Du vernaculaire à la déprise doeuvre: Urbanisme architecture
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01757036/document
architecturale la permanence
24 jun 2016 ne pLus faire La viLLe pour des habitants ni même avec
N° 55
1 may 2022 conseil municipal il était temps pour moi de mettre ... l'église de Bataville ont vibré sur des airs de ... pompiers l'avenir du centre.
Revue Géographique de lEst vol. 58/3-4
25 dic 2018 Pour G. Benko cette géographie industrielle et économique ... comme le montre A. Brichler à propos de Bataville. 22. Dans ces villes-usines ...
o- ? ck ler a- in- x s
http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/inter_gauthiere_web.pdf
Pour en finir avec le harcèlement à lécole Les jeunes Lorrains
11 oct 2016 Cent briques pour imaginer l'avenir de Bataville. L'avenir de Bataville et notamment de l'usine et de ses abords
Lhypothèse collaborative
12 jun 2020 besoins formatés à l'avance mais pour en imaginer des nouveaux. ... Cent briques
Ce document est le fruit dun long travail approuvé par le jury de
monde de la sidérurgie pour ne pas ignorer la réalité des centres industriels. un échec e]le marqua de son empreinte r'avenir du logement social 3.
AVERTISSEMENT
Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l'utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale.Contact : ddoc-theses-contact@univ-lorraine.fr
LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10UNIVERSITÉ
DE METZFaculté des Lettres et Sciences humainesDépartement d, HistoireLaurent
Commaille
LESC|TÉS OUVRIÈRES DE LORRAINE1850-1940
ÉtuOe
de la politique patronale du logementThèse présentée
en vue de I'obtention du Doctorat d'Histoire del'Université de Metz sous la direction du professeur Alfred WahlBIBLIOTIJEQUE U NIVERS ITAIF.ELETTRFS . METZ
N" inv)1esoo7\ LlxA s3/zCotc Loc l'{ Ê 64siN ff #f 4t tifi1'-riïï ï1ffiffiffi ffiffi ffi ffi d+d$ ffi ffiffiffiffi ffi ffi Metz - 1998Remerciements.
.Je tiens à remercier ici tous ceux qui, à un moment ou un autre, m'ont apporté leur aide. Je pense particulièrement au personnel desArchives
départementales de la Moselle et de Ia Meurthe-et-Moselle,
à Nathalie Legrand et Pascale Lerolr, ainsi qu'Odette Rupp, pour I'Espace Archives Usinor-Sacilor, à N{artin Benedic et CarmenWeber,
aux Archives des Houillères du Bassin de Lorraine, à M.Robinet,
à Blois, pour les Archives de Pont-à-Mousson. Je n'oublie pas non plus les Archives nationales et la Bibliothèque nationale ou j'ai rencontré serviabilité et dévouement dans des conditions parfois difficiles. Je remercie aussi le personnel des différentes bibliothèques que j'ai fréquentées, entre autres celle de l'École d'Architecture de Nancy, la Bibliothèque municipale de Nancy et j'ai une pensée particulière pour la patience des bibliothécaires de laMédiathèque de
Metz, que j'ai souvent dérangés par mes curiosités insolites sans qu'ils s'en émeuvent. Merci aussi à (dans le désordre)Annette
Maas, Cristoph Corneliflen, Antoinette Lorang, Piero-Dominique Galloro,
Luc Delmas, Françoise Birck, Bernard Desmars,
Pascal
Brenneur, Marion Duvigneau...
Ainsi qu'à Stephan Leiner.Sans oublier
mon Directeur de Thèse. le Professeur Alfred Wahl. A mon épouse, Nicole, et mes enfants, Jean-Baptiste, Anne-Eliane,Marie-Louise
(t), qui m'a tant apporté, Anne-Victoire, Pierre-Charles
et Marie-Alice.A.D.M.
A.D.N,I.M.
P.V. ; C.A. ;4.G.S.M.K.Archives départementales
de la lvleuseArchives
départementales de la Nleurthe-et-Moselle.
Archives départementales
de la MoselleArchives départementales
des VosgesAcadémie François
Bourdon, Le Creusot
Archives
des Houillères du Bassin de Lorraine.Archives
nationalesBlanchisserie
Teinturerie deThaon
Espace
Archives Usinor-Sacilor
FondsLe Corbusier (Paris)
Pont-à-Mousson
(Société anonyme des Hauts- fourneaux etFonderies de Pont-à-Mousson)
Procès-verbal
; Conseil d'Administration ;Assemblée
généraleSociété métallurgique
de KnutangeListe des
lieux les plus cités :Ars-sur-Moselle
Moselle, à une quinzaine de kilomètres au sud & Metz.Frel'ming-Merlebach
Moselle, au sud-ouest de Forbach
Hagondange
Moselle, à une quinzaine de kilomètres au nord Hal,ange Vallée de la Fensch, au sud-ouest de Thionville,Moselle
Jtrcuf
Vallée de I'Ome, Meurthe-et-Moselle, à la frontière deIa Moselle
Mancieulles
Bassin de Briel', Meurthe-et-Moselle
Moyeuvre
Vallée de I'Orne, Moselle, à côté de JoeufNeuves-Mais<'rns
Meurthe-et-Moselle, au sud Nihange
Vallée de Ia Fensch, Moselle
Petite-Rosselle
Moselle, à la frontière allemande, à prorimité & Forbach
Thaon-lès-Vosges
À prorimité d'Épinal, Vosges
Ava nt-propos Les travaux présentés ici tirent leur origine de deux causes principales. La première est fortuite. Elle repose en quelque sorte sur le hasard qui a voulu que, dans le cadre du colloque de 1981 "Urbanisme et Architecture en Lorraine 1830-1930", je sois amené à me
pencher sur les cités ouvrières lorraines. Peu de recherches historiques portaient alors sur cette question, restée le domaine des sociologues et des urbanistes. Cela pouvait suffire, me semble-t-il, à éveiller la curiosité
du chercheur. La deurième est plutôt personnelle. Naguère, dans une soutenance de thèse, un des membres du jury a fait remarquer ce qu'il peut y avoir d'autobiographique dans une telle entreprise. Sans aller trop loin dans I'auto-analyse, a priori, rien ne pouvait m'entraîner dans l'étude des cités ouvrières sinon, peut-être, une vocation rentrée d'architecte et le gout de I'histoire du paysage, et notamment des paysages industriels. Originaire d'un pays, le Nivernais, qui repose sur des couches géologiques proches de celles des côtes de Moselle et qui fut un pays de vieilles forges, de sidérurgie (Guérigny, Fourchambault...)
et de charbon (La Machine), peut-être ai-je quelques chromosomes qui tressaillirent à la vue des vallées de la Fensch,
de I'Orne ou des chevalements de Freyming-Merlebach. Même
si cela peut sembler bizarte, voire presque pervers à certains (et, au premier chef, aux habitants), j'aime, pour reprendre I'expression d'Adrien Printz, les
vallées usinières, le bourdonnement des usines, l'écheveau des voies ferrées, la sensation que I'on retire (retirait ?) d'une intense activité humaine, de I'oeuvre en train de se faire. D'aucuns ajouterons que c'est facile, vu de loin. J'ai habité suffisamment longtemps Rombas (vallée de I'Orne) et côtoyé le monde de la sidérurgie pour ne pas ignorer la réalité des centres industriels. J'ai eu la chance de voir encore le ciel rouge sur la vallée de la Moselle, presqu'aux portes de Metz, les toits verts de mousse et d'herbe à cause des poussières rejetées par les cheminées. En ces temps-là le sol vibrait en permanence et Ia vie était rythmée par le mugissement du convertisseur et la relève des équipes. Bernard Lavilliers
chantait "Fench Vallée" et cela sonnait vrai. Il y avait de la pollution (mais elle se voyait...), du bruit et de la peine mais aussi du travail et de I'espoir. Aujourd'hui,
de vastes espaces sont dénudés, vides. D'entre les broussailles surgit parfois le moignon de ce qui a été la base d'un haut-fourneau, un rail tordu, tronçon d'une voie ferrée qui se perd dans le néant d'un terrain vague. Et, à côté, conçues parfois pour être éphémères,
subsistent les cités ouvrières alors même que les entreprises qui les ont secrétées ont disparu. Voilà
pour le côté émotif de la motivation. J'y ajouterai le gofit d'aller au-delà des apparences, des idées reçues. Il est certain que vers 1980-81, les cités ouvrières avaient encore mauvaise
réputation, que ce soit au niveau architectural et urbanistique, qui appelait immédiatement les adjectif de sales, monotones, tristes etc..., qu'au niveau conceptuel où I'on voyait surtout en elles une formidable machine à dresser les ouvriers, la fabrique d'une nouvelle race d'individus dont l'aliénation programmée en ferait les esclaves dociles du grand capital, bref, une vision paupériste et industrielle du "Meilleur des Mondes" et de "1984". Or, la téalité, rencontrée sur [e terrain lors de la préparation de ma communication au colloque mentionné plus haut, me donnait une impression très différente. Je découvrais la variété des cités et surtout I'attachement des habitants à cette forme de logement. Peut-être
ai-je trouvé des personnes arrir'ées au processus ultime de I'aliénation sus-évoquée puisqu'elles souhaitaient alors profiter du mouvement général de désengagement immobilier de I'industrie pour acquérir les maisons qu'elles occupaient, au lieu de se faire bâtir quelque coquet pavillon dans la banlieue de Metz ou de Nancy. Ayant ensuite travaillé dans d'autres directions, notamment les relations entre les impératifs de défense et I'aménagement du territoire, j'ai perdu de vue le monde industriel. Les méandres administratifs m'ayant contraint à changer de sujet de recherche et de directeur de thèse, j'ai, sur les conseils de M. te professeur wahl, repris le chemin des cités. La confrontation avec les archives des entreprises devait petit à petit gauchir le projet de départ qui était d'approfondir mon schéma initial. Satisfaisant dans sa thématique, il aboutissait à une impasse du point de vue historique. Le maniement des archives des sociétés industrielles, en revanche, faisait surgir une vision de la politique patronale du logement autre que I'image communément admise du paternalisme intéressé et de I'oeuvre sociale. INTRODUCTION
I. CADRES ET LIMITES DE LA RECHERCHE
I.l Les objectifs.
Les travaux présentés dans cette étude n'ont pas eu pour but de mener une recherche exhaustive sur I'ensemble des cités ouvrières de I'espace lorrain, ni sur I'objet "cité" dans sa globalité. cette démarche aurait conduit à un incontournable inventaire, intéressant, certes, dans ses aspects patrimoniaux et dans son inscription régionaliste, mais n'apportant pas de réponse satisfaisante à nos interrogations. À I'opposé, la monographie d'entreprise, même envisagée sous le seul registre du logement, n'aurait pas permis d'amener des conclusions utilisables au-delà même des limites du cadre de la recherche. Déterminer que telle société a telle politique du logement peut sembler suffisant, voire même valorisant au chapitre des résultats, mais n'apporte pas, à moins de s'insérer dans un vaste programme de recherche, d'éléments généralisables par rapport à I'histoire du phénomène industriel en France. Au contraire, réutilisés, lesdits résultats peuvent induire des conclusions erronées quant aux politiques patronales du logement. ta monographie industrielle privilégie par ailleurs I'entreprise riche en fonds d'archives mais pas forcément représentative de sa branche ou de sa région. Nos interrogations
sont nées essentiellement de Ia lecture des documents imprimés, récents ou anciens, portant, à un moment ou un autre, sur la question du logement, confrontée aux pièces d'archirres provenant des entreprises elles-mêmes. Trois interprétations de la cité ouvrière en découlent. La première, la plus visible par le nombre des publications, notamment à la fTn du XIXe siècle, tend à englober le logement patronal dans un mouvement général d'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière. Une deuxième
analyse est de voir dans la cité ouvrière un élément d'asseryissement du prolétariat, prisonnier de son logement, qu'une attitude critique l'amènerait à perdre ou tenu, dans le cas de I'accession
à la proprité, par ses remboursements. Pour certains auteurs la cité ouvrière participe d'une normalisation générale de la société dont les prémices apparaissent à I'époque des Lumières. Englober
la cité dans I'amélioration des conditions de vie des ouvriers est la lier à la fois au paternalisme, c'est-à-dire à des pratiques qui touchent aussi à la protection sociale, et à un certain rejet des dérives possibles de I'industrialisation. Faire de la cité une "oeuvre sociale" est donc la prendre aussi comme un instrument de défense des valeurs de la Société contre les menaces révolutionnaires des "partageux", des "collectivistes". Ce courant, aux origines réactionnaires, anti-libérales et anti-industrielles, voudrait voir le patronat s'engager dans une pratique philanthropique moralement réparatrice et socialement efficace. Des enquêtes de Villermé,
de Blanqui à Robert Pinot, le secrétaire du Comité des Forges
au début du XXe siècle en passant par Émile Cheyssonl ou Georges Benoît-Lévy',
inlassable promoteur des cités-jardins, les partisans de cette tendance ne ménagent pas leur peine. Conférences,
expositions, brochures sont autant de moyens de faire Exemple
Togements: CIIEYSSOU
Émil-e,
ouvriers, Paris,L'intervention
patronale en matière de Société d'Économie
sociale, 1908, 15 p.. 7 connaître leur point de vue. La cité de Mulhouse ou les maisons construites à Noisiel par lvlenier sont leurs chevaur de bataille. Ce faisant, ils donnent des arguments à ceux qui voient dans la cité le moyen de faire taire les revendications ouvrières. Si Karl Marx n'a pas beaucoup écrit sur I'habitation ouvrière, Friedrich Engels a très tôt dénoncé les pratiques patronales sur les mêmes bases que les "philanthropes" anti-révolutionnaires. s'inscrivant dans cette tendance, des ouvrages relativement récents, comme celui de Rémy Butler
et Patrice Noisette3 dénoncent la politique "bourgeoise" du logement menée par les autorités, aussi bien politiques qu'industrielles, du Second Empire à nos jours. cette vision n'est pas dénuée de fondements (que I'on réfléchisse à la politique d'accès à la propriété menée après 1968...) mais englobe la cité ouvrière dans la totalité de la question du logement. La dernière analyse, outre I'attrait de la nouveauté, puisque née dans les années soixante-dlx alors que les autres étaient pratiquement contemporaines des premières cités, apportait une dimension supplémentaire par un décorticage brillant des discours consacrés au logement ouvrier. Structurée par la pensée de Michel Foucault
et "popularisée" par "Le petit travailleur infatigable" de Lion Murard et Patrick Zylberman+, elle fait de la cité ouvrière, minière disent souvent les auteurs précités, un formidable instrument de domestication du prolétariat, le creuset d'une race BENorr-LÉvy Georges, La cité-Jardin, paris, Bibliothèque du l{uséesocial, H. Jouve, 1904,297 p., prans et ill., photos en hors-texte.' BUTLER Rérny, NoTSETTE patrice I Le Logement social en France 1gj5-198L, de La cité ouvrière au grand ensembre, paris, La Découverte /Maspéro, 1983, 201 p. , il-l_. .n MURÀRD Lion et ZYLBERMAN Patrick, Le petit TravaiLLeur infatigabTe(Vi77es-usines, habitat et intinités au xIXe siècl_e), parjrs,
Recherches,
1,976t 287 p. Même si nos concrusions vont dans desdirections très différentes des auteurs du "petit travailreurinfatigable", nous ne dirons jamais assez notre dette envers eux, ne
8 nouvelle de travailleurs où les projections les plus folles des "hygiénistes" se marient à la gestion "économique", dans son sens courant et dans son sens éthymologique, des corps. Encadré dans son travail, I'ouvrier retrouve dans la cité les repères normatifs qui feront de lui un bon chef de famille, un bon géniteur et un bon producteur. Prise ainsi la cité serait le résultat abouti d'une stratégie, sinon totalitaire (aux aspects moraux les auteurs ajoutent souvent la référence aux casernes et aux camps militaires...), du moins globalisante, visant à supprimer les débordements de comportement d'une masse populaire incontrôlable.quotesdbs_dbs24.pdfusesText_30
Nihange
Vallée de Ia Fensch, Moselle
Petite-Rosselle
Moselle, à la frontière allemande, à prorimité &Forbach
Thaon-lès-Vosges
À prorimité d'Épinal, Vosges
Ava nt-propos Les travaux présentés ici tirent leur origine de deux causes principales. La première est fortuite. Elle repose en quelque sorte sur le hasard qui a voulu que, dans le cadre du colloque de 1981 "Urbanisme et Architecture en Lorraine 1830-1930", je sois amenéà me
pencher sur les cités ouvrières lorraines. Peu de recherches historiques portaient alors sur cette question, restée le domaine des sociologues et des urbanistes. Cela pouvait suffire, me semble-t-il, àéveiller la curiosité
du chercheur. La deurième est plutôt personnelle. Naguère, dans une soutenance de thèse, un des membres du jury a fait remarquer ce qu'il peut y avoir d'autobiographique dans une telle entreprise. Sans aller trop loin dans I'auto-analyse, a priori, rien ne pouvait m'entraîner dans l'étude des cités ouvrières sinon, peut-être, une vocation rentrée d'architecte et le gout de I'histoire du paysage, et notamment des paysages industriels. Originaire d'un pays, le Nivernais, qui repose sur des couches géologiques proches de celles des côtes de Moselle et qui fut un pays de vieilles forges, de sidérurgie (Guérigny,Fourchambault...)
et de charbon (La Machine), peut-être ai-je quelques chromosomes qui tressaillirent à la vue des vallées de laFensch,
de I'Orne ou des chevalements de Freyming-Merlebach.Même
si cela peut sembler bizarte, voire presque pervers à certains (et, au premier chef, aux habitants), j'aime, pour reprendreI'expression d'Adrien Printz, les
vallées usinières, le bourdonnement des usines, l'écheveau des voies ferrées, la sensation que I'on retire (retirait ?) d'une intense activité humaine, de I'oeuvre en train de se faire. D'aucuns ajouterons que c'est facile, vu de loin. J'ai habité suffisamment longtemps Rombas (vallée de I'Orne) et côtoyé le monde de la sidérurgie pour ne pas ignorer la réalité des centres industriels. J'ai eu la chance de voir encore le ciel rouge sur la vallée de la Moselle, presqu'aux portes de Metz, les toits verts de mousse et d'herbe à cause des poussières rejetées par les cheminées. En ces temps-là le sol vibrait en permanence et Ia vie était rythmée par le mugissement du convertisseur et la relève des équipes. BernardLavilliers
chantait "Fench Vallée" et cela sonnait vrai. Il y avait de la pollution (mais elle se voyait...), du bruit et de la peine mais aussi du travail et de I'espoir.Aujourd'hui,
de vastes espaces sont dénudés, vides. D'entre les broussailles surgit parfois le moignon de ce qui a été la base d'un haut-fourneau, un rail tordu, tronçon d'une voie ferrée qui se perd dans le néant d'un terrain vague. Et, à côté, conçues parfois pourêtre éphémères,
subsistent les cités ouvrières alors même que les entreprises qui les ont secrétées ont disparu.Voilà
pour le côté émotif de la motivation. J'y ajouterai le gofit d'aller au-delà des apparences, des idées reçues. Il est certain que vers1980-81, les cités ouvrières avaient encore mauvaise
réputation, que ce soit au niveau architectural et urbanistique, qui appelait immédiatement les adjectif de sales, monotones, tristes etc..., qu'au niveau conceptuel où I'on voyait surtout en elles une formidable machine à dresser les ouvriers, la fabrique d'une nouvelle race d'individus dont l'aliénation programmée en ferait les esclaves dociles du grand capital, bref, une vision paupériste et industrielle du "Meilleur des Mondes" et de "1984". Or, la téalité, rencontrée sur [e terrain lors de la préparation de ma communication au colloque mentionné plus haut, me donnait une impression très différente. Je découvrais la variété des cités et surtout I'attachement des habitants à cette forme de logement.Peut-être
ai-je trouvé des personnes arrir'ées au processus ultime de I'aliénation sus-évoquée puisqu'elles souhaitaient alors profiter du mouvement général de désengagement immobilier de I'industrie pour acquérir les maisons qu'elles occupaient, au lieu de se faire bâtir quelque coquet pavillon dans la banlieue de Metz ou de Nancy. Ayant ensuite travaillé dans d'autres directions, notamment les relations entre les impératifs de défense et I'aménagement du territoire, j'ai perdu de vue le monde industriel. Les méandres administratifs m'ayant contraint à changer de sujet de recherche et de directeur de thèse, j'ai, sur les conseils de M. te professeur wahl, repris le chemin des cités. La confrontation avec les archives des entreprises devait petit à petit gauchir le projet de départ qui était d'approfondir mon schéma initial. Satisfaisant dans sa thématique, il aboutissait à une impasse du point de vue historique. Le maniement des archives des sociétés industrielles, en revanche, faisait surgir une vision de la politique patronale du logement autre que I'image communément admise du paternalisme intéressé et de I'oeuvre sociale.INTRODUCTION
I.CADRES ET LIMITES DE LA RECHERCHE
I.lLes objectifs.
Les travaux présentés dans cette étude n'ont pas eu pour but de mener une recherche exhaustive sur I'ensemble des cités ouvrières de I'espace lorrain, ni sur I'objet "cité" dans sa globalité. cette démarche aurait conduit à un incontournable inventaire, intéressant, certes, dans ses aspects patrimoniaux et dans son inscription régionaliste, mais n'apportant pas de réponse satisfaisante à nos interrogations. À I'opposé, la monographie d'entreprise, même envisagée sous le seul registre du logement, n'aurait pas permis d'amener des conclusions utilisables au-delà même des limites du cadre de la recherche. Déterminer que telle société a telle politique du logement peut sembler suffisant, voire même valorisant au chapitre des résultats, mais n'apporte pas, à moins de s'insérer dans un vaste programme de recherche, d'éléments généralisables par rapport à I'histoire du phénomène industriel en France. Au contraire, réutilisés, lesdits résultats peuvent induire des conclusions erronées quant aux politiques patronales du logement. ta monographie industrielle privilégie par ailleurs I'entreprise riche en fonds d'archives mais pas forcément représentative de sa branche ou de sa région.Nos interrogations
sont nées essentiellement de Ia lecture des documents imprimés, récents ou anciens, portant, à un moment ou un autre, sur la question du logement, confrontée aux pièces d'archirres provenant des entreprises elles-mêmes. Trois interprétations de la cité ouvrière en découlent. La première, la plus visible par le nombre des publications, notamment à la fTn du XIXe siècle, tend à englober le logement patronal dans un mouvement général d'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière.Une deuxième
analyse est de voir dans la cité ouvrière un élément d'asseryissement du prolétariat, prisonnier de son logement, qu'une attitude critique l'amènerait à perdre ou tenu, dans le cas deI'accession
à la proprité, par ses remboursements. Pour certains auteurs la cité ouvrière participe d'une normalisation générale de la société dont les prémices apparaissent à I'époque des Lumières.Englober
la cité dans I'amélioration des conditions de vie des ouvriers est la lier à la fois au paternalisme, c'est-à-dire à des pratiques qui touchent aussi à la protection sociale, et à un certain rejet des dérives possibles de I'industrialisation. Faire de la cité une "oeuvre sociale" est donc la prendre aussi comme un instrument de défense des valeurs de la Société contre les menaces révolutionnaires des "partageux", des "collectivistes". Ce courant, aux origines réactionnaires, anti-libérales et anti-industrielles, voudrait voir le patronat s'engager dans une pratique philanthropique moralement réparatrice et socialement efficace. Des enquêtes deVillermé,
de Blanqui à Robert Pinot, le secrétaire du Comité desForges
au début du XXe siècle en passant par Émile Cheyssonl ouGeorges Benoît-Lévy',
inlassable promoteur des cités-jardins, les partisans de cette tendance ne ménagent pas leur peine.Conférences,
expositions, brochures sont autant de moyens de faireExemple
Togements: CIIEYSSOU
Émil-e,
ouvriers,Paris,L'intervention
patronale en matière deSociété d'Économie
sociale, 1908, 15 p.. 7 connaître leur point de vue. La cité de Mulhouse ou les maisons construites à Noisiel par lvlenier sont leurs chevaur de bataille. Ce faisant, ils donnent des arguments à ceux qui voient dans la cité le moyen de faire taire les revendications ouvrières. Si Karl Marx n'a pas beaucoup écrit sur I'habitation ouvrière, Friedrich Engels a très tôt dénoncé les pratiques patronales sur les mêmes bases que les "philanthropes" anti-révolutionnaires. s'inscrivant dans cette tendance, des ouvrages relativement récents, comme celui de RémyButler
et Patrice Noisette3 dénoncent la politique "bourgeoise" du logement menée par les autorités, aussi bien politiques qu'industrielles, du Second Empire à nos jours. cette vision n'est pas dénuée de fondements (que I'on réfléchisse à la politique d'accès à la propriété menée après 1968...) mais englobe la cité ouvrière dans la totalité de la question du logement. La dernière analyse, outre I'attrait de la nouveauté, puisque née dans les années soixante-dlx alors que les autres étaient pratiquement contemporaines des premières cités, apportait une dimension supplémentaire par un décorticage brillant des discours consacrés au logement ouvrier. Structurée par la pensée de MichelFoucault
et "popularisée" par "Le petit travailleur infatigable" de Lion Murard et Patrick Zylberman+, elle fait de la cité ouvrière, minière disent souvent les auteurs précités, un formidable instrument de domestication du prolétariat, le creuset d'une raceBENorr-LÉvy Georges, La cité-Jardin, paris, Bibliothèque du l{uséesocial, H. Jouve, 1904,297 p., prans et ill., photos en hors-texte.' BUTLER Rérny, NoTSETTE patrice I Le Logement social en France 1gj5-198L, de La cité ouvrière au grand ensembre, paris, La Découverte /Maspéro, 1983, 201 p. , il-l_. .n MURÀRD Lion et ZYLBERMAN Patrick, Le petit TravaiLLeur infatigabTe(Vi77es-usines, habitat et intinités au xIXe siècl_e), parjrs,
Recherches,
1,976t 287 p. Même si nos concrusions vont dans desdirections très différentes des auteurs du "petit travailreurinfatigable", nous ne dirons jamais assez notre dette envers eux, ne
8 nouvelle de travailleurs où les projections les plus folles des "hygiénistes" se marient à la gestion "économique", dans son sens courant et dans son sens éthymologique, des corps. Encadré dans son travail, I'ouvrier retrouve dans la cité les repères normatifs qui feront de lui un bon chef de famille, un bon géniteur et un bon producteur. Prise ainsi la cité serait le résultat abouti d'une stratégie, sinon totalitaire (aux aspects moraux les auteurs ajoutent souvent la référence aux casernes et aux camps militaires...), du moins globalisante, visant à supprimer les débordements de comportement d'une masse populaire incontrôlable.quotesdbs_dbs24.pdfusesText_30[PDF] Cent cinquante ans de vie payernoise - E
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