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Dans la Maison du Père n. 19 - Décès en 2014

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Rapport du Superieur General et Son Conseil (French)

2010. 148 Les peuples bantous : les quelque 85 millions de locuteurs des plus de 500 langues distinctes du sous-groupe bantou de la famille des langues 



La Mission de la France

FAMILLE MISSIONNAIRE DE NOTRE-DAME. LA MISSION DE LA FRANCE. Pour hâter la consécration de notre pays aux Cœurs unis de Jésus et Marie.



COTATION TITRE AUTEUR ÉDITEUR DESCRIPTION

Almanach des familles de J. B. Rolland & Fils Histoire spirituelle de la France : spiritualité du catholicisme en France ... montfortaine Messager de.



Institution et charisme dans lÉglise de 1846 à nos jours :

La victoire de la France prédite ? 275. 3. Entre surnaturel et spiritisme. 277. 3.GHIAIE DI BONATE (1944) : UN “FÁTIMA ITALIEN” OCCULTÉ ?



Tilburg University Godfried Danneels: Biographie Schelkens K

2 thg 1 2009 2010 et lourdes d'implications. Il faut ensuite attendre mars ... d'une famille catholique issue du nord de la France. Sophie.

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Université Michel de Montaigne Bordeaux 3

École Doctorale Montaigne Humanités (ED 480)

THÈSE DE DOCTORAT EN HISTOIRE MODERNE ET

CONTEMPORAINE

Institution et charisme dans

l'Église de 1846 à nos jours :

La question du jugement épiscopal sur

les apparitions mariales modernes et contemporaines

Présentée et soutenue publiquement le

14 février

2014 par

Joachim BOUFLET

Sous la direction de

Marc AGOSTINO

Membres du jury

M. Marc AGOSTINO, Professeur émérite à l'Université Michel de Montaigne

Bordeaux 3.

M. Philippe BOUTRY, Président de l'Université Paris 1

Panthéon

-Sorbonne. Mme Bernadette RIGAL-CELLARD, Professeur à l'Université Michel de Montaigne -

Bordeaux 3.

M. Christian SORREL, Professeur à l'Université Lumière Lyon 2. 2

Remerciements

Je tiens à remercier en premier lieu, pour l'accueil qu'il m'a toujours réservé et

l'inaltérable patience dont il a fait preuve au fil de ces années de travail, le professeur Marc

Agostino, mon directeur de thèse, qui a suivi avec autant d'intérêt que d'attention l'évolution

de ce travail. Je dois également - et le fais avec beaucoup de plaisir - des remerciements au professeur Philippe Boutry, qui a eu l'obligeance d'accepter, malgré ses multiples travaux et engagements, de faire partie de ce jury, ainsi qu'au professeur Christian Sorrel : que tous deux sachent ma profonde gratitude pour cet honneur qu'ils me font. Mes remerciements vont également à Bernadette Rigal-Cellard qui, non seulement m'a fait découvrir l'Université de Michel de Montaigne Bordeaux 3 - , mais encore m'a encouragé à entreprendre ce travail, puis n'a cessé d'en suivre l'évolution. Enfin, comment ne pas exprimer ma reconnaissance envers toutes les personnes proches et amies - à commencer par mes parents - qui, d'une façon ou d'une autre, m'ont

stimulé et aidé : à Pascal Soulat qui, au terme d'une maladie invalidante, m'a stimulé pour que

j'entreprenne ce travail ; à mes proches de la Familia Sacra, dont la présence discrète mais

attentive m'a constamment accompagné ; et à toutes les personnes amies qui m'ont apporté appui, conseils, écoute, encouragements. Je ne saurais omettre - et pour cause -, dans ce souvenir de tant de soutiens, les

nombreux archivistes d'aussi nombreux diocèses, en France, mais également à l'étranger, sans

lesquels ce travail n'aurait tout simplement pas été possible : qu'ils soient ici remerciés de

façon particulière, du fond du coeur, pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée, souvent avec

un enthousiasme qui m'engageait à "aller plus loin". 3 Institution et charisme dans l'Église de 1846 à nos jours : La question du jugement épiscopal sur les apparitions mariales modernes et contemporaines Le 4 novembre 1847, Mgr de Bruillard, évêque de Grenoble, institue une commission

d'enquête destinée à préparer le jugement doctrinal qu'il doit porter sur l'apparition alléguée de

la Vierge Marie à La Salette le 19 septembre 1846. S'il ne fait en cela que reprendre les règles

classiques de l'Église en matière de discernement des esprits, il innove en définissant de façon

rigoureuse le cadre canonique dans lequel doit s'exercer ce discernement, selon une procédure

calquée pour partie sur celle préconisée en matière de canonisations par le De servorum Dei

beatificatione et de beatorum canonizatione (1734-1738) de Prospero Lambertini, futur pape

Benoît XIV. Pour exemplaire que se veuille cette procédure - adoptée par un nombre croissant

d'évêques concernés par des faits d'apparitions dans leurs diocèses -, pour efficace qu'elle se

révèle, elle se heurte rapidement à divers obstacles montrant ses limites, obstacles dont les

moindres ne sont pas, au XXe siècle jusqu'au concile Vatican II, les interventions de plus en

plus fréquentes du Saint Office auprès des évêques. Après Vatican II, une plus grande latitude

sera laissée aux évêques, mais les répercussions au niveau mondial de certaines mariophanies

amèneront la Congrégation pour la doctrine de la foi à édicter en 1978 des Normes générales,

véritable feuille de route destinée aux évêques. Ces Normes seront néanmoins rendues bientôt

inapplicables à cause de l'émergence de nouveaux types de mariophanies, dont la matrice est le "phénomène Medjugorje" (1981) : qualifiée d'apparition de rupture, cette mariophanie pose, par ses implications non seulement religieuses, mais également sociétales et même

politiques, la question de la réaction de l'institution ecclésiale face à des faits et des attitudes

qui, tout en se réclamant de l'Église, prétendent se soustraire pour partie à son jugement sous

le prétexte d'une plus libre et immédiate insertion dans l'histoire actuelle des hommes, et où

l'efficacité temporelle du phénomène le dispute à son authenticité spirituelle et à sa fonction

ecclésiale, au risque de constituer le principal critère de jugement de la mariophanie.

Mots-clés : apparition, vision, mariophanie, visionnaire, stigmates, stigmatisé (e,s), évêque,

Saint Office, Congrégation pour la doctrine de la foi, commission d'enquête, jugement doctrinal, mesure pastorale, sanctuaire, pèlerinage. 4 On spiritual charisms : the role of the Church as an Institution between 1846 and today.

The question of the bishop's judgment

concerning modern and contemporary marian apparitions On the 4th of November 1847, Msgr de Bruillard, the Bishop of Grenoble, sets up a commis-sion of inquiry aimed at clearing the way for the doctrinal judgment he will have to pass on the alleged apparition of the Virgin Mary at La Salette on the 19th of September 1846. In doing so is merely applying once again the usual rules of the Church in matters pertaining to the discernment of spirits, but he actually does innovate by rigorously definiting the canonical framework within which this judgment must be exercised, following - in matters regarding the question of canonization - a procedure which, to some extent, faithfully reflected the one already favoured by the De servorum Dei beatificatione et de beatorum canonizatione (1734-1738) by Prospero Lambertini (the future pope Benedict XIV). Even though it aims to serve as a model (adopted by a growing number of bishops having to come to terms with events of apparitions in their dioceses), and however efficient it proves to be, this type of procedure soon meets with a variety of obstacles exposing its own limitations : among these obstacles one could not minimize the increasingly frequent interference of the Holy Office in its dealings with the bishops, before the Second Vatican Council. After the Council, the bishops are given more leeway, but the repercussions - on a world scale - of certain mariophanies will induce the Congregation for the Doctrine of the faith to edict in

1978 a set of general Norms, offering the bishops the guiding lines of a roadmap.

Nevertheless, these norms will soon become inapplicable, in the face of newly emerging types of mariophanies, whose primary source is the 'Medjugorje case' (1981). Because of its implications - not just religious, but political and societal as well - this mariophany has been dubbed the breaking point apparition, raising the question of how the ecclesiastical Institution should respond to facts and attitudes which, while pretending to speak in the name of the Church, claim the right to disregard part of her decisions, by using as an excuse the need for a more open-minded and a more immediate involvement in the history of mankind - as it appears nowadays ; so much so that, conflicting with the judgments on the authenticity of the case and its relevance for the Church, the claimed fruitfulness of the event runs the risk og beeing viewed as the principal criterion for a judgment on the phenomenon itself. Key-words : apparition, vision, mariophany, stigmata, stigmatist (s), bishop, Holy Office, Congregation for the doctrin of the faith, commission of inquiry, doctrinal judgment, pastoral measure, sanctuary, pilgrimage. 5 6

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTIONpage 13

PREMIÈRE PARTIE : LES MARIOPHANIES DES "TEMPS MAUVAIS" :

DE LA SALETTE (1846) À LA GRANDE GUERRE 23

CHAPITRE I : L'ÉVÉNEMENT DE LA SALETTE 29

1. MARIOPHANIES POST-RÉVOLUTIONNAIRES 30

1. La (re)construction d'une mariophanie 31

2. Le primat de la dévotion sur le signe 33

3. Le cycle visionnaire de la Médaille miraculeuse 37

2. L'APPARITION DE LA SALETTE (1846) 39

1. Une "lettre tombée du ciel" 40

2. Le traitement du cas par l'autorité ecclésiastique 44

4 La reconnaissance de l'apparition (19 septembre 1851) 47

3. DE LA SALETTE À PONTMAIN (1846-1871) 51

1. L'immédiat "après-La Salette" en France 52

2. L'accueil des mariophanies attestataires en Europe 58

3. Lourdes : un fait apparitionnel sans équivalent 62

4. Pontmain, mariophanie de "l'année terrible" 67

CHAPITRE II : LES APPARITIONS ENTRE SURNATUREL ET POLITIQUE 69

1. APPARITIONS IDENTITAIRES EN EUROPE 70

1. Mariophanies patriotiques en Alsace-Lorraine (1872-1874) 71

2. Des apparitions contre le Kulturkampf 78

3. La mariophanie de Knock 84

2. LE DÉCLIN DU MODÈLE ATTESTATAIRE 85

1. Les premières mariophanies sous la Troisième République

2. Les inconvénients d'une excessive médiatisation :

Les apparitions de Fontet 93

3. Les apparitions oubliées 95

4. Les apparitions de Tilly-sur-Seulles (1896-1906) 98

DEUXIÈME PARTIE : ENTRE OMBRES ET LUMIÈRES : DE FÁTIMA (1917) À LA CONDAMNATION DES FAITS DE BONATE (1948) 103 CHAPITRE 1 : FÁTIMA ET L'APRÈS-FÁTIMA AU PORTUGAL 111

1. FÁTIMA, UNE EXCEPTION ? 114

1. Fátima, entre église et pouvoir politique

2. L'église confrontée à Fátima 119

3. Une laborieuse reconnaissance 124

4. De Fátima I à Fátima II 130

7

2. L'APRÈS-FÁTIMA AU PORTUGAL 133

1. Fátima, sanctuaire national 134

2. Des " Fátima d'un autre genre" 138

3. Les mariophanies dans le diocèse de Porto 140

4. Les mariophanies au Portugal, une exception ? 144

CHAPITRE II : UN NOUVEAU TYPE DE MARIOPHANIES POUR UNE SPIRITUALITÉ NOUVELLE 151

1. LA MARIOPHANIE, DU SCHÉMA PASTORAL AU SCHÉMA PASSIONNAIRE 152

1. le traitement des cas mystiques : Pio da Pietrelcina et Therese Neumann 155

2. L'Italie des "sante vive" 158

3. La "sainte de Paravati" 163

2. L'ÉCLIPSE DES MATRIOPHANIES "CLASSIQUES" 167

1. Une mariophanie occultée 170

2. Une dévotion encouragée 171

3. Un culte désavoué 174

CHAPITRE III : LES MARIOPHANIES ET LA MONTÉE DES TOTALITARISMES 179

1. LA VIERGE, L'ÉVÊQUE ET L'ÉTAT : ESKIOGA (1931-1934) 180

1. La massification du phénomène apparitionnel 182

2. La politisation des apparitions : la "Virgen del Estatuto" 185

3. La pédagogie de l'évêque 189

4. L'intervention du Saint Office 193

5. Une double condamnation 197

2. UNE "ÉPIDÉMIE MENTALE" EN BELGIQUE 202

1. La prudence de l'évêque et l'arrogance des médecins 204

2. Les difficultés de l'évêque 207

3. Une "épidémie mentale" 210

4. Le traitement collégial des apparitions 214

5. La solution par le Saint Office 219

6. Le jugement global des "apparitions belges" 223

7. Les apparitions de Beauraing et Banneux reconnues 227

3. DE LA DÉNONCIATION DES IDÉOLOGIES À L'ANNONCE DE LA GUERRE ? 232

1. Les mariophanies en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale 233

2. Les "apparitions allemandes" 237

3. Une véritable "manie d'apparitions" 239

4. L'EXCEPTION DE GUARDA (BRÉSIL, 1936) 243

1. Une mariophanie de type pastoral 243

2. Les investigations des ecclésiastiques 245

3. La reconnaissance du culte 247

5. LE SCHISME DE L'ÉGLISE DE VOLTAGO 249

1. Les raisons d'un succès 249

2. Examens médicaux et enquête canonique 251

3. De la dérive sectariste au schisme 253

8

CHAPITRE IV : LA VIERGE DANS LA TOURMENTE 257

1. EN ALLEMAGNE : DES ÉVÊQUES ENTRE DISCRÉTION ET RÉPRESSION 259

1. Wigratzbad : un livre interdit pour un sanctuaire légitime 260

2. Heede : Une mariophanie étouffée par la Gestapo 261

3. Vers une reconnaissance des apparitions de Heede ? 265

4. De conflits en compromis 268

2. LA VIERGE DANS LA FRANCE EN GUERRE 272

1. La Vierge commente le conflit 272

2. La victoire de la France prédite ? 275

3. Entre surnaturel et spiritisme 277

3.GHIAIE DI BONATE (1944) : UN "FÁTIMA ITALIEN" OCCULTÉ ? 280

1. Un évêque attentif aux apparitions 282

2. Les limites du magistère épiscopal 284

3. Expertises et pseudo-expertises médicales 287

4. Institution d'une commission théologique 290

5. De la commission théologique au tribunal ecclésiastique 296

6. La conclusion du "phénomène Bonate" ? 299

7. Les apparitions de Ghiaie di Bonate aujourd'hui 303

TROISIÈME PARTIE : LES MARIOPHANIES JUSQU'AU SECOND CONCILE DE VATICAN 307 CHAPITRE I : LA VIERGE À LA CONQUÊTE DE L'ALLEMAGNE 311

1. LA FONCTION MATRICIELLE DES APPARITIONS DE FÁTIMA 313

1. L'accueil de Fátima par la piété populaire allemande 314

2. Une lecture théologique de Fátima pour l'Allemagne 316

3. Les théologiens, le peuple de Dieu et les évêques 319

2. MARIENFRIED : LA "PAIX DE MARIE" (1946) 321

1. Une révélation privée, un culte public 323

2. La réserve des autorités ecclésiastiques 324

3. Jugement définitif ou question ouverte ? 327

3. LA DOUBLE INFLUENCE DE LOURDES ET DE FÁTIMA 331

1. Mariophanies apotropéiques 333

2. Les premières grandes apparitions allemandes : Fehrbach 337

3. Mesures drastiques contre les faits de Rodalben (1951-1952) 342

4. HEROLDSBACH, LA DERNIÈRE MARIOPHANIE ALLEMANDE ? 345

1. De l'enthousiasme à la défiance 348

2. Premières mesures disciplinaires 351

3. Une parodie de Fátima 354

4. Sanctions ecclésiastiques 356

5. Une mariophanie en résistance 360

6. De la dérive sectariste à l'apaisement 363

9 CHAPITRE II : LA RECONQUÊTE MARIALE DE L'ITALIE 369

1. MARIOPHANIES POLITIQUES OU POLITISATION DES MARIOPHANIES 371

1. Une mariophanie à usage politique 372

2. La Vierge et le communiste : Tre Fontane (1947) 375

3. La Madone de toute l'Italie : Casanova Staffora 379

4. Montichiari et l'échec de la politisation des mariophanies 384

2. 1948, "L'ANNÉE DES PRODIGES" 386

1. Les apparitions" d'Assise 389

2. La mariophanie des élections : Gimigliano di Venarotta 392

4. Les évêques face à la multiplication des apparitions 395

3. L'ITALIE, NOUVELLE TERRE MARIALE 400

1. Les larmes de Marie, signe de rupture ou d'ouverture ? 401

2. Le miracle, signe insuffisant ? 405

3. De la vision privée à l'apparition publique 409

4. Apparitions oubliées ou apparitions occultées ? 412

5. L'exception de Balestrino 415

CHAPITRE III : L'UNIVERSALISATION DES MARIOPHANIES 419

1. LA FRANCE MARIALE DE L'APRÈS-GUERRE 423

1. La sanction des apparitions d'Espis 426

2. La mission de Gilles Bouhours, défi à l'autorité épiscopale ? 429

3. L'Île-Bouchard (1947), dernier fait apparitionnel en France ? 436

2. LES MARIOPHANIES,

INSTRUMENTS DE RÉAPPROPRIATION DE L'EUROPE PAR LA VIERGE 440

1. Les évêques des Pays-Bas et du Luxembourg face aux apparitions 441

2. L'épiscopat espagnol

confronté à la recrudescence des mariophanies 444

3. Eisenberg an der Raab (Autriche) : construction d'une légende 447

3. LA VIERGE DERRIÈRE LE RIDEAU DE FER 452

1. En Hongrie, un sanctuaire illicite 454

2. Le schisme des "néo-uniates" en Ukraine 455

3. La condamnation du "Lourdes tchécoslovaque" 457

4. La prudence du cardinal Wyszyński en Pologne 459

4. L'EXPANSION MONDIALE DES MARIOPHANIES 461

1. Le Brésil sous le signe de la Croix 463

2. La condamnation des apparitions de Lipa (Philippines) 468

3. Les évêques des États-Unis face aux mariophanies 473

CONCLUSION 481

10

ANNEXE : Les Normes de 1978 485

INDEX DES NOMS DE PERSONNES 489

INDEX DES NOMS DE LIEUX 507

INDEX DES VOCABLES DE LA VIERGE 519

BIBLIOGRAPHIE 521

11 12

INTRODUCTION

Événement par nature religieux relevant de la sphère du christianisme, l'apparition mariale ou mariophanie est perçue de nos jours comme un phénomène qui s'inscrit dans l'his-

toire des hommes et des sociétés. De ce fait, elle a des incidences sur divers aspects de cette

histoire et, si par son caractère invérifiable, elle échappe, pour partie du moins - en tant que

phénomène - à l'appréhension historique, ses conséquences sur le plan sociologique, culturel,

et même économique, voire politique, sont aisément mesurables. Mesurable aussi la façon

dont l'institution ecclésiale, qui a pour mission d'en discerner la nature, parvient à canaliser les

composantes de la mariophanie - de l'apparition proprement dite et du message qu'elle délivre

jusqu'à la dévotion qu'elle suscite et aux formes que celle-ci revêt -, et à les intégrer plus ou

moins harmonieusement dans sa pastorale et par là dans la vie de la communauté ecclésiale,

ou bien au contraire y échoue, suscitant en réaction l'éclosion de mouvements hétérodoxes

sinon de dérives sectaristes. Ce caractère phénoménique des mariophanies n'a été pleinement

perçu et mis en évidence qu'à partir du milieu du XIXe siècle, lorsque la sanction solennelle de

l'autorité ecclésiastique a conféré à quelque-unes d'entre elles une légitimité qui les proposait

à l'attention de l'Église universelle ; il s'est alors ajouté à la valeur de signe qu'elles revêtaient

jusqu'alors dans les mentalités, et parfois a prévalu sur elle jusqu'à éclipser progressivement le

signe initial : l'exemple classique en est le cas de Lourdes, passée très tôt du statut de lieu

d'apparitions à celui de "cité des miracles", avant que, à la faveur de la canonisation de Bernadette Soubirous en 1933, puis du développement de la mariologie au XXe siècle,

l'équilibre soit rétabli entre le signe qu'est l'apparition et le phénomène qui le traduit 1.

Les premières apparitions mariales entendues comme "manifestations sensibles [de la Mère de Dieu] attestées publiquement" 2 et documentées par des sources fiables, ne sont pas

antérieures au XIVe siècle et, pratiquement jusqu'au concile de Trente, ne font pas l'objet d'un

discernement stricto sensu ; elles sont estimées recevables dès lors que s'accomplissent des

prophéties reçues par les visionnaires et communiquées au peuple, ou/et que sont signalés des

faits insolites les accompagnant, qui impressionnent les fidèles : découverte inopinée d'une

effigie mariale, prodiges dans l'ordre de la nature (floraison ou fructification hors saison,

jaillissement d'une source), miracles de guérison - qu'ils se produisent sur le lieu même de la

mariophanie ou par la médiation d'éléments liés à l'intervention mariale (eau de la source

"miraculeuse", feuilles ou écorce de l'arbre sur lequel s'est montrée la Vierge, voire terre de

l'endroit où elle a posé ses pieds) -, phénomènes atmosphériques, etc.. Ces apparitions dont la

véracité est ainsi confirmée aux yeux du peuple de Dieu sont à l'origine d'oratoires ou de

chapelles édifiés par la ferveur populaire avec ou sans le consentement des autorités civiles et

religieuses, qui deviennent le but de pèlerinages locaux. Si la tradition orale véhicule les récits

de telles interventions surnaturelles, qui souvent s'enrichissent au fil des années, les relations

écrites en sont souvent très tardives, élaborées souvent pour expliquer, voire justifier la

dévotion et le pèlerinage, après qu'ils ont été en quelque sorte assimilés par l'institution

ecclésiastique.

1- Cf. l'essai de l'historienne anglaise Ruth HARRIS, Lourdes, body and spirit in the secular age, Allen Lane, The Penguin

Press, 1999 - traduction française : Lourdes, la grande histoire des apparitions, des pèlerinages et des guérisons, Paris,

Lattès, 2001.

2- Philippe BOUTRY, "Dévotion et apparition : le "modèle tridentin" dans les mariophanies en France à l'époque moderne". La

circulation des dévotions. Siècles. Cahiers du Centre d'histoire "Espaces et Cultures" (Clermont-Ferrand), 12, 2000/1 (p.

115-131), p. 118.

13

Le discernement par l'autorité ecclésiastique des révélation privées, dont relèvent les

apparitions mariales, est esquissé dès le IIe siècle en réaction à la parution du texte du Pasteur

d'Hermas à Rome, puis à l'éclosion de la nouvelle prophétie de Montan, née en Orient 3, qui se

diffusent dans toute la chrétienté ; il n'est toutefois codifié progressivement qu'à partir de la

fin du Moyen Âge, à l'occasion des conciles de Constance (1415-1417) et de Bâle (1431-1437),

où les pères conciliaires examinent les révélations de Brigitte de Suède, qui exercent alors une

réelle influence sur le peuple chrétien. Jean Gerson, grand chancelier de l'université de Paris,

auteur en 1401 du traité De la distinction des vraies et des fausses visions (De distinctione

verarum visionum a falsis), rédige à cet effet, en 1415, un ouvrage plus conséquent intitulé Du

discernement des esprits (De probatione spirituum) dans lequel, opposé à la validation des révélations de Brigitte, il met en garde contre les "petites bonnes femmes" (mulierculae) qui

font état de visions - il se montrera pourtant bienveillant à l'égard de Jeanne d'Arc - et établit

l'autorité de l'Église en matière de révélations privées. De son côté, le théologien dominicain

et futur cardinal Juan de Torquemada, favorable à la voyante suédoise, compose une défense de ses révélations (In defensorium eiusdem super revelationes caelestes Sanctae Brigittae de Vuatzteno). Ces écrits, traduisant des opinions divergentes, n'en proposent pas moins des

critères de discernement très proches, qui seront repris et systématisés par le cinquième

concile de Latran, puis par celui de Trente : On ne saurait exagérer l'importance de sainte Brigitte dans l'histoire des révélations. Son

oeuvre a été l'occasion des premiers exposés systématiques sur le discernement des révélations,

élaborés par Gerson et Torquemada. 4

Mais jusqu'au concile de Latran, ils n'intéressent que les théologiens qui, eux, ne

s'intéressent guère aux apparitions mariales, la gestion de celles-ci et de leurs conséquences

relevant de la pastorale locale ; en effet, l'apparition est perçue comme le signe tangible de la présence mariale rendue miraculeusement sensible aux collectivités

humaines et que l'Eglise n'a cesse, avec prudence et autorité, de transformer en dévotion communau

taire au sein de sanctuaires privilégiés inscrits dans la tradition des lieux, et de muer, s'il se peut, en

pastorale. 5 Le traitement des mariophanies du Monte Figogna, près de Gênes en Italie, ou des

Trois-Épis, dans l'Alsace alors terre d'Empire sous la juridiction du diocèse de Bâle, est à ce

titre exemplaire. Le mercredi 29 août 1487, Benedetto Pareto paît ses brebis sur les hauteurs du mont Figogna, quand la Vierge se montre à lui et lui demande d'édifier une chapelle en son honneurquotesdbs_dbs24.pdfusesText_30
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