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Ce travail sur les poèmes du recueil A la lumière dhiver de

Philippe Jaccottet publie chez Gallimard en 1977



Les éléments fondamentaux dans la poésie de Philippe Jaccottet

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La poésie du froid chez Philippe Jaccottet

L'hiver n'est pas pour Jaccottet la saison du déclin de la lumière mais au contraire celle du rayonnement d'une lumière translucide. Tant dans son recueil À la 



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Leçons avait déjà été recueilli dans le premier volume en édition de poche des poèmes de JaccottetPoésie 1946-. 1967



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Fiche de synthèse : A la lumière d'hiver – Page 1. Ce travail sur les poèmes du recueil A la lumière d'hiver de JACCOTTET a été réalisé par Caroline VEAUX.



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Jaccottet se tient « à la frontière de Dieu » pour reprendre Voir notamment À la lumière d'hiver (1994 : 80 et 93 ; dans ce poème



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3 Mar 2021 Et la photographie devient une espèce de poème fait de lumière et de temps. Beaucoup d'années avant ma première image de Philippe Jaccottet ...



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A LA LUMIERE D'HIVER. Philippe Jaccottet. (Edition Folio plus classiques). Passage en revue des poèmes. Leçons. Poème liminaire :.



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(1) Haïku présentés et transcrits par Philippe Jaccottet



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Poème 1 (p 11) : • Il définit la condition du poète Qui est-il comme poète ? • Bilan du passé constat du présent • « l'ignorant »



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5 mar 2012 · Ce travail sur les poèmes du recueil A la lumière d'hiver de JACCOTTET a été réalisé par Christian FERRE agrégé de Lettres modernes 



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Jaccottet manifeste colère et dégoût devant le cadavre (27) : refus d'acceptation manque de sérénité ; l'injonction du vers 4 (« qu'on emporte cela ») le 



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Moi poète abrité épargné souffrant à peine aller tracer des routes jusque-là ! A présent lampe soufflée main plus errante qui tremble 



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Résumé : Olivier BARROT présente le livre de Philippe JACCOTTET "à la lumière d'hiver" Poesie et a la lumiere d'hiver de philippe jaccottet Notre prix : 



Philippe Jaccottet - À la lumière dhiver Pensées sous les nuages

Moi poète abrité épargné souffrant à peine aller tracer des routes jusque-là ! A présent lampe soufflée main plus errante qui tremble je recommence 



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Voir notamment À la lumière d'hiver (1994 : 80 et 93 ; dans ce poème les dieux sont dits « lointains muets aveugles détournés » et qualifiés de « fuyards ») 

  • Comment définir la poésie ?

    Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers.
  • Sonnet à Hélène
    Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle »
Ce travail sur les poèmes du recueil A la lumière d'hiver de JACCOTTET a été réalisé par Christian FERRE, agrégé de Lettres modernes, pour ses élèves de Terminale L du Lycée Mistral à Avignon Notes pour une approche des premiers poèmes de " Leçons » I - " Qu'il se tienne dans l'angle de la chambre... »

1.Remarques d'ensemble

Quatrain initial à considérer comme un poème en exergue, la typographie en italiques nous invite à cette interprétation. Un quatrain programmatique sur le plan thématique et poétique. La triple injonction votive : qu'il se tienne », " qu'il mesure », " que sa droiture

garde » = une épigraphe. " Leçons » est un tombeau. L'épigraphe prend la forme d'une prière

propitiatoire. L'être tutélaire non nommé est emblématique = une figure qui obéit à une

exigence d'honnêteté morale. L'exigence morale de Louis Haesler doit guider le poète. Ce quatrain se lit aussi comme une épitaphe : une inscription funéraire dressant le rapide portrait du mort à l'usage des vivants. Il s'agit de l'épitaphe de Louis Haesler, beau-

père du poète, imprimeur et rédacteur en chef de la " Feuille d'avis de la Béroche », mort en

1966.
Le texte poétique se construit sur la métaphore géométrique de la droiture, à la fois physique et morale : la droiture est le fait de l'imprimeur, la figure de l'imprimeur sous-tend

le quatrain et en constitue la réalisation ; la forme carrée du texte s'inscrit dans le cadre du

matériel d'imprimerie au " plomb ». Le plomb : matériau lourd, non noble, 1er élément des

alchimistes, il faut bien l'utiliser : la droiture morale, l'éthique = apothéose de l'alchimiste,

transfiguration de l'homme qui se perfectionne pour un idéal de vertu. Tracer des lignes équivaut à imprimer un livre mais surtout à tracer un chemin de vie dans la droiture morale. La typographie est dès lors une éthique dont doit s'inspirer la poétique.

2.Approche linéaire du poème

Vers 1 : qu'il se tienne... : représentation du corps recroquevillé tourné vers le mur, malade

agonisant + la chambre = métaphore du temps. v.1 à 3 : échange des personnes : il, il/je, me/sa ; sa/ma. Echange relayé par des rimes

suffisantes ou riches : " mesure »/" droiture » qui renvoient à ce " il » synonyme de sûreté et

d'intégrité

v. 2 et 4 : " assemble/tremble » se rapporte à un " je » incertain au point de se réduire à la

métonymie de la main ; les assonances en nasales (an) verrouillent phonétiquement le texte

sou l'égide de " l'angle de la chambre » = idée de dégoût, d'écoeurement + les autres nasales

glissent à la sphère du poète : " assemble », " questionnant » " rappelant, tremble » = la

1

même proximité instaure un écho entre " fin » et " main ». = 2 monosyllabes qui annulent

dans leur succession l'interruption due à la mort : après la fin, la main du poète reprend l'ouvrage inachevé.

v.3. " en questionnant, me rappelant sa fin » = le gérondif insiste sur la simultanéité de

l'écriture et du souvenir, comme si écrire pouvait réparer la séparation.

v.4 : " garde ma main d'errer ou dévier, si elle tremble » = diérèse, on entend l'idée de voie,

de ligne géométrique et de vie = souligne la droiture physique et morale

➔La première leçon du recueil est le voeu de se conformer à un idéal de droiture morale

et pragmatique. II - " Autrefois, / moi l'effrayé, l'ignorant » Deux strophes fustigent le passé en 7 vers, un dernier tercet inaugure une nouvelle veine

poétique avec une mesure métrique plus " honnête », plus modérée. " Autrefois » : l'adverbe

temporel résonne à travers le passé composé " j'ai prétendu ». " Moi » = orgueil, moi tonique triomphant mais appartenant au passé = homéotéleute avec " autrefois ».

Vers 4 = figure d'Orphée qui est révoquée, le verbe " prétendre » = condamnation et idée

d'échec. Orphée semble être le contre-modèle de Jaccottet. Il est trop savant, trop artificier,

peu épris de mesure et de droiture. Il s'agit pour Jaccottet d'aller vers l'amenuisement de la figure du poète. Le poète doit tendre au simple.

Opposition entre le " je » du vers 4 et le " je » du vers 10 : je ancien du locuteur, le dernier je

est fragile et incertain = différence dans l'instance énonciative. A l'orée de " Leçons », la

poésie est présentée comme une posture vaniteuse et une imposture : adjectifs " épargné »,

" abrité », verbe " souffrant à peine » + vers 3 = les images poétiques sont un leurre, la beauté

poétique rend aveugle ; Jaccottet se présente comme celui qui n'a pas vécu. Il dresse un bilan

dévalorisant. Cf. l'écho phonétique entre " ignorant », " couvrant » " mourant » = on ne peut

pas évoquer la mort par l'artifice poétique

Dernier tercet : " lampe soufflée » : thème de l'obscurité. Le poète est plongé dans une

obscurité mentale, il cherche à avancer, il tâtonne. Il faut renoncer aux images rhétoriques

convenues. L'adjectif " errante » = cheminement, apprentissage. L'air = souffle poétique, vital

+ " errante », " tremblante » = renvoient au poème en exergue. Le dernier mot ouvre à l'envol

= renouveau poétique.

III - " Raisins et figues »

Vers 1 à 5 : évocation d'un paysage convenu de la fertilité composé de vergers et de vignes

dans un cadre de montagnes sous les nuages. " Raisins et figues » = fruits de l'abondance du monde. Les fruits : signe de l'automne, d'une fin qui approche = quasi paronomase entre " loin » et " lents » + double sens de " fraîcheur » 2 " sans doute » = insistance dans l'expression de l'incertitude. Allusion à la production du

poète antérieure à " Leçons » = remise en question d'une conception romantique de la poésie,

le lien entre nature et poète vacille.

Vers 6 à 9 : apparition d'un temps au présent " vient » + métaphore du chemin, qui se poursuit

jusque dans la strophe 4 : " pas », " passer », " tourne », " emmené si loin », " suivre ». A

l'évocation du passé succède celle du moment présent, douloureux : l'expérience présente

rend dérisoire les tentatives poétiques passées.

Assonance en (ou) = " se couche », " couvés », " doute » phonème récurrent des 3 premières

strophes = phonème qui unifie ces strophes, même thème : évocation de la fin dans un paysage mûrissant.

" l'aîné » = rapprochement avec le quatrain liminaire du recueil + présence d'une allitération

de sifflantes : " se...presque...sans...son...assuré » = souligne la difficulté. Contre-rejet : vers7 et 8 : " On voit / de jour en jour » : la syntaxe est maladroite, elle se disloque comme se disloque le monde des vivants à l'approche de la mort, idée de chute, de rupture qui fait voir et entendre un pas moins assuré. Vers 10 à 12 : double sens du verbe " passer » = traverser mais aussi mourir (" passer de l'autre côté », " trépasser »)

" cela » = démonstratif neutre = non référentiel, réalité vague, incapacité à nommer la mort

envisagée comme un irréversible obstacle + le verbe " ne se tourne pas » = ce qui ne se contourne pas.

Vers 13 à 18 : l'aîné devient " le maître » ; " lui-même » = même le sage est soumis à la mort.

" je cherche » = présence explicite de l'instance lyrique qui se trouve en posture de disciple =

signe d'un méta-discours : le tâtonnement est performatif comme l'indiquent les deux points qui ouvrent une triple énumération négative " : ni...ni...ni ». " Le suivre » = il faut accompagner le mourant, lui faire escorte : anaphore de la conjonction de coordination " ni » ; = le monde naturel ne peut soulager l'agonie + idée que l'ancienne

poésie de Jaccottet était inopérante = c'est la fabrique des images qui est sanctionnée, rejet

des motifs importants dans les premiers recueils : l'Effraie, L'ignorant, Airs. Refus de l'esthétisation de l'agonie

Vers 18 : " images » renvoie phonétiquement à " nuage » = homéotéleute = les images ne sont

qu'évanescence sans épaisseur

Vers 19-21 :" plutôt » : sens comparatif ; " le linge et l'eau » = soins apportés au mourant ;

" main » et " coeur » = métonymies de l'accompagnant, don physique et affectif s'opposant au

travail intellectuel et savant d'une écriture poétique artificielle qui croit rendre compte de la

mort. 3

Pistes pour l'étude des titres du recueil

Philippe Jaccottet publie chez Gallimard, en 1977, le recueil A la Lumière d'hiver. Ce

recueil se compose de " Leçons », " Chants d'en bas » et " A la lumière d'hiver ». Jaccottet

écrit les textes de ce recueil dansdes circonstances particulièrement sombres : il perd des êtres

chers dont son beau-père et sa mère. Les titres des sections renvoient à ce contexte de deuil mais traduisent aussi le renouvellement poétique d'un sujet lyrique qui souhaite rompre avec ce qu'il pense être la grandiloquence de ses textes précédents. Ce sont en outre des titres dont la simplicité apparente recèle une polysémie subtile.

I - " Leçons »

1.Le contexte d'écriture : Louis Haesler, un maître

Leçons est un livre de deuil. Le recueil évoque l'agonie et le décès de Louis Haesler, le

beau-père du poète. Le recueil suit chronologiquement les étapes de sa déchéance jusqu'à sa

mort. Titre pluriel qui indique qu'il existe plusieurs leçons à tirer de cette expérience de la

mort. Le poète se positionne comme un élève : il se qualifie par des termes qui dénotent le

manque d'expérience : " effrayé », " écolier » (14) ; c'est un sujet qui " recommence »

(poème liminaire). Cette posture d'élève se décline dans les verbes " je cherche »(12) ;

" j'écoute », " j'apprends »(14). Le locuteur cherche à suivre la leçon d'un sage

expérimenté : la figure du maître apparaît à travers les substantifs " l'aîné » (12), " le bon

maître » (15), la périphrase " ce rocher de bonté grondeuse et de sourire » et le souhait qui

ferme la section : " demeure en modèle de patience ». Cette figure du maître a été présentée

implicitement dès le poème liminaire.

➔Le beau-père du poète éclaire un des sens du titre" Leçons » = son existence et sa

personnalité se transforment en leçon de vie, Louis Haesler est un modèle à suivre.

2.La leçon vécue : l'apprentissage difficile

Pour l'élève, cette leçon de vie est dure à entendre : c'est un face à face avec sa propre

finitude. Il s'interroge sur l'après mort (19) ;il rejette notre pauvre condition d'être humain

(23). L'expression " instruits au fouet »,détachée du reste du poème, témoigne de la dureté de

cette leçon. Jaccottet manifeste colère et dégoût devant le cadavre (27) : refus d'acceptation,

manque de sérénité ; l'injonction du vers 4 (" qu'on emporte cela »), le terme " pourriture » et

la question oratoire de l'avant dernier vers (" qui se venge, et de quoi par ce crachat ? ») illustrent le refus de la mort et de la déchéance du corps.

A partir du 20ème texte, le poète retrouve une certaine sérénité. Il s'interroge sur une

conscience supérieure qui supplanterait la mort (30). Après le décès, le poète trouve refuge

dans la nature (" Plutôt, le congé dit, ...à creuser le berceau des herbes / à porter sous les

branches basses des figuiers... soupirs » 31) 4 La fin confirme cela (32) : image romantique du sujet épanoui, reprenant goût à la vie et

retrouvant pleinement le monde naturel + effet d'écho " Et moi » avec le texte suivant " toi » ,

qui se clôt par l'image de la " la page » d'écriture associée aux " raisins » = travail de

l'écriture liée à une nature élémentaire = image de la véritable sérénité.

3.Une leçon de poésie : la leçon du mètre

Philippe Jaccottet se méfie de deux aspects de la poésie. Le premier concerne l'emploi des

images et le deuxième concerne la forme fixe avec un vers mesuré et rimé. Le poète estime

s'être trompé en évoquant la mort dans ses précédents recueils = il emploie des expressions et

des mots critiques à l'encontre de sa pratique antérieure de l'image : " autrefois ...me

couvrant d'images les yeux... » + sens de ce texte en rapport avec l'écriture poétique + sens

du texte en exergue en rapport avec l'humilité poétique. Il décide aussi de rompre la mesure

du vers jugée superficielle : rejet, (16) contre-rejet, sonnet décomposé (11), quatrain solitaire

(exergue). Refus d'une norme académique car la vie n'est pas normée, schématique = choix de l'hétérométrie, les accents ne sont pas fixes et les rimes ne sont pas obligatoires = traduction du désarroi. La forme est instable dans " Leçons ».

II - " Chants d'en bas »

1.Des poèmes liés à la mort

" CB »s'ouvre sur un poème qui évoque le corps de la mère du poète, figé dans la mort : " Je

l'ai vue droite et parée de dentelles » (37). La mort de la mère est évoquée de manière

indirecte p. 48 ; p. 61-62, le poète tente d'entendre " les pleurs » de la défunte, disparue

" sous la terre ». La mort sur laquelle s'ouvre cet ensemble de poème lui confère une tonalité très sombre, dominée par la mélancolie du poète.

" Chants d'en bas » : des chants inspirés par la mort ; des chants qui proviennet des régions

obscures où gisent les morts.

2.La remise en cause du chant

" Chant » : désigne traditionnellement, par métaphore, la parole et l'écriture poétique.La

section " Parler » met en accusation l'exercice de la poésie, perçuecomme vaine et

mensongère en comparaison avec l'expérience de la perte. Jaccottet adresse des reproches à la

poésie : mensonge, jeu rhétorique, retrait dans un monde imaginaire. Il se fustige : " assez ! oh assez./détruis donc cette main qui ne sait plus tracer/que fumées, / et regarde de tous tes

yeux » (48) ; " singer la mort à distance est vergogne » (51) = référence à la posture passé du

poète. Cette posture critique culmine dans le poème qui assure la transition entre les deux parties (53) : Jaccottet s'en prend à lui-même dans un accès de colère masochiste.

Remise en cause d'un lyrisme trop éloquent ; doutes quant à la légitimité et à la valeur de

la poésie. Il faut donc essayer de chanter de plus bas, de baisser la voix, de privilégier la rugosité à la fluidité, le heurt au chant mélodieux et équilibré. 5

3.Un discours souterrain

La deuxième partie de" CB », " Autres chants »,laisse affleurer les mouvements de l'inconscient avec les pulsions érotiques, les fantasmes sexuels : (58)" le tremblement des

lèvres écartant la robe » ; (60) on relève des images et des souvenirs sensuels ; (61) " j'ai

langui auprès des corps ».Ces poèmes explorent la part d'ombre du sujet lyrique. Cette deuxième partie de l'ensemble donne un visage cru à l'expression du désir. L'expression du

désir sexuel pourrait être liée à une culpabilité inconsciente : la vue du cadavre de la mère

s'apparente à la vision d'une nudité interdite. Une transgression majeure semble à l'oeuvre

dans le poème liminaire qui érotise le cadavre de la mère (cf. la charge érotique possiblement

contenue dans les " dentelles » dontle corps de la morte est " paré »).A la suite de poème

liminaire, la pulsion sexuelle parcourt tout le recueil, comme un retour du refoulé. ➔" Chants d'en bas » = discours souterrain, liés aux profondeurs du sujet.

III - " A La lumière d'hiver »

1.Une lumière féconde

Ensemble de poèmes composé durant deux ans, de 1974 à 1976, et organisé en deux

moments, précédés d'un poème liminaire : " Dis encore cela ». Ce texte d'ouverture

manifeste la difficulté et l'espoir de saisir l'authenticité de l'existence terrestre par les mots.

Récurrence du verbe " recueillir » et du groupe verbal en anaphore et épiphore : " soit

recueilli » + allégorie du " dernier cri du fuyard » : le poète formule le voeu que le cri, forme

extrême de parole, survive à l'individu au-delà de la mort.

Le titre suggère une antithèse : " lumière » connote la chaleur, la clarté, la germination,

alors qu' " hiver » connote le froid, l'obscurité, la stérilité. Ces deux significations annoncent

la double posture du poète dans cette section : souffrance, difficulté à écrire mais aussi

affirmation de la puissance de la poésie qui peut aider à renouer avec soi et avec le monde. Le

titre suggère une ouverture vers le dehors, après le repli sur soi et la confrontation avec la douleur dont témoignaient les deux premières sections.

2.Un hommage au monde naturel

Jaccottet choisit ce titre en forme de dédicace pour évoquer un soir d'hiver au cours duquel il se promène dans son jardin et retrouve un nouvel élan en contact avec une nature

vibrante, dans la lumière d'une nuit hivernale. Le jardin devient donc un motif privilégié de

cette section : (80) " comme l'espace entre tilleul et laurier, dans le jardin » ; (85) " les légères

feuilles bougent à peine.../je traverse la distance transparente, et c'est le temps même qui

marche ainsi dans ce jardin » ; (86) "La lumière du jour s'est retirée, elle révèle/ à mesure que

le temps passe et que j'avance en ce jardin... je sors dans la nuit/...j'avance enfin parmi les

feuilles apaisées ». Le monde est comme purifié par la neige et par la lumière de l'hiver (94,

96).
6

3.La conversion de la nuit

La lumière d'hiver peut aussi être perçue comme une métaphore du vieillissement. Le

poète se confronte à la pensée de son vieillissement et de la mort, et cherche à lui résister :

(78) " j'ai une canne obscure / qui, plus qu'elle ne trace aucun chemin, ravage / la dernière herbe sur ses bords, semée / peut-être un jour par la lumière pour un plus / hardi marcheur... » ; (81) " un homme qui vieillit est un homme plein d'images » : impuissance de

la parole, des mots et du poète lui-même ; (82) " Les mots...de nouveau, je m'égare en eux, /

de nouveau , ils font écran, je n'ai est plus/ le juste usage » .Mélancolie du vieillissement :

(82) " et déjà le jour baisse, le jour de mes yeux » ; (86) " et le temps passe...l'aiguille du

temps brille » ; (88) " Une étrangère s'est glissée dans mes paroles...et déjà je la suis parce

que faible et presque vieux ». Jaccottet rappelle dans " ALH » que la mort est une menace. Le

thème universel de la mort intervient à travers la mention de la déréliction du corps : (80) " si

l'étoffe du corps se déchire » ; la mort est envisagée de façon très concrète (92) : " notre

crâne » n'est plus " qu' une cruche d'os / bientôt bonne à jeter ». La couleur noire, dominante

dans le recueil, connote l'approche inexorable de la mort : le décor est sombre (85) " air

noir...c'est la nuit même qui passe »+ présence d'une entité féminine, d'une allégorie

nocturne : " la femme d'ébène et de cristal, la grande femme de soie noire...l'obscurité lave la

terre. » La lumière du jour est comparée à un voile, comme si la vie était une étoffe, qui en se

retirant, révélerait la vérité de la mort.

Mais cette tonalité chromatique se transfigure : la nuit offre une sérénité, attestée par la

figure féminine mystérieuse et " cristalline ». La nuit devient claire et heureuse dans la

deuxième partie de la section (85-87). Elle est métaphorisée en jeune femme admirable, claire

femme " d'ébène » qui ravive le désir. La " lumière d'hiver » permet à Jaccottet de renouer

avec le monde, de rompre avec la mélancolie - de la transfigurer par les pouvoirs de la

rêverie. C'est une lumière apaisante et gratifiante, comme le suggéraient les sonorités claires

et la musicalité du syntagme composant le titre. La section s'achève par l'image de la neige,

lumière aussi et féconde : (96) " Sur tout cela maintenant je voudrais / que descende la neige,

lentement,/...et qu'elle fasse le sommeil des graines, / d'être ainsi protégé, plus patient ».

L'hiver n'est pas la saison de la stérilité, mais de la dormance : un renouveau est en germe dans ces " graines » ensommeillées. 7

La mort dans A la lumière d'hiver

La question de la mort occupe une place essentielle dans l'oeuvre de Jaccottet. Elle est

pour le poète la source d'une inquiétude profonde, qui prend souvent les traits de l'angoisse et

de la terreur. Présente dès les premiers écrits de Jaccottet, la mort se manifeste

particulièrement dans le recueil ALH. En effet, ce dernier comporte " deux livres de deuil »

précédemment publiés, Leçons et Chants d'en bas, qui évoquent la mort de deux proches : le

beau-père et la mère du poète. Avec ces poèmes, auxquels est ajouté en 1977 l'ensemble de

textes qui donne son titre au livre, il ne s'agit plus pour Jaccottet d'évoquer la mort de

manière générale et lyrique, comme il se reproche de l'avoir fait dans ses précédents recueils,

mais de se confronter à la mort réelle, d'autant plus éprouvante qu'elle touche des êtres chers.

Il faut se demander quelle place la mort occupe dans ALH et quelle représentation Jaccottet en propose : quels aspects revêt-elle dans le recueil ? En quoi la confrontation du poète avec la mort constitue-t-elle un des enjeux majeurs du livre ?

1.L'épreuve de la mort

2.Une vision terrifiée de la mort

3.Une tentative de dépassement de l'effroi provoqué par la mort

I -L'épreuve de la mort

1.La confrontation avec la mort

Le contexte de création du recueil : une période marquée par des disparitions de proches C'est une période sombre pour le poète, qui voit disparaître plusieurs proches. Le poète

Ungaretti, dont il a été le traducteur et avec qui il a lié des liens privilégiés depuis les années

1940, meurt en juin 1970. La soeur de Gustave Roud s'éteint en février 1971, Christiane

Martin du Gard, une amie très proche, en novembre 1973. Gustave Roud, figure tutélaire, disparaît en novembre 1976, au moment où Jaccottet termine la suite qui composera " A la lumière d'hiver ». Surtout, sa mère est emportée par une longue maladie en mai 1974. Le

décès du beau-père du poète, Louis Haesler, au milieu des années 1960, avait ouvert cette

longue série funèbre. A la lumière d'hiver porte la trace de cette confrontation répétée avec la

mort puisque Leçons et Chants d'en bas sont " deux livres de deuil ». Le premier a été écrit

en hommage à Louis Haesler, comme Jaccottet le précisera bien plus tard dans la note d'ouverture de Tout n'est pas dit: " Louis Haesler était un homme simple et droit ; on ne pouvait que l'aimer et le respecter ; plus tard, j'ai essayé de m'inspirer de sa droiture pour

dire, dans Leçons, la douleur de la fin. » Le second évoque la mort de la mère du poète.

" Leçons » et " Chants d'en bas » : la mort de proches

Leçons, publié dans une première version en 1969, a été écrit de novembre 1966 à octobre

1967. Les manuscrits du recueil révèlent que Jaccottet veut prendre ses distances avec " Le

Livre des morts », l'ensemble de poèmes qui terminait L'Ignorant : " je suis gêné de ce que

j'ai écrit. Corriger. [...] Ce devrait être pour effacer Le Livre des morts et sous un autre

titre. »" J'ai eu le front de prêcher aux vieillards. Ce que j'ai vu m'impose pénitence. Ayant

8

assisté à l'agonie de son beau-père, ayant été directement confronté à la mort réelle, Jaccottet

dit s'en vouloir d'avoir parlé de la mort avec lyrisme et emphase. Il se reproche d'avoir, avec

" Le Livre des morts », " orné la mort [...] d'autant de mensonges que d'images », faisant la

part trop belle à " l'exaltation lyrique ». Avec Leçons, il entend proposer un autre discours sur

la mort, non plus général et lyrique mais abrupt parce qu'en prise avec une mort particulière :

" traduire exactement l'expérience » ; dire " le fait même de l'agonie » ; " il ne faut pas que

j'en vienne ici à raisonner sur la mort ». " Chants d'en bas » évoque la mort de la mère du poète, survenue en 1974. Le poème liminaire a été ajouté en 1977, pour la réédition du recueil dans ALH.

" Leçons » et " Chants d'en bas » suggèrent la proximité des défunts avec le poète

Le " maître » de " Leçons » : plusieurs mentions suggèrent que Jaccottet était proche de

l'homme dont il est question dans " Leçons » : -le poème liminaire le place comme une figure tutélaire et rend hommage à sa " droiture » -Jaccottet le désigne par des termes valorisants, qui montrent qu'il lui vouait beaucoup d'estime : " l'aîné », " le maître », " le bon maître », " la semence » -Jaccottet le tutoie à dans le dernier poème de la section et l'érige en " modèle de patience et de sourire »

-l'ensemble de la section suggère les qualités de cet homme : droiture, bonté, simplicité,

sagesse, humilité La mère dans " Chants d'en bas » : les mentions de la défunte sont peu nombreuses mais la

périphrase p. 48 : " Ainsi s'éloigne cette barque d'os qui t'a porté » permet de comprendre

que la défunte était la mère du poète.

2.Le recueil présente la confrontation avec la mort comme une expérience personnelle

Le discours sur la mort dans le recueil n'est pas abstrait. Il résulte d'une expérience personnelle, intime même, dont Jaccottet tente de donner la mesure. " J'ai vu la mort au travail » La mention de la vue parcourt tout le recueil. La mort se manifeste, impose sa présence et

accapare le regard du sujet : récurrence du verbe " voir » dans " Leçons » ; ouverture de

" Chants d'en bas » par ce vers : " Je l'ai vue droite et parée de dentelles » ; constat appuyé

dans " ALH » : " Oui, oui, c'est vrai, j'ai vu la mort au travail / et, sans aller chercher la mort,

le temps aussi, / tout près de moi, sur moi, j'en donne acte à mes deux yeux, / adjugé ! » Le

pronom de première personne et le passé composé indiquent l'expérience vécue. La mort

n'est pas une entité abstraite, elle est une réalité à laquelle Jaccottet a été confronté sans

détour. " Plutôt le linge et l'eau changés »

L'expérience passe aussi par la proximité du sujet avec le mourant. " Leçons » révèle que

Jaccottet a veillé son beau-père, qu'il l'a accompagné dans ses derniers moments. Il s'est tenu

auprès de lui dans la " chambre », a accompli les gestes que la situation imposait : " le linge et

9

l'eau changés, / la main qui veille, / le coeur endurant ». Il a assisté à l'agonie, dont il a

constaté avec détresse la progression. Il a assisté au dernier souffle du mourant (p. 26) et pris

" congé » de lui (p. 31). " Bourrés de larmes, tous, le front contre ce mur »

La douleur de Jaccottet est plusieurs fois évoquée. Il fait part de ses réactions et de celles de

ses proches au cours de l'agonie de Louis Haesler : horreur ( 21, 22, 27), douleur (23)

détresse (21, 23, 25), révolte (27) mais aussi mouvement vers le monde et désir d'apaisement

(28 et suivantes).

Le poème liminaire de " CB » porte la marque de la tristesse du poète, donnant sa tonalité à

l'ensemble du recueil, très mélancolique (cf. la récurrence de l'interjection " oh »). Sa

blessure est perceptible dans le poème où il voit disparaître " la barque d'os qui (l') a porté »

(48) ; elle s'exprime avec plus d'intensité dans le poème p. 61, où Jaccottet prend

douloureusement acte de la séparation et de son impossibilité à rejoindre la morte,

abandonnée à ses pleurs.

3.Violence de la mort

Une violence pour les mourants

Dans " Leçons » et " CB » les êtres évoqués sont soumis à la souffrance ; la maladie leur

impose une mort douloureuse et prématurée. " Leçons » évoque les étapes de l'agonie de Louis Haesler. De son alitement à son

" déchirement » par la souffrance, Jaccottet consigne les manifestations de sa déchéance. En

même temps, il fait part des réactions que le spectacle de cette agonie suscite en lui et dans son entourage. La représentation de l'agonie puis de la mort est directe, prosaïque et saisissante. -le délabrement du corps : le corps du mourant subit une transformation, il se rétracte, s'amenuise (12, 15, 19). Il devient plus faible qu'un " enfançon » (15) La souffrance du mourant est terrible, il subit une torture (21, 23, 25). -la détresse du moribond : la souffrance physique s'accompagne d'une grande détresse ; dans ses yeux se lit l'effarement (16) ; il sombre dans la peur et la solitude (17, 20). -la perte de conscience : le mourant perd peu à peu conscience et l'usage de la parole l'abandonne (19). -le mort est ensuite désigné par un vocabulaire cru, inhabituel chez Jaccottet, qui

n'édulcore pas la réalité : " ordure », " cadavre », " pourriture », " crachat ». Privé du

" souffle », ce qui était encore un homme devient un objet répugnant (25, 27)

Dans " CB », la souffrance subie par la mère du poète est moins directement mentionnée mais

elle est suggérée. Elle est perceptible dans l'image de la pierre dure dans le poème liminaire,

qui évoque la raideur cadavérique mais peut-être aussi la douleur que le corps a subie. La

souffrance des derniers moments est suggérée par l'image du corps fragile, qui " s'enfonce »

dans une " eau amère » ( 48). 10

La mort ou du moins son approche terrifie l'être, le fait " se recroqueviller » et le réduit à

n'être que cri de détresse (" CB », 44).

Une violence pour les vivants

La mort est violente également dans la mesure où elle impose une perte et fait subir l'épreuve

de la séparation irrémédiable.

Dans " Leçons », le mourant s'éloigne de son entourage, emporté dans un territoire où ils ne

peuvent pas le rejoindre. Il devient peu à peu étranger, les liens qui l'unissaient au monde des

vivants se défont : " ce devait être là qu'il se perdait » ; " déjà presque dans un autre espace » ;

" notre mètre, de lui à nous, n'avait plus cours » ; (7) " unique espace infranchissable » (8) ;

" Hélerons-nous cet étranger s'il a oublié notre langue... » (9)

Réduit à l'état de cadavre, l'être aimé est désormais " méconnaissable ». Il a perdu toute

commune mesure avec les vivants: " Déjà ce n'est plus lui./Souffle arraché :méconnaissa-

ble» (17) ; " Cadavre. Un météore nous est moins lointain. » (17) ; " Qu'on emporte cela »

(17) " Un homme (...) arrachez-lui le souffle :pourriture » (17)

Dans " CB », le poète prend acte de la distance que la mort a établie avec sa mère : " Qu'elle

me semble dure tout à coup ». Il essaie d'entrer en contact avec la défunte, dans un moment

de détresse, mais la morte ne peut être rejointe, elle est ensevelie et le poète est livré seul à sa

peine (61-62).

II - Une vision terrifiée de la mort

Présentée sous ces aspects terribles, la mort ne peut être perçue que négativement. Elle

suscite chez Jaccottet de l'angoisse et de l'effroi. Elle le confronte à l'incompréhensible. Jaccottet tente d'exprimer cette dimension terrifiante de la mort de plusieurs façons.

1.L'innommable et l'irreprésentable

Emploi du neutre " cela »

Caractéristique de la langue du recueil, l'emploi du pronom démonstratif neutre " cela » permet de désigner obliquement la mort (ce mot n'est que très rarement employé dans le recueil) ou le travail de la mort dans le corps en souffrance. Le pronom se charge de plusieurs nuances et il n'a pas que des significations négatives mais dans cette perspective, il permet de suggérer l'horreur que suscitent l'agonie et la terreur que provoque la pensée de la mort. Ilquotesdbs_dbs45.pdfusesText_45
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