[PDF] [PDF] Dissertation La déviance féminine - APSES

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Dissertation s'appuyant sur un dossier documentaire

Il est demandé au candidat :

- de répondre à la question posée par le sujet ; - de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;

- de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles

figurant dans le dossier ;

- de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en

organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties.

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

SUJET

Après avoir montré comment la société obtient que ses membres féminins respectent les normes sociales, vous

analyserez l'existence néanmoins de comportements déviants chez les femmes.

Indications exceptionnelles : n'oubliez pas d'aborder l'analyse interactionniste qui pose que c'est la norme qui est à l'origine

de la déviance. Enfin mobiliser au maximum vos connaissances, et notamment la question du droit des femmes : les

féministes peuvent être analysées comme des déviantes.

Document 1

Conséquences de ces identités sexuées, la différence hiérarchisée des sexes dans les quartiers populaires est

progressivement mise à jour. Les jeunes filles prennent conscience de l'inégalité des rapports de genres [...] Les garçons

résistent à partager des privilèges liés à leur condition d'homme et font preuve d'un certain conservatisme à l'égard d'une

évolution féminine qui risquerait de les mettre à mal. Ils se replient alors sur leur identité virile pour compenser un déficit

de perspectives sociales, moins ressenti par les jeunes filles. [...] Dans cet espace s'exerce un important contrôle social qui

impose des rôles masculins et féminins et des injonctions de genre. Les risques, en cas de manquement à ces normes,

diffèrent selon les sexes. Face à l'injonction à la virilité - dont peu de jeunes hommes arrivent à se distancier - le risque

majeur est d'être exclu du groupe des pairs dont la fonction fortement intégratrice vient pallier le déficit de reconnaissance

sociale, source de souffrances à l'échelle de la société.

Quant aux jeunes filles, face à la contrainte du féminin et à l'obligation de se conformer à leur prétendue nature féminine, il

pèse sur elles une double menace : celle d'être une fille " étiquetée » i.e. souffrant d'une mauvaise réputation, mais aussi

celle d'être une " proie sexuelle » potentielle, ayant à subir des agressions verbales, et/ou physiques. [...] Les jeunes filles,

premières cibles de ce contrôle social, jouent avec les frontières de territoire et/ou de sexe, et se déplacent sur un axe

visibilité-invisibilité pour répondre à la difficulté d'exister dans ces espaces. Soit elles mettent à profit les déplacements,

souvent par petits groupes, au centre-ville ou dans d'autres quartiers où leur anonymat sera respecté, soit elles adoptent

des conduites masculines, pour masquer leur féminité.

Horia KEBABZA, Daniel WELZER-LANG (dir.), " Jeunes filles et garçons des quartiers, une approche des injonctions de

genre », octobre 2003, http://www.habiter-autrement.org Document 2 : part des mineures mises en cause selon les types d'infraction. En pourcentage du total des mineurs, en 2009. Entre parenthèses, statistiques de 2004.

D'après INHESJ (Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice) et ONDRP (L'Observatoire national de la

délinquance et des réponses pénales)

Document 3

Les formes apparentes de libération corporelle indiquent en fait que les contraintes physiques extérieures ont pu être

remplacées par des modalités plus souples dès lors que les individus sont capables d'incorporer l'autocontrainte et que

celle-ci se transforme en automatisme personnel. Observant la plage et les femmes déjà bien dénudées à l'époque, Norbert

Elias conclut qu'il s'agit en fait d'un relâchement apparent qui n'est rendu possible que par une capacité d'autocontrainte

accrue. Les libérations du corps et autres dénudations contemporaines ne constituent pas un renversement de tendance

par rapport au processus de civilisation mis en évidence par Norbert Elias ; elles s'intègrent à ce dernier, et sont simplement

une seconde phase [...]

Aussi individualisée qu'elle soit et idéalement fondée sur l'indifférence à autrui, la plage ne peut s'empêcher de penser à ce

qui est bien et à ce qui est mal, éventuellement de discrètement le faire-savoir. [...] Le problème, véritable casse-tête, est

qu'il y a antinomie totale entre le principe de tolérance (" Chacun fait ce qu'il veut ») et les jugements éthiques (" Mais... »).

[...] L'arme principale est ici le regard, on parle avec ses yeux. [...] Le regard fonctionne par réflexe : il est [...] irrésistiblement

attiré par le trop beau ou le laid. Jean-Claude Kaufmann, Corps de femmes, regards d'hommes, Nathan, 2010.

Document 4

La forte croissance de la délinquance juvénile à partir de la fin des années cinquante est liée aux inégalités de richesse liées

à la société de consommation. [...] Un des sens de l'anomie, selon Durkheim, est la non réglementation des besoins

consécutive à une crise qui bouleverse l'équilibre et la répartition des richesses : " on ne sait plus ce qui est possible et ce

qui ne l'est pas, ce qui est juste et ce qui est injuste. Par suite, il n'y a rien à quoi on ne prétende ».

Cette explication a connu une grande fortune. Ainsi, en 1939, le sociologue américain Robert K. Merton insiste sur le

décalage entre les idéaux proposés par la société de consommation et les moyens de les réaliser. " Bien que notre idéologie

des classes ouvertes persiste à le nier, la société impose des exigences contradictoires. D'une part, on leur demande

d'orienter leur conduite vers la richesse et d'autre part, on leur refuse les moyens légaux. La conséquence de cette

incohérence est une proportion élevée de comportements déviants ». L. Mucchielli, Violences et insécurité, La Découvert, 2002.

Document 5

A Continent, Astrid nous raconte que certaines adolescentes " demandent » de l'argent aux passants pour aller ensuite

manger dans un fast-food. A Continent, encore, une des personnes chargées de la surveillance vidéo affirme que les trois

quarts des vols sont commis par des filles : elles dérobent du maquillage (vernis à ongles, rouges à lèvres...) [...] Quant aux

vols de chaussures que décrivent Lara et Véra [...] les actes apportent à leurs auteurs une certaine admirations et une

reconnaissance non négligeables dans l'obtention d'un statut valorisé au sein du groupe des pairs. " Elles volent à

Continent : Ils vont avec des baskets sales, des vieilles, " jéné », et après ils disent " Aïe madame, je peux pas essayer cette

paire ? ». [...] Après, une il parle avec la caissière et une il va l'essayer vite, et il sort avec » [...] L'acte délictueux ou déviant

n'est pas un " fait individuel » dans le sens où les bénéfices sont évalués en rapport avec l'image publique ; ils se calculent à

l'aune de la réputation gagnée auprès des pairs et répondent à une logique de l'exploit devant témoins.

Stéphanie Rubi, Les " crapuleuses », ces adolescentes déviantes, PUF, 2005.quotesdbs_dbs30.pdfusesText_36

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