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Masarykova univerzita
Filozofická fakulta
FrancouzskÞ jazyk a literatura
Markéta Košařová
L"esprit animal dans l"oeuvre
de Jean GionoMagisterská diplomová práce
Vedoucí práce: PhDr. Petr Dytrt, Ph.D.
2011Prohlašuji, Že jsem diplomovou práci vypracovala samostatně s vyuŽitím uvedenÞch
pramenů a literatury. RovněŽ prohlašuji, Že elektronická verze této práce zcela odpovídá
verzi tištěné. Na tomto místě bych ráda poděkovala vedoucímu práce, PhDr. Petru Dytrtovi, Ph. D,za podporu při vÞběru tématu, doporučení vhodné sekundární literatury, zajímavé návrhy
ke koncepci práce a ochotnou pomoc v průběhu jejího psaní. Dále bych chtěla poděkovat
členům Centre de Jean Giono, v čele s Fleur Dezaly, která mi pomohla s dohledánímliterárních pramenů. TéŽ bych chtěla zdůraznit přínos rozhovorů s francouzskÞmi specialisty
na problematiku Gionova díla, Jacques Mény, JeanMarcesse a ostatními členy Les Amis de
Jean Giono, kteří mi věnovali svůj čas při návštěvě v Manosque. Dále bych chtěla zmínit
osobní přístup Jean-Louis Carribou, kterÞ mi velmi pomohl při zorganizování průzkumu
v terénu, dle jeho knihy Balades Littéraires A la rencontre de Jean Giono. Speciálnípoděkování bych chtěla věnovat Sylvie Giono za přijetí v domě jejího otce.
Table des matières
Abréviations utilisées ...............................................................................................................5
I. Oeuvre de Jean Giono..........................................................................................................6
1. 1. Présentation de l'auteur..............................................................................................6
1. 2. Résumé de la Trilogie de Pan.....................................................................................7
II. Esprit animal .....................................................................................................................10
2. 1. Être animal ...............................................................................................................11
2. 2. Être spirituel.............................................................................................................12
III. Corresopondance entre l"animalité et la spiritualité...................................................13
3. 1. Prélude de Pan .........................................................................................................17
3. 2. Présentation de Pan .................................................................................................22
IV. La symbolique spatiale et temporelle.............................................................................26
4. 1.Le pélérinage des éléments naturels..........................................................................31
4. 2. L"univers du silence et du rythme naturel................................................................39
V. L"analyse de la Trilogie de Pan........................................................................................44
5. 1. La terreur panique de la Colline...............................................................................44
5. 2. La musique d"Un de Baumugnes .............................................................................57
5. 3. Regain d"Adam et d'Eve..........................................................................................72
V. Conclusion..........................................................................................................................83
VI. Bibliografie
Abréviations utilisées
C Colline, Paris, Bernard Grasset, 1929.
UB Un de Baumugnes, Paris, Bernard Grasset, 1929.R Regain, Paris, Bernard Grasset, 1930.
1. OEUVRE DE JEAN GIONO Pour situer l"écriture de Jean Giono dans le contexte littéraire du XX
e siècle, on tient à le présenter dans quelques phrases de même que ses quatre romans choisis pour l"analyse approfondie qui suit.1.1 Présentation de l"auteur
Jean Giono est né le 30 mars 1900 à Manosque. Il était fils d"Antoine-Jean Giono un cordonnier et de Pauline Giono, la blanchisseuse. Tous les deux occupent une placeimportante dans le dévéloppement de son esprit poètique. Giono a passé son enfance dans la
pauvreté qui lui a facilité la voie vers la rêverie enfentine la plus profonde. L"univers de son
imagination a commencé à fleurir grâce aux moments où il s"est assis au coins du feu en écoutant son vieux père raconter des histoires ou lire la Bible. Chaque objet qui l"entoureréveille dans lui des sensations qui dépassent forcément la réalité ordinaire, " il s"accroche à
tout, déjà il jouit de tout, il est le perpétuel émerveillé. »1 Il vit alors toute sa jeunesse entre
l"atelier magique de son père et la chambre à repasser de sa mère. Il est déjà capable de créer
tout à partir de rien, " inconsciemment ascétique [...] parvient à une sort d"ivresse dans le
vide, de plénitude sans aucune prise, d"éclatante richesse sans possesion. »2 Le collège une
fois terminé, il se prépare aux études de sciences-langues, mais finalement il décide qu"il est
temps de rendre à ses parents tout ce qu"ils ont lui offert. Il passe seize ans au Comptoir National d"Escompte de Manosque où il " prend goût au racinage[...]qui permet le plus libre vagabondage de l"imagination. »3 Avant d"enraciner pour toujours dans son bureau d"écrivain,
il monte régulièrement, vers les hauts pays pour observer " cette joie, possible dans la vie des
paysans pauvres grâce à l"absence totale des fausses richesses. » 4Sa carrière littéraire est généralement divisée en deux parties où la Libération
représente la coupure. Pourtant, Giono le ressent plutôt qu"un dévéloppement de son don créateur et de son avis sur le monde. Il poursuit le même chemin, mais le paysage change," reconnait l"évolution d"une certaine dose d"illusions à la lucidité, de la nature à l"étude de
l"homme, du lyrisme à la psychologie, [...] singulièrement renforcée et précipité par les
événements. »
5 Son style est devenu pur mais la force de ses premiers romans s"y ressent.
Њ Audine CHONEZ, Giono par lui-même, Seuil, Paris, 1959, p. 30.Ћ Ibid., p. 31.
Ќ Ibid., p. 32.
Ѝ Ibid., p. 103.
Ў Ibid., p. 108.
1.1 Résumé des romans analysés
Colline
L"histoire commence avec l"arrivée du chat noir au hameau au dessus de la colline. Le chat noir fait peur à tous les habitants. Ils ne sont pas très nombreux, il n'y a que quelquesfamilles dispersées sur la pente montagneuse. Ce petit village, isolé du reste du monde, vit sa
propre vie. Le chat est déjà arrivé, depuis quelques années, et a amené de nombreux soucis. Il
y avait aussi des morts et des suicides. Le gens attendent alors avec l"horreur ce qui pourrait arriver cette fois-ci. Un jour, ils s'aperçoivent que la fontaine ne coule plus. Ils sont alorsobligés d"aller chercher de l"eau plus loin dans la montagne au village abandonné à cause du
choléra. Les gens recommencent à espérer qu'avec la découverte d"une nouvelle source il n'y
aura plus de catastrophes à cause du chat. Pourtant la peur et la nervosité ne les quittent pas.
Jaume, qui s"est mis à la tête du hameau pour résoudre ce problème, cherche à connaître
comment se rassurer pour que tout le mal soit définitivement fini. Il va voir Janet, le vieux malade qui attend la mort, immobile sur son lit. Celui-ci n"a pas trop envie d"aider les autres. Il lui explique que ce qui s'est mis à embrouiller l"ordre habituel de la vie est un personnage supraterrestre. C"est une grande force de la nature. Pourpouvoir continuer la vie tranquille il faudra comprendre que la nature est supérieure aux
hommes. Ce message trouble Jaume encore plus. Dès lors, en regardant des arbres et des animaux, il voit cette force puissante. C"est toute la colline qui lui fait peur. Mais tout à coup vient un changement de son point de vue. Il ne voit la nature ni bonne ni puissante mais tout simplement méchante et Janet la dirige. C"est lui le patron dumal qui leur parle du mystère de la terre. Janet sait résoudre l"énigme, mais il n"a pas l"intérêt
à les aider. Jaume renforce son opinion à l"arrivée du gros incendie qui court vers leur
hameau. Ils arrivent à chasser l"incendie de la proximité de leurs maisons, ce qui les rend de nouveau sûres d'eux-même. Jaume sent pourtant la haine et la méfiance envers la Colline etsurtout à l"égard de Janet. Il se décide à tuer Janet pour terminer tout le mal. Avant de pouvoir
le faire, Janet meurt tout seul. Au même moment l"eau de la fontaine rejaillit.Regain
Plusieurs sorts sont mélangés dans cette histoire. Cette fois-ci Giono regarde le mondeen sa largeur. Il se déplace dans l'espace montagnard pour pouvoir s"orienter à la fin, à un
seul endroit choisi. Plusieurs événements s"interpénètrent pour acquérir le but commun. Le
regain est retrouvé à un endroit isolé, où se relient les vies de deux personnes qui ont,
auparavant, vit chacun sa propre mission. Le livre est divisé en deux parties. La première montre plusieurs personnes et leur mode de vie et dans la deuxième deux personnes choisiesrenaissent ensemble dans une harmonie nouvelle. Regain représente donc la volonté de
changer suivante par la restauration de la vie. Le vent épouse le feu dans l"orage qui secoue le monde habituel afin de découvrir la vraie richesse de la vie. Nous nous concentrons dans notre analyse surtout sur deux personnages principaux,ceux dont la vie s"unit dans la seconde partie du livre. Il n'y avait que trois habitants à
Aubignane. Le plus vieux parmi eux s"en va pour s"instaler chez son fils. Mamèche, la
dernière femme du hameau, décide de trouver une femme à Panturle qui est devenu solitaire après la mort de sa mère. Entretemps Arsule, une jeune comédienne ratée, est exploitée par le vieillardGédémus. Elle traîne son chariot, parce que c"est moins cher que d"acheter un âne. Il l"a prise
avec lui après que son compagnon l"avait failli tuée et les autres l"ont bourée et violée. Elle
est donc passée d"un esclavage à l"autre. Pendant quatre ans au service chez Gédémus, elle ne
vit plus sa propre vie. Pourtant elle se sent toujours être femme, jeune et belle. Avec le printemps, tout les éléments naturels s"allient pour provoquer la renaissancetotale. Mamèche croise la route habituelle de Gédémus pour le provoquer à changer la
direction habituelle de sa traversée du plateau. Arsule et Gédémus arrivent ainsi jusqu"à la
maison de Panturle. Mamèche meurt dans la montagne, mais avant, elle envoie à Panturle la femme promise. Arsule se sépare d"avec Gédémus pour vivre avec Panturle. Les amoureaux ramènent la vie au village abandonné, ils recommencent à cultiver des champs, s"occuper de la maison et créer ensemble la nouvelle vie.Un de Baumugnes
A l"occassion des foisons d"été, beaucoup d"hommes descende dans la plaine pour gagner quelques sous. Ils contemplent leur vie en buvant le soir, pour apaiser leur fatigue et leur soucis. Lors d"une soirée pareille, Amédée remarque qu"un jeune homme regarde sonverre d"un regarde clair mais triste. Il s"assoit auprès de lui et il le fait parler en buvant. Il
apprend qu"il s'appelle Albin, un de Baumugnes. Albin aime beaucoup son pays et il y revient une fois la moison finie. Pourtant, il y a quelque chose dans l"air qui est lourd et le rend triste. La raison de son malheur est la femme. Angèle dont l"amour l'a échappé parce qu'elle estpartie avec Louis, un sale type de Marseille. Il y pense toujours et il s"inquiète pour elle, parce
que Louis avait de mauvaises idées avec elle. Amédée sent que si cette chose n'est pas claire,
Albin ne pourrait jamais acquérir le bonheur dans sa vie. Il lui propose de visiter le Douloire, la maison paternelle d"Angèle pour apprendre ce qui lui est arrivé. Albin est d"accord. Amédée arrive au Douloire et il y retrouve un père et une mère ainsi que leur servant, tous tristes. Il n"arrive pas, pendant de longues semaines, à retrouver des traces qui pourraient affirmer ou nier la présence d"Angèle. Avec le temps il sent qu"il y vit, dans les murs du Douloire, encore quelqu"un. Il découvre avec horreur qu'Angèle est enfermée dans la caveavec son petit bébé. Monsieur Pancrace, le bébé né hors du mariage est la vraie raison du
malheur au Douloire et de la honte paternelle. Tout de suite il en informe Albin, qui devientfou de joie qu"elle "est", peu importe qu"elle a un bébé qui n"est pas le sien (et dont le père est
impossible à définir à cause du métier auquel elle était forcée).Albin est choqué qu"elle soit enfermée et il décide de la libérer à force de la musique,
l'arme la plus puissante de gens de Baumugnes. Il arrive au Douloire en jouant de l'harmonica des chansons touchantes. Cette musique bouleverse le coeur du Deuil. Il arrive à sortir Angèle des enfers. Amédée, Albin, Angèle et Monsieur Pancrace s"en vont vers la liberté. Pourtant, tous sentent que cela ne peut pas finir ainsi et font le demi-tour vers lebonheur infini. Le Douloire revit avec les cris heureuex des petits enfants d"Angèle et
d"Albin. L"eau de la Durance chante et Amédée, comblé de la joie continue son chemin.2. ESPRIT ANIMAL
A côté de l"arbre et de la bête, Giono peint l"homme des régions âpres et stériles, isolé, luttant chaque jour pour vivre, nullement privilégié vis-à-vis des animaux et des pierres, nullement roi de la création, soumis à des signes qui le dépasses. Cet homme bâti comme les autres est plus grand et plus heureux dans la mesure où il accepte et magnifie ces signes et, consciemment ou non, les interprète; dans la mesure où il communique avec la nature [...] il est grand s"il se laisse envoûter par la grandeur qui l"entoure et le sollicite, s"il devient tout spontanément le paysan-poète. 6Dans le présent travail on va s´intéresser à la notion d"animalité et de spiritualité et
analyser la place qu"elles occupent dans l"écriture gionienne. Nous avons opté pour la trilogie
Présence de Pan qui comprend Colline, Regain et Un de Baumugnes qui représente le débutde la carrière littéraire de Jean Giono. Son esprit est, dans ces romans-là, visiblement lié avec
la nature qui est présente autour de lui et dans lui-même. L"écrivain traite le sens de la vie
caché dans la nature des symboles : " les orages, le vent, la pluie [...] je n"en jouis plus
comme un homme, mais je suis l"orage, le vent, la pluie. »7 Jean Giono commence par
imaginer le monde tel qu"il le ressentait. Ses premiers livres sont pleins des gestes élémentaires de la nature, symbolisés dansla personnage de dieu de Pan. L"animalité ainsi que la spiritualité sont représentés à travers
quatre éléments naturels créant ensemble la dynamique panique. Ils sont compris dans l'art de
vivre formulé par Jean Giono ainsi qu'au coeur de sa pensée panique. Les deux notions
principales, l"animalité et la spiritualité, avec les quatre éléments naturels: feu, eau, air et
terre, créent l'unité naturelle. Sa créativité produit un monde de symboles qui sont interprétés
grâce aux méchanismes de l'imagination gionienne. Dans ce travail, nous allons essayer de retourner l"avis général qui oppose l"animalité et la spiritualité de l"homme et de proposer donc une conception différente. Celle qui ne niepas l"homme en sa totalité, mais met en relief toutes ses qualités naturelles : de son animalité
ainsi que de sa spiritualité. Giono voit la vraie richesse dans la vie de l'homme qui se réalise en surmontant sespossibilités limitées: approfondie ses dispositions animales et spirituelles pour fusioner avec
la nature pure dans un cosmos panique. Chaque fois qu"on abordera la notion d"animalité, ontouchera aussi celle de spiritualité. Ce n"est qu"à travers de l"animalité qu"on aquiert la
spiritualité.А Ibid., p. 45.
2.1 Être animal
La nature doit devenir un art, et l"art une seconde nature. Dans l"art, la nature est ramenée au monde de l"esprit. 8Avant de commencer à dévélopper notre analyse, il faudra d"abord définir de l'animalité
et de la spiritualité qui nous servira du point de départ pour le développement de ce travail.
Nous abordons donc cette partie en envisageant la notion de l" " esprit animal » qui sera
divisée en deux parties: l"esprit et l"animal.Autour de la définition de ce qu"est un " animal » ont été menés, toute au long de
l"histoire de la planète, des disputes compliquées. Citons par exemple la philosophie de Jean Jacques Rousseau, Charles Darwin ou René Descartes. Hommes de sciences, hommes de lettres, hommes de clergé ne se sont jamais mis d"accord sur ce point. Nous proposons une des définitions possibles qui pourrait expliquer ce que c"est un être animal. " Animal est être vivant capable de mouvoir, se nourissant [...], dépourvu de langage. [La nature] animal[e] est propre à animal [par opposition à l"homme]. » 9 Nous pourrions être absolument d"accord avec cette définition si nous considérions l"homme comme appartenant à tout les espèces animales. " L"animalité est un ensemble des caractères propres à l"animal »10 seulement au cas au la notion de l"animal est comprise aussi,
d"une partie, dans un être humain. L"homme commence sa vie en produisant des cris divers, ce n"est qu"après qu"il semanifeste à l"aide de la parole et aborde le niveau pure de sa réalisation créatrice. L"animal
aquiert son esprit par son art de vivre. Les hommes ne pourrient ni survivre ni dévéloper leur identité spirituelle, sans leur essence animale. L"homme doit prendre pour le point de départ sa base animale, située au coeur de la roue panique de l"univers cosmique. La vie humaine ne serait pas restée précieuse si sonanimalité naturelle avait été omise. Ce qui fait supposer que l"appelation de la vie humaine
nie en soi des qualités animales. Nous allons tenter de répondre, dans le présent travail, à une
question clé qui dévoile la vraie substance de la vie humaine: Jusqu"à quelle mesure
influencent les qualités animales la vie spirituelle ?9Le Petit Larousse. Paris, Larousse, 2006, p. 90.
ЊЉIbid., p. 92.
2.2 Être spirutel
" On ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu"il y en a dans le monde.Ce qu"il faudrait, c"est le mettre à sa place,
ne pas le faire le centre de tout. » 11 L"animal qui posséde de l"esprit " principe immatériel vital, substance incorporelle,âme, principe de la pensée » était nomé Homme, " une personne considérée sur le plan de son
activité intelectuelle » 12. Continuons en explorant cet animal qui est appelé Homme. Il porte certaines qualitésqui lui sont propres. C"est-à-dire créativité, sensibilité ou réflexion mais surtout la spiritualité
qui prétend n"être captée que par des êtres humains et cela sans aucune exception. L"esprit,
c'est quelque chose de plus. Cet intérieur intouchable occupe pourtant qu"une partie de
l"existence humaine. " L'homme est être humain considéré par rapport à son espèce ou aux autres genresanimales; mammifière de l"ordre des primates, à locomotion bipède, doté de mains
préhensiles, d"une langue articulée et d"un cerveau volumineux doué de la pensée abstraite, et
vivant en sociétés structurées." 13 Notre tâche première est de considérer l"homme comme un être naturel qui est doté decertains privilèges à l'ègard des autres espèces animales. Il ne faut accentuer ni sa base
animale ni son fond spirituel. L"animalité ainsi que la spiritualité créent également la
substance humaine et sont importantes de la même manière dans la vie humaine. L"homme en sa totalité doit être en équilibre et ceci en gardant de l'harmonie entre cesdeux parties essentielles, son animalité et sa spiritualité. Le développement de l"esprit animal
est basé sur le mouvement de la réciprocité, parce que l'animalité et la spiritualité sont en
contact perpétuel. La nature humaine tente de garder l'harmonie entre ses parties essentielles et d'accéder à son esprit animal.ЊЊ Audine CHONEZ, op.cit, p. 111.
ЊЋ Le Petit Larousse., op.cit, p. 430.
ЊЌ Ibid., p. 550.
3. CORRESPONDANCE DE L"ANIMALITE ET DE LA SPIRITUALITE
L"écriture aussi est une acrobatie.
Elle brouille le champ des signes.
Elle déploie le réel comme une immense métaphore. Elle spiritualise la nature en la recueillant dans l"ordre du discours. 14 Dans cette partie on se donne pour le but principal d"expliquer pourquoi un homme peutévoluer à travers son animalité vers une autre spiritualité. Comment peut-on concevoir ces
deux notions comprises dans l"oeuvre de Jean Giono. Quels mots emploie-t-il pour exprimer ce mouvement de l"âme et du corps?Nous allons donc examiner la démarche créatrice de Jean Giono dans la période où était
née sa Trilogie: Colline, Un de Baumugnes et Regain, regroupés sur le nom de Pan. Celle-ciétait accompagnée de deux brefs récits, Prélude de Pan et Présentation de Pan, dont nous
allons nous servir, dans ce chapitre, comme d"une source de son ispiration et de sa visée principale de l"époque. Nous allons analyser des images clés de son Prélude panique, pour comprendre l"emploides métaphores dans son oeuvre. La Présentation de Pan nous aide à déchiffrer ces
métaphores du point de vue global de sa visée de l"écrivain. " Or, pour s"échapper, il suffit de faire un pas en dehors de la ligne droite : ″ à un centimètre à côté du passage prévu on peut continuer à vivre ″ [...] l"esthétique est cettedésertion [...] Giono fait son propre portrait d"écrivain déserteur, qui recueille dans [...]
l"oeuvre la beauté menacée du monde. La scission esthétique entre le Moi et le monde socialest résumée dans la figure [...], qui se tient à l"écart de la ligne droite, et habite son propre
univers courbe et profond. » 15Les humains qui entreprennent la montée de l"animalité jusqu"à la spiritualité se perdent
souvent quelques pas avant l"objectif désiré, ils ont pris leur " désir pour une réalité ; [ils ont]
imaginé que tout venait et rien ne venait. »16 Le parcours gionien peut apparaître comme très
positif, simple ou naïf mais les romans de Giono donnent la preuve que la tentative de changer15 Jean-François DURARD, " Le portrait de l"écrivain entre Virgile et Machiavel ». In Giono autrement, Aix-en-
Provence, PUP, 1996, p. 107.
1988, p. 785.
la vie, ne l´est jamais. Le danger des pèlerins qui mènent leur pas vers la naturalité de leur
âme y est mise en évidence. " Il n"y a pas de joie [...] reste en nous comme une blessure le sens de l"énorme tristesse de la vie. C"est que le monde de Giono n"est tout de même pas, etcela dès le début, le meilleur des mondes, ni l"âge d"or ou l"idylle à perpétuité. Une vision
lucide de la destruction, de la solitude, de la cruauté, suppose pas mal de courage pour être surmonté - et parfois c"est elle qui domine. » 17Notre idée première, qui proclame la possibilité d"accéder à la spiritualité à l"aide de
l"animalité, reste clé au cours de tout ce travail. Pourtant, en donnant des exemples de
l"oeuvre de Jean Giono nous verrons bien, que ce parcours n"est jamais à cent pour cent sûr." Le sens de la solitude, le refus de l"illusion et la dureté, n"étaient pas absents de volumes
que certains [...] jugent [...] prolixes, naïfs et optimistes. C"est la loi de la vie que rien ne soit
stable et achevé : les premiers livres montrent des victoires - mais peut-être provisoires. »
18 Ce qui ne change pourtant pas notre thèse proposée. Giono emploie, dans le Serpent des étoiles, l"image de la lyre de pin. Cet arbre nepousse pas de façon ordinaire, parce qu"il perd son torse pricipal qui se divise en deux. Il reste
pourtant bien enraciné dans la terre, haussant ces deux branches vers le ciel. Il y a l"espace vide au milieu de ces deux branches. L"espace qui est remplit du silence, de l"air, du vent etde la musique. C"est l"espace éphémère où l"enracinage animal est surmonté en créant la
musique des sphères. L"image de l"homme qui a renoncé à sa rationalité étroite, qui a perdu le
torse principal dominé par sa tête, est nette. Un arbre, personnage privilégié de Giono, est
comme un animal qui n'a que ses pattes et son coeur. Les animaux touchent la terre, ils sont en contact étroit avec elle. Ils observent le monde d'un autre point de vue que les humains.Tout au long de la vie, chaque jour est une preuve de leur substance terrestre, naturelle,
animale. Sans pouvoir sentir des odeurs de la terre, ils auraient perdu la carte du monde selon laquelle s"orientent dans la vie. Un espace important est réservé aux odeurs dans les romans de Jean Giono. Le contact direct avec la terre, c"est le plus grand avantage d"un être " animal ». Pour mettre en correspondance la vision animale et humaine il faut examiner de près les hommes àla locomotion bipède: le contact de l"homme avec la terre est limité. De plus, c"est la tête qui
mène, pas l"ensemble du corps. La tête s'elève trop haut de la surface de la terre et crée ainsi
ЊА Audine CHONEZ, op. cit, p. 93.
ЊБ Ibid., p. 107.
la vue purement humaine sur le monde. " Je ne savais pas que c"était beau. D"un coup, il m"a semblé que j"avais changé de pays. Vous n"avez jamais regardé avec votre tête entre les jambes? [...] J"ai vu toutes les choses avec une autre allure. [...] Je ne sais même pas si ça existait avant [...] on invente. » 19 Les hommes ne regardent pas le monde de la même façon que les animaux. Le contact comme tel varie dans toutes les formes variées. Toucher, écouter, entendre, sentir, regarder, tous ces mouvements s"excercent dans les deux directions, mais les gens ne reçoivent pasautant de la nature que les animaux. Ils ne s"ouvrent pas mais restent enfermés dans les
cellules de leur corps. " Le monde est large [...] pour ceux qui, en plus de la terre, ont encore tous les nuages à escalader. » 20Le bébé qui découvre le monde sur ses quatre pattes le regarde de la perspective
animale. " L"espace [...] n"est ni homogène, ni rationnel. [...] Les Moi qui l"habitent sontessentiellement passionnels et métaphoriques : ils portent des mondes en eux [...] , sont
ouverts en direction des sommets [...] ces lignes de fuite creusent les perspectives del"univers, aussi bien que la profondeur de subjectivité souveraines. [...] Ainsi, l"artiste
s"efforce de reconstituer la souveraineté esthétique de l"enfance. » 21L"artiste " habite la plénitude de son désir enfantin [...] en ces sens, il vit spontanément [...] un regard subjectif, qui saisit le monde comme pure représentation. » 22 Il
apprécie tout ce qui se trouve dans son espace qui gagne ainsi à son volume. Giono n"accepte pas le monde adulte et sérieux. Ordinaire est le pire des mots dans son vocabulaire est. Tout détail omis réduit le monde enfantile à celui le plus proche d'esprit animal vivant en nous
mêmes. " L"enfance symbolise une subjectivité centrée sur elle-même et maîtresse de ses
enchantements. La tragédie est tout entière dans la perte de cette subjectivité riche et
profonde. »23 Pour faut monter étape par étape, toute au long de la vie. Le niveau physique et
mental vont dans l"univers gionien la main dans la main. Une fois debout sur nos deux pattes, nous voulons sauter deux fois plus haut et plusloin qu"il faut. " Le héros n"est pas celui qui se précipite dans une belle mort; c"est celui qui
ЊВ Jean GIONO, "Présentation de Pan". In J. Giono, Oeuvres romanesques complètes, Gallimard, coll°
"Bibliothèque de la Pléiade", vol. I, 1991, p.ЋЉ Ibid., p.773
21 Jean-François DURARD, " Le portrait... », op. cit., p. 109.
22 Ibid., p. 110.
23 Ibid., p. 108.
se compose une belle vie. »24 Nous courrons à perdre haleine pour devenir des êtres spirituels.
En poursuivant ce parcours fou, le paysage change trop vite son visage et nous n"avons pas le temps de regarder. L'importance de la marche pour Giono montre bien son point de vue sur le mouvement dans l"espace et dans le temps. Nous devons nous approcher physiquement de la terre pour comprendre son essence spirituelle. Les gens qui marchent le dos courbé ne voient pas la vie dans sa vraie ampleur. Dans l'espace civilisé, ce ne sont plus leur propres pas qui s"absorbent dans la boue, mais l"empreinte impersonelle de leur semelle. Nous nous rendons compte de l"essence de la vie, qu"en mise en marche l"ensemble de notre corps et de notre coeur. L"animalité est présente dans la vie humaine, mais on l'avait oubliée. " Pareil au dieuje sentais ma tête[...] remplis d"oiseaux[...]ma poitrine gonflée de chèvres, de cheveux, de
taureaux. »25 La compréhension du monde animal, auquel nous appartenons aussi, reste clé
pour la compréhension de la condition humaine. Nous perdons la sagesse animale comprise dans l"alternance de quatre saisons ainsi que le changemenet du jour et de la nuit dans lelabyrinthe de la vie. De même nous échouerons dans la montée vers notre spiritualité. Nous
avons l"impression d'avancer vers un but désiré et ne remarquons pas de l"avoir déjà dépassé:
l"esprit, le seul privilège de l"homme, nous échappe. Se laisser faire par le sort n"a rien à voir
avec la vie spirituelle. En ce cas des animaux aurient été plus spirituels que les hommes, parce
qu"ils profitent au moins de ce que leur a été offert par la vie. Ils vivent sur la terre, la
connaissent et la contemplent chaque jour après le coucher du soleil pendant une nocturne magique. En lisant l"oeuvre de Giono nous voyons qu"il y a plusieurs façons possibles de la vie,mais celle qui nie la qualité animale ainsi que spirituelle n"a aucune valeur. Le sens de
l"essence humaine est de découvrir l'esprit, le garder et le développer au cours de la vie. C"est-à-dire aprofondir notre substance spirituelle tout en restant animal - ce qui signale l"art de la vie panique. La philosophie symbolisée par le dieu grec Pan - que " Giono nomme l"éclosion même de la Physis. » 26ЋЍ Audine CHONEZ, op. cit., pp. 100-101.
ЋЎ Ibid., p. 48.
3. 1. Prélude de Pan
Avancons vers l"analyse brève du corps et du coeur de Prélude de Pan. Dans le cas de Prélude de Pan " il s"agit bien d"un prélude [...] Les derniers mots durécit, et il m"a dit..., sont destinés à servir d"introduction aux trois romans du cycle de Pan, où
s"alternent, comme dans le Prélude, le bénéfique et le maléfique. »27 Prélude de Pan est un
bref conte qui était finalement compris dans le recueil Solitude de la pitié. La leçon que fait
voir ce livre, avec un accent mis sur la clarté de la métaphore, est vraiment exemplaire. Giono
y accentue, dans la brieveté, deux pôles opposés, le bien et le mal, le haut et le bas qui seront
déployés dans tous les livres qui succèdent. L"ordre habituel dans la vie humaine, d"animalité
et spiritualité moisies, y est mélangé dans un tourbillon orageux. Giono travaille dans seslivres suivants avec la symbolique cohérente, qui traite son idée tentante des hauteurs
symboliques, mais à chaque fois de manière un peu différente, en changeant noms et titres. Giono, sollicité d"introduire la Trilogie de Pan, avait plaisir d"exprimer son besoin d"unedémarche simple et frappante. Il a donc rédigé un article qui a du être corrigé à plusieurs
reprises parce qu"il était trop choquant. " Ce qui est ici en germe, c"est le projet d"Apocalypsequi aurait fait le pendant à la trilogie de Pan ; c"est la grande catastrophe [...] dont le début [...]
est issu de Prélude de Pan. »28 L"essence sublime y est représentée avec brutalité et nudité à
la fois. Cet récit comprend en soi l"idée clé de la pensée gionienne, laquelle sera dévéloppée
au cours des événéments de la Trilogie.Pan y mélange toute la matière vivante pour symboliser nettement l"écrasement des
formes limitées de deux extrémités de la vie: le bas et le haut. Le héros gionien doit vivre ce
marasme dans la bassesse humaine pour tenter la fuite vers le haut, pour ressentir la volonté de la montée de Bas en Haut. Les hauteurs symbolisent donc la purification de l"esprit. " Ce n"est que dans le monde d"en haut que l"eau se purifie totalement. »29 La blancheur de la
montagne ne laisse aucune méchanceté inaperçue. Le dieu Pan lui-même proclame: " Je hante
les déserts, c"est là que je distribue à ceux qui m"honorent mes cruautés et mes gloires. »
30 LaЋА Pierre CITRON, Notice de "Solitude de la pitié". In J. Giono, OEuvres romanesques complètes, Gallimard,
coll° "Bibliothèque de la Pléiade", vol. I, 1991, p. 1048.ЋБ Ibid., p. 1048.
ЋВ Béatrice BONHOMME, " L´Apocalypse des éléments » in Giono autrement - Apocalypse, Le panique, Le
dionysiaque, Aix-en-Provence, PUP, 1996, p. 16 ЌЉ Jean GIONOͲ "Triomphe de la vie"., op.cit., p. 782. montagne est large et nue, nous y sommes seuls. Ce n"est que là haut où nous pourrionsrédecouvrir notre propre essence humaine, notre vraie spiritualité et animalité personnelle.
Le Prélude de Pan se déroule avec la rapidité de l"orage, tout son caractère est orageux,
ses qualités décrites portent en soi tous les signes de l"orage. L"accent y est porté sur la façon
de vivre et surtout à la mesure, tant élogée chez les Grecs. L"intrigue est assez simple, mais la
manière dont elle est décrite la réhausse sur un autre plan, elle devient un fait d"ordre presque
chamanique. " C"est le passage naturel du quotidien à l"insolite. »31 Avant l"intervention panique, " le sens de la vie mortelle »32 qui prend l"allure de la fête
devient la danse boueuse, folle, irraisonée et basse. Les gens festoyent, mangent, boivent, se touchent, s"insultent, jouent, s'ingnorent l"un l"autre. Leur distraction déborde de ses limitesnaturelles et nous y sentons déjà la présence de la main de Pan. Giono l"avait arrangé exprès
et cela dans le but d'obliger son lecteur d'assister à son jugement dernier. Il y exagère tout un
ensemble de gestes pour qu"ils crient aux oreilles et sautent aux yeux. Les images peintesavec la délicatesse animale frappent le lecteur au travers des mots. Le lecteur vit lui-même la
terreur panique. Il lit et sa bouche devient amère. Giono y affirme, qu'il est un grand maîtrecuisinier qui sait mélanger goûts, odeurs, couleurs dans Totalité qui ensorcele tous les sens. Il
sait toucher son lecteur et cela pas seulement de côté moral. Il emploie aussi la violence physique, sur tous les endroits du corps. "Vous êtes pris de haine, de jalousie haineuse contre l"auteur de livre que vous avez en main. Cette réaction c"est un critère de grande oeuvre.»33
La scène est pleine de sons divers de musique ensorcelée et d"odeurs enivrantes. Sur l"arrière plan nous imaginons un teint de couleurs. Le vent souffle, il y a des nuages. Le soleilbrille de lumière piquante et rend tout la fête nerveuse à éclater. Le soleil dans l"écriture
gionienne n"apparaît jamais que sous le signe d"une malédiction. Les villageois tremblent de froid sous l"ombre de l"orage approchant. Toutes sensations sur le niveau physique-animal sont très importantes pour la vie dans la montagne sauvage. Sans cette empreinte lumineusede la couleur du temps, l"espace imagé serait resté que la surface de la page, en noir et blanc :
ЌЊ Jacques de Bourbon BUSSET, " Giono et la liquidité » in Jean Giono, n°17, Paris, 1982, p. 21.
ЌЋ Jacques CHABOT, " Giono dionysiaque » in Giono autrement - Apocalypse, Le panique, Le dionysiaque,
Aix-en-Provence, PUP, 1996, p. 52.
ЌЌ Hédi KADDOUR, " Rencontre autour de Jean Giono», in Revue Giono n°4, 2010, p. 83. Une phrase, il faut que ça parle à l"oreille et que ça tienne à page, ce sont des choses effectivement un peu contradictoires [...] chez Giono on a ça en permanence [...] pour se contempler et se faire contempler. C"est de l"action-contemplation!»34
Prélude de Pan ne serait pas si puissant sans l"orage qui déclenche du ciel jusqu"àl"intérieur des bêtes humaines. Nous aurions eu apporté moins du poids à ce drame s"il s"était
déroulé sous le ciel bleuté. La symbolique n"aurait pas été complète. La totalité de cette scène
aurait été rompue. Giono a choisi bien exprès de décrire cette histoire d'un mouvement
vibrant des éléments naturels sous l'orage humain aussi bien que climatique.Les gens qui sequotesdbs_dbs47.pdfusesText_47