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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

LA QUESTION DE L'ÉCRITURE DANS L'OEUVRE DE JACQUES DERRIDA

THÈSE

PRÉSENTÉE

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DU DOCTORAT EN SÉMIOLOGIE

PAR

MAXIME PLANTE

MARS 2017

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

Service des

bibliothèques

Avertissement

La diffusion de cette thèse se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 -Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que "conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise

l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des

copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

A posteriori -that's how everything be gins

Georg Büchner, Leonce and Lena

REMERCIEMENTS

J'estime qu'au cours

de mes études certains professeur( e )s bien particuliers m'ont fait le privilège d'un enseignement d'une rare qualité tant sur le plan humain que sur le plan académique. Je veux les nommer: Pierre Latraverse, Nancy Bouchard,

Catherine Saouter, François Latraverse.

À n'en pas douter, Lawrence Olivier fait

partie de ce groupe de professeurs hors du commun à qui j'espère pouvoir faire honneur par chacun de mes gestes, présents et futurs. Au fil de nos entretiens, j'ai eu l'intuition à de nombreuses reprises que le rôle de directeur de recherche n'est pas aussi facile à assumer qu'il y paraît. Au contraire de ce que son titre en dit, il m'a semblé que la direction de recherche nécessite toute une éthique de la non intervention, de cette exigeante réserve qui est peut-être l'essence même du lien pédagogique. Pour moi, Lawrence Olivier aura incarné ce lien avec une noblesse et une sobriété qui me confirment ce que sans doute je pressentais déjà : ce qui s'enseigne de la pensée ne se trouve dans aucun manuel ni aucun traité d'histoire de la philosophie; et pourtant, c'est cet enseignement sans contenu qu'il s'agit par nos gestes d'honorer en le réitérant avec constance et fidélité. Je remercie le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC), le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et le Fonds à l'accessibilité et à la réussite des études (FARE) de l'Université du Québec à

Montréal pour leur soutien financier.

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ........................................................................ ............................................ vii

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE .•••.......•.•......•......••.....•..........

....•................................. ix INTRODUCTION ........................................................................ ............................... 1 Approche méthodologique ........................................................................ .............. 20

Comment (et par quelle voie) élaborer le problème ................................................ 24

PREMIÈRE PARTIE

LE DEVENIR-SIGNE DE LA PENSÉE: L'ENTAME DE L'ÉCRITURE .•..... 27

La primauté du langage : virage ou cercle? ............................................................. 29

De la pensée du signe à la pensée-signe .................................................................. 35

DEUXIÈME PARTIE

LA FIN

DU SIGNE ET LE COMMENCEMENT DE L'ÉCRITURE ..........••.... 40

CHAPITRE!

POURQUOI LA PHÉNOMÉNOLOGIE? ........................................................................

... 44

CHAPITRE II

L'ÉPREUVE DU DEHORS : DU SIGNE AU CONCEPT ...................................................... 52

L'être ou le problème du commencement. .............................................................. 54

De l'être logique à l'intuition ........................................................................

.......... 56

Procès de la représentation (Vorstellung) ................................................................ 58

Signe, extériorisation, concept ........................................................................

61

L'écriture comme pharmakon de la pensée(!) ........................................................ 73

v

CHAPITRE III

L'EXCÈS DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE ........................................................................

.... 81

Le point de départ husserlien ........................................................................

........... 83 La phénoménologie comme transcendance dans l'immanence ............................... 86

La radicalisation de la problématique husserlienne ................................................. 90

L'écriture comme supplément ........................................................................

......... 96

L'écriture comme

pharmakon de la pensée (II) .................................................... 1 06

TROISIÈME PARTIE

L'OUBLI DE L'ÊTRE, ENTRE NIHILISME ET ÉCLIPSE ............................ 128

CHAPITRE!

L'ANGLE MORT DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE HUSSERLIENNE ••••••••••••••••••

• l32

CHAPITRE II

NIHILISME ET PLATONISME : L'ÊTRE COMME PRÉSENCE ....................................... 150

CHAPITRE III

ÉCLIPSE ET ÉPOQUALITÉ DE L'ÊTRE ••••••••••••••••••

182

Le pari risqué d'Être et temps ........................................................................

....... 185

La réinitialisation de la question de 1 'être ............................................................. 196

Le coup d'arrêt du questionnement transcendantal ............................................... 205

Du fondement au saut (Satz) dans la pensée de l'être ........................................... 212

Le sens.époqual de l'être ........................................................................

............... 216 vi

QUATRIÈME PARTIE

PENSÉE DE

L'ÉCRITURE 1 ÉCRITURE DE LA PHILOSOPHIE ....•........... 223

CHAPITRE!

L'ÉCRITURE ET LE PHÉNOMÈNE ••••••••••••••••••

•••••• 230 La passion de l'origine ........................................................................ .................. 239 La rature de l'origine ........................................................................ ..................... 253

CHAPITRE II

LETRA VAIL DE L'ÉCRITURE ••...•....•••.•.......•.•••••....

•...••....•• 278

L'inscription de 1 'altérité ........................................................................

............... 286

Peut-être la littérature

:d'un certain art du tact.. ................................................... 293

CONCLUSION

UNE PROMESSE LOURDE

DE SENS ................................................................ 308 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................ .......................... 322

RÉSUMÉ

La thèse porte sur la question de 1' écriture dans 1' oeuvre du philosophe français

Jacques Derrida

(1930-2004). La recherche trouve son point de départ dans le problème que constitue l'interprétation de cette oeuvre jugée" difficile »en raison de

son caractère éclaté, voire hétérogène. En vertu de cet éclatement, aucun consensus

ne s'est établi dans le monde universitaire quant à savoir quel était le sens primordial qui organisait cette oeuvre et lui donnait sa cohérence. Ainsi, chaque discipline a interprété et utilisé

1' oeuvre de Derrida de façon unilatérale, chacune insistant sur la

dimension de l'oeuvre (le langage, la littérature, l'éthique, le droit, la traduction, etc.) qui l'interpellait plus directement. Les diverses interprétations de la pensée de Derrida se sont donc élaborées en vases clos et son oeuvre n'a jusqu'ici été comprise que dans ses dimensions isolées, sans qu'on ait tenté de retrouver dans ses différents moments une cohérence d'ensemble et une unité générale intrinsèque. Face à ce problème qui mine la compréhension globale de la pensée de Derrida, la recherche pose une question qui doit permettre de se mettre en chemin vers une compréhension intégrale de l'oeuvre. Pour atteindre cette compréhension, il faut demander quel est le problème fondamental par lequel se déploie et se radicalise la pensée de Derrida. La thèse développe l'idée selon laquelle la problématique fondamentale qui traverse et organise le développement de

1' oeuvre de Derrida est la

question de l'écriture et que cette question tire sa provenance d'une réflexion non pas sémiologique, mais d'abord phénoménologique.

On pourrait sans doute objecter

qu'une distinction entre signe et écriture a peu de sens, et que la question du signe a traditionnellement toujours compris en son champ la question de l'écriture. C'est précisément cette indistinction qu'il faut d'abord contester et problématiser si l'on souhaite ensuite pouvoir accéder à la problématique propre de 1' oeuvre de Derrida.

La thèse est divisée en quatre parties.

La première a un caractère préparatoire en ce sens qu'elle installe les prémisses et introduit les motifs préalables aux chapitres subséquents. Ce mouvement préliminaire s'exerce

à partir de la sémiologie en vue de

faire émerger la pertinence d'une distinction entre signe et écriture à travers deux axes fondamentaux : l'indissociabilité de la pensée et du signe et l'identité des conditions de possibilité -et de constitution -de la signification et de la pensée. La seconde partie condense ces deux axes dans ce que nous avons choisi de nommer une doctrine de 1' extériorisation. La thèse montre comment une telle doctrine apparaît avec clarté dans les premières phénoménologies.

À cette fin sont étudiées deux

oeuvres (Husserl, Hegel) qui témoignent de façon exemplaire de l'importance du processus d'extériorisation dans la constitution de la pensée et de la manière dont viii l'écriture apparaît à la fois la plus efficace et la plus dangeureuse dans le cadre de ce processus de constitution. La troisième partie étudie le motif fondamental de la répression de

1' écriture et le

situe dans le privilège accordé à la présence comme détermination ultime de l'être. La

thèse explicite la validité historiale de cette proposition heideggérienne reprise de

façon décisive par Derrida. Le mouvement d'éclipse de l'être, tel qu'il est révélé par

le parcours heideggérien, est mis en évidence pour servir de support analogique à la pensée de 1 'écriture chez Derrida. La dernière partie effectue un retour vers la pensée de Derrida elle-même en montrant comment chez lui l'écriture devient le lieu de la condensation de problèmes phénoménologiques majeurs (présence, conscience, origine, temps, intersubjectivité, langage, etc.) et l'analogie permettant de décrire le processus de formation de la forme ou de la structuration de la phénoménalité. Par là, il s'agit de penser les conditions d'apparition et le coup d'envoi de l'origine. Cette partie suit la radicalisation de cette pensée liminologique en explicitant la nécessité interne par laquelle la problématique initialement " théorique » de l'écriture appelle jusqu'à la transformation de la pratique de l'écriture philosophique et non plus seulement celle de ses concepts. MOTS-CLÉS : Jacques Derrida, écriture, différance, déconstruction, phénoménologie, Martin Heidegger.

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE

Dans un souci d'économie et afin d'alléger le texte, certains titres des ouvrages cités

fréquemment dans cette thèse ont été abréviés après la première occurrence. Nous

donnons ici la liste de ces textes, à laquelle pourra se reporter le lecteur en cas de besoin. Pour Être et temps, nous référons toujours à la pagination de l'édition Niemeyer, donnée entre crochets dans nos traductions françaises. Pour toutes les citations de Platon, nous renvoyons à la traduction française des dialogues contenus dans les OEuvres complètes éditées par Luc Brisson. Sauf mention du contraire, nous renvoyons toujours à la pagination Estienne, dont les nombres et lettres indiquent la page et la section correspondante du texte grec édité par Henri Estienne (Paris, 1578).

Abréviations des textes de Jacques

Derrida fréquemment cités

lOG "Introduction», dans Edmund Husserl, L'origine de la géométrie, Paris, Presses universitaires de France, 1962. ED L'écriture et la différence, Paris, Seuil, 1967.

DLG De la grammatologie. Paris, Minuit, 1967.

VP La voix et le phénomène, Paris, Presses universitaires de France, 1967.

POS Positions, Paris, Minuit, 1972.

D La dissémination, Paris, Seuil, 1972.

M Marges de la philosophie, Paris, Minuit, 1972.

Abréviation des textes de Martin Heidegger

fréquemment cités K Kant et le problème de la métaphysique, intro. et trad. A de Waelhens et W. Bierne},

Paris, Gallimard, 1953.

QI-II Questions 1 et II, trad. K. Axelos et al., Paris, Gallimard, 1968. x N II Nietzsche, tome 2, trad. P. Klossowski, Paris, Gallimard, 1971. lM Introduction à la métaphysique, Paris, Gallimard, 1980. ET Être et temps, trad. E. Martineau, édition numérique hors-commerce, 1985. PFP Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie, trad. J.-F. Courtine, Paris,

Gallimard, 1985.

Q III-IV Questions III et IV, Paris, Gallimard, 1990. P Prolégomènes à l'histoire du concept de temps, trad. A. Boutot, Paris, Gallimard, 2006.
IRP Introduction à la recherche phénoménologique, trad. A. Boutot, Paris, Gallimard, 2013.
Abréviation des textes de Georg Wilhelm Friedrich Hegel fréquemment cités E I Encyclopédie des sciences philosophiques. /. La science de la logique, trad. B.

Bourgeois, Paris, Vrin, 1970.

E III Encyclopédie des sciences philosophiques, III. Philosophie de 1 'esprit, trad. B.

Bourgeois, Paris, Vrin, 1988.

E II Encyclopédie des sciences philosophiques. Il Philosophie de la nature, trad. B.

Bourgeois, Paris, Vrin, 2004.

Abréviations d'ouvrages d'autres auteurs fréquemment cités OT Jean Greisch, Ontologie et temporalité. Esquisse d'une interprétation intégrale de Sein und Zeit, Paris, Presses universitaires de France, 1994. OG Edmund Husserl, L'origine de la géométrie, trad. et intro. J. Derrida, Paris, Presses universitaires de France, 1962.

Idées ... /Edmund Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad. P. Ricoeur, Paris,

Gallimard, 1985.

INTRODUCTION

L'histoire de la philosophie n'est

probablement qu'une croissante conscience de la difficulté de penser.

E. Lévinas, Noms propres

Quand le sens commun déclare les

philosophes " incompréhensibles » il est comique, quand il les prétend " clairs », il est ennuyeux -mais, dans un cas comme dans l'autre, il est lui-même, et c'est pourquoi il dit tantôt ceci, tantôt cela, voulant dire ici et là la même chose, à savoir qu'elle est autre chose que lui.

E. Martineau, Avant-propos du

traducteur,

Être et temps

C'est lorsque l'on croit tranquillement savoir ce qu'il en est de la pensée de Jacques Derrida qu'alors fond sur nous dans son implacable douceur telle question d'Emmanuel Lévinas se demandant à voix haute si l'oeuvre de Derrida ne coupe pas " le développement de la pensée occidentale par une ligne de démarcation, semblable au kantisme qui sépara la philosophie dogmatique du criticisme 1 Cette question, on aurait tort de le dissimuler, comporte une force de provocation très grande pour la pensée, non seulement par la hauteur et la dignité philosophiques auxquelles se trouve élevé Derrida par la force de la comparaison avec Kant, mais aussi parce qu'elle remet en question ce que nous croyions savoir de l'histoire de la philosophie. Il n'est pas question d'accepter sans broncher la suggestion de Lévinas, mais il serait tout aussi insuffisant de la rejeter sans autre

forme de procès en prétextant une évidente frivolité, qu'elle soit de nature rhétorique

1 Emmanuel Lévinas, Noms propres, St-Clément-la-Rivière, Fata Morgana, 1976, p. 85. 2 ou apologétique. Aussi faut-il accuser le coup et tenter de prendre au sérieux la provocation lévinassienne. Il est vrai que le travail de Derrida eut un retentissement aussi soudain que pérenne. Comment expliquer un tel engouement et sa longévité? Il est possible d'en trouver une explication du côté de 1 'histoire des idées et de la sociologie des intellectuels. Au sein de ce cadre interprétatif, la renommée acquise par les idées de Derrida et leur large diffusion s'expliqueraient par une série de facteurs extrinsèques

à la pensée :

11 la démonstration de sa maîtrise des codes et règles du discours

philosophique; 2/ l'appel, la mobilisation et la critique de figures philosophiques de premier plan (Heidegger, Husserl, Nietzsche, Platon, Rousseau, etc.) et, conséquemment, l'instauration d'un dialogue avec les spécialistes (Barthes, de Man, Foucault, Lévinas, Ricoeur, etc.) de ces oeuvres; 3/ l'intervention de Derrida dans le débat structuraliste (alors dominant) et sa reconnaissance comme interlocuteur-clé; 4/ l'ambiguïté du propos, permettant de parler simultanément à plusieurs publics, même divergents et

51 la capacité d'adapter discours et théorie pour s'ajuster à de nouveaux

ou de plus larges " marchés » (du champ philosophique français au champ littéraire étasunien, par exemple). Cette interprétation sociologique apparaît de prime abord féconde pour expliquer l'impact de la pensée de Derrida sur la vie philosophique et littéraire du xx:e siècle

2•

Mais de son propre aveu cette interprétation ne parvient pas à rendre compte de la valeur philosophique de l'oeuvre de Derrida. Cette valeur est-elle en tout point

égale à son

poids dans le champ philosophique? Si c'était le cas, il faudrait alors conclure que l'impact de Derrida sur l'histoire de la philosophie est déterminé en retour par sa réception, c'est-à-dire par la légitimité qu'il aura pu obtenir dans le champ philosophique et la perméabilité de ce champ à la diffusion de ses idées. Or, 2

Cette interprétation est défendue dans l'article de Michèle Lamont, " How to Become a Dominant

French Philosopher : The Case

of Jacques Derrida », American Journal of Sociology, vol. 93, n° 3,

1987, p. 584-622.

3 cette façon de présenter les choses est retorse; dès lors que l'on constate un déplacement de la réception vers le champ littéraire, on est amené à conclure à un désaveu ou à un désintérêt du champ philosophique. On en vient alors très vite à des jugements péremptoires comme ceux-ci:

Il faut se résoudre

à admettre que les positions de Derrida, quelle que soit leur célébrité et quel qu'ait été leur impact intellectuel, sont totalement inconsistantes. Non seulement nous n'avons pas besoin de pseudo-concepts comme ceux de différance ou d'archi -écriture, mais leur utilisation conduit

à de

graves errements

3•

M. Derrida describes himself as a philosopher, and his writings do indeed bear sorne of the marks of writings in that discipline. Their influence, however, has been to a striking degree almost entirely in fields outside philosophy -in departrnents of film studies, for example, or of French and English literature. [ ... ] We submit that, ifthe works of a physicist (say) were similarly taken to be of merit primarily by those working in other disciplines, this would in itself be sufficient grounds for casting doubt upon the idea that the physicist in question was a suitable candidate for an honorary degree

4•

Cette manière de juger une pensée selon la provenance et la quantité de ses appuis est certes commode. Grâce à elle la pensée trouve son repos, satisfaites et rassurées d'avoir suffisamment d'évidences qui la déchargent de questionner plus avant; cela demeure toutefois une manière de ne pas lire Derrida, et une manière de ne pas penser. On peut donc opposer à ce type d'interprétation quelque chose comme de la mauvaise foi. N'est-il pas infiniment réducteur de juger l'impact de Derrida sur l'histoire de la philosophie-qu'il soit grand, minime ou même inexistant-en ne le considérant que du point de vue de sa réception et en évacuant la question de la valeur philosophique de sa pensée? La force d'une idée lui est-elle d'abord et avant tout extrinsèque? 3 Sylvain Auroux, Jacques Deschamps et Djamel Kouloughli, La philosophie du langage, Paris,

Presses universitaires de France, 1996, p. 76.

4 Barry Smith et al., " Open letter against Derrida receiving an honorary doctorate from Cambridge

University», The Times (London), 9 mai, 1992.

4 Que cette pensée se présente comme ultra-philosophique ou qu'elle apparaisse en définitive non-philosophique, qu'elle soit en tout point conforme au canon philosophique ou qu'elle s'en écarte absolument, l'évidence la plus nette ne nous dispense pas du travail de la pensée.

Le questionnement philosophique abdiquerait

son rôle et sa responsabilité critique s'il abandonnait la méthode qui lui prescrit non pas la suffisance de celui qui croit savoir, mais l'humilité de celui qui sait qu'il ne sait pas, sachant seulement que tout savoir préconstitué est une entrave pour la pensée, que, finalement, " ce qui donne le plus à penser est que nous ne pensons pas encore

5•

Soit. Tout cela justifie-t-il néanmoins l'apologie en apparence excessive de Lévinas? Ce qui vient d'être mentionné autorise-t-il véritablement à voir dans la pensée de Derrida une "nouvelle coupure dans l'histoire de la philosophie 6 Prendre cette question au sérieux engage à une interrogation de fond quant à l'esprit de la pensée de Derrida. Comment accéder à cet esprit et quel est-il aujuste 7 On pourrait croire que le sens d'une philosophie s'atteste en tant qu'expression en quelque sorte figée de la vie du philosophe. Comprise ainsi, le sens de la philosophie de Derrida serait intimement lié aux rencontres et aléas qui ont orienté et infléchi son parcours. Le développement personnel de l'auteur guiderait la recherche du sens de son oeuvre. Le philosophique ne serait donc que l'objectivation du biographique, qu'une investigation psychologique peut espérer retrouver dans la richesse de ses descriptions. 5 Martin Heidegger, Qu'appelle-t-on penser?, trad. A. Becker et G. Paris, Presses universitaires de France, 1959, p. 22. 6 Emmanuel Lévinas, Noms propres, op. cit., p. 65. 7

La réflexion qui suit s'inspire largement d'un article qu'Eugen Fink a toujours refusé de considérer

comme

"méthodologique». Nous espérons ne pas trahir l'esprit de ce qu'il tentait alors d'établir,

autre temps et autre lieu, à propos de la phénoménologie husserlienne. 5 Si le niveau biographique est certes facilement accessible et en général bien documenté 8, ne s'agit-il pas d'un niveau d'enquête qui soit trop superficiel pour saisir le sens d'une oeuvre philosophique dans toute sa profondeur et, à suivre Lévinas, dans toute sa radicalité? Peut-on au demeurant accepter la correspondancequotesdbs_dbs20.pdfusesText_26
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