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https://www.erudit.org/fr/Document g€n€r€ le 14 oct. 2023 08:32Mesure et €valuation en €ducation

Concept de soi, estime de soi et d€cision vocationnelle chez les r€orientation

Caroline Dozot, Anne Piret et Marc Romainville

Dozot, C., Piret, A. & Romainville, M. (2012). Concept de soi, estime de soi et d€cision vocationnelle chez les €tudiants de premi...re ann€e d'enseignement sup€rieur en r€orientation.

Mesure et €valuation en €ducation

35
(1), 27†45. https://doi.org/10.7202/1024768ar

R€sum€ de l'article

Cet article pr€sente les r€sultats d'un volet d'une recherche men€e depuis 2007 au sein du dispositif de formation-r€orientation ‡ Rebond ˆ. Plus particuli...rement, il explore les liens entre estime de soi, concept de soi et d€cision vocationnelle aupr...s d'€tudiants de premi...re ann€e de l'enseignement sup€rieur en abandon d'€tudes, pris en charge dans ce dispositif de r€orientation. Les r€sultats permet - tent de d€couvrir des pistes d'action p€dagogique " mettre en oeuvre au sein du dispositif de formation-r€orientation. 27
Concept de soi, estime de soi et décision vocationnelle chez les étudiants de première année d'enseignement supérieur en réorientation

Caroline Dozot

Anne Piret

Marc Romainville

Université de Namur

Motsclés: estime de soi, concept de soi, décision vocationnelle, abandon d'études, réorientation Cet article présente les résultats d'un volet d'une recherche menée depuis 2007 au sein du dispositif de formation-réorientation " Rebond ». Plus particulièrement, il explore les liens entre estime de soi, concept de soi et décision vocationnelle auprès d'étudiants de première année de l'enseignement supérieur en abandon d'études, pris en charge dans ce dispositif de réorientation. Les résultats permet - tent de découvrir des pistes d'action pédagogique à mettre en oeuvre au sein du dispositif de formation-réorientation. Keywords: self-esteem, self-concept, vocational choice, drop-out students, reorien - tation This article presents the results of a research led since 2007 within the scope of remediation and reorientation training plan "Rebond». More particularly, this research investigates the links between self-esteem, self-concept and vocational choice with first year drop-out students in higher education which decide to participate in the reorientation program in the second half-year. The results allow identifying new educational actions for the reorientation training plan such as the "Rebond» program. Mesureetévaluationenéducation, 2012, vol. 35, n o

1, 27-45

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Palavras-chave: autoestima, autoconceito, decisão vocacional, abandono dos estudos, reorientação Este artigo apresenta os resultados de uma investigação realizada desde 2007 no âmbito do dispositivo de formação-reorientação "Rebond". Mais particularmente, explora as ligações entre a autoestima, o autoconceito e a decisão vocacional junto de estudantes do primeiro ano do ensino superior que abandonaram os estudos, os quais decidiram participar neste dispositivo de reorientação. Os resultados permitem descobrir novas pistas de ação pedagógica para aplicar no dispositivo de formação-reorientação.

note des auteurs - cet article a été rédigé avec la collaboration de sophie cavigioli, haute

école de namur. toute correspondance peut être adressée comme suit : caroline dozot, département éducation et technologie, Facultés universitaires notre-dame de la Paix, 61 rue de Bruxelles, 5000 namur, Belgique.

Introduction

cet article présente les résultats de la seconde partie d'une recherche 1 menée au sein d'un dispositif de formation-réorientation appelé " rebond ». l'objectif de la première partie de la recherche était de vérifier plusieurs hypothèses concernant l'estime de soi (dozot, Piret, & romainville, 2009). la documentation met en évidence, d'une part, le rôle facilitateur de l'estime de soi sur la décision vocationnelle et, d'autre part, l'existence d'un lien entre l'estime de soi et la persistance et la réussite académiques : une attention particulière à l'estime de soi est pertinente au sein d'un dispositif qui vise à ce que les étudiants construisent de nouveaux projets, posent un choix pour l'année académique suivante, persévèrent et réussissent dans cette nouvelle orientation. empiriquement, les auteurs de la présente étude ont montré que les étudiants en abandon, en arrivant à rebond, avaient une estime de soi plus basse que d'autres étudiants sans qu'il soit possible de déterminer s'il s'agissait d'une cause ou d'une conséquence de l'échec ou de l'abandon. ce constat a généré de nouvelles hypothèses à propos du concept de soi. en effet, selon campbell (1999), cette estime de soi plus basse pourrait être liée à un concept de soi moins solide, moins clair et moins stable dans le temps. après avoir montré, à travers la première partie de la recherche, le bien- fondé d'une attention à l'estime de soi au sein d'un dispositif tel que rebond, l'objectif de cette seconde partie est donc d'explorer le concept de soi. Plus particulièrement, après quelques considérations méthodologiques concernant les mesures possibles de la clarté du concept de soi, les auteurs exploreront les liens de ce dernier avec l'estime de soi et la décision vocationnelle. enfin, il s'agira de dégager des pistes pédagogiques concrètes pour les intervenants permettant d'améliorer l'accompagnement des étudiants dans la construction de nouveaux projets d'études ou professionnels. " Rebond » : un dispositif de formation-réorientation ce dispositif s'adresse aux étudiants de première année de l'enseignement supérieur (établissements situés en province de namur, en communauté française de Belgique) qui décident d'arrêter leurs études en cours d'année et qui souhaitent mettre à profit le temps restant avant la rentrée académique concept de soi et étudiants en réorientation 29

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suivante pour construire de nouveaux projets d'études ou professionnels. ces étudiants (une quarantaine par an depuis 2003), sur une base volontaire, sont pris en charge de février à juin par une équipe d'intervenants (enseignants et conseillers à la formation) par le biais de cours et d'activités d'accom - pagnement tant collectives qu'individuelles, qui se substituent à leur pro - gramme académique initial. les objectifs poursuivis à travers ce program me de formation sont, d'une part, d'accompagner ces étudiants dans la construc - tion de nouveaux projets d'études ou professionnels et, d'autre part, de mieux les préparer aux exigences de l'enseignement supérieur. Concept de soi, clarté du concept de soi et décision vocationnelle le concept de soiest défini comme " une structure organisée de connais - sances contenant des traits, des valeurs, des souvenirs épisodiques et sémanti - ques liés au soi et contrôlant le traitement de l'information pertinente pour le soi » (campbell et al., 1996, p. 141). en bref, il s'agit de la manière dont les indi vidus se définissent (Martinot, 1995), de l'ensemble des représentations dont l'individu dispose à propos de lui-même (lebrun, 1997). À côté de l'as - pect " contenu » du concept de soi, plusieurs auteurs (campbell et al., 1996; Martinot, 1995) insistent également sur l'aspect " processus » du concept de soi, c'est-à-dire la manière dont l'individu gère l'information sur lui-même. selon l'écuyer (1990), les perceptions de soi évoluent dans le temps. l'écuyer (1990) et plus tard Martinot (1995) mettent en évidence le caractère à la fois stable et malléable du concept de soi. en effet, les conceptions de soi centrales, générales (celles qui nous permettent de savoir/reconnaître que nous sommes toujours la même personne à travers le temps et les événements, les contextes) seraient stables dans le temps, tandis que les conceptions de soi plus périphériques ou localement activées (concept de soi de travail) subiraient des variations locales en fonction de situations ou d'événements particuliers. Plus particulièrement, distinguant le contenu et la structure du concept de soi, campbell et al., (1996) définissent la clarté du concept de soicomme la mesure dans laquelle les croyances sur soi sont définies avec clarté et confian - ce, présentent une consistance interne et sont stables dans le temps. Plutôt que de décision vocationnelle, on trouve plus fréquemment dans la documentation le terme d'indécision vocationnelle. l'indécision vocation - nelle, c'est-à-dire l'indécision liée au choix de formation ou au choix de profes - sion, est définie comme " l'incapacité d'une personne à exprimer un choix quand elle est incitée à le faire » (Forner, 2007, p. 213). concept de soi et étudiants en réorientation 31
Liens entre estime de soi, concept de soi et décision vocationnelle alors que l'estime de soi est définie comme l'évaluation que l'individu fait de sa propre valeur (dimension affective du soi), le concept de soi recouvre l'ensemble des connaissances qu'un individu a de lui-même (dimension cognitive du soi). estime de soi et concept de soi sont étroitement liés comme l'illustre la définition de carpenito (1995): " l'estime de soi résulte de la com - paraison entre ce que l'on est ou croit être (concept de soi) et ce que l'on aimerait ou pourrait être (idéal du moi) » (p. 270). Plusieurs recherches ont pu mettre en évidence un lien entre estime de soi et concept de soi. campbell (1990) montre ainsi que les individus à basse estime de soi présentent des croyances sur soi neutres et relativement incer - taines, instables et inconsistantes alors que les individus à haute estime de soi présentent des croyances sur soi plus positives et bien articulées. Plus tard, à l'aide de la sccs (Self-Concept Clarity Scale), campbell et al., (1996) montrent également un lien entre estime de soi et clarté du concept de soi. la corrélation moyenne (positive significative) entre la clarté du concept de soi et l'estime de soi est de 0,61 à travers les trois études menées par ces auteurs. dans une publication ultérieure, campbell (1999) rapporte quatre études différentes qui permettent de vérifier l'hypothèse d'un lien entre basse estime de soi et faible clarté du concept de soi au travers de mesures indirectes de la clarté du concept de soi, plutôt qu'à l'aide le la sccs. cependant, ces mesures indirectes du concept de soi sont moins fortement corrélées avec l'estime de soi (de l'ordre de 0,20 à 0,50) que ne le sont les mesures auto-référencées telles que la sccs. selon campbell (1999), ce lien pourrait expliquer la plasticité plus grande de l'estime de soi chez les individus à basse estime de soi : en effet, si les indi - vidus à basse estime de soi ont également un concept de soi peu clair, alors ils seront plus dépendants ou influencés par les stimuli externes concernant le soi. campbell (1999) présente ainsi l'estime de soi comme jouant un rôle d'interface entre le concept de soi et l'information provenant de l'extérieur. Quant au sens de la relation entre l'estime de soi et le concept de soi, campbell (1999) souligne qu'une estime de soi plus basse peut être considérée tant comme la cause que comme la conséquence d'un manque de clarté du concept de soi. il est même fort probable, selon elle, que la relation entre les deux soit circulaire, installant, selon le cas, un cercle vicieux ou vertueux, qui peut expliquer la stabilité de l'estime de soi.

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d'une part, une estime de soi basse pourrait être la cause d'un concept de soi incertain dans le sens où les individus à basse estime de soi seraient plus souvent que les individus à haute estime de soi face à des situations qui provo - quent un conflit cognitif. en effet, de manière générale, les individus acceptent plus facilement une information consistante avec leur concept de soi. en même temps, ils montrent une préférence affective pour l'information positive sur eux-mêmes provenant de l'extérieur. Pour les individus à haute estime de soi, l'information positive en provenance de l'environnement est à la fois consis - tante avec leur concept de soi et répond à leur besoin affectif. Par contre, les individus à basse estime de soi se trouvent davantage en situation de conflit dans le sens où ils acceptent plus facilement une information négative sur eux- mêmes en provenance de l'extérieur (car consistante avec leur concept de soi), ce qui va à l'encontre de leur besoin affectif. cette situation conflictuelle serait à l'origine d'un concept de soi incertain chez les individus à basse estime de soi. d'autre part, une estime de soi basse pourrait être la conséquence d'un concept de soi incertain. Partant du postulat que l'environnement social produit régulièrement une information négative et menaçante pour le soi, l'incertitude, caractéristique des individus dont le concept de soi est peu clair, pourrait rendre ces individus plus influençables, plus perméables à cette information négative ou menaçante de l'environnement, ce qui contribuerait à la diminution de l'estime de soi. dans une étude sur les liens entre clarté du concept de soi, estime de soi, événements quotidiens et humeur, nezlek et Plesko (2001) mettent en évidence un lien positif significatif entre la clarté du concept de soi et l'estime de soi (corré lation de l'ordre de 0,48). Plus précisément, ces auteurs indiquent le rôle médiateur de l'estime de soi et des affects négatifs dans la relation (né - gative) entre les événements négatifs et la clarté du concept de soi : les événe - ments négatifs contribueraient à diminuer la clarté du concept de soi en diminuant l'estime de soi tandis que les événements positifs contribueraient à augmenter la clarté du concept de soi en augmentant l'estime de soi. de leurs mesures réalisées sur plusieurs semaines auprès de 103 étudiants en psychologie (états-unis), les auteurs concluent que les événements négatifs ont un impact plus grand sur la clarté du concept de soi que les événements positifs. en effet, les augmentations de la clarté du concept de soi qui résultent d'événements positifs sont de plus faible ampleur que les baisses qui résultent d'événements négatifs tels que les échecs ou les rejets. nezlek et Plesko (2001) concept de soi et étudiants en réorientation 33
soulignent cependant qu'une hypothèse causale inverse peut également être faite : le manque de clarté du concept de soi pourrait conduire certains sujets à se mettre dans des situations dont l'issue constitue un événement catégorisé comme négatif. dony (2007), dans une étude portant sur les liens entre la clarté du concept de soi, l'estime de soi et le processus de choix dans l'enseignement supérieur (373 élèves belges de dernière année de l'enseignement secondaire ont été inter rogés), met en évidence une corrélation positive significative de 0,55 entre la clarté du concept de soi et l'estime de soi. Plus précisément, les analyses effectuées soulignent le rôle facilitateur de l'estime de soi sur la clarté du concept de soi. travaillant sur des données longitudinales, wu, watkins et hattie (2010) ont pu mettre en évidence une relation causale réciproque entre la clarté du concept de soi et l'estime de soi, mais avec un lien causal plus fort dans le sens de l'estime de soi sur la clarté du concept de soi : les individus à faible estime de soi ont tendance à accepter indifféremment à la fois les éléments positifs et négatifs de l'environnement pour protéger leur soi des expériences humiliantes ou embarrassantes, ce qui ensuite limite le développement d'une vision de soi plus positive et plus claire. les individus à basse estime de soi auraient donc recours à ce mécanisme d'autoprotection qui consiste à maintenir un état de faible clarté du concept de soi qui est préférable, du point de vue du bien-être psychologique, à un concept de soi clair mais plus négatif : quand on a une mauvaise image de soi, il vaut mieux qu'elle reste floue. Plusieurs hypothèses permettent d'expliquer les liens entre estime de soi et clarté du concept de soi. la plupart des auteurs s'accordent sur le rôle de filtre joué par l'estime de soi entre l'information en provenance de l'extérieur (expériences, événements, information sur soi venant des autres) et la clarté du concept de soi. les individus à basse estime de soi sont plus influençables, plus perméables à l'information en provenance de l'extérieur. creed, Prideaux et Patton (2005) mettent en évidence un lien entre basse estime de soi et indécision vocationnelle. dony (2007) montre également qu'une bonne estime de soi, de même qu'un concept de soi clair et stable dans le temps, jouent un rôle facilitateur sur la décision vocationnelle. Plus parti - culièrement, les résultats de son étude menée auprès des élèves de dernière année de l'enseignement secondaire suggèrent que l'estime de soi aurait un rôle médiateur entre le concept de soi et la décision vocationnelle.

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Les objectifs de la recherche

les objectifs principaux de cette recherche sont d'explorer le concept de soi ainsi que ses liens avec l'estime de soi et la décision vocationnelle auprès d'un public particulier d'étudiants en réorientation. Plus précisément, ces objectifs se traduisent par les questions suivantes : •concernant la clarté du concept de soi, une équivalence peut-elle être obser vée entre les données recueillies par les mesures indirectes et celles recueillies via un outil d'autoévaluation validé ? •est-il possible de vérifier l'hypothèse de campbell (1999) quant au lien entre clarté du concept de soi et estime de soi auprès d'un public d'étu - diants en réorientation ? •est-il possible de répliquer, avec ce public, les résultats de plusieurs cher - cheurs tels que dony (2007) ou Forner (2007) qui mettent évidence un lien, d'une part, entre estime de soi et décision vocationnelle et, d'autre part, entre clarté du concept de soi et décision vocationnelle ?

Méthode

Participants

les participants sont les étudiants de la formation rebond. Pour le premier volet, plus méthodologique, concernant les mesures du concept de soi, les participants sont les étudiants inscrits à la formation en 2008 (n = 44) et 2009 (n = 46). Pour le second volet, concernant les liens entre le concept de soi, l'estime de soi et la décision vocationnelle, les participants sont les étudiants inscrits à la formation en 2010 (n = 43). au sein de chacune de ces trois cohortes, la majorité des participants sont des filles (deux tiers de filles). l'âge moyen au moment de l'entrée dans la formation est de 18,8 ans ; les étudiants sont âgés de 17 à 24 ans 2

Instruments

Pour mesurer la clarté du concept de soi, les auteurs de cette étude ont utilisé la Self-Concept Clarity Scale(sccs) développée par campbell et al., (1996) et traduit en français par Boudrenghien. il s'agit d'un outil d'auto - évaluation composé de 12 propositions. Pour chacune de ces propositions, le participant est amené à se prononcer, sur une échelle de type lykert, de 1 " pas du tout d'accord » à 5 " tout à fait d'accord » (pour la moitié des items, les concept de soi et étudiants en réorientation 35
échelles sont inversées). exemples d'items : " en général, j'ai une perception claire de qui je suis » ou " Parfois, je pense que je connais les autres personnes mieux que je ne me connais moi-même ». un score est ainsi obtenu pour chaque participant, qui s'étend de 12 à 60; plus le score s'approche de 60, plus le concept de soi est clair. Par ailleurs, plusieurs mesures indirectes de la clarté du concept de soi inspirées des travaux de Martinot (1995) et de campbell (1990, 1996, 1999)

ont été réalisées : à travers la réalisation d'une tâche autodescriptive, des in -

dices sont recueillis qui permettent d'inférer la clarté du concept de soi. le principe utilisé est le suivant : parmi une liste de près de 250 adjectifs

(qualités, défauts, traits de personnalité), les étudiants sont invités à choisir, par

écrit, au moins deux défauts et deux qualités qui les décrivent le mieux. de plus, pour chaque adjectif choisi, les étudiants doivent rapporter, par écrit également, une situation concrète qui illustre qu'ils possèdent cette qualité ou ce défaut. deux semaines après la première activité autodescriptive, les étu - diants sont amenés à se définir à nouveau par des qualificatifs (éventuellement ceux de la liste). entre ces deux autoévaluations, les étudiants ont été invités à interroger leurs proches (un parent et un ami) sur la manière dont ils les perçoivent en donnant chacun trois qualités et trois défauts qui les décrivent le mieux. cette manipulation entre les deux autoévaluations doit permettre de vérifier la stabilité du concept de soi (un concept de soi solide et clair devrait être moins influencé par le regard d'autrui significatif). l'accessibilitédu concept de soi (un concept de soi clair est un concept de soi facilement accessible) est mesurée au travers du temps de réponse par item

et du degré de difficulté estimé de la tâche (de " très facile » à " très difficile »

sur une échelle de type likert à quatre points). le temps de réponse par item est calculé en divisant le temps de réalisation pour l'ensemble de la tâche par le nombre d'adjectifs choisis. concrètement, pour chaque étudiant, un indice d'accessibilité a été construit en multipliant le temps de réponse par item avec le degré de difficulté perçu de la tâche autodescriptive. Plus l'indice obtenu est élevé, moins le concept de soi est facilement accessible ; les auteurs s'attendent donc à des corrélations négatives avec la clarté du concept de soi (mesurée par la sccs).

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la stabilitédu concept de soi est mesurée par comparaison entre deux autoévaluations distantes dans le temps. l'indice de stabilité est calculé en comptabilisant le nombre d'adjectifs communs aux deux moments de recueil de données, divisé par le nombre d'adjectifs choisis au temps 1. Plus l'indice obtenu est élevé, plus la stabilité est grande. Pour mesurer l'estime de soi, nous avons utilisé l'échelle d'estime de soi de rosenberg (1979). il s'agit d'un test d'autoévaluation de l'estime de soi générale composé de 10 items sur lesquels le participant est amené à se prononcer sur une échelle de type likert de 1 " tout à fait d'accord » à 4 " pas du tout d'accord » (pour la moitié des items, les échelles sont inversées). exemples d'items : " dans l'ensemble, je suis satisfait(e) de moi » ou " Je pense que je suis quelqu'un de valable au moins autant que les autres gens ». un score est obtenu pour chaque participant, qui s'étend de 10 à 40 ; plus le score est élevé, plus forte est l'estime de soi. enfin, pour mesurer la décision vocationnelle, une échelle a été construite permettant de classer les étudiants quant à leur niveau de décision vocation - nelle. concrètement, par rapport aux futurs projets de formation ou profes - sionnels des étudiants, six degrés de décision vocationnelle ont été définis (notés de 0 à 6, du plus indécis au plus déterminé).

Échelle de décision vocationnelle

Note attribuée

l'étudiant n'a aucune idée concernant ses projets d'études ou professionnels futurs, pour l'année académique à venir.0 l'étudiant a des idées dans des domaines différents.1 l'étudiant a cerné un domaine ou des critères pouvant guider son choix. 2 l'étudiant a des idées dans un même domaine.3 l'étudiant a arrêté un choix. 4 l'étudiant a arrêté un choix y compris un choix d'établissement.5 l'étudiant a arrêté un choix, y compris un choix d'établissement et a des idées d'option, de spécialisation ou de perspectives professionnelles.6 concept de soi et étudiants en réorientation 37
la lecture de l'ensemble des travaux de fin d'année des étudiants, dans lesquels ils décrivent le processus et le résultat de leur parcours de réorientation (épreuve intégrée), a permis de classer les étudiants par rapport à ces différents degrés de décision vocationnelle. Par exemple, une étudiante qui rapporte dans son travail les éléments suivants : " J'ai donc décidé de me lancer dans les études de secrétariat de direction. [...] Par contre, je ne sais toujours pas dans quel établissement me diriger » obtiendra la note 4. ce classement a été réalisé indépendamment par deux chercheurs. l'accord interjuges est de 72 %. dans les cas de non-accord, les travaux ont été soumis à un troisième chercheur : c'est la note attribuée par deux chercheurs sur trois qui a été retenue (il n'est pas arrivé qu'une troisième note, différente de celles attribuées par les deux chercheurs au départ, soit attribuée par ce dernier chercheur).

Procédure

Premier volet : liens entre mesures directes et indirectes du concept de soi Pour les sessions 2008 et 2009, au début du mois de mars, à l'occasion d'une activité collective menée dans le cadre de la formation rebond, les étudiants ont rempli la sccs, mesure de la clarté du concept de soi. au début du mois de mars également, dans le cadre de l'unité de formation "construction et validation de projets », deux activités collectives, proposées à deux moments différents, ont été utilisées afin de recueillir des données pour la recherche, à savoir les mesures indirectes de la clarté du concept de soi. ces activités ont été conçues avant tout pour accompagner l'étudiant dans une meilleure connaissance de lui-même. l'objectif de recueil d'information pour la recherche était secondaire. Deuxième volet : liens entre concept de soi, estime de soi et décision vocationnelle Pour la session 2010, en fin de formation (en juin), après la présentation orale de l'épreuve intégrée, tous les étudiants ont été amenés à remplir individuellement deux questionnaires : la SCCS, mesure de la clarté du concept de soi, et l'échelle d'estime de soi de Rosenberg. enfin, les travaux écrits des étudiants, remis en vue de la présentation orale de l'épreuve intégrée, ont été collectés et leur analyse, à l'aide de l'échelle construite (voir instruments), a permis de déterminer un indice de décision vocationnellepour chaque étudiant.

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Résultats

Premier volet : observations méthodologiques concernant les mesures du concept de soi les auteurs de la présente étude ont voulu vérifier si les mesures indirectes

du concept de soi (accessibilité et stabilité) étaient liées à la mesure de la clarté

du concept de soi à l'aide de la sccs 3 . Pour ce faire, les données des deux sessions rebond 2008 et 2009 ont été réunies. tableau 1 Corrélation entre la clarté du concept de soi mesurée à l'aide de la SCCS et les mesures indirectes de la clarté du concept de soi (accessibilité et stabilité) SCCSindice d'accessibilitéindice de stabilité sccs --0,36**0,061 (n = 68)(n = 49) indice d'accessibilité---0,13 (n = 50) indice de stabilité-- - note 1. **p<0,01.

note 2. rappelons que les mesures ont été effectuées en situation naturelle et non en situa -

tion expérimentale. de plus, ces mesures ont été réalisées à plusieurs moments différents. ces deux éléments expliquent pourquoi nous ne disposons pas des données pour tous les étudiants (n = 90). conformément aux hypothèses émises, une corrélation négative est obser - vée entre la clarté du concept de soi mesurée par la sccs et l'indice d'accessi - bilité du concept de soi : plus le concept de soi est clair, plus il est accessible. Pour rappel, la corrélation est négative parce que l'indice d'accessibilité a été construit de telle sorte que plus l'indice est élevé, moins le concept de soi est (facilement) accessible. Par contre, il n'y a pas de corrélation observée entre la clarté du concept de soi mesurée par la sccs et l'indice de stabilité, ni de corrélation entre les deux mesures indirectes du concept de soi : accessibilité et stabilité. concept de soi et étudiants en réorientation 39
Pour le second volet de la recherche, les auteurs ont opté pour une mesure unique de la clarté du concept de soi via la sccs. ce choix a été posé pour deux raisons principales. Premièrement, campbell (1999) a pu montrer que les corrélations avec l'estime de soi obtenues via des mesures indirectes de la clarté du concept de soi sont beaucoup plus faibles que les corrélations obte - nues avec la sccs. ces différences en termes de force de lien mises en évidence par campbell (1999) s'expliquent évidemment en partie par le type d'outil utilisé pour mesurer l'estime de soi, à savoir également un outil d'auto - évaluation. Par ailleurs, comme cela a été expliqué plus haut, les mesures indirectes de la clarté du concept de soi ont été réalisées en situation naturelle : une activité conçue au sein du dispositif pour aider les étudiants à développer leur connaissance d'eux-mêmes a été utilisée pour récolter des données pour la recherche. il a été constaté que cette activité pédagogique avait un sens et était utile pour les étudiants, les auteurs la maintiennent donc dans leur programme. Par contre, leur objectif de recherche étant atteint (comparer les mesures directes et indirectes de la clarté du concept de soi), les auteurs ont choisi pour les recueils de données ultérieurs l'outil le moins contraignant tant en termes de passation que de dépouillement, à savoir la sccs. Deuxième volet : liens entre clarté du concept de soi, estime de soi et décision vocationnelle chez les étudiants en décrochage les auteurs ont pu reproduire ici les résultats obtenus par plusieurs auteurs qui mettent en évidence un lien entre estime de soi et clarté du concept de soi (campbell, 1990, 1996, 1999; dony, 2007; nezlek & Plesko, 2001) et entre déci sion vocationnelle et clarté du concept de soi (dony, 2007; Forner, 2007). Pour ce faire, les corrélations (r de Pearson pour les variables d'intervalles et tau de Kendall pour la décision vocationnelle qui est une variable ordinale) entre ces variables ont été calculées pour les données recueillies auprès des

étudiants de la session rebond 2010 (n = 43

4 Figure 1.Lien entre clarté du concept de soi et estime de soi

CaROLiNEDOzOT, aNNEPiRETETMaRCROMaiNviLLE40

tableau 2 Corrélation entre la clarté du concept de soi, l'estime de soi et la décision vocationnelle

SCCSEstime de soiDécision vocationnelle

sccs-0,60***0,33* -(n = 32)(n = 31) estime de soi-0,21 (n = 33) décision vocationnelle-- - note. *p<0,05; ***p<0,001. alors qu'une corrélation importante a été observée entre la clarté du concept de soi et l'estime de soi, la corrélation entre la clarté du concept de soi et la décision vocationnelle est plus modérée. la corrélation entre l'estime de soi et la décision vocationnelle n'est pas significative. concept de soi estime de soi

203040506050

40
30
20 enfin, pour vérifier si l'on peut prédire la décision vocationnelle à partir du concept de soi et de l'estime de soi, une régression ordinale a été réalisée (per mettant une analyse multivariée avec une variable dépendante ordinale et des variables indépendantes métriques). les résultats ne sont pas significatifs : la décision vocationnelle ne pas être prédite par l'estime de soi et le concept de soi. ces résultats indiquent que les étudiants qui ont une plus basse estime de soi sont également ceux qui présentent un concept de soi moins clair. de plus, les étudiants qui présentent un concept de soi moins clair sont également ceux dont l'indice de décision vocationnelle est le plus faible. Par contre, aucun lien entre l'estime de soi et la décision vocationnelle n'a été mis en évidence.

Discussion

Principaux résultats et implications pédagogiques le premier objectif de cette recherche était d'explorer les différentes ma - nières de mesurer la clarté du concept de soi. inspirés des travaux de Martinot (1995) et de campbell (1990), deux types de mesures indirectes du concept dequotesdbs_dbs41.pdfusesText_41

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