. Il arrive a

Cézanne

d'avoirhontede ses caprices et non seulement des'en

©xcuser,

mais deles expliquer, surtout de tenter de se lesexpliquer luimême. Il poursuitalors cette tentative avecune gaucheriequi a quelque chosede véritablement pathétique, car ellelaisse percer unpeu del'inquiétudedontil

©st

lapitoyable victime.Rienn'est,à cet

égard,plus

typique que la lettre adressée surses vieuxjours par

Cézanne

a son jeunecompatriote,lepoète

Joachim

Gasquet.

Ce qu'il est possibled'entrevoiricidel'âmeobscure et broussailleuse deCézanne est singulièrementrévélateur

CherMonsieurGasquet,

Je vous airencontré au bas duCours ce soir.Vous

étiezaccompagnédeMmeGasquet.Si

je ne me trompe, vous m'avez paru fortement fâché contre moi. Si vous pouviez me voir en dedans, l'hommedu dedans, vousne leseriez pas. Vous ne voyez donc pais

àqueltriste

état

jesuis réduit?Pas maîtredemoi,l'homme qui n'existe pas, et c'est vous quivoulezêtre philosophe,qui voulezfinir par m'ac'.icver.MaisjemaudislesX... et les quelques drôles qui, pour faine un articlede cinquantefr.-iucs, ont attiré l'attention sur moi. Toute ma vie, j'aitravaillé pour arriverà gagnerma vie,maisjecroyaisqu'on pouvait le faire sans attirerl'attention surson existence privée.Certes, un 44

FRANCIS

JOURDAIN

le pluspossible,mais l'hommedoit rester obscur.Le plaisir doit résiderdans l'étude.S'ilm'avait

étédonnéde

réaliser,c'estmoiqui seraisrestédans mon coin avec lesquelquescamaradesd'atelier avec qui nous allionsboirechopine.J'ai encore un braveamide ce temps-là,eh bienquotesdbs_dbs31.pdfusesText_37

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