[PDF] Les enfants dAchille et de Nike





Previous PDF Next PDF



Ethnologue passionnément.

10 déc. 2019 Cet entretien est désormais consultable en français : ... les ethnologues – alors même que j'étais au lycée d'Orléans en train.



LE MIROIR AU CINÉMA :

Le miroir est en effet un objet qui permet de « réfléchir » à la relation entre une image qui figure un spectacle de la réalité



Les enfants dAchille et de Nike

prit de compétition : c'est le cas de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc Les Indiens d'Amérique du Nord et centrale étaient d'ex- cellents coureurs.



0) Page titre.FINAL

Dans ce jeu le chemin est représenté par une marelle



LA RECEPTION DE LA DOCTRINE SOCIALE DE LEGLISE AU

25 nov. 2011 En 1970 alors que nous sommes élève en classe du cours moyen II

Collection Traversées

dirigée par Pascal Dibie

LES ENFANTS D'ACHILLE

ET DE NIKE

Martine SEGALEN

LES ENFANTS D'ACHILLE

ET DE NIKE

Éloge de la course à pied ordinaire

Avec la collaboration

de Claude Frère-Michelat (Nouvelle édition)

Éditions Métailié

20 rue des Grands Augustins, 75006 Paris

www.editions-metailie.com 2017

© Éditions Métailié, Paris, 1994

Et pour la présente édition © Éditions Métailié, Paris, 2017

ISBN : 979-10-226-0659-2

ISSN : 0291-4387

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux�:

À Claude et Liane

À Jérôme

"Ennemis des plaisirs faciles,

Il est des matins à courir destinés,

Où les coureurs les plus agiles

D'un plat d'étain sont couronnés.

(Quatrain anonyme, XVIII e siècle)

Avant-propos

De la course à pied au running

Décidément la course à pied a le vent en poupe et personne ne sait où ce mouvement va s'arrêter. Dans

Le Monde

daté du dimanche 18-lundi 19 septembre 2016, trois pleines pages y sont consacrées sous le titre, assez mal pensé d'ailleurs, "Ils courent, ils courent...", alors que "Ils courent, elles courent..." aurait mieux rendu compte de la situation contemporaine : "Un sport, une drogue, une philosophie... Seize millions de personnes pratiquent le running en France. Mais après quoi courent-ils donc tous ?" se demande l'auteur de l'article 1 . La discipline dis pose désormais de son film culte,

Free to run

de Pierre Morath, qui conte l'histoire d'un mouvement déjà ancien alors que le marathon de Boston fêtera en 2017 sa 121 e

édition ! Un mouve-

ment fils d'un siècle qui a mis à l'ordre du jour la constru�ction volontaire de son identité : "se faire plaisir", "se retrouver", mais aussi modifier son corps, changer de vie. La course participe de ce courant : "Être soi-même : tel est sans doute aujourd'hui le mot d'ordre le plus consensuel du monde occidental" (Flahaut,

2006). Elle fait émerger, on le verra, des potentialités dont on

croyait son corps incapable ; toute course, et surtout les plus longues et difficiles, font participer le coureur d'une culture de l'héroïsme propre à nos sociétés modernes (Ehrenberg,�

1991).

Être soi-même, c'est être moderne, donc être coureur c'�est être moderne. La course est devenue un style de vie.

1. Nicolas Santolaria, "T'as fait combien aujourd'hui ?", Le Monde,

18-19 septembre 2016.

9 Publié en 1994, Les Enfants d'Achille et de Nike faisait état d'une histoire déjà longue de trois décennies, qui trouvait son origine dans un mouvement né parmi quelques flower children des années 1960, déroulant leurs foulées pédestres hors de la cendrée des stades, poussés par un mouvement mi-écolo mi-libertarien et qui, au cours de la fin du siècle dernier, se transforma en mouvement de masse, quitta les sen- tiers des bois pour les villes, se technicisa, se commercialisa. L'engouement immense que j'avais détecté dans mon enquête ne tarit pas et, encouragés par la vision de ces hordes ou de ces solitaires qui courent partout, celui ou celle qui se décident à se lancer dans la course n'a en fait qu'une seule chose à faire� s'acheter une paire de chaussures. Aucun autre sport n'offre la facilité de ne réclamer aucun terrain, aucun équipement, pas même le foot populaire qui doit tout de même baliser un espace. La sédentarité croissante, un mal-être généralisé� sont les autres puissants stimulants du mouvement ; ici encore rien de nouveau sauf peut-être le vocabulaire, influencé comme dans d'autres champs par l'anglais. Là où nous parlions de course et de cross raccourci pour cross-country qui désigne justement une course dans la nature -, voire de footing qui renvoyait à un petit entraînement, il n'est plus aujourd'hui� question que de running. Les activités se dénomment jog- ging, boot camp , fitness, stretching, coaching, trails, well being... compagnons ou cousins de ce running qui désigne à la fois l'activité physique et tout son contexte commercial et ins- titutionnel. Ce qui s'observe aujourd'hui n'est donc que le prolongement et le développement d'un mouvement qui incorpore désormais les possibilités qu'offrent Internet et les� réseaux sociaux qui n'existaient ni dans les années

1990, ni a

fortiori dans les années 1960.
Toujours plus de courses, toujours plus de coureurs et de coureuses, toujours plus de distances, telles sont quelques-unes des nouvelles caractéristiques de ce sport dans cette première décennie du XXI e siècle. Mais aussi toujours plus de fêtes, et une activité commerciale toujours plus soutenue. L'offre n'a cessé� de croître tout en se diversifiant dans de multiples directions. 10

Près de 6 000 courses

2 sont organisées en France chaque année, estime-t-on, chaque ville, chaque région essayant de se singu- lariser : ainsi Bordeaux qui est venue tardivement, en 2013, à la mise sur pied d'une épreuve, a-t-elle lancé un marathon nocturne.

Le marché du running

C'est à ces nouvelles facettes de la course à pied que ces pages vont s'intéresser, non sans constater que fondamenta- lement rien ne change : courir, c'est "se déplacer rapidement, en s'appuyant alternativement sur une jambe puis sur l'autre si ce n'est que l'on éprouve la course différemment au long � des années, et que, pour l'auteur de ces lignes et d'autres à� la porte du grand âge, elle peut très bien apparaître comme une métaphore de la vie. La sociologie du sport s'intéresse à la définition sociale d�e ce nouveau peuple : Sportlab réalise régulièrement des enquêtes, à la demande de la Fédération française d'athlétisme p�our mieux connaître le nombre et le profil des coureurs. À noter d'ailleurs que l'intérêt contemporain de la Fédération� française d'athlétisme contraste singulièrement avec son attitude dans les années 1980, alors qu'elle voyait d'un très mauvais oeil ces cou- reurs en nombre qui jamais ne viendraient nourrir le vivier des athlètes de compétition. Une enquête de mars 2014
3 recense

9,5 millions de coureurs (y compris de coureuses), soit 20 %

de la population, 53 % sont des hommes et 47 % des femmes ; l'âge moyen est de 25-49 ans. 30 % sont des employés/ouvriers,

28 % sont aisés, 27 % appartiennent aux classes moyennes,

15 % sont retraités, inactifs. Sauf erreur dans l'enquête, il sem-

blerait que le nombre de coureurs ait fait un bond considé- rable en deux ans, car en 2016, comme le relevait l'article du Monde cité plus haut, ce seraient

16,5 millions de Français qui

auraient pratiqué la course à pied en

2015, soit un quart de la

population.

12 millions auraient couru au moins une fois par

2. http://www.rfi.fr/

3. http://www.sporsora.com/ 11 semaine et 4,8 millions auraient pris le départ d'une course en 2015
4 . Fait nouveau, la féminisation massive du mouvement.

En France, en

2016, on estime que 25 % des coureurs de semi-

marathons sont des femmes et

35 % pour un marathon contre

10,5 % en 1998. Quelle que soit l'exactitude de ces chiffres, la

progression est impressionnante. Dans mon ouvrage, je signa lais qu' "on apercevait 1000 coureurs en 1975 ; on en recensait

500 000 en 1984 et 1 200 000 aux débuts des années 1990".

Face à ces marchés en expansion, tout un commerce et une industrie se sont engouffrés dans le mouvement pour équiper, vêtir, informer. Les chaînes de magasins comme les rayons spécialisés des boutiques de sport se sont multipliés. La production de vêtements de sport, utilisant des textiles techniques toujours plus efficaces pour lutter contre le vent, permettre l'évaporation de la transpiration, etc., s'est divers�i fiée. Il est vrai qu'à courir trois fois par semaine, les vê�tements sont mis à rude épreuve. Les producteurs redoublent d'inventi- vité et certaines modes s'installent, comme le port de manchons de contention sur les mollets, dont l'efficacité fait l'objet de débats. Il existe un marché spécifique pour les femmes qui ne cesse de s'enrichir de nouveaux designs et couleurs. De son côté, la vente de produits diététiques, boissons et aliments� éner- gisants est florissante. On sait que ce sont les chaussures qui font le coureur. Depuis les années 1960, les considérations sur les chaussants de marques diverses vont bon train, et les chaussures continuent d'être l'objet de discussions passionnées entre les fétic�histes de New Balance, Adidas, Puma, ou autres Asics... À l'ori gine, la seule condition qui semblait requise pour courir était l'acquisition d'une "bonne" paire de chaussures. Or, depuis le développement des trails et la rencontre avec les Tarahumaras cf. ci-après, p. 52-57) qui, sur d'immenses distances, courent pieds nus ou avec une sandale plate, souvent faite d'un mor ceau de pneu récupéré, les débats vont bon train à propos� des inventions chaussantes des années

1980 qui ont fait la fortune

de manufacturiers, contribuant au développement de l'indus

4. http://www.globe-runners.fr/etude-16-millions-runners-france/

12 trie en Chine et en Asie du Sud-Est. Ces célèbres chaussures font aujourd'hui l'objet de critiques sévères car, enserrant� le pied et surélevant le talon, elles sont désormais accusées par �de nombreux médecins orthopédistes d'être à l'origine des bles sures récurrentes du coureur 5 . En effet, ainsi chaussé, le coureur attaque le sol jambe tendue, talon en premier et les chevilles, genoux, hanches reçoivent un choc à chaque foulée. Avec des chaussures plates, la posture de course est bien différente : la totalité de la plante du pied touche le sol, ce qui permet au coureur de se redresser et d'encaisser des chocs moins violents. La technologie n'est d'ailleurs pas restée sans réagir et pr�opose désormais des chaussures aussi plates que celles des années

1960 que les coureurs d'alors avaient joyeusement remisées,

se précipitant sur les nouveaux modèles offerts par telle ou telle marque. On trouve désormais des chaussures "minima- listes " pour ceux et celles qui ne veulent pas courir pieds nus. À Paris, il existe même une boutique qui se spécialise dans ces modèles, à l'enseigne explicite : "commepiedsnus". Le marché de la chaussure de course à pied représente en France plus de

400 millions d'euros

6 Quelle que soit la marque de chaussures choisie, dans l'équipement du coureur, au XXI e siècle, ont fait irruption des gadgets offerts par la technologie qui semblent devoir se ran ger dans la catégorie des must . Nombre de coureurs arborent désormais dans leur panoplie des objets high-tech comme les montres chronomètres, le cardiofréquencemètre, mais mieux encore les objets connectés, avec applications spéciales sur Smartphone indiquant la vitesse, la distance. Ont été déve- loppées des applications pour connaître ses performances, son kilométrage, mais aussi contrôler les battements de son coeur ; plus récemment avec la montre connectée, il est possible de récupérer ces données, de les transférer sur son ordinateur afin de les partager. Chacun peut alors contrôler son état de

5. À propos de l'invention de la chaussure de course malfaisante comp�arée

aux bienfaits de la course pieds nus, cf . Christopher McDougall, 2010, p. 168-183. 6. http://www.rfi.fr/ 13 forme, de santé, l'évolution de ses performances : ces objets incarnent dans leur matérialité l'injonction de se fabriquer, de contrôler son corps. Les nouveautés se multiplient et se démodent aussi vite. Le plaisir que certains éprouvent à courir avec de la musique dans les oreilles a conduit les fabricants à produire des outils de plus en plus légers et performants, diffuseurs de musique, oreillettes, casques, bluetooth. Certains coureurs préparent un programme dont les musiques offrent des rythmes propres à scander le tempo de la course. Ces objets bénéficient d'un� engouement de plus en plus fort. Selon une enquête conduite en 2016 par Sportlab 7 , 44 % des coureurs courent avec leur smartphone et 27 % possèdent une application autour de la course à pied. Être connecté inspire à certains dans leurs c�om mentaires sur Internet une remontée d'esprit

Spiridon

8 , pour qui la nouveauté la plus audacieuse serait d'abandonner les technologies. Ainsi écrit un internaute : "Courir aux sensations, sans jeter un oeil à votre montre GPS toutes les 10 secondes, allez, avouez-le, ça fait combien de temps que ça ne vous est pas arrivé ? Offrez-vous un réel moment de liberté 9

Choisir sa course, ses courses

Ainsi vêtus, chaussés, connectés, les coureurs des années

2010 se voient offrir une immense palette de courses, aussi

diverses par leur longueur que par leur esprit. Tendance nouvelle déjà détectée dans les années 1980, la transfor- mation d'une épreuve sportive en fête collective. Loin de l'ascétisme revendiqué dans les débuts, et au grand dam de quelques puristes qui y voyaient un sacrilège par rap- port à l'esprit initial du mouvement, le nombre de courses "fun" n'a cessé de croître et il existe désormais un site 10 qui

7. http://www.sporsora.com/

8. Je fais référence à la célèbre revue de Noël Tamini qu�i soutint le mouve-

ment en ses débuts et prônait un retour à la nature ( cf. p. 87 et chapitre 7).

9. http://www.globe-runners.fr/courir-aux-sensations-conseils-running/

(30 septembre 2016) 10. 14 les recense à travers toute l'Europe. Aux États-Unis elles drainent désormais plus de participants que les courses clas- siques 11 Toute course met en avant son esprit festif, dont la musique est une des premières composantes : au minimum, le départ et le parcours sont sonorisés. Ce sont les marathons historiques qui ont donné l'exemple, étant les premiers à jalonner le par cours d'orchestres dont la musique vise à stimuler l'effort et à contrecarrer une certaine impression de monotonie. Depuis les années 1990, dans certaines compétitions, le côté festif a pris le dessus comme dans le célèbre marathon du Médoc : en

1985, 500 partants, 6 000 en 1995, 8 000 (nombre limité d'ins-

criptions) depuis lors. Carnaval de la course à pied, 90 % des coureurs sont déguisés, ce qui ajoute à l'exploit étant d�onné la chaleur qui règne généralement début septembre dans la région. D'autres épreuves, plus récentes, qui ont réussi �à se donner une visibilité dans l'offre de course, associent à la fête le dépassement de soi, l'exploit. Important le modèle des États-Unis, le Mud Day, la Color Run ou la Frappadingue, parmi d'autres, revendiquent la recherche de l'exploit dans un esprit compétitif. Le site indique que "The Mud Day est une épreuve extrême, hors du commun, un challenge de

13 kilo-

mètres avec 23 obstacles inspirés du parcours du combat- tant 12 ", et non chronométré. Des Mud Day sont organisés partout en France, attirant quelques milliers de participants. Le premier date de 2013, avec 13 000 inscrits, et en 2016,

27 000 participants.

Comparable et concurrente du Mud Day, la Frappadingue 13 propose une nouvelle manière de faire du sport. Créée en 2010, elle offre un parcours "loin des chronos", substituant à l'esprit de compétition le dépassement de soi, tant mental que phy sique. Ici encore les équipes de coureurs doivent surmonter des obstacles, traverser des étangs de boue, courir lestés de

11. http://www.challenges.fr/sport/20150407.CHA4661/le-mud-day-la-

nouvelle-poule-aux oeufs-d-or-du-groupe-amaury.html 12. 13. 15 poids, etc. L'originalité de ces courses est de s'inscrire dans� un contexte régional, décentralisé, offrant aux coureurs la possib�i- lité de participer à une épreuve sportive près de chez eux. �Une dizaine d'entre elles sont organisées en France, permettant à chaque région de faire valoir son patrimoine culturel et natu rel en utilisant ses ressources géographiques singulières pour tracer le parcours. En régionalisant la course, on peut intéres ser les entreprises comme les associations locales : Occitane X'TREM, Breizh X'TREM. Aux participants, la course propose de combiner un défi physique à l'esprit carnavalesque en cou rant déguisé ; elle offre l'occasion de manifester la solidarité, les participants ne se considérant pas comme des concurrents. Leur sociologie diffère de celle des coureurs en général : le public est plus jeune, 29 ans en moyenne, contre 41 ans pour un marathon.quotesdbs_dbs22.pdfusesText_28
[PDF] À UNE FEMME AIMÉE 1 Les sources anciennes Sappho de Mytilène

[PDF] Une voiture se déprécie lentement - Brassard Goulet Yargeau

[PDF] Cours de typographie - Formes Vives

[PDF] Modification ? une demande de certificat de sélection - Immigration

[PDF] Contrat d 'autonomie financière - Immigration, Diversité et Inclusion

[PDF] Déclaration d 'un candidat ou d 'une candidate exerçant une

[PDF] Évaluation de la capacité financière - Immigration, Diversité et

[PDF] A-0546-GF - Immigration, Diversité et Inclusion Québec

[PDF] Documents soumis ? l 'appui de la Demande de certificat de sélection

[PDF] Règles d 'usage de la marque quot AB quot

[PDF] Bibliographie sélective « Education pour la santé - Ethical Formation

[PDF] C1 C2 A1 A2 B1 B2

[PDF] Information about the A1 form and its use

[PDF] Réglementation sur le Classement au Feu et la - Peroni SPA

[PDF] Déclaration sur l honneur (conjointe)