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    Le soleil émet une lumière blanche qui inclue toutes ou presque les longueurs d'ondes du domaine visible. Il est géné- ralement dit que le ciel est bleu car il s'agit de la couleur de l'oxy- gène. En réalité, il s'agit de la diffusion de la lumière blanche du soleil par l'atmosphère.
  • Pourquoi le ciel est bleu légende ?

    Le ciel n'est bleu que parce qu'il y a le Soleil, et sa lumière qui elle est… blanche, même si le Soleil est souvent représenté comme jaune quand on le dessine. Le ciel n'est bleu que parce qu'il y a une atmosphère autour de la Terre : la couche de gaz qui entoure notre planète. Cette atmosphère diffuse la lumière.2 juil. 2019
  • Comment expliquer que le ciel est bleu expérience ?

    Quand la lumière blanche frappe les petites particules de lait qui sont en suspension dans l'eau, le bleu se sépare des autres couleurs par le côté. C'est pourquoi en regardant par le côté, tu vois du bleu C'est le même principe dans l'air, sauf que la lumière du soleil frappe des particules de poussière.
  • La couleur bleue est due à la diffusion de la lumière solaire par l'atmosphère. Le jour, par beau temps, le ciel apparaît bleu, car il diffuse la lumière du soleil. Les gaz de l'atmosphère (essentiellement diazote et dioxygène) sont transparents pour la lumière visible (les UV sont heureusement absorbés).
Renaud Longchamps et la loi de la gravité dans Légendes et Tous droits r€serv€s Universit€ du Qu€bec ' Montr€al, 2011 Cet article est diffus€ et pr€serv€ par "rudit. "rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos€ de Montr€al. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/Document g€n€r€ le 3 oct. 2023 05:20Voix et Images Renaud Longchamps et la loi de la gravit€ dans

L€gendes

et

Claude Filteau

Volume 36, num€ro 2 (107), hiver 2011URI : https://id.erudit.org/iderudit/1002446arAller au sommaire du num€ro"diteur(s)Universit€ du Qu€bec ' Montr€alISSN0318-9201 (imprim€)1705-933X (num€rique)D€couvrir la revueCiter cet article

Filteau, C. (2011). Renaud Longchamps et la loi de la gravit€ dans

L€gendes

et

Voix et Images

36
(2), 117...129.

R€sum€ de l'article

occup€ les devants de la sc†ne litt€raire qu€b€coise entre les ann€es 1970

et 1985. En publiant, en 1988,

L€gendes

et , Renaud ‡ sensibles ˆ, le po†me se constitue en objet spatial qui ouvre le sens ' des parcours multiples. Longchamps poursuit par ailleurs un projet d€j' ancien, science et po€sie dans

L€gendes

et . La loi de la gravit€ sa ‡ r€p€tition lancinante ˆ le bruit de fond du po†me. au cours de la pŽriode allant de 1970 ˆ 1985, s"affranchir d"une poŽsie d"inspiration nationaliste et rompre avec l"Žmotion lyrique en cultivant une Žcriture formaliste. En 1 . Ë cette date, les dŽbats autour du formalisme ont perdu de leur virulence, mais Longchamps de son incertitude. Dans l"inutilitŽ universelle de ses raffinements structurels [...]2 Ainsi, il n"y a pas de vŽritable solution de continuitŽ chez Longchamps entre sa poŽsie et

Sommation sur l"histoire

ne laisse pas de doute ˆ ce sujet:Renaud Longchamps poursuit, avec LŽgendeset Sommation sur l"histoire, son projet

de penser juste parmi le concert des voix neutres. Ce projet, nous allons voir comment il se rŽalise dans ces recueils ˆ partir d"une Žcriture

poŽtique qui prŽtend rŽsister ˆ la soumission du sens ˆ des parcours interprŽtatifs

trop bien calculŽs, comme si la poŽsie tentait d"Žchapper aux ÇgŽotropismesÈ du lan-

gage sans y parvenir tout ˆ fait tant est forte la loi de l"attraction terrestre. L"auteur de LŽgendeset Sommation sur l"histoireest restŽ profondŽment per-

suadŽ que sans la science, la poŽsie ne peut Žchapper ˆ la poŽsie. D"emblŽe, la rŽfŽ-

rence ˆ Newton et ˆ la loi de la gravitation s"impose au lecteur comme un filV O I X E T I M AG E S, V O L U M E X X X V I , N U M ƒ R O 2 ( 1 0 7 ) , H I V E R 2 0 1 1

R E N AU D L O N G C H A M P S E T L A L O I D E L A G R AV I T É DA N S L É G E N D E SE T S O M M A T I O N S U R L " H I S T O I R E

CLAUDE FILTEAUUniversité de Limoges

1Renaud Longchamps, LŽgendes, suivi de Sommation sur l"histoire, MontrŽal, VLB Žditeur, 1988, 125 p.

dans le texte.

2Renaud Longchamps, ÇL"entropie du dŽsirÈ, La Barre du jour, n

o

66, 1978, p. 27.Voix et Images 107 : 11-03-25 09:18 Pa:ge117

d"Ariane pour comprendre la thŽmatique d"ensemble des deux recueils: ÇIl en va du rŽel/qui ne cache rien/pas mme une pomme ˆ la gravitŽÈ (LS, 99). Il n"est ÇgravitŽÈ est ˆ penser ˆ partir de la loi de la gravitation qui accentue le poids de dant ˆ l"expression de la subjectivitŽ en poŽsie, Longchamps explique comment le riel, insignifiant dans ma complexitŽ. L"Žcriture poŽtique n"exprime que cette insi- mon absence 3 .È Le lecteur de LŽgendeset Sommation sur l"histoiredevra entendre bruit confus d"elle-mme [qui] hante la poŽsie 4

Michel Deguy.

SPƒCULATIONS SUR LA GRAVITƒ

son projet anthropologique, de ne pas retomber dans l"idŽalisme (l"inquiŽtude mŽta- physique) ni davantage dans le matŽrialisme (la raison Žconomique) pour expliquer notre raison d"tre ou notre vie en sociŽtŽ. Pour cela, il imagine la vŽritŽ comme un extrait de

Sommation sur l"histoire.

Le ruisseau

Il s"y maintient. Qui conviendra de l"agitation?

(ƒternitŽ de l"eau, danse de l"eau, pertinence du clapotis aboli.)

Elle Žtait la promesse de l"extinction antŽrieure aux reptiles. Mme, elle verra ˆ la tra-

LS, 15)

V O I X E T I M AG E S1 0 7 1 1 8

3Ibid., p. 30. L"auteur souligne. 4Michel Deguy, Figurations, Paris, Gallimard, coll. ÇLe CheminÈ, 1969, p. 141.

Voix et Images 107 : 11-03-25 09:18 Pa:ge118

ce texte une justification ˆ droite et une justification ˆ gauche qui donnent aux sŽquences de phrases, sŽparŽes par des blancs, une allure de prose poŽtique. Une sŽquence peut comprendre plusieurs phrases, et celles-ci sont mŽticuleusement ponc- Chaque sŽquence s"ouvre par une majuscule; chaque phrase comprise dans une sŽquence commence de mme par une majuscule. Longchamps a voulu caractŽriser section de

LŽgendesdont fait partie ÇLe ruisseauÈ.

Alors que le formalisme avait l"ambition de dŽlinŽariser la lecture du texte, ce protocole de lecture valorise au contraire tout ce qui caractŽrise l"imprimŽ: Çnorme sŽquentielle et linŽaire, structure habillŽe typographiquement, fixitŽ de cette forme typographique, unicitŽ et limitation du texte, principe d"un bon parcours de lecture, prŽŽminence de l"auteur 5

È, par rapport ˆ la lecture informatisŽe

6 , par exemple, qui

et opŽrable, fluiditŽ et versatilitŽ de la forme, texte en rŽseau, ouvert et illimitŽ, mul-

tiplicitŽ des parcours de lecture, activitŽ et prŽŽminence du lecteur 7 pas tant ˆ cause de son organisation syntaxique que de son organisation discursive Sur le plan cognitif, l"eau est ainsi liŽe ˆ la reconstitution d"un savoir gŽologique et biologique que souligne le choix des mots (Çl"extinction antŽrieure aux reptilesÈ, mentatifs (ÇmmeÈ, ÇmalgrŽÈ) qui apparemment tissent un raisonnement qui expli- conna"t la finÈ. Or, malgrŽ les apparences, la dŽmonstration ne progresse pas vers plus d"intelligibilitŽ, mais semble aimantŽe par diffŽrents styles de discours. Sur le plan dans un cas, l"ŽternitŽ en est un attribut, dans l"autre, l"eau est l"agent d"un mouve- ˆ voir avec le mouvement de l"eau, mais imaginŽ ˆ partir de la nŽgation de sa saisie sensorielle. Et pourtant, sur le plan prosodique, ce clapotis persiste par la rŽpŽtition des timbres a-o-idans les mots ÇclapotisÈ et ÇaboliÈ. Faut-il entendre ici le bruit de Dans ÇL"or et les graviersÈ, Longchamps stigmatise plus nettement encore la spŽculation, mais envisagŽe cette fois sous l"aspect de l"Žchange marchand. La gravitŽ

ƒ T U D E 1 1 9

5Alain Giffard, ÇDes lectures industriellesÈ, Pour en finir avec la mŽcroissance, Paris, Flammarion, 2009, p. 152.

6Aujourd"hui, notons-le, l"horizon d"attente s"est dŽplacŽ, et c"est sans doute par rapport ˆ l"hypertexte Žlectro-

nique que le texte imprimŽ de l"entreprise formaliste doit rŽtrospectivement tre ŽvaluŽ. 7Alain Giffard, ÇDes

lectures industriellesÈ, p. 152.

Voix et Images 107 : 11-03-25 09:18 Pa:ge119

dans ce texte est liŽe non pas seulement ˆ la pesanteur des choses mais aussi ˆ l"ombre de la mort:

L"or et les graviers

viers longtemps broyŽs, maintenant nŽcessitŽ. L"ombre ne risque pas la densitŽ sans ivoire aux dents, sans cumul de tes os. (

LS, 21)

l"ombre pour sujet, mais l"ÇinertieÈ ou la ÇdensitŽÈ comme complŽment selon le cas. De cette faon, le texte privilŽgie des couplages paradigmatiques (inertie/den- sitŽ, or/os, grain/gain, sol/l"os), en jouant tant™t sur les contenus, tant™t sur la morphologie, tant™t sur la lettre des mots, pour mettre en Žvidence ce que Longchamps appelle en 1978 une ǎconomie du rŽelÈ: ÇLes mots reproduisent les mots, et nous sommes l"accessoire, le gadget hasardeux malgrŽ tout nŽcessaire ˆ la reproduction heureuse (oui heureuse) de nos/des sens par le jeu de l"Žchange, cette

Žconomie du rŽel

8 Mais en 1988, Longchamps semble plut™t faire la critique de cette notion plus ou moins marxisante d"Žchange Žtendue ˆ la poŽsie, en tirant parti de l"ambivalence

sŽmantique du mot usuredans ÇL"or et les graviersÈ. Ainsi le ÇgrainÈ d"or qui rappelle

par sa couleur le grain de maïs dont on nourrit les poules suscite un ǎchangeÈ dont Žvoque ici le prt avec usure que pratiquent aussi ceux qui font commerce du grain. Logiquement, ce n"est pas le sable mais le ÇgrainÈ (la semence) qui peut tre broyŽ. Mais plus nous cherchons de pertinence dans la reconstruction du sens, plus nous faisons le jeu de l"Žconomie du rŽel, c"est-ˆ-dire celui de la reproduction et du calcul.

Il n"y a pas de diffŽrence ˆ Žtablir entre le sable et le grain (l"aliment). Ils sont inter-

de la rŽaction du corps malade ˆ la nourriture ou ˆ la perspective du repos Žternel: ÇRŽvulsion du sable droit/au repos dans l"aliment//Vous Žchangerez l"Žternelle rŽvul- sionÈ (

LS, 66).

pas de risque. L"ombre est plut™t associŽe ˆ l"usure qui effrite les choses dans ÇL"or et

les graviersÈ. Elle est du parti de l"os et de la densitŽ contre l"inertie du sol et du gra- vier. On ne thŽsaurise pas l"os, pas plus que l"ivoire des dents, dans l"univers de Longchamps, sinon par la religion des tombeaux, lieux des pourrissements de la chair

qui prŽtend ˆ l"ŽternitŽ en perpŽtuant les filiations: ÇL"anctre ren‰cle en ce lieu

V O I X E T I M AG E S1 0 7 1 2 0

8Renaud Longchamps, ÇL"entropie du dŽsirÈ, p. 23.

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recouvert, dit-on, de quelques molŽcules pharaoniquesÈ (LS, 20), Žcrit Longchamps liste, dirait le philosophe.

Le ciel

La convention serait la fuite quand votre ciel cesse de quitter. (Une anomalie pour la qualitŽ des usures car tu n"imagines pas la constante dŽception Dans le bleu, dans cebleu, quelques oiseaux parmi lesquels je chasserais les reptiles. Dans cette Žvolution qui Žpuise le cerveau. (

LS, 25)

la terre, reprise par l"opposition entre l"oiseau et le reptile, illusoire dans la mesure mouvement: Çquelques oiseaux parmi lesquels je chasserais les reptilesÈ, dit le ÇjeÈ ne serait pas concernŽe par l"extinction, sauf ˆ voir le bleu comme la mŽtonymie d"un contrainte de la reproduction, une sorte de paradis dont on chasserait cependant les reptiles.

sur l"aspiration ˆ un ailleurs symbolisŽe par le Çbleu, toujours fentreÈ dont le lecteur

luation qualitative (Çpour la qualitŽ des usuresÈ) mais paradoxale, car l"usure n"use pas l"usure. L"aspiration persiste donc quoiqu"elle soit toujours dŽue: Çcar tu n"ima- sŽquence afficherait l"attitude conventionnelle qui est de fuir devant la remise en la mesure o ÇquitterÈ est employŽ intransitivement comme souvent au QuŽbec. Il manque ˆ ce verbe, pourtant transitif, un complŽment nŽcessaire pour constituer le prŽdicat dont il sera le pivot 9 . En voici un, la ÇcrŽationÈ: ÇLa convention serait la

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Voix et Images 107 : 11-03-25 09:18 Pa:ge121

fuite quand votre ciel cesse de quitter la crŽationÈ. ÇCrŽationÈ s"opposerait ainsi ˆ

ǎvolutionÈ; la boucle serait bouclŽe. Mais ce mot n"appartient pas au lexique de sol publicÈ [LS, 72]). Par rapport ˆ l"exactitude (Çquand votre ciel cesse de quitter l"exactitudeÈ), l"anomalie ou encore la dŽception deviendraient ainsi des ŽlŽments bleuÈ). Cette stratŽgie de lecture qui consiste ˆ profiter d"une dŽfaillance du texte pour relancer les parcours d"interprŽtation dans de multiples directions peut para"tre

dŽplacŽe, mais elle met en Žvidence la prŽŽminence du lecteur sur l"intentionnalitŽ de

l"auteur. est posŽ, comme ici le ciel, le bleu (mŽtonymie du ciel), sans que le lecteur puisse dŽci- der avec exactitude quelles actions il peut faire sur les reprŽsentations de cet objet On pose un objet [...] on lui associe une caractŽristique soit sous forme de trait inhŽ- rent, soit une propriŽtŽ relative donc ˆ un certain usage ou ˆ une certaine situation, on lui attribue un mode d"existence ou de portŽe [...] on indexe en dŽfinitive, de la sorte, le domaine d"inscription de cet objet et son champ de rŽalisation 10 Longchamps conteste ce besoin d"indexation, en tranchant l"index: ÇSoumis ˆ la mul- titude/et au calcul du plus grand nombre//Je sais/tu reprendras toujours le doigt/retranchŽ/de la fentre//Le doigt agissant/minuscule/qui ne sait compter ses osÈ (

LS, 39).

LE DOIGT TRANCHƒ

le corail devient l"instrument tranchant les doigts de la main, c"est-ˆ-dire retranchant

les heures de Çcelui qui saitÈ que cette vie est interminable parce qu"elle s"inscrit dŽjˆ

dans le temps de la fossilisation. Nous entrons dans la dimension d"un sujet prŽ-rŽflexif qui ouvre le moi ˆ un non-moi, dans la mesure o, selon la pensŽe de Jacques Derrida, Çle flux pur du vŽcu ne s"identifie pas strictement avec le sujet qui le vit [...] parce

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9Pour le linguiste Michele Prandi, Çil suffit de consulter une classification des verbes pour constater que la

structure du prŽdicat dŽpend intŽgralement de la valence de son verbe principal. Les verbes admettent - ou exi-

gent - tous un sujet, et se distinguent faiblement l"un de l"autre quant au type de sujet admis. Certains admettent

Minuit, coll. ÇPropositionsÈ, 1987, p. 94. 10Georges Vignaux, Le discours acteur du monde. ƒnonciation, argu-

mentation et cognition , Paris, Ophrys, coll. ÇL"Homme dans la langueÈ, 1988, p. 223-224.

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que "le dernier fondement de l"objectivitŽ de la conscience intentionnelle n"est pas l"intimitŽ du ÇjeÈ ˆ soi-mme mais le Temps [...]" 11

Jusqu"ici on tranche chaque doigt

et l"espace

Pointe l"univers de ton moignon

il en sera ainsi du corail qui porte le continent et dŽchire celui qui sait

Cette vie interminable

dont tŽmoignent les fossiles pour l"ombre et l"effondrement des petites falaises

La douleur est sans trace (

LS, 94).

taxiques, l"hyperbate d"abord. Dans les vers qui suivent, cette figure de syntaxe, en s"aidant de la coupe mŽtrique, replace apparemment l"espace hors de la dimension un enjambement strophique: Çet l"espace//Pointe l"univers de ton moignonÈ. On trouve ˆ nouveau la possibilitŽ d"un enjambement strophique dans les vers: Çcelui qui sait//Cette vie interminableÈ. Cependant, ÇCette vie interminableÈ peut aussi phique s"articulant ainsi: Çpour l"ombre et l"effondrement/des petites falaises//La ˆ recrŽer un imaginaire de la souffrance par sa ÇdictionÈ sans qu"il y ait de bouche pour l"exprimer: ÇDans la dimension infŽrieure/le bruit n"a pas de boucheÈ (LS, 109).

ƒ T U D E 1 2 3

11Rudy Steinmetz, Les styles de Derrida, Bruxelles, De Boeck UniversitŽ, coll. ÇLe point philosophiqueÈ, 1994,

p. 82-83.

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LE PLI SOUS LE PIED

Il en va autrement dans la dimension supŽrieure: ÇJe remontais de la dimension/supŽ- rieure/cordes ouvertes sur quelques voixÈ (LS, 84). Paradoxalement, la souffrance est une affaire de mise en bouche: ÇDebout tu me presses ˆ la parole/alors que de pelures/je m"emboucheÈ (LS, 32). ÇPeluresÈ fait penser ˆ ÇpeauÈ, mais aussi ˆ tout un registre de la maladie chez Longchamps qui explique jusqu"ˆ un certain point sa difficile relation au corps. Les vers que nous venons de citer sont extraits d"un long sitŽ de sa prŽsence. Or, les premiers vers nous font dŽcouvrir un environnement trace/d"o la tra"trise de l"air/gravitŽ sans tache/sans usure//Va donc pour la prŽ- traiteÈ, le mot tracea pris la place du mot traiteˆ cause d"un lapsus lingu¾; traite s"entend nŽanmoins dans Çtra"trise de l"airÈ. Trace/traite/tra"trise forment ainsi un rŽseau sŽmantique soudŽ par la double consonne ÇtrÈ qui se rŽsout dans la consonne

simple ÇtÈ de ÇtacheÈ. On peut raffiner le travail de la lettre en rapprochant ÇtraceÈ

et ÇtacheÈ qui ont le mme noyau vocalique. mme vers le ciel/d"o redescend toujours l"usure//Avec cette persistante habitude de plier/le pied/de perdre piedÈ ( LS, 34). La double consonne ÇplÈ peut engendrer une nouvelle sŽrie paradigmatique, comme ici la sŽrie pli/plier/pied: ÇAvec cette per-quotesdbs_dbs32.pdfusesText_38
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