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Argumentation et Analyse du Discours

1 | 2008

L'analyse du discours au prisme de l'argumentation

Questions disciplinaires et interdisciplinaires

Ruth

Amossy

et

Roselyne

Koren (dir.)

Édition

électronique

URL : http://journals.openedition.org/aad/171

DOI : 10.4000/aad.171

ISSN : 1565-8961

Éditeur

Université de Tel-Aviv

Référence

électronique

Ruth Amossy et Roselyne Koren (dir.),

Argumentation et Analyse du Discours

, 1

2008, "

L'analyse du

discours au prisme de l'argumentation » [En ligne], mis en ligne le 01 octobre 2008, consulté le 02 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/aad/171 ; DOI : https://doi.org/10.4000/aad.171 Ce document a été généré automatiquement le 2 octobre 2020.

Argumentation & analyse du discours

est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modi cation 4.0 International.

SOMMAIREIntroductionRuth Amossy et Roselyne KorenAnalyse du discours et ArgumentationL'argumentation dans une problématique d'influencePatrick CharaudeauLes types d'arguments dans le traitement du débat sur la crise des banlieues par latélévisionAnne KalinicPour une éthique du discours : prise de position et rationalité axiologiqueRoselyne KorenPertinence de l'utilisation du modèle de Toulmin dans l'analyse de corpusEmmanuel de JongeGenres de discoursPerformance... et contre-performance communicationnelles : des stratégies argumentativespour le débat politique téléviséGuylaine MartelDe la micro-analyse à l'analyse globale des correspondances : lettres de combattantspendant la Grande Guerre Sylvie HousielLe discours diplomatique dans la correspondance franco-allemande 1871-1914Sivan Cohen-WiesenfeldEthos et Pathos : à la croisée de l'AD et de l'argumentationEthos collectif et Rhétorique de polarisation : le discours des étudiants en France pendant laguerre d'AlgérieEithan OrkibiL'image de soi dans les " autographies » de RousseauPascale DelormasL'analyse argumentative en diachronie : le pathos dans les débats parlementaires sur

l'abolition de la peine de mort

Raphaël Micheli

Pratiques discursives et enjeux du pathos dans la présentation de l'Intifada al-Aqsa par la presse écrite en France

Claire Sukiennik

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20081

Découpages disciplinairesAnalyse du discours et littérature : problèmes épistémologiques et institutionnelsDominique MaingueneauArgumentation et Analyse du discours : perspectives théoriques et découpages disciplinairesRuth Amossy

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20082

IntroductionRuth Amossy et Roselyne Koren

1 Ce premier numéro de la revue Argumentation et Analyse du Discours se donne un triple

objectif, qui correspond à un questionnement essentiel dans les domaines concernés.

2 Tout d'abord, il s'agit d'explorer les liens qui unissent l'analyse du discours telle qu'elle

se développe actuellement en France, et les théories de l'argumentation issues des travaux pionniers de Chaim Perelman et de Stephen Toulmin dans les années cinquante. La plupart des travaux réunis ici tentent de justifier - sur le plan de la

réflexion théorique ou dans une pratique d'analyse - la nécessité de ne pas séparer ces

deux espaces de recherche, voire de les intégrer dans un même ensemble.

3 Le second objectif consiste à s'interroger sur les partages disciplinaires et les

découpages institutionnels auxquels se heurtent nécessairement tous les chercheurs qui tentent de construire et d'analyser des corpus qui sont l'objet privilégié de disciplines instituées : la littérature, les sciences politiques, l'histoire, etc. C'est la question des frontières, de leur porosité et de leur possible réaménagement qui est ici soulevée à travers certaines revendications d'interdisciplinarité, mais aussi à travers une analyse sociologique de la logique et de la dynamique des champs.

4 Le troisième objectif, enfin, est méthodologique et pratique. Il s'agit de voir comment

les instruments de l'AD et de l'argumentation permettent d'étudier des corpus empruntés au discours politique, juridique, médiatique, épistolaire, littéraire, en rendant compte de leur spécificité et de leurs enjeux propres.

5 L'analyse du discours est loin d'être une discipline homogène faisant l'objet d'une

définition consensuelle : l'article de Dominique Maingueneau sur " L'analyse du discours et ses frontières » montre bien la diversité des positions et le flou qui peut s'ensuivre

1. C'est dire que toute étude se réclamant de l'AD se doit de préciser, ou tout

au moins de manifester clairement, ce qu'elle entend par cette désignation.

6 Le présent numéro se place sous l'égide du Dictionnaire d'Analyse du Discours (2002)

coordonné par Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau. Il se réfère donc à l'AD telle qu'elle est actuellement reconfigurée dans l'une des grandes tendances de la recherche française. L'étude de l'utilisation concrète du langage y est conçue comme l'analyse d'un dispositif d'énonciation au sein duquel organisation textuelle et situation

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20083

de communication sont intrinsèquement liées. Cette approche permet d'abolir lesdichotomies texte / contexte, fond / forme. Elle permet aussi de concevoir la parole,envisagée comme action et interaction, dans son rapport constitutif à l'interdiscours, et

de conférer une place centrale aux genres qui modèlent les pratiques discursives. Quelle est, dans cette perspective, le rapport de l'AD à l'analyse argumentative ?

7 La question est loin de faire l'unanimité. C'est tout d'abord sa pertinence même qui fait

problème. Les linguistes se contentent bien souvent de l'ignorer. Ils intègrent certes la théorie de l'argumentation dans la langue (" l'argumentation linguistique », selon les récentes formulations de Ducrot), mais rejettent l'"argumentation rhétorique» en dehors du champ de leur activité propre.

8 Les choses changent quelque peu lorsque l'on se situe dans une perspective d'AD. Ainsi,

Dominique Maingueneau considère que le discours doit être pris en charge par des disciplines différenciées qui font toutes partie d'une linguistique du discours et parmi lesquelles il mentionne, en plus de l'AD ou de la sociolinguistique, les théories de l'argumentation. Patrick Charaudeau, quant à lui, va plus loin en la matière : il propose une intégration de l'analyse argumentative dans l'AD. Dans l'article qui ouvre ce numéro, il montre qu'il n'y a plus de raison de les séparer dès lors qu'on se focalise sur une " problématique de l'influence » : l'analyse argumentative est alors incluse dans l'AD " comme l'un des moyens de procéder à l'analyse de tous les processus discursifs qui interviennent dans la co-construction du sens à laquelle se livrent les partenaires, dans une visée d'influence. » Ce point de vue croise la position de Ruth Amossy dans L'Argumentation dans le discours (2000) : prenant en compte aussi bien la dimension que la visée argumentatives du discours, elle entend faire de leur analyse une partie

intégrante de l'AD. Elle note ainsi dans l'article qui clôt ce numéro : " Dans la mesure où

l'analyse du discours (AD) entend décrire le fonctionnement du discours en situation, elle ne peut faire l'économie de sa dimension argumentative. »

9 Cette position se retrouve aussi bien dans les travaux d'Emmanuel de Jonge fondés sur

le schéma de Toulmin, que dans les analyses proposées par les articles qui se réfèrent plus volontiers au Traité de l'argumentation (1958) de Chaim Perelman et de Lucie Olbrechts-Tyteca. Ils tentent tous de voir comment la force de la parole, le maniement

des moyens verbaux destinés à emporter l'adhésion, ont partie liée avec le

fonctionnement global du discours. Et comment en retour les fonctionnements discursifs les plus divers, envisagés dans leur cadre communicationnel, voire interactionnel, comportent nécessairement une dimension argumentative.

10 Si cette approche entend doter l'AD d'un pan argumentatif qui est encore loin de faire

l'unanimité dans les sciences du langage, elle entend en retour infléchir les études argumentatives vers une prise en compte de la matérialité discursive. Perelman, dont la Nouvelle Rhétorique a inspiré la plupart de ces pages, définit l'argumentation comme l'ensemble des moyens verbaux susceptibles d'emporter l'adhésion des esprits. Encore importait-il de traduire cette approche sur le plan discursif en étudiant la façon dont l'argumentation est mise en mots dans le langage naturel. Car l'entreprise de persuasion fonctionne en mobilisant des schèmes de raisonnement et des stratégies rhétoriques qui se matérialisent concrètement dans le discours, et qui sont tributaires de ses règles. Dans le domaine très vaste et relativement hétérogène des études argumentatives, les travaux présentés ici choisissent donc un biais particulier, celui qui consiste à considérer l'argumentation dans le discours comme faisant pleinement partie des sciences du langage. C'est dans cette perspective qu'a été choisi pour cette

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20084

nouvelle revue électronique le titre Argumentation et Analyse du Discours. C'est en raison de l'intégration quasi unanime de l'argumentation dans l'étude des fonctionnements discursifs les plus divers que l'on a choisi de dénommer ce premier numéro spécial L'Analyse du discours au prisme de l'argumentation.

11 L'articulation des disciplines n'est, a priori,pas évidente. L'AD reconnaît la nécessité de

problématiser la question du sujet en partant d'une tradition qui pose son décentrement et examine la production discursive dans ses déterminations socio- historiques. Elle entendait au départ se distinguer de la rhétorique fondée sur des universaux et sur la capacité du sujet parlant à programmer sa parole consciemment. Dans l'ensemble, les études qui pratiquent l'analyse de l'argumentation dans le discours se refusent à opter pour l'un de ces deux pôles en sacrifiant l'autre. Elles prennent en compte l'espace socioculturel et institutionnel au sein duquel le locuteur est tributaire d'une doxa d'époque et des règles du champ (au sens de Bourdieu). En même temps,

elles posent sa capacité à manoeuvrer dans cet espace pour y définir un projet délibéré.

Ceci stipule, il faut peut-être y insister, à la fois l'incapacité pour le sujet parlant de communiquer, de dire, de penser, en-dehors du moment de l'histoire et de l'espace socio-institutionnel dans lequel il est immergé ; et la possibilité pour le locuteur de faire un usage efficace de la parole qui règle ses rapports à l'autre, et de se lancer dans une entreprise de persuasion qu'il espère faire aboutir. C'est accorder au langage une confiance certes relative, mais allant néanmoins à l'encontre des positions déclarées de Ducrot qui considère que l'argumentation échappe au logos dans son sens originel de parole et raison. Après tout, comme le rappelait fortement Perelman, l'argumentation rhétorique, ou tentative d'agir sur l'autre par le langage, est la seule alternative à la violence brute.

12 Au-delà d'un projet global commun, on trouvera dans ce volume des positions diversessur l'articulation de l'AD et de l'argumentation, en particulier dans les trois articles

théoriques qui s'attaquent directement à la question. Ainsi Patrick Charaudeau, qui insiste sur une problématique de l'influence, dit emprunter des concepts de

communication, de représentations et d'effets à d'autres disciplines comme la

psychologie sociale et la sociologie tout en les redéfinissant dans le champ langagier. Il prend ce faisant ses distances par rapport à la tradition de la rhétorique argumentative dont la conception de la communication, fondée sur la tripartition aristotélicienne du

délibératif, du juridique et de l'épidictique, lui paraît trop étroite ; mais il entend

néanmoins récupérer des types d'arguments étudiés dans la tradition rhétorique et les

intégrer dans l'examen des fonctionnements discursifs. Ruth Amossy considère par contre que la tradition rhétorique redéfinie par Perelman ne nécessite pas d'emprunts aux autres disciplines, mais appelle bien plutôt un élargissement de sa définition de l'argumentation et, partant, des types de corpus qu'il lui est donné d'analyser. Elle insiste principalement sur la reconceptualisation imposée à la rhétorique et aux théories de l'argumentation par leur intégration dans le champ de l'AD. Roselyne Koren se propose, quant à elle, d'ouvrir des perspectives nouvelles en croisant l'AD avec l'argumentation pour introduire une problématique de l'éthique du discours. L'AD

attribue une place centrale à la prise en charge des apparences de vérité référentielle

dans la description de procédures argumentatives qui ont la crédibilité du sujet d'énonciation pour visée ; la Nouvelle Rhétorique de Perelman permet de penser simultanément, et en interaction avec elle, la prise en charge des valeurs et donc

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20085

l'autonomie et la responsabilité énonciatives du sujet du discours, voire du chercheur en sciences du langage.

13 La deuxième question qu'aborde le présent volume est celle des découpagesdisciplinaires que soulève la vocation de l'AD et de l'analyse argumentative à étudier

des corpus que s'approprient traditionnellement d'autres disciplines. L'analyse des fonctionnements langagiers suppose en effet l'observation de discours concrets en situation. Le chercheur tente de saisir des récurrences, de décrire des régulations, de rendre compte d'une logique discursive en examinant des textes : discours politique dans toutes ses variétés, discours médiatique avec ses nombreux genres, discours

littéraire dans sa diversité et sa complexité. Il empiète ce faisant sur des territoires qui

ne sont pas les siens dans la mesure où d'autres disciplines en réclament l'exclusivité.

Sans doute est-ce là une nécessité inhérente aux objectifs même de l'AD et de l'analyse

argumentative : comment pourraient-elles se réaliser en-dehors de cette emprise sur des genres de discours dont elles se proposent précisément de rendre compte ?

14 On peut alors se demander quels rapports elles entretiennent avec les Sciences de la

Communication, qui entendent aujourd'hui se constituer en discipline différenciée, ou

avec des disciplines instituées comme l'Histoire, les Sciences politiques ou la

Littérature, qui leur refusent souvent droit de cité. L'exigence d'interdisciplinarité que formulent certains des travaux publiés ici se heurte bien souvent aux barrières que dressent les découpages institutionnels en vigueur. Plutôt que de formuler des voeux pieux, il importe de comprendre la logique au gré de laquelle se construit le champ du savoir contemporain et d'en penser les éventuels réaménagements. Seule une vue analytique permettra de saisir les difficultés inhérentes à une démarche qui s'attache aux pratiques discursives dont d'autres disciplines entendent souvent monopoliser

l'étude. A partir de là, on peut tenter de repenser les différences et les

complémentarités, voire d'esquisser les voies d'une collaboration. Comment penser les rapports de l'analyse du discours littéraire qui se développe aujourd'hui avec les études littéraires ? La division est-elle en l'occurrence, comme l'avance Dominique Maingueneau, purement institutionnelle ? Comment, par ailleurs, comprendre les relations que doivent entretenir les analyses du discours parlementaire, ou du discours étudiant pendant la Guerre d'Algérie, avec les approches élaborées par les sciences politiques et historiques ?

15 La question est abordée de front dans les deux textes qui viennent clore ce volume :" Analyse du discours et littérature. Problèmes épistémologiques et institutionnels »(Maingueneau) et " Argumentation et Analyse du discours. Perspectives théoriques etdécoupages disciplinaires » (Amossy). Mais elle ressort aussi clairement des études de

corpus où le recours à l'AD et à l'analyse argumentative répond manifestement à des besoins divers. Certaines tentent d'affiner des notions à partir de l'étude d'un corpus particulier ou de décrire un genre : ils se situent ainsi plus directement dans le champ des sciences du langage en alimentant l'étude des fonctionnements discursifs D'autres se proposent avant tout d'explorer le traitement d'un thème dans un espace de communication donné (les médias, par exemple, ou le discours épistolaire), ou encore de répondre aux questions que soulève l'historien dans sa propre discipline. Que le questionnement soit celui du linguiste ou de l'historien, le fait de présenter des

analyses concrètes permettra sans nul doute de mettre à l'épreuve la fécondité de l'AD

et de l'analyse argumentative, d'en interroger les ambitions et les limites, de penser

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20086

leur apport et leurs rapports souvent difficiles avec les autres disciplines quientreprennent de traiter des mêmes corpus.

16 C'est dans cette perspective que la majeure partie du numéro est construite sur desétudes concrètes de corpus. On trouve ainsi des travaux portant sur le discoursmédiatique, juridique, politique, diplomatique, épistolaire, étudiant, littéraire. Lesdifférentes études construisent des objets dont elles tentent de dégager les spécificités

génériques, tout en s'attachant à analyser en termes discursifs, séparément ou conjointement, le logos, l'ethos et le pathos. La première partie du numéro traite de la question de l'argument. Ainsi l'article d'Anne Kalinic met en pratique la théorie de l'argumentation de Patrick Charaudeau dans un corpus constitué par des interviews

télévisées qui ont pour objet les modes d'intervention préconisés pour faire cesser les

émeutes de jeunes en banlieue. Emmanuel de Jonge, qui se penche sur la Déclaration d'Indépendance américaine, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, se fonde sur Toulmin et place le point fort de l'articulation entre AD et argumentation dans la procédure de justification, définie en termes de " garantie ». C'est l'inscription du pathos dans le discours et ses enjeux qui se trouvent au centre de l'étude de Raphaël Micheli sur les débats parlementaires sur la peine de mort, et de Claire Sukiennik sur la présentation de l'Intifada al-Aqsa par la presse écrite en France. La construction d'une image de soi dans le discours, ou ethos, fait l'objet des articles d'Eithan Orkibi sur " Ethos collectif et Rhétorique de polarisation : le discours des étudiants en France pendant la guerre d'Algérie », et de Pascale Delormas sur " L'image de soi dans les "autographies" de Rousseau ». Enfin, la question du genre, de son fonctionnement discursif et de ses stratégies argumentatives est le sujet sur lequel se concentrent plus particulièrement les travaux de Guylaine Martel, qui examine la performance et la contre-performance communicationnelles dans le débat politique télévisé, de Sylvie Housiel qui s'attache aux lettres de combattants pendant la Grande Guerre et de Sivan Cohen-Wiesenfeld qui analyse le discours diplomatique à travers l'étude de la correspondance franco- allemande 1871-1914. Une partie de ces travaux sur corpus sont menés par de jeunes chercheurs issus d'universités françaises, belges, suisses et israéliennes. En leur donnant la parole dans le premier numéro de notre revue, nous entendons marquer l'importance accordée à la recherche de pointe qui se développe aujourd'hui en langue française dans les thèses et les travaux post-doctoraux de divers pays. NOTES

1. Voir : http://perso.orange.fr/dominique.maingueneau/conclusion2.html

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20087

AUTEURSRUTH AMOSSYUniversité de Tel-Aviv, ADARRROSELYNE KORENUniversité Bar-Ilan, ADARR

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20088

Analyse du discours etArgumentation

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 20089

L'argumentation dans uneproblématique d'influence1 Argumentation viewed from the Perspective of Influence

Patrick Charaudeau

1 Depuis longtemps, je m'applique à insérer les questions de langage - et donc de discours

- dans une problématique de l'influence psychologique et sociale sur laquelle il existe une abondante littérature dans ces deux autres disciplines que sont la psychologie et la sociologie, mais point dans les sciences du langage. Cela suppose, du point de vue de l'analyse du discours, deux choses : d'une part, que celle-ci se développe de façon interdisciplinaire, d'autre part, que les catégories habituellement définies pour les descriptions de la langue, ou celles empruntées à d'autres domaines connexes comme la rhétorique, soient redéfinies dans une telle problématique.

2 Une interdisciplinarité, cela veut dire aller voir quels sont les outils d'analyse employés

par d'autres disciplines, et se demander quels concepts sont utilisables dans son propre champ disciplinaire. On pourra alors les emprunter et les redéfinir, en précisant à quelle théorie on les emprunte et comment on les redéfinit, pour éviter qu'il y ait confusion autour des mêmes concepts. C'est ce que j'appelle une " interdisciplinarité focalisée ». Ainsi en est-il, pour ce qui me concerne, de la problématique de l'influence, des concepts de communication, de représentations et d'effets que j'emprunte largement à la psychologie sociale et à la sociologie, mais que je redéfinis dans le champ langagier.

3 Revisiter les catégories qui ont cours dans notre discipline, cela veut dire préciser leur

définition, voire les redéfinir, en fonction de la problématique dans laquelle on se situe. Par exemple, les notions de thématisation et de prédication qui ont cours dans une linguistique de la langue (ou de la phrase) doivent être complètement redéfinies dans une linguistique du discours, dans la mesure où la relation thème-prédicat peut constituer une unité phrastique mais non point une unité de communication. Ainsi en est-il pour ce que je vais exposer ici, à savoir le refus de m'insérer dans la tradition de la rhétorique argumentative, laquelle repose sur une conception partielle de la

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communication (les débats citoyens ou les débats juridiques), tout en récupérant destypes d'arguments largement définis dans cette tradition. 1. Une problématique de l'influence

4 Pour traiter les actes de langage dans une problématique de l'influence, il faut répondre

à deux questions qui sont complémentaires l'une de l'autre : quel est l'enjeu

psychologique et social d'un acte de langage ? Quels processus langagiers participent de cet acte d'influence ?

5 Pour répondre à la première question, il suffit de se référer à l'histoire de la rhétorique

argumentative dont une partie a été occultée par la tradition scolaire et la critique littéraire ; la première par souci d'inculquer aux élèves des modes d'analyse des textes littéraires reposant sur le relevé des images et effets de style ; la seconde considérant

que la rhétorique des tropes est réservée au fait littéraire. Pourtant, chez Aristote, on

voit bien que le souci premier était d'aider à la délibération collective à des fins d'établissement d'une opinion majoritaire. Son souci est moins celui de la vérité que celui du vraisemblable, c'est-à-dire de ce qui doit paraître vrai pour persuader l'autre dans le cadre de la démocratie athénienne. On peut dire que son projet s'inscrit dans une problématique d'influence.

6 Perelman, de son côté, inscrit son projet rhétorique dans une problématique juridique.

Marqué qu'il fut par le procès de Nuremberg comme lieu de confrontation des arguments dans un jeu de question/réponse plus ou moins fermé, il décrit les

mécanismes argumentatifs qui servent à prouver, et in fine à établir une culpabilité. Son

souci n'est pas non plus celui de déterminer une vérité, mais de déterminer ce qui permet de prendre une décision " raisonnable » (serait-ce celle de la sanction) en pondérant les arguments sur un axe du probable.

7 Tout cela est loin de la filiation platonicienne d'un modèle logico-mathématique

cherchant à démontrer la vérité. Avec Aristote et Perelman, la rhétorique

argumentative est tournée vers l'autre pour le faire adhérer à une prise de position : c'est ce que l'on peut appeler l'activité langagière de persuasion. Mais il faut aller plus loin, car comme on vient de le voir, ces deux auteurs, tout en s'insérant dans une situation de communication (débat politique, débat juridique), en limitent la portée.

8 Depuis lors, les sciences humaines et sociales ont montré que les sociétés sontcomposites, fragmentées, faites de divers domaines d'activité qui tous se construisent

de manière interactionnelle entre des individus qui tentent de réguler socialement les rapports de force qui s'y instaurent. Le modèle de délibération du forum athénien et le modèle de persuasion des débats juridiques, à quoi on peut ajouter le modèle de démonstration de la communication scientifique, ne sont plus les seuls, voire ne sont plus dominants. Ils continuent d'exister mais participent d'un ensemble plus vaste de situations, lesquelles imposent des contrats interactionnels divers qui relèvent tantôt de la démonstration, tantôt de la persuasion, tantôt de l'explication, les trois grands ordres argumentatifs que la rhétorique traditionnelle a d'ailleurs du mal à distinguer.

9 Les rapports sociaux ne se joueraient pas tant sur le mode du " être vrai » que sur celui

du " croire vrai » ; on ne jouerait plus tant sur la " force logique » des arguments que sur leur " force d'adhésion » ; on ne chercherait pas tant une " preuve absolue » renvoyant à l'universel qu'une " validité circonstancielle » dans le cadre limité du

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 200811

situationnel. Evidemment, ces différents aspects coexistent, car il est difficile pour quelque société que ce soit de ne plus croire en des valeurs d'absolu ; cependant, un curieux jeu de masques s'instaure dans nos sociétés modernes entre vérité absolue et relative

2. Toujours est-il que l'analyse du discours n'a pas à se donner pour objet la

découverte de la Vérité, mais la découverte des jeux de mise en scène de la vérité

comme " croire » et " faire croire ». C'est ce que j'appelle une problématique de l'influence.

10 Pour répondre à la seconde question (quels processus langagiers participent de cet acte

d'influence ?), et en prenant le point de vue du sujet du discours, il suffit d'envisager les problèmes qui se présentent à lui dès lors qu'il veut parler à quelqu'un dans quelque situation de communication que ce soit. On peut en envisager quatre : Comment entrer en contact avec l'autre, à travers quelle relation ? Il s'agit ici de s'interroger sur le processus de prise de contact, sachant qu'entrer en contact avec l'autre est, pour le sujet parlant, un acte d'imposition de sa présence à l'autre, et sachant que toute mise en

place d'une relation instaure des positions de supériorité / infériorité. Les rituels socio-

langagiers étudiés par l'ethnométhodologie du langage masquent cette difficulté et tentent

de justifier ce qui autorise le sujet parlant à obliger l'autre à entrer en relation avec lui. Quelle position d'autorité adopter vis-à-vis de l'autre ? Il s'agit ici de s'interroger sur le processus de construction de l'image du sujet parlant, de sorte que l'autre le considère

crédible ou aille jusqu'à s'identifier à sa personne. On retrouve l'ethos de la rhétorique3 qui

est constitutif de tout acte de langage, mais prend des caractéristiques particulières selon la

situation de communication dans laquelle il s'inscrit 4. Comment toucher l'autre ? Sachant qu'il n'est pas acquis par avance d'influencer l'autre, il s'agit de s'interroger sur le processus langagier qui permet de faire en sorte que l'autre adhère sans résistance au point de vue du sujet. On retrouve ici le pathos de la rhétorique qui, s'appuyant sur les émotions susceptibles de faire se mouvoir l'individu dans telle ou telle direction, met en place des stratégies discursives de dramatisation afin d'emprisonner l'autre dans un univers affectuel qui le mettra à la merci du sujet parlant. Enfin, comment ordonnancer son dire de telle sorte que celui-ci soit au service du processus d'influence du sujet ? Car il faut bien parler du monde et le transmettre à l'autre pour qu'il lui soit compréhensible. Il s'agit ici de s'interroger sur les modes d'organisation du discours selon que l'on choisit de raconter ou d'argumenter. Raconter suppose que l'on organise son discours de façon descriptive et narrative ; argumenter que l'on organise son discours de manière argumentative.

11 Chacun de ces modes d'organisation a, comme on va le voir, des particularités qui lui

sont propres, mais on remarquera qu'ils se distinguent en ce que le premier est

" identificatoire » : il permet à l'autre de se projeter librement dans le récit qui lui est

proposé, et de s'identifier ou non à tel ou tel aspect du récit ; le second est " impositif » : il oblige l'autre à entrer dans un mode de pensée et à l'évaluer en fonction de son propre point de vue. C'est pourquoi le premier est générateur de discours mythiques, le second de discours savants, mais tous deux participent d'un processus de rationalisation.

12 Chacun de ces processus (voir Figure 1) fait l'objet d'une mise en scène qui obéit à une

certaine mécanique et a recours à certains procédés que l'on peut décrire et

catégoriser : mise en scène et catégories des rituels de prise de contact ; mise en scène

et catégories de l'ethos ; procédés des stratégies du pathos, mécanique et catégories de• • • •

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 200812

la mise en scène narrative et argumentative. Ici, il ne sera question que de cette dernière.

2. L'organisation argumentative du processus

d'influence

13 La raison argumentative, considérée du point de vue d'une problématique del'influence, ne réside pas seulement dans la force du raisonnement (existe-t-il un

raisonnement imparable ?) ni dans la seule force des idées (qu'est-ce qu'une idée forte ?). Si c'était le cas, on saurait par avance ce qu'est un raisonnement imparable et tout le monde utiliserait le même, ou ce qu'est une idée forte et tout le monde y aurait recours. Un même raisonnement peut servir des idées opposées, une même idée peut s'insérer dans des raisonnements différents. On en conclura qu'aucun raisonnement, aucune idée, n'a de force en soi. Quand un pays qui veut défendre son droit à se doter d'une force nucléaire utilise l'argument " nationaliste » vis-à-vis de son peuple contre l'ingérence étrangère, on conviendra que l'argument en question n'a de force que dans cette situation et par rapport au peuple concerné, et non pas en soi puisque dans un autre contexte il pourra être rejeté comme négatif. On ne retiendra donc pas cette idée qui traîne dans la rhétorique argumentative, à savoir que l'on peut établir une hiérarchie entre des modes de raisonnements et entre des types d'arguments.

Figure 1

14 On posera donc que la raison argumentative dépend des considérations suivantes :

tout acte de langage se produit dans une situation de communication qui donne des

instructions de production et d'interprétation du sens aux partenaires de l'échange ; le sens•

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 200813

résulte d'une co-construction et donc l'acte argumentatif, qui s'y trouve, tire sa validité (etnon point sa valeur) des instructions de cette situation ;le processus de rationalisation argumentative obéit à certaines conditions de mise en scène

discursive, faisant que la pertinence de l'argumentation ne peut être jugée que rapportée aux conditions de cette mise en scène ; le processus argumentatif tire sa force d'influence d'un certain type d'argument, à

l'intérieur d'une certaine situation, et selon la fonction que remplit l'argument considéré au

regard de la mise en scène discursive.

15 On évoquera rapidement le premier considérant, pour s'attacher plus particulièrementaux deux autres. 3. Validité de l'acte argumentatif et situation decommunication

16 Il est important de souligner ici la différence entre les notions de valeur et de validité.

La valeur renvoie à un sémantisme à la fois référentiel et axiologisé qui se trouve

inscrit dans les mots de par leur usage social, comme serait par exemple le mot

" crime », porteur, par son usage social, d'un sémantisme à valeur négative. La validité

concerne l'effet sémantique qui est produit en cohérence avec la situation dans laquelle sont employés les mots, et dont les partenaires de l'acte de langage sont comptables.

Ainsi, le slogan publicitaire " Pas de vrai plaisir sans Perrier » sera interprété - et donc

validé - comme : " si vous voulez un vrai plaisir, alors buvez Perrier », parce qu'on a connaissance des instructions de la situation de communication publicitaire qui nous dit, à la fois que : " vous ne pouvez pas ne pas vouloir avoir du plaisir », et que : " seul

Perrier peut vous donner ce plaisir »

5. Mais sortez cet énoncé de cette situation,

plongez-le dans une autre situation, et il signifiera autre chose, les inférences que permettra cette nouvelle situation seront autres, et l'acte argumentatif sera validé différemment.

17 Sans pouvoir développer ici ce point, considérer que c'est la situation decommunication qui donne force de validité à l'acte argumentatif est ce qui permet de

définir trois grands ordres argumentatifs : la démonstration, l'explication, la persuasion. L'ordre de la démonstration correspond aux situations dont la finalité

consiste à établir une vérité (un article scientifique) ; l'ordre de l'explication

correspond aux situations dont la finalité consiste à faire savoir une vérité déjà établie

(un manuel scolaire de physique) ; l'ordre de la persuasion correspond aux situations dont la finalité est de faire croire (une publicité, une déclaration politique). Cette distinction de " genres » (si l'on veut employer ce terme) à l'intérieur de l'activité argumentative ne tient donc pas aux caractéristiques linguistiques des énoncés, mais aux enjeux situationnels.

4. Les conditions de mise en scène discursive de l'acte

argumentatif

18 Adoptant le point de vue du sujet argumentant, on posera que celui-ci, tenant compte

des instructions de la situation de communication dans laquelle il se trouve, doit se

livrer à une triple activité discursive de mise en argumentation (Figure 2). Il doit faire• •

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 200814

savoir à l'autre (interlocuteur unique ou auditoire multiple) : (1) de quoi il s'agit (problématiser) ; (2) qu'elle position il adopte (se positionner) ; (3) quelle est la force de son argumentation (prouver).

Figure 2

4.1. Problématiser

19 Problématiser est une activité discursive qui consiste à proposer à quelqu'un, nonseulement ce dont il est question, mais aussi ce qu'il faut en penser : d'une part, faire

savoir à l'interlocuteur (ou à l'auditoire) de quoi il s'agit, c'est-à-dire quel domaine thématique on lui propose de prendre en considération ; d'autre part, lui dire quelle est la question qui se pose à son propos.

20 En effet, une assertion ne prête à aucune discussion tant qu'on n'en perçoit pas la mise

en cause possible : l'énoncé " le premier ministre démissionne » peut n'être qu'un simple constat ; il ne devient problématisé qu'à partir du moment où est envisagée l'assertion opposée " le premier ministre ne démissionne pas », ce qui oblige à

s'interroger sur les causes (pourquoi ?) et/ou les conséquences (donc) de cette

opposition. Chaque fois qu'un locuteur profère un énoncé et que l'interlocuteur lui

rétorque : " et alors ? », cela veut dire que ce dernier n'en saisit pas la

problématisation. Ainsi, un dialogue apparemment argumentatif comme A - Pourquoi est-il arrivé en retard à la réunion ?

B - Parce qu'il est parti en retard de chez lui

21 ne présente pas de problématisation, du moins si on en exclut des implicites qui

pourraient mettre en cause soit la réponse, soit les conséquences de la réponse. Et donc l'on est en droit de se demander s'il s'agit ici d'un acte argumentatif, si ce ne serait pas plutôt un acte purement informatif, ce qui nous conduirait à dire que toute expression d'une causalité n'a pas nécessairement de validité argumentative.

Argumentation et Analyse du Discours, 1 | 200815

22 Problématiser, c'est donc imposer un domaine thématique (propos) et un cadre de

questionnement

6 (proposition)7 qui consiste en une mise en question d'assertions à

propos de laquelle le sujet destinataire est amené à s'interroger sur " qu'est-ce qui permet de faire cette assertion ? », ou " qu'est-ce qui permet d'apporter cette cause ? », ou encore " qu'est-ce qui permet de proposer cette conséquence ? ». C'est là ce qu'on appelle une " condition de disputabilité » 8.

23 Par exemple, il y a de multiples façons de discuter autour du thème de " l'intervention

humanitaire », mais se demander s'il faut intervenir ou non dans un pays étranger dès lors que celui-ci commet des exactions vis-à-vis de sa propre population, ou au nom de quoi on s'autorise à intervenir ou quelles seraient les conséquences si l'on intervient, c'est, à chaque fois, mettre en présence au moins deux assertions et donc proposer à son interlocuteur un cadre de questionnement qui donnera une raison de discuter l'acte d'assertion.

4.2. Se positionner

24 Mais cela n'est pas suffisant, car encore faut-il que le sujet qui veut argumenter dise

quel terme de l'opposition il veut défendre. Il doit se positionner par rapport à la problématisation proposée, dire quel est son point de vue par rapport aux assertions en présence. Il s'engage alors dans une prise de position en défendant l'une des deux assertions, ce qui le conduira du même coup à s'opposer à l'autre. Théoriquement, il pourra argumenter soit en faveur d'une position (il est pour) ; soit en défaveur d'une position (il est contre) ; soit en faveur de l'une et parallèlement en défaveur de l'autre, cela dépendra des enjeux du sujet argumentant. Dans un débat, par exemple, on peut avoir une prise de position seulement orientée vers l'une ou l'autre position.quotesdbs_dbs7.pdfusesText_13
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