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9 avr. 2022 Court examen critique sur une annonce relative aux travaux entrepris par l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles.



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Kernos 20

9 sept. 2011 arrivé de devoir renoncer au moins provisoirement



Projet Pédagogique Annuel dune classe de 2nde ECLA

axe (? examen) Exercice 2 : Voici les noms des douze dieux de l'Olympe. ... 2) Repère dans le texte grec le nom des deux enfants d'Alcmène.



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est en cours et qu'à certains égards



Lécriture au collège etau lycée.

2 avr. 2014 exercices d'écriture variés au sein d'une même séquence. ... cours sur l'évaluation de F. Campanale - Académie de. Grenoble. (pwpt 2).



Évolution de limage et de la pratique des sages-femmes: un nouvel

24 nov. 2015 image et celle de son exercice quotidien ? ... C'est au cours de ce siècle que la profession et la formation vont se ... Les examens de.



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Romulus et Rémus : la fondation de Rome – exercices. 42-43. Versions Au cours du IIe millénaire avant J.-C. des tribus nomades du Nord-.



christian grenier les douze travaux dhercule

Aussitôt les humains identifièrent Jupiter

Kernos

Revue internationale et pluridisciplinaire de religion grecque antique

20 | 2007

Varia

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/kernos/159

DOI : 10.4000/kernos.159

ISSN : 2034-7871

Éditeur

Centre international d'étude de la religion grecque antique

Édition

imprimée

Date de publication : 1 janvier 2007

ISSN : 0776-3824

Référence

électronique

Kernos

, 20

2007 [En ligne], mis en ligne le 09 septembre 2011, consulté le 08 septembre 2022. URL

; DOI : https://doi.org/10.4000/kernos.159 Ce document a été généré automatiquement le 8 septembre 2022.

Tous droits réservés

SOMMAIREÉditorialÉditorialAndré Motte et Vinciane Pirenne-DelforgeHommageHommage à Jean-Pierre VernantStella GeorgoudiÉtudes"Bulls cut down bellowing"Ritual leitmotifs and poetic pressures in Iliad XXIIIMargo KittsPherekydes' DaktyloiRitual, technology, and the Presocratic perspectiveSandra BlakelyThe Semantics of FertilityLevels of Meaning in the ThesmophoriaRadek ChlupRitual mutilation in Apollonius Rhodius' Argonautica

A contextual analysis of IV, 477-479 in search of the motive of the

Reinhart Ceulemans

Space and the notion of final frontier

Searching for ritual boundaries in the Classical Athenian home

Janett E. Morgan

Les fonctions du mythe dans l'organisation spatiale de la cité

L'exemple de Tanagra en Béotie

Dominique Jaillard

La divinité mortelle d'Antiochos III à Téos

Angelos Chaniotis

Porter la couronne d'un dieu : titre civique, charge religieuse, pouvoir ou fardeau ?

Beate Dignas

Généalogie et historiographie : une réécriture de la généalogie des rois de Sparte

Le cas de Démarate chez Hérodote

Gerasimoula Zographou

Bijou à la mer !

Pierre Somville

Kernos, 20 | 20071

Zeus' Missing EarsFrederick E. BrenkLa Banque de données sur les épiclèses divines (BDDE) du Crescam : sa philosophiePierre Brulé et Sylvain LebretonChronique des activités scientifiquesEpigraphic Bulletin for Greek Religion 2004 (EBGR 2004)

Angelos Chaniotis et Joannis Mylonopoulos

Chronique archéologique de la religion grecque (ChronARG)

Revue des livres

Compte rendu critique

The importance of sacrifice: new approaches to old methods

Gunnel Ekroth

Comptes rendus et notices bibliographiques

CARASTRO Marcello, La cité des mages. Penser la magie en Grèce ancienne

Fritz Graf

PAPALEXANDROU Nassos, The Visual Poetics of Power. Warriors, Youths, and Tripods in Early

Greece

François de Polignac

GIANNISI Phoebé, Récits des voies. Chant et cheminement en Grèce archaïque

André Motte

CALAME Claude, Pratiques poétiques de la mémoire. Représentations de l'espace-temps en

Grèce ancienne

Vinciane Pirenne-Delforge

PACHE Corinne Ondine, Baby and Child Heroes in Ancient Greece

Véronique Dasen

motivgeschichtlich verwandte Dichtungen

Vinciane Pirenne-Delforge et Gabriella Pironti

VALDÉS Miriam, El papel de Afrodita en el alto arcaísmo griego. Política, guerra, matrimonio

e iniciación

Gabriella Pironti

SAUZEAU Pierre, Les partages d'Argos. Sur les pas des Danaïdes

Christoph Auffarth

Kernos, 20 | 20072

GRECO Emanuele (éd.), Teseo e Romolo. Le origini di Atene e Roma a confronto. Atti del convegno intern. di studi

Gabriella Pironti

CURRIE Bruno, Pindar and the Cult of Heroes

Gunnel Ekroth

PARKER Robert, Polytheism and Society at Athens

Vinciane Pirenne-Delforge

DESTRÉE Pierre, SMITH Nicolas D. (éds), Socrates' Divine Sign: Religion, Practice, and Value in

Socratic Philosophy

Aikaterini Lefka

SOURVINOU-INWOOD Christiane, Hylas, the Nymphs, Dionysos and Others. Myth, Ritual,

Ethnicity

Sébastien Dalmon

SFAMENI GASPARRO Giulia (éd.), Modi di comunicazione tra il divino e l'umano. Tradizioni profetiche, divinazione, astrologia e magia nel mondo mediterraneo antico

Aude Busine

JOHNSTON Sarah Iles, STRUCK Peter T. (éds), Mantikê. Studies in Ancient Divination

Pierre Bonnechere

LHÔTE Éric, Les lamelles oraculaires de Dodone

Vinciane Pirenne-Delforge

ELSNER Jas, RUTHERFORD Ian, Pilgrimage in Graeco-Roman & Early Christian Antiquity

Vinciane Pirenne-Delforge

LAFOND Yves, La mémoire des cités dans le Péloponnèse d'époque romaine (IIe siècle avant J.-

C. - IIIe siècle après J.-C.)

Olivier Gengler

BADINOU Panayota, La laine et le parfum. Épinetra et Alabastres. Forme, iconographie et fonction. Recherche de céramique attique féminine

Dominique Frère

HUBER Sandrine, L'aire sacrificielle au nord du sanctuaire d'Apollon Daphnéphoros. Un rituel des époques géométrique et archaïque

Vinciane Pirenne-Delforge

OSANNA Massimo, SICA M. Maddalena (éds), Torre di Satriano I. Il santuario lucano

Sandrine Ducaté-Paarmann

MORTIER-WALDSCHMIDT Odile (éd.), Musique & Antiquité. Actes du colloque d'Amiens, 25-26 octobre 2004

André Motte

RUDHARDT Jean, Les dieux, le féminin, le pouvoir. Enquêtes d'un historien des religions

André Motte

BORGEAUD Philippe, VOLOKHINE Youri (éds), Les objets de la mémoire. Pour une approche comparatiste des reliques et de leur culte

Vinciane Pirenne-Delforge

Thesaurus cultus et rituum antiquorum (ThesCRA)

Corinne Bonnet

DETIENNE Marcel, Les jardins d'Adonis. La mythologie des parfums et des aromates en Grèce et Les dieux d'Orphée

André Motte

Kernos, 20 | 20073

Actes de colloques et ouvrages collectifsRevue des actes de colloques et ouvrages collectifsRevue des RevuesVinciane Pirenne-Delforge et Angel Ruiz Pérez

Kernos, 20 | 20074

Éditorial

Kernos, 20 | 20075

ÉditorialAndré Motte et Vinciane Pirenne-Delforge

1 On le savait très avancé en âge, 93 ans, et d'une santé devenue précaire. L'annonce du

décès de Jean-Pierre Vernant, survenu le 9 janvier dernier, n'en a pas moins suscité une vive émotion, chez ses collègues, ses disciples et ses amis, certes, mais, bien plus largement, parmi les innombrables lecteurs qui, de par le monde et depuis près d'un

demi-siècle, se nourrissent des abondantes et pénétrantes études qu'il a consacrées à la

religion et à la pensée religieuse des Grecs. Chacun est conscient que l'essor que connaît aujourd'hui cette discipline doit beaucoup au renouvellement des méthodes et des objets de recherche que quelques figures de proue ont réussi à lui imprimer; J.-P. Vernant, assurément, est du nombre et on ne peut manquer d'évoquer en outre ses brillantes qualités d'écrivain comme aussi d'orateur. Il a droit à une particulière gratitude de la part de notre revue,car il fut un des tout premiers à avoir accepté de faire partie de son Comité consultatif. Aussi sommes-nous très reconnaissants à une de ses fidèles disciples, Stella Georgoudi, d'avoir accepté de lui rendre ici un hommage mérité en évoquant sa personnalité et son oeuvre.

2 C'est donc sous le signe du deuil que s'ouvre ce numéro. Il eût pu cependant s'autoriser

un petit air de fête, car voici tout juste vingt ans que Kernos a vu le jour, vingt fois aussi qu'il sort annuellement de presse. À ce bilan, on ne manquera pas de joindre les seize volumes de suppléments, inaugurés en 1992, auxquels vont s'ajouter incessamment, si

ce n'est déjà fait au moment où paraîtra ce n° 20, deux unités supplémentaires dont on

peut penser qu'elles feront date : Dominique Jaillard, Configurations d'Hermès. Une

'théogonie hermaïque' (suppl. 17) et Gabriella Pironti, Entre ciel et guerre. Figures

d'Aphrodite en Grèce ancienne (suppl. 18).

3 Vingt années, est-ce pour une revue, comme ce l'est pour les humains, la pleine force

de la jeunesse ou ne serait-ce pas plutôt, selon la loi que subissent ces petits êtres d'un autre règne qui nous servent de compagnie, la marque indélébile d'une vieillesse déjà

fort avancée ? L'histoire continuant de s'accélérer, le danger d'une sénescence précoce

ne guette-t-il pas même les entreprises en apparence les plus vaillantes ? À chacun, s'il le veut, de répondre à cette question en usant de ses talents divinatoires. Renonçant pour notre part à tout pronostic, nous nous bornerons à considérer un moment le

présent et le passé en rappelant tout d'abord les objectifs visés par le Centre d'Étude de

Kernos, 20 | 20076

la Religion Grecque Antique (devenu statutairement dans la suite Centre International),

lorsque nous a été confiée la mission de créer une revue pluridisciplinaire et

internationale. À cette préoccupation de très large ouverture s'ajoutait aussi le souci d'offrir aux jeunes chercheurs une possibilité de publication. Très tôt enfin est née la volonté de rendre la revue plus utile aux lecteurs en ouvrant plusieurs rubriques qui rendent compte des activités scientifiques dans le domaine concerné.

4 Sans prétendre que ces divers objectifs ont été pleinement atteints, nous prenons acte

avec satisfaction du fait que Kernos est à présent reconnu comme revue de référence en matière de religion grecque antique. Il convient de préciser aussi que sa situation financière demeure saine et qu'en dépit d'une conjoncture difficile, le nombre de ses abonnés ne faiblit pas. Aussi bien avons-nous à coeur de saisir l'occasion de ce vingtième anniversaire pour remercier les lecteurs de leur fidélité et les collaborateurs de l'aide précieuse que, sous des formes diverses, ils nous apportent régulièrement. Il reste que produire chaque année deux épais volumes n'est pas une sinécure pour

l'équipe très réduite que nous formons à Liège et que, pour tenir ce rythme, il nous est

arrivé de devoir renoncer, au moins provisoirement, à des projets en cours, tel celui de continuer le programme bibliographique Mentor et de le rendre accessible sur internet. Gageons que l'avenir nous ménagera des moyens supplémentaires !

5 C'est un ensemble de contributions vouées à des sujets très variés et majoritairementanglophones, suivant notre souhait d'internationaliser davantage la revue, qu'offre le

présent numéro. Le suivant publiera, en principe les actes du XI e Colloque du CIERGA qui doit se tenir à Rennes, du 11 au 13 septembre 2007, sur le thème La norme en matière

religieuse en Grèce antique. Disons déjà à Pierre Brulé et à son équipe combien le CIERGA

se réjouit d'être leur hôte !

AUTEURS

ANDRÉ MOTTE

président du Comité de rédaction vice-président du CIERGA

VINCIANE PIRENNE-DELFORGE

secrétaire scientifique du Comité de rédaction secrétaire générale du CIERGA

Kernos, 20 | 20077

Hommage

Kernos, 20 | 20078

Hommage à Jean-Pierre VernantStella Georgoudi

Lorsque tu te mettras en route pour Ithaque,

souhaite que le chemin soit long, plein d'aventures, fertile en découvertes.

C.P. CAVAFY, Ithaque, dans Poèmes

(trad. fr. G. Papoutsakis, Paris, 1958)

1 Après un beau voyage, que seules les " Ithaques » peuvent offrir, Jean-Pierre Vernantest arrivé au terme de son chemin, le 9 janvier 2007, à l'âge de 93 ans.

2 On sait qu'il est difficile, voire impossible de tracer, en peu de mots, l'itinéraire, si riche

et si complexe, d'un homme qui a su, avec une admirable constance, entrelacer sa vie de chercheur et sa vie de citoyen. La vie engagée d'un politês, marquée surtout par la lutte antifasciste, mais aussi par d'autres événements forts, par d'autres tragédies qui ont jalonné le XXe siècle. Ainsi, ces quelques mots simples, écrits avec émotion en la mémoire de 'Jipé', ne sauraient séparer " sa façon de penser philosophiquement » de son " engagement politique » - comme il le disait lui-même.

3 Né à Provins (Seine-et-Marne), en 1914, dans une famille de tradition anticléricale et

dreyfusarde, Jean-Pierre Vernant, orphelin de guerre et pupille de la nation, fait ses études philosophiques à la Sorbonne, études couronnées par une belle réussite, puisqu'en 1937, il est reçu premier à l'agrégation de philosophie - un exploit accompli

aussi par son frère ainé, Jacques, deux ans plus tôt. C'est l'époque où le ciel est déjà

assombri par les nuages fascistes, où le vent nazi commence à souffler en bourrasques,

où les étudiants et militants antifascistes affrontent, au Quartier latin, les

sympathisants et adeptes de l'Action française (mouvement nationaliste et antisémite de triste mémoire). Dès 1934, Vernant s'engage activement dans ces luttes, au sein des Jeunesses communistes, et il devient plus tard membre du Parti communiste français, qu'il va définitivement quitter en 1970, au bout d'une longue période d'hésitations, de doutes, voire d'opposition contre le dogmatisme, les interprétations toutes faites, la pensée unique, l'absence de la libre parole.

4 Mais l'heure n'est pas encore à la rupture - rupture d'ailleurs avec le parti seul et son

appareil, jamais avec la gauche, ses combats, ses idéaux. L'heure est à la guerre avec

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l'Allemagne, à la défaite et l'humiliation, au régime collaborationniste de Vichy, contre lequel le jeune Vernant, professeur alors dans un lycée de Toulouse, ne pouvait rester indifférent. Certes, comme il l'écrira beaucoup plus tard, " rien n'obligeait à entrer

dans la Résistance ». Rien, en effet, si ce n'est cette " sorte de folie » qui, à un moment

crucial pour la communauté, pousse certaines personnes, qui n'ont apparemment rien d'héroïque, à se donner totalement à une juste cause, au risque de leur vie, en rejetant tout compromis, en refusant de céder, de renoncer, de plier. Comme le disait joliment Vernant, on fait là un " choix qui ressemble un peu à celui d'Achille : il est jeune, il sait qu'il va mourir, mais il y va ». C'est ainsi que, lui aussi, il y est allé, en entrant dans la Résistance dès 1940. Connu sous le pseudonyme de " Colonel Berthier », il est de tous les combats dans le maquis et dans la ville, il devient chef militaire des Forces

Françaises de l'Intérieur (FFI), pour toute la région Sud-Ouest de la France, il participe à

la libération de Toulouse (août 1944). Une longue période de sa vie, vouée à la résistance et aux combats pour la liberté, une période dont il parlait toujours avec beaucoup de retenue, mais qui lui a valu les plus hautes distinctions de la France : compagnon de la libération, commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite.

5 Ce dévouement, cette passion, on les voit aussi à l'oeuvre dans les recherches queVernant entreprend, par la suite, sur les Grecs et leur civilisation, en se mettant " à

l'école des hellénistes ». Un retour donc à une 'autre' culture, bien que 'familière' plus

ou moins à l'homme occidental, une interrogation constante sur un passé lointain, un passé cependant qui se pense toujours par rapport au présent, comme le dit encore Vernant dans La traversée des frontières (Paris, Seuil, 2004) : " Y a-t-il des liens entre ma lecture de l'épopée homérique et mon action dans la Résistance militaire, avec les risques qu'elle comportait ? À la réflexion, ces liens me sont apparus très clairs, qui ont tissé, entre mon interprétation du monde des héros d'Homère et mon expérience de vie, comme un invisible réseau de correspondances orientant ma lecture 'savante' et

privilégiant, dans l'oeuvre du poète, certains traits : la vie brève, l'idéal héroïque, la

belle mort ».

6 Deux savants ont fortement marqué les débuts de ce que Vernant appelait sa" conversion à l'hellénisme », deux hommes antifascistes et antiracistes, que Vernant

n'a jamais reniés : Ignace Meyerson, l'inspirateur de la psychologie historique, qui a confié au jeune chercheur le secrétariat de rédaction du Journal de psychologie - une responsabilité qui constitue toujours, comme on le sait, un excellent outil d'apprentissage, et Louis Gernet, philosophe et sociologue autant qu'helléniste, directeur de L'Année sociologique, qui a mis en oeuvre une approche anthropologique de la Grèce ancienne. Deux " maîtres à penser » donc, source pérenne d'inspiration et de réflexion pour Vernant, tout au long d'une carrière qui l'a vu successivement chargé de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, 1948-1957), Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études (à la VI e Section, 1957-1968, puis

à la V

e Section des Sciences Religieuses, 1968-1975), enfin professeur au Collège de

France (1975-1984).

7 Les travaux de Vernant sont souvent devenus objets de réflexions, d'analyses,d'observations, et il conviendra sûrement d'en reparler un jour avec toute l'attention,le respect, l'honnêteté intellectuelle qu'on leur doit et qu'ils méritent pleinement. Carcette oeuvre, qu'elle recueille la plus large adhésion ou qu'elle suscite certainescritiques, ne laisse jamais personne indifférent. Et cela vaut pour tout lecteur ou

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auditeur, qu'il soit universitaire, étudiant, enseignant du secondaire, collégien oulycéen, ou encore, tout simplement, quelqu'un faisant partie de ce 'grand public',

comme on le dit maintenant, quelqu'un captivé surtout par les mythes grecs ou les pérégrinations d'Ulysse, que Vernant faisait si bien revivre sous son écriture limpide ou par sa parole vive et lumineuse.

8 Mais ces quelques mots d'hommage n'ont, bien entendu, aucune vocation de présenter,même dans ses grandes orientations, cette oeuvre de fondateur qu'a accomplie Vernant.On peut seulement dire que, dès ses premiers livres (Les origines de la pensée grecque,

Paris, PUF, 1962; Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique, Paris, Maspero, 1965), Jean-Pierre Vernant a ouvert une brèche dans l'univers souvent clos et conservateur de la recherche sur le monde antique. D'article en article, d'un ouvrage à

l'autre, il renouvelle, voire révolutionne, l'approche de la Grèce ancienne, en

privilégiant une démarche pluridisciplinaire, en faisant appel non seulement à la philosophie, la psychologie historique et à l'anthropologie sociale, mais aussi à la philologie, à l'histoire ou à l'iconographie.

9 Une question fondamentale sous-tend ses nombreux écrits : qui est, en fait, l'homme

grec ancien, comment s'est-il construit et transformé dans ses façons d'agir et de penser, dans le cadre de sa vie sociale et politique ? Comment peut-on reconstituer sa mémoire, saisir son imaginaire mythique, le suivre dans son cheminement intellectuel ? Or l'histoire de l'homme grec se fait à travers l'histoire de ses oeuvres. Vernant étudie donc cet homme antique à partir de tout ce qu'il a créé et produit, dans les divers secteurs de la vie collective et individuelle. Il explore ainsi ses outils et ses techniques, il examine ses institutions civiques et sa pensée politique et juridique, il sonde son univers religieux peuplé de héros et de dieux, il interroge ses mythes et ses

récits, il analyse ses grandes créations littéraires et plastiques, ses ouvrages

scientifiques, il réfléchit aussi sur l'homme grec en tant qu'individu, dans ses rapports avec soi-même et avec les autres 1.

10 Mais, en réfléchissant sur l'Antiquité, Vernant s'interroge en même temps sur nous-

mêmes et notre monde, un monde qu'il met en question. Certes, la culture occidentale doit beaucoup à la Grèce ancienne, considérée comme le point de départ de modes de pensée développés en Occident. Certes, lorsqu'on parle de la raison, de la démocratie, de la tragédie ou de l'éthique, c'est aux sources grecques qu'on remonte pour saisir en profondeur le sens et la valeur de ces mots. Mais la grande contribution de Vernant c'est d'avoir expliqué historiquement ce qu'on appelle encore, de façon erronée et

dépassée, le " miracle grec ». Grâce à ses recherches, la Grèce ancienne n'apparaît plus

comme un " absolu, une révélation à la fois universelle et mystérieuse », comme une terre de miracle et de lumière éternelle, où auraient surgi ex nihilo et presque simultanément les sciences, la philosophie et la politique. Il ne faudrait pas oublier que la Grèce des cités est également un univers de dysfonctionnements et d'aberrations, de guerres civiles et de tyrannies, de trahisons et d'oppressions.

11 Dans l'étendue de ses écrits, la réflexion sur la religion tient une place considérable,

mais pas exclusive. C'est surtout en tant que lecteur attentif des mythes et de la parole

poétique, voire tragique, des Grecs, que Vernant s'interroge sur la nature du

polythéisme grec, sur les relations que les fidèles tissent avec leurs divinités, sur les pratiques qu'ils mettent en oeuvre dans ce type de communication avec le monde divin et héroïque, sur les façons dont le religieux s'engage dans les institutions de la cité. Vernant reste, en effet, un merveilleux conteur des mythes

2, c'est au " mythe » qu'il

Kernos, 20 | 200711

revient de façon constante3, sans cesser de s'intéresser à ce qu'il appelle " la pensée religieuse », sous sa forme écrite, une pensée qui s'exprime " dans et par des textes qui

s'articulent, de façon diverse, tantôt pour s'y mêler tantôt pour s'y opposer, à des écrits

de genres différents, littéraires, politico-administratifs, scientifiques »

4. Mais c'est aussi

à une exploration du langage figuratif qu'il consacre de longues années de son enseignement, en réfléchissant au statut anthropologique de l'image, de l'imagination, de l'imaginaire 5.

12 Un homme pour qui la fraternité et l'amitié, la philia, ont tant compté dans ses

engagements, ne pouvait pas rester un chercheur isolé. Il n'est donc pas étonnant que la fondation du Centre de recherches comparées sur les sociétés anciennes (1964), une des plus belles créations de Jean-Pierre Vernant, doive beaucoup à l'amitié, au besoin

de travailler avec les autres, au goût des entreprises collectives. Si cette équipe, appelée

plus tard Centre Louis Gernet, est devenu essentiellement, au fil des années, une grosse équipe d'hellénistes à laquelle se sont joints quelques latinistes, il ne faut pas oublier que les débuts du Centre, ainsi que son développement pendant une longue période,

avaient été placés sous le signe du comparatisme. Réunissant une pléiade de

spécialistes de civilisations anciennes, mais aussi des orientalistes et des anthropologues, ce groupe à plusieurs voix débattait et comparait les formes diverses que pouvaient revêtir, dans ces différentes cultures, le religieux ou le politique, la vie agricole ou la guerre, le travail ou l'économique - comme en témoigne une série d'ouvrages collectifs, dont certains étaient dirigés par Vernant

6. Par ailleurs, même

lorsqu'il choisissait de rester sur la seule terre grecque, il aimait bien l'écriture à deux voix

7, ou la codirection de travaux issus d'aventures communes8.

13 Certes, aucun Centre de recherches ne saurait rester le même au fil du temps et des

nouvelles générations, et les appellations 'l'École de Paris', 'l'équipe Vernant', qu'on continue à utiliser parfois, surtout en dehors de la France, pour qualifier le Centre Louis Gernet, pourraient apparaître aujourd'hui restrictives, voire statiques. Quoi qu'il en

soit, Vernant est resté, jusqu'à la fin de sa vie, profondément attaché à cet espace de

recherches et de débats qu'il avait créé, et dont il ne pouvait séparer ni son " oeuvre

propre », ni sa " vie », ni sa " personne », comme il le disait. Il est resté toujours fidèle à

cette équipe qui, au-delà des fortes tensions qu'elle a pu parfois engendrer, constitue un lieu vivant de rencontres entre enseignants, chercheurs et étudiants, venus d'horizons et de pays différents.

14 Lorsque quelqu'un part, en laissant derrière lui une oeuvre aussi foisonnante, fruit de

son labeur pendant toute une vie, le pire service qu'on puisse lui rendre, c'est de le figer sur un piédestal, en répétant inlassablement ses thèses, ses conceptions, ses conclusions. Mais l'approche attentive et réfléchie d'une telle oeuvre n'empêche en rien le sentiment de gratitude, de reconnaissance, voire le plaisir qu'elle procure, en ouvrant au lecteur de vastes horizons, en lui donnant le goût de la découverte de l'Autre, en lui dévoilant cet univers grec tant aimé par Jean-Pierre Vernant. Un univers, dont la présence dans le monde actuel était si importante pour lui, comme le montrent ces paroles qu'il avait prononcées, en recevant la Médaille d'or du CNRS (1984), des propos qui continuent à résonner aujourd'hui : " Nous voulons que la Grèce demeure présente dans notre enseignement, vivante dans notre culture, non pour qu'elle renvoie à une élite de savants, en miroir, le reflet de ce qu'ils s'imaginent ou voudraient être, mais pour que, située à sa place dans une histoire humaine qui comporte bien des chemins, elle nous engage à réfléchir plus lucidement sur les implications et les enjeux

Kernos, 20 | 200712

de notre civilisation, qu'elle nous éclaire sur ce que nous sommes, comparés etconfrontés aux autres. Notre hellénisme est comparatif parce qu'il se veut unecontribution à la connaissance de l'homme, dans la variété de ses univers de culture. »

NOTES

1. Cf., entre autres, L'individu, la mort, l'amour. Soi-même et l'autre en Grèce ancienne, Paris,

Gallimard, 1989; L'homme grec (sous la direction de Jean-Pierre Vernant), Paris, Seuil, 1993.

2. Cf. L'univers, les dieux, les hommes, Paris, Seuil, 1999, un livre enchanteur, " écrit pour tous »,

grands et petits.

3. En témoignent plusieurs titres de ses ouvrages : Mythe et tragédie en Grèce ancienne (avec Pierre

Vidal-Naquet), Paris, Maspero, 1972; Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, Maspero, 1974; Mythe

et tragédie en Grèce ancienne, deux (avec Pierre Vidal-Naquet), Paris, La Découverte, 1986; Mythe et

religion en Grèce ancienne, Paris, Seuil, 1990. Voir aussi son article éclairant " Frontières du

mythe », dans Mythes grecs au figuré, de l'Antiquité au baroque (sous la direction de Stella Georgoudi

et Jean-Pierre Vernant), Paris, Gallimard, 1996, p. 25-42.

4. Cf. sa leçon inaugurale au Collège de France, Religions grecques, religions antiques, Paris,

Maspero, 1976.

5. Cf. Figures, idoles, masques, Paris, Juillard, 1990.

6. Cf., à titre d'exemple, Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Paris/La Haye, Mouton & Co,

1968; Divination et rationalité, Paris, Seuil, 1974; La mort, les morts dans les sociétés anciennes (ouvrage

dirigé avec G. Gnoli), Cambridge/Paris, 1982.

7. Cf. Les ruses de l'intelligence. La mètis des Grecs (avec Marcel Detienne), Paris, Flammarion, 1974;

Dans l'oeil du miroir (avec Françoise Frontisi-Ducroux), Paris, Odile Jacob, 1997.

8. Cf. La cuisine du sacrifice en pays grec (ouvrage collectif sous la direction de Marcel Detienne et

Jean-Pierre Vernant), Paris, Gallimard, 1979.

AUTEUR

STELLA GEORGOUDI

École Pratique des Hautes Études - Paris

Kernos, 20 | 200713

Études

Kernos, 20 | 200714

"Bulls cut down bellowing"Ritual leitmotifs and poetic pressures in Iliad XXIIIMargo Kitts

1 Different moods, behaviors, and also vocabularies characterize commensal sacrifices

and oath-sacrifices in Homer's Iliad. The first is presented as an elaborate feast that soothes spirits and sates appetites, while the second is rendered as a somber killing ritual that elicits dread in anticipation of oath-violation.

1 It is against these two clearly

demarcated ritual paradigms that I will examine the phrase, "bulls cut down bellowing," which occurs twice in Book XXIII of the Iliad. The first occurrence is during a seemingly commensal event, the feast which precedes the cremation sacrifices for Patroklos; the second is later, when Ajax Oileus slips in the dung of the sacrificed bulls during the funeral games. Although the killing and bellowing of the bulls is referenced in two different ways (... [XXIII, 30-31] and [XXIII, 775]), the reference is to the same event, the sacrifices which precede the feast before the cremation sacrifice for Patroklos. My purpose here is to try to understand where in the wide scheme between Homeric commensal and oath- sacrifices, and against the lone scene of funeral sacrifice in Book XXIII, we are to locate this focalization on the bulls' bellowing, given the silence of victims in commensal sacrifice, the silence of victims in the cremation sacrifice, but the close focus on the victims' gasping and dying during oath-sacrifice. This quest hinges upon the pressures these different sacrificial type scenes, reflective of "liturgical orders,"

2 exerted on the

poetic composition of the funeral feast. It also hinges on the compositional pressures of "ritual leitmotifs." I shall argue that the funeral feast is a weakly instantiated commensal liturgical order penetrated by an oath-making ritual leitmotif. I shall also argue that the cremation sacrifices, in contrast, represent a strongly instantiated liturgical order which suppresses all but a whisper of poin, another ritual leitmotif which happens to introduce the sacrifice of Trojan boys. The tension between ritual pressures and narrative pressures is front and center in this essay.

Kernos, 20 | 200715

Commensal and oath-sacrificing typical scenes

2 To appreciate the pressures that liturgical orders and ritual leitmotifs may exert on

poetic composition, one first must appreciate the relatively fixed configuration of verses which comprise commensal and oath-sacrificing typical scenes in the Iliad. As Leonard Muellner pointed out decades ago, ritual scenes in the Iliad constitute a special epic genre characterized by precise detail, ritually significant vocabulary, and a series of finite action verbs signifying a series of finite acts. This series of finite action verbs and details represents a series of behavioral microadjustments, a ritual feature whose significance Muellner draws from Levi-Strauss.

3 Both the commensal sacrifices of Iliad

Books I, II, VII, IX and XXIV and the oath-sacrifices of Books III and XIX may be characterized in this way.

3 First let us consider commensal sacrifices. It should be noted immediately that there

are feasting scenes in the Iliad which make no mention whatsoever of the sacrificial killing and butchering of animals (for instance, the feast of divinities at I, 597-604, and also of humans at VIII, 502-549 and XIX, 345) and there is also at least one rather abbreviated sacrifice which makes no mention of feasting, funerals, or oaths (VIII,

250-252).

4 Of the commensal scenes which do combine sacrificing and feasting, the

death of the victim is entirely ignored, apparently eclipsed by the formulaic phrases and microadjusting finite action verbs which describe the throat-slitting (sphadz - usually a culinary verb in Homer), flaying, butchering, skewering, roasting and finally dining on the animal (i.e., I, 446-474; II, 410-432). There is a dearth of figurative language, and a plenum of ritual details and whole line formulae. The most complete sequence of steps is given in Book and will stand as a paradigm. Identical comparisons from other scenes are given in parentheses; slight differences are given in notes. (1) I, 447-8
,They swiftly set in order the sacred hecatomb forthe god around the well-built altar. (2) , 449 .They washed their hands and took up barley (3) , 4505 ... On their behalf, Chryses held up hishands and prayed. (4) , 458 (ditto , 422)But after they prayed and threwbarley, (5) , 459

(ditto at , 422; cf. V, 622)6They held up the [victims'] heads first, andthen cut the throats and flayed them,

Kernos, 20 | 200716

(6) 460-1
, (ditto at ,

423-4)They cut out the thigh pieces and hid themunder the fat making two folds

(7) , 461... (ditto at , 434)They placed raw strips of flesh over [the thighs] (8) 462-3

7 ,

The old man burned them over split wood,and libated with shining wine (9) , 463... .Young men held forks in their hands. (10) , 464 (ditto at , 427)But when they had burned the thighsand tasted the innards, (11)

I, 465

(ditto at , 428; cf. VII, 317, IX, 210, XXIV, 623)they cut the rest into bits andpierced it with spits,

(12)

I, 466 ,

(ditto II, 429 and XXIV, 624; cf. VII, 318)They roasted it expertly, and drew itall off [the spits]. (13)

I, 467

(ditto II, 430, VII, 319)But when they had ceased their labor andprepared the feast, (14)

I, 468,

(ditto II, 431, VII, 320)they feasted, and no spirit went lacking theequally divided feast. (15)

I, 469

(ditto II, 432, VII, 323, IX, 222, XXIV, 628)But when they had sated their desire forfood and drink,

4 Note the repeated whole verse formulae, the concrete ritual precision denoted by theseries of action verbs, and the paucity of figurative language, with the exception of the

last verse, which is well-known to be symbolic of fulfillment. Between steps 13 and 15 may come a few other verses and ritual steps, describing bread being laid out in baskets and meat being served (IX, 216-217; XXIV, 625-626) and/or hands being stretched out to the refreshments (IX, 221; XXIV, 627), each act quite formulaically rendered whenquotesdbs_dbs45.pdfusesText_45
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