Ce document est le fruit dun long travail approuvé par le jury de
7 mars 2016 Réseaux d'adductions d'eaux. Axes de communication. 450. Chapitre 8. Des communautés rurales obligées de se reconstituer sur tous les plans.
Mémoires de la Grande Guerre
"Nous recevions les eaux – et il a neigé! - nous avions passé dans des boyaux pour rejoindre
1880-1935: des communautés rurales meusiennes de la veille de la
12 juin 2017 Monuments aux morts vitraux commémoratifs
7ïV)/GwwVâV%/T
T T T T T T T T T T NGV%w T T T En vuEn vue de l'obtention du Doctorat d'Histoire
Présentée et soutenue le 9 décembre 2016 par :Karine STREIFF
HacumP0E9vDR
JURY Cochet François, Professeur des universités. Université de Lorraine. Audigier François, Professeur des universités. Université de Lorraine. Boniface Xavier, Professeur des universités. Université d'Amiens. Dard Olivier,Professeur des universités. Université de Paris Sorbonne.École doctorale Fernand Braudel.
Unité de recherche CRULH.
Directeur de thèse : François Cochet.
Rapporteurs :
Boniface Xavier, Professeur des universités. Université d'Amiens. Dard Olivier,Professeur des universités. Université de Paris Sorbonne. 1 muHumr0uHuPEv En nvuedl'nvvobuuovtueoiDecldunvvlueribevniueanvvlvteaieHnvslidPeléélueunvteélue'sod9ovtu ) ytu ohyLy RPquj qyj hyPeshyhuopTq hyq j qpu j othyB6Lyjaoyruq pt sqyr yt4Th y-aohu sqye yPqa1 hh sqyfqdo2auhy7ap4 t3yPasqyhaoy opdrq j otyjdeCqlyh h
oajiq sh hyp4dqC hyr ytqdndueày'dypajPlt op 3yhdyquCs sqyhpu otu1uDs y tyhdypeduqnaÉdop yjcaot i dspasPydPPquhàyGehyaotyltly tyq ht qaotyPasqyjauyr hyjat sqhyr yjaoytqdndueyr yq p4 qp4 à6Ly- hhu sqhye hyqdPPaqt sqhy tyj jiq hyrsy'sqÉ3ye hyPqa1 hh sqhyVdnu qyèaou1dp 3yveunu qyxdqr3y t
fqdo2auhyésruCu qyDsuyj y1aotyec4aoo sqyr ypajPah qye yPqlh oty'sqÉày) ye sqyhsuhyq paooduhhdot yrs
t jPhyDscuehypaohdpq otyLyedye ptsq y tyLyecdodeÉh yr yp yjljauq yr yt4Th 3yduohuyDs yPasqye sqh q jdqDs hydnuhl hyDsuy oqup4uqaotyp ytqdndueyr yq p4 qp4 à6ydsyP qhaoo eyr hyru11lq ot hydqp4un hyraoty'cduyPsypqauh qye yp4 juoy tyPeshyPdqtupseuTq j otyLyeclDsuP
r hydqp4un hyrlPdqt j otde hyr yèdq6e 6xspyPasqye sqydpps ueypaonunude3ye sqhypaoh ueh3ye sqh ruhPaouiueutlhy tye sqhypajPlt op hà6Lyyésr y- 8udou3yPasqyhdyC otuee hh 3yhdyruhPaouiueutly tyhaoyPqa1 hhuaoodeuhj à
6Lytast hye hyP qhaoo hyDsuyaotypaotquislyr yPqThyasyr yeauoyLyeclediaqdtuaoyr yp yjljauq yr yt4Th 3yL
p sRyDsuyaotypqsy oyjauy tyLyp sRyDsuyjc opasqdC otà6LyjdyjdjdoyDsuydytas'asqhyltlyLyj hypïtlh3yDsuyjcdylPdselydshhuyiu oyrdohye hyjaj othyr
PqaCq hhuaoyDs yr yrast 3yDsuyjcdy opasqdCly tyDsuyhc htyPdqtupseuTq j otyuon htuày'aoydur ydytas'asqh
ltlytqThyPqlpu sh yPasqyjauày) yesuydrq hh yj hyq j qpu j othye hyPeshyp4de sq sRyPasqyhaoyhastu o
uorl1 ptuie yyduohuyDs yPasqye ytqdndueyr yrdptÉeaCqdP4u yDsc ee ydyPqutyuotlCqde j oty oyp4dqC ày'doh
haoydur yp yjljauq yo yh qdutyPdhydshhuydiastuày) yesuyhsuhyPqa1aorlj otyq paooduhhdot yPasqye h hdpqu1up hyDsc ee ydypaoh otuyPasqyj yP qj ttq yr yPasqhsunq yyjdyt4Th 3y tyr yjycdnauqy opasqdClyL P qhlnlq qy tyLyhsqjaot qye hylPq sn hyru11upue hytasty oyq htdoty4sjie yày Fo yP ohl yPasqyt qjuo qyp hyq j qpu j othyPasqyr hy9tq hyp4 qhyraoty'cdsqduyhas4dutlyedyPqlh op yL j hypïtlhy oyp y'asqyPdqtupseu qà çytash3y'cdrq hh yj hyPeshyhuopTq hyq j qpu j othà i i i DDDEéI2uDcuvDHéE0 muvRemerciements. i i i i i i i 2
Sommaire. i i i i i i i i3
Introduction i i i i i i i 7
Eméc0E0aPPu22uvRDDD
D 27DD
Chapitre 1. Structures organisationnelles, ancrages territoriaux, coutumes et pratiques identitaires. 27
I. De la famille au groupe : une organisation ancestrale et traditionnelle se fissurant. 28
1.Un déclin numérique des communautés rurales meusiennes. i i 28
2. Portrait de la famille meusienne traditionnelle. i i i 37
3.La solidarité familiale à la base d'une société traditionnelle et cloisonnée qui rejette
il'étranger. i i i i i i i44
II.Un ancrage territorial ancestral qui structure le quotidien des communautés rurales. 52
DDD1. Le cadre de vie : les villages et les bourgs ruraux. i i i 52
SSSSSSSSSSSSSSS
2. L'habitat traditionnel meusien. i i i i i 68
3.Des lieux de vie communautaire qui évoluent. i i i 80
III. Culture et coutumes : quand la tradition revendiquée s'oppose à la nouveauté ou s'eni nourrit. i i i i i i i 90
1. Vivre au quotidien les coutumes et les traditions villageoises. i i 90
2. La fin des folklores villageois au profit d'une culture commune et partagée par les
i communautés rurales ? i i i i i 99
Chapitre 2. L' économie rurale, agricole, autarcique et vivrière:permanences et évolutions. 110
I. Un secteur agricole dominant en crise se renouvelant. i i i 111
1.Des terres nourricières, protectrices et sources de richesse ? i i 111
2. Dies systèmes agricoles qui se diversifient. i i i 1i22
3. Des mutations bénéfiques limitées. i i i i 133
II.Des communautés rurales qui dépendent des ressources exploitables. i 141
DDDDDDDDDDDDDDD
1.Une dépendance accrue, lourd handicap des sociétés rurales. i i 141
2. Dies relations entre les villages complexes imposées par les ressources de la terre. 151
III.Un système économique gravitant autour du travail de la terre en profonde mutation. 160
1.Commerce et industrie. i i i i i 160
2. Un artisanat en déclin et de nouveaux débouchés. i i i 166
Chapitre 3. Des structures d'encadrements qui entament une mue face aux décisions externes quii inscrivent les communautés rurales dans un cadre géographique élargi. i 172
3I. Structures d'encadrements et implication politique des communautés rurales. i 174
1. Dies représentants municipaux à l'image des communautés rurales. i 174
2. L'implication des communautés rurales dans la vie politique. i i 183
II. Églises et Écoles : deux institutions d'encadrements en pleine évolution. i 190
1. Église, curé et foi religieuse : entre tradition et présent. i i 190i
2. La montée de l'anticléricalisme et la loi de Séparation Église-État. i 197
3. Un rôle croissant de l'école et de l'instituteurRDDDDDDDDDDDDDDDDDDiDDDDDDDDDDDDDDDDDDiDDDDDDDDDDDDDDDDDDiDDDDDDDDDDDDD206
III.Des possibilités de désenclavement réelles, mais limitées. i i 218
1.La conscription et le service militaire. i i i i 218
2. Les retombées du plan Freycinet. i i i i 225
3. De nouveaux moyens de communication favorables au désenclavement. i 234
2J9Kmus1uDcuD2éD6méPcuD6summuR
i i i i i i i i 244
Chapitre 4. Le Département de la Meuse, terre de guerre. i i i 246
I.Les communautés rurales meusiennes à l'épreuve de la guerre. i i 247
1.La Meuse, terre de combats. i i i i i 247
2. Dies patrimoines individuels et collectifs dévastés. i i i 265
II. Des structures économiques et sociales happées par le conflit. i i 274
1. Pirendre conscience des limites et s'adapter pour survivre. i i 274
2. Réiquisitions, ravitaillements et marché au noir. i i i 280
III. Des structures d'encadrements bouleversées par le conflit. i i 287
DDDDDDDDDDDDDDD
1. À situation exceptionnelle, prérogatives exceptionnelles. i i 287
2.Administrer les villages évacués. i i i i 295
Chapitre 5: Des communautés rurales meusiennes prises en otage dans le premier conflit mondial.302
I. Les communautés rurales et leur cohabitation avec les soldats français, alliés et ennemis. 302
DDDDDDDDDDDDDDD
1. Vivre au quotidien au contact des soldats français et alliés. i i 302
2.Vivre au quotidien au contact de l'ennemi. i i i i309
3. Les communautés rurales et leurs enfants soldats. i i i 317
II.Des communautés rurales au coeur de la Grande Guerre : chocs psychologiques et réactionsindividualisées. i i i i i i 323
DDDDDDDDDDDDDDD
1. De la proclamation de la mobilisation générale à la bataille de Verdun. i 323
2. Face au danger grandissant, l'évacuation générale des populations meusiennes. 330
III.L'émergence de la figure du réfugié meusien. i i i 337
1. Le sort des réfugiés et des évacués meusiens. i i i 337
2. Hienri Frémont, le Bulletin meusien et la figure du père Barnabé. i i344
4Chapitre 6 : De l'Armistice à la loi de réparation des dommages de guerre : bilan des dévastations,
i mesures transitoires et espoirs de relèvement. i i i 352
I. Une guerre totale qui détruit les patrimoines individuels et collectifs, les paysages et lesreissources vivrières. i i i i i i 353
1. Un département profondément meurtri et dévasté. i i i 353
2. iLes premières mesures d'urgence. i i i i 361
II. Des communautés rurales meusiennes décimées et modifiées par la Grande Guerre. 370
1. Un lourd bilan humain qui modifie les structures sociales et familiales. i 370
2. Organiser les retours et la reprise de la vie quotidienne ordinaire. i 378
III. La loi de réparation des dommages de guerre et la charte des sinistrés : renaissance deDDDDDDDDDDDDDDDDDDi
l'espoir de relèvement. i i i i i 386
DDDDDDDDDDDDDDD
1.Des lois garantissant le relèvement. i i i i 386
2. Une volonté généralisée de dépasser le choc des destructions pas toujours possible. 397
D csméPED2U muDcuD2éDmuraPvEmsrE0aPRi i i i i i i i 404
Chapitre 7. Reconstruction et Coopération : deux notions clefs de l'entre-deux-guerre. i 406
I.Reconstruction ou reconstitution : procédures d'indemnisation et coûts financiers. 407
1. Die la déclaration à l'indemnisation des dommages. i i i 407
2. Les modalités des paiements. i i i i i 416
II.Les coopératives de reconstruction au coeur de l'oeuvre de relèvement. i 426
1. Genèse et développement. i i i i i 426
2. Diu financement de la reconstruction à leurs dissolutions. i i 435
III.Des coopératives prolongées au-delà des travaux de reconstitution, rationalisation etmiodernisation. i i i i i i 442
1. L'électrification. i i i i i i 442
2. Réiseaux d'adductions d'eaux. Axes de communication. i i 450
Chapitre 8. Des communautés rurales obligées de se reconstituer sur tous les plans. i 459
I. Des communautés rurales se reconstituant : rapports au territoire et liens humains. 459
DDDDDDDDDDDDDDD
1. La Grande Guerre coupable de la décrépitude des sociétés rurales ? i 459
2. La reconstitution des communautés humaines. i i i 469
II. Une économie rurale à reconstruire pour assurer le relèvement des communautés rurales.
i i i i i i i i 479
DDDDDDDDDDDDDDD
1. Le secteur agricole. i i i i i 479i
2. Artisanat,commerce,industrie, nouveaux débouchés. i i i 487
III. Des structures d'encadrement s'adaptant aux évolutions. i i 495
DDDDDDDDDDDDDDD
1. Administrations communales et représentations politiques. i i 495
2. Églises et Écoles, curés et Instituteurs : deux structures d'encadrement à l'épreuve de la
i reconstruction. i i i i i i 504
5Chapitre 9. Des traditions et des pratiques communautaires imprégnées par l'héritage de la Grande
i Guerre dans un département qui se mémorialise. i i i 514
I.Naissance d'une image stéréotypée des communautés rurales meusiennes à des finspolitiques, patriotiques et financières. i i i i 516
1.Compassion et solidarité en faveur de l'oeuvre de relèvement. i i 516
2. La campagne photographique du Ministère des Régions libérées. i 52i3
II. Un territoire qui se mémorialise : une véritable spécificité meusienne. i 529
DDDDDDDDDDDDDD
1. Croix de guerre, trophées de guerre, cimetières militaires. i i 529
2. Monuments aux morts, vitraux commémoratifs, chapelles du souvenir : les nouveaux lieux
i de mémoire. i i i i i i 537
III. Des folklores villageois se désagrégeant au profit de nouveaux modes d'expression issus de
il'héritage de la Grande-Guerre. i i i i i546
DDDDDDDDDDDDDDD
1. Les rituels de la reconstruction : bénédictions, inaugurations, consécrations. i546
2. Dies traditions happées par l'héritage de la Grande Guerre. i i 554
Conclusion. i i i i i i i 562
Sources. i i i i i i i i570
Bibliographie. i i i i i i i 678
Table des annexes. i i i i i i i 744
60PEmacsrE0aP
Dans les années 1880, les campagnes françaises connaissent leur âge-d'or. Un demi-siècle plus tard, la
tendance s'inverse, la France traditionnellement rurale passe définitivement, sous le seuil symbolique
des 50%. L'interaction de facteurs, complexes et variés, provoque des changements, perçus plus ou
moins négativement, au sein des communautés villageoises.1 Avant de chercher à identifier et à
expliciter les causes et les conséquences de leur lent et inéluctable déclin, ou a contrario de leur
renouveau, nous cherchons à les définir. Nous sommes confrontés au caractère abstrait de cette notion,
qui sémantiquement est restrictive ou évasive, selon les points de vue des historiens, des géographes,
des sociologues, des ethnographes ou des écrivains. Nous croiserons les approches, présenterons leurs
principales caractéristiques et soulèverons les problématiques qui en découlent. Au sens premier, elles
sont formées d'un "ensemble de personnes unies par des liens d'intérêts, des habitudes, des opinions
ou des caractères communs»2,qu'elles"vivent en collectivité ou forment une association d'ordre
politique, économique ou culturel».3 Un même individu peut appartenir à plusieurs groupes, dont les
intérêts sont similaires ou antagonistes, notamment pour " échapper au modèle familial, social et
politique constitué par la famille nucléaire, ou aux circuits habituels de production ».4 Lorsqu'elles
concernent des biens matériels, elles deviennent l'état ou le caractère de ce qui est commun à un
groupe. Maurice Barrès, écrivain et homme politique français, déplore "que dans les temps de crises
et de dissolutions, les âmes vulgaires ne s'entendent que par une communauté d'intérêt grossier», bien
qu'elles ne "les comprennent pas forcément et les gangrènent plus qu'elles ne les poussent vers le
progrès».5 L'article 192 du code des collectivités territoriales6 les caractérise comme des personnes
morales de droit public dotées d'une autonomie financière. Elles regroupent les habitants de villages
appartenant à un terroir, qui ont des solidarités de voisinage et des intérêts communs. Elles
recherchent les ressources nécessaires à leurs développements et le maire devient le représentant
privilégié entre l'entité humaine et géographique et les autorités décentrées. Le géographe Albert
Demangeon intègre le lien entre le groupe humain et le territoire, puisqu'il les définit commel'ensemble des maisons avec les habitants et le territoire exploité»7. Il reprend les principales
caractéristiques inspirées des conditions économiques et sociologiques des groupes ruraux, tout en
1.Caron (J.C.), Chauvaud (F.), Les campagnes dans les sociétés européennes : France, Allemagne, Italie, Espagne, Rennes,
P.U.F., 2005, 270 p.
2 .www. larousse.fr/communauté. 3 4 .www.larousse.fr/communauté. 5 .Barrès (M.), Mes cahiers, Paris, Librairie Plon, 1919- 1920, t. XII., p.243. 6 .Douence (J.C.)(dir.), Code général des collectivités territoriales,Paris, Dalloy, 15 e édition, 2011,3594 p. 7 .Demangeon (A.), Villages et communautés rurales, 7intégrant l'idée que le peuplement a presque toujours commencé par des groupements qui se sont
ensuite dispersés. Selon lui, il existe trois types fondamentaux de sociétés rurales. À la base, les
communautés villageoises primaires vivent d'une agriculture d'autosubsistance. Elles utilisent des
instruments agraires rudimentaires manuels avec une main-d'oeuvre féminine importante et sontsoudées par des intérêts communs, entretenant exclusivement des rapports économiques et sociaux
étroits. La terre se renouvelle par des défrichements, qui empêchent la sédentarité des villages qui
migrent en fonction des besoins8. La seconde phase, celle de la communauté organisée9, correspond au
modèle français de la fin du XIX e. Les unités, presque indépendantes, ont une organisation agrairesédentaire rigoureuse. La consommation familiale, basée sur l'autarcie vivrière, impose une
agriculture extensive, pratiquée à l'aide d'animaux domestiques et de la charrue. Très attachées aux
usages communautaires, tels que la vaine pâture, parallèlement à la pratique de la jachère, elles
formaient un cadre peu propice au progrès économique», s'opposant à "l'épanouissement de
l'économie moderne que l'esprit d'entreprise individuelle commerçait à animer»10. Des micros-
mutations,qui ont des conséquences sur les conditions et les modes d'élevage,comme la transformation
des biens communaux en prairies artificielles ou en cultures de plantes fourragères, s'effectuent durant
la transition vers les communautés rurales modernes structurées en villages qui deviennent leur centre
officiel et commercial11. La base territoriale reste prépondérante, mais commence à souffrir des
premiers coups portés par l'influence des nouveaux marchés urbains» et "des nouveaux moyens de
transport»12. La disparition partielle des usages communautaires provoque un regroupement des terres,
le maillage territorial se distend au profit des fermes isolées de taille moyenne, au détriment de la
petite propriété familiale. Certains traits dominants sont préservés et conservés, tels que la présence
des artisans locaux, le développement des coopératives, l'usage des lavoirs communaux ou la position
centrale des édifices à caractère communautaire. Selon Jacques Choux, ancien conservateur du Musée
lorrain, ces lieux d'expression symboliques, caractérisent les communautés13. Parmi eux, les églises,
de position souvent centrale, accolées aux cimetières par la proximité des morts et des vivants,
permettent de repérer et de distinguer l'entité territoriale. Elles regroupent les communautés
paroissiales soudées autour de croyances catholiques ou païennes. Les puits, les fontaines et les
lavoirs, qui constituent des lieux de rencontres privilégiés, ont une importance sociale, caractérisant
l'aspect matériel et l'esprit des villages. Au tournant du XX e siècle, alors que les halles implantées dansles lieux de foires et de marchés déclinent ou disparaissent, les écoles et les mairies deviennent des
8 .id. p.338-341. 9 .id. p. 341-345. 10 .id. p.344.11.id. p. 345-348.
12 .id. p. 344. 13.Choux (J.), Des édifices pour une vie communautaire en Lorraine,eLe Puy-en-Vellay, Éditions Christine Bonneton, p.
69-72.
8symboles républicains. La forte corrélation entre les individus et le territoire assimile les
communautés rurales et villageoises. L'influence des facteurs moraux et des caractères hérités ne sont
transmis et ne persistent que si le cadre de vie est maintenu14. La notion de village amène des aspects
complémentaires, car elle peut désigner aussi bien "un groupement d'habitations permanentes, dont la
majeure partie de la population est engagée dans le secteur agricole»15 qu'un ensemble de maisons
assez important pour former une entité administrative, religieuse ou tout du moins avoir une viepropre»16. Pour l'écrivain français André Gide17, les campagnes et les villages ne commencent pas
seulement où finissent les villes, ils constituent l'environnement où évoluent les communautés rurales.
Pour le sociologue américain Duright Sanderson
18, pionnier de éSTRdodun'bnénRblKela communauté de
villages permet de donner à l'humanité un groupement local basé sur le principe territorial et non sur
celui de parenté. À l'inverse, le sociologue français Émile Durkeim, affirme qu'il "est sans doute la
dernière molécule sociale et plus bien encore un clan transformé»19, car les villageois entretiennent
des relations qui sont évidemment de nature domestique»20. Les rapports familiaux régissent lequotidien, tandis que le territoire constitue soit le ciment social structurant les principes de nature
quotesdbs_dbs24.pdfusesText_30[PDF] cérémonie lauréats concours - Fondation de la Résistance - France
[PDF] Cérémonie Officielle du 14 juillet 2016: Emotion et solennité
[PDF] Cérémonie pour souligner l`aide des Soins infirmiers à la formation
[PDF] Cérémonie religieuse - Luxembourg - France
[PDF] Cérémonie religieuse - Prière de Janaza Mohamed Farah Chems - France
[PDF] Cérémonies commémoratives du 11 novembre 1918 à Tulle
[PDF] Cérémonies de commémoration du 8 mai 1945
[PDF] CEREMONIES DE FUNERAILLES LAIQUES Depuis - Anciens Et Réunions
[PDF] Cérémonies de mariage civil à l
[PDF] Cérémonies et rituels - Anciens Et Réunions
[PDF] Cérémonies laïques : Guide pratique pour une cérémonie qui vous
[PDF] Cérémonies publiques inscrites au calendrier national, à l`occasion
[PDF] ceremonies religieuses
[PDF] ceremony`s - mon