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La relation aidante au quotidien Revue Soins Aides-Soignantes

Chantal Pascal [1], Marie-Claude Daydé [2]

[1] Infirmière, Montpellier (34)[2] Infirmière libérale, Colomiers (31)

L'exercice du métier d'aide-soignante situe ces professionnelles dans une proximité

relationnelle avec les personnes soignées. Si la relation aidante s'instaure souvent

spontanément au cours d'un soin, elle nécessite toutefois des attitudes et des habiletés incontournables, qui s'acquièrent avec l'expérience.

Mots clés : Aide-soignante , Confiance , Disponibilité , Écoute , Empathie , Relation aidante , Soins

Les personnes rencontrées dans le cadre des soins infirmiers, auxquels collaborent les aides-

soignantes, connaissent une altération ou des modifications de leur santé physique et/ou mentale.

Cette situation induit, le plus souvent, fragilité et insécurité pour la personne soignée et pour ses

proches. Répondre à un besoin d'écoute de la personne

Le besoin de sécurité, mais aussi d'estime de soi lorsque des pertes d'autonomie se succèdent, par

exemple, peut être conforté par une relation de soutien. Les soins d'entretien et de continuité de la

vie, dans lesquels les aides-soignantes sont impliquées au quotidien, sont souvent à l'origine de

soutien et de réconfort dans le cadre d'une relation aidante. Celle-ci est différente d'une simple

relation de civilité ou d'une relation fonctionnelle qui consiste parfois à recueillir des données utiles

au suivi du patient. Cette relation nécessite de prendre en compte l'ensemble des dimensions de la personne ainsi que son environnement, en privilégiant une approche globale de sa situation, afin de pouvoir prendre soin de la personne.

Ainsi, l'écoute est essentielle pour que le patient se sente accueilli tel qu'il est dans toutes ses

composantes, sans jugement. Pour écouter l'autre, nous nous décentrons de nous-même pour nous

intéresser à autrui. Dans la relation aidante, nous cherchons à accompagner le cheminement du

patient à travers ses difficultés, nous croyons en ses ressources pour lui redonner confiance et lui

procurer un mieux-être.

L'exemple de Monsieur Louis

Monsieur Louis est atteint d'une tumeur cérébrale qui provoque des troubles du comportement avec

des épisodes confusionnels. Il déambule beaucoup et se retrouve rapidement irrité et opposant, dès qu'on lui demande de rentrer dans sa chambre. Il refuse la présence des soignants : " Vous me voulez du mal... ».

En revanche, il accepte l'intervention de l'aide-soignante pour la toilette, un soin qu'il apprécie.

Mais c'est assez difficile pour elle car il ne reste pas en place, faisant de nombreuses allées et

venues du lavabo au placard, qu'il vide, et de la fenêtre au lit, tout en étant dévêtu et le corps

savonné. Il est impossible de le raisonner ou de le "contenir" sans risquer une grosse colère. L'aide-

soignante accepte donc de suivre son rythme puisqu'il refuse qu'elle quitte la chambre tant que la toilette n'est pas terminée. L'aide-soignante s'arme de patience, en sachant qu'elle entre dans sa chambre pour un long

moment. Il souhaite réaménager sa chambre, change le lit de sens. Il demande une bière au petit-

déjeuner, souhaite passer la nuit dans un fauteuil du salon parce que, selon lui, " être allongé, c'est

dangereux et ça fait peur ». Il faut être dans la compréhension mutuelle de "ces choses qui ne se

font pas". Le lit doit rester dans la position dans laquelle il est, ce n'est pas l'heure de la bière, il

faut dormir dans son lit la nuit, etc.

La soignante doit faire preuve d'écoute pour décrypter les peurs et les désirs du patient et être très

disponible. Elle autorise certaines choses tout en mettant des limites. Quand il quitte la chambre,

toujours dévêtu, la soignante lui fait savoir qu'elle ne cherche pas à l'empêcher de sortir, mais que

ce serait bien qu'il s'habille. Quand il veut entrer dans une chambre voisine, elle lui explique qu'il

risque de réveiller un malade. Il retrouve alors ses réflexes de bonne éducation en s'excusant et en

rebroussant chemin. Alors que si la soignante interdit en repoussant le patient, il risque d'être tenté

de forcer le passage avec insistance, cris et coups de poing. La soignante réduit ainsi au mieux les

rapports de force. L'aide-soignante fournit une surveillance de tous les instants qui demande beaucoup d'énergie,

mais celle-ci est bénéfique pour le patient puisqu'il se calme en quelques jours. Une personne en

liberté ne cherche pas à s'évader. L'aide-soignante pense avoir permis à Monsieur Louis de

s'exprimer comme il en avait envie et besoin à ce moment-là Des attitudes et des habiletés professionnelles nécessaires

La base de la relation aidante est l'écoute active, c'est-à-dire une attention portée à l'autre, une

disponibilité, donc une intentionnalité dans le soin. Le soignant est centré sur le vécu et le ressenti

plutôt que sur les faits.

L'écoute est complexe, car il ne s'agit pas seulement d'entendre la parole, mais aussi d'observer ce

que montrent le corps, le regard, le comportement et les gestes. Elle peut être silence pour laisser

place à la réflexion dans l'attente patiente, le respect, la prudence...

L'attitude empathique est la capacité à comprendre la situation de la personne et son ressenti,

tout en restant soi-même. Être capable de différencier ses émotions, ne pas penser à ce que nous

aurions fait dans cette situation, mais au contraire laisser la personne malade exprimer son émotion,

être elle-même.

La notion des distances est à travailler, à interroger pour le soignant. Il est nécessaire de se

questionner sur la manière d'entrer dans le champ intime de la personne : comment entrer dans la

chambre, effectuer la toilette, mettre une protection. Pourquoi la colère peut-elle être ressentie,

pourquoi peut-on être mal à l'aise dans telle situation ?

L'authenticité, appelée aussi congruence, est cette faculté à être en accord avec ce que nous

sommes. Il s'agit d'entrer dans la chambre sans être tourmenté par ce que nous allons découvrir.

L'authenticité du soignant permet à la personne malade de re- trouver la confiance. Elle se traduit

par l'implication du soignant (emploi du "je") et, de fait, par celle de la personne soignée. La reformulation permet de s'assurer que l'on a bien perçu ce que la personne veut dire. Elle

aide parfois le soignant à mettre en mots des émotions, non verbalisées par le patient, mais

exprimées par son comportement. Elle permet de relancer, de formuler la dernière idée sous forme

de question.

Ces attitudes et habiletés font appel à une formation de base, mais nécessitent également une

réflexion, un partage tout au long du cursus professionnel.

Les soignants confrontés à la souffrance doivent pouvoir échanger sur leur pratique relationnelle,

s'interroger sur leurs limites et les complémentarités des approches pour que la personne soignée

soit accompagnée dans son parcours de soin de la manière la plus adéquate

Référence :

Collectif de la Société française d'accompagne-ment et de soins palliatifs (Sfap). La relation

d'aide en soins infirmiers. Masson, 2007 ; 29-30.quotesdbs_dbs21.pdfusesText_27

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