[PDF] Immigration et engagement dans trois romans du XXIe siècle

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Mouvances Francophones

Volume 4, Issue-numéro 1 2019

I·pŃULPXUH HQJMJpH GMQV OH ŃRQPH[PH

francophone du XXIe siècle

Dirs. Mansour Bouaziz & Fanny Leveau

Immigration et engagement dans

trois romans du XXIe siècle :

Eldorado de Laurent Gaudé, Petit

Pays de Gaël Faye, Debout-payé de

Gauz

Marie-Odile OGIER-FARES, mogier@yahoo.fr

DOI: 10.5206/mf.v4i1.8478

2 Immigration et engagement dans trois romans du XXIe siècle : Eldorado de Laurent Gaudé, Petit Pays de Gaël Faye, Debout-payé de Gauz

Introduction

À O·OHXUH RZ Oa planétarisation croissante des échanges et des flux de migration LQVSLUH GH QRPNUHX[ pŃULYMLQV OM QRPLRQ G·HQJMJHPHQP OLPPpUMLUH IMLP TXHVPLRQB GMQV quelle mesure peut-RQ SMUOHU G·HQJMJHPHQP GqV ORUV TXH O·RQ VRUP GH OM GpILQLPLRQ GH O·HQJMJHPHQP VMUPUien qui nécessite un fort positionnement politique ? Nous nous demanderons comment O·HQJMJHPHQP SHXP V·H[SULPHU GMQV O·pŃULPXre romanesque, à travers des fictions qui décrivent et dénoncent, et soulèvent souvent plus de questions

TX·HOOHV Q·LPSRVHQP GH UpSonses. Par ailleurs, le genre romanesque, déjà défini par

6PHQGOMO ŃRPPH XQ PLURLU TXH O·RQ SURPqQH OH ORQJ G·XQ ŃOHPLQ QRXV Uenvoyant

O·LPMJH GX UpHO MIILŃOe une généricité de plus en plus SRUHXVH ŃRPPH O·H[SOLTXH 6\OYLH

Servoise, et investit le socioculturel et le politique (14). À travers les trois fictions de

notre corpus, nous interrogeons le lien entre esthétique et éthique, entre fiction et réalité.

Nos auteurs, à travers trois romans remarqués et récompensés par des prix littéraires,

invitent divHUVHPHQP j SUHQGUH ŃRQVŃLHQŃH GH O·ORUUHXU GHV ŃRQGLPLRQV PLJUMPRLUHV HP GH

OHXUV ŃMXVHV MLQVL TXH GHV SROLPLTXHV G·MŃŃXHLO GHV SRSXOMPLRQV LPPLJUMQPHV TX·LO V·MJLVVH

de réfugiés fuyant la guerre dans Petit Pays (Prix Goncourt des lycéens, Prix du roman Fnac, Prix du premier roman 2016) RX G·LPPLJUMPLRQ pŃRQRPLTXH GMQV Eldorado (Prix Euregio 2010) et Debout-payé (Meilleur premier roman français 2014, par la rédaction de

Lire). Par-delà cette dénonciation évidente, un autre discours émerge, tantôt invitant à

voyager et à MOOHU YRLU ORLQ GX ŃRQIRUP GH O·2ŃŃLGHQP GMQV Eldorado, tantôt invitant à

UHYHQLU MX[ VRXUŃHV MX SM\V G·RULJLQH HP j UHŃRQVPUXLUH GMQV Petit Pays. Le réalisme de ces

trois romans varie également sur le plan du style, puisque Laurent Gaudé nous propose XQH pSRSpH PLVVpH GH SHUŃHSPLRQ GX PRQGH IRQGpH VXU OH VHQVLNOH HP O·LPMJLQMLUH PMQGLV

TXH *MVO )M\H MOPHUQH O·OXPRXU HP OH UHJMUG HQŃOMQPp GH O·HQIMQP MYHŃ O·ORUUHXU GX

JpQRŃLGH URMQGMLV HP TXH *MX] XVH HVVHQPLHOOHPHQP GH O·OXPRXU SRXU UHndre compte des

difficultés du statut de sans-papiers en France, à travers une écriture du fragment

rappelant celle des moralistes du XVIIe siècle. Le point commun entre ces trois auteurs

UpVLGH MORUV GMQV O·MVVLPLOMPLRQ j O·pPMP G·HVSULP GX SHUVRQQMJH SULQŃLSMO O·MSSURŃOH GH

Laurent *MXGp ŃRUUHVSRQG j OM YLVLRQ GX ŃRPPMQGMQP 3LUMŃŃL HP O·MVVLPLOMPLRQ HVP SOXV IRUPH HQŃRUH GMQV OH ŃMV GH O·MXPRNLRJUMSOLH ILŃPLYH SRXU *MVO )M\H RX UpHOOH SRXU *MX]B

Ces récits interrogent la capacité de la littérature à IMLUH pPHUJHU HP VMLVLU ŃH TX·XQ

discours rationnel échoue souvent à rendre sensible, à travers la compléxité des

personnages et la proximité qui se tisse entre eux et le lectorat. Enfin, ces écritures HQJMJpHV SURSRVMQP XQH IRUPH G·HQJMJHPHQP SMUPLŃXOLqUe, celle du partage de valeurs plus que des positionnements politiques, restent toutes ouvertes vers un après et un espoir, y ŃRPSULV GMQV OHV NOMQŃV G·XQ UpŃLP TXL VHPNOH LQYMULMNOHPHQP LQMŃOHYpB ALQVL QRXV MNRUGHURQV GMQV XQ SUHPLHU PHPSV O·MVSHŃP HQJMJé des récits de PLJUMPLRQ POpPMPLTXH URPMQHVTXH UHOHYMQP GX UpŃLP G·MYHQPXUH HP GH IRUPMPLRQ PMLV pJMOHPHQP SRUPHXU G·XQH IRUPH YMOHXU M[LRORJLTXH HP G·XQH JUMQGH SRPHQPLMOLPp HQ PHUPHV de trame narrative. Puis nous verrons en quoi le récit de migration vient enrichir la PHQGMQŃH SRO\PRUSOH GX JHQUH URPMQHVTXH HP SMU VM POpPMPLTXH V·LQVŃULP GMQV XQH JpQpULŃLPp GH OM PRGHUQLPp GH SOXV HQ SOXV PRXYMQPH HP SRUHXVH TXL UHQG ŃRPSPH G·XQ pPMP GH OM VRŃLpPp HP G·XQH QRXYHOOH IMoRQ G·rPUH MX PRQGHB (QILQ QRXV interrogerons le OLHQ HP OM GLVPMQŃH HQPUH O·HPORV GX URPMQŃLHU HQJMJp HP OH URPMQŃLHU GH URPMQV VXU OM migration, lien complexe entre biographie, autobiographie et fiction. 3

1. Les récits de migration, entre dissuasion et persuasion : une thématique de

O·HQgagement

1.1. Quelles migrations pour quels romanciers ?

Pour reprendre la présentation que Michel Laronde fait de son corpus dans

O·pPXGH LQPLPXOpH Autour du roman beur (6-7), et qui consiste à interroger les étiquettes

collées au récit de migration, mais portant uniquement sur la migration originaire du

Maghreb YHUV OM )UMQŃH GMQV OHV MQQpHV 80 LO QRXV SMUMvP QpŃHVVMLUH GH VSpŃLILHU TXH O·RQ

ne peut restreindre le concept de migration à sa dimension ethnique. De fait, comme SUpŃLVp HQ LQPURGXŃPLRQ LO V·MJLP G·XQ SOpQRPqQH TXL j O·OHXUH GH OM PRQGLMOLVMPLRQ prend une tout autre dimension et doit interpeller chacun de nous, un phénomène qui sollicite divers domaines tels que la sociologie, la géopolitique HP O·pŃRQRPLH notamment.

F·HVP j ŃH PLPUH TX·XQ MXPHur tel que Laurent Gaudé peut être considéré comme un auteur

engagé et un auteur impliqué dans le thème de la migration, autant du fait de ses

interventions extra-littéraires que du contenu de ses ouvrages, dont le roman Eldorado qui LQYLPH OHV SM\V G·RZ Yiennent les migrants comme ceux vers lesquels ils se dirigent, mais aussi ceux par lesquels ils passent, à repenser les relations internationales et la notion

G·OXPMQLPp HQ PMQP TXH JUMQGH ŃROOHŃPLYLPp VXU OM SOMQqPHB Gauz et Gaël Faye, pour

lesquels la thpPMPLTXH GH O·LPPLJUMPLRQ a davantage une connotation autobiographique, témoignent eux aussi de la complexité des points de vue : le premier propose deux SMUŃRXUV RSSRVpV G·LPPLJUMQPV GMQV Debout-Payé, et le second soulève la question du

métissage dans Petit-Pays, avec en filigrane un deuxième parcours opposé là aussi, celui de

OM V±XU GX SHUVRQQMJH SULQŃLSMOB

IM PLJUMPLRQ SUHQG VRXYHQP OM IRUPH G·XQ UpŃLP autobiographique, qui rend

ŃRPSPH G·XQH H[SpULHQŃH GLIILŃLOH G·XQ YpŃX ŃHOXL GH O·MXPHXU GH VHV SUoches, ou

simplement le vécu fictif résultant d·XQ POqPH G·MŃPXMOLPp OMUJHPHQP - et souvent mal -

traité dans les médias. Ce " récit de vie » passe par le constat, constat désolant qui amène

LPSOLŃLPHPHQP j OM GpQRQŃLMPLRQB HO V·MJLP MORUV G·XQH © dénonciation notifiante », qui

V·RSSRVHUMLP j XQH © dénonciation polémique », et TXL GpYRLOH ŃRPPH O·H[SOLTXH FOORp

Chaudet, " un état de faits comme inacceptable » (Chaudet 82).

1.2. Le récit de migration entre épopée et roman de formation

La migration se double GH O·aspect mythique de la mer au port de Catane, déesse qui donne et reprend la vie (Gaudé 11-12), souffle épique dans Eldorado, à travers la mer déchaînée que le capitaine Piracci affronte (77), et le SHUVRQQMJH GH O·RJUHVVH OM UHLQH G·Àl-Zuwarah qui se nourrit des migrants. Dans Petit Pays, les robinsonnades et les MYHQPXUHV GH O·HQIMQP HP GH VM NMQGH GH ŃRSMLQV GMns une nature luxuriante, O·épisode du

crocodile qui après la chasse nourrit la fête rassemblant les voisins, participent à la

création de ceP XQLYHUV URPMQHVTXH GX UpŃLP G·MYHQPXUHVB 3OXV VRPNUH ŃHSHQGMQP HVP le récit de survivance, celui de Kassoum, vigile sans-SMSLHUV YHQX GH O·XQ GHV SLUHV JOHPPRV G·ÀIULTXH GMQV XQH VRUPH G·MPPRVSOqUH SRVP-apocalyptique de la misère, dans Debout- Payé, commH O·LQGLTXH OH SMVVMJH ŃL-après : .MVVRXP OXL Q·MYMLP ÓMPMLV HX OM PrPH GX QRXYHMX YHQXB 4XMQG RQ MYMLP YpŃX SHQGMQP RQ]H MQV

MX FRORVVH O·XQ GHV SLUHV JOHPPRV GHV JOHPPRV GH 7UHLŃOYLOOH PRXP MXPUH HQGURLP QH SRXYMLP TX·rPUH

excessivement luxueux. Le FRORVVH Ń·pPMLP XQ HQŃOHYrPUHPHQP GH SHPLPV NMUMTXHPHQPV HQ NRLV

agglutinés entre le ballast de la voie ferrée et les pilliers du vieux pont Houphouët-%RLJQ\ L"@.

FRPPHQoMQP G·MNRUG SMU GHV OXPPHV SUpŃMLUHV ŃMŃOpHV MX SLHG GX SRQP OHV GpVHVSpUpV OHV OMLssés-

pour-compte, les SDF sans domicile fixe, les SFR sans foyer régulier, les cireurs de chaussures, les

petits vendeurs et vendeuses ambulants, mais aussi les voleurs à la tire, les maquereaux et les 4

putes bon marché, tous ceux pour qui le souffle de la manne cacaoyère ivoirienne était passé à des

années-lumière, colonisèrent peu à peu le tunnel du train. (Gauz 146-147) Dans Eldorado, le départ et la migration transforment Soleiman, jeune homme soudanais SHX MJXHUUL HQ XQ SHUVRQQMJH P€U G·XQH JUMQGH Uichesse et profondeur, ayant

su garder mais aussi renforcer son humanité. Au chapitre XII intitulé " )UqUHV G·HQIHU »,

MSUqV MYRLU SMVVp OM IURQPLqUH GHV NMUNHOpV YHUV O·(VSMJQH MYRLU pPp SRXUŃOMVVp HP IUMSSp par les policiers espagnols, il constate ce changement en lui : Je ne réponds pas mais je sais que Boubakar a raison. Nous avons traversé la sauvagerie et si

Ó·MYMLV ŃRXUX ŃRPPH XQH NrPH VL ÓH Q·MYMLV SOXV UHJMUGp ŃHX[ TXL P·HQPRXUMLHQP ÓH PH VHUMLV

perdu. Je sHUMLV SMVVp NLHQ V€U L"@ Mais je serais damné. Soleiman serait devenu une bête laide

TXL SLpPLQH VHV IUqUHVB F·HVP SRXU ŃHOM V€UHPHQP TXH ÓH VXLV MOOp ŃOHUŃOHU %RXNMNMU HP TXH ÓH O·ML

aidé. Pas pour le sauver lui mais pour me sauver moi. (Gaudé 206) Le petit Gabriel de Petit pays grandit devMQP O·ORUUHXU GX JpQRŃLGH PMLV la rupture OM SOXV pSURXYMQPH VHUM ILQMOHPHQP SRXU OXL OH GpUMŃLQHPHQP HP O·MUULYpH HQ )UMQŃH OM SHUPH

du pays étant associée à la perte de la joie et de l·LQQRŃHQŃH GH O·HQIMQŃHB GMQV Debout-

payé, Ossiri évolue au fil du roman, de son enfance et son adolescence sous l·influence de

sa mère en AIULTXH ÓXVTX·j O·H[SpULHQŃH GH OM ŃRQPUH-utopie et de la désillusion du statut

de vigile sans-papiers en France. Les migrants sont dépeints comme une nouvelle génération de héros surmontant O·LPSRVVLNOH OM PLJUMPLRQ GHYHQMQP XQH ŃRQVPMQPH PLVH HQ GMQJHUB I·OpURwVPH PRUMO, Ń·HVP OM IRUŃH GH QH SMV VRPNUHU GMQV O·LPPRUMO HP de ne pas se transformer en bêtes traquées et violentes. Dans Eldorado 6ROHLPMQ V·LQPHUURJH VXU OHV ŃRQVpTXHQŃHs morales de son périple : Nous nous en remettons à Dieu parce que nous savons que nous ne pouvons pas compter sur nous. Nous serons sourds aux cris de nos camarades, et nous prions que Dieu ne le soit pas. Il me

VHPNOH TXH ŃHV LQVPMQPV SMVVpV GMQV O·OHUbe j MPPHQGUH O·MVVMXP PH IRQP YLHLOOLU GMYMQPMJH TXH OH

YR\MJH j PUMYHUV OH GpVHUPB HO Q·\ M SMV TXH OHV GLIILŃXOPpV TXH QRXV UHQŃRQPURQV O·MUJHQP j PURXYHU

OHV SMVVHXUV OHV SROLŃLHUV PMURŃMLQV OM IMLP HP OH IURLGB HO Q·\ M SMV TXH ŃHOM LO \ M ŃH TXH nous

GHYHQRQVB -H YRXGUMLV GHPMQGHU j %RXNMNMU ŃH TXH QRXV IHURQV VL XQH IRLV SMVVpV GH O·MXPUH Ń{Pp

nous nous apercevons TXH QRXV VRPPHV GHYHQXV OMLGVBL"@ Mais je me pose cette question : si je

UpXVVLV j SMVVHU TXL VHUM O·ORPPH GH O·MXPUH Ń{Pp ? Et est-ce que je le reconnaîtrai ? (Gaudé 181)

La chute du roman Debout-payé HVP PMUTXpH SMU OM PrPH MIILUPMPLRQ G·H[LJHQŃH morale. Le PHVVMJH TX·Ossiri laisse à Kassoum avant de disparaître en rend compte : " Laisse le travail des vautours aux vautours » (168).

1.3. Des récits ouverts sur un blanc narratif : espoir et désespoir, incitation et

désincitation Les trois romans se font le rappel constant des morts et des échecs, comme

O·LOOXVPUH le chapitre V intitulé " Le cimetière de Lampedusa » dans Eldorado, chapitre qui

rend compte de cette accumulation sans fin de corps apportés par la mer :

HO SULP MORUV OM GLUHŃPLRQ GX SHPLP ŃLPHPLqUH GH IMPSHGXVMB L"@ HO pPMLP IMŃH j un petit groupe de

stèles serrées les unes contre OHV MXPUHVB F·pPMLP GH SHPLPV PRQPLŃXOHV Ge terre, surmontés de croix

en bois, plantées un peu de biais. Les croix ne portaient aucun nom ² simplement une date. Le

ŃRPPMQGMQP ŃRQQMLVVMLP O·OLVPRLUH GH ŃHV PRPNHVB F·pPMLHQP ŃHOOHV GHV SUHPLHUV LPPLJUMQPVB Àu

début, les habitants de Lampedusa avaient vu arriver ces embarcations de misère avec stupeur. La

mer leur apportait régulièrement des corps morts, et ils en furent bouleversés. Ces hommes dont

LOV QH VMYMLHQP ULHQ YHQMLHQP V·pŃORXHU ŃOH] HX[ HP OHXU ŃMGMYUH QH SRXUUMLP ÓMPMLV rPUH UHQGX j OHXU

mèUHB L"@ 5

0MLV MX ILO GHV PRLV LO HQ YLQP V·pŃORXHU PRXÓRXUV GMYMQPMJHB IH ŃLPHPLqUH GHYLQP PURS SHPLP HP OHV

YLOOMJHRLV VH OMVVqUHQPB GHYMQP OH QRPNUH LOV GHPMQGqUHQP j O·(PMP GH SUHQGUH HQ ŃOMUJH OHV

ŃMGMYUHV L"@B 2Z MOOMLHQP PMLQPHQMQP OHV ŃRUSV pŃORués sur la plage ? IH ŃRPPMQGMQP Q·HQ VMYMLP

rien. (Gaudé 110-111) Dans Petit pays, la sécurité HVP MVVXUpH SMU O·H[LO mais à quel prix ? Notons la GLIIpUHQŃH HQPUH OM PpOMQŃROLH GpVMNXVpH GH *MNULHO HP OH SRLQP GH YXH GH VM V±XU TXL

préfère la sécurité dH O·LQVPMOOMPLRQ HQ )UMQŃH H[LO SRXU O·XQ VMXYHPMJH SRXU O·MXPUH. Par

conséquent, pour nos personnages principaux, le trait commun et marquant de ces fins de récit est le blanc narratif qui laisse le récit ouvert et ne donne ni chute ni morale. L·pSLORTue de Debout-payé laisse le destin des deux personnages sans fin ni chute (Gauz

167-168). F·est un blanc narratif pour Ossiri qui a disparu, et un avenir non tracé, entre

PHQPMPLRQ GH O·MUJHQP PMOORQQrPHPHQP HP IMŃLOHPHQP JMJQp, RX VMJHVVH G·XQH YLH GH droiture morale pour Kassoum. La fin de Petit Pays ne dit pas si Gabriel réussit dans son projet de reconstruction personnelle, familiale et nationale. Même incertitude quant au

devenir de Soleiman au ŃOMSLPUH 12 G·Eldorado, à la fois fin et début de parcours pour ce

SHUVRQQMJH TXL M PRXP O·MYHQLU GHYMQP OXL, VMQV TXH OH OHŃPHXU VMŃOH V·LO SMrvient à réaliser

ses objectifs. FHPPH SMUPLŃXOMULPp GX URPMQ G·HQJMJHPHQP TXL IRQŃPLRQQH SMU GpQRQŃLMPLRQ notifiante est probablement liée à un autre trait caractéristique GX URPMQ G·HQJMJHPHQP au sens large O·LQŃOXVLRQ LQILQLH GX SROLPLTXH GH PMQLqUH LPSOLŃLPH dans la volonté de ŃRPSUHQGUH PrPH ŃH TXH O·RQ GpVMSSURXYH HP G·MOOHU MX-delà du discours dogmatique, ŃRPPH O·H[SOLTXH 2UOMQ 3MPXN URPMQŃLHU TXL GpQRQŃH O·LQPROérable (125-126). Dans ŃHPPH YRORQPp GH ŃRPSUHQGUH O·LQŃRPSUpOHQVLNOH LO IMXP YRLU pJMOHPHQP OH GpVLU GH GRQQHU

GX VHQV j ŃH TXL SMUMvP UHOHYHU GH O·MNVXUGH HP GH OM SXUH ŃUXMXPp GX GHVPLQ RX GHV

hommes. Le roman, à partir du XIXe siècle, souhaite sortir de la tragédie antique pour entrer dans une vision globale, géopolitique, sociologique, qui, VMQV H[ŃXVHU O·LQPROpUMNOH le rendrait moins insupportable car moins absurde. Le mode de recrutement des vigiles sans-papiers, et le large système économique

dans Debout-payé, font écho au PUMILŃ TXL GUMLQH O·MUJHQP GHV PLJUMQPV QRPMmment la

violence des passeurs, au chapitre " Blessure de frontière » (79), et le circuit des passeurs

dirigé par " OM UHLQH G·Àl-Zuwarah » dans Eldorado. La thématique des migrants appartient

au large spectre des sujets à coloration politique au sens large : la politique comme réflexion sur les problèmes de la cité, et qui, comme le souligne Chloé Chaudet, citant Jean Bessière, offre des " perspectives anthropologiques qui appartiennent autant à

O·2ŃŃLGHQP TX·MX[ PRQGHV QRQ RŃŃLGHQPMX[ ». Ces grands thèmes qui sont à la fois

omniprésents dans la production romanesque actuelle, et mobilisateurs dans le cadre

G·XQH pŃULPXUH GH O·HQJMJHPHQP GH GpQRQŃLMPLRQ QRPLILMQPH UHJURXSHQP OM YLROHQŃe

PLOLPMLUH RX pPMPLTXH PHOOH TX·RQ OM PURXYH H[SOLŃLPHPHQP GMQV OH JpQRŃLGH URMQGMLV GpŃULP

dans Petit pays G·LPSOLŃMPLRQ LQPHUQMPLRQMOH avec les influences étrangères dans le conflit,

et implicitement dans le traitement des sans-papiers dans Debout-Payé. Ils évoquent aussi O·RSSUHVVLRQ GHV LQGLYLGXV GMQV OH JURXSH HP OHV UMSSRUPV entre pays en développement et SM\V GpYHORSSpV TXH O·RQ UHPURXYH GH PMQLqUH JpQpUMOH ŃRQŃHUQMQP OM PLJUMPLRQ SRXU raison économique, dans deux de nos ouvrages. De fait, la question économique est au ѱXU GHV romans Eldorado et Debout-Payé. Ce constat est repris par Jean-Christophe Rufin dans son thriller planétaire de 2007, IH SMUIXP G·Adam. Dans la postface, il y détaille ses sources et explique le choix des thèmes abordés, notamment celui de la pauvreté désormais conçue par les pays riches comme un danger et une faute à punir (755)B F·HVP une terrible régression idéologique et sociale, qui reprend la conception stigmatisante du pauvre depuis le moyen-kJH ÓXVTX·MX ;H;e siècle industriel, tel que décrit par Foucault dans +LVPRLUH GH OM IROLH j O·kJH ŃOMVVLTXH. Dans Petit pays *MNULHO GHYHQX MGXOPH MYHŃ OH V\VPqPH QMUUMPLI G·HQŃOkVVHPHQP qui caractérise ce récit, revient sur la fin de son enfance, le deuil du pays natal, et la 6

décision de retourner dans son " petit pays », de revenir également sur les pas du

JpQRŃLGH PMLV GMQV O·LGpH GH UHŃRQVPUXLUH HP GH QH SMV OMLVVHU MX PMVVMŃUH OH GURLP G·MYRLU

tout volé. IH PRPLI GX UHPRXU YHUV OM PHUUH G·HQIMQŃH HVP ŃRPPH OH QRPH Aline Lebel, un

thème structurant du récit de migration. HO \ UHPURXYH O·XQ GH VHV MPLV G·HQIMQŃH HP VM

mère, toujours frappée de folie et devenue alcoolique, mais allégorisée à travers le chant

GH OM PHUUH SXLVTX·HOOH HVP GHYHQXH ŃHOOH TXL ŃOMQPH O·OLVPRLUH XQe voix dénuée

G·LQGLYLGXMOLPp OM YRL[ GX 3HPLP 3M\VB I·LQPHQPLRQ HVP RXYHUPHPHQP GH SUHQGUH VRLQ GH VM mère et de prendre en charge la reconstruction, dans la mesure de ses capacités

LQGLYLGXHOOHVB I·OHXUH Q·HVP GRQŃ SOXV j OM IXLPH YHUV XQ eldorado qui s·est révélé décevant,

PMLV j OM OXPPH SRXU VH UpMSSURSULHU OM PHUUH GH O·HQIMQŃH HP, HQ PMQP TX·MGXOPH, agir de

PMQLqUH j UHŃRQVPUXLUH OM PHUUH QMPMOH HP QRQ SOXV IXLU YHUV G·MXPUHV ŃLHX[ SOXV ŃOpPHQPVB

I·±XYUH URPMQHVTXH HVP MORUV SRUPHXVH G·XQ PHVVMJH G·espoir teinté de mélancolie et

G·XQH IRUPH MIILUPMPLRQ GH OM UpVLOLHQŃH j PUMYHUV OM ILJXUH GH O·HQIMQP VMXYp TXL GHYLHQP

VMXYHXU ŃRPPH ÓH O·ML PRQPUp GMQV XQ MUPLŃOH ŃRQŃHUQMQP OHV UpŃLPV G·HQIMQŃH " I·HQIMQP

voix de la terreur et de la beauté, une figure énonciative de la réconciliation dans Petit pays

et En attendant Bojangles » (Ogier Fares). À contrario, dans Eldorado, O·LQŃLPMPLRQ HVP GRXNOH HP

contradictoire. À travers le parcours du commandant Piracci, le lecteur occidental est

invité à aller voLU O·AXPUH HP O·ALOOHXUV QRQ SOXV SRXU V·HQULŃOLU PMLV SRXU VH GpSRXLOOHU GX

VXUSOXV GH OM VRŃLpPp GH ŃRQVRPPMPLRQ HP VH GpOHVPHU G·XQ ŃRQIRUP pPRXIIMQPB 7MQGLV TXH le parcours du jeune Soleiman vise à aller construire en occident un avenir meilleur, où

e[LVPH OM SRVVLNLOLPp G·XQ GHYHQLU HP GH O·RNPHQPLRQ G·XQ HPSORL, et par-Oj ŃHOOH GH O·HQYRL MX

SM\V QMPMO G·MUJHQP SRXU MLGHU j VRLJQHU VRQ IUqUH MPPHLQP GX VLGMB GMQV Debout-Payé, deux personnages offrent eux aussi un message contradictoire, par leurs parcours inversés : G·XQH SMUP 2VVLUL pPXGLMQP LYRLULHQ GHYHQX YLJLOH ILQLP SMU GLVSMUMvPUH ² fuir, revenir au pays natal, ou mourir ² VMQV TXH OH OHŃPHXU SXLVVH GpPHUPLQHU ŃH TX·LO MGYLHQP GH OXLB

Néanmoins, la déception du personnage face à une réalité élRLJQpH GH O·(OGRUMGR UrYp

LQŃLPH j SHQVHU j XQ GpSMUP HP XQ UHPRXU YRORQPMLUH YHUV OH SM\V G·RULJLQH PRXP ŃRPPH VM

PqUH MYMQP OXL MYMLP SULV ŃH SMUPLB G·MXPUH SMUP .MVVRXP MQŃLHQ HQIMQP G·XQ JUMQG

NLGRQYLOOH G·Afrique où la violence et la misère dépassaLHQP O·LPMJLQMNOH M PURXYp VPMNLOLPp

et confort matériel en France, et compte y rester. Se livrent donc bien là deux modèles possibles de parcours.

2. La migration, un thème narratif fécond en variété stylistique et en nuances

génériques

2.1. I·MOPHUQMQŃH GH Ńhapitres entre deux trames narratives, et les parcours

décousus et mêlés FRPPH O·M VRXOLJQp )UpGpULŃ 0MPNHQJM-Ylagou dans un article de 2006 :

GHSXLV GHX[ GpŃHQQLHV pPHUJH HQ )UMQŃH XQH OLPPpUMPXUH MIULŃMLQH GH O·LPPLJUMPLRQB FHPPH

littérature est une maQLqUH GH PUMGXLUH SMU O·LPMJLQMLUH GHV IRUPHV G·H[LVPHQŃH j OM SpULSOpULH GHV

normes collectives françaises. Àinsi des concepts comme hybridité, métissage, migritude ou des termes

spécifiques tels négropolitains ou franco-africains fleurissent dans le jargon critique africain et

MIULŃMQLVPHB L"@ IM SOXSMUP GHV TXHVPLRQQHPHQPV ŃRQVMŃUpV j ŃH POqPH VRQP VRXYHQP RULHQPpV YHUV

une approche théorique globale. Ce qui a eu le mérite de dégager les dominantes axiales de cette

OLPPpUMPXUH ŃRPPH O·O\NULGLPp O·MOPpUiPp HP O·LQPUMQTXLOOLPp OMQJMJLqUHB Les trois romans ont une structure non linéaire, non chronologique. Dans Petit

pays O·HQŃOkVVHPHQP GX UpŃLP G·HQIMQŃH SMU XQ QMUUMPHXU MGXOPH HQ RXYHUPXUH HP HQ ŃO{PXUH

PHP j GLVPMQŃH O·XQLYHUV GX SM\V QMPMO HP O·XQLYeUV GH O·H[LO. Dans Debout-payé, les chapitres

MOPHUQHQP HQPUH OHV SMUPLHV GH UpŃLP ŃHOXL G·2VVLUL HP GH .MVVRXP HP OHV SMUPLHV GH

7 IUMJPHQPV G·MQMO\VHV VRŃLRORJLTXHV HP OXPRULVPLTXHVB Ainsi, passé le prologue qui relève du récit, le chapitre suivant, " SOLDES À CAMAIEU », reprend deux chapitres plus loin, avec " SEPHORA LES CHAMPS-ELYSEES », tandis que le récit se poursuit tous les deux chapitres avec " I·AGE DE BRONZE 1960-1980 », " I·A*( G·25 1EE0-

2000 » et " I·AGE DE PLOMB », dont les titres à portée symbolique renvoient à un

message idéologique se détachant implicitement du récit.

2.2. Le souvenir enchâssé, entre réel et fantasme, poésie et horreur dans Petit-

pays À ŃHOM V·MÓRXPHQP OHV ŃOMSLPUHV j ŃRORUMPLRQ SRpPLTXH ŃHX[ GHV OHPPUHV GX SHPLP Gabriel à sa correspondante Laure, lettres lyriques et fantasques, permettant de réenchanter le monde, tout en en donnant une vision littéraire et transformée (faut-il voir

en Laure, cette figure éloignée et irréelle de la perfection, la Laure de Pétrarque ?),

comme on peut le voir dans la dernière lettre de Gaby à Laure, à la fin du récit :

Chère Laure,

-H QH YHX[ SOXV rPUH PpŃMQLŃLHQB HO Q·\ M SOXV ULHQ j UpSMUHU SOXV ULHQ j VMXYHU SOXV ULHQ j ŃRPSUHQGUHB

GHV ÓRXUV HP GHV QXLPV TX·LO QHLJH VXU %XÓXPNXUMB

Des colRPNHV V·H[LOHQP GMQV XQ ŃLHO OMLPHX[B IHV HQIMQPV GHV UXHV GpŃRUHQP GHV VMSLQV GH PMQJXHV URXJHV ÓMXQHV HP

vertes. Les paysans descendent tout schuss de la colline à la plaine, dévalent les grandes avenues dans des luges de fil

de fer et de bambou. Le lac Tanganyika est une patinoire où des hippopotames albinos glissent sur leurs ventres

mous. GHV ÓRXUV HP GHV QXLPV TX·LO QHLJH VXU %XÓXPNXUMB (Gaudé 211) I·MXPHXU PrOH GMQV ŃHP pŃULP pSLVPROMLUH OM IRUPH GX SRqPH MYHŃ OH UHPRXU G·XQ refrain qui vient laveU SMU VM SXUHPp LPPMŃXOpH PRXPH O·ORUUHXU GX PMVVMŃUH HP GHV YLVLRQV UHOHYMQP G·XQH pŃULPXUH GH OM IMQPMLVLH SRXU IXLU OH UpHO insupportable.

2.3. La satire morale et sociale, les fragments et maximes dans Debout-payé

Le récit est composé de paragraphes pRUPMQP XQ PLPUH HQ ŃMSLPMOHV G·LPSULPHULH HP annonçant le thème abordé, et ce dès la première page du prologue :

1289(II(6 5(F58(6B IM ORQJXH ILOH G·ORPPHV QRLUV TXL PRQPHQP dans ces escaliers étroits

UHVVHPNOH j XQH ŃRUGpH LQpGLPH j O·MVVMXP GX .2 OH redoutable sommet de la chaîne himalayenne.

L"@ Àu 6e étage, le premier appuie sur OH JURV NRXPRQ G·XQ LQPHUSORQH Ń\ŃORSH VXUPRQPp GH

O·RNÓHŃPLI QRLU G·XQH ŃMPpUM GH VXUYHLOOMQŃHB IH JUMQG NXUHMX RZ PRXP OH PRQGH VH UHPURXYH HQ

sueur est un open space. ÀucXQH ŃORLVRQ Q·MUUrPH OH UHJMUG ÓXVTX·j XQH ŃMJH GH YHUUH VXU OMTXHOOH

deux lettres marquent le territoire du mâle dominant des lieux : DG. (Gauz 5)

2Q UHPMUTXH O·LQYHUVLRQ GHV représentations habituelles et ethnocentriques : le

récit mythique et le récit G·MYHQPXUH j PUMYHUV OHV UpIpUHQŃHV MX Ń\ŃORSH HP j O·MVŃHQVLRQ

V·LQPqJUHQP j OM GpŃOpMQŃH G·ORPPHV YHQXV PURXYHU O·HOGRUMGR HP GpŃRXYUMQP XQ pPMP

VRŃLMO TXL OHV UMNMLVVHB I·MQPLPOqVH HQPUH O·LGpH G·MVŃHQVLRQ SO\VLTXH HP GH ŃOXPH VRŃLMOH

souligne le parMGR[H HQPUH OH ŃRXUMJH GH ŃHV ORPPHV HP ŃH TX·HQ IMLP OM VRŃLpPpB G·MXPUH

part, la grande ville occidentale, Paris, est qualifiée de jungle urbaine dans laquelle on repère un " territoire du mâle » et des rapports de forces primaires.

3. 4XHOV P\SHV G·HQJMgement sur la question migratoire : entre implication

personnelle et distanciation nécessaire ?

3.1. Auto-fiction et autobiographie fictive : de la frontière annoncée à la

frontière floutée 8 À O·H[ŃHSPLRQ GH IMXUHQP *MXGp TXL MIILUPH GMQV O·XQH GH VHV LQPHUviews être allé chercher sa trame romanesque non dans son vécu, ni même dans ses voyages, mais à travers le choc des images médiatiques et le thème social des migrants (2009), les deux MXPUHV MXPHXUV IRQP SMUP G·XQH LPSOLŃMPLRQ MPNLJXV GMQV OHXU URPMQB (Q effet, Gaël Faye MIILUPH TX·LO QH V·MJLP SMV GH VRQ OLVPRLUH PMLV LO YLHQP GX PrPH © Petit pays » que son SHUVRQQMJH M YpŃX OH ŃRXSOH SMUHQPMO PL[PH HP O·H[LO HQ )UMQŃH GX IMLP GH OM JXHUUHB (P *MX] UpYqOH TX·LO M HIIHŃPLYHPHQP pPp YLJLOH GMQV GH JUMQGV magasins comme Séphora lors de son arrivée en France, à travers une sorte de postface du roman, qui est sa biographie réelle, SXLVTX·RQ \ OLP : Armand Patrick Gbaka-%UpGp HVP PRXP PRQ QRP j O·pPMP ŃLYLO OH QRP TX·RQ P·M ŃORLVLB Gauz est un diminutif de Gauzorro, déclinaison ancestrale de Gbaka, le nom que je me suis

ŃORLVLBL"@

À partir de ce moment, je cite pêle-PrOH PRXP ŃH TXH Ó·ML IMLP ÓXVTX·j ŃH ÓRXUB 2Q OHV ŃOMVVH HQ PURLV

catégories :

1. )MLUH O·kQH SRXU MYRLU OH IRLQ

2. )MLUH O·MUP

3. 6·HQJMJHU

6·HQVXivent des éléments de CV dont certains relèvent très clairement du point n°3,

O·HQJMJHPHQP :

- (QTXrPHXU SRXU OM SURGXŃPLRQ G·XQ ILOP GMQV OHV PLOLHX[ VRŃLMX[ LYRLULHQV GH 3MULV ; - 5HSRUPHU SORPR HP YLGpR SRXU XQH NMQGH G·MOPHUPRQGLMOLVPHV ; - Militant pour l·internet libre en Àfrique ; - Accompagnateur de sans-papiers à la préfecture de police ; - FRQVXOPMQP GH O·2H) 2UJMQLVMPLRQ HQPHUQMPLRQMOH GH OM )UMQŃRSORQLH SRXU OHV VŃpQMULRV HP dossiers de financement de films pour les télévisions africaines ; » (Gauz 169-172)

Dès lors, la frontière entre réel et fiction, autobiographie et biographie fictive est très

GLIILŃLOH YRLUH LPSRVVLNOH j SRVHUB FH TXL MPqQH OH OHŃPHXU j MGOpUHU G·MXPMQP SOXV MX parcours du personnage - GH O·MXPHXU ? - eP IMYRULVH MYHŃ O·HIIHP Ge UpHO O·HPSMPOLH HP O·MGOpVLRQ UHQGMQP OH URPMQ HQJMJp SOXV HIILŃMŃHB

3.2. Distanciation OH ŃORŃ GH O·MŃPXMOLPp et la volonté de rendre compte de

" O·OLVPRLUH LPPpGLMPH » I·OLVPRULHQ Emmanuel Droit UHPMUTXH TXH OM IURQPLqUH HQPUH O·OLVPRLUH-science et la littérature-fiction est devenue poreuse depuis quelques années (31). Nous avions noté

ŃH PrPH SOpQRPqQH GMQV O·pPXGH GH O·HVVML-fiction-OLVPRULTXH G·(ULŃ 9XLOOMUG TXL RVŃLOOH

entre enquête historiographique et récits littéraires. De fait, nos trois auteurs disent

O·OLVPRLUH UpŃHQPH RX LPPpGLMPH ŃHOOH GX JpQRŃLGH URMQGMLV RX GHV PLJUMQPV HQ Méditerranée, ou encore celle des sans-papiers en France. Les parcours individuels, fictifs ou réels, sont là pour témoigner et analyser avec davantage de profondeur que le choc des images médiatiques et le zapping informationnel ne le permettent le plus souvent.

ÀYHŃ PRLQV G·LPSHUVRQQMOLPp MXVVL G·MQRQ\PMP TXL PXH O·OXPMLQB "On distinguera

l·MXPHXU HQJMJp GMQV Petit pays et Eldorado, et la distance du sourire ironique dans Debout- payé.

3.3. Des romanciers engagés " GLIIpUHQŃH HQPUH O·HPORV GH O·MXPHXU HQJMJp GH

manière sartrienne et O·engagement implicite et global du romancier 9 Nos trois auteurs combinent un message implicite dans leurs romans et une posture explicitement engagée dans les media. I·LQPHUYLHR GH IMXUHQP *MXGp par

Altermondes qui déclare " Ó·ML HQYLH TX·RQ LQYHQPH XQH ORVSLPMOLPp HXURSpHQQH » permet de

SUpŃLVHU TXH SRXU V·HQJMJHU PpGLMPLTXHPHQP LO OXL M IMOOX VRUPLU GH O·pŃULPXUH URPMQHVTXH

et agir, se rendre GMQV XQ ŃMPS GH PLJUMQPV HP SMVVHU SMU O·pŃULPXUH GH SRqPHVB FH ŃRQVPMP

est renforcé par O·LQPHUYHQPLRQ RZ LO V·MIILUPH HQ PMQP TX·LQGLYLGX agissant sur la scène

PpGLMPLTXH SRXU V·HQJMJHU VXU OM TXHVPLRQ GHV PLJUMQPV LQGpSHQGMPPHQP GH OM ILJXUH GH

O·pŃUivain, sur BFMTV. Il y revient sur la prise de conscience de l'Europe face au

problème des réfugiés. Selon lui, bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, on assiste

enfin à un réveil des pays européens sur la situation. La photo du petit réfugié Àylan,

retrouvé mort sur une plage de Turquie a suscité les indignations et cela a permis

d'aboutir à des actes concrets. La chanson de Gaël Faye, qui reprend le titre et le thème GX URPMQ PpPRLJQH G·XQH OMUJH GLIIXVLRQ GX PHVVMJH GH O·MXPHXU GMQV GHV MUPV MXVVL dLYHUV TXH O·pŃULPXUH PXVLŃMOH HP O·pŃULPXUH URPMQHVTXH :

Gahugu gatoyi

Gahugu kaniniya

Une feuille et un stylo apaisent mes délires d'insomniaque Loin dans mon exil, petit pays d'Afrique des Grands Lacs

Remémorer ma vie naguère avant la guerre

Trimant pour me rappeler mes sensations sans rapatriement

Petit pays je t'envoie cette carte postale

Ma rose, mon pétale, mon cristal, ma terre natale Ça fait longtemps les jardins de bougainvilliers Souvenirs renfermés dans la poussière d'un bouquin plié

Sous le soleil, les toits de tôles scintillent

Les paysans défrichent la terre en mettant l'feu sur des brindilles

Voyez mon existence avait bien commencé

J'aimerais recommencer depuis l'début, mais tu sais comment c'est Et nous voilà perdus dans les rues de Saint-Denis Avant qu'on soit séniles on ira vivre à Gisenyi On fera trembler le sol comme les grondements de nos volcans Alors petit pays, loin de la guerre on s'envole quand? [refrain]

Petit bout d'Afrique perché en altitude

Je doute de mes amours, tu resteras ma certitude

Réputation recouverte d'un linceul

Petit pays, pendant trois mois, tout l'monde t'a laissé seulquotesdbs_dbs35.pdfusesText_40

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