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MCED n°95 - Décembre 2018

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JNDESATELIER

Médecin chercheur, pourquoi pas ?

Cyrielle Caussy

1 , Peter Kamenický 2 1 Service d'endocrinologie diabète et nutrition, Hospices Civils de

Lyon, Centre Hospitalier Lyon Sud

2

Service d'Endocrinologie et des Maladies de la Reproduction, Hôpital de Bicêtre, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, et Faculté de Médecine Paris Sud, Université Paris-Sud,

et Inserm 1185, Le Kremlin-Bicêtre

Mots clés

: médecin, chercheur L sont intimement liées.

L'interaction créative entre médecins et

chercheurs est la force motrice primor- diale du progrès et de l'innovation médi- cale.

Le dialogue fructueux entre les méde-

cins et chercheurs oriente les directions favoriser le développement de nouveaux outils diagnostiques ou d'ouvrir des voies thérapeutiques innovantes. La médecine pose ainsi les " bonnes » questions, aux- quelles la recherche tente de répondre.

Avoir la double casquette du médecin

chercheur est un atout considérable, enri- chissant substantiellement les possibilités de carrière médicale. Cette double compé- tence permet de concilier une activité cli- nique au plus proche des problématiques des patients et une activité de recherche passionnante procurant la satisfaction de contribuer aux avancées de sa discipline.

En outre, l'acquisition d'un raisonnement

liorer leur acuité diagnostique et la prise en charge des patients. Il permet aussi de mieux appréhender les progrès technolo- giques récents qui transforment radicale- ment l'exercice de la médecine.

L'acquisition d'une double compétence

médico-scientifique relève d'un choix professionnel important et nécessitera un investissement conséquent pour le jeune

étudiant en médecine. Sans surprise, elle

prolongera la durée du cursus.

Il est donc important de sensibiliser au

plus tôt les étudiants en médecine et les plus jeunes médecins à la recherche scien- double cursus. Les parcours

Plusieurs parcours permettent d'intégrer

la formation médicale. Ces parcours sont proposés par les facultés de médecine ou

L'École de l'Inserm Liliane Bettencourt

est une formation précoce à la recherche.

Il s'agit de donner la possibilité aux étu-

diants en médecine ou pharmacie qui le souhaitent de faire de la recherche en pa- exemple, associer plus tard une activité de recherche à leur pratique clinique. Cette formation s'inspire des cursus MD-PhD qui existent notamment aux Etats-Unis.

Elle permet de réaliser en deux étapes

Un Master 2 (M2) de recherche : en 4e

année (après le DFGSM 3).

Une thèse de Sciences soit directement après le M2 de recherche ou bien au décours de l'internat .

Environ 60 étudiants de 2

e année sont pré- sélectionnés pour participer à une session de 2 semaines intensives de préparation incluant cours, conférences, lectures cri- tiques d'articles et échanges informels avec les enseignants. Ils doivent égale- ment valider une unité d'enseignement (UE) de Master 1 (M1) au choix pendant leur 2 e année. Finalement environ 20 à 25 étudiants seront sélectionnés sur concours

Le Programme Médecine/Sciences de

L'École normale supérieure, l'Universi-

té de recherche Paris Sciences et Lettres (PSL), l'Institut Curie et l'Institut Pasteur proposent un Programme Médecine/

Sciences offrant un cursus mixte médical

dans le programme se fait après la 2 e an- née sur concours (environ une dizaine de postes par an). Les trois premières années dans le Programme permettent d'obte- une rémunération. La première année du en parallèle la 3e année de médecine et une formation scientifique appropriée dans les différents établissements parte- naires (équivalence d'un Master 1). Puis les étudiants interrompent leur formation médicale pour suivre un M2 de recherche composé d'enseignements disponibles au sein des différents établissements du pro- gramme.

À l'issue de cette 2

e année, ils choisissent entre deux voies

s'engager immédiatement dans une thèse de Sciences, pour reprendre à l'issue de celle-ci leurs études de mé-

contrats doctoraux proposés par les

reprendre leurs études de médecine avec l'objectif de réaliser une thèse de Science au cours de leur internat. Ils conservent leur rémunération pendant leur 4e

et éventuellement 5 e année de médecine/pharmacie, suivant leur sta- tut.

Les doubles cursus en faculté de médecine

Les facultés de médecine proposent à leurs

étudiants différentes options pour mener

à bien une formation à la recherche en

parallèle de leurs études médicales. Dans certaines facultés de médecine, il est pos- 78

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sible de réaliser un double cursus intégré au cursus médical. et unité d'enseignement (UE) de Master 1 pendant le DFGSM2. Il doit réaliser 6 mois de stage les deux étés suivants le DFGSM

2 et 3 (2×3 mois). Une fois en DFGSM 3,

l'étudiant doit valider une ou plusieurs UE de son choix pour compléter le nombre d'ECTS requis pour valider son M1.

Les étudiants peuvent également em-

prunter un cursus autonome dans lequel ils choisissent les UE dans l'offre pédago- gique proposée par la faculté. Il devront ensuite effectuer les démarches pour ef- fectuer un stage en laboratoire. Ainsi, il est possible de valider les UE de Master

à un rythme adapté au double cursus (par

exemple valider le M1 en deux voire trois ans).

Par la suite, les jeunes médecins peuvent

réaliser leur M2 au cours de l'internat. Le principal facteur limitant est l'obtention des disciplines, l'étudiant et son laboratoire d'accueil peuvent faire appel à diverses so-

ciétés savantes, des fondations caritatives de recherche ou des Instituts susceptibles conseillé de prendre contact avec le labo- ratoire d'accueil dans lequel le jeune mé- decin souhaite effectuer le stage de M2 le plus vite possible (environ un an avant le appropriées auxquelles il pourra postuler qui sera nécessaire pour candidater à ces

Le stage de 6 mois, souvent prolongé

jusqu'à la reprise de l'internat, permet de découvrir la vie au laboratoire, d'acquérir ser un projet de recherche encadré par un chercheur ou un enseignant chercheur. Les travaux réalisés au cours du M2 peuvent

déboucher sur une publication scienti-de véritables vocations et peut conduire à la poursuite vers une thèse de Sciences. d'internat ou au décours du clinicat et pour-

ra s'intégrer dans l'optique d'un parcours hospitalo-universitaire. cement institutionnel ou de l'industrie est un élément clef pour que le travail de thèse puisse se réaliser dans des conditions citons les contrats " Postes d'Accueil » de l'Inserm, qui permettent à de jeunes mé- decins, d'effectuer 2 années à temps plein dans une unité de recherche de l'Inserm pour réaliser une thèse de sciences. Ainsi, l'Inserm poursuit sa politique de forma- tion à la recherche par la recherche et de renforcement des liens entre recherche fondamentale et recherche clinique.

La durée et les exigences de ce cursus im-

posent de choisir ce parcours relativement

Tableau

. Parcours permettant une formation en recherche scientifique et la formation médicale. ECN

Sciences

M1 Faculté de médecinePACESDGFSM2DGFSM3DAFSM1DAFSM2DAFSM3InternatM2InternatDoctorat ECN Ecole de l'InsermPACESDGFSM2DGFSM3/M1M2DAFSM1DAFSM2DAFSM3InternatDoctoratInternat ECN

DoctoratDAFSM1DAFSM2DAFSM3Internat

Concours programme M/S ENS

ECN

Cursus programme

médecine science ECN

Doctorat

DAFSM1DAFSM2DAFSM3Internat

Diplome ENS

Années1234567891011121314

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tôt dans les études médicales. Il est néan- moins parfaitement concevable qu'un jeune étudiant en médecine hésite à embrasser ce long parcours dès la deuxième année de médecine à peine sorti d'une première vocations peuvent se révéler plus tardive- ment et il est tout à fait envisageable de parvenir néanmoins à valider Master 2 et thèse de Science pour une carrière de médecin-chercheur. Bien que cette option sente également plusieurs avantages. En effet, un jeune médecin ou étudiant plus avancé dans son parcours médical pourra plus précisément orienter sa formation de chercheur en adéquation avec le choix de sa spécialité. Son expérience clinique et la ma- turité acquise durant son parcours peuvent également faciliter son intégration dans des projets de recherche et favoriser l'accom- plissement et la réussite de ces projets.

Perspectives

L'expérience en recherche acquise au cours

d'un M2 de recherche pour un jeune mé- decin est enrichissante même si elle ne mène pas nécessairement à un doctorat en Sciences et à une carrière de médecin cher- cheur. Au cours de l'internat et du clinicat, il pourra être amené à réaliser des travaux de recherche clinique proposés par son ser- vice ou dans la cadre de sa thèse ou de son mémoire. Avoir acquis un raisonnement

compréhension méthodologique lui facili-tant une analyse critique de données sera un atout pour la réalisation de ses travaux. Cette expérience en recherche sera égale-

sa pratique clinique future.

La réalisation du double cursus peut aboutir

à l'obtention de deux doctorats : le docto-

rat en Médecine et le doctorat en Sciences.

Cette double formation ouvre de nom-

breuses perspectives de carrière :

Elle est notamment un prérequis in-

dispensable pour accéder à des postes hospitalo-universitaires (de Maître de

Conférence-Praticien Hospitalier ou de

Professeur des Universités - Praticien

hospitalier).

Le médecin-chercheur pourra égale-

ment intégrer des équipes de recherche cherche. A l'Inserm, la poursuite de l'activité de recherche translationnelle d'un jeun médecin hospitalo-univer- sitaire peut être favorisée et soutenue par un Contrat d'Interface Inserm pour hospitaliers, le libérant en partie de ses activités cliniques durant une période de

3 à 5 ans (renouvelable une fois).

joindre l'industrie et se tourneront vers le secteur privé.

Pour pouvoir aspirer à un poste de Professeur

des Université - Praticien Hospitalier, il est indispensable d'avoir réalisé une mobilité dans une autre institution en France ou de

préférence à l'étranger. Cette mobilité à l'étranger est aussi un prérequis pour ac-

céder à des postes académiques ou privés de hauts niveaux. Elle peut s'intégrer à dif- férents moments du cursus avant ou après le clinicat. Il s'agit d'un moment très privi- légié et essentiel pour acquérir de nouvelles connaissances, consolider sa thématique de recherche et développer un réseau de col- laborateurs dans son domaine d'expertise.

Bien souvent, il s'agit aussi d'une aventure

familiale qui rend son organisation et sa réalisation plus complexes. En revanche elle permet d'apporter un enrichissement culturel, une ouverture d'esprit inestimable voire l'apprentissage d'une langue étran- gère pour l'ensemble de la famille. La mo- bilité devra quoi qu'il en soit être anticipée pour le choix de son laboratoire d'accueil

En conclusion, la carrière d'un médecin -

chercheur requiert un parcours de forma- un investissement personnel conséquent à l'image de beaucoup d'autres formations d'excellence. Cependant, il s'agit d'une aventure passionnante, qui ouvre l'accès

à un des métiers les plus extraordinaires

qui soient, situé au coeur du progrès de la médecine et de la connaissance en biolo- gie humaine. Et notre ambition de méde- cin-chercheur est bien celle-là : découvrir pour mieux soigner ! C. Caussy, P. Kamenický peter.kamenicky@aphp.frquotesdbs_dbs33.pdfusesText_39

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