Histoire de la France à lépoque moderne (XVIe-XVIIIe siècle)
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THESAURUS POUR LA DESCRIPTION ET LINDEXATION DES
SERVICE INTERMINISTERIEL DES ARCHIVES DE FRANCE. THESAURUS. POUR LA DESCRIPTION ET L'INDEXATION DES RÉGENCE (1715-1723). MONARCHIE D'ANCIEN RÉGIME.
GREFFIERS DES BÂTIMENTS DE PARIS
521 à 556 : années 1715-1723. INVENTAIRE des bâtiments au XVIIIe siècle" Paris et Ile-de-France
Régence (1715-1723)
Inventaire analytique (Z/1j/521-Z/1j/556)
Par M. Bimbenet-Privat
Archives nationales (France)
Pierrefitte-sur-Seine
20061
Cet instrument de recherche a été encodé en 2012 par l'entreprise Numen dans le cadre du chantier de
dématérialisation des instruments de recherche des Archives Nationales sur la base d'une DTD conforme à la DTD
EAD (encoded archival description) et créée par le service de dématérialisation des instruments de recherche des
Archives Nationales
2INTRODUCTION
Référence
Z/1j/521-Z/1j/556
Niveau de description
fondsIntitulé
Greffiers des bâtiments de Paris : procès-verbaux d'expertise sous la RégenceDate(s) extrême(s)
1715-1723
Nom du producteur
France. Chambre des bâtiments (Paris ; 1574-1792)Localisation physique
ParisDESCRIPTION
Présentation du contenu
Les archives des greffiers des Bâtiments
La sous-série Z
1J réunit sous une même dénomination deux ensembles documentaires distincts, d'une part les archives de la Chambre des Bâtiments Z/1j/1 à 255 (Voir S. Clémencet,Guide des recherches dans les fonds judiciaires
de l'Ancien Régime, Paris, Archives nationales, 1958, p. 327-332. Sur la Chambre des Bâtiments, voir : R. Carvais, La
Chambre royale des Bâtiments, juridiction professionnelle et droit de la construction à Paris sous l'Ancien Régime,
thèse pour le doctorat d'Etat en droit, Université Panthéon-Assas (Paris II), 2001, 3 vol. (inédit)), juridiction spéciale
établie dès le XIVe siècle pour juger toutes causes relatives à la construction dans le ressort de la Ville, des faubourgs et
de la banlieue de Paris, d'autre part les archives des greffiers des Bâtiments de Paris (Z 1J256 à 1314), dont nous
détaillons les attributions ci-dessous. L'ensemble, versé en 1809 au Palais de Justice dans ce qu'on appelait alors la
"Section judiciaire", est entré au Palais Soubise en 1847, puis fit l'objet d'un premier répertoire numérique rédigé par
Elie Berger en 1889 (E. Berger,
Répertoire numérique de la sous-série Z , 1889, multigraphié, 24 p.). La création d'un greffier des bâtiments ou " clerc de l'Ecritoire" remonte à l'édit d'octobre 1557 qui fut enregistré au Parlement de Paris le 7 mars suivant (Arch. nat., X 1A8621, fol. 386 v°.). Cet office royal, primitivement unique, passa
bientôt au nombre de cinq en 1639, seize en 1674, vingt en 1690, avant d'être réduit à seize en 1691, nombre resté à peu
près stable jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Sous la Régence, on dénombre quatorze greffiers placés sous l'autorité
d'un doyen : Doussot (Doyen en 1721) , Villain, de Varennes, Lebrun, Brisard, Febvrier, Belot, Quirot (rue Jean-Pain-
Mollet), Lefebvre, Meley, Boussart, Quirot (rue de la Verrerie), Chastriat et Fournier (Almanach Royal..., Paris,
Laurent d'Houry, 1721, p. 264).
Pour l'essentiel, les archives des greffiers des bâtiments sont composées d'une suite chronologique des rapports
rédigés par les "experts-jurés sur le fait des bâtiments" dans l'exercice de leurs fonctions. Ces rapports étaient reçus
par les greffiers des bâtiments qui y apposaient leur signature et devaient en conserver les minutes, en dresser des
répertoires, en délivrer des expéditions aux parties, ou encore en porter des copies aux greffes des justices concernées
(Le Cler Du Brillet, Continuation du traité de la police... tome IV, de la voirie, Paris, 1738, p. 68.) .Les répertoires tenus par chaque greffier, où étaient consignés chronologiquement les actes reçus, sont aujourd'hui
grandement lacunaires (Voir C. Samaran et M. Dillay, Répertoire critique des anciens inventaires d'archives. Archivesnationales, séries U à ZZ3, Paris, 1938, n° 460 p. 98-99. . Pour la période de la Régence, n'ont été conservés que les
répertoires des greffiers Brisard (tenu de 1694 à 1723, conservé en Z 1J1241), Jacques-Charles Lebrun (tenu de janvier
Archives nationales (France)3
1694 à juin 1723, conservé en Z
1J 1242B ), Meley (tenu de février 1713 à juillet 1728, conservé en Z 1J
1244) et Antoine
Baudoin (tenu du 4 avril 1722 à 1746, conservé en Z 1J1245).
La compagnie des greffiers des bâtiments rédigeait également des registres de "déclarations des affaires de la
communauté" dont les greffiers avaient la charge par roulement . Ces Ibidem, n° 459, p. 98) registres, commencés en
1683, ont été tenus jusqu'en 1791 (Z 1223 à 1240), avec cependant une importante lacune de 1716 à 1738. Dans la
mesure où ils consignent jour après jour la totalité des procès-verbaux reçus par l'ensemble des greffiers, ils peuvent
constituer un accès aux minutes conservés sous les cotes Z 1J360 à 528 et Z
1J682 à 1219. Mais leur lecture est parfois
malaisée, compte tenu de leurs multiples rédacteurs et du caractère assez elliptique des analyses des actes. Pour la
période de la Régence subsiste seulement le registre Z 1J1231, tenu par la compagnie du 26 septembre 1712 au 5
décembre 1716, et qui recoupe donc le tout début de la période. Les sondages qui y ont été pratiqués confirment
a priori son exhaustivité.A l'origine, à l'instar des notaires, chaque greffier conservait personnellement les minutes qu'il avait reçues ainsi que
celles reçues par ses prédécesseurs. Il apparaît qu'à la fin de l'Ancien Régime ou au moment de leur versement au
dépôt judiciaire, les minutes des différentes études de greffiers firent l'objet d'une refonte puisqu'elles sont classées
aujourd'hui en une suite chronologique unique pour la période 1610-1792, à l'exception de quelques dossiers restés
thématiques, datés pour l'essentiel de la décennie 1780-1790 ( Arch. nat, Z 1J1256 à 1312).
Les experts-jurés des bâtiments
La rédaction des procès-verbaux relevait de la responsabilité des experts-jurés sur le fait des bâtiments. Ces officiersroyaux, au nombre de cinquante à Paris (le même édit), furent créés par l'édit de mai 1690 afin de remplacer les jurés
maçons et jurés charpentiers qui les avaient précédés depuis 1574. Selon les termes mêmes de l'édit, les experts-jurés
étaient chargés de faire "
toutes les visites, rapports des ouvrages tant à l'amiable que par justice, en vertu dessentences, jugemens et arrêts de toutes nos cours et juges, en toute matière pour raison de partage, licitation,
servitudes, allignemens, périls éminens, visites de carrières, moulins tant à vent qu'à eau, cours d'eau et chaussées
desdits moulins, terrasses et jardinages ; toisés, prisées et estimations de tous ouvrages de maçonnerie, charpenterie,
couverture, menuiserie, sculptures, peinture, dorure, marbre, serrurerie, vitrerie, plomb, pavé et autres ouvrages et
réception d'iceux et généralement de tout ce qui concerne et dépend de l'expérience des choses ci-dessus exprimées..."
. Dès décembre 1690, les cinquante experts-jurés furent (Arch. nat., AD XI 12 B .) augmentés de dix arpenteurs priseurset mesureurs de terres, ce qui porta les effectifs de la compagnie à soixante. Ce nombre théorique était loin d'être
atteint sous la Régence, puisqu'on dénombre seulement trente-cinq experts-jurés au cours de cette période. Pour
chaque vacation, les experts-jurés percevaient un salaire de 6 livres lorsqu'ils intervenaient à Paris ou dans les
faubourgs de la capitale, et de 7 livres 10 sous lorsqu'ils allaient en banlieue. Le 17 janvier 1693, un arrêt du Conseil
étendit à l'ensemble du royaume le domaine imparti aux experts-jurés et le 29 janvier 1729, une sentence du Châtelet
de Paris établissait pour leurs vacations effectuées "à la campagne" un tarif forfaitaire de 24 livres par jour (Le Cler Du
Brillet,
Op. cit., 1738, p. 62 et suiv).
Afin d'être représentatif de l'ensemble des professions du bâtiment, le corps des soixante experts-jurés devait être en
principe composé par moitié de bourgeois architectes et d' entrepreneurs maçons ou maîtres ouvriers (Arrêt duConseil du 8 mars 1695 (Le Cler Du Brillet,
Op. cit., 1738, p. 64). Cette répartition se traduisait par une nomenclature en deux colonnes dans les éditions annuelles de l'Almanach royal (Almanach Royal..., Paris, Laurent d'Houry, 1721, p.262-263). Les signatures de quelques grands architectes (Voir : M. Gallet,
Paris domestic Architecture of the 18th
Century, Londres-New York, 1972 (dictionnaire des architectes en annexe, p. 139-188) ; et du même auteur, Les
architectes parisiens du XVIIIesiècle. Dictionnaire biographique et critique, Paris, 1995) membres de la première
colonne figurent donc parmi les minutes : Germain Boffrand (1667-1754), par exemple, a signé une cinquantaine de
procès-verbaux au cours de la période inventoriée (1715-1723). Les experts-jurés entraient dans leur office après en
avoir payé la finance (6000 livres en 1690) et à la suite d'un examen oral devant un jury composé de quatre experts et
présidé par le Lieutenant de police du Châtelet. Les connaissances techniques des experts-jurés en matière de
géométrie, toisé et construction étaient donc parfaitement vérifiées (Voir : N. Lemas, "Les hommes de plâtre.
Contribution à l'étude du corps des experts-jurés parisiens sur le fait des bâtiments au XVIII
e siècle",Paris et Ile-de-
France, Mémoires, tome 54, Paris, 2003, p. 93-148).Archives nationales (France)4
Pour préserver l'impartialité des experts, un arrêt du Conseil du 8 mars 1695 statua que ceux de la deuxième colonne
(les entrepreneurs maçons et maîtres ouvriers) ne pourraient pas intervenir dans les contestations entre bourgeois et
artisans. Les experts issus des bourgeois-architectes se trouvaient donc de facto chargés de ces nombreuses affaires. Ils
étaient dix-neuf en 1721, quand les
entrepreneurs maçons n'étaient que seize. Et si Jean-Baptiste Loir futincontestablement l'expert le plus actif de la période de la Régence, sa qualité d'entrepreneur maçon ne lui valut que le
titre d' adjoint de la compagnie.Les procès-verbaux d'expertises
Présentées dans le guide des recherches dans les fonds judiciaires en 1958 (S. Clémencet,Op. cit., 1958, p. 331-332),
les minutes des greffiers des bâtiments ont fait l'objet depuis trente ans d'un certain nombre d'inventaires analytiques
motivés par la forte demande des historiens de l'architecture parisienne et par la conscience de l'insuffisance des outils
de recherche mis jusqu'alors à la disposition du public. A ce jour, les minutes ont été entièrement inventoriées pour le
règne de Louis XIII (1610-1643) ( Greffiers des bâtiments de Paris. Procès-verbaux d'expertises. Règne de Louis XIII(1610-1643), Z1J 256 à 261. Inventaire, par O. Krakovitch, Paris, 1980, in-8°, 362 p. (Archives nationales).), le début du
règne de Louis XIV (1643-1649) ( Greffiers des bâtiments de Paris. Procès-verbaux d'expertises. Règne de Louis XIV. Z 1J261 à 269 : années 1643-1649, par M. Bimbenet-Privat, 1987, in-8°, 348 p. (Archives nationales).) et les dernières
décennies de l'Ancien Régime (1760-1792) . Les vastes périodes encore inexplorées (587 liasses pour 1650-1760)
(Inventaire manuscrit sur fiches ou dactylographié, par M. Raynaud, 1974-1979 (voir le détail dans
Les Archives
nationales. Etat des inventaires, tome premier : l'Ancien Régime, Paris, 1985, p. 266-267) sont à la mesure de la
densité et de la masse de ces archives. Il a donc paru opportun de sélectionner pour le présent inventaire la période de
la Régence, soit un segment historique court et de surcroît presque totalement dépourvu de répertoires anciens :
trente-six articles (Voir supra), Z 1J 521 à 556, contenant dans l'ordre chronologique les procès-verbaux d'expertisesreçus par tous les greffiers des Bâtiments pendant la période de la Régence, soit environ 4500 actes.
Au cours de cette période, les procès-verbaux sont rédigés d'une écriture très cursive sur de petits cahiers de papier
timbré au timbre de la Généralité de Paris. Ils débutent toujours par une adresse au procureur de la juridiction par
laquelle l'affaire est instruite ou de laquelle elle relève : la Chambre des Bâtiments, le Châtelet (au civil ou à la Police),
le Bureau des finances, les Requêtes de l'Hôtel, le Parlement, la Prévôté de l'Hôtel... Les expertises ne sont pas toujours
motivées par une décision de justice, mais peuvent être demandées par de simples particuliers et dans ce cas, les
experts-jurés sont directement mandatés par l'une ou l'autre des parties en présence.Conformément aux prescriptions de l'édit de mai 1690, la plupart des actes sont des estimations d'immeubles ou de
terrains (à l'occasion de règlements successoraux ou de saisies réelles), des visites, estimations ou règlements
d'ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, peinture, sculpture, serrurerie, vitrerie, plomb et pavage (en cas
de contentieux entre clients, entrepreneurs et artisans). Un certain nombre de procès-verbaux sont rédigés dans le
cadre des "visites de police" : chaque mois, les juges de la Chambre des Bâtiments commettaient deux experts-jurés de
la seconde colonne (les "entrepreneurs maçons ou maîtres ouvriers) pour faire les visites de police dans les ateliers et
bâtiments "pour découvrir les abus et les malfaçons que peuvent commettre les entrepreneurs des bâtiments et les
maîtres maçons (Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile et criminelle, canonique et
bénéficiale... t. XI, article "maçonnerie", p. 65") . D'où le nombre de procès-verbaux signés par deux experts à la fois,
parfois davantage. De la même façon, quand l'un des experts se trouvait impliqué dans un contentieux, trois experts
pouvaient être commis à la rédaction du procès-verbal le concernant (Exemple : expertise par Pierre Quirot, Louis
Benoist et Jean-Baptiste Loir rue Cadet, le 7 août 1723 (Z 1J 553).Les minutes des procès-verbaux sont souvent accompagnées d'un certain nombre de documents annexes : exploits
d'huissiers, pouvoirs sous seing privé donnés à tel ou tel expert, devis et marchés, notes personnelles de l'expert,
requêtes des parties au lieutenant civil du Châtelet ou à tout autre magistrat, plans et dessins d'architecture. Ces
derniers apparaissent encore assez rares au cours de la période de la Régence. Ce n'est qu'en 1766 qu'un arrêt du
Parlement, en incitant les entrepreneurs et ouvriers à déposer une déclaration de travaux en bonne et due forme à la
Chambre des Bâtiments, généralisa la confection des plans et des dessins d'architecture . La sous-série Z
1J renfermedonc peu de plans et de dessins (L'arrêt du Parlement du 18 août 1766 conférait aux entrepreneurs et ouvriers la
qualité de créanciers prioritaires en cas de faillite des commanditaires à la condition qu'ils aient préalablement fait une
Archives nationales (France)5
déclaration de travaux (Arch. nat., AD971). Cette procédure s'est traduite par un accroissement sensible du nombre
des plans accompagnant les marchés. Voir I. Dérens, "Le Marais néo classique, 1770-1790. Nouvelles constructions,
nouvelle population", Actes du colloque "le quartier du Marais : déclin, renaissance, avenir", Cahiers du CREPIF, n°
59, juin 1997, p. 35-64 et note 4) d'architecture pour la première moitié du XVIII
e siècle (Pour des raisons deconservation, certains plans de la sous-série ont été déposés au Service des Cartes et Plans des Archives nationales).
Cependant, du simple croquis toisé griffonné par l'expert au dessin d'élévation enrichi de lavis et au projet de
ferronnerie extraits de leurs marchés, les plans joints aux minutes de la Régence offrent une belle diversité d'éléments
figurés.Les tâches principales des experts-jurés -l'estimation immobilière, la police des bâtiments et la détection des
malfaçons- impliquaient à la fois la connaissance du marché de l'immobilier parisien et un savoir technique poussé. La
lecture des procès-verbaux donne donc matière à l'analyse des prix de l'immobilier, simple masure de quelques
centaines de livres ou hôtel aristocratique, tel l'hôtel de Boufflers estimé 400 000 livres en mars 1720 (Voir : place
Royale, p.-v. du 22 mars 1720). Des dossiers, au demeurant rares, peuvent concerner l'ensemble d'une grande
succession princière, comme celle du prince de Conti en fin 1715, composée de 104 liasses d'expertises réparties sur
trois articles de la sous-série (Z 1J522, 523 et 524).
Pour l'historien de l'architecture, les minutes des procès-verbaux de la Régence se révèlent une source
incomparablement précise de l'évolution architecturale de la capitale à une période de construction frénétique. A
l'instar du Régent et du petit roi revenus résider dans la capitale, l'aristocratie de cour réinvestit Paris, profitant de
l'essor du faubourg Saint-Honoré et du faubourg Saint-Germain. Les hôtels de Matignon, d'Etampes et de Gouffier,
rue de Varenne, l'hôtel de Conti, rue de Lille, les hôtels des spéculateurs de la place Vendôme, ceux des financiers de la
rue des Petits-Champs illustrent cette magnifique fièvre bâtisseuse des princes du Sang et des grands serviteurs de la
Couronne. Initiatives privées (rappelons que les travaux concernant les bâtiments du roi échappent totalement au
domaine des experts-jurés et relèvent de la Maison du roi, sous-série O 1 ), au demeurant, car en marge de cet essor, lestravaux d'urbanisme comme le nivellement de la colline de Chaillot et les embellissements de la ville comme le
nouveau Cours-la-Reine restent timides. La ville explose littéralement sous l'effet d'une forte poussée économique et
démographique qui s'exprime, chez les bourgeois de la capitale, par l'assaut des rues commerçantes des faubourgs, qui
prolongent les anciennes "rues neuves" et éloignent encore davantage les terres cultivées. Plus qu'un tableau global de
l'architecture parisienne, ce sont les étapes de cette micro-histoire que le chercheur retrouvera au fil des procès-
verbaux des années 1715 à 1723.Le domaine d'investigation des experts ne se borne pas aux seuls bâtiments privés de Paris : les loges de la foire Saint-
Laurent, les grilles de la chapelle des maîtres cordonniers à Notre-Dame, les entrepôts de pierre du maître maçon
Pinard et les "ornements de glaces" des réserves du miroitier Leroy, les échoppes de la grande salle et des galeries du
Palais, les boutiques du Pont Neuf, le retable d'autel commandé pour l'église Saint-Honoré, les fonts baptismaux en
cours d'élaboration dans l'atelier du sculpteur Nique, les bâtiments du cimetière des Innocents, les bureaux des
barrières de Paris, les glacières à l'usage du cafetier Procope sont autant d'exemples de la grande diversité des lieux
visités par les experts. Un index des édifices, lié à cet inventaire , en donne un aperçu plus complet. Dans leur grande
majorité, les procès-verbaux fournissent des informations avant tout techniques, mais plus fiables que celles des devis
et marchés d'architecture dont la réalisation effective, par définition, reste sujette à caution : la comparaison des uns et
des autres, quand les devis sont joints aux dossiers, est donc particulièrement précieuse.Les minutes détaillent abondamment la décoration intérieure des beaux hôtels et les oeuvres des sculpteurs, fondeurs
et peintres de la capitale, où l'ornement tient une place éminente : citons les cheminées de marbre du grand salon du
Palais Royal, les tableaux et bronzes d'ameublement d'un des hôtels de la rue Neuve-des-Petits-Champs, les lambris
peints de "trophées, consoles, coquilles, fillettes et panneaux de mosaïque" de la marquise de Flamanville, place
Royale, les bibliothèques en marqueterie d'ébène et de cuivre confectionnées par l'ébéniste Jacques Bruel, les boiseries
sculptées de cartouches et trophées en l'hôtel d'Espinoy, place Royale, jusqu'aux peintures de la berline de la princesse
de Carignan à l'hôtel de Soissons...Plus rarement, on requiert auprès des experts l'examen du matériel des artisans, voire des équipements industriels des
faubourgs et des environs de Paris : cuves d'une brasserie de la rue Mouffetard, installations de la manufacture de
Archives nationales (France)6
verrerie et cristallerie de Chaillot, de la faïencerie de Saint-Cloud et de la manufacture de porcelaine de la rue de
Charenton, modèles et balanciers du serrurier Parent, système de broche conçu "pour la cuisson d'un boeuf entier" par
le maître rôtisseur Crespy, presses de bonneterie fabriquées par un maître fondeur de la rue des Arcis, ustensiles
"tournans et travaillans" du moulin du Pont-aux-Tripes... Le recours aux experts des Bâtiments surprend encore
davantage quand il s'agit de juger d'un boîtier de pendule à ornements de bronze acquise par le s. Gante, chirurgien du
roi, ou de la qualité des pains livrés par un boulanger à un maître de pension du faubourg Saint-Antoine : dans ce cas,
les experts n'interviennent que pour juger de la juste réalisation d'un marché notarié, et ils se font assister par des tiers
"ouvriers et gens à ce cognoissans" issus des professions concernées.Notons enfin qu'une proportion significative d'expertises se situe hors de Paris et de ses faubourgs, dans les plaines
maraîchères de la vallée de la Seine où les experts "jardiniers et fleuristes" détaillent les cultures, dans les entrepôts et
hangars à bateaux des berges du fleuve, et plus loin encore, dans les résidences princières d'Ile-de-France et jusqu'en
Bourgogne et en Champagne où les experts vont arpenter les terres et faire l'estimation des successions seigneuriales.
Un tableau des toponymes non parisiens rédigé en annexe en donne un récapitulatif exhaustif.
Ce travail a bénéficié des conseils avisés de Madame Isabelle Dérens et Monsieur Yoann Brault du Service de
Topographie historique de Paris, de Monsieur Robert Carvais du Centre d'études d'histoire juridique, et de Monsieur
Bruno Galland, conservateur en chef de la Section ancienne, auxquels nous exprimons toute notre gratitude.
L'inventaire est présenté dans l'ordre alphabétique des noms de rues et toponymes parisiens et non parisiens, tels
qu'ils sont désignés au XVIIIesiècle. Les identifications des noms de rues actuelles sont indiquées, si nécessaire, entre
crochets ; les toponymes non parisiens sont localisés par la mention entre parenthèses de leur département actuel.
Sous chaque rubrique les analyses sont classées dans l'ordre chronologique. On trouvera à la suite de l'inventaire une
courte liste d'expertises non localisées, classées également dans l'ordre chronologique.Pour une recherche typologique, géographique ou patronymique, le lecteur se reportera, en fin de volume, à trois
annexes : une liste récapitulative des édifices mentionnés, un tableau des noms géographiques regroupés dans l'ordre
des départements, enfin un index des noms de personnes.Liens :
Liens annexes :
Voir :
Greffiers des batiments de Paris-Index
SOURCES ET REFERENCES
Sources complémentaires
Sources complémentaires
A. Dans la sous-série Z1J
Outre les répertoires des greffiers mentionnés ci-dessus, la sous-série Z 1J conserve deux portefeuilles de plansdétachés à une date indéterminée de leurs liasses d'origine, la plupart malheureusement non datés et parfois non
localisés (Z 1J1313 et 1314). Aucun ne semble devoir trouver son origine dans les minutes inventoriées. Ces plans ont
fait l'objet d'un inventaire topographique par A.-M. Joly, 199 (exemplaire dactylographié complété par F. Audebrand
en 2001), auquel on se reportera pour plus d'informations. D'autres procès-verbaux de la période de la Régence
peuvent avoir été classés parmi les dossiers thématiques et les résidus conservés à la fin de la sous-série Z
1J , plus particulièrement dans Z 1J1310, 1311 et 1312.
B. Dans les autres fonds des Archives nationales
Dans leurs préambules, les minutes des procès-verbaux font référence à des décisions judiciaires (sentences des juges
ordinaires des juridictions spécialisées) ou à des actes notariés (marchés, testaments, partages), qui sont autant de
pistes de recherche sur l'histoire des Parisiens cités dans les procès-verbaux d'expertises. Une recherche commencée
dans le fonds des greffiers des bâtiments doit donc être poursuivie dans les séries judiciaires des Archives nationales
Archives nationales (France)7
(et tout particulièrement Y, archives du Châtelet de Paris et Z 1J , Chambre des Bâtiments) et au Minutier central des notaires parisiens.Enfin, pour toute recherche sur les immeubles parisiens sous la Régence, on consultera avec profit les instruments de
recherche suivants :-D. Gallet-Guerne et H. Gerbaud, Alignements d'encoignures à Paris. Permis délivrés par le Châtelet de 1668 à 1789
(Y 9505Aà 9507B), Paris, 1979, 154 p. -D. Gallet-Guerne et M. Bimbenet-Privat, Balcons et portes cochères à Paris. Permis de construire délivrés par les trésoriers de France (sous-série Z1F), 1637-1789, Paris, 1992, 171 p.-les dépouillements des papiers des censives parisiennes (série S) et des actes de licitation du Châtelet de Paris
effectués par le Service de Topographie historique de Paris (Y 2790 à 2802) et consultables sur place.
Archives nationales (France)8
Inventaire analytique (Z/1j/521-Z/1j/556)
Abbaye-aux-Bois
[ supprimée ; emplacement rue de Sèvres ; bâtiments détruits par le percement du boulevard Raspail
en 1906]Voir aussi : Sèvres, rue de.
Z/1j/533
1718, 22 janvier. - Estimation par Jacques Piretouy et Jean-Baptiste Loir des réparations à faire à l'église
et aux bâtiments de l'Abbaye-aux-Bois.Z/1j/546
1721, 12 mars. - Estimation par Claude-Nicolas Le Pas Du Buisson des ouvrages de menuiserie faits par
Jean Blancard, maître menuisier, en l'Abbaye-au-Bois, pour Madame de Harlay, abbesse.Z/1j/534
Abbeville (Somme)
1718, 11 mai. - Visite par Jacques Piretouy du grenier et des portes d'une maison située à Abbeville, "rue et
proche Sainte-Catherine", appartenant à Nicolas Lefebvre, sieur des Amourettes, conseiller au Présidial
d'Abbeville.Z/1j/551
Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne)
1722, 18 mars. - Toisé et estimation par Jean-Baptiste Loir des ouvrages de maçonnerie faits par Blaise
Chartaud, maçon à Ablon, en la maison de Charles de Ferréol, ci-devant ambassadeur extraordinaire à la Porte
Ottomane.
Ablon, rue d'
rue Saint-Médard] Voir aussi : Neuve-Saint-Médard, rue ; Perpignan, rue de.Z/1j/521
1715, 7 novembre. - Estimation par Michel de Meseretz de la maison de Robert Gabet et Marie-Françoise
Guy, rue d'Ablon, "dite neuve rue Saint-Médard", au faubourg Saint-Marcel.Z/1j/541
1719, 25 novembre. - Estimation par Jean-Baptiste Loir d'une maison rue d'Ablon ou "Neuve-Saint-
Médard" et d'une maison avec jardin à Nanterre, propriétés de la veuve et des héritiers de défunt Jacques
Harivel, maître potier de terre.
Z/1j/556
1723, 10 février. - Estimation par Jean-Baptiste Loir d'une maison située rue d'Ablon "dite Saint-
Médard", à la requête de Marguerite Faucon, veuve de Charles Lasserée, qui en poursuit la licitation.
Abreuvoir, rue de l'
Voir : Bonne-Morue, rue de la.
Archives nationales (France)9
Abreuvoir-Popin, l'
[ emplacement rue Edouard-Colonne]Voir : Mégisserie, quai de la.
Abreuvoir-Saint-Honoré, rue de l'
Voir : Faubourg-Saint-Honoré, rue du.
Allemagne, hôtel d'
Voir : Beauvais, rue de.
Amandiers, rue des
Z/1j/542
1720, 16 avril. - Visite par Jean-François Raymond des réparations à faire en une maison située en la
grande rue des Amandiers à Popincourt, récemment acquise par Claude Bocheron, écuyer conseiller
secrétaire du roi, de Jean Molé, chevalier seigneur de Bailly, conseiller au Parlement.Z/1j/551
1722, 8 avril. - Visite par Pierre Quirot et Jacques Cudeville de lieux contentieux (un mur de clôture)
entre les religieuses hospitalières de Saint-Anastase et le sieur Saint-Vaux, au faubourg Saint-Antoine,
"rue et au-dessus de la barrière des Amandiers".Z/1j/553
1722, 15 juillet. - Visite par Pierre Hecquan et Jean Dubois des lieux contentieux opposant André Auvray,
secrétaire du roi, et les jurés charpentiers, rue des Amandiers au faubourg Saint-Antoine.Ancienne Estrapade, fossés de l'
rue de l'Estrapade]Z/1j/521
1715, 5 septembre. - Visite par Jean-Baptiste Marteau des réparations à faire en un jeu de paume situé
sur les fossés de l'Ancienne Estrapade, à la requête de Louis Henry de Cauchon, chevalier sieur de Lhéry,
héritier sous bénéfice d'inventaire de Maître Léonor de Cauchon.Z/1j/532
1717, 24 septembre. - Visite non effectuée par Jacques Piretouy et Denis Gobin des ouvrages de
charpenterie faits par le charpentier Dolmont à l'Ancienne Estrapade, à la requête des jurés charpentiers
de Paris ; obstruction de Dolmont et autres.Z/1j/536
1718, 21 novembre. - Visite par Martin Caulle des réparations à faire en un jeu de paume situé rue des
Fossés de l'Ancienne Estrapade, à la requête d'Etienne Roux, maître paumier, principal locataire du
bâtiment.Z/1j/547
1721, 23 juin. - Alignement par Jacques Piretouy du mur mitoyen entre les maisons des sieurs Pierre
Rivoy et Pierre Viardin, situées sur les fossés de l'Ancienne Estrapade.Archives nationales (France)10
Z/1j/550
1722, 27 janvier. - Toisé et estimation par Jacques Piretouy des ouvrages de maçonnerie faits sous la
direction de Charles Lemoyne, entrepreneur de bâtiments et maître maçon, en la maison de Pierre
Viardin, située sur le fossé de l'Ancienne Estrapade.Z/1j/556
1723, 5 mars. - Etat par Pierre Quirot et Claude-Nicolas Le Pas Du Buisson des réparations à faire en une
maison située sur les fossés de l'Ancienne Estrapade, à la requête de Marie-Anne Jouvain, veuve de
François Bordier, principale locataire.
Andelot, hôtel d'
Voir ; Harpe, rue de la.
Z/1j/542
Anglais, rue des
1720, 6 avril. - Toisé et estimation par Edme Fourier des ouvrages de taille de pierre d'Arcueil faits par Pierre
Gosset, tailleur de pierre, en la maison du sieur Sourdeval, rue des Anglais près de la place Maubert.
Anjou, rue d'
Z/1j/541
1720, 30 janvier. - Estimation par Jean-Baptiste Loir d'une maison située rue d'Anjou au faubourg Saint-
Honoré, à la requête des héritiers mineurs de Jean Jeannot, maître boulanger.Z/1j/541
1719, 30 décembre. - Estimation par Jean-Baptiste Loir d'une maison située rue d'Anjou à la Ville-
l'Evêque, à la requête de Catherine Tutin, veuve de défunt Jean Gaultier, maître charpentier.
Z/1j/551
Anjou, rue d'
1722, 15 juin. - Estimation par Nicolas de L'Espine et Nicolas Liévain de trois maisons situées rue d'Anjou au
Marais, provenant de la succession de la marquise de Bandeville, à la requête de Marie Eléonore de Machault,
veuve du baron de Vauréal (croquis toisé des murs à la plume, 204 x 140 mm).quotesdbs_dbs11.pdfusesText_17[PDF] Histoire de France : « De Vercingétorix à la Révolution » (CC 04 )
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