[PDF] Escales en Méditerranée / Henri de Régnier

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Henri de Régnier,...

Régnier, Henri de (1864-1936). Auteur du texte. Escales en Méditerranée / Henri de Régnier,.... 1931. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet

1978 :

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HENRII)ERÉGNIER

del'AcadémieFrançaise

ESCALES

ENMEDITERRANEE

FLAMMARION

Escales

enMéditerranée

Ilaététirédecetouvrage

vingtexemplairessurpapierdeHollande, numérotésde4à20, quatre-vingtsexemplairessurpapierpurfil

OutheninChalandre

numérotésde21à100, etcentexemplairessurpapieralfa numérotésde101à200.

EXEMPLAIREN°j|*jH

HENRIDERÉGNIER

derAcadémiefrançaise

Escales

enMéditerranée

VICTORHugo.RuyBios,ActeIV.

NousironsversleSud.

GustaveFLAUBERT.Latentation

deSaint-Antoine.

ERNESTFLAMMARIOX,ÉDITEUR

réservéspourtouslespays

Copyright1931,

byErnestFlammarion.

Jem'embarque,cesoir,pourlaplusbelle

mêmedans]afiguredesnuages,lacouleur del'airquel'onrespire,danslalumière, danslevent,danslesilence.Jem'embarque, cesoir,pourlacroisièredusouvenir.

Depuislongtemps,jerêvaiscevoyageetje

AVANT-PROPOS

quecetaccordseproduise,l'intervention nenousobligededifférer,sinonl'obscure seinlongtempsremisàdemainnousprivedu demanderaupassé? dedonnerausouvenirlesolideetvivantappui ungesteduhasardouquelqueimperceptible ventdanslamâture?

Jenepourraisdireexactementd'oùm'est

meretleciel,aurythmedelavague,dans secomposeracellequej'entreprends,cesoir, etquiserafaited'impressionsetdesouvenirs versmamémoirejenavigueraiselonmafan- dejeterl'ancreoudelarguerl'amarre.C'est

àellequejemeconfiepourlaplusbelledes

croisières,lacroisièredusouvenir.

DELAMAISONOUJESUISNÉ

Onnevoyaitpaslamer,delamaisonoù

avecsesétalagesdegrassesvolaillesetde grossesmottesdebeurre,lapoissonnerie,si gementdeplanchesdesapinauxlarmesrési- neuses,lesbonsvieuxquaisdemonHonfleur natalquedominaitlebizarreédificedela

Decessouvenirs,decesimpressionsde

deschosesdelamer.Depuis,j'aitoujours aiméleshorizonsdecieletd'eau,lerythme desvagues,l'ondulationdesalgues,l'odeur del'airsalin,laformedescoquillages,le lacourbedescoques,lavivantebeautédes pourmoisamerintérieuresonbassindes samargelledepierreàsuivredesyeuxles celuideslongueslectureslivresdevoyages cuitdemer,gallonsd'eaudouceetbouteilles ,derhum.Leventfaitflotterauxmâtsles .nautiques.

JelestrouvaisauMuséedeMarinequele

oudecommerce,corvettesetbricks,toutesles anglesdelasallelesgrandesfiguresdeproue enboisdorésecambraientauxsonsmuetsdes desTritonsécailleux surmoiledeuild'uncielvoilé.Toutesles chosess'enveloppaientàmesyeuxd'une figured'unefleur,lastructured'unepierre convînt.Jeneleurentrouvaispasdeplus propicesquelesvastesétenduesd'eauqui ilmesemblaitentendrelebruitdelamer, unevoixetcommentcettevoixest-ellede- venueunordre?Jenesais.Comment,d'une boucheinvisible,peut-iltomberunmotqui oùtut'attardes,medisaitlavoiximpé- pourjamais.Net'ont-ellespasrenduinsen- sibleauxmillevanitésetauxcreusesambi- imagesdelavie?Al'ombredesvieuxarbres, tuaslonguementconverséavecJacquesle quetuluirenouvellerasautournantduche- min,carilfautquetuquitteslaforêt.Tra- verselesmaraisauborddesquelstuaserré impérieuse,pluséclatante"Parsilest muredesonflotsurdesrocherscouleurde pourpreetsurdessablescouleurdemiel. rablescompagnesdeshommes,maisleurs

Jenesaisplusexactementenquelleannée

nementimportantneladétermina.Avais-je aucune.Ilnefutqueledélassementd'un portaisavecmoilemodestebagagedel'étu- diantdeshardesetquelqueslivres.Donc, leursyeuxjereprésentaislevoyageur,non pasceluiquiserend,poursesaffairesd'in-

Sansdouteeus-jeperdupoureuxunpeude

sonRhôneetdesaSaône,ilsmontenten vapeurshumidesetenveloppentdeleurs quej'imaginaisLyonetj'enauguraiscequi etmajestueusegrandeurdesesaspects.Ils meparurent,eneffet,telsquejelesavais prévus.L'ampleurdesesplaces,lalargeur desesquais,lahauteurdesesfaçades,je nesavaisquoidesérieuxjusquedansle lesgrandesvillesdeFranceetjeluitrouvai visagedecapitale,maiscevisagenesedis- maissansombre.Unpâlesouriredebien- lyonnaisetj'allaismaintenantversceluiqui leursolitudenouslesdonnetoutentiers.Sur moresamiraculeusevenue.Mêmeabsente, laViergeestlaReinedeFourvières.

Onmonteverselleparuncheminméca-

etmaladroitedeshommes.Uncâblequis'en- uneplate-formemobileoùl'onprendplace etquivousdéposeausommetdelacolline orsetlemiroitementdesmarbrespourl'om- zon,surdiverspointsduquelunvieilhomme, tinguaitlessommetslointainsdesAlpes,mais

Cependantjenefuspasinsensibleauplai-

prispourregagnerLyonzigzaguaitenlacets auflancdelacolline.Deshaieslebordaient sestemples,ensesarènes,ensesarcsde triomphe,ensesaqueducs,cequiysubsiste encoredelagrandeurdeRome,quebientôt becdeleuréperonetbattaientdelacadence prouesvictorieuses. feuillesquedisperseralevent?Quoiqu'ilen

Ausommetd'uneroche,levieuxchâteau

deCrussolestenruines.Lapierresemble encesfuméesd'eau.Ilaplutoutlejour. rompues,sonfrontontriangulaireparfoisdes sonhautmur,sonlaurier.

Arles.LesAlyscamps.Lestombeauxde

nentellesontdesailesdePsychéselles

AbbayedeMontmajour.Unventfurieux,

jaunesdepierresurdorée.Toutelaruine grondeetsiffle.Onentredansdevastessalles unepentedoucequidescendversl'ombre. nêtre.Del'autelonenvoitcinqautresdans cinqchapellesrayonnantes.Lebruitduvent

Arles.DanslecloîtredesaintTrophime,

foisellesroucoulentdoucement,puiselles s'envolentuneàune,outoutesensemble.Le pieusesmarionnettesau-dessusd'euxlescha- unangle,unpuitsapourmargelleuntron- letempsdansleclochercarré.

Alyscamps,maisilsnesontpasdecettechair

joignentetlespiquentcommed'unepourri- auxissuesmystérieusesdelamort. taureaux,ondoitentendreauloinlagrosse rumeurdelafoule,commesigrondait,àtra- delavieilleRome.

Hautaine,tendre,harmonieuseetdivine

Grèce,onteregardeensilencequandtupas-

fontaines.Seseauxontfrémiauxbainsdes

Naïades,etlesNymphesyontbudansleurs

mainsjointes.Enleurmiroirnocturnes'est sables.Ellesornentdeleurspyramidesetde nentdesbalconsventrus.Ellesvousdiraient

Sainte-Baume.Onymontepardessentiers

mideéchodeseslarmes.Ellesvousdiraient abandonnéeleshommesenylaissantdes prierpourunevillemorte,maiscenesontni lesspectaclesdelasolitude,nilesaspectsde rumeurhumaine,devoirdespassecroiser, desmainss'agiter.Ahquedesvoixs'interpel- lassent,quedesgestessefissentsigneQu'un

Jeneretrouveriensurmoncarnetdes

gardéunvif,unéclatantsouvenir.Pour

DamedelaGardej'oublielelourdédifice

couleurd'or.Selonlesheurescetoraérien

àunazurchangeantquilui-mêmesedilue

ous'épaissitmesyeuxneselassentpasde simule.Jelessensmaintenant,mesregards, hommes?Jelesentendscependantquivi- touslesbruitsconfondusenuneharmonieet "nunappel. beauseptembredemajeunesseoù,pourla auxteintesincertaines,pasplusquelepuis- l'humbleHonfleurauxvieillescourssilen- parunflothumain.Cetteimpression,Mar- beauté. odeursmarines,vaseusesougoudronneuses.

Maiscen'estpasdelàquepartentlesgrands

Souventjeprenaislecheminquilongela

meretlasurplombeencorniche,lechemin mêmeadel'accent.LeVieuxPortsurtout turedepierredesesquais,puismesregards merquenefranchissaientplusguèrequedes quiencombraitseseauxpuantes,pleinesde tours.

Lesheurespassentvitesurlesquaisdu

VieuxPort.OnyrencontredesMarseillais

prompte.Onyrencontredestouristesqui vonts'embarquerpourleChâteaud'If,des marchandesdecoquillagesetdesvendeusesde bouquets,desmatelotsdetouteslesnations, ycomprisdesProvençaux.Onyrencontredes

Turcscoiffésdufez,desArabesenburnous,

desGrecsenfustanelleettouslesLevantins duLevant.Onyrencontredesoiseleursqui quedécoreunOrientdepapierpeintetoù mentsdenavigation.Lejourpasseainsile soirtombe.Commentnepasfinirlajournée parunebouillabaisse?

Voicilanuitvenue,Marseilles'allume.

Danslesruellesenpentequimontentdu

tent,d'ungested'appel,lerideaud'andri- culade,rixe.Leruisseaucouleaumilieu delaruesurlespavés.Rentrons.

DansleVieuxPortétaientamarrésdeux

vernisetcuivresluisants,dansl'attentedes

EnquittantMarseille,avantderemonter

MortesetauxSaintes-MariesdelaMer.A

créneauxonarriveausommetduchoeuroù valapenséeetc'estelledontl'imageamou-

Lamerquis'avanceverslesSaintes-Maries

SaintRoiLouiserresurl'antiquerempart,

unlisàlamain.Jel'yaivue,commej'ai sentipasserprèsdemoi,surlevieuxchemin d'escalesenescales,yoguerversl'Orient.

Voiciquelquesnotesquejeretrouvesur

jaunesdesanieetdepus,d'autresd'une menteusependavecdesgrâcesdeguirlandes ellesecrucifieetagoniseaumurdevieille mirantes. osseuseetcartilagineuse,unpeusourdeet presqueaveugle.

Lecielestgrisetbas.Dansl'airmoiteles

silenceetdemélancolie.

Unventbrusquesecouelesdeuxhêtres

pourpresenfacedelamaison.Leursfeuilles ventvenirdetrèsloin,dufondduboispuis ilenresteunpeuàchaquecimeetellefinit auboutdequelquebranchedansunefeuille

VISITESDUMAGICIEN

J'aireçudeuxfoislavisiteduMagicien.Il

esttrèsbeau.Sonvisagealacouleurduciel etsonvêtementlacouleurdelamer.Iltient

Ilsouriaitdesesavoirinattenduetd'autant

levisagedel'amouroul'unedesfiguresde ilrésidaitilavaitentendumamuetteinvo- cation.C'estpourquoiilm'apportaitla grandecléd'or,cellequiouvrelaportedu soleiletlespassagesdelamer,ettandisqu'il denouveauilmeremitlaclémagique.Quand besoinduMagicienauvisagecouleurduciel jemepenchesurelle,ellemerenvoiedans sonmiroirtouteslesimagesdemonbonheur vagabond.

ESCALES

setaisent.Silence.Parfoisuncraquementde piednu.

Ilfautdormir.Onn'appareillequedemain

verscinqheures.Jepenseàceyachtblanc achats,decesachatsduderniermomentoù, avantd'entreprendreunlongvoyage,onré- tantesousuncieldurementbleu,enceMar- voguerd'escaleenescalependantdelongues deretrouverdansleMarseilled'aujourd'hui lesimpressionsduesauMarseilledemaving-

àmesyeuxqui,alors,ignoraienttout.La

AVenisemespasontfoulélesdallesdela

rynthedesescallietdesescanauxj'ai abordéauxîlesdesaLaguneetilm'a tantdelieuesettantdemillesparcourus, avecquellejoiej'aivubrillerdanslanuit marinelespremiersfeuxquiannonçaient l'approchedelaterredeFranced'oùjevais etviennentetgagnentleurspostes.Les part.Onestparti.Nousavançonslentement pusculesnousenveloppepeuàpeu.Levent positions'allument,vertsetrouges.Leyacht quelablancheparureaériennedesvoiliers leyachtlaremplaceparlablanchepeinture desacoqueetdesalisse,parleblancvernis blancheurdesdraps,avecl'attentejoyeusedu enboulesoyeusesurledivandusalon,même lebeauperroquetjauneetbleu,unechaîne sonhabitacle.

Jemarcheavecplaisirsurlepont.Ce

dontonl'inondaitpourlelaverfurieusement, marine,unbeauyachtde800tonneauxoù cunedesasalledebain,sontcommodément

Princesselointaine?Etlemessage,quile

dauphinbienstylé.

Jesuismontésurlapasserelle.Undouble

commel'onditenlangagedemerlàvacille etquinousconduirabientôtenvuedeterre surcebelinstrumentdeplaisiroùtoutest "ordreetbeauté»,commeditBaudelaire ensonInvitationauvoyage,etquicacheen

Noussommesàl'ancredanslabaiede

Bonifacio,devantlepetitquaiquedominent

auxeauxparfaitementcalmes,estbordéede etsombres.C'estdecesprofondeurscaver- "l'OgredeCorse».Bonifacioestunebi- avecindifférence,tandisquenousmontons secarresurlecielbleu.

Nousyvoiciparvenusàcettecitadelle.A

ilyatroisouquatrearbresaumaigrefeuil- demousselineblanchedontelless'envelop- ficielentournantautourdesarbres.Aquoiquotesdbs_dbs22.pdfusesText_28

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