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Histoire de la scolarisation des filles - LELIÈVRE

Histoire des institutions scolaires (1789-1989) Paris



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  • Quel sont les cause de la scolarisation de la jeune fille ?

    Chaque année dans le monde, 12 millions de filles sont mariées avant l'âge de 18 ans. Ces filles sont généralement déscolarisées pour subvenir aux besoins de leur mari, s'occuper des t?hes ménagères et des enfants. Les mariages forcés maintiennent les filles dans un statut inférieur à l'homme.
  • Qui a permis aux filles d'aller à l'école ?

    La loi Camille Sée ouvre l'enseignement secondaire aux jeunes filles. La loi du 21 décembre 1880 sur l'enseignement secondaire des jeunes filles fait partie des lois scolaires alors initiées par Jules Ferry, père de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire.
  • Pourquoi le problème de la scolarisation touche surtout les filles ?

    Une inégalité entre les deux sexes
    Ceci s'explique par plusieurs facteurs: les mentalités et les traditions qui favorisent plus l'éducation des garçons que celle des filles, le travail des petites filles et le mariage précoce. Tout cela met en danger l'éducation, la santé et le développement de ces dernières.
  • La scolarisation des jeunes filles est un élément essentiel de leur accès à l'autonomie économique et un enjeu majeur de développement. Par l'éducation, elles gagnent en connaissances, ce qui influe par exemple sur la mortalité infantile car une fois mères, elles auront les bons gestes pour leurs enfants.
Histoire de la scolarisation des filles - LELIÈVRE

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REPÈRES. PÉDAGOGIQUES

Histoire

de la scolarisation des filles

LELIÈVRE FRANÇOISE CLAUDE - LELIÈVRE

NATHAN

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Autres ouvrages de Claude Lelièvre:

En collaboration

avec Eric Walter, La Presse picarde, mémoire de la République, Paris, Éd. Anthropos, 1983.

En collaboration

avec Christian Nique, Histoire biographique de l"enseigne- ment en France, Paris, Ed. Retz, 1990.

Histoire

des institutions scolaires (1789-1989), Paris, Éd. Nathan, 1990.

Postface

historique à l"ouvrage: LANGOUËT Gabriel et LÉGER Alain, Public ou privé? Trajectoires et réussites scolaires, Paris, Éd. Publidix et Éd. de l"Espace européen, 1991.

Direction

éditoriale: Françoise Juhe! Édition: Christine Grall Couverture et maquette: Véronique Chappée Graphiques : Odile Maury Mise en pages : Martine de Cagny

Photos

de couverture: Roger-Viollet (en haut); Niepce-Rapho (en bas). Éditions Nathan, Paris 1991 - ISBN 2 09 181921-2 Retrouver ce titre sur Numilog.com

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1. SOUS L"ANCIEN RÉGIME

L"École

ne commence pas avec l"École républicaine; celle des filles pas davantage que celle des garçons, même si les républicains de la IIIe République lui ont porté une attention singulière. L"éducation des filles a certes été élevée au rang des affaires d"État plus tardivement que celle des garçons (dans la première moitié du xixe siècle pour les uns; dans la seconde moitié pour les autres). Mais, bien avant que l"État légifère en la matière, elles ont été éduquées dans la famille ou dans les institutions d"Église. "L"historiographie de l"éducation sous l"Ancien Régime perçoit désormais les institutions et les pratiques de formation avec tout leur ancrage social, inscrites dans l"histoire de la culture et des mentalités comme dans celle de la vie familiale et privée 1. » Le Moyen Âge lui-même n"avait pas ignoré l"école ; mais les écoles monastiques, presbytérales ou capitulaires restent long-

1.

M. Sonnet, L"Éducation des filles au temps des Lumières, Paris, les Éditions du Cerf, 1987, p. 13. Nous devons beaucoup à ce livre, qui a renouvelé l"approche et la connaissance de la période concernée, cantonnées jusqu"alors à l"analyse des textes pédagogiques des grandes figures de l"éducation des filles ou à l"étude des textes normatifs. Il n"en reste pas moins que l"appréhension des institutions scolaires féminines est encore lacunaire, d"autant que le travail de Martine Sonnet - magistral - se limite à Paris. Retrouver ce titre sur Numilog.com

temps l"apanage des clercs ou des futurs clercs. Le démarrage décisif de la scolarisation - des filles en particulier - vient de la Réforme protestante et de la Contre-Réforme catholique.

L "impulsion de

la Réforme et de la Contre-Réforme En

faisant de la lecture individuelle de la Bible une exigence fondamentale, Luther et Calvin induisent la nécessité pour chaque fidèle d"un minimum d"instruction, à acquérir dès l"enfance (alors que, dans la majorité des cas, les parents ne disposent ni du temps ni de la compétence nécessaires pour s"occuper de cette tâche complexe). Dès 1524, Luther lance un "Appel aux magistrats de toutes les villes allemandes pour les inviter à ouvrir et à entretenir des écoles chrétiennes ». Calvin se fait un ardent propagandiste de la scolarisation. "Cette multiplication des écoles en terre huguenote est bientôt considérée par les autorités de l"Église romaine comme une leçon et un défi [...] Ainsi, qu"elle soit calviniste ou catholique, l"école est d"abord un instrument d"éducation religieuse [...] L"école constitue une arme essentielle dans l"œuvre d "" extirpation de l"hérésie" entreprise avant et après la révocation de l"édit de Nantes (en 1685): dans les diocèses où les minorités protestantes sont importantes, les évêques consi- dèrent qu"elle est le seul moyen efficace pour arracher les enfants des des" nouveaux convertis " à l"influence "pernicieuse "

de

leurs parents 2. » Le pouvoir royal soutient les catholiques par l"édit de Châteaubriant de 1551 : seuls les catholiques sont autorisés à

2.

F. Lebrun, J. Queniart et M. Venard, Histoire générale de l"enseignement et de l"éducation en France, Tome II, " De Gutenberg aux Lumières», Paris, Librairie de France, 1981, p. 628. Retrouver ce titre sur Numilog.com

tenir école. En 1560, l"ordonnance d"Orléans amplifie l"action des évêques en imposant à chaque chapitre cathédral ou collégial de consacrer une partie de ses revenus au financement d"une école. Les déclarations royales stipulent que les maîtres sont soumis aux curés qui "doivent veiller avec une attention particulière sur l"instruction». A vrai dire, les textes royaux n"ont pas pour objet de créer une dynamique nationale d"obligation scolaire : s"il est énoncé que des écoles doivent être établies, c"est " autant qu"il sera possible » et " nommément pour les enfants dont les pères et mères ont fait profession de ladite religion prétendue réformée ». L"intervention royale se déploie en raison de la politique de Contre-Réforme. Comme le note avec force Martine Sonnet3: "Déjà sensible avec l"émergence des écoles paroissiales de charité vers 1650, la dette de l"instruction féminine envers le mouvement de

Réforme catholique post-tridentin

se dessine avec plus d"évi- dence encore à travers les dates de fondation des communautés religieuses

féminines enseignantes dans la capitale. Celles qui fonctionnent au XVIIIe siècle se sont presque toutes installées au siècle précédent.» Alors que le XVIIIe siècle n"est pas avare de discours et de projets au sujet des écoles de filles, et bien qu"il multiplie les mises en garde ou les déplorations quant aux orientations et à la médiocrité des formations proposées au "deuxième sexe», les hommes des Lumières n"ont guère concrétisé leurs conceptions (contrairement à ceux de la Contre-Réforme). Sept nouvelles institutions pour jeunes filles sont ouvertes à Paris au XVIIIe siècle contre cinquante-sept au XVIIe. On saisit là l"influence déterminante ae la Contre-

Réforme dans

l"instauration significative des institutions sco- laires féminines sous l"Ancien Régime. L"enjeu est essentiellement d"ordre religieux; il transparaît nettement, par-delà la diversité institutionnelle et sociale des écoles de filles, dans la place accordée à l"éducation religieuse relativement aux savoirs profanes.

3. Op. cit., p. 38. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Comme le montre le tableau ci-contre 10, la durée du séjour des filles en pensionnat est généralement d"une ou deux années seulement et dépasse rarement quatre ans ; à l"inverse celle des garçons est le plus souvent de trois à huit années. La plupart des garçons pensionnaires peuvent suivre des cursus totaux ou partiels cohérents (classes élémentaires, classes de grammaire, classes d"humanités); il en va très différemment pour les filles pensionnaires (c"est-à-dire pour des filles - il y a lieu de le noter - qui appartiennent aux milieux socialement et culturellement privilégiés). Par ailleurs, les rythmes d"entrée en pensionnat diffèrent pour les filles et les garçons. Les flux d"entrées masculines sont très forts à l"automne et importants après Pâques: ils scandent des temps scolaires marqués; les flux d"entrées féminines sont dispersés et distribués sur toute l"année, avec un accroissement saisonnier sensible lié significativement au sacrement de la première communion. L"étude menée par Martine Sonnet sur 1075 séjours de filles dans sept internats différents de Paris - entre 1704 et 1792 - montre que 35 % d"entre elles passent au plus un an au couvent, " la retraite préparatoire à la première communion motivant leur placement11 ». En moins ae deux ans, une forte majorité de fill es (58,6 %) terminent leur scolarité. Ces scolarités rapides, les entrées à tout moment de l"année, les retraites pour la communion, rendent très difficile une instruction coordonnée et suivie. Contrairement aux garçons pensionnaires qui ont une scolarité ordonnée en un cursus effectif, on ne peut parler (au sens strict) de véritable scolarité pour les filles (même pour celles de statut social élevé). D"autant, comme le souligne Martine Sonnet, que "l"habitude d"arriver à dix ou onze ans montre que l"approche de la première communion aiguise le souci éducatif des familles et que la formation religieuse conditionne l"éducation géné- rale 12 ».

10.

Emprunté à l "Atlas de la Révolution française, Tome 2, "L"enseignement. 1760- 1815», volume publié sous la direction de Dominique Julia, Éditions de l"École des hautes études en sciences sociales, Paris, 1987, p. 60. 11. Op. cit., p. 201. 12. Op. cit., p. 197. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Dans les " petites écoles » externes - surtout les gratuites -, les intérêts financiers ne sauraient jouer le même rôle que dans les maisons d"éducation (sensibles aux grosses pensions à recevoir ou à décliner): les "petites écoles» peuvent, dans une certaine mesure, dicter un calendrier scolaire, voire des âges d"entrée. Les écoles gratuites s"ouvrent aux petites filles qui ont atteint un " âge de raison» jugé nécessaire à la réception du savoir : entre cinq et huit ans selon les institutions, paroissiales ou congréganistes. Les procès-verbaux qui sanctionnent les écoles buissonnières permettent d"appréhender plus précisément l"âge des élèves, les différences de distribution qui existent entre les écoles de garçons et celles de filles13.

DISPERSION

DES ÂGES DANS LES ÉCOLES BUISSONNIÈRES Nombre d"écoles représentées par âge 13. Atlas de la Révolution française, op. cit., p. 21. Retrouver ce titre sur Numilog.com

D"après les textes mêmes qui régissent le déroulement des scolarités dans les externats gratuits, la durée de scolarisation est aussi rapide dans les écoles paroissiales ou les petites écoles que dans les pensions : deux à trois ans au maximum pour la plupart à Paris même (sans doute pourtant en avance sur la province). Au xvine siècle, en deux années souvent, les écolières franchissent les trois paliers du savoir défini par les textes normatifs (le fonctionnement de la petite école d"Ancien Régime n"assigne pas une année à chaque "classe» à suivre: chaque écolière progresse à son rythme, selon ses capacités, son assiduité, son travail). En définitive, "entre les apprentissages de la lecture, de l"écriture ou du calcul proposés aux filles et aux garçons, ce sont moins les méthodes qui changent que l"accomplissement de parcours inachevés ou menés à terme. Les filles, accordant moins de temps que leurs frères à l"acquisition des savoirs fondamentaux, atteignent plus rarement qu"eux le degré de maîtrise totale de ces sciences [...] Les rudiments de lecture et d"écriture montrés aux filles par leurs maîtresses doivent être cultivés hors de l"école, sans quoi ils s"oublient. Les filles du peuple sont évidemment les premières à faire les frais d"un enseignement fondamental inabouti. On est toujours pressé de leur ôter le livre ou la plume des mains pour y substituer le fil et les aiguilles 14». Il y a lieu de souligner en effet que le marché de la scolarisation des filles est très diversifié, tant du côté des offres de scolarité que du côté des clientèles (très hétérogènes socialement et culturellement). A Paris, les " écoles de charité» - gratuites - ne reçoivent pas les plus démunies (qui n"accèdent pas à l"instruction), mais les pauvres qui travaillent "honnêtement»: les filles de manouvriers, revendeuses, coutu- rières, blanchisseuses, fruitières, fripiers, merciers et tailleurs. Les petites écoles payantes qui relèvent de la juridiction du Chantre accueillent les filles de marchands et d"aubergistes, d"artisans (où dominent les secteurs dynamiques du textile, de l"ameublement et du bâtiment). A l"autre extrémité du spectre

14.

L Éducation des filles au temps des Lumières, op. cit., pp. 250-251. Retrouver ce titre sur Numilog.com

social se situe la fine fleur des pensions, elles-mêmes diversi- fiées selon l"origine sociale de leur clientèle: pour les grandes familles les abbayes de Port-Royal ou de l"Abbaye-au-Bois, les maisons des bénédictines ou des visitandines ; les ursulines de la rue Saint-Avoye pour un public majoritairement bour- geois 15. Les écoles de charité et tous les établissements gratuits reçoivent environ les deux tiers de la population féminine scolarisée ; les écoles payantes accueillent l"autre tiers (qui peut verser de 30 à 40 livres pour les petites écoles du Chantre, ou de 100 à 1000 livres pour les pensions) 16. Martine Sonnet révèle par ailleurs la remarquable homolo- gie sociale qui rapproche enseignantes et enseignées. "Le monde des enseignantes, calqué sur celui des écolières, reflète ses contrastes. Chaque élève rejoignant un banc qui l"attend, aux écoles du peuple aussi bien qu"à celles du beau monde, rejoint en même temps une maîtresse qui lui ressemble 17. » En effet, les dots exigées des religieuses induisent une stricte hiérarchie sociale selon les maisons d"éducation, et l"éventail des prix de pensions provoque une différenciation équivalente. Les visitandines, ou les cisterciennes de l"Abbaye-aux-Bois, appartiennent aux plus hautes familles du royaume ; les ursulines de la rue Saint-Avoye ou les religieuses de la congrégation Notre-Dame sont issues de la petite noblesse d"offices ou de la bourgeoisie du commerce ; les filles de Sainte- Geneviève qui tiennent un externat gratuit viennent de la boutique ou de l"échoppe.

15.

Cf. le remarquable tableau sociologique dressé par Martine Sonnet, op. cit., p. 90. 16. La pension est en moyenne de 400 livres à Paris, du même ordre de grandeur que celles des garçons; le salaire annuel moyen d"un ouvrier est alors de 300 livres... 17. Op. cit., p. 100. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Vierge et celle de la mère. Les enseignantes gardent la perfection de leur virginité en vivant une maternité sublimée et désincarnée; elles se font mères de leurs élèves, "ce qui rendra leur virginité féconde devant Dieu, de qui elles sont les épouses" 33 ». La plupart des enseignantes laïques des écoles buissonnières elles-mêmes34, ainsi que la plupart des ensei- gnantes engagées dans les petites écoles du Chantre35 sont des célibataires. Dans les

congrégations féminines, les textes institutionnels exaltent le rôle de l"enseignante : vouer sa vie à l"éducation des filles paraît être le meilleur choix pour assurer son salut:

"Il

semble que Dieu a approuvé l"emploi de ces maîtresses par des marques évidentes de sa protection toute singulière, en ce que celles d"entre elles, qu"il a jusqu"à présent retirées à lui, sont toutes mortes en très bonne odeur, avec des témoignages sensibles de leur bonheur éternel36. »

Il

va de soi que gagner son paradis dans l"accomplissement de ce métier implique d"avoir été exemplaire, et s"accompagne des qualités morales et professionnelles requises. Martine Sonnet, en analysant les règlements et constitutions des congrégations parisiennes en charge de l"enseignement fémi- nin, a pu dresser la liste prioritaire des attributs souhaités les plus souvent mentionnés: la charité, la patience, la douceur; l"adresse, la capacité, la méthode; la prudence et la modestie. Les qualités professionnelles sont encadrées par des qualités morales, qui finalement dominent et éclairent les choix éducatifs prononcés.

33.

Op. cit., p. 129. La fin de la citation est extraite des "Constitutions du monastère de Port-Royal ». 34. Les 94 procès qui leur sont intentés révèlent qu"il y a eu 54 demoiselles condamnées contre 10 veuves et 20 épouses seulement. 35. 226 demoiselles sur 329, soit 69 % (contre 24 % de femmes mariées); L"Éducation des filles au temps des Lumières, p. 104. 36. Mémoire instructif pour faire connaître l"utilité des écoles charitables du Saint-Enfant- Jésus, Paris, F. Le Cointe, 1685, p. 4. Retrouver ce titre sur Numilog.com

En définitive, comme le souligne Michel Rouche dans sa préface au livre de Martine Sonnet37: "Vouée aux tâches de reproduction, d"entretien et de transmission des us et coutumes familiers, des vérités et des savoirs élémentaires et fondamen- taux, la femme reste avant tout mère éducatrice, épouse et génitrice, et doit être formée pour cela. L"école parisienne s"y emploie avec des méthodes d"apprentissage qu imprègne en profondeur une vision théologique, augustinienne, dévalori- sante du beau sexe. C"est sans doute ce qui contribue à accentuer l"aspect quelque peu désordonné du cursus féminin si on le compare à celui des garçons [...] Bref, l"école des filles : une autre éducation. Les valeurs essentielles y sont celles de la société religieuse et holiste38, celle de l"inégalité de tous et de la plus grande inégalité des femmes. »

Les "Lumières»: principes

et réalités

Or, précisément,

la question de l"éducation féminine débat- tue par les philosophes des Lumières est centrée sur le principe d"égalité appliqué au cas particulier des relations entre les sexes. La réponse n"est pas évidente; et il est significatif que les prises de position en faveur de la liberté et ae l"égalité se clivent lorsqu"il s"agit du statut de la femme dans la société. Comme le remarque Georges Snyders39, "si nous envisa- geons, non pas directement les conduites, mais le plan idéologique, les affirmations et les espoirs des philosophes et des écrivains, nous sommes frappés par l"insistance avec laquelle ils veulent placer les deux époux sur un pied d"égalité, l"affirmation véhémente que la femme n"est nullement infé- rieure à l"homme, qu"il n"existe aucune loi naturelle qui

37.

Op. cit., p. 10. 38. Du grec holos, tout entier. "Holisme»: théorie d"après laquelle le tout est quelque chose de plus que la somme de ses parties. 39. La Pédagogie en France aux xVIJf et XVIIIe siècles, Paris, P.U.F., 1965, p. 310. Retrouver ce titre sur Numilog.com

FRANÇOISE • LELIÈVRE

Professeur de

lettres. Déléguée régionale aux Droits des femmes en Picardie. CLA UDE • LELIÈVRE

Agrégé de

philosophie, professeur d"histoire de l"éducation à l"univer- sité René Descartes (Sorbonne - Sciences de l"éducation). Membre de

l"équipe de sociologie de l"éducation associée au CNRS.

Histoire

de la scolarisation des filles La scolarisation des filles débute vraiment après la Contre-Réforme, pour des raisons

essentiellement religieuses. La Révolution française et la IIIe République veulent, par le biais de l"enseignement, faire jouer à la femme un rôle de

médiatrice républicaine ». La Ve République, à ses débuts, généralise enfin la mixité des institutions scolaires.

Aujourd"hui où

en est-on? La scolarisation des filles est plus développée que celle des garçons. Mais dans quelles filières ? Quels sont les bastions qui résistent encore aux jeunes filles ? Et surtout qu"en est-il de leur insertion professionnelle ?

REPÈRES

- PÉDAGOGIQUES

Nul ne le conteste aujourd"hui : l"Education constitue l"un des grands enjeux de ce tournant de siècle. .

De notre capacité à former les jeunes de notre temps dépendra leur capacité à mieux construire leur devenir.

• Face

à cette tâche considérable, qui fait d"ailleurs la grandeur de sa mission, l"éducateur doit poursuivre lui-même sa formation.

La collection Repères pédagogiques a été conçue pour l"y aider. Les ouvrages qui la composent sont autant d"outils pour mieux comprendre des moments de l"histoire, des domaines de savoirs, des questions et débats qui concernent tout formateur. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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