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  • Quel sont les caractéristiques de l'agriculture ivoirienne ?

    Facteurs de la production agricole en Cote d'Ivoire: la production agricole en Cote d'Ivoire par sous-prefectures, ses inegalites spatiales, le role accessoire des facteurs naturels, les disparites de l'equipement, les effets de rendement croissant de la densite de population.
  • Quels sont les facteurs du développement de l'agriculture ivoirienne ?

    LES PROBLÈMES DE L'AGRICULTURE IVOIRIENNE
    ~ Les aléas et les changements climatiques surtout la sécheresse font chuter les productions. ~ L'agriculture ivoirienne est encore extensive avec des techniques et matériels agricoles rudimentaires, archaïques.

SOUSLADIRECTIONDE

ÉricLéonardetPatriceVimard

Crisesetrecompositions

d'uneagriculturepionnière enCôted'Ivoire dans le Bas-Sassandra(Côted'1 voire)

IRD- KARTHALA

CRISESETRECOMPOSITIONS

D'UNEAGRICULTUREPIONNIÈRE

Collection"Hommes etSociétés»

Conseilscientifique:Jean-François

BAYART(CERI-CNRS)

Jean-PierreCHRÉTIEN(CRA-CNRS)

JeanCOPANS(Université Paris-V)

Georges

COURADE(IRD)

AlainDUBRESSON(Université Paris-X)

Henry

TOURNEUX(CNRS)

Directeur:JeanCOPANS

Paiement sécurisé

Couverture :

©lRDetKARTHALA,2005

ISBNKARTHALA:2-84586-707-7

ISBN(lRD):2-7099-1550-2

SOUSLA DIRECTION DE

ÉricLéonardetPatriceVimard

Crisesetrecompositions

d'uneagriculturepionnière enCôted'Ivoire

Dynamiquesdémographiques

etchangementséconomiques dansleBas-Sassandra

IRDÉditions

213,rueLaFayette

75010ParisKarthala

22-24,boulevardArago

75013Paris

Remerciements

appliquée (ENSEA)d'Abidjandéveloppent, depuis 1985, unpartenariat scientifiquesur le thème des dynamiques depopulationenCôte-d'Ivoire. Dans le cadre de cettecoopération,différentes actions de recherche, de formation et de valorisation ont été, depuis lors, initiées. Leprogrammederechercheréalisé dans la région duBas-Sassandra, dont cet ouvrageconstitueune synthèse scientifique, en est sans doute le plusremarquablepar la durée, lesdomainesderecherchecouvertset l'ampleurdesobjectifs.La mise enoeuvrede ceprogramme,dans le Sud-Iuestivoirien, acorresponduen effet à la volonté desinstitutionset deschercheursd'analyserles relations entre lesdynamiquesde peuple ment, lestransformationsdes systèmes agraires et leschangementssocio économiques,dans une zone stratégique pour ledéveloppementagricole du pays, qui constitue, par ailleurs, un véritable résumé culturel et écono recherche sur le terrain ont duré une dizained'annéesenimpliquantdes chercheurs de différentesdisciplines(démographie,économie, agro-éco nomie, histoire et sociologie), et enmobilisantde nombreux appuis parmi lespopulationslocalescommeau sein desinstitutionsadministrativeset dedéveloppementde la région.

Al'occasiondel'éditionde cet ouvrage,

c'estavec grandplaisirque nousremercionstous ceux qui ont appuyé ceprogrammeetconcouru saréalisation.Nosremerciementss'adressentauxautoritésde la Préfecture,de laSous-Préfecture,de laMairieet duSecteurdeSanté Rurale deSassandraqui ont rendupossibleslesdémarchesnécessaires sa mise en oeuvre et facilité notre accueil et laréalisationdesenquêtes.À cetégardnousvoudrionstoutparticulièrementremercierle Dr Kassi N'Guessanqui a appuyé notre travail en nous faisant part de sa connais sance de la région, et avec lequel nous avons pucontribueraumontage deprogrammesdedéveloppementlocaldans ledomainede la santé.

6 CRISES ET RECOMPOSITIONSD'UNEAGRICULTURE

del'hôpitaldeSassandra,ainsi que lespersonnelsdesorganismesagri Noussouhaitonségalementremercierl'Institutnationalde lastatis tiquede recensementde 1988, dedisposer d'unebase,pourextrairedeséchan tillonsreprésentatifsdevillageset desdonnéesinéditessur larégion.

Nosremerciementss'adressentégalement

àl'ensembledeschefsde

villageset decampements,qui nous ontaccueillischaleureusementet se s'effectueravecefficacité.Ilss'adressentaussi auxdifférentsbailleursde qu'auxdirections de l'ENSEA,del'IRDet duGIDIS-CI(Groupementinterdisciplinaireen sciencessocialesdeCôted'Ivoire)qui ontsoutenularéalisationduprojet en luiassurantsapérennité.

Àce titre, noussouhaitonsremercierBernard

Notre gratitudevatoutspécialement

àKoffiN'Guessan,directeurde

l'ENSEA,qui ainitiéceprojetavecnouset a étéensuited'unsoutien sommes en tant ments mentàrassemblerlesmoyensde saréalisation. Nousremercionségalementlesenquêteuseset lesenquêteurs,ainsi quetoutlepersonneldel'ENSEAet del'IRD,quiontparticipé,avec recherche.À cesujetnousvoudrionssoulignerlacontribution

àces tra

agronomiqueParis-Grignon,et de ToyidiBello,économisteà l'ENSEA. collègueJonasIbo,pourleséchangeset lesdébatsfructueuxque nous avonsentretenussurl'histoiredupeuplementde larégion.

Enfin,nousvoudrions

exprimernotregratitudeàl'ensemblede la populationqui a tempsdetravailet de viefamilialepournousaccueillir,noushéberger avecchaleuretgentillesse.

PatriceVimard et ÉricLéonard

Introduction

PatriceVIMARDet ÉricLÉONARD

Dans les agricultures faiblement mécanisées des pays du Tiers Monde, l'appropriationfoncière et le contrôle de lamain-d'oeuvre ont historique ment constitué les deux déterminants majeurs dudéveloppementagricole, au moins tant que les processus accélérés de mise enconcurrenceinterna tionale ne sont pas venus poser de nouvelles contraintes à ce développe ment. Les dynamiques de mise en rapport du foncier et de la force de tra vail nerépondentpasnécessairementà unerelationunivoque,selon laquellelemonopolefoncierinduitlamaîtrisede la force detravail, comme une vision rapide des pratiques paysannes sur le court terme pour rait lelaissercroire, maispeuventprocéderde logiquesd'échangequi sont à la base de processusd'expansionéconomique et sociale,c'est-à dire de croissance del'activitéagricole et de passage à des formes élar gies de reproduction, durant lesquelsl'accentest mis sur l'unoul'autre de ces éléments selon la raretémomentanéede la terre ou de la main d'oeuvre.Ainsi la mise en exploitation ou la cession d'unsurplus de terres sont-elles utilisées par unagriculteurpropriétaire pour permettre la repro ductionde la force detravailfamilialeou lacaptation d'unemain d'oeuvreextérieure à la cellule domestique dont il a besoin pourentretenir etdéveloppersa propre exploitation.

Àl'inverse,la vente de sa force de

travail peutavoirpourbut depermettreaumanoeuvreagricoleou au métayerd'acquérirde la terre, à une échéance plus ou moins longue. La surface desexploitationsagricoles et de leurs réserves foncières et l'effectifde lamain-d'oeuvre,notammentd'originefamiliale, entretien nent ainsi des relations étroites, posant la question des rapports entre la croissancedémographiqued'unepart et les conditions del'activitéet de la reproduction desexploitationsagricolesd'autrepart. Ces rapports sont eux-mêmes médiatisés par un ensemble de pratiques, référents sociocul

10 CRISES ET RECOMPOSITIONSD'UNEAGRICULTURE

contextesnationaux,régionaux,voire locaux. Leschercheursont ainsi été conduits àporterleurattentionsurl'ensemblede cesliaisons,en fonction descaractéristiquespropres àchaquesociété. contraintesfoncières ont étélongtempsrésolues par la mise en réseau des espacesdeproductionet ledéplacementplus ou moinsrégulier d'unfront pionnier,facilités par une faiblepressiondémographiqueàl'échellede la région, ledéveloppementdessystèmesdeproductionalongtempsreposé, etreposeencore dans une large mesure, sur uneévolutionefficientedes formes decaptureetd'exploitationde lamain-d'oeuvre.En effet, du fait de la faiblesse desmoyensdeproduction(outillages

àlatechnologielimi

l'énergiehumainedemeure l'élémentmajeurdu procès deproduction.Lefonctionnementde ces sys tèmes se révèleindissociabledesmécanismesde lareproductionet de la mobilitéde la force de travail, et donc de ladynamiquedespopulations.

D.Delaunaya ainsi montré, lors

d'uneétudesur lamoyennevallée du Sénégal(1984), lastructurationpériodiquedesformationssocio-écono miques par lespratiqueset lespolitiquesderecrutementde la force de travail. Dans le même sens,l'observationdel'économiedeplantationdu plateaude Dayes, auSud-Ouestdu Togo, amontréque ladépendancedes cyclesde viedémographiquedesdifférentespopulationsétait enrelation directeavecl'articulationdes modalités del'offrede travail et des rap portssociauxdeproduction(Quesnel et Vimard, 1988). Maisleparadoxedesdernièresdécenniesest que leschangements profondsqui ontaffectélesmodesdecontrôleetd'exploitationde la main-d'oeuvredans cessociétésafricaines(recours àdifférentesformes de monétarisationde larétributiondu travailfamilial...),surlesquelsnous reviendronslonguementdans cetouvrage,ont eu peu derépercussions sur lesrégimesdémographiqueseux-mêmes.Toutparticulièrement,le déplacementducontrôlede lareproductionet del'utilisationde la force de travail, du lignage vers le groupedomestiquerestreint,commun

àla

majoritéde ceséconomies, n'apasencoreentaméle niveau élevé de la

àaugmenterdurantcette

période,sousl'effetde la baisse.de la mortalité.

Cecirenforcel'intérêtque

l'ondoitporterauxinterrelationsentre les différentestransitionsdémographiquesetéconomiquesdans lessociétés rurales africaines.D'autantplus que cescommunautésse situent depuis quelquesannées àuntournantde leur histoire.L'accentuationdes phéno mènes depressionfoncièremet enquestionchaque jourdavantageles possibilitésdemaintiendes modes deproductionextensifsqui les carac-

INTRODUCTION11

térisent.Àtravers les dynamiques migratoires, les sociétés rurales et les agricultures régionales del'Ouestafricain ont par ailleurs vu leur rela tionss'accroîtrentde façonperceptibleàtraversladensificationet l'intensificationdes flux dediversesnatures(main-d'oeuvre,revenus, produits vivriers, épouses et enfants en bas âge, représentations symbo liques, etc.), de sorte que leurs évolutions respectives sont devenues lar conjuguent aux contraintes quis'exercentdepuis les années 1980, à tra vers la raréfaction des emplois modernes, surl'articulationde ces sociétés avec les sphères urbaine et étatique. Ces rigidités,perceptiblesdepuis longtemps dans les régions les plus précocement insérées dans les circuits del'économiemarchande,colonialepuis mondiale, lespremièrestou chées par des problèmes de saturation foncière, ont été renforcées, à la fin de ces années quatre-vingt, par la baisse drastique des prix internationaux des produits des cultures de plantation. Les conditionsd'unecrise profon de du monde rural africain sont ainsi réunies etl'onse situe à une période où ilconvientdes'interrogersur la nature etl'efficacitédes réponses actuelles de sociétés villageoises qui, commel'ontmontré J.-P.Chauveau et J.-P. Dozon (1985), avaient toujours su, jusque là,s'adapterspontané ment, et de façonrelativementautonome,auxdifférentescontraintes externes, nationales et internationales, qui se sont exercées sur elles sous la colonisation comme depuis les Indépendances. Pour être cernée dans toute sa relativité et pour échapper aux générali sations, dénoncées par M. Morineau (1987), qui caractérisent souvent les recherches menées dans le cadre de la problématique des rapports entre agricultureet démographie,l'articulationdes faits depopulationet de l'économieagricoledoit êtreanalyséedans le cadred'étudescontex tuelles, qui permettent une caractérisation localisée des systèmes de pro duction et de leur relation avec les régimes démographiques, comme se sontefforcésde lefairedifférentschercheurs(Delaunay, op.cit. ; Quesnel et Vimard,op.cit.).C'estdans le prolongement de ces approches ques'inscritcet ouvragerelatifaux sociétés rurales duBas-Sassandra, dans le Sud-Ouest ivoirien. Ils'agiraici de saisir les adaptations et les réponses de populations situées dans des contextes locaux et organisa tionnels particuliers, aux contraintes qui pèsent sur la dynamique de leurs systèmes de reproduction et de montrer comment les changements et les rigidités agricoless'articulentavec les faits démographiques.

12 CRISES ET RECOMPOSITIONSD'UNEAGRICULTURE

Lecontextesocio-économiquedesdynamiquesdepopulationen éco nomiede plantation Dans les sociétés agricoles africaines, la nécessitéd'unvolant de main d'oeuvreet d'uneffectifde population suffisant pour assurer le développe ment des exploitations, mais aussi le soutien des individus les plus âgés et lapermanencedes groupes sociaux (familles, clans, lignages ...) rendait impérativel'obtentiond'unedescendancenombreuse. Les flux de riches se entre les générationss'établissaientessentiellementdes enfants vers les parents,ouplutôtdescadetsvers les aînés, cesdernierss'assurantun contrôlesocial enorganisantlacirculationdes femmes et de leur descen dance (Meillassoux, 1975). Ces échangesintergénérationnelsàl'avantage des aînésjustifiaientune dimension de la famille la plus élevée possible (Caldwell, 1978). De plus, la survie des unités sociales au plan démogra phique,économiquemais aussi politique, reposait sur la capacité de pro création des femmes, ceci toutparticulièrementdans les sociétés matrili néaires (Perrot, 1987 : 168)relativementfréquentes en Afrique subsaha rienne, àl'imagedes Baoulé,représentésdans la région de Sassandra. Le contrôlesocials'exerçaitdonc en faveur d'uneféconditéd'autantplus élevée que la mortalité des enfants était importante. Cette situation initia le, que l'onpeutqualifierdetraditionnelleou, commel'onfait certains démographes,de "pré-transitionnelle», en référence à la théorie de la transitiondémographique,s'estmodifiée avec ledéveloppementdes éco nomies agricolescommerciales. Ledéveloppementdesagriculturesdeplantationa prisdifférentes formes, en fonction du moment de leur essor dans telle ou telle région, de leurdynamiquepropre etd'élémentsextérieurs tels que les fluctuations desprixmondiauxdesproduits,maisellesonttoutesreposésur les mêmes éléments fondateurs et structurants (Quesnel et Vimard, op.cit.). L'appropriationde la terre sur une baseindividuelleet privative etl'utili sation considéréescomme lesélémentsfondateurs de cette économie. La force de travail à laquelle ilest fait recours est en grande partieextérieureà la familleélargie: ils'agitdepopulationsallochtones, comme dans le cas desimmigrantsbaoule ou burkinabèemployéspar les propriétaires anyi del'estivoirien,ou lesmigrantskabyépriscommemétayerspar les autochtonesewe et akposso de la région desPlateauxau Togo.Même lorsqueleréférentclaniqueoulignageropère dans lesmécanismesde captation de lamain-d'oeuvre,cette dernière estfréquemmentextérieure à la famille nucléaire, comme lorsque les planteurs baoule etburkinabèdu

Sud-Ouestivoirienfont appel à de

"jeunesfrères»(neveuxutérins, cadetsd'autressegments de lignage, etc.).

INTRODUCTION13

Sur le plan social, deuxélémentsstructurentvéritablementlessociétés inscritesdans cessystèmeséconomiques,tout enmodifiantle sens de la reproductiondémographique.Il s'agit,d'unepart, del'autonomiedu groupedomestiquequant àl'organisationde laproductionet de la repro duction et,d'autrepart, dudéveloppementde lascolarisation.Ces chan gementsprofondsinterviennentdirectementsur lesconditionsdémogra phiques derenouvellementdessystèmessociauxet, endernierressort, sur lesdynamiquesdespopulations. L'autonomiedu groupe domestique dansl'organisationde la production et de lareproduction:lestransformationsdes rapports sociaux entre l'hommeet lafemme, le père et ses enfants Lacréationdesplantations,etl'appropriationindividuellede la terre à laquelleelle conduit,introduisentune rupture dansl'organisationlignagè re quiprévalaitdans laproductionvivrière et une nouvelle forme de divi sion sexuelle du travail,caractériséenotammentparl'entréedeshommes sur la scène de laproductionagricoleet de lagestiondes récoltes. Les techniquesagricoles ne faisant pas appel à lamécanisationni à la force animale, lamain-d'oeuvrehumaineest lefacteurcentraldudéveloppe ment desculturespérennes.Lacréation d'uneplantationcorrespondà unedemandeaccrue de travail, que leplanteurdoitsatisfaire

àtravers la

mobilisationde songroupedomestiqueoucelledemigrantsqu'il emploiecommesalariés agricoles etqu'ilrémunèreen part de récolte ou en détournesa femme et ses enfants del'organisationcommunautaire,que celle-cicorrespondeàl'environnementimmédiatde sonexploitationou

àtravaillersur ses

propresplantations.Ils'ensuitunetransformationdes rapports de produc tion entre le mari et son épouse, et plusglobalemententre les hommes et les femmes, et entre les familles et lignages de lacommunautévillageoi se. Dans ce contexte, les femmescontinuentdes'occuperde la produc tion vivrière, tout ensecondantleurs époux pour les travauxd'entretienet derécoltedesculturescommerciales.Si leshommeset les femmes se trouventrapprochésdans leprocessusdeproduction,cetteproximité n'a pas detraductionmécaniqueen termes de partage despouvoirs:la com mercialisationdes culturespérenness'imposecommeuneactivitéexclu sivementmasculine, sauf, et de façon marginale,lorsqu'unevaleurajou téeconséquentepeut-êtreobtenuevia latransformationartisanale,alors filièresvillageoisesdeproductiond'huilede palme). Dans les sociétés

14 CRISES ET RECOMPOSITIONSD'UNEAGRICULTURE

chez les autochtones du Bas-Sassandra, la femme mariée est considérée, au sein del'unitédomestique dans laquelle elle vit et travaille, comme une étrangère de passage, amenée à rejoindre son grouped'origineà la mort de son mari. Ce statut luiconfèrepeu de droits dans son village d'alliance,où elle reste très en marge des prises de décision communau taire. Son rôle se résume à la productiond'enfantset de nourriture, pour assurer la survie et la reproduction de la famille de son mari, ainsi qu'à l'aidequ'elleapporte à celui-ci dans la conduite del'exploitationdomes tique (Adjamagbo et Guillaume, 2001). Dès lors que les alliances matrimonialesn'obéissentplus aux mêmes nécessitésd'organisationcommunautaire de la production et de la repro duction, le contrôle lignager de ces alliances s'affaiblit. Le lien conjugal s'établitde plus en plus directement entrel'hommeet la femme (ou entre des familles restreintes, en fonction de leurs stratégies foncières), sur des bases consensuelles mais aussi plus fragiles. Le pouvoir masculins'exer ce désormais au sein même de la famille conjugale, et non plus dans le cadre de la communauté lignagère. Le mari exige de son épouse un tra vail sur ses plantations, mais il doit fréquemment faire face àl'obligation de le rétribuer, en espèce ou en nature, et surtout de subvenir aux besoins sociaux de sa femme et de ses enfants (dépenses de prestige, scolarisa tion). Ses défaillances dans ce domaine, fréquentes en période de crise économique, conduisent à une certaine instabilité matrimoniale. L'éclatementdu lignage, comme unité globale deproductionet de reproduction sociale, en de multiples unités plus autonomes, qui tendent à se restreindre à la famille nucléaire, à laquelle des apparentés du chef de famille peuvents'adjoindre,se trouve ainsi consacré. Ceci entraîne une diminution de la taille des groupes domestiques, et donc de la force de travail familiale, qui conduit le plus souvent à faire appel à une main d'oeuvreimmigrée, de manièred'abordconjoncturelle, puis structurelle et permanente. Installées à demeure, ces populations allochtones, éloignées de leur milieud'origine,adoptent rapidement une organisation de la pro duction centrée sur le groupe domestique restreint. Si l'organisationfamiliale, on observe toutefoisl'émergencede nouveaux niveauxd'organisationélargie. Les Églises, les groupements à vocation coopérative, les associations de résidents, les "sociétés dejeunes»(clubs sportifs, groupes de travail salarié) deviennent de nouveaux espaces de sociabilité et fournissent aux individus des alternativesd'insertiondans desréseauxvariés, leurpermettantdes'approprierdenouvellesres sources et, éventuellement,d'accéderà certains services, dont, notable ment, la scolarisation de leurs enfants.

INTRODUCTION15

Lascolarisationcommevecteurdetransformationsentre lesgénérations La scolarisation estl'élémentdynamique qui achève latransformation modifiantleséchangesentre lesgénérationset enconsacrantles nou velles places del'enfantdans la famille et la société. Dans un premier temps,l'envoides enfants àl'écoleprimaire est rendu possible parl'inté gration des parents àl'économiede plantation et la génération concomi tanted'unsurplus monétaire. Dans un deuxième temps, la scolarisation planteurs dans les sphères de laproductionmarchande. Elleentretient, par les fraisqu'elleoccasionne, la nécessité dudéveloppementdes cul tures commerciales. Dans le même temps, en soustrayant les enfants seo larisables à laproductionagricole, elle exige un recours accru à la main d'oeuvrenon familiale. La scolarisation apparaît ainsi comme un élément central des processus demonétarisationdes rapports sociaux. Toutefois, la rétribution de la force de travails'effectuede façon privilégiée à tra vers descessionsde terres à desallochtonesou,pourlespopulations immigrées, à de nouveaux arrivants de la même ethnie. En effet, dans un contexte de compétition croissante entre les planteurs pours'attacheret fixer unemain-d'oeuvrerare et attirée en premier lieu par les possibilités d'accéderelle-mêmeàcourttermeaustatutdeplanteur,les chefs de famille déjà installés sont amenés àengagerauprès de leursemployés certains de leurs droitsd'utilisation,voire de détention, foncière. Les rap ports de production quistructurentl'organisationdes agricultures fami liales deplantations'oriententainsi vers des formes diversifiées d'échan ge de terre contre du travail. Cette relation entrel'appelà une force de travailextérieureet la cession de terre estd'autantplussystématiqueque l'accèsdes migrants au foncier est facilité par les faibles densités démo graphiqueset lesdéficiencesdes sociétés autochtones àcontrôlerleurs territoires,ainsi que par lesdispositionsjuridiquesetadministratives, commecela a été le cas dans leSud-Ouestivoirien jusqu'àune date récente. Dans un troisième temps, avec la baisse du revenu des plantations (du fait de leurvieillissementou/et de la mévente des produits), la scolarité pèsefortementsur lesbudgetsfamiliauxetpeutmême setrouveren contradictionavecl'organisationde laproductionlorsquel'appelà la force de travail extérieure au groupe domestique devient plus difficile, du fait notamment del'épuisementdes réserves foncières "échangeables». Toutefois cettecontradictionn'estqu'apparente,dans la mesure oùl'inté gration aux sphères urbaines etadministrativesdel'économieestl'objec tifprincipalvisé par lesplanteurs(àtraversleursenfants)etparles enfants eux-mêmes, au moins tant que ledéveloppementd'uneéconomie

16CRISESETRECOMPOSITIONSD'UNEAGRICULTURE

urbaine,reposantlargementsur lesecteurétatique,neconduitpasà remettre en question de telles stratégies. Alorsqu'ilétait autrefois exigéd'euxune prestation de travail dans la sphère de production familiale, les enfants des producteurs de café et de cacao sedésengagenten grande partie du travailagricole.Ils sont au contraire à la charge de leur famille le temps de leur scolarité et ensuite, dans bien des cas,lorsqu'ilssont en attented'unemploi en ville. La natu re, la signification et la temporalité des échanges entre les générations subissent ainsi de profondes modifications, variables selon la population considérée, et ont un retentissement fort sur la fécondité. Lacrisedusystèmed'économiedeplantationet les effets desprogrammes d'ajustementstructurel En Afrique del'Ouest,leséconomiesdes régions deplantationles plus anciennes ont connu une première période de crise (1965-1975),cor respondant essentiellement àune baisse de la production provoquée par le vieillissement des vergers créés durantl'époquecoloniale et les déplace ments démographiques vers de "nouveaux»espacesd'activité(les villes en pleine croissance et les fronts pionniers où se mettaient en place de nouvelles plantations). Mais la dernière crise, qui a sévit du milieu des années

1980au début des années1990,a étéd'unetoute autre ampleur.

En effet, après une phase de redéploiement actif (1975-1985),où la régé nération des vieux vergers et surtoutl'ouverturede nouveaux fronts pion niers se sont conjuguées

àla hausse des cours mondiaux, la plupart des

économiesdeplantation

d'Afriquesubsahariennesesonttrouvées confrontées

àune double récession.

Au plan interne, les plus anciennes de ces économiesn'ontpu sur monter les blocages liés au dépérissement des plantations, au renchérisse ment des coûtsd'accès àla ressource foncière (de nature socio-écono mique, mais aussi écologique, du fait du potentiel réduit du milieu "post forestier» àsupporter les tentatives de renouvellement des vergers, voire àassurer le maintien des rendementsvivriers:Ruf, 1995)et, en consé quence, àla stagnation ou la baisse de la productivité. Cette crise endogè nes'estconjuguée avec la crised'ordremacro-économique qui a frappé l'Afriquedepuis la fin des années

1970.Pour faire faceàcette récession,

due en partie àla baisse des cours mondiaux des produits tropicaux, les organismes de financement internationaux (le FMI et la Banque mondiale essentiellement)ontimposé

àdes Étatssurendettésdesprogrammes

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