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Quest-ce que la philosophie de la biologie ?

méthodologiques et théoriques : la philosophie de la biologie. D'abord utilisée par le philosophe britannique William Whewell au milieu du 19e siècle 



PRÉCIS DE PHILOSOPHIE DE LA BIOLOGIE

CHRISTIAN SACHSE. Philosophe des sciences notamment de la biologie



LA PHILOSOPHIE DE LA BIOLOGIE AVANT LA BIOLOGIE : UNE

LA PHILOSOPHIE DE LA BIOLOGIE AVANT LA BIOLOGIE : UNE HISTOIRE. DU VITALISME. Charles T. Wolfe. Ghent University. Introduction et table des matières.



Philosophie et biologie dans un esprit de “coopération”

PHILOSOPHIE ET BIOLOGIE CHEZ HEIDEGGER. 121. 30 et ne vînt sceller le destin des sciences aux yeux de Heidegger. Ce n'est donc.



Jean Gayon lhistoire

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01745660/document



De la méthode en biologie selon Aristote

Document généré le 19 sept. 2022 06:51. Laval théologique et philosophique. De la méthode en biologie selon Aristote. Simon-Pierre East.



CHALMEL Patrick

https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/1986-v42-n1-ltp2124/400229ar.pdf



Sources et recherche Philosophie et biologie : La Connaissance de

Philosophie et biologie : La Connaissance de la vie et les enseignements de Canguilhem à la faculté des lettres de Strasbourg. (1941-1948). Claude DEBRU *.



La Philosophie de la biologie avant la biologie. Une histoire du

Quel est le rapport entre l'interrogation philosophique du vivant et la constitution d'une science de la vie ? » (p. 197). C'est à ce pro-.



Doctorat en philosophie Biologie

Maîtrise ès sciences Biologie Spécialisation en science société et http://catalogue.uottawa.ca/fr/etudes-sup/doctorat-philosophie-biologie/index.html.



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en philosophie de la biologie Réunissant les contributions de vingt-cinq spécialistes français et étrangers l’ouvrage couvre l’ensemble des grandes questions qui animent aujourd’hui la recherche en biologie depuis

Philosophie et biologie dans un esprit de "coopération"

Miguel de Beistegui

Dans une conférence faite à Athènes en 1967 1 , Heidegger reprend à son compte un mot de Nietzsche, selon lequel " ce n'est pas la victoire de la science, qui caractérise notre dix-neuvième siècle, mais la victoire de la méthode scientifique sur la science » 2 , et voit dans l'avènement de la cybernétique l'aboutissement d'une telle victoire. Par " méthode », dit-il, il faut entendre le projet qui d'avance a prise sur le monde, soit la façon et la manière dont d'emblée un domaine d'objets est délimité dans son objectivité. Or aujourd'hui, poursuit-il, c'est l'étant dans son entier qui est soumis à un projet unique, projet de calcul et de contr™le. Les sciences elles-mêmes lui sont assujetties. C'est même en cela qu'elles sont devenues techno-sciences. Si la cybernétique constitue bien l'aboutissement de cet esprit de méthode, dont les origines remontent à Galilée et

à Newton, c'est

bien dans le sens où la caractéristique fondamentale de tous les processus calculables est la commande au moyen de laquelle l'information est échangée. Dans la mesure où le processus qui est commandé renvoie de l'information à celui qui le commande, la commande a le caractère de la rétroaction (feedback). Cette circularité de l'information, et la nécessité de la contrôler, est le caractère fondamental du monde que projette la c ybernétique. En traitant tous les systèmes comme des systèmes d'information, la cybernétique unifie l'étant dans son ensemble - réalisant ainsi le vieux rêve métaphysique de la mathesis universalis - et va jusqu'à abolir les différences entre l'animé et l'inanimé, entre la machine et le vivant. C'est peut-être sur les sciences du vivant, de la bio-chimie et de la bio-physique en particulier, que l'impact de la cybernétique a été le plus grand 3 . Les gènes sont considérés comme la source de l'information, et le poste de commande, à partir duquel les organismes se développent et se reproduisent. Dans la même conférence, et dans ce qui s'avère être un compte-rendu précis et bien informé de l'état des 1

. " La provenance de l'art et la destination de la pensée », trad. de l'allemand par Jean-Louis Chrétien

et Michèle Reifenrath in Martin Heidegger, Paris, Éditions de l'Herne, 1983, p. 84-92. 2 . F. Nietzsche, La volontŽ de puissance, 466. 3

. Ces dernières années ont vu la naissance d'une discipline appelée " biologie informatique »

(computational biology), et dont les chercheurs sont formés en biologie comme en science informatique. De plus en plus, la biologie se tourne vers les phénomènes informatiques d'" intégration » et de " comportement systémique » afin de comprendre le système cellulaire.

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recherches biologiques de l'époque, Heidegger évoque la façon dont cette recherche permet à la communauté scientifique de dépasser l'idée de " préformisme » (selon laquelle le gène contiendrait l'organisme à venir sous forme miniature, comme une sorte de germe) et d'adopter une position plus épigénétique (selon laquelle les gènes stockent l'information nécessaire au développement de l'organisme). À partir de là, on envisage les gènes comme un alphabet (l'" alphabet des nucléotides »), ou bien encore un code, dont la séquence définit un organisme donné. Et très naturellement, on en vient à voir la vie elle-même comme un " livre », comparable au livre géométrique de la nature qui faisait l'admiration de Galilée à l'aube de la physique moderne. A cette différence près, conviendrait-il d'ajouter, que le livre de la vie a trouvé le moyen de transmettre son information d'un système à l'autre, et ainsi d'évoluer. Il s'agit d'un livre écrit selon un code qui lui est propre et qui lui permet de se reproduire et de s'inventer à mesure qu'il évolue. Le code génétique de l'information, enchaîne Heidegger, témoignant ainsi de sa connaissance des débats de l'époque, est comparable à un " programme » informatique 1 . Qu'on parle de programme, ou simplement de code ne change rien à l'idée fondamentale d'Heidegger, qui consiste à indiquer comment, sous l'influence de la cybernétique, la biologie a vu ses concepts fondamentaux s'éloigner de ceux de la physique (" masse », " énergie », " force ») et adopter ceux de la science informatique (" information »,

" contrôle », " traduction » et " transmission », " codage » et " recodage », " auto-

régulation » et " rétroaction »). Ce faisant, c'est la spécificité du vivant, et de

l'homme dans son rapport à lui et à l'étant dans son ensemble, qui est effacée. Si, comme le disait Wiener 2 , l'homme n'est qu'un support d'information comme un autre, et dont la singularité, à savoir le langage, peut-être à son tour calculé et modellisé, et si la science est tout entière sous l'emprise du projet cybernétique ainsi défini, alors la philosophie, en tant qu'elle vise à penser l'essence de la science et le destin de l'homme, n'a rien à attendre ni de la science ni du projet cybernétique qui l'encadre. Il n'en fut pas toujours ainsi, cep endant. Une fois au moins, Heidegger aura envisagé la possibilité d'un véritable dialogue avec les sciences de la nature. Assurément, un tel espoir fut formulé avant que le diagnostic historico-destinal concernant la provenance essentiellement technique de la science moderne ne fût prononcé dans les années 1

. Sans vouloir ici rentrer dans le débat concernant la justesse de l'idée de programme, aujourd'hui

contestée, et non seulement de code génétique, contentons-nous de mentionner le fait qu'une telle

idée, formulée par le biologiste Ernst Mayr, et reprise ensuite par François Jacob et Jacques Monod,

remonte au début des années 1960. 2 . Norbert Wiener, The Human Use of Human Beings. Cybernetics and Society, Garden City, New York, Doubleday Anchor Books, 1950-1954, p. 74 sq.

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30 et ne vînt sceller le destin des sciences aux yeux de Heidegger. Ce n'est donc

que rétrospectivement, et en ignorant ce diagnostic, ou bien en voulant le remettre en question, que cet espoir pourra continuer d'être entretenu. Par ailleurs, on notera aussi qu'il fut formulé après que Heidegger eut envisagé la philosophie comme science fondamentale dans les années 20, soit comme science visant l'être de cet étant positif et d'emblée donné sur lequel portent les sciences positives, et que toujours elles présupposent. C'est donc très précisément entre la période de l'ontologie fondamentale, soit celle consacrée à l'élaboration d'une

science de l'être de l'étant, et celle de la pensée méditante, qui s'ouvre à l'être

dans son déploiement historico-destinal, que Heidegger envisagea la possibilité d'un véritable dialogue entre les sciences positives et la philosophie. Moment tout à fait singulier dans l'itinéraire de cette pensée, et qui mérite qu'on s'y arrête. D'autant plus singulier, convient-il de souligner, que cet esprit de coopération avec les sciences intervient dans un cours qui, s'agissant de la tâche et du destin de la pensée philosophique, commence par reléguer la science à un rôle subalterne, notamment par rapport à celui auquel peut aspirer l'art 1 . L'intérêt et la richesse de ce cours tiennent en partie au bouillonnement et à l'effervescence de la pensée d'Heidegger à cette époque (1929-1930), qui semble encore indécise sur un certain nombre de points, et notamment sur la nature du rapport de la

philosophie à l'art et la science. En effet, après avoir limité la science à ce rôle de

" servante » au début du cours, Heidegger en vient, dans la dernière partie du cours et à propos du concept de " monde », à poser les fondements d'un rapport authentique et productif à la zoologie et la biologie de l'époque. Il convient par conséquent d'emblée de préciser la nature de cet esprit de coopération, en soulignant qu'il ne s'applique pas à toutes les sciences, du moins pas a priori ou par principe, mais bien à celle du vivant, et ce à partir d'une problématique proprement philosophique (celle du " monde » comme accès au Dasein humain). C'est donc que celui-ci témoigne d'une singularité que les autres sciences ignorent, et sur la base de laquelle une véritable rencontre avec la philosophie, à l'époque encore dans le sillage de l'ontologie fondamentale, de vient possible. La question générale dont traite la dernière partie du cours de 1929-30 est celle de la différence entre ce que d'ordinaire on appelle le " monde » de l'animal, et celui de l'homme. Ont-ils le même sens? Ou bien le monde de l'homme, ce monde qu'aetre et temps décrivait de façon aussi précise et sytématique diffère-t-il essentiellement de celui de l'animal? On peut s'interroger, après tout, sur la 1 . M. Heidegger, Die Grundbegriffe der Metaphysik. WeltÐEndlichkeitÐEinsamkeit, Gesamtausgabe Band 29/30, p. 7 ; trad. Daniel Panis. Les Concepts fondamentaux de la mŽtaphysique.

MondeÐFinitudeÐSolitude, Paris, Gallimard, 1992, p. 21. Désormais GA 29/30, suivi de la pagination

allemande et française. Nous modifions la traduction par endroits.

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validité d'une telle distinction d'essence: l'homme n'est-il pas lui-même un animal ? Saurait-on, dès lors que se pose la question de la différence de l'homme et de l'animal en termes de " monde », ignorer le fait que l'homme n'est peut-être rien de plus qu'un système nerveux particulièrement développé, un super- neocortex adjoint à un cerveau reptilien, et qui partage un monde avec d'autres vivants ? Heidegger envisage-t-il réellement de distribuer la vie selon des lignes départageant l'humain de tous les autres organismes, de l'amibe aux types les plus évolués de mammifères, avec lesquels on sait que l'homme partage une histoire, un héritage, un code ? Se pourrait-il que la possibilité même de la philosophie envisagée comme ontologie soit ancrée dans une distinction aussi peu ferme et assûrée, et si constamment assiégée par une quantité de données empiriques, que celle de l'homme et de l'animal ? Peut-on déclarer la philosophie par principe et a priori immunisée contre de tels assauts, contre la menace de déterminations empiriques et ontiques ? Nous verrons comment Heidegger lui- même se débat dans ces questions, et la réponse qu'il leur apporte. Pour être plus précis, nous verrons comment le dialogue qu'il entame avec la biologie découle précisément de la difficulté - mais en même temps de la nécessité - qu'il y a de maintenir séparé s l'ordre transcendental et l'ordre empirique, l'ontologique et l'ontique. Le terme de métontologie, qui caractérise le projet heideggerien des années 1929-1930, vise précisément à signaler ces difficultés, en proposant de faire retour sur la façon dont la transcendance de l'existence est à l'oeuvre dans l'élaboration même du projet de l'ontologie fondamentale, sur la façon dont cette tâche est à la fois rendue possible et limitée par la manière dont l'existence y est impliquée. Cela signifie que la philosophie, ou ce que Heidegger appelle à l'époque la " métaphysique du Dasein » doit se prolonger et se radicaliser en un mouvement de retour de l'ontologie vers le fond ontique dans lequel elle est prise d'emblée. C'est ce " moment » second de la métaphysique du Dasein qui doit constituer la méta-ontologie, dont la problématique centrale est précisément celle du monde en tant que tel, ou de l'étant dans sa totalité (das Seiende im Ganzen), auquel le Dasein est toujours et d'emblée confronté. On notera donc que la " rencontre » de Heidegger avec la biologie - et la discussion concernant le rapport de l'homme à l'animal - a lieu dans le cadre d'une analyse visant à éclaircir le fond ontique et factice duquel surgit la science de l'être en tant qu'être.

Dans ce cours de 1929

30, le point de départ d'Heidegger est donc bien

métaphysique, et vise à cerner la singularité du Dasein humain au moyen du concept de monde. Et c'est à cette fin qu'il compare le monde humain au monde animal, non pour les rapprocher, mais pour indiquer l'abîme qui les sépare, qui est précisément celui qui sépare le caractère métaphysique du Dasein - déjà

PHILOSOPHIE ET BIOLOGIE CHEZ HEIDEGGER

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exposé dans le détail dans la conférence " Qu'est-ce que la métaphysique ? » (1929) ainsi que dans " De l'essence du fondement » (1929) - du caractère purement physique de l'étant vivant. La double thèse, au moyen de laquelle Heidegger exprime cette différence, est la suivante : l'homme est " configurateur de monde », tandis que l'animal est " pauvre en monde ». La puissance configuratrice de monde de l'homme lui vient de son désir d'être, selon une formule empruntée à Novalis, " partout chez soi ». Ce désir est le désir même de l'homme, celui qui le fait s'affronter à l'étant dans son entièreté, et qui est à l'origine de sa curiosité et de son questionnement. C'est bien au monde en tant que tel que l'homme est ouvert. Il a, pour lui, cette valeur de totalité. C'est vers le monde en tant que tel que l'homme est porté, comme vers son propre horizon. L'homme est lui-même cet être d'horizon. C'est là qu'il se profile, ave lui qu'il se confond. C'est la raison pour laquelle Heidegger l'assimile à une transcendance. À titre de comparaison, l'animal, lui, a bien un monde, mais ce n'est pas le monde en tant que tel. C'est toujours un bout de monde pour ainsi dire, une part ou une parcelle de l'étant, mais jamais l'étant dans son entier. Son monde (Welt) est ce qu'on appelle un milieu, ou bien encore un environnement (Umwelt). L'animal est toujours et forcément dans un rapport d'immanence au monde. Il y est plongé, prisonnier pour ainsi dire, et jamais ne peut le voir pour ce qu'il est. Si Heidegger se tourne vers la biologie et la zoologie, c'est afin de mettre à l'épreuve cette double thèse métaphysique. Ce faisant, il se voit contraint de penser et de thématiser la nature du rapport de la philosophie aux sciences, et aux sciences du vivant en particulier. Or ce qui ressort de cette analyse, c'est que la philosophie, du moins en tant que métontologie, ne peut se situer vis-à-vis des sciences dans un rapport de pure fondation. Celui-ci, comme nous le verrons

dans un premier temps, est plutôt de " circularité » et d'" ambiguïté ». Alors même

qu'elle émet des thèses métaphysiques portant sur l'essence de l'homme et du vivant, la philosophie ne saurait ignorer ce que la recherche positive dit de ces phénomènes. Elle doit au contraire se confronter aux concepts, aux interprétations et aux résultats de la recherche scientifique. C'est cette confrontation que nous analyserons dans un second temps. Elle nous réserve, nous le verrons, quelques surprises, allant jusqu'à remettre en question, sur un point au moins - mais ô combien déterminant ! - la différence qu'elle était censée confirmer. I S'agissant de la question du rapport de l'homme et de l'animal, on note avec intérêt que, contrairement à ce qu'affirmait le § 3 d'aetre et temps, l'attitude de la

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philosophie envers la science ne saurait être de fondation seulement, mais doit impliquer une certaine circularitŽ ainsi qu'une irréductible ambigu•tŽ. C'est, d'une certaine façon, et même si seulement en passant, ce qu'aetre et temps reconnaissait déjà, nuançant et compliquant ainsi ce qui avait commencé de s'annoncer comme une relation de fondation entre l'ontologie fondamentale et les sciences positives. Au § 10, intitulé " Délimitation de l'analytique du Dasein par rapport à l'anthropologie, la psychologie et la biologie », Heidegger avait en

effet déjà identifié le statut singulier et spécifique de la " vie » parmi les différentes

façons dont se dit l'étant : en tant que " science de la vie », la biologie " se fonde sur l'ontologie du Dasein, même si pas exclusivement » 1 . S'il en est ainsi, c'estquotesdbs_dbs50.pdfusesText_50
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