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  • Quels sont les atouts de l'Afrique du Sud dans la mondialisation ?

    Le pays a aussi développé le secteur du tourisme, haute gamme, attirant des Européens et des Nord Américains, mais également la classe aisée africaine. Enfin, si elle conserve des activités agricoles, il s'agit de cultures à hauts rendements et le secteur est bien intégré au système agroalimentaire.
  • Comment l'Afrique participe à la mondialisation ?

    Un continent en marge de la mondialisation
    Elle est à l'origine de seulement 1 % de la production mondiale et de 4 % des échanges de marchandises. De plus, 80 % des exportations africaines concernent des matières premières. L'Afrique exporte une part très négligeable de services et de produits manufacturés.
  • Quel est l'impact de la mondialisation sur l'Afrique ?

    D'un côté, la mondialisation offre des promesses de croissance du commerce et de l'investissement international; de l'autre, elle accroît les risques d'instabilité et de marginalisation.
  • L'Afrique semble marginalisée du processus de mondialisation. Cette marginalisation est telle que la Chine est devenue le premier créancier du continent ce qui tend à créer une relation de dépendance. Les pays africains auraient intérêt à participer aux échanges politiques et économiques internationaux.
Les agricultures familiales africaines face à la mondialisation : le défi d'une autre transition Auteur(s) : Pierre-Marie BOSC, Bruno LOSCH, Cirad, département Tera, programme Agricultures familiales et mondialisation, TA 60/15, 73, rue J.-F.-Breton, 34398 Montpellier cedex 5.

Résumé : L'agriculture africaine fait face à une situation inédite liée au processus de mondialisation, mais aussi à la forte croissance relative de sa population agricole durant le

dernier quart du xxe siècle, contrairement à d'autres continents (ou pays continents).

Paradoxalement, alors que l'Afrique se trouve marginalisée dans les échanges commerciaux,

sur lesquels se focalise le débat international en matière agricole, l'agriculture africaine et le

développement rural restent des domaines stratégiques pour les politiques publiques qui

doivent prendre en compte la configuration démographique et économique spécifique du

continent. La question du type d'agriculture qui accompagnera la nécessaire transition

économique et agricole africaine est en débat. Alors que certains opérateurs et décideurs

soutiennent le développement d'une agriculture d'entreprise, les organisations paysannes font massivement le choix de défendre l'agriculture familiale comme axe privilégié de développement, car elle fournit emplois et revenus pour le plus grand nombre. Cependant, les

organisations doivent faire face à un rapport de force inégal avec les autres acteurs privés issus

du processus de libération. Renforcer leurs capacités de proposition et de négociation apparaît

dès lors comme une condition permettant d'envisager une refondation des politiques publiques sur la base d'une réelle contribution des ruraux.

Mots-clés : agricultures familiales, mondialisation, transition économique, organisations

paysannes et rurales, politiques publiques, Afrique.

ARTICLE

Après plus de deux décennies de politiques libérales tous azimuts, le débat international sur le

développement, qui avait marqué l'époque des décolonisations et des indépendances, revient à l'ordre du jour. Le désengagement des États des affaires économiques, la libre concurrence et

l'ouverture des frontières ont globalement eu lieu et leurs excès ont mis en évidence des

besoins de régulation minimaux, tant au niveau national qu'international. La référence

nouvelle aux biens publics mondiaux et à l'impératif d'un développement durable permet de

reprendre des discussions qui avaient été bannies par le " tout marché » et de s'interroger sur

les voies et moyens permettant de favoriser et de stimuler les processus d'un progrès

économique et social qui pourrait bénéficier au plus grand nombre.

Pourtant dans ce débat réactualisé, et il s'agit là d'un paradoxe majeur, les questions agricoles

restent peu abordées ou sont traitées à la marge, alors que l'agriculture fait vivre encore près de

la moitié de la population active mondiale et est en charge de la gestion d'une bonne partie des

ressources terrestres de la planète. Ainsi, le deuxième sommet de la terre, réuni à

Johannesburg en septembre 2002, ne leur a pas accordé la place qui devrait leur revenir. Les

préoccupations et les esquisses de négociation ont porté sur l'eau, l'énergie, la biodiversité, la

santé et leurs liens avec les questions de pauvreté, sur les besoins de règles de gestion permettant de concilier protection de l'environnement, efficacité économique et équité sociale ;

mais les enjeux liés à la place spécifique de l'agriculture en termes d'emploi et

d'environnement et à son devenir dans une économie mondiale profondément recomposée sont restés à la marge.

Le débat international sur l'agriculture reste aujourd'hui enfermé dans le champ des

négociations commerciales conduites à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et, en

conséquence, plutôt que de réfléchir sur les voies de développement possibles, il est surtout et

d'abord question d'ouverture, d'harmonisation et donc de confrontation dans laquelle les aides

que les pays développés octroient à leurs agricultures apparaissent, à juste titre, comme un

obstacle majeur pour le développement des pays des Suds 1 , mais paralysent aussi toute autre perspective de discussion.

Ce paradoxe, issu du constat de marginalisation de l'agriculture en regard de ses rôles effectifs,

est encore plus grand lorsqu'on s'attache à la situation de l'Afrique qui fait l'objet du présent

numéro de la revue. En effet, sa prise en compte dans les propositions du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NPDA) 2 , qui constitue la dernière initiative d'envergure

portée par plusieurs chefs d'État du continent, reste anormalement modeste eu égard à son

poids dans les économies et les sociétés africaines. Non seulement l'agriculture n'est pas mise

en avant comme un enjeu continental, mais elle est ramenée au rang d'autres " secteurs super-

prioritaires », derrière les infrastructures, l'éducation, la santé et avec les nouvelles

technologies de l'information, l'environnement et l'énergie [1, 2]. Il ne s'agit bien sûr pas de

contester des engagements en faveur de thèmes essentiels et incontournables ; mais cette

banalisation de l'agriculture ne correspond pas à la configuration africaine ou à ce qu'il

conviendrait d'appeler la " polarité » du continent. L'Afrique compte toujours 62 % de ruraux

qui sont 67 % au sud du Sahara (hors République sud-africaine) et la population active

agricole " pèse » 66 % de la population active totale 3 . Avec des telles proportions, ce qui va se

passer dans les agricultures africaines au cours de la prochaine décennie sera déterminant et on

peut douter de l'efficacité des orientations proposées par le NPDA qui, en misant exclusivement sur les performances, omet les processus, leurs conséquences et les impératifs d'action qu'elles devraient induire. Cette emphase portée sur la question agricole en regard des défis globaux du continent ne

correspond en aucun cas à une " dérive agrarienne ». Les enjeux de l'évolution urbaine sont

réels et redoutables, malgré un tassement de son taux de croissance. L'Afrique des villes avait

été trop longtemps ignorée, sous-estimée et connotée négativement dans les discours et les

politiques, souvent marquées par une prééminence du rural agricole. Cependant, force est de constater que l'image des villes africaines et surtout leur rôle dans les dynamiques agricoles

ont été progressivement reconnus. Nombreuses sont les filières de produits vivriers qui font

l'objet d'une structuration spontanée, souvent transfrontalière, qui drainent des quantités

considérables de produits vers les grands centres de consommation et, en retour, irriguent les campagnes avec des revenus souvent significatifs par rapport aux cultures d'exportation. Des

travaux importants ont éclairé ces processus dans une perspective de connaissance des

dynamiques en cours 4 . Le rôle des villes et leur influence sur le développement des filières

agricoles a également été souligné en terme de prospective lors de l'étude conduite par le Club

du Sahel (West African Long Term Perspective Study, WALTPS) qui a eu le mérite de sortir d'un discours teinté de malthusianisme et d'un certain afro-pessimisme.

Les questions des secteurs d'activités, de la croissance sectorielle et de l'emploi restent

cependant centrales, puisque les revenus et les niveaux de vie y sont directement corrélés. Or l'agriculture occupe encore une large place dans la vie de la majorité des ménages africains,

dont les alternatives en termes d'activité sont réduites, et elle se situe en conséquence en

première ligne de la lutte contre la pauvreté qui est placée à l'avant de l'agenda international.

Après avoir rappelé rapidement les grands enjeux démographiques et la faiblesse des marges de manoeuvre, le propos insistera sur l'ampleur des recompositions en cours puis présentera

quelques perspectives pour l'action en référence aux débats actuels sur le développement

agricole en Afrique et au rôle joué par les organisations professionnelles 5 Une configuration démographique et économique alarmante

La situation africaine doit être mise dans une perspective plus générale afin de mieux mesurer

sa particularité. Le mouvement de libéralisation économique a entraîné une confrontation

mondiale brutale entre des productivités agricoles nationales marquées par des écarts allant de

1 à 1 000 [13] ; mais il s'est aussi accompagné de leur augmentation rapide. Or les pays des

Suds sont face au défi de la croissance de leur population agricole. Au cours du dernier quart

de siècle, celle-ci s'est accrue de près de 30 % (530 millions de personnes) alors que celle des

pays développés régressait de près de 80 millions ( 44 %). Ainsi, dans le nouvel

environnement économique mondialisé, le devenir du milliard trois cents millions d'actifs

agricoles des Suds et des personnes qu'ils font vivre (soit un total de près de 2,5 milliards de personnes, 41 % de la population mondiale) aura un impact direct sur la nature des évolutions internationales 6

L'ampleur du défi est bien sûr assez différente selon les régions du monde. Alors que les pays

développés comptent moins de 4 % du total mondial, les " grandes masses » agricoles sont localisées en Asie (75 %) et en Afrique (17 %), tandis que l'Amérique centrale et du Sud (4,2

%) a déjà engagé sa mutation puisqu'il s'agit du seul " Sud » où la population agricole diminue

( 14 % sur les 25 dernières années) 7 La Chine et l'Inde (respectivement 33 et 21 % de la population agricole mondiale) sont à

l'évidence des " poids lourds » dont l'évolution économique et politique sera déterminante.

Mais le cas africain doit faire l'objet de la plus grande attention. Sur la période 1975-2000, l'Inde, la Chine et l'Afrique ont gagné chacune de l'ordre de 150 millions de personnes vivant de l'agriculture ; mais c'est en Afrique que la croissance relative est la plus forte (56 %) contre

21 et 32 % pour les deux premiers pays et c'est l'Afrique avec 35 % qui est en tête de la

croissance de la démographie agricole mondiale, ce qui atteste d'une différenciation nette au sein de ces grandes masses agricoles dans leur rapport avec leurs environnements

économiques locaux.

Le devenir africain reste donc profondément marqué par l'agriculture et les perspectives

économiques du continent, caractérisé par sa marginalisation dans l'économie mondiale,

permettent d'affirmer que cette situation sera durable. En effet, alors que plusieurs économies des Suds (principalement asiatiques mais aussi quelques situations latino-américaines) ont su

tirer un profit global évident mais risqué de l'ouverture économique, la plupart des pays

africains a vu sa situation d'ensemble se dégrader. La part de l'Afrique dans les flux nets de capitaux vers les PED est passée en moins de vingt ans (1980-1996) de 27 à 8 %. D'après

Nicolas [16], en 1998, les flux d'IDE (investissements directs à l'étranger) se concentrent à

hauteur de 55 % sur cinq pays (Brésil, Mexique, Chine, Singapour, Indonésie). En Afrique, 44

% des flux entrants sont destinés au Nigéria, mais... la Malaisie reçoit plus que l'Afrique. La

part de l'Afrique dans le commerce mondial des marchandises est passée de 7,5 % en 1948 à 2 % en 1998 [17] et les revenus moyens par habitant ont régressé de 10 % entre 1980 et 2000 [18, 19]. Avec de telles tendances, quel peut être aujourd'hui le chemin de la transition économique des

pays africains ? Le processus issu de la révolution industrielle, qui a structuré les économies

des pays du Nord et qui articulait gains de productivité liés au progrès technique et transfert

d'actifs de l'agriculture vers d'autres secteurs, est difficilement reproductible et en tous cas non

généralisable. Une modernisation agricole " à l'européenne », en référence au début des

années 60 et à la mise en oeuvre de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union

européenne (UE) qui a permis un saut de productivité, une amélioration des revenus et des conditions de vie en zone rurale , n'est pas possible faute de protections et de soutiens bannis

par les nouvelles règles internationales mais aussi faute de transferts budgétaires massifs pour

lesquels l'endettement structurel est rédhibitoire et que seule permettrait une croissance

économique durable (cf. les " Trente glorieuses » à la française).

Plus structurellement, une révolution agricole africaine basée exclusivement sur l'amélioration

des performances agro-techniques buterait sur la question des secteurs d'activité susceptibles

d'offrir des emplois et des revenus aux " sortants » de l'agriculture et poserait des problèmes

économiques et sociaux considérables. Les pays disposant d'importants marchés intérieurs

sont dans une situation à l'évidence meilleure, dans la mesure où ils offrent potentiellement de

plus grandes opportunités de développement des secteurs secondaires et tertiaires : c'est bien

sûr le cas de la Chine et de l'Inde et, en Afrique, la taille réduite des cadres nationaux ne peut

qu'inciter au renforcement de l'intégration régionale. Mais la configuration démo-économique

africaine révèle, à contre-courant de nombreuses idées acquises, que la croissance de l'emploi

agricole et la hausse des revenus tirés de l'agriculture resteront encore longtemps le principal instrument de lutte contre la pauvreté.

Or le dépérissement des politiques publiques, la libéralisation des marchés et les écarts de

productivité laissent des marges de manoeuvre extrêmement étroites qui font peser un risque majeur sur le devenir des populations agricoles. Des marges de manœuvre réduites par les recompositions en cours

Le processus de libéralisation engagé en Afrique au sud du Sahara depuis la fin de la décennie

80 se traduit par des changements structurels profonds dans la configuration des agricultures

familiales africaines (voir encadré). Alors que le modèle étatique post-colonial avait maintenu

la continuité avec le mode d'organisation de l'après seconde guerre mondiale, associant une grande masse d'agriculteurs-planteurs-producteurs, sans structures représentatives réelles, et

une régulation par l'État, la libéralisation induit un mouvement de différenciation accéléré des

agricultures caractérisé par deux phénomènes qu'il convient de détailler et que sont la

croissance du risque économique pour les agriculteurs et la croissance des asymétries entre les

différents agents du secteur agricole.

La croissance du risque économique est bien sûr liée aux nouvelles règles du jeu international

et à sa grande hypocrisie. En effet, le niveau agrégé des soutiens dans les pays de l'OCDE est

resté globalement inchangé depuis les années 1980 [20, 21] 8 et leurs producteurs restent encore globalement à l'abri du nouveau contexte international et de ses conséquences, tout du moins pour les secteurs considérés comme stratégiques. Mais ailleurs, et en particulier en

Afrique où le rapport de force dans les modalités de la libéralisation était le plus défavorable,

la confrontation est plus brutale. Les producteurs doivent d'abord compter sur leurs propres

forces : (i) pour affronter la compétition internationale, tant à l'exportation et que sur leurs

marchés intérieurs, où ils subissent les prix de dumping des excédents importés des pays

industrialisés ; mais aussi (ii) pour résister à une plus grande instabilité des prix liée à la fin

des protections de marché (et des accords internationaux sur les produits de base), à la fin des

soutiens et de la coordination administrée.

Le désengagement des États, avec l'arrêt de l'administration des " filières » par des offices

publics, n'a pas seulement affecté les prix des produits ou des intrants, il a aussi lourdement

modifié l'accès aux différents services agricoles. L'austérité budgétaire de l'ajustement et

l'impératif de privatisation ont supprimé (ou durement réduit) les différentes structures d'appui

à l'agriculture (sociétés publiques et parapubliques, " projets », administrations techniques)

avec comme conséquence " l'assèchement » des approvisionnements, du conseil technique, du crédit, voire des difficultés de commercialisation.

La conséquence de cette évolution est une différenciation accrue au sein des agricultures et des

territoires, puisque l'attention est désormais concentrée (y compris pour l'aide publique au développement) sur les zones/clients rentables et donc solvables, ce qui renforce considérablement les écarts liés aux dotations initiales en facteurs (terre et capital).

Mais ces facteurs internes de différenciation sont aussi accentués par les conséquences : d'une

part des privatisations (production, commercialisation, services mais aussi foncier) liées au

retrait des États ; et, d'autre part, du mouvement international de fusions-acquisitions parmi les

firmes, qui se traduit par l'émergence de macro-acteurs privés dans les filières agricoles

africaines et un rapport de force défavorable aux opérateurs locaux. Car les marchés agricoles

n'ont bien sûr pas été en reste des recompositions industrielles typiques du mouvement de mondialisation. L'aval de la production, qu'il s'agisse du négoce mais aussi et surtout des

entreprises de la première et de la seconde transformation, a été profondément modifié et

marqué par l'apparition de géants mondiaux dont le pouvoir de marché est désormais

largement supérieur à celui de nombreux " pays producteurs ». Sur les marchés agricoles,

l'oligopole d'États-nations qui était typique de la période antérieure est désormais remplacé de

plus en plus par un oligopsone de firmes mondiales qui bouleverse la physionomie des

agricultures. Le phénomène est particulièrement net sur certains marchés de matières

premières comme ceux du café ou plus encore du cacao dont l'Afrique est très largement le

premier producteur mondial où ce sont quelques macro-acteurs privés qui contrôlent les flux

d'exportation au point de remettre en cause la notion même de marché international, puisque celui-ci serait en voie d'internalisation par les firmes [22]. Dans de nombreux pays africains, ce sont désormais deux ou trois grands groupes, rarement plus, qui se trouvent face à des

producteurs souvent faiblement organisés, ne bénéficiant plus d'aucune aide et dont les

moyens d'information et d'action sont sans commune mesure avec ceux de leurs nouveaux partenaires commerciaux.

Ces évolutions composites liées à l'environnement plus concurrentiel pour l'accès aux facteurs

de production (capital et terres), à la fin de " l'encadrement » des producteurs (projets et

sociétés de développement), à la présence plus affirmée des firmes internationales et à l'appui

ciblé des bailleurs de fonds débouchent sur l'apparition d'une segmentation de plus en plus

prononcée des agricultures nationales. En effet, la libéralisation profite d'abord à ceux qui ont

les moyens de gérer la croissance du risque économique et il est possible de constater, dans l'ensemble des PED, l'apparition de plusieurs types d'agriculture : une agriculture d'entreprise,

issue des agricultures familiales les mieux dotées ou ayant bénéficié d'investissements directs

dans les sous-secteurs les plus porteurs (avec notamment des capitaux provenant d'autres

secteurs) ; une frange croissante d'exploitations marginalisées qui n'ont plus les moyens

d'assurer leur reproduction et en voie de paupérisation accélérée ; une masse intermédiaire

d'exploitations familiales qui peuvent rapidement passer dans la catégorie précédente en

contrecoup des instabilités de marché ou de calamités naturelles désormais difficilement

surmontables. Cette évolution est déjà ancienne en Amérique latine [23] ; mais elle émerge

aussi en Afrique depuis les années 90 où chaque pays connaît désormais une petite minorité

d'opérateurs agricoles ou agro-alimentaires privés nationaux, fréquemment positionnés sur les

segments d'exportation spécialisés (par exemple fruits, produits maraîchers) ou dans les

filières liées à l'approvisionnement urbain (aviculture, élevages porcin et ovin). Ces opérateurs

ont généralement une base rurale mais bénéficient le plus souvent de conditions particulières

qui ont permis un processus initial d'accumulation accéléré (notamment sur le plan foncier) :

appartenance à des réseaux économiques et politiques, accès privilégié à l'information

stratégique (interface fréquent lié aux itinéraires professionnels avec les firmes, bailleurs,

banques, cabinets d'audit), accumulation dans le secteur extra-agricole et ré-investissement dans l'agriculture. Quel rôle pour les organisations de producteurs dans la rénovation des politiques publiques ? L'émergence de cette " agriculture d'entreprise » (ou " agro-business » selon les formules employées localement) issue des recompositions économiques est suffisamment palpable et

tangible pour qu'elle soit perçue aujourd'hui comme un enjeu en ce qu'elle préfigure un

nouveau modèle agricole par les organisations professionnelles qui sont en cours de structuration au niveau national et sous-régional. Elle préfigure une dualisation possible de

l'agriculture africaine, à l'instar de l'évolution latino-américaine, entre un petit secteur

compétitif, " moderne et inséré » et une grande masse de ruraux marginalisés et poussés vers

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