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La Belle au bois dormant (Perrault)
1La Belle au bois dormant (Perrault)La Belle au bois dormantCharles PerraultIllustration de Gustave Dor
allrent toutes les eaux du monde, v"ux, plerinages, menues dvotions ; tout fut mis en "uvre, et rien n'y faisait.
Enfin pourtant la Reine devint grosse, et accoucha d'une fille : on fit un beau Bapt...me ; on donna pour Marraines la
petite Princesse toutes les Fes qu'on pt trouver dans le Pays (il s'en trouva sept), afin que chacune d'elles lui faisant
un don, comme c'tait la coutume des Fes en ce temps-l, la Princesse et par ce moyen toutes les perfections
imaginables.Aprs les crmonies du Bapt...me toute la compagnie revint au Palais du Roi, o il y avait un grand festin pour les
Fes. On mit devant chacune d'elles un couvert magnifique, avec un tui d'or massif, o il y avait une cuiller, une
fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacun prenait sa place table, on vit
entrer une vieille Fe qu'on n'avait point prie parce qu'il y avait plus de cinquante ans qu'elle n'tait sortie d'une
Tour et qu'on la croyait morte, ou enchante.
Le Roi lui fit donner un couvert, mais il n'y eut pas moyen de lui donner un tui d'or massif, comme aux autres, parce
que l'on n'en avait fait faire que sept pour les sept Fes. La vieille crut qu'on la mprisait, et grommela quelques
Cependant les Fes commencrent faire leurs dons la Princesse. La plus jeune lui donna pour don qu'elle serait la
La Belle au bois dormant (Perrault)
2admirable tout ce qu'elle ferait, la quatrime qu'elle danserait parfaitement bien, la cinquime qu'elle chanterait
comme un Rossignol, et la sixime qu'elle jouerait de toutes sortes d'instruments la perfection.Le rang de la vieille Fe tant venu, elle dit en branlant la t...te, encore plus de dpit que de vieillesse, que laprincesse se percerait la main d'un fuseau, et qu'elle en mourrait.
Rassurez-vous, Roi et Reine, votre fille n'en mourra pas : il est vrai que je n'ai pas assez de puissance pour dfaire
entirement ce que mon ancienne a fait. La Princesse se percera la main d'un fuseau ; mais au lieu d'en mourir, elle
tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la
rveiller. tous de filer au fuseau, ni d'avoir des fuseaux chez soi sous peine de mort.Au bout de quinze ou seize ans, le Roi et la Reine tant alls une de leurs Maisons de plaisance, il arriva que la
dans un petit galetas, o une bonne Vieille tait seule filer sa quenouille. Cette bonne femme n'avait point entendu
parler des dfenses que le Roi avait faites de filer au fuseau. Que faites-vous l, ma bonne femme ? dit la Princesse.- Je file, ma belle enfant, lui rpondit la vieille qui ne la connaissait pas.- Ha ! que cela est joli, reprit la Princesse, comment faites-vous ? Donnez-moi que je voie si j'en ferais bien autant.
Elle n'eut pas plus tt pris le fuseau, que comme elle tait fort vive, un peu tourdie, et que d'ailleurs l'Arr...t des Fes
l'ordonnait ainsi, elle s'en pera la main, et tomba vanouie.La bonne vieille, bien embarrasse, crie au secours : on vient de tous cts, on jette de l'eau au visage de la
Princesse, on la dlace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte les tempes avec de l'eau de la Reine de Hongrie ;
mais rien ne la faisait revenir.puisque les fes l'avaient dit, fit mettre la Princesse dans le plus bel appartement du Palais, sur un lit en broderie d'or
et d'argent. On et dit d'un Ange, tant elle tait belle ; car son vanouissement n'avait pas t les couleurs vives de
son teint : ses joues taient incarnates, et ses lvres comme du corail ; elle avait seulement les yeux ferms, mais on
l'entendait respirer doucement, ce qui montrait bien qu'elle n'tait pas morte.La bonne Fe qui lui avait sauv la vie, en la condamnant dormir cent ans, tait dans le Royaume de Mataquin,
douze mille lieues de l, lorsque l'accident arriva la Princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit
Nain, qui avait des bottes de sept lieues (c'tait des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule enjambe).
La Fe partit aussitt, et on la vit au bout d'une heure arriver dans un chariot tout de feu, tran par des dragons. Le
Roi lui alla prsenter la main la descente du chariot. Elle approuva tout ce qu'il avait fait ; mais comme elle tait
grandement prvoyante, elle pensa que quand la Princesse viendrait se rveiller, elle serait bien embarrasse toute
Gouvernantes, Filles d'Honneur, Femmes de Chambre, Gentilshommes, Officiers, Matres d'Htel, Cuisiniers,
Marmitons, Galopins, Gardes, Suisses, Pages, Valets de pied ; elle toucha aussi tous les chevaux qui taient dans les
auprs d'elle sur son lit.Ds qu'elle les eut touchs, ils s'endormirent tous, pour ne se rveiller qu'en m...me temps que leur Matresse, afin
d'...tre tout pr...ts la servir quand elle en aurait besoin : les broches m...mes qui taient au feu toutes pleines de perdrix
La Belle au bois dormant (Perrault)
3et de faisans s'endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment ; les Fes n'taient pas longues leur
besogne.publier des dfenses qui que ce soit d'en approcher. Ces dfenses n'taient pas ncessaires, car il crt dans un quart
d'heure tout autour du parc une si grande quantit de grands arbres et de petits, de ronces et d'pines entrelaces les
unes dans les autres, que b...te ni homme n'y aurait pu passer : en sorte qu'on ne voyait plus que le haut des Tours du
afin que la princesse, pendant qu'elle dormirait, n'et rien craindre des Curieux.Au bout de cent ans, le Fils du Roi qui rgnait alors, et qui tait d'une autre famille que la Princesse endormie, tant
all la chasse de ce ct-l, demanda ce que c'tait que ces Tours qu'il voyait au-dessus d'un grand bois fort pais ;
chacun lui rpondit selon qu'il en avait ou parler.y faisaient leur sabbat. La plus commune opinion tait qu'un Ogre y demeurait, et que l il emportait tous les enfants
qu'il pouvait attraper, pour pouvoir les manger son aise, et sans qu'on le pt suivre, ayant seul le pouvoir de se faire
un passage au travers du bois. Le Prince ne savait qu'en croire, lorsqu'un vieux Paysan prit la parole, et lui dit :Princesse, la plus belle du monde; qu'elle devait y dormir cent ans, et qu'elle serait rveille par le fils d'un Roi, qui
elle tait rserve. Le jeune Prince ce discours se sentit tout de feu ; il crut sans hsiter qu'il mettrait fin une si belle aventure ; et
pouss par l'amour et par la gloire, il rsolut de voir sur-le-champ ce qu'il en tait.A peine s'avana-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces pines s'cartrent d'eux-m...mes pour
peu, il vit que personne de ses gens ne l'avait pu suivre, parce que les arbres s'taient rapprochs ds qu'il avait t
pass.Il continua donc son chemin : un Prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra dans une grande avant-cour
o tout ce qu'il vit d'abord tait capable de le glacer de crainte : c'tait un silence affreux, l'image de la mort s'y
prsentait partout, et ce n'tait que des corps tendus d'hommes et d'animaux, qui paraissaient morts. Il reconnut
pourtant bien au nez bourgeonn et la face vermeille des Suisses qu'ils n'taient qu'endormis, et leurs tasses, o il y
avait encore quelques gouttes de vin, montraient assez qu'ils s'taient endormis en buvant.Il passe une grande cour pave de marbre, il monte l'escalier, il entre dans la salle des Gardes qui taient rangs enhaie, l'arme sur l'paule, et ronflants de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de Gentilshommes et deDames, dormant tous, les uns debout, les autres assis ; il entre dans une chambre toute dore, et il vit sur un lit, dontles rideaux taient ouverts de tous cts, le plus beau spectacle qu'il et jamais vu: une Princesse qui paraissait avoirquinze ou seize ans, et dont l'clat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin.
Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit genoux auprs d'elle. Alors comme la fin de l'enchantement
tait venue, la Princesse s'veilla ; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une premire vue ne semblait le
permettre : Est-ce vous, mon Prince ? Lui dit-elle, vous vous ...tes bien fait attendre. Le prince, charm de ces paroles, et plus encore de la manire dont elles taient dites, ne savait comment lui
tmoigner sa joie et sa reconnaissance ; il l'assura qu'il l'aimait plus que lui-m...me. Ses discours furent mal rangs, ils
en plurent davantage : peu d'loquence, beaucoup d'amour. Il tait plus embarrass qu'elle, et l'on ne doit pas s'en
tonner ; elle avait eu le temps de songer ce qu'elle aurait lui dire, car il y a apparence (l'Histoire n'en dit pourtant
rien) que la bonne fe, pendant un si long sommeil, lui avait procur le plaisir des songes agrables. Enfin il y avait
quatre heures qu'ils se parlaient, et ils ne s'taient pas encore dit la moiti des choses qu'ils avaient se dire.
La Belle au bois dormant (Perrault)
4Cependant tout le Palais s'tait rveill avec la princesse ; chacun songeait faire sa charge, et comme ils n'taient
pas tous amoureux, ils mouraient de faim ; la Dame d'honneur, presse comme les autres, s'impatienta, et dit tout
haut la Princesse que la viande tait servie.Le Prince aida la Princesse se lever ; elle tait tout habille et fort magnifiquement ; mais il se garda bien de lui
dire qu'elle tait habille comme ma grand-mre, et qu'elle avait un collet mont : elle n'en tait pas moins belle.
Ils passrent dans un Salon de miroirs, et y souprent, servis par les Officiers de la Princesse ; les Violons et les
leur tira le rideau : ils dormirent peu, la Princesse n'en avait pas grand besoin, et le Prince la quitta ds le matin pour
retourner la Ville, o son Pre devait ...tre en peine de lui.Le Prince lui dit qu'en chassant il s'tait perdu dans la for...t, et qu'il avait couch dans la hutte d'un Charbonnier, qui
lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le Roi son pre, qui tait bon homme, le crut, mais sa Mre n'en fut
pas bien persuade, et voyant qu'il allait presque tous les jours la chasse, et qu'il avait toujours une raison pour
s'excuser, quand il avait couch deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu'il n'et quelque amourette : car il
vcut avec la princesse plus de deux ans entiers, et en eut deux enfants, dont le premier, qui fut une fille, fut nomme
l'Aurore, et le second un fils, qu'on nomma le Jour, parce qu'il paraissait encore plus beau que sa s"ur.
La Reine dit plusieurs fois son fils, pour le faire s'expliquer, qu'il fallait se contenter dans la vie, mais il n'osa
qu' cause de ses grands biens ; on disait m...me tout bas la Cour qu'elle avait les inclinations des Ogres, et qu'en
voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde se retenir de se jeter sur eux ; ainsi le Prince
ne voulut jamais rien dire.Mais quand le Roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu'il se vit le matre, il dclara publiquement son
On lui fit une entre magnifique dans la Ville Capitale, o elle entra au milieu de ses deux enfants. Quelque temps
aprs, le Roi alla faire la guerre l'Empereur Cantalabutte son voisin. Il laissa la Rgence du Royaume la Reine sa
mre, et lui recommanda vivement sa femme et ses enfants: il devait ...tre la guerre tout l'Et, et ds qu'il fut parti, la
Reine-Mre envoya sa Bru et ses enfants une maison de campagne dans les bois, pour pouvoir plus aisment
assouvir son horrible envie.Elle y alla quelques jours aprs, et dit un soir son Matre d'Htel : Je veux manger demain mon dner la petite Aurore.- Ah ! Madame, dit le Matre d'Htel.
- Je le veux, dit la Reine (et elle le dit d'un ton d'Ogresse qui a envie de manger de la chair frache), et je veux la
manger la Sauce-robert. Ce pauvre homme, voyant bien qu'il ne fallait pas se jouer d'une Ogresse, prit son grand couteau, et monta la
chambre de la petite Aurore : elle avait alors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter son cou, et lui
demander du bonbon.Il se mit pleurer, le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la basse-cour couper la gorge un petit agneau, et
lui fit une si bonne sauce que sa Matresse l'assura qu'elle n'avait jamais rien mang de si bon. Il avait emport en
m...me temps la petite Aurore, et l'avait donne sa femme pour la cacher dans le logement qu'elle avait au fond de la
basse-cour.Huit jours aprs, la mchante Reine dit son Matre d'Htel : Je veux manger mon souper le petit Jour.
Il ne rpliqua pas, rsolu de la tromper comme l'autre fois ; il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit
fleuret la main, dont il faisait des armes avec un gros Singe : il n'avait pourtant que trois ans. Il le porta sa femme
La Belle au bois dormant (Perrault)
5qui le cacha avec la petite Aurore, et donna la place du petit Jour un petit chevreau fort tendre, que l'Ogresse trouva
admirablement bon.Cela avait fort bien t jusque-l, mais un soir cette mchante Reine dit au Matre d'Htel : Je veux manger la
Reine la m...me sauce que ses enfants. Ce fut alors que le pauvre matre d'htel dsespra de pouvoir encore la
tromper. La jeune Reine avait vingt ans passs, sans compter les cent ans qu'elle avait dormi : sa peau tait un peu
dure, quoique belle et blanche ; et le moyen de trouver dans la Mnagerie une b...te aussi dure que cela ?
Il prit la rsolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge la reine, et monta dans sa chambre, dans l'intention de
n'en pas faire deux fois ; il s'excitait la fureur, et entra le poignard la main dans la chambre de la jeune reine. Il
ne voulut pourtant point la surprendre, et il lui dit avec beaucoup de respect l'ordre qu'il avait reu de la Reine-Mre.
Faites votre devoir, lui dit-elle, en lui tendant le cou; excutez l'ordre qu'on vous a donn ; j'irai revoir mes enfants,
mes pauvres enfants que j'ai tant aims ; car elle les croyait morts depuis qu'on les avait enlevs sans rien lui dire.
Non, non, Madame, lui rpondit le pauvre matre d'htel tout attendri, vous ne mourrez point, et vous pourrez
revoir vos chers enfants, mais ce sera chez moi o je les ai cachs, et je tromperai encore la Reine, en lui faisant
manger une jeune biche en votre place. Il la mena aussitt sa chambre, o la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une
biche, que la Reine mangea son souper, avec le m...me apptit que si c'et t la jeune Reine. Elle tait bien
contente de sa cruaut, et elle se prparait dire au Roi, son retour, que les loups enrags avaient mang la Reine sa
femme et ses deux enfants.frache, elle entendit dans une salle basse le petit Jour qui pleurait, parce que la Reine sa mre le voulait faire
fouetter, parce qu'il avait t mchant, et elle entendit aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frre.
L'Ogresse reconnut la voix de la Reine et de ses enfants, et furieuse d'avoir t trompe, elle commande ds le
cour une grande cuve, qu'elle fit remplir de crapauds, de vipres, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la
Reine et ses enfants, le Matre d'Htel, sa femme et sa servante : elle avait donn ordre de les amener les mains lies
derrire le dos.Ils taient l, et les bourreaux se prparaient les jeter dans la cuve, Lorsque le Roi, qu'on n'attendait pas si tt, entra
dans la cour cheval ; il tait venu en poste, et demanda tout tonn ce que voulait dire cet horrible spectacle ;
personne n'osait l'en instruire, quand l'Ogresse, enrage de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-m...me la t...te la premire
dans la cuve, et fut dvore en un instant par les vilaines b...tes qu'elle y avait fait mettre.
ses enfants.MoralitAttendre quelque temps pour avoir un poux,Riche, bien fait, galant et doux,La chose est assez naturelle,Mais l'attendre cent ans, et toujours en dormant,On ne trouve plus de femelle,Qui dormit si tranquillement.La Fable semble encor vouloir nous faire entendreQue souvent de l'Hymen les agrables n"uds,Pour ...tre diffrs, n'en sont pas moins heureux,Et qu'on ne perd rien pour attendre ;
La Belle au bois dormant (Perrault)
6Mais le sexe avec tant d'ardeur,Aspire la foi conjugale,Que je n'ai pas la force ni le c"ur,De lui pr...cher cette morale.en:The Sleeping Beauty in the Woods es:La bella durmiente it:I racconti delle fate/La bella addormentata nel bosco
Sources et contributeurs de l'article
7Sources et contributeurs de l'articleLa Belle au bois dormant (Perrault) Source: http://fr.wikisource.org/w/index.php?oldid=1125142 Contributeurs: Caton, Lab, Marc, ThomasV, Zyephyrus, 3 modifications anonymesSource des images, licences et contributeursimage:Labelle6.jpg Source: http://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Fichier:Labelle6.jpg Licence: inconnu Contributeurs: AndreasPraefcke, Jibi44, Shakko, 1 modifications anonymesLicenceCreative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unportedhttp:/ / creativecommons. org/ licenses/ by-sa/ 3. 0/
Le Petit Chaperon rouge (Perrault)
1Le Petit Chaperon rouge (Perrault)Le Petit Chaperon rougeCharles PerraultIllustration de Gustave Dor
Il tait une fois une petite fille de Village, la plus jolie qufolle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l
appelait le Petit Chaperon rouge.Un jour, sa mre, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mre-grand, car on m
a dit qu elletait malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitt pour aller chez sa
mre-grand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compre le Loup, qui eut
bien envie de la manger ; mais il n elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu il est dangereux de s arr...ter " couter un Loup, lui dit : Je vais voirma Mre-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma Mre lui envoie. Demeure-t-elle bien
loin ? lui dit le Loup.Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c
est par-del" le moulin que vous voyez tout l"-bas, " la premire maison duVillage. Eh bien, dit le Loup, je veux l
aller voir aussi ; je m y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-l", etnous verrons qui plus tt y sera. Le loup se mit " courir de toute sa force par le chemin qui tait le plus court, et la
petite fille s en alla par le chemin le plus long, s amusant " cueillir des noisettes, " courir aprs des papillons, et " faire des bouquets des petites fleurs qu elle rencontrait.Le loup ne fut pas longtemps " arriver " la maison de la Mre-grand ; il heurte : Toc, toc. Qui est l" ? C
est votre fillele Petit Chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre
Le Petit Chaperon rouge (Perrault)
2 que ma Mre vous envoie. La bonne Mre-grand, qui tait dans son lit " cause qu elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dvora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu il n avait mang. Ensuite il ferma la porte, et s allacoucher dans le lit de la Mre-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps aprs vint heurter " la
porte. Toc, toc. Qui est l" ? Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup eut peur d abord, mais croyant que sa Mre-grand tait enrhume, rpondit : C est votre fille le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et unpetit pot de beurre que ma Mre vous envoie. Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la
bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte souvrit.Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : Mets la galette et le petit pot de beurresur la huche, et viens te coucher avec moi. Le Petit Chaperon rouge se dshabille, et va se mettre dans le lit, o ellefut bien tonne de voir comment sa Mre-grand tait faite en son dshabill. Elle lui dit : Ma mre-grand, que vousavez de grands bras ? Cest pour mieux tembrasser, ma fille.Ma mre-grand, que vous avez de grandes jambes ? Cest pour mieux courir, mon enfant. Ma mre-grand, que vousavez de grandes oreilles ? Cest pour mieux couter, mon enfant. Ma mre-grand, que vous avez de grands yeux ?Cest pour mieux voir, mon enfant. Ma mre-grand, que vous avez de grandes dents. Cest pour te manger. Et endisant ces mots, ce mchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.
MORALITOn voit ici que de jeunes enfants,Surtout de jeunes fillesBelles, bien faites, et gentilles,Font trs mal dcouter toute sorte de gens,Et que ce nest pas chose trange,Sil en est tant que le Loup mange.Je dis le Loup, car tous les LoupsNe sont pas de la m...me sorte ;Il en est dune humeur accorte,Sans bruit, sans fiel et sans courroux,Qui privs, complaisants et doux,Suivent les jeunes DemoisellesJusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;Mais hlas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,De tous les Loups sont les plus dangereux.en:Little Red Riding-Hood es:Caperucita roja it:I racconti delle fate/Cappuccetto Rosso
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3Sources et contributeurs de l'articleLe Petit Chaperon rouge (Perrault) Source: http://fr.wikisource.org/w/index.php?oldid=1563927 Contributeurs: Caton, Lab, Metal.lunchbox, ThomasV, Tpt, Zyephyrus, 9 modificationsanonymesSource des images, licences et contributeursimage:Dore ridinghood.jpg Source: http://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Fichier:Dore_ridinghood.jpg Licence: Public Domain Contributeurs: Jibi44, Maksim, Man vyi, Shakko, SuguriF, 2 modifications anonymesLicenceCreative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unportedhttp:/ / creativecommons. org/ licenses/ by-sa/ 3. 0/
La Barbe bleue
1 La Barbe bleueLa Barbe bleueCharles PerraultIllustration de Gustave Dor Il tait une fois un homme qui avait de belles maisons la ville et la campagne, de la vaisselle d or et d argent, desmeubles en broderies et des carrosses tout dors. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait
si laid et si terrible, qu il ntait ni femme ni fille qui ne s
enfut de devant lui.Une de ses voisines, dame de qualit, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui
laissa le choix de celle qu elle voudrait lui donner. Elles n en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l lautre, ne pouvant se rsoudre prendre un homme qui et la barbe bleue. Ce qui les dgotait encore, c
est qu il avait djpous plusieurs femmes, et qu on ne savait ce que ces femmes taient devenues.La Barbe bleue, pour faire connaissance, les mena, avec leur m"re et trois ou quatre de leurs meilleures amies et
quelques jeunes gens du voisinage, une de ses maisons de campagne, o... on demeura huit jours entiers. Ce n
taient
que promenades, que parties de chasse et de pche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point et on
trouver que le matre du logis n avait plus la barbe si bleue, et que ctait un fort honnte homme.
D"s qu
on fut de retour la ville, le mariage se conclut. Au bout d un mois, la Barbe bleue dit sa femme qu il taitoblig de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour une affaire de consquence ; qu
il la priait de se bien divertir pendant son absence ; qu elle fit venir ses bonnes amies ; qu elle les ment la campagne, si elle voulait ; que partout elle ft bonne ch"re.La Barbe bleue
2 or et d argent, qui ne sert pastous les jours ; voilcelles de mes coffres-forts o... est mon or et mon argent ; celles des cassettes o... sont mes
pierreries, et voille passe-partout de tous les appartements. Pour cette petite clef-ci, c est la clef du cabinet au bout de la grande galerie de l appartement bas : ouvrez tout, allez partout ; mais, pour ce petit cabinet, je vous dfends d y entrer, et je vous le dfends de telle sorte que s il vous arrive de l ouvrir, il n y a rien que vous ne deviez attendre de ma col"re. Elle promit d
observer exactement tout ce qui lui venait dtre ordonn, et lui, apr"s l
avoir embrasse, il monte dans son carrosse, et part pour son voyage. Les voisines et les bonnes amies n attendirent pas qu on les envoyt qurir pour aller chez la jeune marie, tant elles avaient d impatience de voir toutes les richesses de sa maison, n ayant os y venir pendant que le mari y tait, cause de sa barbe bleue, qui leur faisait peur.Les voilaussitt parcourir les chambres, les cabinets, les garde-robes, toutes plus belles et plus riches les unes que
les autres. Elles mont"rent ensuite aux garde-meubles, o... elles ne pouvaient assez admirer le nombre et la beaut des
tapisseries, des lits, des sofas, des cabinets, des guridons, des tables et des miroirs o... l on se voyait depuis les pieds jusqu la tte, et dont les bordures, les unes de glace, les autres d argent et de vermeil dor, taient les plus belles et les plus magnifiques qu on et jamais vues. Elles ne cessaient d exagrer et d envier le bonheur de leur amie, qui cependant, ne se divertissait point voir toutes ces richesses, cause de l impatience qu elle avait d aller ouvrir le cabinet de l appartement bas. Elle fut si presse de sa curiosit, que sans considrer qu il tait malhonnte de quitter sa compagnie, elle y descendit par un petit escalier drob, et avec tant de prcipitation qu elle pensa se rompre le cou deux ou trois fois.Etant arrive la porte du cabinet, elle s
y arrta quelque temps, songeant la dfense que son mari lui avait faite, et considrant qu il pourrait lui arriver malheur d avoir t dsobissante ; mais la tentation tait si forte qu elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet. Dabord elle ne vit rien, parce que les fentres taient fermes. Apr"s quelques moments, elle commena voir que
le plancher tait tout couvert de sang caill, et que dans ce sang, se miraient les corps de plusieurs femmes mortes et
attaches le long des murs : c tait toutes les femmes que la Barbe bleue avait pouses, et qu il avait gorges l une apr"s l autre. Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet, qu elle venait de retirer de la serrure, lui tomba de la main. Apr"savoir un peu repris ses sens, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta sa chambre pour se remettre un peu ;
mais elle nen pouvait venir bout, tant elle tait mue. Ayant remarqu que la clef du cabinet tait tache de sang,
elle l essuya deux ou trois fois ; mais le sang ne s en allait point : elle eut beau la laver, et mme la frotter avec du sablon et avec du gr"s, il demeura toujours du sang, car la clef tait fe, et il n fait : quand on tait le sang d un ct, il revenait de l autre. La Barbe bleue revint de son voyage d"s le soir-mme, et dit qu il avait reu des lettres, dans le chemin, qui lui avaient appris que l affaire pour laquelle il tait parti venait d tre termine son avantage. Sa femme fit tout ce qu elle put pour lui tmoigner qu elle tait ravie de son prompt retour. Le lendemain, il lui redemanda les clefs ; et elle les lui donna, mais d une main si tremblante, qu il devina sans peine tout ce qui stait pass.
D
o... vient, lui dit-il, que la clef du cabinet nLa Barbe bleue
3Vous n
en savez rien ! reprit la Barbe bleue ; je le sais bien, moi. Vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Eh
bien, madame, vous y entrerez et irez prendre votre place aupr"s des dames que vous y avez vues.
Elle se jeta aux pieds de son mari en pleurant, et en lui demandant pardon, avec toutes les marques d
un vrai repentir, de navoir pas t obissante. Elle aurait attendri un rocher, belle et afflige comme elle tait mais la Barbe bleue
avait le cur plus dur qu un rocher. Il faut mourir, madame, lui dit-il, et tout l heure.Puisqu
il faut mourir, rpondit-elle en le regardant les yeux baigns de larmes, donnez-moi un peu de temps pour
prier Dieu.Je vous donne un demi-quart d
heure, reprit la Barbe bleue ; mais pas un moment davantage. Lorsquelle fut seule, elle appela sa sur, et lui dit