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Séquence ② : dom Juan, homme baroque ?

Objet d'étude : le théâtre : texte et représentation

PROBLÉMATIQUE - Dom Juan homme baroque

Dom Juan est un personnage d'une pièce parue en 1665, c'est-à-dire en plein classicisme (goût de l'ordre,

de la mesure, de la symétrie). Pourtant il appartient à la mentalité du début du XVII° siècle, cette époque

d'instabilité due aux troubles politiques intérieurs (la Fronde de 1648 à 1653) et extérieurs (guerre de

Trente Ans pour des raisons essentiellement religieuses).

Dom Juan homme de l'excès

1)Le thème du mouvement

L'homme baroque est attiré par tout ce qui bouge. Pour lui, tout vit, et donc tout bouge, et la vie c'est le

mouvement. Donc l'arrêt du mouvement signifie la mort.

C'est ainsi que Dom Juan conçoit ses conquêtes féminines : pour lui, "le beau de la passion" est dans la

recherche du coeur de la dame, mais dès qu'il le possède, il ne se passe plus rien d'intéressant.

Dom Juan parle même de "s'ensevelir" dans une passion, de "mourir" dès sa jeunesse lorsque l'on reste

fidèle à une même femme. Ce thème de la mort deviendra évident à la fin de la pièce lorsque Dom Juan

sera arrêté dans son élan par la statue ("donnez-moi la main, Dom Juan"). Dès lors il ne peut plus que

mourir.

2) Le thème de la liberté

L'homme baroque ne se sent pas soumis à une fatalité, un destin fixé d'avance (puisque rien n'est figé) :

- C'est un homme à l'esprit rationnel ("je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle") et qui refusera

jusqu'au bout ("si le Ciel veut me donner un avis, il faudra qu'il me le dise un peu plus clairement"), jusque

devant les preuves les plus évidentes (il cherchera une explication rationnelle à la présence du spectre),

d'admettre qu'il puisse exister une puissance au-dessus de lui, alors qu'il se veut un homme libre et maître

de ses choix.

- C'est un homme d'action, qui a confiance en lui : ainsi il se précipite au secours d'un homme attaqué par

plusieurs autres, sans se poser de questions.

Il se rend disponible aux chances que lui offre le hasard, il saisit chaque occasion : il veut goûter à tout et

est toujours prêt à une expérience nouvelle (à peine rescapé d'un naufrage, il se met à courtiser la première

femme qui se présente). Rien n'est trop grand pour lui, il se sent un appétit à avaler l'univers (cf sa

comparaison avec Alexandre le Grand, et son désir qu'il y ait d'autres mondes pour qu'il puisse y étendre

ses conquêtes amoureuses)

3) Le thème des apparences trompeuses

Comme il n'y a pas d'absolu, ce qui compte, ce n'est pas ce qui est (on ne peut jamais savoir), mais ce qui

paraît être :

D'où le goût pour le mensonge et le déguisement. C'est ainsi que Dom Juan va devoir revêtir un habit de

campagne, c'est-à-dire un vêtement plus simple que ceux qu'il porte habituellement, pour échapper aux

douze hommes qui le recherchent.

Mais son goût des apparences se voit surtout dans la grande comédie de l'amour qu'il joue à toutes les

femmes qu'il rencontre : les ardentes déclarations, les serments, les promesses, sont celles d'un

personnage en apparence amoureux, et qui joue d'ailleurs son rôle à fond, comme s'il se prenait au jeu,

comme si le fait de dire les choses les faisait exister.

De plus, Dom Juan va s'essayer à l'hypocrisie, puisque c'est semble-t-il le meilleur moyen de continuer à

faire ce qui lui plaît sans attirer l'attention (en effet le danger se rapproche : mécontentement de ses beaux-

frères, reproches de son père, sa maison est littéralement assiégée par tous ceux qui lui demandent des

comptes)

4) Le thème de l'excès, de la surcharge

L'homme baroque est toujours dans le spectaculaire, l'excès, voire la démesure. - Démesure dans l'envie de conquête de Dom Juan, véritable monomanie

- Démesure dans les défis de Dom Juan envers Dieu ("il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois

capable de me repentir") ou envers la statue (provocation du "la voilà" lorsque la statue lui demande de lui

donner la main).quotesdbs_dbs2.pdfusesText_2