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Etat des subventions effectivement mandatées en 2016 aux associations par le 163 AV DE LUMINY BT TPR1 ENTREE G CP 901 ... DEFENSE DES CAPRINS ROVE.



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Activités et publications du groupe d'Ethnozootechnie caprine (GEC) Rapport transmis par l'A.D.R.B.C. (Association de Défense et de Promotion de la Race ...



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ETHNOZOOTECHNIE N°87

n° 9-2009

© Société d'Ethnozootechnie 2009

ISSN:0397-6572-ISBN:2-901081-77-0

Les opinions librement émises dans Ethnozootechnie n'engagent que leurs auteurs. Société d'Ethnozootechnie-5 Avenue Foch,54200 TOUL

TABLE DES MATIÈRES

Varia

Laurent Avon

Considérations sur la race bovineCréole de Maurice ouMauritius white7

Laurent Avon

A propos de la race bovineCorse13

Philippe Sarraute

A propos de la dimension sécuritaire du gardiennage en élevage21

Henry Blanc

Elevage du cheval d'arme en Forez47

Georges H. Lutz

Les chiens de guerre entre le Moyen-âge et le début du XXe siècle63

Alexandre Ossadzow

Sur les sacrifices d'animaux dans l'antiquité79

Mirella Galletti

L'âne dans la culture et la société kurdes-passé et présent95

3ejournée d'étude sur la chèvre

PierreMorand-Fehr, Jean-Claude Le Jaouen

Activités et publications du groupe d'Ethnozootechnie caprine (GEC)99

Martine Gorrichon

Boucs et chèvres dans leThéâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs103

Coralie Danchin-Burge, Delphine Duclos

La chèvre du Rove: son histoire et ses produits107

Martine Lacroix, Frantz Jenot

Vers les 20 ans de la Route du Chabichou et des Fromages de Chèvre: l'anniversaire d'une agriculture

d'ouverture à la société113

Jean-Noël Passal

Le bouc de Madame Seguin123

Michel Meuret, Yves Lefrileux

À partir de quand qualifier de "pastoral" un élevage caprin contemporain en France?131

Pierre Devillechaise

Témoignage: fin de partie pour les éleveurs caprins du Sud-Est?133

Isabelle Baumont

L'installation et l'accès à la terre des chevriers du Sud-Est de laFrance utilisant du parcours: entre modèle

paysan et logique d'industrialisation139

Gisèle Alexandre, Valérie Angeon

Schémas de pensées et projets collectifs autour des races locales: Le cas du cabriCréole aux Antilles143

Journée d'Étude du 24 novembre 2009

Races locales et valorisation-Relations Homme-Animal

Marie Carriéet al.

Valorisation économique des races locales ovines et caprines à petits effectifs153

Marina Hohl

Tour d'horizon des programmes de conservation et de développement des races bovines locales et régionales de

tous les pays européens155

Ethnozootechnien° 87-2009 Varia4

Anne Lauvie

Conservation et valorisation des populations animales locales: des dynamiques diverses157

Ophélie Lecampion

Entre tradition et modernité, quel avenir pour l'élevage de Manech tête noire en Pays Basque?Éléments de

réponses aux inquiétudes des sélectionneurs159

Sébastien Couvreur, Yannick Lautrou

Influence d'un cahier des charges sur les pratiques d'élevage et les systèmes fourragers en AOC Maine-Anjou

et Buf Fermier du Maine161

Morgane Kervellaet al.

Les relations entre la réaction à l'homme et l'agressivité envers les congénères chez les truies gestantes163

Damien Baldin

Les animaux en guerre. Animaux soldats et bestiaire de guerre (1914-1918)165

Marc Vincent

Le pastoralisme méditerranéen et les politiques contradictoires de l'agri-environnement et du loup.167

Christophe Blanchard

Les jeunes errants et leurs chiens: nouvelles figures urbaines de la précarité169

Laurent Boutonet al.

Comparaison de deux méthodes d'adaptation des bovins à la traite robotisée / Impact du pâturage sur le

système de traite robotiséé171

Jérôme Caudrilleret al.

Impact du pâturage sur le système de traite robotisée.173

Grégoire Leroy

Enquête auprès des éleveurs de chiens. Pratiques des éleveurs.175

Catherine Tourre-Malen

La relation au cheval: une relation sexuée?Des femmes, des hommes, enselle et à côté de leur monture177

Alexandra Destrezet al.

Capacitésd'adaptation du verrat en CIA: réponses aux interventions humaines et relation avec la réponse au

débourrage179

Raphaëlle Botreau

Evaluation multicritère du bien-être animal181

Analyses

Stéphane Frioux et Emilie-Anne Pépy(dir.)-"L'animal sauvage entre nuisance et patrimoine-France XVI-

XXIème siècle"185

FrançoisVallat-"Les bufs malades de la peste. La peste bovine en France et en Europe, XVIII°-XIX°

siècles"187

Frédéric Duhart-"De confits en foies gras. Une histoire des oies et des canards du Sud-Ouest"188

Fabrice Nicolino-"Bidoche. L'industrie de la viande menace le monde"190 Anne-Marie Brisebarre, Patrick Fabre, Guillaume Lebaudy-"Sciences sociales. Regards sur le pastoralisme contemporain en France"192

Claude Texier

Voyage d'études dela SEZdans le Montmorillonnais et la Brenne(Septembre 2009)194 VARIA

Ethnozootechnien° 87-2009 Varia7

CONSIDERATIONS SUR LARACE BOVINECRÉOLE DE

MAURICE OUMAURITIUS WHITE

LaurentAVON(1)

Résumé:La traditionveut que la race bovine de type taurin, Créole de Maurice ou Mauritius white soit d'origine

française. Pourtant cette race laitière originale ne correspond à aucune race connue en France. Elle a été longtemps la seule

race laitière de l'ile mais malgré sesqualité de production et son adaptation à la chaleur elle a considérablement décliné à

cause des croisements réalisés avec de la semence importée subventionnée. Elle ne se trouve plus aujourd'hui que dans la

station expérimentale de l'AREU de Curepipe. Elle pourrait disparaître à terme si l'on ne trouvait pas les solutions, qui

existent certainement, pour augmenter ses effectifs.

L'Ile Maurice est une île de l'Océan Indien

d'origine volcanique d'une surface 1 865 km carrés, soit environ le tiers d'undépartement français, qui appartient, avec les îles de la Réunion (anciennement Ile Bourbon) à

260 km à l'ouest et Rodrigues à l'est,à l'archipel dit"des

Mascareignes" du nom du navigateur portugais-Pedro Mascarenhas-qui y passa en 1513. Déserte et rapidement explorée par les Portugais, l'île Maurice vit les Hollandais en prendre possession en 1598 et l'appeler "Mauritius" du nom du stathouder de Hollande-Maurice de Nassau. [7] Après avoir pillé l'île de son bois d'ébène et y avoir essayé la culture des caféiers et de la canne à sucre, les Hollandais l'abandonnent en 1710. En 1715 Maurice passe sous le contrôle de la Compagnie française des Indes orientalesfondée par Colbert en 1664 et devient l'Isle de France. L'île avait une importance stratégique en tant qu'étape sur la route des Indes. Elle connait un rapide développement avec le gouverneur des Mascareignes, le malouin Mahé de la Bourdonnais, qui s'y installe en 1735. En 1764 le roi Louis XV rachète les Mascareignes à la

Compagnie [13] [14].

En 1810 les Mascareignes sont attaquées par la

flotte anglaise qui tenait les mers et les océans au cours du blocus continental de l'Europe durant les guerres napoléoniennes. L'Isle de France redevient alors Maurice. En 1814, le traité de Paris place Maurice, Rodrigues, les Chagos et les Seychelles sous la souveraineté britannique. Maurice est alors gouvernée par les Anglais mais la population d'origine française et ses esclaves africains et malgaches affectés à l'exploitation des cultures de canne à sucre reste en place. En 1835, l'esclavage est aboli dans les colonies britanniques. Des Indiens libres seront dés lors embauchés sous contrat pour remplacer la main d'uvre servile qui déserte peu à peu les plantations. Maurice devient indépendante en 1968. C'est aujourd'hui une république multiculturelle de 1300000 habitants où la population venue d'Inde et de Ceylan est majoritaire. Les piliers de l'économie mauricienne sont la production sucrière, les technologies de l'information et de la communication, lesecteur financier et le tourisme. La langue officielle est l'anglais mais le français et le créole sont parlés par l'ensemble de la population. Les premiers, dés le début du XVIème siècle, les

1)21 place Baléchou, 13200 Arles, France; courriel:

laurent.avon@orange.fr Portugais, lâchent dans l'île des porcs, des cabris et des bufs qu'ils ont ramenés de Madagascar [13] mais sans cependant y séjourner. Ce n'est qu'à partir de 1638 que les Hollandais tentent de s'établir véritablement. Ils importent des animaux domestiques et s'essaient à la culture de la canne à sucre. Cependant l'implantation de la petite colonie décimée par les disettes et les cyclones est si aléatoire que tous les colons hollandais quittent définitivement l'île en

1710. Il n'y reste plus que quelques esclaves et peut-être

quelques animaux marrons. En 1715 les Français prennent officiellement possession de Maurice. Le gouverneur Mahé de la Bourdonnais donnera l'impulsion décisive à l'implantation française qui marquera définitivement l'île, lui laissant sa langue et ses noms de lieu. Il est habituellement admis (Bennie [3], Mason [15], Rouse [17], Felius [9], Lam [10]) que la race bovine laitière connue sous le nom de race bovine créole de Maurice aurait été établie par les Français. Toutefois Valérie Porter [16] n'exclut pas une éventuelle autre origine. J.S.S. Bennie [3] cite une minute de la Compagnie des Indes datant de 1745 où "il est spécialement recommandé à messieurs la Chaise, du Desert et Champelaisde prendre soin le mieux possible des veaux et des brebis qui vont leur être envoyés à l'Orient pour être embarqués pour l'Isle de France en dépit des difficultés que rencontrent habituellement les capitaines au cours du transport de ces animaux". Les Anglais qui gouvernent l'île à partir de 1815 n'ont jamais été très nombreux et se sont contentés de l'administrer, sans la coloniser, en composant avec les franco-mauriciens qui occupent le territoire avec leur personnel. Il semble qu'ils n'aient pas fait venir de nouveaux taurins. Des zébus malgaches ou indiens sont cependant importés pour servir de "moteurs animés" dans les plantations. Ils ne se mélangent pas avec les taurins dits "race créole" qui sont utilisés pour la production laitière et restent cantonnés dans les villages. Au cours du XIXème siècle la race, semble-t-il déjà bien fixée et établie, est élevée majoritairement par la population indienne. Les vaches créoles sont confinées dans de petites étables en bois à l'orée des villages et sont nourries de têtes de canne à sucre et de sous produits divers. Elles ne sortent jamais car la canne à sucre et quelques cultures vivrières occupent tout le territoire agricole et il n'y a pas de pâturages. Ceci est encore vrai aujourd'hui. Si en 2010 Maurice importe

97% des produits laitiers qu'elle consomme il reste encore,

à la lisière des villages, une production laitière traditionnelle bien rémunérés, très appréciés d'une certaine clientèle. En 2009 on pouvait compter dans l'île 2 300

Ethnozootechnien° 87-2009 Varia8

vaches taurines chez 1 200 propriétaires. Il y avait également deux grosses sociétés de 700 vaches pour la production industrielle de lait avec des animaux importés [11]. La race Créole de Maurice est une race laitière de type taurin, de taille moyenne, sans cornes (caractère motte ou acère), en général uniformément blanc-crème ou blanche, parfois avec les oreilles noires (patron british white), ou très rarement d'une autre couleur. Les vaches, de type laitier, à ossature fine et à allure raffinée pèsent de 400 à 500 kg. Elles mesurent 1,30 au garrot. Les taureaux sont relativement grands et peuvent dépasser les 800 kg. Les têtes sontfine, étroites, à profil droit. L'expression est douce. Le tempérament est calme. Les aplombs sont bons en général pour des animaux qui subissent habituellement une claustration totale. Les bassins sont réguliers. J.J.S.Bennie [3] fait mention d'essais limités réalisés en

1951 et 1952 à Palmar tendant à prouver l'excellente

résistance à la chaleur de cette race. Un coefficient de résistance à la chaleur (dit de Rhoad) appliqué à plusieurs génotypes place la race créole pour ce critère,après l'expérimentation, en dessous des zébus locaux mais au même niveau que les zébus Ongole nouvellement importés de l'Inde, au dessus des Afrikanders et très au dessus des Frisonnes élevées localement. Concernant la production laitière J.S.S Bennie, en 1955, puis A.A. Boodoo et al. en

1990 [4] [5], font apparaître qu'elle pourrait être doublée

dans les élevages des villages avec une bonne complémentation des rations et que dans ces même conditions d'élevage les créoles font jeu égal avec les Frisonnes. En 2003, R. Lam [10]fait état d'une production laitière de 2 206 kg de lait (écart type de 650 kg) en 255 jours pour une quinzaine de vaches contrôlées à Curepipe. Il serait possible de voir exprimées des lactations supérieures à 4000 kg de lait avec un taux de matière grasse de 4,0 % si l'effectif était plus important. Il faut par ailleurs 1,5 insémination pour une fécondation [10]. Quant à la production de viande, elle semble correcte. La viande est bonne, les animaux s'engraissent facilement et les rendements sont satisfaisants du fait de la finesse du squelette. Taureaux de race Créole de Maurice à Curepipe, photo L. Avon, 2009.

La tradition veut que cette race soit d'origine

française. Elle ne correspond pourtant à aucune race connue dans ce pays. Son origine reste une énigme. On peut donc se poser les questions de savoir si elle vient bien de France directement ou après avoir transité par Bourbon, et de quelle région, ou encore, si elle vient d'une race aujourd'hui disparue ou si elle a été créée sur place par consanguinité à partir de peu d'animaux de diverses provenances.

Historiquement il y a deux groupes de races

taurines laitières en partie ou entièrement sans cornes: un groupe scandinave qui semble-t-il a pu essaimer en Irlande et en Grande Bretagne avec les vikings comme le prétendent les Britanniques (races Irish moyled etIrish dun en Irlande, races British white, Red Poll,Suffolk dun,

Sheeted Somerseten Grande Bretagne) et un groupe

ibérique représenté en Europe par la race Minorquine des Baléares et en Amérique du Sud par des races comme les Romosinuano et Blanco Orejinegro (BON) de Colombie ou la Mocho Nacional du Brésil. Certains disent que la race Minorquine ou Mahonesa, aurait pu, elle aussi, avoir été introduite en Méditerranée par les vikings dont on sait qu'ils transportaient des bovins sur leurs drakkars; mais elle aurait pu, aussi bien, avoir été introduite par les anglais

Ethnozootechnien° 87-2009 Varia9

qui étaient installés à Minorque au XVIIIème siècle. Il est également possible que ces même vikings aient pu installer leur bétail sur les côtes de la Manche en Normandie et que des races comme la race créole de Maurice et la race Canadienne dont on est sûr, pour cette dernière, qu'elle est d'origine française [2] en soient des représentants. Philippe Le Liboux [12], dans un intéressant article sur l'origine de la race normande fait état d'importations de bétail hollandaisau début duXVIIIème siècle enNormandie et dans le Maine. Ce bétail originaire de Hollande (il faut prendre le terme Hollande, au sens large, en y incluant les côtes de la Belgique actuelle) se serait croisé avec des populations locales de petite taille pour former deux variétés: l'Augeronne-la plus "hollandisée"-et la Cotentine qui auraient donné naissance à la race Normande actuelle avec son cornage en croissant. Vers la même époque ce bétail hollandais aurait été introduit en Angleterre et aurait été à l'origine de la formation de la race Durham. Ainsi cette race Créole de Maurice, comme la race Canadienne des colons français du Québec, pourrait être une représentante des populations bovines présentes sur le littoral de la Manche avant l'arrivée de ce bétail hollandais et la création de la race normande que nous connaissons. Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse. On peut aussi concevoir que cette race de Maurice vienne d'ailleurs, de Hollande, par exemple, ou encore des îles britanniques. Les avancées de la génétique moléculaire pourraient peut-être permettre de vérifier certaines de ces idées, théories ou hypothèses. Jusqu'à la fin des années soixante la racecréole de Maurice est la race majoritaire et seule race laitière de l'île même si quelques importations de bétail frison sont attestées. J.S.S. Bennie fait état de 18000 vaches en 1951. En 1964 le Département de l'Agriculture [8] cite le chiffre de 14993vaches laitières créoles pures pour 5060 croisées. Cependant à partir de 1970 on assiste à un double phénomène de diminution drastique du cheptel bovin en même temps qu'à une diminution relative encore plus rapide de l'effectif de la race créole. Marleen Felius [9] faisait mention de 3 000 femelles créoles en 1995, ce qui devait représenter environ 2 000 vaches. La race bovine créole de Maurice a fait l'objet d'une attention spéciale de la part des autorités depuis longtemps déjà, mais cette attentionn'a pas toujours été ni linéaire ni soutenue. Au début des années cinquante, compte-tenu de la bonne adaptation de la race aux conditions locales et de son importance numérique, un programme de sélection laitière fut tenté par le département de l'Agriculture avec l'établissement du centre d'élevage de Palmar, créé en 1951, qui comptait 45 vaches de race pure en 1955. Puis, au début des années soixante, un centre d'insémination artificielle fut créé par le ministère de l'Agriculture et des Ressources naturelles. La majorité des vaches de Maurice furent alors inséminées. En 1964 le programme de sélection laitière de la race fut malheureusement abandonné et de la semence de taureaux Frisons fut importée du Kenya pour être utilisée en croisement d'absorption surla race créole. Depuis lors, l'importation régulière de doses de semences de taureaux Frisons ou Holstein, moins souvent de races à viande, est subventionnée par le ministère de l'Agriculture. En 1964 la station expérimentale du ministère de l'Agricultureet des Ressources naturelles de Curepipe comptait un troupeau de

75 vaches servies par 6 taureaux. En 1966 ce troupeau fut

malheureusement entièrement croisé par insémination artificielle avec des taureaux Frisons. John E. Rouse [17] qui évoque la chose parle avec juste raison d'une "tragédie". Pourtant un troupeau pépinière fut recréé par la suite à la Livestock Research Station de Curepipe sous l'autorité du ministère de l'Agriculture pour disparaître à nouveau en

1999. Devenue propriétaire de la station, l'AREU

(Agricultural and Extension Unit: http://www.areu.mu/) put reprendre 13 vaches, 3 génisses, 4 taurillons et un taureau reproducteur parmi les plus typiques des 33 vaches, 26 génisses, 22 taurillons et 2 taureaux du troupeau pépinière [11]. Par lasuite quelques femelles ont pu être achetées chez des éleveurs particuliers auxquelles se sont rajoutées une dizaine d'animaux du site de Palmar. La création d'un deuxième troupeau a été un temps envisagée sans que cela n'ait jamais pu se concrétiser. En 2010 le seul troupeau créole de Curepipe comptait une vingtaine de vaches de race pure et quatre taureaux.

En 1999, un programme d'évaluation des

ressources génétiques fut lancé sur un projet SADC/UNDP/FAO (communauté des états de l'Afrique Australe) piloté par l'Afrique du Sud et financé par la FAO. Il permit une caractérisation zootechnique de la race par l'AREU grâce au troupeau de Curepipe. En 2001 dans le cadre de ce projet d'évaluation et de recensement des ressources génétiques un inventaire des animaux restants dans l'île fut réalisé. AnnéeNombre de mâlesNombre de vachesNombre total

19646762882025570331483233241968

20011459725931842733781

RégisLam,AREU, 2003

Depuis 2001 la situation s'est encore dégradée au point que la race créole compterait, en 2010, d'après les chercheurs de l'AREU [11], moins d'une quarantaine de vaches de race pure dont plus de la moitié à Curepipe. La question de la survie à long terme de la race se pose donc très sérieusement. Parmi les éléments positifs-et il faut mettre ceci au crédit du gouvernement mauricien et du personnel de l'AREU-la race créole existe encore en tant que race pure. Il y a certes peu d'animaux mais il y en a, des mâles et des femelles, etde bonne qualité. C'est ce qui est le plus important pour l'instant. Cependant on peut légitimement se poser la question de la possibilité de maintenir la race durablement si on compte seulement sur le dispositif actuel qui repose sur le seul troupeau conservatoire de Curepipe et un stock de semence de deux taureaux (Leblanc et Legallant) issus de ce même troupeau maintenusans protocole d'utilisation ni de conservation au CIA de Réduit qui ne dispose pas des meilleures installations. Les chercheurs de l'AREU ont renoncé, faute de moyens affectés à la conservation de la race, à entretenir des relations avec des éleveurs privés et à suivre des animaux autres que ceux détenus à Curepipe [11]. Cela signifie que la race est à la merci d'un cyclone, d'un incident sanitaire,

Ethnozootechnien° 87-2009 Varia10

d'une consanguinité prévisible, d'une décision budgétaire, sans avoir la sécurité de l'existence de plusieurs troupeaux de secours ni la perspective d'intéresser de nouveaux éleveurs puisque les contacts sont de moins en moins fréquents avec l'extérieur. Il semble également que les différentes parties prenantes scientifiques, techniques, politiques et professionnelles ne se rencontrent pas à propos de cette race et que, de ce fait, il n'y ait plus aucun projet ni coordination concernant son développement même si l'AREU a bien l'intention de la maintenir le mieux possible. Vache créole de Maurice à Curepipe (Photo:L. Avon, 2009). Si l'on voulait sécuriser l'existence de la race de

Maurice-et son importance historique, culturelle,

zootechnique et génétique le justifierait-il faudrait pouvoir, au moins dans un premier temps, tendre à disposer d'un effectif de 200 vaches au minimum réparties sur plusieurs sites avec, en toile de fonds, un volet "cryoconservation" de semence pour une utilisation en routine sur le long terme, ainsi que, peut-être, d'embryons si cela était possible techniquement (il n'y a pas d'équipe de transplantation embryonnaire dans l'île) et bien évidemment financièrement. Il a été démontré [1] [7] qu'il était possible techniquement de maintenir une race avec peu d'animaux en utilisant l'insémination artificielle àcondition d'avoir un stock de semence important d'un nombre de taureaux suffisant pour une longue période et d'assurer un suivi permanent de la population. Il pourrait être envisagé de maintenir quelques animaux sur des sites touristiques (par exemple le jardin botanique de Pamplemousse), et de solliciter certains éleveurs innovants qui feraient de la rareté de cette race, de son intérêt patrimonial et de saspécificité mauricienne, un atout touristique et commercial pour leur exploitation. De petits éleveurs traditionnels pourraient aussi, peut-être, trouver une certaine émulation dans des concours ou présentations d'animaux. Il y aurait certainement encore d'autres pistes à explorer, comme par exemple l'utilisation de la race comme race allaitante compte tenu de son potentiel laitier et de son tempérament docile et calme, pour redonner le premier élan à un renouveau nécessaire de la race. La dynamique pourrait venir alors en marchant. Le thème de la préservation de la biodiversité est un thème abondamment décliné, avec raison, depuis quelque temps. Il s'applique aussi aux races animales domestiques. Depuis des dizaines d'années un nombre important de races bovines de l'espèce bos taurus ont disparu. Elles continuent à disparaitre dans le monde malgré les mises en garde de la FAO et les moyens qu'un certains nombre de pays ont mis enuvre; à tel point que l'espèce elle-même pourrait-être menacée un jour. Maurice a la chance de posséder une race spécifique, unique, en tous points remarquable qui, outre ses racines profondes dans l'histoire, possède de remarquables capacités d'adaptations à un contexte difficile et peut-être même à des évolutions futures du climat que l'on ne connait pas encore. Par sonquotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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