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Rencontre avec Brigitte Smadja (7 mai 2015)

(6ème 1 et 6ème 4)

Le " métier » d"écrivain.

- Quel est votre livre le plus connu ? " Il faut sauver Saïd » a eu beaucoup de succès. Il a été édité en 2003 et il est toujours traduit en plusieurs langues, y compris en chinois. Pour ce livre, j"ai reçu beaucoup de lettres d"hommes politiques (Nicolas Sarkosy, Luc Ferry, Laurent Fabius, Xavier Darcos) et j"ai été reçu au ministère de l"Education Nationale. - Quel métier vouliez vous faire quand vous étiez plus jeune Quand j "étais plus jeune, je n"écrivais pas et je ne pensais pas du tout à devenir écrivain un jour. Je voulais être pilote d"avion (mais je n"étais pas assez douée en mathématiques pour pouvoir exercer ce métier) ou mère supérieure dans un couvent. Je suis allée dans une école tenue par des bonnes soeurs en Tunisie et je les adorais. - Pourquoi avez-vous choisi de faire ce métier ? Mon métier est enseignante. C"est cette activité qui me permet de gagner ma vie. Pour moi, l"écriture est un espace de liberté, c"est ce qui me fait sentir vivante. - Quel âge aviez-vous quand vous avez commencé à écrire J"ai commencé à écrire très tard, à 32 ans. On imagine qu"un écrivain a un don, une vocation, et qu"il écrit depuis l"enfance, mais ce n"est pas toujours le cas. J"ai commencé à écrire un jour par hasard pour un enfant qui était dans le refus de l"école et de l"écrit. J"ai écrit toute cette histoire à la main. Et cette histoire a été publiée aux éditions Syros (La triche) -Écrivez-vous sur ordinateur ou à la main Un peu les deux. J"écris surtout sur ordinateur mais j"aime écrire à la main à certains moments, le soir par exemple. -Quand vous commencez à écrire, improvisez-vous au fur et à mesure ou la trame de l"histoire est-elle déjà dans votre tête ? Dans 90 % des cas, je ne sais pas comment mon livre va finir. Je laisse mes personnages me guider pour écrire l"histoire au fur et à mesure. Si je connais l"histoire à l"avance, je m"ennuie. A propos de " Il faut sauver Saïd ». - Est-ce que l"histoire de Saïd est vraie (ou est-ce que certains personnages sont réels) ?

L"histoire et les personnages sont

complètement imaginaires. Toutefois, les différents lieux cités sont réels (seuls les noms ont été modifiés). J"ai écrit ce livre parce que je m"inquiétais pour certains des élèves que je quittais quand je suis partie du collège de la banlieue nord où j"ai travaillé pendant 7 ans. Le collège de Saïd est le collège où je travaillais. L"immeuble où habite Saïd est celui où je suis arrivée quand j"étais petite. Le lycée Charlemagne, c"est le lycée où j"ai eu la chance d"aller quand j"étais petite. -Combien de temps avez-vous mis pour écrire Saïd ? Entre l"idée, les premiers brouillons de Saïd et l"édition du livre, il s"est passé 17 ans. J"ai bénéficié des possibilités offertes par l"école de la République qui n"existent plus : bien qu"étant très pauvre, j"ai pu aller dans un lycée parisien prestigieux grâce au système de Bourses. Or, j"ai eu beaucoup d"élèves au collège qui avaient un bon niveau en sortant de CM2 et dont les résultats n"ont pas cessé de chuter au collège. Je me demandais ce qu"ils allaient devenir et je voulais écrire une histoire basée sur mon expérience de l"intégration. Mais je n"y suis pas parvenue pendant des années. Le déclic a été l"idée du dictionnaire. J"ai moi-même été sauvée par l"amour du dictionnaire, qui me permettait de mieux comprendre et donc de mieux m"intégrer. Le dictionnaire jalonne donc l"histoire de Saïd. -Quel est le sens de la fin de Saïd Saïd prend la main de son petit frère Mounir, c"est une façon de lui dire qu"il ne l"abandonnera pas, comme l"a fait Abdelkrim. L"avion dans le ciel est un signe d"espoir et d"ouverture. -Allez-vous écrire une suite à Saïd Je n"écris pas si je n"en ressens pas l"envie. Si j"écrivais une suite à Saïd, je me concentrerais sur le personnage d"Abdlelkrim : que ressent-il en Algérie ? Se sent-il algérien ?

Ses autres romans

-Pourquoi la fin du " Cabanon de l"oncle Jo » n"est-elle pas plus heureuse ? Je n"aime pas que mes histoires soient idéalisées : elles doivent refléter la réalité. Cependant, pour moi, cette fin n"est pas si triste : l"oncle Jo dit bien que l"important, c"est d"avoir fait ce jardin et de pouvoir le refaire. Dans cette histoire, tous les personnages sont réels : ce sont mon oncle et ma tante, et tous mes cousins. Le jardin et le cabanon ont aussi existé, mais ils étaient beaucoup plus grands (il s"agissait d"un de ces jardins ouvriers qui existait autrefois dans les cités). En revanche, je n"ai pas fait le jardin avec mon oncle. Mais j"aurai aimé le faire. Lili est un double autobiographique. J"ai écrit ce livre à la mort de mon oncle. -Qu"est-ce qui vous a inspiré " Les Pozzis » ? Tous les étés, je vais en Corse chez des amis et nous faisons des randonnées. Un jour où nous étions perdus, nous sommes arrivés en haut d"une montagne face à un paysage époustouflant : un sol fait de mousse verte, parsemé de petits lacs, avec une très vieille forêt de hêtre au bout. Le paysage du pays des Pozzis. Je me suis demandé qui pourrait vivre dans un tel paysage. Et comme une vache est apparue de nulle part et nous a chargés, j"ai imaginé des personnages avec une corne. La forêt de hêtre est le " Lailleurs » des Pozzis. - Qu"est-ce qui vous inspiré l"histoire de "

Marie souffre le martyre » ?

Petite, j"étais amoureuse d"un garçon. Quand je le voyais, cela me donnait très mal à l"estomac, et j"étais très jalouse des filles qui l"approchaient. Mais je ne lui ai jamais rien dit. A l"anniversaire de mes 13 ans, je l"ai invité, et je me trouvais très laide par rapport à lui. J"ai décidé de ne plus jamais le revoir. Je l"ai rencontré par hasard dans la rue 20 ans plus tard avec sa future femme et il m"a présenté comme " la fille dont il avait été amoureux toute son enfance sans avoir jamais osé lui dire »... J"ai imaginé un autre destin à notre histoire dans tous les romans sur

Samuel et Marie.

Les réactions des élèves

Ce que je vais retenir de ma rencontre avec Brigitte Smadja..... J"ai aimé le partage de la discussion que nous avons établie avec elle : elle

n"était pas prétentieuse. J"ai été étonnée qu"elle ait commencé à écrire des livres

à 32 ans car c"est tard pour un auteur. Et je vais retenir que c"est un auteur généreux et épanoui dans ses livres. (Lauryne) Ce qui m"a le plus étonné, c"est qu"elle était modeste quand elle parlait de son métier, elle s"habille simplement mais elle a une très grande personnalité. Elle est de petite taille mais ne se laisse pas faire. Elle a l"air courageuse. Mais elle parle parfois avec un langage familier et pour répondre à une question elle va dériver sur d"autres sujets, elle ne fonce pas droit au but. Ce qui m"a le plus étonné, c"est qu"à l"âge de dix ans, elle a vraiment fait une fugue :elle voulait retourner en Tunisie. (Théo) J"ai appris qu"un métier n"est pas forcément une vocation, on peut changer. Quand elle était petite, Brigitte Smadja n"imaginait même pas être écrivain. Un livre, c"est dur, fatiguant à écrire, mais elle ne s"est jamais lassée d"écrire, elle persiste. Elle n"est pas que écrivaine, elle est aussi enseignante donc elle n"est pas complètement investie dans le métier d"écrivain. Ce qui m"a le plus étonné c"est qu"elle était âgé car moi je croyais qu"elle était plus jeune car dans ses livres les personnages sont jeunes (vers 10 ans) (Estelle) Ce qui m"a étonnée, c"est que je ne l"imaginais pas comme ça, et qu"elle ne se vante pas en disant que c"est un grand écrivain. J"ai aimé en particulier quand elle nous a lu les Pozzis. Je vais retenir qu"elle s"inspirait de sa vie pour écrire et pour nous raconter sa vision de la vie, et j"aime ça. (Céline) J"ai aimé cette rencontre car ça m" a permis d"apprendre plus de choses sur elle. Elle a pu nous parler de ses livres, nous expliquer vraiment bien comment elle trouvait son inspiration, à quel âge elle a écrit son premier livre, etc ...et j"ai trouvé ça formidable qu"elle nous dise que le métier d"écrivain ou peintre, on peut le faire toute la vie (même jusqu"à 98 ans ! ) -

Eva -6 ème 4

J"ai aimé la rencontre avec l"auteur car elle faisait des blagues, elle répondait un peu comme moi. Elle a lu aussi les Pozzis et signé des autographes. Je vais garder des souvenirs et cela m"a donné envie de lire le pozzi qu"elle nous a lu. (Laura) J"ai adoré le dialogue entre nous et l"auteur. Elle aime parler de son métier aux jeunes lecteurs. Ce qui me surprend le plus, c"est qu"elle a utilisé une randonnée en Corse pour inventer les Pozzis. La façon dont elle a dédicacé les livres est surprenante aussi car on avait l"impression qu"elle nous aimait déjà beaucoup. (Morgane) Ce que j"ai le plus aimé, c"est qu"on avait le droit de lui poser des questions. Elle répondait aux questions de façon à nous faire réfléchir. Elle a la voix grave, cela m"a étonnée. (Auriana) Brigitte Smadja est joyeuse, elle aime bien faire réfléchir son public. Elle

est gentille et généreuse et elle m"a invité à m"asseoir à côté d"elle. Ça m"a plu

qu"elle me choisisse moi pour désigner les élèves qui allaient prendre la parole : c"était un peu comme si c"était moi l"auteur. Je lui ai aussi fait remarquer que les professeurs préférés de Saïd étaient ceux de français et d"histoire, comme ses professeurs favoris à elle qui l"ont beaucoup aidée quand elle était au collège. (Adam)quotesdbs_dbs33.pdfusesText_39

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