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5 sept. 2019 34 ARCHITECTE - / INGENIEUR - PAYSAGISTE ... dans le cadre d'un urbanisme écolo- ... Guide d'architecture contemporaine du.



damier : définition de damier et synonymes - Le Parisien

d Duration of the Bachelor of the Built Environment in Architecture The duration of the programme is 1 year of full-time study The course is based on semester modules that are assessed either through continuous evaluation or examination The programme is based on core architecture and some elective modules



I ARCHITECTURE ET URBANISME - iuar-lieu-amufr

2 - Naissance de l'Urbanisme De ce désir d'ordre et de règles dans l'anarchie consécutive à l'explosion urbaine du 19ème siècle est né l'urbanisme contemporain qui a été sans conteste au départ un élargissement du cadre architectural La notion du plan d'urbanisme ou plan directeur résulte de

Quelle est la différence entre architecture et urbanisme?

en architecture, pour des carrelages et des murs extérieurs comme c'est le cas pour les églises de Bonneville (Somme) et de Saint-Valery-sur-Somme. en urbanisme, plan en damier ou hippodamien, type d'organisation d'une ville.

Quels sont les objectifs du droit de l’urbanisme?

Elle inscrit la lutte contre les émissions de GES (gaz à effet de serre), la maîtrise de l’énergie et la production d’énergie à partir de sources renouvelables dans le droit de l’urbanisme. Elle impose aux auteurs des documents d’urbanisme d’intégrer ces préoccupations et modifie le régime des PLU en conséquence.

Qui participe à l’étude d’un projet d’urbanisme?

La population, les associations locales et autres personnes concernées, participent tout au long de l’étude, et jusqu’à l’arrêt du projet, à la démarche de concertation (articles L. 103?2 et L. 103?3 du code de l’urbanisme) définie dans la délibération de prescription de l’étude.

Quels sont les enjeux de l’urbanisme?

L’urbanisme et l’énergie sont deux sujets complexes et techniques, dont il faut maîtriser les notions de base afin de pouvoir en cerner les enjeux. Les élus d’une collectivité qui démarre l’élaboration ou la révision d’un document d’urbanisme se trouvent confrontés à la nécessité de renforcer leurs connaissances.

Pierre Moret Mémoire d'habilitation RECHERCHES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES SU

R L'IBÉRIE ANTIQUE VOLUME 2

ARCHITECTURE, URBANISME ET ORGANISATION DU TERRITOIRE DANS L'IBÉRIE DE L'ÂGE DU FER ET DE L'ÉPOQUE RÉPUBLICAINE (VIIE - IER SIÈ

CLE AVANT J.-C.) Université de Toulouse-Le Mirail 2008

VOLUME 2

ARCHITECTURE, URBANISME ET ORGANISATION

DU TERRITOIRE DANS L'IBÉRIE DE L'ÂGE DU FER

ET DE L'ÉPOQUE RÉPUBLICAINE

(VII E - I ER

SIÈCLE AVANT J.-C.)

ii iii Ce deuxième volume est un parcours en zigzag, d'enceintes en maisons-tours et en villages perchés, à travers les paysages architecturaux de l'Ibérie de l'âge du Fer et des deux premiers siècles de la domination romaine ; parcours non exempt de lacunes, mais dans lequel je me suis efforcé de respecter deux unités. Unité de lieu, d'abord : c'est celle de l'aire ibérique. Je continue de penser 1 que le seul critère archéologique objectif qui permette de définir sans contestation possible une aire géographique ibérique homogène est celui de l'usage de la langue et de l'écriture ibérique (dans l'une quelconque de ses variantes), entre le V e et le II e siècle av. J.-C. Mais je tiens à dissiper tout de suite un risque de malentendu. Je ne crois absolument pas à l'unité culturelle de cette aire extrêmement vaste qui, contournant la Meseta, va du Guadalquivir à l'Hérault. Le critère linguistique nous fait mettre en avant des parentés qui sont incontestables, mais qui n'étaient peut-être pas perçues par les peuples concernés. On est même en droit de se demander si certaines ethnies de l'actuelle Catalogne, au III e siècle, ne se reconnaissaient pas plus d'affinités avec les Celtibères ou avec les Volques qu'avec les Bastétans ou les Turdules. Cette définition a cependant deux avantages. D'une part, elle permet d'étudier en parallèle des groupes humains qui ont connu à peu près au même moment des situations de contact culturel similaires : avec les Phéniciens d'abord (directement ou indirectement), puis avec les Grecs et les Carthaginois. D'autre part, presque tous les peuples de cette zone

étaient définitivement soumis à l'autorité romaine dès la deuxième décennie du II

e siècle av. J.-C. Les évolutions et les mutations - encore endogènes jusqu'au milieu du I er siècle av. J.-C. - qui sont les prodromes de la " romanisation » y connaissent donc partout des rythmes comparables et permettent, là encore, une analyse comparée fructueuse. Les études que j'ai réunies ici ne prennent pas toutes en compte l'ensemble de cet espace " ibérique », loin de là. Les fresques à petite échelle sont utiles pour mettre en évidence les grandes tendances, les évolutions à long terme, les parentés masquées. Mais elles obligent à un travail de seconde main, sont toujours incomplètes et vieillissent vite. Je les ai donc fait alterner avec des études plus spécifiques, centrées sur un phénomène particulier, comme les tracés régulateurs, ou sur une petite région, comme le Bas Aragon. Unité d'objet, ensuite. Il sera question d'architecture - celle surtout des enceintes fortifiées 2 , mais aussi celle de certains types particuliers d'habitat, comme la maison forte -, d'urbanisme et de formes d'occupation du territoire. L'ensemble de ces études s'inscrit dans la longue durée. J'ai volontairement mis au second plan la césure de la conquête romaine, qui n'est une rupture absolue que d'un point de vue macropolitique ; je m'expliquerai plus longuement sur ce parti pris dans l'avant-propos de la deuxième partie. Mais parler de longue 1 Cf. MORET 1996, Fortifications ibériques, p. 14-20. 2

Sur des aspects de l'architecture défensive ibérique que je n'avais pas traités ou pas développés

dans ma thèse. iv durée ne veut pas dire que je postule la permanence d'une identité culturelle ibère qui traverserait les siècles, essentiellement inchangée, et qui donnerait la clé, à toute époque, des spécificités de l'architecture indigène. Les positions que j'ai prises dans certains débats, notamment sur les origines péninsulaires de l'adobe et de la maison rectangulaire, sur la faible part des emprunts aux Phéniciens et aux Grecs en matière d'architecture défensive, ou sur les capacités militaires limitées des Ibères dans le domaine de la poliorcétique, m'ont valu parfois les qualificatifs de " primitiviste » ou d'" autochtoniste ». Je crois n'être ni l'un ni l'autre, mais je suis persuadé que la recherche machinale des parallèles extérieurs, et toutes les conjectures qui s'ensuivent sur l'existence de modèles ou d'influences 3 , nous font trop souvent oublier le poids des héritages. En parlant d'héritage, je ne pense d'ailleurs pas seulement à des acquis technologiques, mais plus largement à une très vaste gamme de pratiques et de croyances, qui vont du tour de main de l'artisan jusqu'à des prescriptions ou des interdits religieux dont nous ignorons tout, mais qui ont aussi contribué à modeler les architectures 4 de l'Ibérie préromaine et républicaine. Des choix ont été nécessaires. J'ai laissé de côté un certain nombre d'études de détail sur les fortifications (par exemple sur les systèmes d'accès, ou sur les

" chevaux de frise »). J'ai également écarté mes contributions à trois projets

collectifs qui se sont succédés à partir de 1989 dans la province d'Alicante : prospections dans le Bas Segura, fouilles de La Picola 5 , fouilles de La Fonteta de Guardamar. J'ai beaucoup hésité avant de faire le sacrifice d'un champ d'étude auquel je suis très attaché, parce qu'à titre personnel j'y ai beaucoup appris, et parce qu'intrinsèquement le Bas Segura est un laboratoire archéologique passionnant. Mais les publications auxquelles j'ai participé sont authentiquement le fruit d'une réflexion collective, et comme telles elles n'avaient pas leur place, m'a-t-il semblé, dans un bilan individuel. La première partie, sans doute la moins homogène, ne prétend donner que quelques éclairages sur la longue période qui va du premier âge du Fer à l'Ibérique Moyen (soit du VIII e / VII e siècle au IV e / III e siècle). La transition de l'Ibérique Ancien (autour du VI e siècle) est un moment clé dont les enjeux sont illustrés de façon complémentaire par les deux premiers chapitres, du point de vue de l'enceinte fortifiée et du point de vue de la maison. Une synthèse générale sur les agglomérations de l'Ibérique Moyen fait ensuite pendant à une tentative d'analyse de quelques tracés régulateurs, témoins d'une maîtrise et d'une planification croissantes des projets architecturaux.

Une autre transition décisive, celle des III

e et II e siècles, est étudiée dans la deuxième partie, d'abord sous le rapport des modèles architecturaux hellénistiques et de leurs voies de diffusion, avant et après la conquête romaine, avec un chapitre 3

Cette routine archéologique est aussi, bien entendu, la mienne : on n'en trouvera que trop

d'exemples dans les pages qui suivent. 4

Ce pluriel pour rappeler, en passant, que l'architecture ibérique n'est pas une, pas plus que ne le

sont les formes d'organisation de l'habitat dans l'agglomération et des agglomérations dans le

territoire. Nous verrons de nombreux exemples de cette diversité qui correspond parfois - mais pas

toujours - aux délimitations ethniques dont font état les sources littéraires. 5

À une exception près : l'étude métrologique de La Picola, réalisée avec Alain Badie, reprise ici

dans le chapitre 4 de la première partie. v de synthèse suivi de l'examen d'un cas particulier ; puis à propos des enceintes urbaines des cités pérégrines du II e siècle. À travers l'étude d'un secteur de la vallée de l'Èbre entre le VII e et le III e siècle av. J.-C., la troisième partie donne l'occasion de tester à grande échelle, sur un terrain bien délimité, plusieurs grilles de lectures et plusieurs hypothèses introduites dans les chapitres précédents : origine régionale des formes d'habitat groupé ; lien entre aristocratie et architecture de prestige ; hiérarchie des types d'établissement ; réélaboration et adaptation locale de formes ou de styles importés ; maintien des mêmes formes architecturales d'une période à l'autre, mais pour des usages différents. Enfin, la quatrième partie traite toute entière d'un dossier spécifique, celui des maisons fortes isolées qui se multiplient dans les campagnes et dans certains districts miniers à partir du milieu du I er siècle av. J.-C., principalement en Bétique et en Lusitanie. Cette forme originale d'habitat rural pose la question d'un mode de romanisation sui generis qui mêle des traits italiques, puniques, hellénistiques et ibériques. Note sur le système de références bibliographiques Comme dans le premier volume, les titres qui ne sont cités qu'une seule fois sont donnés en entier dans les notes de bas de page. En cas de références multiples, le titre complet est donné dans la bibliographie en fin de volume et les notes n'en contiennent qu'une version

abrégée, sous les formes suivantes (la première pour un article, la seconde pour un livre) :

TARRADELL-FONT 2003-2004, " Les monedes », p. 300 sq.

BADIE et al. 2000, La Picola, p. 10.

Sauf mention contraire, les photographies et les illustrations sont de l'auteur. vi

PREMIÈRE PARTIE.

DU VII

E AU IV E

SIÈCLE :

DIVERSITÉ ET CONVERGENCES

8 9

Chapitre 1

LES FORTIFICATIONS DU PREMIER ÂGE DU FER

DANS LE NORD-EST DE L'ESPAGNE ET EN LANGUEDOC OCCIDENTAL :

ÉLÉMENTS POUR UNE CONFRONTATION

Chapitre issu d'une communication publiée sous le même titres dans Mailhac et le premier Âge du Fer en Europe occidentale. Hommages à Odette et Jean Taffanel (Carcassonne, 1997), Lattes, Monographies d'Archéologie Méditerranéenne, 7, 2000,

p. 73-81. Les références bibliographiques n'ont pas été mises à jour, hormis la

mention des fouilles récentes d'Alexis Gorgues à Malvieu (Saint-Pons-de- Thomières, Hérault). La section sur l'architecture des villages clos a été modifiée, dans ce chapitre comme dans le suivant, afin d'éviter des redites. Les disparités du développement de la recherche, entre régions voisines et entre pays voisins, sont un des principaux obstacles qui s'opposent encore à une compréhension globale des processus culturels complexes qui accompagnent le passage de l'âge du Bronze à l'âge du Fer dans le nord-ouest du Bassin

Méditerranéen.

Alors que l'étude des mobiliers métalliques et céramiques s'est depuis longtemps affranchie des frontières modernes, alors que les recherches sur les pratiques funéraires se nourrissent des découvertes survenues des deux côtés des Pyrénées, c'est sans doute dans le domaine de l'architecture domestique et défensive que les travaux archéologiques sont restés le plus cloisonnés, comme si l'habitat était, avant tout, une affaire de traditions et de ressources locales. Il va de soi que le matériau disponible et les contraintes du climat ont une grande part dans les formes que prend, ici et là, la maison d'habitation. Mais il n'en demeure pas moins que les modes architecturales existent, qu'elles voyagent comme les modes vestimentaires - plus lentement sans doute, mais souvent aussi loin -, et que les progrès de la fortification ont eu pendant l'âge du Fer une diffusion aussi rapide que les progrès de l'armement. Une confrontation globale des pratiques architecturales qui se sont

développées au début de l'âge du Fer entre l'Aude et l'Èbre s'avère donc

nécessaire. Je n'en aborderai ici qu'un aspect, celui des aménagements défensifs. Sans prétendre aucunement à l'exhaustivité - l'enquête de détail reste à entreprendre -, je me contenterai de proposer des pistes de recherche en revenant 10 sur plusieurs questions que je n'avais pu qu'effleurer dans la version publiée de ma thèse 1 , et en centrant mon exposé sur deux moments-clés de l'évolution des fortifications en Méditerranée occidentale : la première phase de l'âge du Fer, du VIII e siècle à la première moitié du VII e , et la fin du VI e siècle, au moment où les effets des échanges culturels avec les Grecs et les Phéniciens deviennent perceptibles dans l'architecture défensive. Avant d'entrer en matière, une précision s'impose quant au sens, très large, que je donnerai ici à la notion de fortification. Pour éviter de trop longues périphrases, je désignerai sous le nom d'habitat fortifié, ou de village fortifié, tout

habitat groupé dont l'accès était protégé par une structure bâtie, quelle que fût sa

nature et son importance : mur, levée de terre, fossé, palissade ou combinaison de plusieurs de ces éléments. Fig. 1. Carte de localisation des sites mentionnés dans le texte. 1

MORET 1996, Fortifications ibériques.

11 Les fortifications du début du premier âge du Fer Se fixer comme premier horizon chronologique le début de l'âge du Fer est sans doute un parti-pris très artificiel, dans la mesure où l'on ne constate guère de différences, du point de vue de l'architecture défensive, entre ce qu'on peut attribuer au Bronze Final III b et ce qui revient à la phase initiale du premier âge du Fer. Les dynamiques sont presque partout les mêmes, sans rupture notable. En revanche, il existe à cette époque un contraste extrêmement net entre deux conceptions radicalement différentes de l'habitat groupé : d'un côté de vastes retranchements protégeant, sans leur être structurellement liés, des habitations dispersées, de l'autre de petites enceintes faisant corps avec des cases à parois mitoyennes qui s'agglutinent contre elles. Malgré les évidentes lacunes de la documentation, il semble possible de situer la frontière entre ces deux faciès au sud des Pyrénées, dans la zone montagneuse qui sépare la dépression centrale du bassin de l'Èbre des plaines côtières de la Catalogne (fig. 1). Fortifications associées à un habitat dispersé Les fortifications du premier type ont une distribution amphi-pyrénéenne, des contreforts méridionaux de la Montagne Noire jusqu'au sud de la Cordillère intérieure catalane. Ce sont des fortifications linéaires, d'une conception très simple. Rarement entières, elles barrent en ligne droite ou en arc de cercle l'éperon ou le rebord de plateau sur lequel le village est établi. Elles consistent en un mur de pierre sur les hauteurs où la roche affleure et se

prête à la taille ; dans les plaines et sur les terrasses alluviales elles se réduisent à

un fossé doublé d'un talus qui devait être palissadé. C'est dans tous les cas le matériau disponible qui détermine le choix technique. Du point de vue de l'organisation d'ensemble de l'agglomération, il n'y a pas d'opposition fondamentale entre les retranchements talutés et les murailles en pierre. De fait, dans tous les cas connus on constate qu'à l'intérieur de l'enceinte l'habitat est dispersé, non structuré, et qu'il n'occupe qu'une partie de l'aire délimitée. Les superficies sont d'ailleurs toujours relativement grandes : 1 à 5 hectares pour les murailles en pierre, et jusqu'à une vingtaine d'hectares à Carsac. Les sites ayant fait l'objet de décapages ou de sondages qui autorisent une attribution certaine à la période qui nous occupe sont peu nombreux, mais répartis sur un vaste espace géographique. Le retranchement de Carsac est de loin le mieux connu 2 ; c'est le seul pour lequel on dispose d'un plan d'ensemble relativement précis, avec au Bronze Final III a/b un fossé en U protégeant le site du côté le plus accessible 3 . Au nord de l'embouchure de l'Aude, sur la bordure de 2 J. GUILAINE, G. RANCOULE, J. VAQUER et al., Carsac. Une agglomération protohistorique en Languedoc, Toulouse, 1986, , Centre d'Anthropologie des Sociétés Rurales. 3

Rappelons qu'une incertitude majeure pèse sur la chronologie de cette première phase de Carsac,

les datations calibrées la faisant remonter au XIII e siècle (J. GASCÓ, " Etat de la question de l'Âge

du bronze sur le versant nord des Pyrénées de l'Est (Pyrénées Orientales, Ariège, Aude) et sur ses

marges », dans Cultures i medi de la Prehistòria a l'Edat Mitjana. 20 anys d'arqueologia

pirinenca (X Col.loqui internacional de Puigcerdà), Puigcerdà, 1995, p. 348-349). 12 l'étang de Vendres, le site de Portal Vielh a récemment fourni la preuve que le modèle de fortification reconnu à Carsac était largement répandu dans le

Languedoc Occidental du Bronze Final III b

4 . Des cabanes en matériau léger, bâties sur poteaux porteurs, étaient défendues sur un côté au moins par un fossé bordé d'une palissade. Les fortifications en pierre sont plus nombreuses, mais nous n'en avons le plus souvent qu'une connaissance fragmentaire. À Mailhac, au VIII e siècle (Cayla I), un mur assez puissant pour retenir une couche importante de sédiments archéologiques bordait le plateau sommital de la colline. Bien qu'il ne soit qu'indirectement connu, il est possible d'y reconnaître un mur de défense 5 . En plein massif des Pyrénées, au coeur de la Cerdagne, le village d'éleveurs de Llo possédait dès le Bronze Final un mur d'enceinte d'un mètre et demi d'épaisseur, en pierres sèches, qui délimitait un enclos de quelque deux hectares 6 En Catalogne, deux enceintes d'une conception similaire ont été récemment mises au jour. À Olèrdola (Alt Penedès, Barcelone), un éperon calcaire de

3,5 hectares dominant la plaine littorale était transversalement barré par une

muraille de 1,4 m d'épaisseur, repérée dans plusieurs sondages en arrière de la fortification du II e siècle av. J.-C. qui a valu au site sa célébrité 7 . L'attribution de cette muraille primitive aux phases récentes du Bronze Final (IX e - VIII e siècles) est certaine, même si la pauvreté du mobilier n'a pas permis d'affiner cette datation. À La Mussara (Febró, Tarragone), dans un environnement franchement montagneux, une plate-forme naturelle de près d'un hectare est fermée au IX e siècle par une muraille appuyée sur des affleurements rocheux 8 Enfin, l'enceinte du Cros à Caune-Minervois constitue un cas particulier, non seulement parce que son tracé est presque entièrement connu, mais aussi parce qu'elle paraît plus complexe que les autres fortifications en pierre datant de l'orée de l'âge du Fer 9 . Mise en place à la charnière des VIII e et VII e siècles, ses 320 m de mur en pierre sèche ferment en bordure d'escarpement un espace de 5,25 hectares (fig. 2). Ce mur, d'aspect fruste, est flanqué de neuf " structures » 4 L. CAROZZA, " À la source du Premier Âge du fer languedocien », dans Mailhac et le premier Âge du Fer en Europe occidentale. Hommages à Odette et Jean Taffanel (Carcassonne, 1997),

Lattes, 2000, p. 13 sq.

5

J'avais jusqu'à présent fait preuve d'un scepticisme excessif, en " révoquant en doute »

l'existence d'une fortification primitive sur la colline de Mailhac (MORET 1996, Fortifications

ibériques, p. 362). Odette et Jean Taffanel m'ont opportunément rappelé, lors des débat du

colloque de Carcassonne organisé en leur hommage en 1997, les données stratigraphiques qui rendent vraisemblable la présence d'un mur ou d'une muraille en bordure du plateau. 6 J. CAMPMAJO, Le site protohistorique de Llo, P.-O., Perpignan, 1980 (Mémoires du Centre d'Etudes Préhistoriques Catalanes, 2). 7

R. ÁLVAREZ et al., " La muralla del Bronze Final i època ibèrica d'Olèrdola (Olèrdola, Alt

Penedès) », dans Fortificacions - la problemàtica de l'ibèric ple. Simposi Internacional

d'Arqueologia Ibèrica. Manresa, 1991, p. 153-158. 8 J. ROVIRA et J. SANTACANA, El yacimiento de La Mussara (Tarragona). Un modelo de asentamiento pastoril en el Bronce Final de Catalunya, Barcelone, 1982. 9

J. GASCÓ, " L'enceinte du Cros à Caunes-Minervois (Aude) et la transition Âge du Bronze - Âge

du Fer. Ouvrages architecturaux et aménagements », dans Aspects de l'Âge du Fer dans le Sud du

Massif Central, Actes du XXI

e colloque international de l'AFEAF (Monographies d'Archéologie Méditerranéenne, 6), Lattes, 2000, p. 183-192. 13 rectangulaires (pour reprendre l'expression prudente de J. Gascó), construites elles aussi en pierres sèches. Il est possible, mais non encore avéré, que ces structures - bastions ou contreforts - aient existé dès l'origine du rempart. Fig. 2. L'enceinte du Cros (Caune-Minervois), d'après J. Gascó. L'échantillon est somme toute assez maigre 10 , et il est bien évident que l'agglomération fortifiée n'était pas la seule forme d'habitat connue à cette époque en Méditerranée nord-occidentale. On a souligné à juste titre la place prépondérante des habitats ouverts, constitués par de simples groupements de cabanes et souvent dépourvus de défenses naturelles 11 . Cela dit, la proportion exacte de l'habitat fortifié et de l'habitat ouvert est impossible à déterminer, même approximativement. Dans les régions de plaine, les fossés sont pratiquement impossibles à repérer en prospection de surface ou à l'occasion de sondages ponctuels, et ce n'est pas un hasard si ce type de structures était inconnu dans la région avant que ne s'impose la pratique des grands décapages. Dans cette perspective, il est permis de penser que bien des groupements de cabanes 10

Il a été notablement enrichi, depuis 2002, par la fouille du site fortifié de Malvieu (Saint-Pons-

de-Thomières, Hérault), dans l'arrière-pays languedocien, dont l'enceinte de pierres sèches munie

de tours est datée du Bronze Final III b, un peu avant celle du Cros (A. GORGUES, à paraître).

11

J. GASCÓ, " Habitats et structures domestiques en Languedoc méditerranéen durant l'Âge du

bronze final », dans Habitats et structures domestiques en Méditerranée occidentale durant la

Protohistoire (Arles, 1989). Pré-actes, Aix-en-Provence, 1989, p. 36-40 ; PONS 1994, " L'hàbitat a

Catalunya ».

14 considérés comme des habitats ouverts possédaient en réalité un fossé ou un talus périmétral, laissés dans l'ombre par une exploration lacunaire et traditionnellement centrée sur l'unité d'habitation. Les villages clos de la dépression centrale de l'Èbre Les établissements que les auteurs espagnols appellent habituellement " poblados de calle central », et que j'ai désignés par le terme de villages clos 12 sont des agglomérations perchées dont l'enceinte est constituée par le mur de fond des cellules d'habitat, lesquelles sont accolées les unes aux autres et réparties autour d'un espace communautaire médian. Les habitations forment ainsi un ensemble compact et solidaire, lié structurellement à l'enceinte (fig. 3). Ces villages clos sont généralement de très petite taille ; leur superficie est toujours

inférieure à un demi-hectare, et le plus souvent elle est de l'ordre de 1000 à

2000 m

2 . On observe quelques variations dans leur plan, en fonction du relief : l'espace médian peut prendre, selon les cas, la forme d'une rue ou d'une place. Dans certains cas, les conditions topographiques peuvent réduire le village à une seule rangée de maisons, limitée d'un côté par un mur, de l'autre par un escarpement ou par un affleurement rocheux. Le petit établissement perché de Genó (Aitona, Lleida) est l'un des exemples les plus anciens et les mieux étudiés de cette forme d'habitat très originale 13 . On trouve là, vers 1100 av. J.-C., l'ébauche d'un village clos à rue axiale, parfaitement ordonné malgré l'exiguïté de ses 700 m 2 , avec deux rangées de cases contiguës se faisant face de part et d'autre d'un espace vide médian. Les exemples de villages clos se multiplient à partir du VIII e siècle, dans la dépression centrale de l'Èbre (Navarre et Aragon), dans la basse vallée du Segre (province de Lleida) et dans le Bas Aragon (province de Teruel) 14 . Au VII e siècle, il se répand vers l'est, principalement dans deux directions : au sud-est vers le Bas Èbre, au nord- est vers la haute vallée du Llobregat, où se forme à ce moment ce qu'on a appelé la " culture de Merlés » 15 . Plus tard encore, à l'époque ibérique, des formes de proto-urbanisme dérivées du village clos se développeront dans les plaines côtières de la Catalogne. On assiste donc très clairement à une diffusion radiale à partir d'un foyer situé dans la dépression centrale de l'Èbre. Tout oppose le village clos aux grands retranchements des plaines côtières et des montagnes qui les bordent : d'un côté des cases bâties sur un soubassement de pierre, agrégées en pâtés de maisons, de l'autre des cabanes en matériaux légers sur poteaux porteurs, isolées les unes des autres ; ici une osmose entre l'enceinte et l'habitat, là une séparation ; ici l'uniformité d'un modèle d'agglomération qui s'impose sans alternative - le village clos -, là une grande diversité des formes d'habitat, de la grotte à l'enceinte fortifiée en passant par la cabane isolée. 12

MORET 1996, Fortifications ibériques, p. 145.

13

LÓPEZ CACHERO 1999, " Primeros ensayos ».

14

La meilleure synthèse sur l'origine du village clos se trouve dans LÓPEZ CACHERO 1999,

" Primeros ensayos » ; voir aussi GARDES 2000, " Habitat, sociétés et territoires ». 15

M. D. MOLAS et E. SÁNCHEZ, " Coneixement actual sobre l'hàbitat i l'habitació a la Catalunya

central », Cota Zero, 10, 1994, p. 66. 15 Le contraste entre ces deux modèles d'habitat fortifié n'est pas seulement typologique et géographique. Il est aussi, en partie, chronologique. Au nord et à l'est, les retranchements fossoyés et les murailles en pierre font leur apparition au Bronze Final III (voire au Bronze Final II récent si l'on retient une date précoce pour Carsac I), sans qu'on leur connaisse de précédents immédiats. Le Midi de la France a certes connu, au Chalcolithique et au Bronze Ancien, une forte tradition de l'habitat ceinturé, mais le hiatus chronologique est trop grand, en l'état du dossier, pour qu'on puisse lier les deux phénomènes. Fig. 3. Villages clos du Bronze Final et du premier âge du Fer. a : Cabezo de Monleón (Caspe, Saragosse), IX e /VIIIquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32
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