Université Nice Sophia Antipolis
Le Master Tourisme de la Faculté Espaces et Cultures est l'héritier du célèbre Master GATH (Gestion et. Aménagement Touristique et Hôtelier) premier Bac + 5
La segmentation des paysages une approche différente permettant
2012. 7. 12. Maître de Conférence Université de Nice-Sophia Antipolis
Evaluation du master Géographie de lUniversité Nice Sophia Antipolis
2017. 6. 29. géographie aménagement et environnement durables (GAED)
(Plaquette extérieur v4.ai)
Modules DIF (contacter Asure Formation). Master GEOPRAD. Département GAED. UFR Espaces et Cultures. Université de Nice-Sophia Antipolis.
La vue sur mer et lurbanisation du littoral
UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS. UFR « Espaces et cultures ». Ecole Doctorale « Lettres Sciences Humaines et Sociales ».
Littoralisation de la façade nord-méditerranéenne: analyse spatiale
2014. 2. 20. UNIVERSITÉ DE NICE-SOPHIA ANTIPOLIS. UFR « Espaces & cultures ». École Doctorale « Lettres Sciences Humaines et Sociales ».
CV CEIBA-2
2009. 5. 25. Peinture et culture : vocabulaire description et commentaire
Vladislava SERGIENKO SOLER ATER (russe) Chercheuse
Maître de langue étrangère (russe) Université Nice Sophia Antipolis (UNS) Clermont-Ferrand par le Centre d'histoire « Espaces et Cultures » (Université.
Analyse spatiale et environnementale du risque dincendie de forêt
2016. 8. 24. Équipe « Gestion et Valorisation de l'Environnement ». UFR « Espaces et cultures ». Université de Nice-Sophia Antipolis - 98 Bd. E. Herriot ...
CV K.Sontag
Métropole Nice-Côte d'Azur tourisme et loisirs sportifs de nature général Ardèche
UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS
UFR " Espaces et cultures »
Ecole Doctorale " Lettres, Sciences Humaines et Sociales »Laboratoire ESPACE - UMR 6012
THESE pour l'obtention du titre deDOCTEUR DE l'UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS
Discipline : Géographie
La vue sur mer et l'urbanisation du littoral
Approche géographique et cartographique sur la
Côte d'Azur et la Riviera du Ponant
Présentée et soutenue et publiquement par
Samuel ROBERT
le 4 décembre 2009Sous la direction de
Mme Christine VOIRON-CANICIO
Professeur des Universités
Composition du jury :
Mme Mariolina BESIO, Professeur, Università degli Studi di Genova, Gênes M. Louis BRIGAND, Professeur, Université de Bretagne Occidentale, Brest M. Thierry BROSSARD, Directeur de recherche, CNRS THEMA, Besançon M. Thierry JOLIVEAU, Professeur, Université Jean Monnet, Saint-Etienne Mme Christine VOIRON-CANICIO, Professeur, Université de Nice Sophia-Antipolis, NicePhoto de couverture
Nice, la digue du port et, en arrière plan, la Promenade des Anglais, le front de mer et les collines de l'Ouest (cliché : S. Robert, 2007)UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS
UFR " Espaces et cultures »
Ecole Doctorale " Lettres, Sciences Humaines et Sociales » THESE pour l'obtention du titre deDOCTEUR DE l'UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS
Discipline : Géographie
La vue sur mer et l'urbanisation du littoral
Approche géographique et cartographique sur la
Côte d'Azur et la Riviera du Ponant
Présentée et soutenue et publiquement par
Samuel ROBERT
le 4 décembre 2009Sous la direction de
Mme Christine VOIRON-CANICIO
Professeur des Universités
Composition du jury :
Mme Mariolina BESIO, Professeur, Università degli Studi di Genova, Gênes (Rapporteur) M. Louis BRIGAND, Professeur, Université de Bretagne Occidentale, Brest (Examinateur) M. Thierry BROSSARD, Directeur de recherche, CNRS THEMA, Besançon (Examinateur) M. Thierry JOLIVEAU, Professeur, Université Jean Monnet, Saint-Etienne (Rapporteur) Mme Christine VOIRON-CANICIO, Professeur, Université de Nice Sophia-Antipolis, Nice (Directeur) 23La vue sur mer et l'urbanisation du littoral. Approche géographique et cartographique
sur la Côte d'Azur et la Riviera du PonantRésumé
Cette thèse s'intéresse aux interactions urbanisation - paysage pour comprendre et anticiper les dynamiques du territoire en zone littorale. Depuis plusieurs décennies, les côteseuropéennes et méditerranéennes sont gagnées par l'artificialisation produite par l'économie
résidentielle et touristique. La question du rôle du paysage dans les causes de cette urbanisation, mais aussi dans sa possible régulation, se pose donc avec intérêt. Dans cecontexte, l'étude de la vue sur la mer, quintessence du paysage littoral, apparaît essentielle.
L'hypothèse de son influence sur l'urbanisation et, simultanément, celle de l'intérêt d'une
connaissance géographique de la visibilité de la mer pour aider à la gestion de l'espace côtier
est donc formulée. Pour démontrer l'effet de la vue sur mer sur l'urbanisation du littoral, la thèse propose une méthode de cartographie des espaces soumis à la vue sur mer et s'appuie sur l'étude de la relation spatiale entre visibilité de la mer et occupation du sol. Ladémonstration est réalisée sur deux territoires littoraux méditerranéens, dont le développement
territorial doit beaucoup aux données du paysage : la Côte d'Azur, en France, et la Riviera duPonant, en Italie. La démarche est menée à deux échelles et à plusieurs niveaux d'analyse de
l'espace géographique, avec les outils et les méthodes de traitement de l'information àréférence spatiale (le SIG est au coeur du dispositif). Une fois validée, elle est mise à profit
pour étayer l'idée que la connaissance de la vue sur mer peut être instaurée en outil urbanistique. Ceci consiste en une expérimentation menée en partenariat avec une commune côtière des Alpes-Maritimes. Sea views and coastal urban sprawl. Geographical and cartographical approach on theFrench Riviera and the West Ligurian Riviera
Abstract
This thesis deals with the interactions between urbanization and visual landscape, in order to understand and anticipate territorial dynamics in coastal areas. For many decades, European and Mediterranean coasts have been being subjected to urban sprawl, resulting from tourism and residential economy. The issue of visual landscape amenities as a factor of urban sprawl as well as a potential tool of regulation therefore constitutes a crucial perspective. In this context, studying sea views, a major component of coastal landscapes, seems to be a key element. Consequently, it comes to formulate the hypothesis of the sea visibility influence on urban sprawl in coastal areas and simultaneously, of the relevance of geographical knowledge of sea visibility in coastal management. In order to demonstrate the impact of sea visibility on coastal urbanized areas, this study proposes in a first time, a methodology to map coastal areas offering sea views and secondly, a spatial analysis of the interactions between sea visibility and land cover. The study focuses on two Mediterranean coastal zones, which territorial development is strongly related to landscape characteristics : the French Riviera, in Southern France, and the West Ligurian Riviera, in North-West Italy. The analysis handles two different scales and various geographical levels, using geographical information tools and methods (GIS is at the heart of the process). Once this approach validated, it is relevant to support the idea of sea visibility mapping as a tool in land planning. An experiment has been realized in collaboration with one coastal municipality of the Alpes-Maritimes province (France).4La vista del mare e l'urbanizzazione del litorale. Studio geografico e cartografico sulla
Costa Azzura e la Riviera di Ponente
Riassunto
Questa tesi tratta delle relazioni tra l'urbanizzazione e il paesaggio come lo si vede, al fine di capire ed anticipare le dinamiche territoriali nelle zone costiere. Da molti anni le coste europee e mediterranee sono sottoposte a una artificializzazione prodotta dall'economia delle costruzioni edilizie e turistica. Il ruolo del paesaggio nel processo di urbanizzazione, al pari delle possibilità della sua regolazione, appare come un punto di vista interessante. In questo quadro riveste un ruolo chiave lo studio della vista a mare, componente fondamentale del paesaggio costiero. Si parte dal presupposto che la vista a mare influenzi l'urbanizzazione del litorale e che, simmetricamente, la conoscenza geografica della visibilità del mare sia importante per la gestione dei territori costieri. Per dimostrare l'effetto della vista a mare sull'urbanizzazione della costa il nostro lavoro propone una metodologia per cartografare learee dove si può vedere il mare e, inoltre, si basa sull'analisi della relazione tra la visibilità del
mare e l'occupazione del suolo. La dimostrazione è realizzata su due territori costieri mediterranei: la Costa Azzurra in Francia, e la Riviera di Ponente in Italia. L'analisi è realizzata a due scale differenti e anche a diversi livelli di analisi dello spazio geografico, grazie agli strumenti e ai metodi dell'informazione geografica (i Sistemi InformativiGeografici -GIS- stanno al cuore del processo). Dopo la verifica della sua validità, il metodo è
utilizzato per esplorare le possibilità di sfruttare le mappe di visibilità del mare nel contesto
della pianificazione territoriale. Il lavoro è stato condotto in collaborazione con un comune del litorale degli Alpi Marittime (Francia).Mots-clés : littoral, urbanisation, paysage, analyse de visibilité, SIG, Côte d'Azur, Riviera du
Ponant
Key words : coastal areas, urbanization, landscape, viewshed analysis, GIS, French Riviera,Ligurian Riviera
Parole chiave : litorale, urbanizzazione, paesaggio, analisi di visibilità, GIS, Costa Azzurra,Riviera di Ponente
Adresse du laboratoire
ESPACE, UMR 6012
Equipe de Nice
98, boulevard Edouard Herriot
BP 3209
06204 NICE Cedex 3
http://www.umrespace.org/Contact : sml.rbt@gmail.com
5Remerciements
Mes remerciements très sincères s'adressent en premier lieu à Mme Christine Voiron- Canicio, qui m'a accordé sa confiance pour la conduite de cette recherche. Je lui suis reconnaissant d'avoir accepté de m'encadrer, alors que j'étais par ailleurs ingénieur dansson laboratoire. Son aide et son soutien au cours de cette dernière année de travail m'ont été
précieux. Mes remerciements s'adressent également aux membres du jury : Mme Mariolina Besio, Mr Louis Brigand, Mr Thierry Brossard et Mr Thierry Joliveau. C'est un honneur de penser qu'ils ont accepté de se pencher sur mon travail et c'est une grande joie d'imaginer en débattre avec eux.Pour les conseils prodigués, les travaux en commun, les opportunités d'échanger, la mise à
disposition de données, les encouragements, la relecture, les marques de confiance et les bons moments passés ensemble, mes remerciements et ma gratitude sont pour : - les collègues et amis de l'équipe de Nice de l'UMR ESPACE, toujours là ou passés ailleurs. Un merci tout particulier à Karine, Reine-Maria, Annie, Olivier, Philippe, Philippe, Jacques, Céline, Coralie, Françoise, Gilles, Giovanni et une pensée pour les doctorants qui terminent ; - l'équipe d'Avignon de l'UMR ESPACE, où je compte quelques fidèles soutiens : Guérino,Loïc, Cécile, Marie-Mad ;
- l'Université de Gênes, où j'ai pu rencontrer quelques personnes décisives pour appréhender la réalité ligure : Mariolina Besio, bien sûr, mais aussi Roberto Bobbio, Mauro Fabiano, Adriana Ghersi, Guido Paliaga, Adalberto Vallega ; - la Regione Liguria, settore Pianificazione : Corinna Artom, Gianni Gaggero ;- l'équipe de GISIG, basée à Gênes, qui a monté et animé le projet européen Eco-Imagine,
lequel m'a permis d'aller à la rencontre de problématiques littorales au Portugal, en Irlande, en Ecosse et en Italie : Giorgio Saio, Emanuele Rocatagliata, Valeria Granelli,Paola Salmona, Milva Carbonaro ;
- la Ville de Vallauris, service Aménagement-Foncier-Urbanisme, pour son aide décisive :Cécile Mengarelli, Alexandra Vallée ;
- la Ville de Nice, service Environnement, mer et littoral : Arnaud Bonnin, Lionel Astrella ; - la société ISTAR, aujourd'hui Infoterra France à Sophia-Antipolis : Sylvain Léost ; - la Communauté d'Agglomération de la Riviera Française : Muriel Bousquet, VaninaRoque ;
- mes collègues actuels à Aix-en-Provence : Sylvie, Olivier, Thomas, Jules. Une pensée pour ma famille et mes amis, bien sûr. 6Liste des sigles
AEE Agence européenne pour l'environnement
CLC CORINE land cover
CNIG Conseil national de l'information géographique CNRS Centre national de la recherche scientifique CRIGE Centre régional de l'information géographique (région PACA, France) DATAR Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionaleDIACT Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires
DPM Domaine public maritime
DTA Directive territoriale d'aménagement
ENS Espace naturel sensible
EUROSTAT Office statistique des communautés européennes GIZC Gestion intégrée de la zone côtière INSEE Institut national de la statistique et des études économiques (France)IPLI Inventaire permanent du littoral
ISTAT Istituto nazionale di statistica (Italie)
MNE Modèle numérique d'élévation
MNS Modèle numérique de surface
MNT Modèle numérique de terrain
NUTS Nomenclature of Territorial Units for StatisticsPACA Provence Alpes Côte d'Azur
PDIPR Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnéePLU Plan local d'urbanisme
POS Plan d'occupation des sols
SCOT Schéma de cohérence territoriale
SIG Système d'information géographique
SITAR Servizi informativi territoriali e ambientali regionali (région Ligurie, Italie) ZNIEFF Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique ZPPAUP Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager 7Sommaire
REMERCIEMENTS..................................................................................................................................................... 5
LISTE DES SIGLES..................................................................................................................................................... 6
SOMMAIRE............................................................................................................................................................... 7
INTRODUCTION GENERALE ......................................................................................................................... 9
PARTIE 1 - LA PROBLEMATIQUE DE L'URBANISATION ET DU DEVELOPPEMENT EQUILIBREDU LITTORAL................................................................................................................................................... 19
CHAPITRE 1 - L'ARTIFICIALISATION DES LITTORAUX EUROPEENS AU TOURNANT DE L'AN 2000, UN BREF RAPPEL.21CHAPITRE 2 - LES MOTEURS PRINCIPAUX DE L'URBANISATION COTIERE AU DEBUT DU XXIEME SIECLE............... 27
CHAPITRE 3 - LES EFFETS DE L'URBANISATION...................................................................................................... 37
CHAPITRE 4 - QUELLE ETUDE SCIENTIFIQUE DE L'URBANISATION COTIERE ? ........................................................ 49
CONCLUSION DE LA PARTIE 1................................................................................................................................ 59
PARTIE 2 - L'HYPOTHESE DE L'APPORT DE LA VUE SUR MER POUR LA COMPREHENSION ET L'ANTICIPATION DES DYNAMIQUES TERRITORIALES EN ZONE COTIERE......................... 63CHAPITRE 5 - L'ENGOUEMENT POUR LE PAYSAGE COTIER ET LA VUE SUR MER...................................................... 65
CHAPITRE 6 - COTE D'AZUR ET PONANT LIGURE : CADRE GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE...................................... 109
CONCLUSION DE LA PARTIE 2..............................................................................................................................161
PARTIE 3 - IDENTIFIER ET DELIMITER L'ESPACE LITTORAL AVEC VUE SUR MER.............. 165CHAPITRE 7 - VUES, SIG ET ANALYSE DE VISIBILITE........................................................................................... 167
CHAPITRE 8 - CONSTRUIRE DES CARTES DE VISIBILITE DE LA MER....................................................................... 191
CHAPITRE 9 - CARTES REALISEES........................................................................................................................ 233
CONCLUSION DE LA PARTIE 3...............................................................................................................................249
PARTIE 4 - LA VUE SUR MER SUR LA RIVIERA FRANCO-ITALIENNE, DE LA CONNAISSANCEA L'ACTION..................................................................................................................................................... 253
CHAPITRE 10- UNE AMENITE PAYSAGERE INEGALEMENT REPARTIE.................................................................... 255
CHAPITRE 11 - " L'EFFET VUE MER » SUR L'URBANISATION DE LA ZONE COTIERE.............................................. 291
CHAPITRE 12 - UNE EXPERIENCE DE PRISE EN COMPTE DE LA VUE SUR MER DANS LA POLITIQUE D'URBANISME D'UNE COMMUNE, VALLAURIS............................................................................................................................. 313
CONCLUSION DE LA PARTIE 4..............................................................................................................................365
CONCLUSION GENERALE.......................................................................................................................... 367
ANNEXES............................................................................................................................................................. 379
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................................................... 425
LISTE DES FIGURES.............................................................................................................................................. 447
LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................................... 450
LISTE DES PHOTOGRAPHIES.................................................................................................................................. 450
LISTE DES DOCUMENTS........................................................................................................................................ 451
LISTE DES ENCADRES........................................................................................................................................... 451
TABLE DES MATIERES.......................................................................................................................................... 453
8 9Introduction générale
" Il y a toujours une dimension d'exploration et de voyage dans le travail du géographe, même lorsqu'il se fait en chambre, ou sur le pays de résidence. On attend de lui qu'il explore un territoire et en dise la face cachée, ou mal perçue dans le chaos des informations immédiates ».Roger Brunet, 2001. Le déchiffrement du monde.
En Europe occidentale, les zones côtières constituent des espaces à la fois stratégiques et
sensibles pour la conservation, la valorisation, l'aménagement et la gestion du territoire.Soumises à de multiples pressions, les côtes sont peu à peu gagnées par l'artificialisation, dont
le moteur principal est le développement de l'économie résidentielle et touristique. Dans des
contextes variés, à partir d'agglomérations existantes ou non, des zones d'habitat et de loisirs
plus ou moins denses, très consommatrices d'espace, se développent, se rejoignent parfois, etfinissent par mettre en péril les équilibres traditionnels des territoires, tout en dégradant
souvent irrémédiablement les milieux. Identifié depuis plusieurs décennies, ce phénomène
interpelle les décideurs, les gestionnaires, les citoyens et les scientifiques (EEA, 2006 ; Gomez et Picarzo, 2006 ; Benoit et Comeau, 2005 ; DATAR, 2004). Jouant un rôle centraldans la problématique du développement équilibré du littoral, il est en effet lié à des enjeux de
natures économique, écologique, sociale et culturelle. Aussi, sa progression continue, sur presque toutes les côtes du continent, implique plus que jamais d'en analyser les ressorts. C'est dans cette perspective que s'inscrit notre recherche. L'urbanisation côtière, un objet de recherche éprouvé ?L'urbanisation du littoral
1 est l'objet d'études relativement nombreuses. Selon un schémaassez classique, celles-ci se situent sur trois créneaux principaux : la description, l'explication
et la prévision du phénomène. Comme souvent en géographie - les géographes n'ont cependant pas l'exclusivité des travaux en la matière -, ces recherches privilégient deux entrées, parfois combinées, mais le plus souvent dissociées : l'approche par l'espace et l'approche par les processus. Dans le cadre de la première, des outils de mesure et d'analyse de la progression des espaces urbanisés sont par exemple mis en place (Chen et al., 2005 ; Panizza et al., 2004 ; Voiron-Canicio, 2003 ; Weng, 2002 ; Voiron-Canicio, 1999). Ilspermettent d'établir les rythmes de développement ainsi que les " règles » de déploiement de
10la tache urbaine dans l'espace. Dans la même lignée, des travaux de modélisation spatiale
s'attachent à reproduire sur support informatique le processus d'étalement urbain et àproposer des simulations de futurs possibles, en fonction de différents scénarii (Petrov et al.,
2009 ; Voiron-Canicio, 2008 ; Voiron-Canicio, 2007). Investissant le sujet à grande échelle,
certains auteurs cherchent à mieux caractériser l'urbanisation en examinant les emprises et la localisation géographique des aménagements (Crawford, 2007 ; Meinesz, 2006). Dans une optique d'aide à la décision, d'autres développent des méthodologies de traitement de l'information géographique, par exemple pour étayer des démarches de conservation des espaces sensibles (Bourdeau et al., 2005) ou pour évaluer les possibilités de minimiser l'impact de la pression urbaine par la densification des espaces urbains déjà constitués (Pottier, 2005 ; Pottier, 1997). Relevant de la seconde approche, et s'intéressant donc auxprocessus déterminant la possibilité même de la création d'espaces urbanisés, d'autres travaux
abordent la question par le foncier et les politiques d'urbanisme. Sont ainsi mis en évidenceles mécanismes aboutissant à la constructibilité des terrains, ouvrant la porte à l'apparition de
lotissements ou encore au développement de complexes touristiques (Buhot et al., 2009). Sontexplicités aussi les processus d'élaboration des documents locaux d'urbanisme, qui défont les
protections d'hier et préparent l'urbanisation de demain (Daligaux, 2008 ; Daligaux, 2005b). Ces études, dont beaucoup s'inspirent en fait de travaux conduits sur d'autres espaces queles zones côtières, apportent indiscutablement des éléments nécessaires à la compréhension de
la dynamique de l'urbanisation. Certaines fournissent même des pistes intéressantes pour l'encadrement sinon la maîtrise de ce phénomène, attestant ainsi que les résultats de la recherche scientifique peuvent avoir une traduction opérationnelle. Néanmoins, comme toutphénomène de société, l'urbanisation du littoral demeure complexe à expliquer et a fortiori à
anticiper. Elle résulte de la combinaison de multiples facteurs, dont beaucoup présentent une grande variabilité dans l'espace et dans le temps. Par exemple, la réglementation d'urbanisme, les traditions culturelles, les régimes fiscaux, etc. sont des paramètres qui influent sur lespossibilités d'émergence de projets d'urbanisation, mais dont les données sont très difficiles à
appréhender et à faire intervenir dans des modèles de simulation du devenir des zonescôtières, à court comme à moyen termes. Par conséquent, le traitement de cette problématique
aurait-il atteint ses limites ? Les zones côtières sont-elles condamnées à s'urbaniser sans que
les scientifiques ne puissent plus apporter d'éléments utiles aux politiques publiques pour ménager des espaces ouverts, supports d'autres activités et d'autres fonctions que celle consistant à accueillir de nouveaux touristes ou de nouveaux habitants ? Nous ne le pensons pas. Nous sommes convaincus, au contraire, qu'il reste des éclairages à apporter sur lesmodalités de l'urbanisation des zones côtières. Nous pensons en effet que le littoral, espace
singulier s'il en est, n'est pas urbanisé comme le sont d'autres parties de la surface de la terre.
Les formes de sa mise en valeur - dont l'urbanisation est le marqueur le plus évident - sontliées à des caractéristiques qui lui sont propres et qui, si elles sont mises en lumière, peuvent
servir d'appui à une approche renouvelée de la gestion et de l'aménagement de l'espace. Cette
conviction fonde notre projet de recherche et nous allons la présenter. Analyser la relation entre l'urbanisation littorale et les aménités du paysage côtier En 1973, dans le premier rapport au gouvernement français sur l'état du littoral, M. Piquard faisait remarquer : " Le rivage, valeur exceptionnelle du double point de vue del'écologie et de la psychologie, se trouve soumis, en raison même de l'attirance qu'il exerce, à
une non moins exceptionnelle pression pour être partout construit. Cette constatation conduità une interrogation, présente dans l'opinion depuis quelques années, confusément d'abord,
puis d'une manière plus insistante : jusqu'où va-t-on construire sur le littoral ? Restera-t-il
11dans quelques temps encore quelque site naturel de l'espace littoral ? » (Piquard, 1973,
p. 16). Voilà trente-cinq ans, l'artificialisation du littoral était donc dénoncée très
officiellement. Dans quelle mesure la recherche sur l'urbanisation des côtes a-t-elle étéorientée par ce constat ? Comment a-t-elle interprété et intégré le facteur " attirance exercée
par le rivage » dans ses travaux ? Sans trop risquer de faire erreur, il nous semble que laréponse des scientifiques a principalement consisté à appréhender l'urbanisation à travers la
distance à la côte. En d'autres termes, les études ont été dominées par l'hypothèse très forte
que l'urbanisation est fonction de la distance au rivage, ce qui est somme toute vérifié àmaints égards. Plus une zone se situe à proximité de la mer, plus il y a de chances qu'elle soit
urbanisée ou, si ce n'est pas déjà le cas, qu'elle subisse une forte pression pour l'être. Sans
aucun doute, les recherches d'alors ont influencé l'élaboration de la doctrine juridique française en matière de conservation, d'aménagement et de mise en valeur du littoral, ce qu'atteste la loi Littoral du 3 janvier 1986. Cette dernière crée en effet la notion d'espace proche du rivage - sans la définir, nous y reviendrons - et institue une bande inconstructibleentre 0 et 100 mètres à partir de la ligne des plus hautes eaux. Par ailleurs, elle s'applique aux
seules communes riveraines de la mer et des estuaires (également à celles bordant un lacintérieur supérieur à 1000 ha). Tout ceci témoigne donc bien du fait que la proximité de la
mer est considérée comme le paramètre majeur des dynamiques de transformation de l'espace en zone côtière. Cependant, la distance au plan d'eau est-elle le seul et unique facteurdéterminant l'urbanisation ? Est-il suffisant d'appréhender " l'attirance » exercée par le rivage
par la seule proximité géographique de la mer ? Est-ce bien là ce que M. Piquard désignait ?
Son rapport n'appelait-il pas d'autres approches ? N'impliquait-il pas une autre interprétation de l'attrait exercé par le rivage ? Nous pensons que le constat fait au début des années 1970 par le rapport Piquard pointait l'intérêt d'interroger la dialectique urbanisation-paysage, pour comprendre et anticiper les dynamiques du territoire en zone littorale. En effet, au-delà de la simple proximité de la meret avant même la mise en place d'infrastructures de toutes sortes, le littoral ne possède-t-il pas
en lui-même des caractéristiques propres à induire l'urbanisation ? Plus précisément, le
paysage littoral ne serait-il pas à ce point apprécié et recherché qu'il serait à l'origine même
de l'urbanisation ? Cette piste de recherche nous apparaît comme une évidence. La sensibilité
au paysage, au cadre de vie et à l'environnement en général - qui s'est largement diffusée
dans l'ensemble de la société - favorise en effet des comportements (choix d'aménagement,d'implantation géographique, de mobilité touristique, etc.) qui, répétés, contribuent à
organiser l'espace. Ainsi, dans le cas du littoral, il est légitime de penser que l'urbanisation,qui résulte au premier chef de l'économie résidentielle et touristique, manifeste une recherche
de confort et d'agrément, ce que l'on pouvait déjà observer dans les années 1970. Il s'en suit
que la question de l'influence des caractéristiques du paysage côtier sur les modalités de cette
urbanisation (localisation, emprises, formes, etc.) se pose avec intérêt. Or nous sommes làface à un paradoxe. Alors que l'attrait du littoral par ses qualités paysagères semble évident,
l'analyse du rapport entre l'urbanisation et les aménités du paysage n'a jamais été tentée.
Notre étude se propose donc d'investiguer ce champ de recherche. L'hypothèse de l'apport d'une connaissance de la vue sur mer pour comprendre et anticiper l'urbanisationNous postulons que les aménités paysagères font partie intégrante des richesses du littoral
et qu'elles sont identifiées comme telles par la majeure partie des populations de cultureoccidentale. Les paysages contribuent à l'attractivité des territoires côtiers et sont, selon nous,
l'une des causes de leur artificialisation. Dans cette perspective, la vue sur la mer nous12apparaît comme une composante paysagère dont l'analyse est incontournable. Voir la mer
constitue en effet une expérience sensible fondamentale en région côtière, expérience dont le
goût est très largement partagé. Bénéficier de la vue sur mer est perçu comme un atout, une
chance voire un privilège ; la vue figure très probablement aux premières places du palmarès
des paysages les plus appréciés. Pourtant, cette dimension de l'affection pour le littoral et ses
effets sur l'espace demeurent relativement méconnus. S'il semble y avoir consensus sur le faitque la vue est très prisée, qu'elle impacte la valeur vénale des biens fonciers et immobiliers,
qu'elle implique des inégalités socio-spatiales et rend délicate l'action publique en matière
d'aménagement, d'urbanisme et de conservation de l'environnement, aucune analysespécifique ne lui a jamais été consacrée. Nos recherches bibliographiques témoignent en effet
de l'absence de travaux scientifiques sur ces diverses questions. Tout juste peut-on trouverdes études à travers lesquelles la vue sur mer est évoquée de manière incidente : en histoire du
tourisme et de l'urbanisme (Boyer, 2002 ; Beunard, 1999 ; Debié, 1993), en psychologie de l'environnement (Laumann et al. 2001), en droit de l'environnement (Calderaro, 2005), en philosophie (Bachelard, 1942 ; Bachelard, 1957), en géographie (Luginbülh, 1995 ; Dewailly et Flament, 1998b ; Miossec, 1998b), etc. A ce niveau, apparaît donc un second paradoxe : lavisibilité de la mer, caractéristique évidente des régions côtières, ne semble pas avoir intéressé
les géographes. Pour s'en convaincre, on peut consulter les manuels de géographie sur le littoral. Dans ces ouvrages, alors que les ressources des zones côtières sont le plus souvent exposées sur de longues pages, afin de faire ressortir la singularité de ces milieux et d'expliciter au mieux la structuration des systèmes socio-économiques qui s'y sontdéveloppés, les agréments du paysage sont tout juste évoqués pour justifier le développement
du tourisme. Si A. Miossec écrit " les régions côtières attirent d'abord par l'originalité de
leur paysage » (Miossec, op. cité), nous n'avons pas trouvé de travaux analysant spécifiquement ce paysage comme une ressource impactant la mise en valeur du littoral. Ceciconstitue à nos yeux une lacune. En effet, l'économie touristique ne s'appuie-t-elle pas sur le
paysage comme ressource recherchée par les usagers ? L'urbanisation côtière ne doit-elle rien
aux aménités du paysage et, en premier lieu, aux vues sur la mer ? Nous pensons que ces liensexistent et qu'il est possible de les mettre à jour. Nous faisons donc l'hypothèse de l'influence
de la visibilité de la mer sur l'urbanisation du littoral et, simultanément, nous affirmonsqu'une connaissance géographique de la visibilité de la mer sur le territoire côtier peut être un
atout pour anticiper l'urbanisation et aider à la gestion de l'espace.Aire d'étude
Pour conduire cette recherche, deux territoires littoraux méditerranéens, dont ledéveloppement repose essentiellement sur l'économie résidentielle et touristique, ont été
retenus comme aire d'étude. Ce sont : la Côte d'Azur, en France, et la Riviera du Ponant, en Italie (voir Figure 13, chapitre 6). Pour qui découvre ces rivages renommés, comme ce fut notre cas dès août 2000, l'ampleur de l'urbanisation ne fait aucun doute. On est frappé par l'extension du phénomène, qui lie grandes et petites villes dans un continuum urbain presqu'ininterrompu. Simultanément, le caractère spectaculaire des paysages s'impose à l'observateur. La vigueur du relief crée en effet des compositions scéniques remarquables et des conditions exceptionnelles pour l'observation du paysage, grâce notamment à unemultiplicité de dégagements visuels de grande ampleur sur la côte et sur l'arrière-pays. Pour
un observateur attentif, cette disposition du terrain semble comme exploitée par une occupation spécifique de l'espace. En d'autres termes, l'urbanisation paraît tirer parti despossibilités de voir la mer ; la côte toute entière donne l'impression d'être tournée vers elle.
En se plaçant sur le rivage à l'extrémité d'un cap, ou encore en se positionnant au large à bord
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