Diderot Roubaud et lesclavage
16 févr. 2011 moral : il s'agissait non seulement de dénoncer l'esclavage comme contraire à l'humanité et à la religion mais également de démontrer qu'il ...
Séquence 5 : Les philosophes des Lumières et leurs armes pour
Séance 4 : Dénoncer l'esclavage dans l'Encyclopédie : l'argumentation directe. Questions de séance : Quels procédés les auteurs de l'Encyclopédie mettent-ils en
Diderot le matérialisme et la division de lespèce humaine
4 août 2007 Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie. 26
Lycée Cocteau Miramas
9 mars 2021 Commentaire de texte : Denis Diderot Supplément au voyage de Bougainville
Correction de la question sur corpus Corpus rassemblant 3 textes
Corpus rassemblant 3 textes argumentatifs dénonçant l'esclavagisme et la Un esclave orateur porte parole de Diderot qui utilise des arguments pour ...
Discours dun nègre marron qui a été repris & qui va subir le dernier
dénoncent la violence esclavagiste. 31 « Après avoir parcouru l'histoire de l'esclavage depuis son origine jusqu'à nos jours
La réfutation chez Diderot: le discours du philosophe dans la
29 mars 2018 polémique : car dire la vérité suppose que l'on dénonce un faux ... peuples de tout temps les esclaves des tyrans qui les oppriment
RAISON ET SENSIBILITÉ DANS LA RELIGIEUSE DE DENIS
RAISON ET SENSIBILITÉ DANS LA RELIGIEUSE DE DENIS DIDEROT. Asistent universitar drd. dénonce l'absurdité d'un système répressif. ... l'esclavage.
Fiche pédagogique LILE DES ESCLAVES.indd
siècle on peut citer Le supplément du voyage de Bougainville de Diderot). Émergent le problème des colonies
RAISON ET SENSIBILITÉ DANS LA RELIGIEUSE DE DENIS
RAISON ET SENSIBILITÉ DANS LA RELIGIEUSE DE DENIS DIDEROT. Asistent universitar drd. dénonce l'absurdité d'un système répressif. ... l'esclavage.
[PDF] Diderot Roubaud et lesclavage - OpenEdition Journals
16 fév 2011 · Ce dernier argument l'amène à souligner la responsabilité des colons dans le maintien de l'esclavage en Afrique et à dénoncer la tyrannie des
Diderot Roubaud et lesclavage - OpenEdition Journals
16 fév 2011 · La célèbre dénonciation de l'esclavage insérée par Diderot dans le livre XI de l'édition de 1780 de L'Histoire des Deux-Indes n'a attiré
[PDF] Définition de lesclavage par Diderot et dAlembert
Les peuples qui ont traité les esclaves comme un bien dont ils peuvent disposer à leur gré n'ont été que des barbares » L'ESCLAVAGE –(CHRONOLOGIE) XVII E
[PDF] Les philosophes des Lumières et leurs armes pour dénoncer l
2 mai 2016 · Pour déjouer la censure les philosophes ont recours à la fiction : le roman (Montesquieu Diderot) le conte (Voltaire) le théâtre (
[PDF] LESCLAVAGE HIER AUJOURDHUI - Lycée Jehan Ango
Dans l'introduction Diderot commence par mettre en garde les esclavagistes Il utilise plusieurs arguments Par exemple il fait référence à un argument
[PDF] Denis Diderot Supplément au voyage de Bougainville 1796
9 mar 2021 · Problématique : Comment le vieillard dénonce-t-il l'ethnocentrisme des Européens ? I/ A travers un réquisitoire (=discours d'accusation) contre
Julien J Lafontant Montesquieu et le problème de lesclavage dans
Le chapitre 4 dénonce la faiblesse scientifique de la théorie du climat qui sert à Montesquieu à fonder sa «trilogie» comme dit l'auteur: despotisme; climat
La définition de lesclavage dans lEncyclopédie » de Diderot et d
29 mar 2013 · Définition de l'esclavage (1755) par Louis de Jaucourt dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert Extraits Temps de lecture : 1 min
Quel philosophe dénonce l'esclavage ?
Extrait de Candide ou l'Optimisme, conte philosophique de Voltaire, dramaturge du XVIIIe si?le, dans lequel il dénonce l'esclavage et l'atteinte aux droits de l'homme et à la liberté.Quels auteurs des Lumières ont dénoncé l'esclavage ?
Montesquieu sera l'un d'eux : sa dénonciation de l'esclavage dans les Lettres persanes dès 1721 sera relayée dans l'Esprit des lois en 1748, en particulier dans le livre XV.Qui a voulu l'abolition de l'esclavage ?
Le 8 novembre 1864, alors que la victoire se profile, Abraham Lincoln est réélu haut la main. Le 31 janvier 1865, le Congrès adopte le 13ème amendement à la Constitution fédérale, qui abolit définitivement l'esclavage sur l'ensemble du territoire américain.- Les premières attestations de l'esclavage remontent au Néolithique. Dans les archives historiques du Moyen-Orient, les mieux connues, l'Égypte antique et la Perse ont précédé l'esclavage arabo-musulman, à son tour imité par certains pays européens à partir des XVI e et XVII e si?le.
![La réfutation chez Diderot: le discours du philosophe dans la La réfutation chez Diderot: le discours du philosophe dans la](https://pdfprof.com/Listes/17/46708-17document.pdf.jpg)
8o /ûH≠+o+wô] V)bÖ PwBb/ô+E 5b Bw!Vô≠/! B≠ G)w5ô!ôG)b
Bo]! 5o Gô5û[wù≠b /b5wJwb≠!b
ÉQ(ü, oâQQ,îâÊ
Êô Vw+b +)w! °b/!wô]E
yzô`N oîzzN"î(ï ùx `ûqmixiîô( É1Nx DîVN`ôiF zN VîbÉôm`b Vm ]1îzôbô]1N Vx(b zx ]ôzû"î[mN `NzîQîNmbNï
AVERTISSEMENT
Ce document
est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l'utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale.Contact : ddoc-theses-contact@univ-lorraine.fr
LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10Université de Nancy 2 - ATILF-CNRS
École Doctorale " Langages, Temps, Sociétés »La réfutation chez Diderot
Le discours du philosophe dans la
polémique religieuseThèse de doctorat de Sciences du langage
présentée par Flore VILLEMIN sous la direction deMonsieur le Professeur Bernard COMBETTES
soutenue le 7 octobre 2011 devant un jury composé de M. Denis APOTHELOZ, Professeur à l'Université de Nancy 2 M. Bernard COMBETTES, Professeur émérite à l'Université de Nancy 2 M. Colas DUFLO, Professeur à l'Université de Picardie Jules Verne, rapporteur Mme Annie KUYUMCUYAN, Professeur à l'Université de Nancy 2 Mme Marie LECA-TSIOMIS, Professeur à l'Université de Paris Ouest Nanterre La Défense M. Christian PLANTIN, directeur de recherche au CNRS, ICAR (Lyon 2 - ENS Lyon), rapporteurRemerciements
Je tiens tout d'abord à adresser mes plus vifs remerciements à mon directeur de thèse,Bernard Combettes. Cela a été un honneur et un plaisir de travailler sous sa direction, et cette
thèse n'aurait pas abouti sans sa disponibilité, sa bienveillance, ses encouragements et ses précieux conseils. Qu'il trouve ici l'expression de ma très profonde gratitude. Je remercie également les membres du jury d'avoir accepté d'y siéger afin d'évaluer ce travail. Je remercie les membres du laboratoire ATILF, pour m'avoir permis de travailler dansdes conditions idéales, et notamment Denis Apothéloz, dont j'ai suivi le séminaire
d'argumentation lors de mon DEA, et qui m'a par la suite éclairée à plusieurs reprises sur des
questions de réfutation et d'argumentation, ainsi qu'Annie Kuyumcuyan, pour sesencouragements, et pour m'avoir très judicieusement guidée vers les " ateliers
d'argumentation ». Ma reconnaissance va également aux organisateurs et aux participants de ces ateliers, qui m'y ont accueillie. J'adresse enfin mes remerciements à Laurence Mall et à Andrew Curran, pour leurs conseils et leur amical soutien, et à Kenny Baguette et Damien de Carné, pour avoir bien voulu, avec la plus grande patience, relire quelques pages de ce travail.Sommaire
PREMIÈRE PARTIE : RÉFUTER DES ADVERSAIRES______________________31 Chapitre premier : Essai de typologie des adversaires______________________39 Chapitre deux : Manières de réfuter____________________________________85 Chapitre trois : Tenue du conflit et attitudes locutoires____________________123 DEUXIÈME PARTIE : LA RECONSTRUCTION DU DISCOURS DE L'AUTRE_____________________________________________________153 Chapitre premier: Altérer l'assertion préalable___________________________155 Chapitre deux : Présenter le discours de l'autre comme fallacieux___________221 TROISIÈME PARTIE: ÉTHIQUE DE LA PAROLE PHILOSOPHIQUE________279 Chapitre premier: Une stratégie contre-argumentative conséquente__________281 Chapitre deux : Une philosophie de la réfutation_________________________381 Index des auteurs_____________________________________________________499 Index des oeuvres______________________________________________________503 Index des notions_____________________________________________________505Introduction
8 " Les duels se répètent dans la société sous toutes sortes de formes, entre des prêtres, entre des magistrats, entre des littérateurs, entre des philosophes ; chaque état a sa lance et ses chevaliers, et nos assemblées les plus respectables, les plus amusantes, ne sont que de petits tournois [...]. Plus il y a d'assistants, plus la joute est vive ». (Jacques le fataliste, 761).Introduction
Faire l'étude de la réfutation chez Diderot ne peut paraître une entreprise surprenante à
ceux qui connaissent son oeuvre, tant ce procédé relève chez cet auteur d'une véritabletechnique d'écriture. On pense tout de suite à des textes comme la Réfutation d'Helvétius ou
les Observations sur Hemsterhuis, mais le procédé n'est pas à l'oeuvre que dans ces " réfutations » à proprement parler.En réalité, c'est plutôt le dialogue, et non la réfutation, qui a été retenu comme principal
fait de style chez Diderot1. Dans l'article " Dialogue » de l'Encyclopédie, attribué à Mallet, il
est écrit que " le dialogue est la plus ancienne façon d'écrire, et c'est celle que les premiers
auteurs ont employée dans la plupart de leurs traités » : la plus ancienne façon d'écrire, la
plus naturelle, pourrions-nous ajouter, que l'on retrouve partout chez Diderot, et passeulement dans les " traités » philosophiques. De très nombreuses études, surtout littéraires,
sont en effet consacrées au dialogue chez Diderot. Daniel Georges, tout d'abord, dans sonouvrage Le Style de Diderot, s'est attaché à montrer sa récurrence ; d'autres critiques, partant
de ce postulat, soulignent à quel point il va de pair avec l'épistémologie diderotienne2 : il
s'agit de mettre en scène la multiplicité des points de vue, conformément à un certain relativisme propre aux Lumières, afin de proposer une nouvelle vision du monde. Le dialogue1 Elizabeth de Fontenay (2001 : 227) note par exemple que " son art de penser et d'écrire ignore le monologue ».2 Voir sur ce point l'article de C. Duflo (2000c), intitulé " Et pourquoi des dialogues en des temps de
systèmes ? », ainsi que le chapitre de son ouvrage (2003a) qui porte le même titre. Roland Mortier (1990d :
264) signale aussi le goût de Diderot pour le soliloque. Il cite ainsi Zollikofer, qui remarquait que Diderot " parle
généralement seul, de sorte qu'il est difficile de lui faire des objections », et Meister : " Diderot conversait bien
moins avec les hommes qu'il ne conversait avec ses propres idées ». Diderot lui-même, dans De la poésie
dramatique, avouait à Grimm : " Vous savez que je suis habitué de longue main à l'art du soliloque ». Cette
pratique révèle que, même seul, il faut un destinataire au philosophe.Introduction
chez Diderot s'éloigne de ces " faux » dialogues, de type platonicien, qui consistent à faire
entendre plusieurs voix qui semblent s'opposer, mais qui en réalité s'entendent ou finissent par s'entendre, formant ainsi, finalement, un monologue3. Chez Diderot, les interlocuteurs ont véritablement droit à la parole (et pas seulement le droit de manifester leur accord ou leurdésaccord) ; sa progression n'est pas dialectique, mais se fait plutôt par ruptures,
contradictions, désaccords : la réfutation lui est comme consubstantielle. Le dialogue estd'autant plus agonistique qu'il semble que Diderot n'aspire pas véritablement à une résolution
des conflits : le philosophe n'a pas la prétention de faire dire à l'interlocuteur, à l'issue du
dialogue, qu'il est finalement d'accord avec les assertions diderotiennes. La mise en scène des voix discordantes de Diderot s'opposerait ainsi au choeur harmonieux de la Nouvelle Héloïse.Bien entendu, le Rousseau polémiste est ailleurs, mais il est un fait que le frère ennemi aspire
à un idéal de concorde, qu'il représenterait dans sa Julie, et qui est bien différent de celui de
Diderot.
Diderot, lui, ne cherche pas refuge et prend la position de l'attaquant : il est à la recherche non seulement du " semblable » mais aussi du " dissemblable », ainsi que le remarque Lucien Nouis (2009 : 70) : Pour Diderot, la vie du philosophe ne consiste pas seulement à chercher des semblables,comme cela avait été le cas avec le jeune Rousseau, mais aussi et surtout à se confronter au
dissemblable. Dans un article fondateur, Jean Starobinski a démontré l'importance de la " parole de l'autre » chez Diderot. Dans cet oeuvre hybride qui est la sienne, polyphonique et parfois même cacophonique, les contradicteurs en tous genres ont droit d'intervention4, ils peuventvenir réfuter, et se faire réfuter. Longtemps le philosophe s'est vu accusé d'être l'homme de la
contradiction et du décousu, ce qui explique sans nul doute le fait qu'il ait été délaissé par les
littéraires au moins jusque dans les années 19505. Depuis quelques années maintenant, lesnouvelles études sur Diderot travaillent à sa réhabilitation, et il leur importe de montrer le
3 Citons C. Duflo (2003a : 49), qui signale que l'opposition du dialogue diderotien aux " dialogues de tradition
platonicienne » s'explique en partie par le fait que " Diderot, profondément, ne croit pas à l'unicité du vrai ».
Notons par ailleurs que Diderot s'oppose davantage à Platon qu'à Socrate, ce dernier constituant un modèle de
l'attitude philosophique. Quant à l'idée que les dialogues platoniciens sont de " faux dialogues », on sait qu'elle
ne s'applique pas uniformément à tous les textes de Platon : à côté des comparses qui donnent servilement la
réplique, il y a aussi de farouches adversaires que le dialogue laisse en désaccord (Calliclès, dans le Gorgias, en
est l'exemple le plus connu).4 Stéphane Pujol (2005 : 307), dans la même optique, souligne que " les dialogues font intervenir des
personnages étrangers au monde de la philosophie, quelquefois même hostiles (tel le Neveu), et le mélange de
ces milieux et de ces langues produit un discours mixte et contrasté, pour ne pas dire contradictoire ».5 Signalons la publication du premier numéro de la revue Diderot Studies en 1949.
11Introduction
caractère unifié de sa philosophie6, de réduire les contradictions apparentes7. Ne faut-il pas en effet considérer que l'éparpillement et la contradiction trouventégalement leur cohérence dans le fait qu'ils sont conformes à une certaine représentation du
monde ? Cette cacophonie, que nous évoquions plus haut, ne nous semble ni vaine, ni contre- productive, elle paraît au contraire faire sens et diriger le discours vers une forme de modernité, reconnue chez le philosophe. Car il est essentiel de constater que la critique du monde s'articule sur une critique du langage : " Il faut se défaire de ce monde ancien, de cette langue qui parle le langage de l'âme-et-du-corps », note par exemple Caroline Jacot Grapa(2009 : 69). La Révolution politique passera nécessairement par une révolution langagière, à
laquelle Diderot, et pas seulement le Diderot encyclopédiste, a participé8. Le dialogue, s'il est fait de réfutations, ne peut-il pas être pris dans son ensemble comme une réfutation, un recours dans la lutte contre ses adversaires ? La forme même de l'oeuvre constitue une arme efficace dans le combat qui l'oppose à tout dogmatisme - arme que son ami d'Holbach, par exemple, n'a pas utilisée dans son Système de la nature. Le dialogue chez Diderot vient contrer le monologue, il est une véritable revendication d'ordreidéologique, comme le remarquait déjà Hans Robert Jauss (1984 : 150) : " Diderot a fait de sa
prose le lieu d'une confrontation continue entre le principe dialogique et les discours6 Voir par exemple Jean-Claude Bourdin (2006 : 200) qui réagit à la question posée d'Yvon Belaval (1986) par le
titre de l'un de ses articles : " Un philosophe ? » : " C'est surtout ne pas chercher à rendre justice au fait que
Diderot a précisément fait de la forme de la philosophie, de la nature de son exposition et de son impossibilité à
se totaliser en un savoir achevé, et de la question de la vérité, dans ses rapports avec les sciences et la spéculation
métaphysique, l'un des objets de sa pensée et de son travail de philosophe ».7 Voir par exemple le travail effectué par Walter E. Rex (1998a) sur les " contrepoints » chez Diderot. Il écrit
dans l'introduction (1998a : xiv) " If Diderot has provoked so much disagreement, perhaps one of the underlying
causes has been a failure to come to terms with the elements of disunity in his thinking processes ; the fault has
been the general postulate that ideas are not comprehensible - not to mention philosophically acceptable - unless
they are coherent, and that Diderot's writings should be analysed accordingly. My reading of Diderot bypasses
such suppositions, and instead brings to the fore the most blatant kind of logical disjunction : the contradiction -
or contrariety, to put the idea more philosophically. The justification for such a move is simply stated : in
Diderot, the positive enunciation of a concept frequently (though by no means always) leads to the denial of that
concept. The mere proposal with approval may bring Diderot to see, in counterpoint, the other side of the
argument, the negative, which can then become the main element of his discourse - often without even the
slightest warning to the reader that he has reversed himself or turned things upside down ». Walter E. Rex, en
faisant voir, comme l'écrit Colas Duflo (2002b), une véritable " dynamique de la contradiction », contribue à
redorer le blason du philosophe. 8 Roland Mortier (1990d : 258-259) soulignait déjà la " nouveauté des ses moyens d'expression », signe d'une
conception du monde novatrice : " la singularité de son oeuvre, ce qu'elle a d'irréductible, réside plutôt dans son
cheminement vers la recherche de la vérité que dans le caractère de la vérité atteinte. [...] Entre l'affirmation qui
fige et le pyrrhonisme qui suspend, Diderot s'est refusé à choisir ; il a rejeté l'esprit de système et le doute
stérilisant pour prendre une voie plus personnelle, celle de la pensée questionneuse, en d'autres termes : celle de
la découverte et du risque. Risque spéculatif, s'entend, puisqu'il s'agit d'un jeu d'idées où l'esprit avance par
hypothèses et paradoxes, prêt à rebrousser chemin devant l'impasse et à reprendre la recherche à son point de
départ. Le cheminement de la pensée répond ici à une dialectique serrée où l'esprit s'oppose à lui-même, se
contredit, lutte pied à pied contre ses propres tentations dans un duel en champ clos qui fait de l'oeuvre de
Diderot un perpétuel débat intérieur. Cette attitude répond, chez le penseur, à la conscience aiguë de la
multiplicité de l'homme, de l'être et de la vérité. Les prétendues contradictions de Diderot viennent de là,
comme aussi - et c'est là mon propos - la nouveauté de ses moyens d'expression » 12Introduction
monologiques ». Ainsi que le rappelle Colas Duflo (2002a : 269), Diderot est un philosophe dans la cité, un philosophe de l'espace public :Écrire en philosophe, c'est écrire en politique. La tâche du philosophe dans la cité est de
dire autant qu'il est possible la vérité à qui veut l'entendre... et à qui ne veut pas l'entendre.
Diderot, là encore, se réclame de Socrate.
De ce fait, il est aussi le philosophe de l'interaction, et plus particulièrement d'une interaction
polémique : car dire la vérité suppose que l'on dénonce un faux ambiant qui n'est plus tolérable. Comme tout philosophe des Lumières, mais plus que tout autre philosophe des Lumières9, Diderot est sans cesse dans la contestation. En tout premier lieu, la forme que prend son oeuvre en atteste : prolifique, discontinue, dialogique, jamais achevée, usant d'uneécriture comme sur le vif, elle correspond sur bien des points à ce style polémique défini par
Marc Angenot, dans La Parole pamphlétaire10. Le polémiste, ne pouvant s'empêcher de direla vérité, révolté par le monde à l'envers dans lequel il vit, prend la parole de façon impulsive,
écrit presque comme il parle, au lieu de faire oeuvre, en un " discours hybride et discontinu »
(1982 : 42) : " Attaché à l'événement, le pamphlet n'est pas constructif. Le polémiste dépense
ses dons au lieu de les investir dans une oeuvre durable » (1982 : 24). Dans la même optique, Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980c : 44) décrit la polémique de cette manière : " Lapolémique a plutôt tendance à être interminable. Elle n'aboutit pas, piétine sans qu'on puisse
y mettre un point final ». On reconnaît bien là quelques traits stylistiques propres à Diderot,
qui ont déjà été relevés : chez lui, le débat est toujours ouvert, les énoncés ne demeurent
jamais conclusifs, la réfutation, au lieu de fermer le débat faisant passer le dialogue à l'état de
dialogue de sourds, l'ouvre et le relance sans cesse. Bien sûr, ce n'est pas notre volonté de minimiser la qualité d'oeuvre de l'oeuvre de Diderot. Mais n'est-ce pas le propre d'une oeuvre que de signifier par sa forme ? Que nous dit le caractère décousu et comme impulsif de ces9 Voir par exemple les propos tenus par Carol Sherman (1976 : 12) : " This trait of his art, its polemical,
occasional, and dialogic nature, would not alone suffice to distinguish him from many of his contemporaries. His
age was argumentative and its literature was the same. However, no one else treated the whole range of questions
upon which he was capable of commenting, and with no other author did the dialogue so thoroughly penetrate all
levels of thought and work ».10 Marc Angenot (1982) remarque que la polémique n'est pas envisageable que du point de vue de son contenu :
elle n'est pas à étudier qu'en considérant ce sur quoi elle porte, mais elle est intéressante aussi du point de vue de
sa forme. C'est véritablement une stylistique du discours polémique, de l'écriture polémique que propose en
effet M. Angenot. Il souligne en particulier (1982 : 284) le dialogisme à l'oeuvre dans l'écriture de type
polémique : " Le pamphlet est une forme dialogique. S'y affrontent des discours divers, opposés, par certains
aspects inconciliables, en tension les uns contre les autres ; la parole de l'énonciateur domine cet afflux de
paroles hétéronomes, mais cependant des voix diverses se font entendre - celle de l'adversaire, du 'témoin de
bonne foi', de l'interpellateur, du médiateur, de l'expert, de l'allié, de l'autorité, du glosateur -, tous émanations
de l'auteur évidemment ». 13Introduction
écrits ? Voilà une question toujours posée par la critique diderotienne11. Il est à noter d'ores et
déjà qu'apparenter l'écriture de Diderot au pamphlet ne revient pas à lui dénier toute vertu de
justification : une écriture sur le vif n'est pas forcément non argumentée, celle de Diderot est
au contraire le plus souvent le fruit d'une maturation, qui s'affirme au fil des oeuvres, et ce, malgré la fulgurance de son expression.Mais la réfutation n'est pas tout à fait la polémique. L'étude de la réfutation nous place
dans le domaine de l'argumentation. Si les définitions de l'argumentation s'accumulent ettendent à nous faire comprendre de façon de plus en plus précise ce qu'elle est, celles de la
réfutation sont moins nombreuses et demeurent moins évidentes. La réfutation ne serait-elle qu'une partie de l'argumentation ? Certainement pas. Suivant le cycle argumentatif, les rôles de Proposant et d'Opposant12 s'échangent sans cesse, et il est même parfois difficile de se décider quant à la terminologie. Quand doit-on dire argumentation ? Quand doit-on direréfutation ? À partir de quel moment doit-on considérer que celui qui réfute devient à son tour
celui qui argumente ? Il est certain qu'argumentation et réfutation ne peuvent se définir l'une sans l'autre.Mieux : elles ne peuvent se définir que l'une par rapport à l'autre. L'argumentation suppose le
désaccord, le débat, donc la réfutation et l'existence de deux camps. Tout dépend, finalement,
du point de vue duquel on se place. C'est ainsi que Jacques Moeschler (1985 : 47) définit la réfutation : Un discours argumentatif [...] se place toujours par rapport à un contre-discours effectif ouvirtuel. [...] Défendre une thèse ou une conclusion revient toujours à la défendre contre
d'autres thèses ou conclusions. Par nature, l'argumentation est donc toujours réfutative. On peut considérer que le mot " réfutation » connaît principalement trois sens. Tout d'abord, on réfute ce qui est affirmé. La réfutation, avant tout, comme l'écrit JacquesMoeschler (1982 : 142), " a en effet la prétention de refuser la prétention d'un acte illocutoire
d'assertion à poser la vérité de son contenu », elle " sanctionne l'inappropriété contextuelle de
l'assertion initiative ». Réfuter, très simplement, c'est dire que ce que a été dit est faux ou, au
moins, partiellement faux. Elle est donc un outil utile à la philosophie, exigeant le vrai, et permettant sa recherche. Dans ce premier sens, on comprend bien sûr se qu'elle peut se loger11 On ne peut d'ailleurs ni distinguer ni évaluer ce qui est de l'ordre de l'impulsion naturelle et ce qui est du
calcul. Ce type d'écriture, qui suit ou mime l'improvisation, est également propre à un siècle, rappelons-le. 12 Nous reprenons ici la terminologie proposée par Christian Plantin. Voir par exemple Plantin 1996.
14Introduction
partout. Le deuxième sens est métonymique : la réfutation consiste en un exposé13 visant àinvalider une thèse. Si le sens dominant du mot " réfutation », aujourd'hui, est d'ordre très
général, en revanche, au XVIIIe siècle, c'est toujours le sens métonymique qui domine : la
réfutation désigne une partie de la rhétorique, elle est un morceau d'éloquence, conçu selon
des codes précis. L'article " réfutation » de l'Encyclopédie (que nous reproduisons dans son
intégralité), rédigé par le chevalier de Jaucourt, en atteste : RÉFUTATION, (Art orat.) c'est la partie14 d'une pièce d'éloquence qui répond auxobjections de la partie adverse, et qui détruit les preuves qu'elle a alléguées. La réfutation
demande beaucoup d'art, parce qu'il est plus difficile de guérir une blessure que de la faire. Quelquefois on rétorque l'argument sur son adversaire. Protagore, philosophe, sophiste et rhéteur, était convenu avec Euathlus son disciple d'une somme qui lui seraitpayée par celui-ci lorsqu'il aurait gagné une cause. Le temps paraissant trop long au maître,
il lui fit un procès ; et voici son argument : ou vous perdrez votre cause, ou vous la gagnerez ; si vous la perdez, il faudra payer par la sentence des juges ; si vous la gagnez, il faudra payer en vertu de notre convention. Le disciple répondit : ou je perdrai ma cause, ou je la gagnerai ; si je la perds, je ne vous dois rien en vertu de notre convention ; si je la gagne, je ne vous dois rien en vertu de la sentence des juges. Quand l'objection estsusceptible d'une réfutation en règle, on la fait par des arguments contraires, tirés ou des
circonstances, ou de la nature de la chose, ou des autres lieux communs. Quand elle est tropforte, on feint de n'y pas faire attention, ou on promet d'y répondre, et on passe légèrement
à un autre objet : on paye de plaisanteries, de bons mots. Un orateur athénien entreprenantde réfuter Démosthène, qui avait mis tout en émotion et en feu, commença en disant qu'il
n'était pas surprenant que Démosthène et lui ne fussent pas de même avis, parce que Démosthène était un buveur d'eau, et que lui il ne buvait que du vin. Cette mauvaise plaisanterie éteignit tout le feu qu'avait allumé le prince des orateurs. Enfin, quand on ne peut détourner le coup, on avoue le crime, et on a recours aux larmes, aux prières, pourécarter l'orage.
Le sens de " partie » de la rhétorique, selon toute une tradition qui remonte à Aristote15, semble donc encore l'emporter, tout au moins lorsqu'il s'agit de faire le point lors de larédaction de l'Encyclopédie : la réfutation est cette partie du discours, dans la phase de la
disposition, qui suit la confirmation et que suit la péroraison. On peut supposer que la pratiquede Diderot de la réfutation est conditionnée au moins en partie par l'enseignement rhétorique
qu'il a reçu dans sa jeunesse, et il est intéressant de voir dans quelle mesure le philosophe, qui
13 Le TLF dit : " Exposé écrit ou oral qui vise à démontrer qu'une affirmation est fausse ».14 C'est nous qui mettons en gras. Désormais, par souci de ne pas multiplier les notes, nous prendrons la liberté
de surligner en gras sans préciser que cela est de notre fait. Lorsque cela ne sera pas le cas, nous le signalerons.
L'italique, sauf indication contraire, sera le fait du texte cité. Dans la Réfutation d'Helvétius et les Observations
sur Hemsterhuis, les textes d'Helvétius et d'Hemsterhuis sont en italique, et la réfutation de Diderot en caractère
normal, conformément à la présentation qui est faite dans l'édition que nous utilisons.15 Aristote soulève la question de la réfutation dans la Rhétorique, mais la précise dans les Réfutations
sophistiques, dans lesquelles il étudie non pas la manière dont on doit réfuter sophismes et sophistes, mais les
réfutations de type sophistique, c'est-à-dire les mauvaises réfutations, donnant ainsi en creux une définition de ce
que doit être la réfutation. Dès Aristote, une éthique de la rhétorique et de la réfutation s'oppose à leur usage
fallacieux par les sophistes et les manipulateurs en tous genres. 15Introduction
a suivi sa formation dans les collèges jésuites16, se conforme aux modèles très stricts proposés
dans les classes de rhétorique, ou s'en éloigne17. Mais si l'on sait que d'Alembert a suivi l'enseignement de Gibert au collège Mazarin entre 1731 et 1733, les éléments sont moins clairs concernant Diderot18. Malgré cela, Diderot, comme tous les philosophes ayant reçu uneéducation, a été influencé et initié aux méthodes et aux figures de la réfutation, qui
quotesdbs_dbs32.pdfusesText_38[PDF] corpus antihéros
[PDF] corpus corrigé poesie
[PDF] les chants désespérés sont les chants les plus beaux musset
[PDF] l'albatros baudelaire commentaire
[PDF] nombre de pages mémoire master 2 recherche
[PDF] méthodologie mémoire master 2 professionnel
[PDF] methodologie de redaction de memoire de master
[PDF] méthodologie mémoire master 2 droit
[PDF] méthodologie mémoire de recherche
[PDF] mémoire master 1 nombre de pages
[PDF] annexes memoire fin d'étude
[PDF] controle corpus seconde
[PDF] corpus la dénonciation de l'esclavage au siècle des lumières
[PDF] corpus sur les lumieres