[PDF] Tests génétiques. Questions scientifiques médicales et sociétales





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1

Chloé Maurel

L"Unesco de 1945 à 1974

Thèse de doctorat d"histoire contemporaine

préparée sous la direction de M. Pascal Ory

Volume 1

Ecole doctorale d"histoire de Paris I

Juin 2005

2

Remerciements

M. Pascal Ory

Archives de l"Unesco : M. Jens Boel, M. Mahmoud Gandher, M. Steve Nyong, M. Jean-François Pire, M.

Michaël Ratliffe

Archives de l"ONU

Mission historique française en Allemagne

Ecole française de Rome

Archives diplomatiques françaises

Archives diplomatiques allemandes

Archives diplomatiques italiennes

Archives diplomatiques britanniques

Archives diplomatiques américaines

Bibliothèque Widener de l"université de Harvard Bibliothèque Butler de l"université de Columbia Oral History Research Office de l"université de Columbia

Bibliothèque nationale de France

M. Deliance, Centre catholique international de coopération avec l"Unesco (CCIC)

Centre Unesco de Rome

Association des anciens élèves de l"ENS

Bibliothèque Jacques Doucet

Ecole doctorale d"histoire de Paris I : Mme Claude Gauvard, Mme Christine Ducourtieux.

M. Gilles Pécout

Mlle Christel Freu

Mlle Pauline Peretz

Mlle Audrey Kichelewski

M. Alessandro Giacone

M. Frédéric Gugelot

M. Alain Maurel

M. André-Marcel d"Ans

M. Claude Auroi

M. Victor Stockowski

M. Pierre-Yves Saunier

Mme Pauline Koffler

M. Claude Lévi-Strauss

M. Yves Bonnefoy

M. Jean Larnaud

M. Sorin Dumitrescu

M. Claude Lévi-Strauss.

M. Michel Batisse.

Mme Anne Grinda.

M. Sorin Dumitrescu.

Mme Morazé.

M. Jean d"Ormesson.

M. Gérard Bolla.

M. Jack Fobes.

M. Henry Cassirer.

Mme Marie-Jeanne Suinot.

M. Marc Guesdon.

M. Robert Féry.

M. José Blat Gimeno.

M. André Lestage.

M. Deliance.

M. Georges Balandier.

M. Acher Deleon.

M. Jean Jamin

M. Michel Cantal-Dupart

Mme Pauline B. Koffler.

M. Yves Bonnefoy.

3

M. Jean-Claude Pauvert.

M. Philippe Roux.

M. Jean Larnaud.

M. Jacques Tocatlian.

M. Harold Foecke.

M. Raymond Poignant.

M. Rex Keating.

Mme Elise Keating.

Mmes Jeanine et Evelyne de Hemptinne.

4

Sommaire

5

Introduction.

Première partie. Problèmes structurels.

Chap. 1. Des conceptions changeantes au fil des dirigeants.

1.1. La gestation des conceptions.

1.2. Huxley (1946-48) : un foisonnement de conceptions diverses. 1.3. Torres Bodet (1949-1952) : idéalisme et déception.

1.4. Evans (1953-58) et Veronese (1958-61) : une période de transition ?

1.5. Le " règne » de Maheu (1961-1974) : l"âge d"or ? Chap. 2. L"omniprésence des tensions politiques.

2.1. 1945-53 : l"apparition précoce de conflits.

2.2. 1953-59 : l"Unesco ébranlée par la guerre froide.

2.3. 1960-1974 : l"affirmation du Tiers Monde.

Chap. 3. Problèmes de fonctionnement.

3.1. Une organisation aux compétences limitées.

3.2. Un mécanisme administratif complexe.

3.3. Un personnel moralement éprouvé.

Chap. 4. Une image insuffisante ?

4.1. D"importants efforts de promotion. 4.2. Des résultats inégaux.

Seconde partie. Réalisations.

Chap. 5. Une typologie des actions ?

5.1. Thèmes. 5.2. Modalités.

Chap. 6. Des valeurs pacifiques communes.

6.1. Promotion de la paix et de ses corollaires.

6.2. Encouragement au respect entre les différents groupes humains. 6.3. Des efforts pour éliminer les facteurs de conflits.

Chap. 7. Entre universalisme et préservation des particularités culturelles.

7.1. Un effort de rapprochement des courants de pensée.

7.2. Une culture commune ?

7.3. Un patrimoine culturel mondial ?

7.4. Un certain essoufflement de l"idéal universaliste.

7.5. La promotion des particularités culturelles.

Chap. 8. De l"action intellectuelle à l"action matérielle.

8.1. Evolution vers des préoccupations matérielles.

8.2. Conceptualisations et expérimentations dans le domaine éducatif. 8.3. L"information et les communications au service du développement.

8.4. La science et la technologie appliquées au développement.

8.5. L"environnement.

Chap. 9. Une évaluation ?

9.1. Des efforts d"évaluation faits par l"Unesco.

9.2. Une organisation administrative des actions souvent déficiente.

9.3. Une collaboration difficile avec les États membres.

9.4. Des actions novatrices ?

9.5. Des ambitions adaptées aux moyens ?

Conclusion.

6 Liste des abréviations utilisées dans les notes de bas de page

Les références étant très abondantes, un système d"abréviations a été utilisé, afin de ne pas

alourdir des notes de bas de page déjà très abondantes. Biogr. : dossier biographique aux archives de l"Unesco.

RU : archives diplomatiques britanniques.

EU : archives diplomatiques américaines.

FR : archives diplomatiques françaises.

IT : archives diplomatiques italiennes.

RFA : archives diplomatiques de RFA.

résol. : résolution RP : revue de presse hebdomadaire de l"Unesco (en anglais)

12 C/PRG/8 : 8

e document de la commission du programme de la conférence générale.

CUA/21... : 21

e document officiel de la catégorie CUA (activités culturelles)

72EX : 72

e session du conseil exécutif. DG/211 : discours du directeur général n° 211.

DG/71/9 : 9

e discours du directeur général pour l"année 1971.

SCHM 8 : carton n° 8 du fonds SCHM, c"est-à-dire du fonds de la commission pour la

rédaction de l"histoire de l"humanité. Veronese : archives privées de Vittorino Veronese (institut Luigi Sturzo, Rome) Ascher : archives privées de Charles Ascher (université de Columbia) Benton : archives privées de William Benton (université de Chicago) OHRO : Oral History Research Office, université de Columbia. Interviews réalisées dans le cadre du Columbia Oral History Project.

X 07.83 Maheu, V : désigne le 5

e dossier de correspondance portant la cote X 07.83 Maheu.

CL/2337 : lettre circulaire n°2337.

93 EX/PRIV.SR.1 : première séance privée de la 93

e session du conseil exécutif.

DG : directeur général.

ADG ; assistant directeur général.

DDG : deputy director general, c"est-à-dire directeur général adjoint.

JT : journal télévisé.

Congrès : rapports du Congrès américain (Congressional Records, Washington DC) lt. : lettre. confid. : confidentiel. télégr. : télégramme. mémo : mémorandum. réf. : référence. Biogr. : dossier biographique personnel conservé aux archives de l"Unesco. 7 Explications et précisions sur les notes de bas de page C"est seulement dans certains cas qu"est mentionnée la fonction des auteurs et des destinataires des correspondances étudiées, seulement lorsque cela apparaît utile.

Dans une note de bas de page, souvent plusieurs références sont citées à la suite ; lorsque pour

certaines d"entre elles, le fonds n"est pas mentionné, cela signifie qu"elle provient du fonds et de

la boîte mentionnés précédemment. Lorsque tel document provient du même fonds mais pas de

la même boîte, seule la référence de la boîte est mentionnée. Aux archives de l"ONU, la cotation des archives a changé entre les deux séjours de recherche

effectués : pour conserver une cohérence, c"est l"ancien système qui a été conservé.

Souvent, pour un document officiel de l"Unesco, il est précisé qu"il a été trouvé dans un autre

fonds ; en effet, les documents officiels de l"Unesco ne sont pas toujours faciles à trouver aux

archives de l"Unesco, donc il semble plus rigoureux de préciser où a été trouvé tel document.

Lorsque le texte rapporte les propos de telle personne, et qu"en note de bas de page la référence

citée est un document écrit par quelqu"un d"autre, cela signifie que dans ce document, l"auteur

cite les propos de la personne dont il est question dans le texte.

Il arrive qu"un document cité, qui traite de tel sujet, soit indiqué provenir de tel dossier de

correspondance n"ayant théoriquement rien à voir avec ce sujet. Cela s"explique par le fait que

les correspondances de l"Unesco sont souvent conservées dans des dossiers qui ne correspondent pas à leur sujet.

Lorsqu"une personne a déjà été présentée avec son prénom et nom, elle est ensuite souvent

désignée seulement par son nom dans les notes (comme dans le texte). Pour le cas des frères

Guy et Alfred Métraux, lorsqu"il est mentionné seulement Métraux, cela désigne Alfred

Métraux.

8

Liste des sigles

AAFU : association des anciens fonctionnaires de l"Unesco.

ADG : Assistant director general.

AID : agency for international development.

ALECSO : Arab educational, cultural and scientific organization. ASFEC : Arab States Fundamental Education Centre (centre d"éducation de base pour les

États arabes).

BIRD : banque internationale pour la reconstruction et le développement. BREDA : bureau régional d"éducation pour l"Afrique.

CAC : comité administratif de coordination.

CAME : conférence des ministres alliés de l"éducation. CCIC : centre catholique international de collaboration avec l"Unesco.

CIM : conseil international des musées.

CIPSH : conseil international de la philosophie et des sciences humaines. CIUS : conseil international des unions scientifiques. CREFAL : Centro regional de educacion fundamental para América latina (centre régional d"éducation de base pour l"Amérique latine).

DDG : Deputy director general.

ECOSOC : conseil économique et social des Nations Unies. FAO : organisation de l"alimentation et de l"agriculture. FFCU : fédération française des clubs Unesco. FICE : fédération internationale des communautés d"enfants.

FMI : fonds monétaire international.

HCR : haut commissariat aux réfugiés.

HMG : Her Majesty"s Government.

ICCROM : International center for conservation and restoration of sites.

ICOM : International council of museums.

ICOMOS : International council for conservation of monuments and sites. IICI : institut international de coopération intellectuelle. IIHA : International Institute of Hylean Amazonia (institut international de l"hylée amazonienne). IIPE : institut international de la planification de l"éducation.

IIT : institut international du théâtre.

INA : institut national de l"audiovisuel.

IQSY : International Quiet Sun Years (années internationales du soleil calme). ISCS : service international de coopération scientifique.

JOC : jeunesse ouvrière chrétienne.

LEPOR : Long-term and expanded program of oceanic exploration and research. MAB : Man and Biosphere (programme " L"homme et la biosphère »).

MJC : maison des jeunes et de la culture.

NEA : National Education Association.

OCI : organisation de coopération intellectuelle. OHRO : Oral History Research Office (Columbia University). 9

OIC : organisation internationale catholique.

OIG : organisation inter-gouvernementale.

OIT : organisation internationale du travail.

OMS : organisation mondiale de la santé.

OTAN : organisation du traité de l"Atlantique Nord.

OUA : organisation de l"unité africaine.

PEMA : Projet expérimental mondial d"alphabétisation.

PGI : programme géologique international.

PICG : programme international de corrélation géologique. PNUD : programme des Nations Unies pour le développement. PNUE : programme des Nations Unies pour l"environnement. SCHM : Scientific and Cultural History of Mankind (histoire scientifique et culturelle de l"humanité).

SDN : société des nations.

TICER : Temporary International Council for Educational Reconstruction. UICN : union internationale pour la conservation de la nature. UIT : union internationale des télécommunications. UNICEF : United Nations International Children Education Fund. UNITAR : United Nations Institute for Training and Research. UNRISD: United Nations Research Institute for Social Development. UNRRA : United Nations Rehabilitation and Relief Agency. UNRWA : United Nations Rehabilitation and Works Administration. UNTAB : United Nations Technical Assistance Board. 10

Introduction

Ce travail porte sur les trente premières années (1945-74) de l"Unesco. Qu"est-ce que l"Unesco ? Pourquoi étudier l"Unesco dans son ensemble, et pourquoi ses trente premières années ? Quel est l"état des recherches sur la question ? Quelles sont les sources, et quelles

difficultés présentent-elles ? Enfin, quels sont les problématiques et enjeux de cette

recherche ? Telles sont les questions auxquelles cette introduction s"efforce de répondre.

I. Qu"est-ce que l"Unesco ?

L"Unesco est une organisation intergouvernementale appartenant au système des Nations Unies. Il s"agit donc de présenter successivement les organisations intergouvernementales, le système de l"ONU, et l"Unesco.

Les organisations intergouvernementales.

Les théoriciens en donnent une définition précise. D"après Michel Virally, " une

organisation internationale intergouvernementale est une association d"États souverains, établie par accord entre ses membres et dotée d"un appareil permanent d"organes, chargés de

poursuivre la réalisation d"objectifs d"intérêt commun par une coopération entre eux »1.

Daniel Colard précise que, " bien que composée d"États, elle a une existence indépendante de

ceux-ci parce qu"elle possède une personnalité juridique qui lui confère une existence

objective, une volonté autonome par rapport à ses membres »

2. Les organisations

intergouvernementales (OIG) se caractérisent par leur " base volontariste » : seuls en font partie les États qui ont exprimé la volonté d"y adhérer

3. Diverses classifications d"OIG ont été

envisagées par les théoriciens des relations internationales. Le classement peut s"opérer à

partir d"un critère idéologique (OTAN/Pacte de Varsovie), d"un critère extensif (organisation

à vocation universelle ou organisation à vocation régionale

4), d"un critère de compétences

(organisation à compétence générale ou organisation spécialisée), d"un critère d"effectivité

des décisions (à valeur déclarative ou à valeur décisoire), d"un critère portant sur l"étendue de

leurs fonctions (organisations politiques ou organisations techniques) ou enfin d"un critère portant sur leurs pouvoirs

5. C"est surtout depuis 1945, sous l"effet de la considérable

intensification des relations de coopération internationale, que les OIG ont connu une expansion remarquable, tant au niveau mondial que régional. Elles se multiplient rapidement et investissent progressivement tous les domaines de l"activité humaine6. Entre 1945 et 1975,

1 Cité dans B. Colas, " Qu"est-ce qu"une organisation internationale ? », in Organisations internationales à vocation universelle, Paris, La Documentation française, 1993, p. 11-14. 2 Daniel Colard, Les relations internationales de 1945 à nos jours, Paris, A Colin, 1995, p. 82. 3 Antoine Gazano, L"essentiel des relations internationales, Paris, Gualino, 2000, p. 46-47. 4 Exemples de ces organisations régionales, dont la création répond souvent à des motifs géopolitiques : le Conseil de l"Europe (1949) ; l"Organisation des Etats américains (OEA, 1948) qui vise à favoriser le développement culturel des Etats américains et à adopter des " normes culturelles » ; le Conseil de coopération technique en Asie du Sud et du Sud-Est, plus connu sous le nom de Plan de Colombo ; la Ligue arabe ; l"OCDE ; l"Organisation de l"unité africaine (OUA, 1963). 5 Daniel Colard, op. cit., p. 86. 6 Charles Kecskeméty, " Réflexions sur la coopération internationale », in Rassegna degli archivi di Stato.

11 la guerre froide et l"affirmation des pays du Tiers Monde issus de la décolonisation exercent des effets importants sur la constitution et les orientations des OIG. Dans le cadre de la guerre froide, chacune des deux grandes puissances crée des organisations concurrentes visant à rassembler les États de son camp (OTAN/Pacte de Varsovie) ; la création des organisations intergouvernementales contribue donc à la consolidation des blocs. D"autre part, dans le cadre

de la décolonisation, les nouveaux États ayant accédé à l"indépendance s"efforcent d"intégrer

les organisations existantes et, en outre, en créent de nouvelles qui leur sont propres, telle l"Organisation de l"Unité africaine (OUA) en 1963. Une question essentielle se pose à propos

des OIG : ont-elles vraiment joué un rôle important depuis 1945 ? Il semble que l"État

souverain reste l"acteur principal des relations internationales, et que les OIG ne soient pas vraiment capables de s"imposer face aux États

1. Cette question du rôle des OIG s"appliquera

notamment à l"Unesco.

Le système des Nations Unies (ONU).

L"ONU est née directement de la Seconde Guerre Mondiale : dès le 1er janvier 1942,

les nations unies dans le combat contre l"Axe s"engagent à élaborer un système de sécurité

collective pour le temps de paix. La Charte de l"ONU (ou charte de San Francisco) est signée le 26 juin 1945. L"ONU manifeste nettement sa volonté de rompre avec la passivité et le

caractère européen de la Société des Nations (SDN) : elle se veut " une SDN améliorée et

efficace »

2, comme l"écrit Jean-Baptiste Duroselle. Ses objectifs, énumérés dans l"article 1 de

sa charte, sont le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la promotion des

relations amicales entre les États et le développement de la coopération internationale en vue

de résoudre les problèmes économiques, sociaux et culturels auxquels est confrontée la

communauté internationale. Cette formulation très générale dessine les contours d"une

mission extrêmement ample

3. Initialement, l"ONU, qui ne comprend que 50 membres, est une

organisation relativement fermée. Jusqu"au milieu des années 1950, elle est dominée par les

États-Unis, la quasi-totalité des membres étant leurs protégés ou leurs alliés. La seule

opposition vient alors de l"URSS. En 1955 sont admis en bloc 16 nouveaux membres, appartenant essentiellement au bloc socialiste. À partir de 1960 se produit le " tournant tiers-

mondiste », avec l"entrée de 17 États, essentiellement africains, et l"Assemblée générale de

l"ONU devient alors la caisse de résonance des revendications des pays du Tiers Monde. La

" fièvre tiers-mondiste » atteint son apogée dans les années 1970, puis se dissout dans les

années 1980, avec l"éclatement de l"unité du Tiers Monde

4. Comme la SDN, l"ONU n"a pas

toujours répondu aux espoirs qui avaient été placés en elle. Une certaine personnalisation du

pouvoir aux mains du secrétaire général, la domination des nations puissantes sur les

décisions prises, et souvent une incapacité à accomplir efficacement la mission de paix qui lui

était assignée ont semblé provoquer une déception générale. Duroselle dresse le constat de

" l"échec global de l"ONU comme garant de la paix »

5. Plusieurs auteurs anglo-saxons plus

récents confirment ce constat et approfondissent son analyse 6.

1 Daniel Colard, op. cit., p. 88 ; Marcel Merle, cité dans Daniel Colard, op. cit., p. 88. 2 Jean-Baptiste Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours (1917-1994), Paris, Dalloz, 1994, p. 417. 3 Collectif, Organisations internationales à vocation universelle, op. cit., p. 14-16. 4 Philippe Moreau-Defarges, Les organisations internationales contemporaines, Paris, Seuil, 1996, p. 10-18. 5 Jean-Baptiste Duroselle, op. cit., p. 417. 6 Voir bibliographie.

12 L"ONU est le coeur d"un système complexe : il comprend des organes

intergouvernementaux (l"Assemblée générale, le Conseil de sécurité), des organes intégrés (le

secrétaire général, la Cour Internationale de Justice), 13 institutions spécialisées, et des

organes subsidiaires (HCR, PNUD, UNICEF). Les institutions spécialisées sont des

organisations internationales répondant aux trois critères énumérés par l"article 57 de la

Charte de San Francisco : création par voie d"accords intergouvernementaux, attribution de

compétences dans des domaines spécifiques, et rattachement à l"ONU par des accords

spéciaux. Elles dépendent du Conseil économique et social de l"ONU (Ecosoc), qui est chargé

de la coopération dans tous les domaines concernant le niveau de vie matériel et culturel des

hommes. Elles sont dotées d"une autonomie budgétaire et d"une indépendance de fait vis-à-vis

de l"ONU, puisqu"elles ont leurs propres organes directeurs. La composition de leurs membres n"est pas calquée sur leur appartenance à l"ONU. Pour les institutions financières (FMI, BIRD), elle est plus limitée qu"à l"ONU, tandis que pour les organisations techniques, elle est généralement plus large

1 (par exemple la Suisse est membre de l"Unesco mais n"a

qu"un statut d"observateur à l"ONU). Les chefs de leurs secrétariats n"ont aucun lien de

subordination vis-à-vis du secrétaire général de l"ONU. Elles ont une autonomie de

programmation, ce qui peut aussi entraîner parfois des double-emplois et des chevauchements

d"activités au sein de l"ONU. Souvent mal coordonnées entre elles et mal reliées aux Nations

Unies, ces institutions ont en fait, selon Antoine Gazano, un rôle inégal et souvent dispersé

2.

L"Unesco.

Contrairement à l"OCI, son ancêtre, qui était très dépendante de la SDN, l"Unesco est

en théorie complètement autonome par rapport à l"ONU. Ses organes directeurs sont au

nombre de quatre :

- la conférence générale, organe plénier regroupant tous les États membres. Elle tient une

session ordinaire tous les deux ans pour arrêter la politique générale et voter le programme et

le budget, adopte le plan à moyen terme tous les six ans, élit les membres du conseil exécutif

et le directeur général. Pour tous les votes, chaque membre dispose d"une voix en application du principe d"égale souveraineté.

- le conseil exécutif, composé de membres élus pour quatre ans par la conférence générale

parmi les délégués des États membres sur la base d"une répartition géographique et culturelle

équitable. Il se réunit tous les six mois pour examiner certains documents fondamentaux

(résolutions, programme et budget biennal) et pour assurer le suivi des activités de

l"organisation. Dans l"intervalle des sessions de la conférence générale, il est l"organe

souverain. - le secrétariat, qui prépare et exécute le programme et le budget.

- le directeur général, élu pour six ans par la conférence générale sur présentation du conseil

exécutif. Pour mettre en oeuvre ses objectifs, l"Unesco coopère avec de nombreux partenaires : - les autres organisations intergouvernementales du système onusien.

1 Jean-Baptiste Duroselle, op. cit., p. 423-424, 468. 2 Antoine Gazano, op. cit., p. 50.

13

- les nombreuses ONG à vocation culturelle, nées pour la plupart à l"initiative de l"Unesco et

bénéficiant du statut consultatif prévu par l"article XI de l"acte constitutif [annexe 1].

- les délégations permanentes des États membres, qui sont des missions diplomatiques

accréditées par les États membres auprès de l"organisation. - les commissions nationales, prévues par l"article 17 de l"acte constitutif. L"Unesco leur

reconnaît un rôle consultatif. Leur création " repose sur l"idée qu"une organisation culturelle

internationale n"est viable et efficace que si elle s"appuie sur des organismes nationaux actifs, servant de traits d"union entre les gouvernements et les milieux intellectuels et scientifiques» 1.

Ce dense réseau de partenaires variés est censé " contribue[r] à réduire le handicap que

représente pour une organisation à vocation culturelle la nature politique de sa composition

»2.

La mission de l"Unesco, contribuer à la paix au moyen de l"éducation, de la science et de la culture

3, n"a pas l"aspect immédiatement concret et tangible qui caractérise celle de la

plupart des autres institutions du système des Nations Unies, comme l"OMS et la FAO4. Par le vague de sa mission, elle est, comme l"observe Seth Spaulding, " une des organisations

internationales les plus sujettes à malentendus [...] et à controverses »5. Jean-Pierre Warnier

souligne les difficultés de cette mission : l"Unesco est, observe-t-il, " un projet hybride,

passablement idéaliste, qui pren[d] la culture et l"éducation non comme une fin, mais comme

un moyen au service d"une paix dont chaque partie prenante se fai[t] une idée différente »6.

Toutes ses actions devraient en théorie viser à la paix, et l"éducation, la science, la culture ne

devraient en être que les moyens, les modalités. Cependant, en réalité, elle a développé de

nombreuses activités dans le domaine de l"éducation, de la science et de la culture pour elles-

mêmes, sans lien direct avec la recherche de la paix. Il faut évoquer un problème qui se pose sans doute dans l"étude de toutes les grandes

administrations : l"emploi, dans le cadre d"un tel travail, du terme " Unesco » apparaît ambigu

et souvent insatisfaisant. En effet, l"Unesco, ce terme singulier, est inapte à désigner la

multiplicité des acteurs qui la composent. L"Unesco est une somme de personnes qui ont des

idées souvent divergentes. Lorsque l"on écrit " l"Unesco décide... », " l"Unesco fait... », cela

peut désigner les délégués à la conférence générale, ou bien le directeur général, ou encore le

conseil exécutif, ou enfin tel ou tel fonctionnaire du siège ou agent sur le terrain. Il y a là une

ambiguïté, car il n"est pas rare que ces différents protagonistes n"aient pas les mêmes idées.

Ainsi, l"emploi du terme " Unesco », bien que très fréquent dans ce travail, risque d"être peu

rigoureux. C"est pourquoi on s"efforcera le plus possible de préciser chaque fois de qui il s"agit exactement.

1 Louis Dollot, Les relations culturelles internationales, Paris, PUF, Que sais-je, 1964, p. 110-111. 2 Collectif, Organisations internationales à vocation universelle, op. cit., p. 42-43. 3 Acte constitutif de l"Unesco [annexe 1]. 4 Michel Conil-Lacoste, Chronique d"un grand dessein, Unesco 1946-1993, Paris, Unesco, 1993, p. 16. 5 Seth Spaulding et Lin Lin, Historical Dictionary of the UNESCO, The Scarecrow Press, Inc., Lanham, Md., and London, 1997, 500 p. : " Unesco is one of the most misunderstood international organizations ». " controversies ».

6 Jean-Pierre Warnier, p. 72-73.

14 II. Pourquoi étudier l"Unesco dans son ensemble, et pourquoi les trente premières années (1945-74) ? Pourquoi décider d"étudier l"action de l"ensemble de l"Unesco ? Cela pourrait à

première vue paraître excessivement ambitieux ; on pourrait penser que le résultat ne pourrait

être qu"un survol superficiel, et qu"il serait plus approprié de choisir un domaine précis.

Cependant, ce choix se justifie ; en effet, analyser l"Unesco dans son ensemble n"a jamais été fait. Or, l"analyse de nombreuses actions de l"Unesco dans divers domaines et selon diverses modalités permet de trouver des constantes, des traits récurrents, et de tirer des conclusions

générales. Certaines choses s"éclairent à la lumière d"autres, et étudier toute l"action de

l"Unesco permet de tirer des conclusions générales, que des études particulières auront à

charge d"affiner. Pourquoi choisir une période de trente ans ? Le choix d"une période si longue, ajouté à

celui d"un thème déjà très large, l"Unesco dans son ensemble, se justifie par le fait que cela

permet de saisir des tendances et des évolutions sur la longue durée. Pourquoi choisir la période 1945-74 ? 1945 correspond au moment de la création de l"Unesco, à la fin de la

Seconde Guerre Mondiale

1. Cette date s"impose. Quant à celle de 1974, trois raisons la

justifient : d"une part, elle correspond à une rupture importante à l"intérieur même de

l"organisation, puisque c"est la fin du mandat de René Maheu, directeur général très

charismatique qui " régnait » depuis 1961 ; il est alors remplacé par le Sénégalais Amadou

Mahtar M"Bow et, comme on le verra, l"Unesco change alors d"orientation ; d"ailleurs, en

1974-75, les trois plus importants directeurs généraux de cette période, Julian Huxley, Torres

Bodet et Maheu, meurent. Ces trois décès concomitants marquent une rupture, étant donné

que les directeurs généraux, après la fin de leur mandat, continuent souvent à s"exprimer au

sujet de l"Unesco et à exercer une certaine influence sur elle. D"autre part, à partir de 1974, la

crise économique mondiale exerce des répercussions sur l"organisation, entraînant une nette limitation de son budget et donc de l"ampleur de son action, alors qu"au contraire les trente

premières années avaient vu leur expansion graduelle et continue. Enfin, la troisième raison

est d"ordre pratique : étant donné que le délai officiel pour consulter les archives

confidentielles est de trente ans, il apparaît logique de clôturer cette étude à 1974. Cette période possède une cohérence sur le plan historique ; elle est en outre

intéressante par sa diversité interne. En effet, elle est marquée successivement par les

séquelles de la guerre et par la reconstruction, puis par les tensions de la guerre froide, et enfin

par la décolonisation et par l"émergence des États du Tiers Monde. Son achèvement coïncide

avec plusieurs importants changements dans le monde : des changements politiques, avec

l"effondrement des dictatures de Grèce, du Portugal, de l"Espagne ; la démission du Président

américain Nixon ; l"échec des États-Unis dans la guerre du Vietnam ; le développement

croissant de la dissidence soviétique et chinoise; des changements économiques, avec le

premier choc pétrolier ; et des changements culturels, liés à une crise des avant-gardes

artistiques et culturelles, et au développement croissant de la critique contre le marxisme dans les milieux intellectuels européens. Ces changements ont certainement eu une influence sur

1 1er-16 nov. 1945 : conférence en vue de la création de l"Unesco (ECO/CONF). L"Acte constitutif de l"Unesco est adopté le 16 novembre 1945 par les représentants de 44 gouvernements. Mais l"organisation ne commence à fonctionner véritablement que le 4 novembre 1946.

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l"Unesco. En outre, au niveau spécifique de l"Unesco, la cohérence interne de cette période de

trente ans tient aussi à l"atmosphère d"enthousiasme et d"idéalisme qui a alors caractérisé

l"organisation, selon le témoignage des anciens fonctionnaires et collaborateurs de l"Unesco interrogés, et qui semble s"être graduellement estompée par la suite. III. Quel est l"état des recherches sur la question ?

" Ma première réaction a été de plaindre tous ceux qui essaient d"écrire une histoire systématique ou

'théorique" de l"Unesco. Quel dédale d"activités, parallèles ou divergentes, alors qu"elles sont censées toutes

converger vers quelques objectifs principaux : on pourrait imaginer une douzaine de façons d"organiser les faits

selon certaines lignes directrices, et chacune de ces approches serait défendable. » Telle est la réaction de Jean Guiton, chef du département de l"éducation de l"Unesco,

en 1956, face à la tentative de deux Américains (Walter Laves et Charles Thomson) ayant été

associés à l"action de l"Unesco consistant à écrire sa propre histoire1. Les fonctionnaires de

l"Unesco sont en effet bien placés pour se rendre compte de la difficulté de la tâche. L"Unesco

est une organisation aux thèmes d"action tellement variés, aux modalités d"action tellement

diffuses, aux problématiques tellement vastes, qu"il se révèle très difficile d"en écrire

l"histoire. Relativement peu de tentatives en ce sens ont été menées à bien, non seulement à cause de la complexité de l"entreprise, mais aussi parce que, dans de nombreux pays, les

recherches historiques sur les institutions internationales ne sont pas très développées, la

recherche restant généralement centrée sur les États-nations. Aux États-Unis, la recherche sur

les institutions internationales et sur le thème de la paix et des relations culturelles

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