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L'ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE

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ÉDITION

ÉDITIONS SYLLEPSE (PARIS)

éditions syllepse 2019

69, rue des rigoles, 75020 paris

edition@syllepse.net isbn : 978-2-84950-755-1 iconographie et documents : collections particulières Ouvrage publié en partenariat avec l"Association Autogestion L'autogestion est à la fois un but et un chemin. Comme but, l'autogestion constitue la forme d'organisation et le mode de fonctionne-

ment d'une société fondée sur la participation de toutes et de tous à l'ensemble des déci-

sions dans les champs économique et politique, à tous les niveaux de la sphère collective pour l'émancipation de chacun et de chacune. Comme chemin, l'autogestion est nécessaire pour accumuler des forces, faire la démons-

tration que les dominations et les hiérarchies ne sont pas fatales, et qu'une autre société,

postcapitaliste, est possible. L'autogestion est de ce point de vue une utopie concrète. L'Association a pour ambition de promouvoir la réexion et l'éducation populaire sur la thématique de l'autogestion. Elle vise à mutualiser les expériences de façon critique sans les transformer en modèles normatifs, et à appuyer toute initiative s'inscrivant dans le sens d'un projet émancipateur. Elle regroupe des hommes et des femmes, syndicalistes,

coopérateurs et coopératrices, associatifs, féministes, écologistes et politiques de différents

horizons. manuel Delgado-Hoch, Magali Della Sudda, Anne Guérin, Daniel Guerrier, Ralf Hoffro- gge ( Matkovic, Julie Matthaei, Sylvie Mayer, Frank Mintz, Eduardo Montes (Frente de Eco- nomia Social-La Campora), Irène Paillard, Sylvain Silberstein, Nils Solari, Alan Tuckman tions Anthropos ( Paris), François Maspero (Paris), La Brèche (Paris), Queimada (Madrid) et Spartacus (Paris), l'Institut Tribune socialiste (Paris), l'Instituto de Ciencias Económicas y de la Autogestión (Madrid), l'Institut international de recherche et de formation (Ams- terdam), le Centre Tricontinental (Louvain-la-Neuve), le Centre Europe Tiers Monde (Genève), la coopérative Sub, l'Union syndicale Solidaires,

Radar (Montreuil), le site

l'autogestion au quotidien et celles et ceux qui nous ont coné leur docu mentation, leurs collections d'afches et de photos et bien entendu leurs textes. " Le concept de l'autogestion aujourd'hui, c'est l'ouverture vers le possibl.e »

Henri Lefebvre, Autogestion, n° 1, 1966

TOME 5

ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONSOMMAIRE

Sommaire

SOMMAIRE

7 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONSOMMAIRE

Sommaire

TOME 5

11. Esquisse des fondements de la démocratie directe

32. Faire dépérir l'État

54. Figures de l'appropriation sociale chez Marx (Les)

84. Guerre civile en France (La)

85. Implications de l'autogestion (Les)

90. Internationale communiste et les coopératives (L')

91. Industrie nationalisée et gestion ouvrière

94. Ĉğ

115. Lutte pour l'autogestion et la révolution (La)

117. Marx et l'autogestion

127. Marx et le marxisme

138. Mouvement syndical, forces politiques et autogestion en France

168. Multiples facettes de l'autogestion (Les)

ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONSOMMAIRE

171. Nationalisation, autogestion et droit de propriété

184. Organiser la production sur une base coopérative

185. Ouvrir une brèche dans la vieille société

187. Ouvrir le débat sur les perspectives pour le contrôle et l'autogestion socialiste

214. ğ

229. Plan, marché, autogestion : une nouvelle dynamique ?

245. Problèmes théoriques de l'autogestion

253. Processus (À propos du concept de)

262. Programme de Gotha (Critique du)

263. Propositions positives (Des)

264. Pour l'autogestion généralisée

276. Proudhon, l'autogestion ouvrière et les anarchistes

298. Question de l'appropriation sociale (La)

328. Quelques considérations

330. Représentants des salariés dans les conseils d'administration :

Des plénipotentiaires envoyés en pays ennemi »

334. Thèses pour une théorie démocratique de l'État et du soci

alisme

SOMMAIRE

9 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONSOMMAIRE

171. Nationalisation, autogestion et droit de propriété

184. Organiser la production sur une base coopérative

185. Ouvrir une brèche dans la vieille société

187. Ouvrir le débat sur les perspectives pour le contrôle et l'autogestion socialiste

214. ğ

229. Plan, marché, autogestion : une nouvelle dynamique ?

245. Problèmes théoriques de l'autogestion

253. Processus (À propos du concept de)

262. Programme de Gotha (Critique du)

263. Propositions positives (Des)

264. Pour l'autogestion généralisée

276. Proudhon, l'autogestion ouvrière et les anarchistes

298. Question de l'appropriation sociale (La)

328. Quelques considérations

330. Représentants des salariés dans les conseils d'administration :

Des plénipotentiaires envoyés en pays ennemi »

334. Thèses pour une théorie démocratique de l'État et du soci

alisme

340. Tout n'a pas été essayé

345. Travail coopératif

346. Treize questions sur l'autogestion

360. Utopie contre pragmatisme

366. Vers une révolution autogestionnaire

377. INDEX DES ARTICLES

387. INDEX THÉMATIQUE

SOMMAIRE

BUTS, CHEMINSET MOYENS

11 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS Esquisse des fondements de la démocratie directe L"autogestion est devenue synonyme de la démocratie socialiste, c'est-à-dire du régime qui caractérise la société de transition succédant au capitalisme. On ne peut pas extrapoler abusive- ment sur l'avenir de cette société qui, selon Marx, s'achemine- rait vers le communisme, société sans classes, et sans État. Le devenir de la société des hommes est fonction de leur libre volonté qui, mue par une conscience plus approfondie des condi- tions qui la déterminent en dernière analyse, trouvera la force de faire agir les hommes en conséquence et transformer la société, selon un projet conscient. Nous sommes encore loin d'une société d'hommes conscients, et surtout décidés d'agir en conséquence. L'ampleur de la mystication de la vie sociale des hommes, d'eux- mêmes, de la manière également de concevoir la nature, le monde exté- rieur dans lequel ils vivent, est toujours grande. L'écrasante majorité de l'humanité charrie dans son présent les survi- vances tenaces de son passé biologique et social, sans que la capacité critique et créatrice du cerveau humain puisse encore les dominer. La préhistoire de l'humanité n'est donc pas nie. Mais le progrès accompli est également indéniable, aussi bien dans le domaine des sciences de la nature que de l'homme, ouvrant la voie pour libérer en l'homme son propre génie spécique, sa pleine capacité critique et créatrice, démysti- ant complètement la société, lui-même, le monde extérieur. La science, cependant, n'est pas le seul moyen pour parvenir à ce but. L'homme social a besoin d'inclure dans son éducation l'exercice actif de la gestion de la société dans laquelle il vit. Sans cette pratique quoti- dienne, son développement global, critique, créateur, reste mutilé d'une dimension essentielle qui perpétue son aliénation. Pratiquer la gestion de la société dans laquelle nous vivons, active- ment, quotidiennement, directement, est la condition essentielle pour franchir le seuil séparant la préhistoire et l'histoire proprement dite de l'humanité. Cette pratique libératrice s'appelle la démocratie directe comme régime de la cité, de la société. 12 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS dont très peu se référaient en Europe et dans le monde entier avant Mai

68. Il exprime essentiellement un désir profond des larges masses

d'hommes élevés, depuis cet après-guerre, dans les sociétés dévelop- pées, d'accéder à la gestion directe de leur travail et de toute leur vie sociale, de devenir enn des citoyens adultes assumant pleinement leurs droits et responsabilités. Cette aspiration est le résultat du développe- ment global de la société qui, aussi bien par son niveau matériel que par son niveau culturel, accentue, exaspère l'opposition contre les structures traditionnelles, répressives, autoritaires, hiérarchiques 1 De ce point de vue, l'autogestion est une aspiration nouvelle, corres- pondant à un haut niveau de développement social. Et ceci aussi bien par l'ampleur du mouvement qu'elle embrasse, qu'elle intéresse, que par les possibilités subjectives et objectives actuellement existantes pour qu'elle puisse être pratiquée. C'est la preuve que l'autogestion n'est plus une aspiration de quelques minorités avant-gardistes, mais le reet d'une nécessité largement ressentie, mûrie par le développement social global d'une grande partie de l'humanité. Pour cette raison, il est erroné de présenter l'autogestion comme une réactualisation des thèmes esquissés dans le passé par des hommes comme Proudhon, Bakounine, ou même Marx, et ne pas insister avant tout sur le contenu nouveau du terme, déterminé par des conditions objectives et subjectives nouvelles d'un stade supérieur de l'évolution sociale sans précédent dans le passé 2 . Les hommes ne s'orientent en masse vers un projet social, aussi vague que reste encore, nécessairement, son esquisse, par réminiscence des schémas théoriques énoncés sommairement au passé mais par le besoin qu'ils ressentent d'exprimer des aspirations découlant de leur expérience sociale contemporaine. Ce sont les conditions sociales concrètes dans l'usine, l'entreprise, les bureaux, les écoles, la famille, la ville, la commune, la nation, qui déter- minent l'aspiration actuelle à l'autogestion, c'est-à-dire à l'organisation et gestion libres, démocratiques de la vie sociale dans tous les domaines et à tous les niveaux. L'autogestion est donc synonyme de l'organisa- tion et de la gestion démocratiques de la vie sociale moderne, dans sa richesse et complexité. Il ne s'agit pas de revenir à des formes primaires, précapitalistes, de vie sociale, mais en partant de tout l'acquis irréver- sible du développement historique, d'aller vers une société supérieure.

1. [ Automation et avenir du travail].

2. [ Commune du 17 avril (La)].

BUTS, CHEMINSET MOYENS

13 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS L'autogestion socialiste est la forme de la démocratie directe dans les conditions historiques nouvelles qui, en se réalisant pleinement, signie l'abolition de tout pouvoir politique spécique aux mains des groupes sociaux privilégiés qui l'utiliseraient pour perpétuer leur domination sur d'autres. Par le fait que l'autogestion socialiste, conçue comme un processus historique et non pas comme une création parfaite d'em- blée, se rattache à la notion de la démocratie directe, elle implique des références à des théories et pratiques qui, dans le passé historique de l'humanité, allaient dans ce sens. Mais la forme d'exercice de l'autogestion socialiste, de la démocra- tie socialiste, dans les sociétés complexes contemporaines, ne saurait se calquer sur aucune expérience du passé. La démocratie directe fut et reste l'aspiration de tout grand mouvement révolutionnaire qui aspire à changer radicalement la société et à assurer la gestion de celle-ci par la majorité écrasante de ses membres, sinon par sa totalité. Cette aspiration n'a trouvé dans toute l'évolution séculaire de l'Hu- manité, à notre avis, que trois moments à retentissement historique de début de réalisation, qui gardent toujours un intérêt universel : il s'agit de la démocratie athénienne aux 5 e et 4 e siècles avant notre ère, de la

Commune de Paris au 19

e siècle 1 et de la toute première période de la

Révolution russe, entre environ octobre

1917 et la n du printemps

1918
2 Nous nous proposons d'examiner ces moments et les théories qui, soit les ont éclairés et ont contribué à leur développement, soit ont surgi de leur expérience. On saura ainsi mieux préciser l'esquisse de la théorie de l'autogestion socialiste et ses perspectives.

La démocratie directe à Athènes

e et 4 e siècles avant notre ère, le peuple athénien, à l'ex- ception, certes, des femmes et des " métèques », sur la base du travail des esclaves et protant de son vaste empire maritime, avait établi pour lui-même une véritable démocratie directe. Les citoyens constituant ce peuple jouissaient de droits qui " ne sont même plus pensables dans le monde moderne

» (Romilly, 1975).

Il s'agissait en effet d'une véritable démocratie directe, le système représentatif n'ayant existé en Grèce que dans les fédérations ou confé- dérations groupant diverses cités, surtout " dans les petites fédérations de 2. [ 14 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS (Romilly, 1975). Tout autre est le régime d'Athènes, où le pouvoir n'est pas exercé par des délégués, mais directement par la masse des citoyens. Voici une description résumée, très objective, de ce régime

L'Assemblée du peuple

l'Ekklesia citoyens jouissant des droits politiques, tous pouvaient y prendre la parole. Or, bien que les délibérations fussent préparées par le

Conseil

ou Boulé- gane de décision. Elle décidait de la guerre et de la paix, nommait les ambassadeurs, tranchait des expéditions et de leurs effectifs, elle examinait la gestion des magistrats, avait tout le pouvoir d'émettre des décrets et de ratier des lois ; elle jugeait tous les procès d'ordre politique qui engageaient ou semblaient engager la sécurité de l'État, et elle pouvait seule accorder le droit de cité. La seule ré- serve était que les votes relatifs au statut des personnes ne pouvaient être émis que par des assemblées plénières, c'est-à-dire groupant au moins 6

000 personnes. Ce chiffre, évidemment exceptionnel, suft

pourtant à rendre sensible l'énorme différence existant entre un tel régime et n'importe quel système représentatif. Une assemblée nor- male groupait en général 2

000 à 3 000 personnes, et se réunissait

de dix à quarante fois par an. Pour lutter contre la désaffection et permettre aux travailleurs, en particulier aux paysans, de prendre part aux assemblées, on institua au début du 4 e siècle une indemnité de séance (le misthos ekklesiastikos autre forme, les fonctions judiciaires. Le tribunal des héliastes était formé, en droit, de tous les citoyens âgés de plus de 30 ans. En fait, leur nombre était xé au 5 e siècle à 6000, 600 par tribu : ils étaient tirés au sort, pour l'année, sur une liste de candidats établie par les dèmes. Ces 6

000 juges étaient répartis en groupes où les diverses

tribus étaient représentées à égalité. Les groupes variaient d'impor- tance en fonction de l'affaire à juger : il y eut des tribunaux de 201 juges ou bien de 501 ; dans certains cas, leur nombre pouvait monter

à 2

500 ou même plus. Cette justice populaire, qui ne comportait,

après l'instruction préliminaire, ni juges professionnels, ni avocats, ne ressemble évidemment à aucun système moderne ; elle implique une souveraineté populaire plus directe et plus effective. Enn, là ou en- traient en jeu des assemblées limitées ou des magistratures, celles-ci

BUTS, CHEMINSET MOYENS

15 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS délibérations de l'assemblée et veillait à leur exécution, était, dans la démocratie normale, formé de 500 personnes tirées au sort pour un an dans les dèmes ; tout citoyen âgé de plus de 30 ans pouvait accé- der à ces fonctions. De même, les magistrats, étaient, pour la plupart, tirés au sort pour un an (quelques-uns l'étaient pour quatre ans, d'autres enn étaient élus, s'il s'agissait de fonctions militaires ou nancières) ; tous les citoyens pouvaient ici encore accéder presque sans exception, à ces fonctions. Qui plus est, pour assurer un roule- ment, la réélection et le cumul étaient le plus souvent interdits ; la notion moderne de " hauts fonctionnaires » était ainsi exclue. Enn, le double principe de la collégialité et de la reddition de comptes régulières devant le peuple atténuait encore l'importance qu'au- raient pu acquérir les magistrats au détriment du peuple, collectivité souveraine. Le peuple gouvernait, au lieu de simplement élire les hommes chargés de gouverner (Romilly, 1975). Cette démocratie directe concernait 40 000 à 50 000 citoyens adultes, constituant une société " face à face », comme dans une communauté universitaire moderne, mais qui se formaient dans la vie publique et la politique quotidienne de manière particulière, propre aux conditions historiques de l'époque, ainsi que l'écrit Moses Finley Le monde grec était fondamentalement un monde de la parole et non de l'écriture. L'information en matière d'affaires publiques était principalement diffusée par le héraut, le tableau d'afchage, les ba- vardages et les rumeurs, les rapports oraux et les discussions dans les diverses commissions et assemblées qui constituaient les rouages gouvernementaux. C'était un monde non seulement sans mass me- dia, mais sans média du tout, au sens que nous donnons à ce mot (Finley, 1976). La validité toujours actuelle et universelle de l'exemple athénien réside au fait que le corps de citoyens, indépendamment des restric- tions à l'époque concernant les femmes, les jeunes (au-dessous de 30 ans), les résidents étrangers, les esclaves 1 et de l'avantage d'un empire maritime qui assurait la base matérielle de la démocratie, est parvenu à pratiquer réellement et durant deux siècles une véritable démocratie directe, unique jusqu'ici dans les annales de l'histoire. Les apologistes

1. Il faut considérer ces restrictions dont souffrait la démocratie athénienne comme l"équi

va-

lent à l'époque des conditions matérielles permettant l'exercice de la démocratie directe par

le corps plus restreint des citoyens, parmi lesquels paysans et artisans, donc les " pauvres » de

l'époque, formaient l'écrasante majorité. Nous disposons actuellement de conditions maté-

rielles permettant de passer complètement outre les restrictions de la démocratie athénienne.

16 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS cès les " défauts » de cette démocratie : ignorance et incompétence des foules qui deviennent " dangereuses » dans leur rassemblement et leurs passions, avec l'ascension des atteurs et des démagogues, etc. Dans un ouvrage récent, aussi savant par ailleurs que celui de Jacqueline de Romilly [...] on peut trouver exposés tous les griefs que les anciens philosophes et auteurs élitistes, Héraclite, Platon, Isocrate, même Aristote, en passant par Aristophane et tant d'autres, ont formulés contre la démocratie directe, et les remèdes qu'ils en proposaient. Le cas d'Aristote est pourtant particulier, comme nous le verrons plus loin. Moses Finley, dans son ouvrage, déjà cité fait par ailleurs justice des arguments analogues avancés par les écrivains contemporains comme Seymour-Martin Lipset (1960), Robert Michels (1971) et d'autres. Le trait commun des anciens et nouveaux adversaires de la démo- cratie directe, est leur opposition commune à la participation active du corps des citoyens dans l'exercice du pouvoir, et non pas seulement d'une délégation d'eux, composée d'hommes imbus de la vérité, ou du savoir spécique de la politique (savants ou experts). La démocratie directe d'Athènes aux 5 e et 4 e siècles n'a pas seulement fourni la preuve pratique qu'elle peut très bien être exercée au niveau d'une population groupant quelque 50

000 citoyens au plein sens du terme, mais égale-

ment : l'esquisse d'une théorie expliquant ce phénomène. De tous les philosophes de l'Antiquité, c'est très probablement Protagoras, ami et conseiller de Périclès, qui s'est efforcé d'élaborer une telle théorie, d'importance encore universelle. En nous basant sur le dialogue bien connu de Platon, qui porte son nom (Protagoras), seul ouvrage contenant les vues politiques de Protagoras, exposées selon Platon, nous pouvons conclure que celles-ci se résumaient dans quelques principes, qui nous paraissent fondamentaux. Que tout citoyen adulte, bien formé et informé est capable d'acquérir l'" art politique

» (la politiké techné

jugement correct sur les affaires de la cité, et donc faire partie du corps qui en décide ; que la formation de tels citoyens n'est pas seulement le résultat de leur éducation familiale, scolaire, littéraire, et de leur infor- mation adéquate, par tous les moyens disponibles à chaque époque, mais également, et peut-être avant tout, par l'exercice quotidien de la politique, c'est-à-dire de la gestion directe des affaires de la cité, l'exer- cice quotidien de la démocratie directe. Protagoras soutient que le don de l'art politique est réparti entre tous les citoyens que tous peuvent y accéder, bien formés, bien éduqués, dans le sens indiqué. Il élabore donc une doctrine anti-élitiste par excellence, contre la vertu innée,

BUTS, CHEMINSET MOYENS

17 ENCYCLOPÉDIE INTERNATIONALE DE L'AUTOGESTIONBUTS, CHEMINS ET MOYENS quelques-uns seulement, prédisposés en quelque sorte à sa révélation, doctrine qui est celle de la démocratie directe. L'importance qu'il accorde à la formation et à l'éducation globale des citoyens, est rehaussée par l'importance qu'il accorde dans ce contexte à l'information des citoyens, et surtout à l'exercice, la pratique quoti- dienne de la politique, de la gestion directe par eux-mêmes du régime de la cité. Protagoras théorise effectivement dans ces domaines les pratiques de la démocratie athénienne, telle qu'elle était en effet, et telle que le concevait par exemple Périclès dans son oraison funèbre, que cite Thucydide, et dans laquelle il souligne bien que les citoyens ne participent pas à la vie politique active, les citoyens passifs, étaient déconsidérés, n'ayant aucune excuse pour se démettre pratiquement de leurs droits et devoirs envers la cité. Il a fallu attendre par la suite plusieurs siècles pour trouver des penseurs mettant de nouveau à l'honneur les idées fondamentales esquissées par Protagoras propres à toute théorie de la démocratie directe qui sont celles de la formation des citoyens par l'information (dans son sens global) et par leur participation réelle dans l'exercice quotidien du pouvoir. Un tel penseur est par exemple incontestablement John Stuart Mill, que cite avec raison Moses Finley qui, dans ses Considérations sur le gouvernement représentatif On ne considère pas sufsamment combien il y a peu de chose dans la vie ordinaire de la plupart des hommes qui puissent donner quelque grandeur soit à leurs conceptions, soit à leurs sentiments. Donner (à l'individu) quelque chose à faire pour le public, supplée jusqu'à un certain point à toutes ces lacunes. Si les circonstances permettent que la somme de devoir public qui lui est conée soit considérable, il en résulte pour lui une éducation. Malgré les défauts du système social et des idées morales de l'Antiquité, la pratique des dicasteriaEkklesia- lectuel d'un simple citoyen d'Athènes bien au-dessus de ce qu'on a jamais atteint dans aucune agglomération d'hommes antique ou moderne. démocratie directe fut au 19 e siècle la Commune de Paris. C'est encore Karl Marx qui a donné la meilleure description de ce régime, éclai-quotesdbs_dbs45.pdfusesText_45
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