[PDF] Université de Nancy II Amorcée avec Un cadavre





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Un cadavre dans la bibliothèque

Certains de ses romans sont la source de films et de séries. Un cadavre dans la bibliothèque est un roman policier de Agatha Christie.



Université de Nancy II

Amorcée avec Un cadavre dans la bibliothèque cette collection de téléfilms 138 Agatha Christie



La série « cadavre »

Titre : Un cadavre de classe. Auteur : Robert Soulières d'Agatha Christie) ... d'exemples tirés d'un roman de la série Cadavre ou du film vu.



Mise en page 1

tère (Un cadavre dans la bibliothèque La Plume d'Agatha Christie)



CONNAISSEZ VOUS LUNIVERS POLICIER ? 1. Quel célèbre

Quel célèbre roman d'Agatha Christie met en scène un mystérieux tueur en série Un cadavre horriblement mutilé



Untitled

THÉÂTRE ROMAN



Les poisons utilisés dans les romans dAgatha Christie

13 févr. 2015 c) Le cyanure d'hydrogène dans les crimes d'Agatha Christie : • La Plume empoisonnée. • Les Quatre ... Un cadavre dans la bibliothèque.



Agatha Christie

Agatha Christie was created a Dame of the British Empire in 1971. Her books have sold Un cadavre dans la bibliothèque: A l'hôtel Bertram. Translated by.



La série « cadavre »

Visionner un film policier : Le Collectionneur. (adapté du roman de Chrystine Brouillet). Le Crime de l'Orient-Express. (adapté du roman d'Agatha Christie).



Liste des acqusitions Agatha Christie Biographie AUFORT Brigitte

16 mai 2017 découverte du cadavre d'une jeune inconnue vêtue d'une tenue voyante dans sa bibliothèque. Mais miss Marple



Agatha Christie - dataover-blog-kiwicom

² Madame ! Oh Madame il y a un cadavre dans la bibliothèque ! Puis secouée de sanglots nerveux ladite Mary se précipita hors de la pièce * Mrs Bantry se dressa sur son séant Soit son rêve avait pris très étrange tournure soit Mary avait vraiment fait irruption dans la chambre et dit ± incroyable !



Christie Agatha - eng - 1201 Mervat - Bibliotheca Alexandrina

Christie Agatha Un cadavre dans la bibliothèque: A l'hôtel Bertram Translated by Jean-Michel Alamagny and Claire Durivaux Paris : France loisirs 1997 BA Call Number: BnF 389743 (B4 -- Closed Stacks -- BnF Collection) Christie Agatha Cards on the Table Agatha Christie Collection Poirot 15 London: HarperCollins 2001

AVERTISSEMENT

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Université de Nancy II

U.F.R de Lettres

THÈSE

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR

Discipline : Littérature comparée

Présentée et soutenue publiquement

Par

GRANDIDIER STANISLAS

Le 23 octobre 2008

Titre :

LE MYTHE DE L'ENFANCE DANS LE " DETECTIVE NOVEL »

D'AGATHA CHRISTIE

ET DANS LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY.

Directeur de thèse :

Mme ROUART

Mme SUSINI- ANASTOPOULOS

JURY

M. Pierre BRUNEL

M. Francis CLAUDON

M. Gilles ERNST

Mme Françoise SUSINI- ANASTOPOULOS

1

Université de Nancy II

U.F.R de Lettres

THÈSE

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR

Discipline : Littérature comparée

Présentée et soutenue publiquement

Par

GRANDIDIER STANISLAS

Le 23 octobre 2008

Titre :

LE MYTHE DE L'ENFANCE DANS LE " DETECTIVE NOVEL »

D'AGATHA CHRISTIE

ET DANS LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY.

Directeur de thèse :

Mme ROUART

Mme SUSINI- ANASTOPOULOS

JURY

M. Pierre BRUNEL

M. Francis CLAUDON

M. Gilles ERNST

Mme Françoise SUSINI- ANASTOPOULOS

2 3

À la mémoire de Madame Rouart

qui m'a accompagné, encouragé et soutenu dans la rédaction de ma thèse.

Son attention constante me fut précieuse.

4 5

TABLE DES MATIÈRES

6

TABLE DES MATIÈRES

Avertissement 10

Introduction 12

PIERRE VÉRY, AGATHA CHRISTIE : LES NOCES DE SANG

Préambule 15

I. JEUX DE GLACES 18

A.Parcours croisés 18

B.Roman d'énigme vs roman de mystère 23

a)D'insurmontables différences 23 b)Les plaisanteries de M.Véry, les tracasseries de " Mrs » Christie 28 c)L'indice Rivière ou la tentation du rapprochement 29

II.ENFANCES 30

A.La répétition de notations en rapport avec des situations fondatrices 32 B.En premier ou en arrière - plan: une typologie enfantine ressassée 39 C.La représentation régressive du détective 44 D.L'âge d'or ou la quête ébauchée 46 III.ENJEUX : MYTHE, ROMAN DE MYSTÈRE ET RÉCIT D'ÉNIGME 52 LA MORT POUR RENOUER AVEC L'UNIVERS LUDIQUE DE L'ENFANCE

I.DES PETER PAN EN PUISSANCE ? 58

A.Le meurtre ou le renouement avec la forme originelle de la pulsion d'investigation 58 B.La démence meurtrière, dernier apanage, dernier refuge de l'enfance 68 C.Le crime pour réveiller la fantaisie enfantine ? 74 II.L'UNIVERS DE L'ENFANCE ET DU JEU, UN TERREAU PROPICE AUX

TRANSGRESSIONS 81

A.Masques, fêtes et déguisements : des personnages à l'image de Protée 7 aux mille visages ? 82 B.Comptines, jeux et "murder party" : une même tentative ambiguë d'exorciser les forces de la mort ? 107 III.DES SUBSTITUTS DE LA RITOURNELLE ENFANTINE ? 131 A.Des schémas d'écriture passéistes renouant avec des archétypes enfantins ? 131

B.Des romans comptines ? 139

LE ROMAN D'ÉNIGME D'AGATHA CHRISTIE ET LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY : LES ULTIMES RÉCEPTACLES DE LA MAGIE ENFANTINE

Préambule 151

I.LE RÉCEPTACLE DE FANTASMES ENFANTINS 165

A.La thématique du dévoreur . 165

a)De monstrueux représentants de l'autorité 165 b)Des figures castratrices, proches de la figure imaginaire de l'ogre 172 B.La hantise de la nuit et de ses sbires ? 187 a)Le sommeil, l'inconnu, la nuit et la mort : autant de déclinaisons d'une même peur universelle ? 187 b)L'assassin, créature de la nuit et compagnon du malin ? 205 c)Le motif folklorique : la résurgence d'une ultime manifestation du démiurge enfantin ? 217

II.LES ULTIMES REFUGES DES FÉES ? 238

A.Une parenté troublante 238

B.Les récits soumis aux grilles des théoriciens du conte de fées 251

C.Des personnages fées ? 262

VERS UNE ÉCRITURE SANCTUAIRE ?

Préambule 273

I.L'IMPOSSIBLE RETOUR, "L'IMPOSSIBLE ÉCRITURE" ? 283 A.La quête des origines : histoire et archéologie ou la recherche d'un modèle identificatoire. 283 8 B.La maison originelle ou le retour compromis . 303 a)L'élégie du souvenir 303 a1.Des notations se réfèrant à des temps historiques prestigieux 307 a2. Des notations pour réveiller les ritournelles d'antan 312 a3. Des notations pour renvoyer à la mort le reflet de l'enfance 317 a4. Des notations pour magnifier l'enfance 321 a5. Des notations transformant les souvenirs en anamorphoses de l'enquête 322 a6. Effet et signification de ces notations 326 b)Le retour aléatoire 336 c)La maison, une héroïne à part entière ? 355 C.Le masque de la mort pour rejouer l'enfance . 372 a)L'image de l'enfant mort 375 b)Enfance et oeuvre de mort 378

II.L'ÉCRITURE REFUGE ? 385

a)La comptine comme fil rouge de l'oeuvre 396 b)La comptine des dix petits nègres ou le lien affectif 397 c)Un roman d'énigme à la fantaisie imaginative latente 398

A.Une tentative de recréation . 400

a)La recréation du lieu et du temps de l'origine ? 400 b)Une conversation à mi-voix avec certains spectres du passé ? 409 c)Le roman d'énigme ou la reconstitution d'un point de vue enfantin salvateur ? 416 B. L'écrivain déguisé ou l'enfant démasqué 421 a)Le déguisement Ariadne Oliver 423 b)Le déguisement Mary Westmacott 427

Conclusion 430

Annexes 434

Bibliographie 475

9

AVERTISSEMENT

Le lecteur sera probablement étonné par le nombre important de notes accompagnant ce travail de recherche. Je m'en explique. Dans le cadre d'un exercice académique portant sur le mythe de l'enfance dans les

oeuvres d'Agatha Christie et de Pierre Véry, j'ai dû procéder à une stratégie de

regroupements, d'associations. Réunis, les corpus comptent en effet pas moins de cent-vingts

récits et il ne s'agissait pas pour moi de dresser un inventaire des caractéristiques propres à

chaque ouvrage, mais plutôt de dégager de véritables axes d'investigation capables de révéler

l'essentiel (et non pas l'accessoire) et de mettre ainsi en exergue le fil conducteur de ces écrits

et leur socle commun. J'ai tenté - autant que possible - d'inscrire ma proposition de lecture dans le cadre d'une démonstration (terme pour le moins mathématique alors que nous sommes dans le

domaine de la littérature) : la démonstration, finalement, d'une aptitude à synthétiser et à

valider le champ de mon enquête. La multiplication des notes est donc devenue inhérente à

ma thèse dans la mesure où elle seule permettait d'éviter le spécifisme tout en dégageant la

singularité, la similarité mais également la diversité des textes proposés par mes deux auteurs.

Mes notes ne représentent pas une relégation de l'information. Bien au contraire : elles

lancent de nouvelles pistes, suggèrent d'autres interprétations, tentent même parfois

d'élucider certaines ambiguïtés entretenues par les romans. Elles forment, par conséquent, un

réseau capital à la fois autonome et indissociable du corps de ma thèse.

Voici donc quel est mon alibi au moment où j'invite le lecteur à pénétrer de plain - pied dans

un univers de duplicité, d'illusion et de faux - semblant... 10

INTRODUCTION

11

INTRODUCTION

Il était une fois la critique et le roman policier... Longtemps le genre policier fut relégué dans les caniveaux de la para ou de l'infra -

littérature, immense continent laissé en friche, la relation du peuple à la lecture étant tournée

en dérision par une altérité condescendante. "Convenu" tel était l'adjectif utilisé pour

commenter le flux d'images généré par la narration vive, directe, qui paradait ludiquement autour de la mort, soit dans des rétrospectives logiques (comme le roman d'énigme ou le " polar " classique) soit dans des récits plus violents (de type roman d'aventures ou "hard boiled" américain). L'on occultait alors le véritable enjeu de ce genre prolifique en assurant

dédaigneusement qu'il se bornait à pousser à son paroxysme le code herméneutique (position

d'une question et retard mis à sa résolution). Pourtant nous savons aujourd'hui que ce genre

touche à l'affect : en reconstruisant par bribes une intrigue destinée à faire progressivement

sens, le lecteur exhume, en effet, un temps perdu, une parole initiale effacée, dans une

démarche régressive en rapport avec certaines préoccupations existentielles comme le mystère

des origines ou la nostalgie d'une période révolue idéalisée. Cette exhumation1 d'un épisode égaré (correspondant à une ellipse dans le récit) est exploitée de manière originale par deux auteurs, Pierre Véry et Agatha Christie, dont les

fictions, catalysées par une transgression, ne se cantonnent pas à la recherche d'une identité

mais se doublent, le plus souvent, d'une autre exploration : celle de l'enfance - symbole même de l'innocence et d'un état antérieur à la faute. Nous nous emploierons à montrer comment, dans ces fictions motivées par un crime mystérieux, s'ébauche une représentation de l'enfance qui ne repose pas forcément sur un

fond de réalité. Nous tenterons de préciser la façon dont l'enfance s'érige graduellement en

mythe, devenant un symbole pour notre sensibilité. Enfin, nous nous efforcerons d'évaluer l'influence de ce mythe sur les aficionados du genre policier. La part de catharsis ou d'expérimentation restera bien évidemment à déterminer pour l'un et pour l'autre des

1 "Dans le roman policier", dit Michel Butor (L'emploi du temps, 1956, 10/18, p.251), "le récit est fait à contre-

courant, ou plus exactement (...) il superpose deux séries temporelles : les jours de l'enquête qui commencent au

crime, et les jours du drame qui mènent à lui." 12 romanciers ; c'est pourquoi nous n'exclurons aucun titre de nos recherches afin de prévenir toute hypothèse restrictive.

Notre thèse s'inscrira donc dans une triple perspective : étude de l'idéologie immanente à

un type de pratique textuelle, analyse du caractère esthétique de cette pratique à travers le

prisme du mythe de l'enfance, commentaires sur les conséquences de cette interdépendance inattendue. Compte tenu de l'importance des corpus, notre travail aura pour vocation première d'interroger, par le biais de sondages, de suppositions et de propositions d'interprétations, non seulement la relation de réciprocité qui relie un fonctionnement à une philosophie, une

structure à un esprit imaginatif, un style à une songerie, mais surtout de manière ultime, "la

rétrospective d'un meurtre"2 à une chanson enfantine.

2 "Rétrospective d'un meurtre" est le titre du chapitre V de la Dernière énigme (Agatha Christie, La dernière

énigme, Torino, Les Intégrales du masque 13, 2000, p.1071). 13

PREMIÈRE PARTIE :

PIERRE VÉRY ET AGATHA CHRISTIE,

LES NOCES DE SANG.

14

1ÈRE PARTIE : PIERRE VÉRY, AGATHA CHRISTIE, LES NOCES DE SANG.

Préambule :

Pierre Véry, Agatha Christie...

Deux pays. Deux auteurs. Deux parcours. Deux productions romanesques couvrant tout un

pan du vingtième siècle. Deux noms légués à la postérité pour le pire et le meilleur. Le

premier de ces patronymes, ainsi que le note Thierry Picquet, "semble ressurgir des oubliettes

de la littérature"3. En dépit de l'acharnement4 de son fils, Noël, à perpétuer son oeuvre, Pierre

Véry demeure le grand oublié du roman policier français. Il a pourtant inventé un genre

littéraire, le roman de mystère, à l'écart du récit policier à énigme - initiative qui lui a valu, en

son temps, l'admiration des plus grands auteurs anglo-saxons, tel le fameux tandem Ellery Queen. Pourtant, si aujourd'hui la flamme fragile ne s'est pas encore éteinte, c'est davantage du fait des cinéphiles que des lettrés : le nom "Véry" ne s'inscrit guère plus sur des

couvertures d'ouvrages fraîchement réédités5 mais il brille encore faiblement par le biais des

génériques noir et blanc des adaptations cinématographiques de ses meilleurs romans. Parmi les adaptations les plus célèbres de ses romans, l'on se rappellera des Disparus de Saint-Agil mis en scène par Christian-Jaque en 1938 avec des dialogues de Jacques Prévert et une brillante distribution (Éric Von Stroheim, Michel Simon, Mouloudji) mais également de l'Assassinat du Père Noël (1941) avec Harry Baur, de Goupi - mains rouges réalisé par Jacques Becker ou bien encore du Pays sans étoiles (1945) avec Gérard Philipe. Inversement, la dénomination "Agatha Christie" représente à la fois une garantie et un sésame : garantie, pour de nombreux aficionados sans cesse renouvelés qui savent exactement

ce qu'ils vont trouver dans ses fictions ; sésame pour ses héritiers puisque c'est une véritable

manne que déverse, de manière ininterrompue, la florissante société Agatha Christie Ltd,

aujourd'hui dirigée par Mathew Prichard, le petit-fils de la romancière. Constamment réédité,

le fonds littéraire est géré de main de maître. Comme l'écrit Jacques Baudou dans son article

3 Thierry Picquet, Lectures de Pierre Véry , La Haye-Fouassière, Éditions du Petit véhicule, 2003.4 Avec en l'an 2000, dans le département de la Charente, l'organisation d'une commémoration pour le centenaire

de la naissance du romancier et plus récemment encore la tenue de l'exposition "Pierre Véry, l'enchanteur

assassin" à la bibliothèque des littératures policières de Paris (voir annexes). 5 L'on notera ainsi la tentative inaboutie de la librairie des Champs-Elysées pour rééditer, dans les années quatre-

vingt-dix, l'intégrale des oeuvres véryiennes. Trois volumes, seulement, ont vu le jour. 15 "les vies posthumes d'Agatha Christie", son oeuvre romanesque "n'a pas eu à connaître de purgatoire"6 et cette pérennité7 peut s'expliquer par plusieurs facteurs : - la parution d'oeuvres posthumes : précurseur en la matière, le roman La dernière Énigme publié en 1976. Suivront Une autobiographie (1977) et les recueils de nouvelles Miss Marple tire sa révérence (1979), Le second coup de gong (1991) et Tant que brillera le jour (1998). Ces trois derniers titres regroupent des histoires parues dans des magazines mais aussi

des récits remontant aux débuts littéraires d'Agatha. À toutes ces parutions posthumes, l'on

pourrait ajouter la novélisation de pièces de théâtre telle celle opérée par Charles Osbourne

qui a transposé de la scène au livre Black coffee (1998) et La toile d'araignée (2000). - le rôle primordial de la radio et de la télévision dans l'amplification de l'adhésion

populaire : la diffusion du téléfilm Pourquoi pas Evans ? ayant généré, en 1980, une audience

sans précédent en Grande-Bretagne, les détectives Tommy et Tuppence Beresford devinrent

les héros récurrents d'une série de onze épisodes durant l'automne et l'hiver 1983. À la même

époque, la chaîne ITV mit en chantier une suite de feuilletons inspirée de nouvelles sous le

titre sibyllin de Dix brèves rencontres. La BBC poursuivit cette offensive de matraquage en

proposant à ses téléspectateurs, dès 1984, une version filmée des investigations de miss

Marple. Amorcée avec Un cadavre dans la bibliothèque, cette collection de téléfilms de haute

tenue, avec Joan Hickson dans le rôle titre, se referma sur la programmation du Miroir se brisa. En janvier 1989, ce fut au tour du comédien David Suchet d'endosser, avec bonheur, la

panoplie d'Hercule Poirot dans le pilote d'une série télévisée produite par London Weekend

television : "Agatha Christie's Poirot". Entre 1989 et 2001, l'acteur reprendra ce rôle pas moins de quarante-huit fois ! Aujourd'hui encore, de nouvelles salves de tournages sont lancées par la production qui semble avoir trouvé dans les romans et les nouvelles mettant en scène le petit Belge une source d'inspiration (et de revenus) inextinguible. Le média radio

n'est pas en reste en Angleterre où les adaptations se mirent à proliférer dès 1986 : le Noël

d'Hercule Poirot, Le Meurtre de Roger Ackroyd, ABC contre Poirot, La Maison du péril, Le major parlait trop, Un meurtre sera commis le,...À l'hôtel Bertram, L'affaire Protheroe... Hercule Poirot et Miss Marple ont désormais, pour les auditeurs de la station Radio 4 de la BBC, les voix inimitables de John Moffat et de June Whitfield.

6 Jacques Baudou "Les vies posthumes d'Agatha Christie" in Tant que Brillera le jour, Les Intégrales 14,

Varese, 2001, p.7.7 En France les romans et recueils de nouvelles écrits par la reine du crime sont très largement diffusés par le

biais du livre de poche et par diverses collections déclinées par la librairie des Champs-Elysées : "Le Masque",

"Le Club des Masques", "les Intégrales du Masque". 16 - la montée en puissance d'auteurs se réclamant à titre expérimental de l'oeuvre christienne : ainsi que le constate Jacques Baudou (" Les vies posthumes d'Agatha Christie ",

op. cit., p.13), un certain nombre d'auteurs de littérature générale, soucieux

d'expérimentation, ont détourné la machinerie romanesque christienne (qui peut être

considérée comme la quintessence du roman d'énigme) pour élaborer des oeuvres d'un statut

particulier. Tel est le cas de l'écrivain belge Benoît Peeters avec La Bibliothèque de Babel

(Robert Laffont, 1980), roman d'ailleurs suivi d'une étude intitulée Tombeau d'Agatha Christie. L'on peut évoquer, également, Jean Lahouge et sa Comptine des Heights (Gallimard

1980) ou bien encore Pierre Bayard dont l'essai Qui a tué Roger Ackroyd ? (Editions de

Minuit, 1998) propose une relecture du roman d'Agatha Christie en démontrant que le docteur

Sheppard, piégé par Hercule Poirot, n'a pas commis le meurtre mais qu'il se tait pour protéger

sa soeur, la véritable coupable.

- et enfin le statut paradoxal conféré à l'auteur et à la plus célèbre de ses créations,

Hercule Poirot : dans le roman Agatha, Kathleen Tynan fait de l'écrivain l'un des

personnages principaux de sa fiction, motivée par la mystérieuse disparition de décembre

1926. Cette zone d'ombre - indépendamment d'une discrétion légendaire et d'un mode de vie

pour le moins atypique (elle partageait son existence entre de confortables résidences et de sommaires campements sur les chantiers de fouilles) - a entouré Agatha Christie d'une aura romanesque comme le prouve la forme épistolaire adoptée par plusieurs essais. Dans le premier chapitre d'Agatha Christie "Duchesse de la mort" (Genève édition Seuil, 1981, p.11) François Rivière adresse ainsi une "Lettre à Lady Mallowan" (son nom de femme remariée)

aux détours de laquelle il lui livre sa conviction: "Oui, chère Lady Mallowan, il me paraît que

décidément votre héroïne la plus romanesque et la plus mystérieuse est bien cette Agatha

Christie dont l'oeuvre littéraire à vos yeux n'a peut-être pas plus d'épaisseur que celle de son

double mythique Ariadne Oliver si souvent ridiculisée par vos soins !" (Ibid., p.13). Hughette Bouchardeau, dans l'étude qu'elle lui a consacrée, Agatha dans tous ses états (Saint-Amand Montrond, Flammarion, 1998, p.7), la salue d'un révérencieux " Bonjour Dame Agatha" pour presque aussitôt dévoiler son projet aux enjeux davantage fictionnels que biographiques :

"( ...) votre réussite est si étonnante qu'elle porte à s'interroger sur la personne que vous

fûtes, sur votre manière d'écrire, sur la façon dont sont toujours mêlées, dans les existences

d'écrivain, l'écriture et la vie (...) quitte à faire la part trop belle à l'imagination, nous serions

tentée de privilégier cette piste." La romancière érigée en héroïne de fiction trouve son

contrepoids dans le héros de fiction transformé en haute personnalité historique comme tend

à le prouver un entrefilet de l'Express (juin 1978), signalant qu'une statue d'Hercule Poirot a 17

été dressée dans le village belge d'Ellezelles où, d'après le registre de l'état civil, le détective

serait né le 6 avril 1850 ! Cette dynamique, vraisemblablement inhérente à une logique commerciale8 poussée à son paroxysme, n'en doit pas moins occulter la position de pionnière occupée par Agatha Christie dans les années 20 : l'émergence de notre auteur coïncide en effet avec les balbutiements du "detective novel", cette mise au point chronologique permettant de mieux appréhender l'incidence de ses premiers écrits sur la codification d'un genre en pleine maturation. Au début des années 20, lorsque Agatha Christie commence à s'adonner au roman policier, le genre est- comme le rappelle Jacques Baudou (" La chandelle empoisonnée " in La Mystérieuse Affaire de styles, Varese, les Intégrales du masque 1, 1990, p.15) " beaucoup moins monolithique qu'on ne l'imagine habituellement, et se scinde en deux tendances (...) nettes : le roman d'énigme et le " thriller », le roman rébus et le roman poursuite, pour reprendre la belle terminologie d'André Berge." Ses cinq premiers écrits se partagent entre ces deux tendances avec deux récits relevant du roman d'énigme (La mystérieuse affaire de styles, Le crime du golf) et trois autres se rapportant au roman d'aventures criminelles (Mr Brown, L'homme au complet marron, Le secret de

Chimneys.)

I. JEUX DE GLACES

L'intitulé de cette partie, en hommage au roman éponyme d'Agatha Christie, n'a d'autre but

que de confronter les deux auteurs et les deux corpus afin de prouver que notre

rapprochement ne relève pas du miroir aux alouettes. Il faut donc considérer cette étape

préalable comme décisive puisque, à l'instar du stade9 du miroir décrit par le psychanalyste

Jacques Lacan, l'oeuvre de Véry peut réfléchir celle de Christie (et vice versa) de manière

suffisamment nette pour que se discernent et s'ébauchent les enjeux de notre thèse.

A. Parcours croisés.

8 Après guerre le marketing s'empara de la production christienne, la paronomase "A Christie for Christmas"

tenant lieu de slogan publicitaire.9 Selon Lacan, le premier pas fondamental de la structuration du sujet s'opère lorsque l'enfant, entre 6 et 18

mois, identifie sa propre image dans un miroir. 18

15 septembre 1890 : Agatha Mary Clarissa Miller, fille de Frederick Miller et de Clara West,

vient au monde à Torquay dans le Devonshire. Elle est la cadette d'une famille aisée qui compte deux autres enfants : Margaret dite Madge et Louis Montant surnommé Monty.

17 novembre 1900 : Pierre Véry voit le jour dans un petit hameau rattaché à la commune de

Bellon au sud de la Charente. Son père, professeur de mathématiques, a été "rayé des cadres

pour s'être trop occupé de politique."10 Quant à sa mère, conteuse à l'imagination débordante,

elle disparaît prématurément, non sans avoir semé dans l'esprit de son fils le goût de la féerie.

En ce début de siècle, Agatha connaît un drame similaire : son père meurt en 1901 ; peu après,

l'adolescente solitaire, à l'esprit chimérique, est inscrite, pour la première fois, dans une école

avant de fréquenter dès 1906 "des maisons d'éducation françaises".11

Sensiblement à la même époque, Pierre Véry commence, cahin - caha, une scolarité au petit

séminaire de Sainte - Marie à Meaux. Rêvant de voyages et d'Amérique, il forme avec deux

camarades la société secrète des Chiche-Capon puis abandonne ses études pour rejoindre son

père installé à Paris. Jusqu'en 1924, l'apprenti aventurier multiplie les tentatives afin de faire

le tour du monde. Las ! Son essai le plus abouti le conduit jusqu'à Casablanca où, garçon de

cuisine sur un cargo, il réalise qu'il n'a pas le pied marin. Il décide alors de voyager par procuration en ouvrant, l'incorrigible rêveur, un étal de bouquiniste à Paris.

Entre-temps les projets imaginaires d'Agatha se sont, eux, matérialisés. Elle est, à la fois,

épouse, mère, écrivain et citoyenne du monde : après un séjour en Egypte, elle a, en effet,

rencontré en 1912 un séduisant sous-officier, Archibald Christie, qu'elle a épousé ; tout en

travaillant comme aide-soignante à l'hôpital de Torquay et comme assistante-chimiste dans un dispensaire, elle a, forte de sa nouvelle connaissance dans le domaine des poisons,

entrepris la rédaction d'un roman policier intitulé La Mystérieuse affaire de Styles ; enfin,

comble de l'allégresse pour cette jeune maman12, elle a accompagné son mari dans une mission de dix mois autour du monde. Davantage que la fréquentation des poisons, c'est la cohabitation avec les livres (et le

côtoiement de prestigieux écrivains comme André Gide) qui décide de la carrière de Pierre

Véry. Auteur de nouvelles vendues à plusieurs magazines, éditorialiste pour La Revue

européenne (où il brosse le portrait d'écrivains célèbres), rédacteur en chef de son propre

journal, l'éphémère Pantagruel, il s'impatronise dans le milieu littéraire lorsque les éditions

Gallimard retiennent en 1927 son premier grand texte, Pont-égaré. Cependant, en raison des

10 Thierry Picquet, op. cit., pp.15-16.11 Hughette Bouchardeau, op. cit., p.40 : "1906. Agatha est pensionnaire dans des maisons d'éducation en France

(chez Mademoiselle Cabernet à Paris, puis aux Marronniers, à Auteuil, enfin chez Miss Dryden à Paris)."12 Maman d'une petite Rosalind née le 5 avril 1919.

19

méventes de cette "féerie paysanne"13, le jeune auteur impécunieux écrit, dans l'urgence, un

pastiche du roman policier anglais et le fait publier sous le pseudonyme de Toussaint-Juge. Le testament de Basil Crookes14 obtient en 1930 le premier Grand Prix du roman d'aventures,

fondé par Albert Pigasse (l'inventeur de la collection " le Masque ») et il connaît un succès

retentissant. Mais comme le scanderont les écrits sentimentaux livrés quelques années plus tard par une certaine Mary Westmatcott, le bonheur a un prix et, en ce crépuscule des années 20, c'est à

Agatha Christie, l'auteure célébrée de sept romans15, de faire les frais de sa félicité passée : sa

mère chérie décède en 1926 ; son époux avoue un adultère ; victime de dépression elle fugue

pendant onze jours, tandis qu'avril 1928 voit la prononciation de son divorce. Passage subit des cimes du bonheur au tréfonds du malheur auquel elle répond instinctivement par son

maître mot : évasion, évasion non plus par l'imaginaire de la plume mais par le dépaysement

procuré par les trains, les bateaux et les senteurs de l'Orient, où elle rencontre, lors d'une seconde expédition en 1930, celui qui deviendra son nouveau mari : l'archéologue Max

Mallowan.

Avec la parution, en 1934, de trois récits résolument criminels16, Pierre Véry embrasse, au

prix d'un certain renoncement17, la carrière d'auteur de romans policiers - un genre considéré

comme mineur auquel il a très vite l'impression d'être menotté. Dans une interview donnée à

Pierre Berger dans Les Nouvelles littéraires, Pierre Véry se plaint d'être systématiquement

associé à ce genre : "Je ne pourrais plus, aujourd'hui, écrire quoi que ce soit, fût-ce un sonnet,

sans qu'on l'affuble de ce vocable de policier."

Prisonnier des diktats du monde de l'édition, il doit, en effet, fournir dans des délais de plus

en plus courts un nombre d'écrits de plus en plus important. C'est ainsi qu'entre 1934 et 1938, il compose pas moins de quatorze romans parcourus par l'ombre de personnages récurrents

13 Thierry Picquet, op. cit., p.24 : "André Malraux (...) encensera ce roman (...) que Pierre Béarn qualifie, à juste

titre, de féerie paysanne, mais qui, pour Véry, reste " le livre de l'enfance » où il décrit un milieu rural empreint

de magie, de sorcellerie, une sorte de matière épique fondatrice."14 Un faux nom pour un roman au titre approprié, l'homonyme "crook" pouvant être traduit, en français, par

" escroc ».15 Et plus précisément de La mystérieuse affaire de Styles, paru en 1920, de Mr Brown (1922) du Crime du golf

(1923), des Enquêtes d'Hercule Poirot (1924), de L'homme au complet marron (1924), du Secret de Chimneys

(1925) et enfin du Meurtre de Roger Ackroyd édité en 1926.16 Thiery Picquet, op. cit., p.28 : " Si, dans les premiers livres de Pierre Véry, étaient déjà en germe des éléments

qui participent d'une thématique criminelle ( ...) c'est en 1934, avec la parution de trois romans : Clavier

Universel (achevé d'imprimer en 1933), Les quatre vipères et Meurtre quai des orfèvres que débute

véritablement la carrière d'auteur de romans policiers de l'écrivain, exception faite du Testament de Basil

Crookes, pastiche de la " Detective novel » anglo-saxonne, écrit en 1929 comme une gageure."17 Ainsi le note Thierry Picquet (Ibid., p.31), "Il [Véry] affirme nettement ses préférences pour ses premiers

romans " littéraires », Pont égaré et Danse à l'ombre, s'excuse même (...) de s'être commis à écrire de la

" sous- littérature », multiplie les déclarations où il avoue ne pas être un lecteur de romans policiers."

20

tels l'avocat - détective Prosper Lepicq et Jugonde, son fidèle assistant. À savoir : Meurtre

quai des orfèvres, Monsieur Marcel des pompes funèbres, L'assassinat du Père Noël, Les quatre Vipères, Le réglo, Les disparus de Saint-Agil, Le gentleman des antipodes, Les trois Claude, Le thé des vieilles dames, Goupi-Mains rouges, Mam'zelle Bécot, Monsieur Malbrough est mort, L'inspecteur Max , Série de sept. Outre-Manche, l'exaspérant Hercule Poirot ne règne plus sans partage sur la fiction christienne. Il doit parfois céder le pas à une vieille demoiselle apparue en 1930 dans L'affaire Protheroe. Miss Marple est une "Armchair detective" qui dénoue les énigmes du

présent en les soumettant à l'aune des épisodes de son passé. Cette démarche rappelle celle de

notre romancière qui, à partir de 1930, sous le pseudonyme de Mary Westmacott, explore et

(ré) invente sporadiquement sa vie dans des fictions expérimentales surchargées de

réminiscences autobiographiques. Mary Westmacott a signé six romans : Musique barbare (1930), Portrait inachevé (1934), Loin de vous ce printemps (1944), L'if et la rose (1947), Ainsi vont les filles (1952), Le poids de l'amour (1956).quotesdbs_dbs22.pdfusesText_28
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