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UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE - PARIS III

ED 120 - Littérature française et comparée Centre de Recherche sur les Poétiques du XIX° siècle (EA3423) Thèse de doctorat en langue, littérature et civilisation françaises

Nicolas Allard

Le récit court stendhalien

Thèse préparée sous la direction de M. Paolo Tortonese

Soutenue à Paris (France), le 2 juin 2017

Jury :

M. Philippe Berthier, Professeur émérite à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Mme Antonia Fonyi, Directeur de recherche au CNRS

M.Yvon Houssais, Professeur à l'université de Besançon Franche-Comté Mme Catherine Mariette-Clot, Professeur à l'université de Grenoble 3 Stendhal M. Didier Philippot, Professeur à l'université de Strasbourg M. Paolo Tortonese, Professeur à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Résumé

Le récit court stendhalien

Résumé

Cette étude consiste à embrasser dans un même mouvement les différents récits courts stendhaliens. Elle s'articule en cinq temps. Les trois premiers moments consistent à

analyser, séparément, les anecdotes, nouvelles et récits inachevés stendhaliens. Une fois

ces différentes typologies établies, l'étude se focalise sur la notion d'énergie, dénominateur

commun de l'ensemble des récits courts composés par Stendhal. Enfin, le dernier chapitre

cherche à montrer aussi bien la portée que la place de ces textes hétérogènes dans le vaste

ensemble de la création stendhalienne. L'un des principaux intérêts de ce travail est de

réhabiliter des textes qui, pour des raisons aussi bien génériques qu'éditoriales, n'ont pas

encore été l'objet d'une étude exhaustive. Notre réflexion vise également à montrer tout à la

fois la permanence et l'unité du genre bref dans l'oeuvre de Stendhal, malgré l'existence

d'indéniables différences entre les textes. Notre étude établit également une continuité entre

récits courts et récits longs, ce qui permet de mieux comprendre des phénomènes

stendhaliens aussi essentiels que l'inachèvement, la réécriture ou encore l'intertextualité.

Mots-clefs : Stendhal, récit court, XIXe siècle, anecdote, nouvelle

Abstract

The brief stendhalian story

Abstract

This study is to embrace in the same movement the various short stories Stendhal. It is divided into five times. The first three stages are to analyze separately the anecdotes, news stories and unfinished Stendhal. After these established typologies, the study focuses on the concept of energy, the common denominator of all short stories composed by Stendhal. The last chapter seeks to show both the extent that instead of these heterogeneous texts in the broad set of Stendhal's creation. One of the main interests of this work is to rehabilitate texts that, for reasons both generic editorial, have not yet been subject to a comprehensive study. Our thinking is also intended to show the permanence and unity of the short kind in Stendhal's work, despite the undeniable existence of differences between the texts. Our study also establishes continuity between short stories and long stories, allowing a better understanding of phenomena as essential as Stendhal incompleteness, rewriting or intertextuality. Key words : Stendhal, brief story, XIXth century, anecdote, short story

Remerciements

Je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement Monsieur Paolo Tortonese, mon directeur de thèse, pour l'aide et les précieux conseils apportés tout au long de mes recherches sur le récit court stendhalien. Son expérience et ses connaissances m'ont permis de mener à bien ma réflexion sur ce sujet passionnant et complexe. Je tiens également à remercier MM. Didier Philippot et Philippe Berthier, qui furent mes directeurs de mémoire en Master 1 et Master 2. Ils ont continué à suivre mes recherches avec intérêt, et m'ont apporté une aide précieuse pendant l'ensemble de mes années de doctorat. Je suis très reconnaissant à M. Philippe Berthier d'avoir pris le temps de lire ma thèse avec attention et intérêt, ce qui m'a permis d'améliorer des aspects essentiels de mon travail. Je souhaite également remercier l'université Sorbonne Nouvelle - Paris III, et plus particulièrement l'école doctorale 120. En m'accordant un contrat doctoral en juin 2012, l'université Sorbonne Nouvelle - Paris III m'a permis de mener pendant trois ans mes travaux de recherche dans des conditions très favorables. Je remercie également Monsieur Patrick Laudet, Inspecteur général de l'Éducation Nationale et Président du CAPES externe de lettres, pour l'aide et la confiance témoignées depuis plusieurs années déjà. Ma gratitude va également à Monsieur Bruno Blanckeman, Professeur à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris III, qui n'a eu de cesse de m'apporter son soutien depuis 2011, année où j'ai obtenu l'agrégation de lettres modernes. J'ai également une pensée reconnaissante pour ma collègue et amie Sophie Labatut, dont le chaleureux soutien m'a accompagné au cours des derniers mois de travail sur ma thèse. Je tiens enfin à remercier mes proches pour toute l'affection qu'ils m'ont témoignée

pendant ces années de thèse. J'ai une pensée toute particulière pour ma femme Souline, ma

mère, Renée, mon père, Jean-Louis, et mes deux frères, Romain et Raphaël.

Sommaire

Introduction

Première partie : les anecdotes, formes et fonctions Deuxième partie : les nouvelles, formes et fonctions Troisième partie : les récits inachevés, formes et fonctions Quatrième partie : des récits de l'énergie Cinquième partie : portée des récits courts stendhaliens

Conclusion

Bibliographie

Index des noms de personnes

Annexes

Table des matières

INTRODUCTION

" Quelle image resterait-il de Stendhal s'il n'avait écrit ni Le Rouge et le Noir, ni La Chartreuse de Parme ? Question naïve, qu'on ne peut pourtant empêcher de rôder quelquefois dans l'esprit, tant - coupé des deux puissants môles romanesques qui le

contrefortent - le reste de l'oeuvre apparaît dispersé, circonstanciel, inachevé. Celle d'un

polygraphe amateur, d'un esprit original plein de feu et de saillies, mais paralysé à l'approche de la réalisation ? d'un Caliban littéraire, masquant son impuissance secrète derrière les emprunts et les démarquages ? » Julien Gracq, En lisant en écrivant, José Corti, 1980, page 29. 11 12 Les monuments littéraires que sont Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme ont eu pendant longtemps une influence considérable sur la conception que l'on pouvait se faire de l'oeuvre de Stendhal. Si Henri Beyle est sans conteste l'un des plus grands

romanciers français du XIXe siècle, sa production littéraire ne se réduit toutefois pas à la

seule écriture de romans. Bien des études et des démarches éditoriales ont - depuis la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours - permis de mettre en valeur la talent de nouvelliste de Stendhal1. La rivalité amicale de Stendhal avec Prosper Mérimée, et la conscience du véritable

filon que représentait la nouvelle romantique2, ont amené Henri Beyle à écrire à partir de la

fin des années 1820 un grand nombre de textes fictifs courts. Le temps nécessaire à la

reconnaissance de Stendhal comme nouvelliste à part entière semble étroitement associé à

la tradition éditoriale des Chroniques italiennes. En effet, plutôt que d'amener à considérer

les récits courts stendhaliens comme des pièces différentes formant un tout hétérogène, les

Chroniques italiennes ont eu pour conséquence d'exclure du corpus de lecture et d'étude un

grand nombre de textes d'un intérêt pourtant évident. Ainsi, pour ne se borner qu'à ces deux

seuls exemples, des nouvelles comme Le Coffre et le Revenant et Le Philtre - textes de

matière espagnole, et non italienne - ont été longtemps délaissées par les critiques et les

éditeurs. La qualité de ces deux textes courts ne fait pourtant aujourd'hui plus débat. Dans

les notices que Philippe Berthier leur a consacrées dans la récente édition des OEuvres

romanesques complètes de Stendhal dans la Bibliothèque de la Pléiade, il présente même

ces deux récits comme emblématiques de la nouvelle romantique3. La récente réédition des OEuvres romanesques complètes de Stendhal dans la

Bibliothèque de la Pléiade a d'ailleurs eu pour visée la disparition de la tradition éditoriale

des Chroniques italiennes. En effet, plutôt que de séparer les romans des nouvelles, Philippe Berthier, Yves Ansel et Xavier Bourdenet ont préféré considérer les écrits fictionnels de Stendhal comme un seul et même ensemble, qu'il s'agisse de textes longs ou

1On pense notamment à la très éclairante notice de Philippe Berthier consacrée à la nouvelle Vittoria

Accoramboni, établie dans le cadre de la réédition des textes de Stendhal pour la Bibliothèque de la

Pléiade (Stendhal, OEuvres romanesques complètes, tome I, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,

édition établie par Yves Ansel et Philippe Berthier, 2005), ou encore au très riche article de Michel

Crouzet sur le récit tragique (" Stendhal et le récit tragique », Stendhal, La Politique-L'Éros-L'Esthétique,

Paris, Eurédit, 2003).

2Voir notamment à ce sujet l'article de David Bryant " Stendhal et la tentation de la littérature facile : être

lu en 1830 », Stendhal Club, n° 107, 15 avril 1985.

3Dans la notice du Philtre, Philippe Berthier évoque notamment le fait que cette nouvelle fut, en 1926,

placée par Hugo von Hofmannsthal dans une anthologie de la nouvelle française. 13 courts, achevés ou inachevés. Ce postulat permet de concevoir l'oeuvre stendhalienne comme une seule et même création, ce qui confère aux textes une vitalité et un dynamisme

nouveaux. Auparavant, la séparation des écrits stendhaliens en différentes catégories avait

tendance à créer une typologie artificielle, bien éloignée du travail de création mené par

Stendhal pendant l'ensemble de sa vie. De son premier texte fictif - la si bien-nommée Anecdote - jusqu'à son dernier texte fictif - la nouvelle inachevée Suora Scolastica - Henri

Beyle n'a eu de cesse, tout au long de sa carrière littéraire, de composer des récits brefs. Il

s'agit là d'une constante remarquable, le phénomène ayant eu cours sur une période proche

de quarante-cinq années (1797-1842). La réédition récente (2005-2014) des OEuvres romanesques complètes de Stendhal dans la Bibliothèque de la Pléiade ouvre de nouvelles voies à la recherche. Si de nombreuses études exhaustives ont porté sur le corpus très discutable des Chroniques

italiennes, d'autres études ont quant à elles porté sur la notion spécifique de nouvelle. Ces

travaux, malgré leur réel intérêt, n'ont jamais cherché à étudier la notion de récit court dans

son ensemble, dépendants qu'ils étaient d'un corpus volontairement limité. Or, on peut estimer qu'il s'agit là d'un manque à combler. Michel Crouzet, dans un article qui a fait date sur le récit tragique1, a proposé de percevoir un certain nombre de récits courts stendhaliens comme les héritiers directs des textes sanglants d'écrivains de la Renaissance comme François de Rosset ou Jean-Pierre Camus. Le nouvelliste italien Bandello est lui aussi régulièrement évoqué parmi les auteurs ayant inspiré Stendhal.

Les récits courts stendhaliens présenteraient ainsi - malgré leurs évidentes

différences - un certain nombre de points communs. On peut notamment citer dès

maintenant, avant d'y revenir ultérieurement, la présence récurrente de figures féminines

fortes, dont l'énergie et l'héroïsme sont souvent plus prononcés que ceux des personnages

masculins. Mais on peut également songer à la nécessaire fatalité qui s'abat sur les personnages principaux de ces textes. Nombreux sont ceux, en effet, qui finissent par être frappés par la mort, que celle-ci soit provoquée par autrui ou par eux-mêmes. Les points communs entre les nouvelles stendhaliennes ne manquent pas, et ont fait l'objet d'une étude que nous avons effectuée dans le cadre d'un mémoire de Master 22. Ces études peuvent

toutefois être considérées comme incomplètes. En effet, le corpus étudié était là encore

1Voir note 1 p. 13.

2" Stendhal et la nouvelle romantique », mémoire de Master 2 mené sous la direction de Monsieur

Philippe Berthier, soutenu en juin 2009 à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris III. 14 limité, puisqu'il portait essentiellement sur la notion de nouvelle, et plus particulièrement sur la notion de nouvelle achevée. Nous nous proposons donc d'étudier, de manière exhaustive cette fois-ci, l'ensemble

des récits courts stendhaliens. Si tous ces textes présentent entre eux des différences qu'il

serait vain de nier, ils n'en ont pas moins des points communs, que nous tenterons de mettre en valeur. Notre corpus sera volontairement vaste. Il comprendra bien entendu toutes les nouvelles de Stendhal, quelle que soit leur matière. Seront ainsi analysées aussi bien les nouvelles italiennes, que les nouvelles espagnoles, allemandes ou françaises. Outre les nouvelles, nous étudierons tous les textes courts écrits par Stendhal. Cela suppose donc de prendre en compte tous les récits inachevés, qu'il s'agisse d'ébauches de romans ou de nouvelles. Nous verrons qu'il existe de nombreux liens entre textes courts et textes longs chez Stendhal, les uns pouvant nourrir la création des autres, et inversement. Seront

également intégrés à notre étude les textes dont les dimensions excèdent a priori la notion

même de récit court. Cela implique donc d'ajouter à notre corpus les anecdotes contenues dans les romans stendhaliens, mais aussi celles présentes dans les récits de voyage et les biographies de personnages célèbres1. Cet ajout peut poser question : est-il cohérent

d'étudier des textes longs dans le cadre d'une thèse sur le récit court ? Si la démarche peut

paraître paradoxale de prime abord, elle se trouve motivée par les liens soulignés plus haut

entre récits courts et récits longs. La création stendhalienne semble interdire une séparation

brute des différents écrits de Henri Beyle. L'écrivain grenoblois ne percevait pas

nécessairement son oeuvre comme fragmentée, mais davantage comme une et entière. Si

nous ne nierons pas des différences génériques évidentes entre romans, nouvelles, pièces

de théâtre et autres textes théoriques et biographiques, nous n'exclurons pas pour autant l'étude de textes ayant part avec le récit court. Si des romans comme La Chartreuse de Parme ou Le Rouge et le Noir n'ont a priori pas une grande proximité générique avec les nouvelles, des pans entiers de ces grands romans s'apparentent pourtant très fortement à des récits courts. Une remarque similaire peut être faite concernant les récits de voyage, de même que les écrits théoriques de Stendhal2. Ces textes, s'ils ne sont pas des nouvelles, contiennent en leur sein des anecdotes, qui constituent des récits courts venant nourrir et étayer un propos plus global. La notion d'anecdote paraît de fait centrale, et devra être

1Vie de Rossini ; Vies de Haydn, Mozart et Métastase ; Vie de Napoléon.

2Citons notamment De l'amour, Histoire de la peinture en Italie ou encore Racine et Shakespeare.

15

étudiée avec soin. Il semble que la notion établisse un lien subtil mais non moins réel entre

des textes longs et des textes courts. Peut-être, pour reprendre des termes hérités de l'évolutionnisme darwinien, pourrait-il s'agir du chaînon manquant entre récits courts et

récits longs stendhaliens ? Toujours est-il que l'anecdote, du fait de sa malléabilité et de sa

capacité à s'immiscer dans des textes très différents, justifie la présence des romans

stendhaliens dans le corpus étudié. Nous analyserons, parallèlement à la notion d'anecdote,

le terme de " trait », certes moins employé sous la plume de Stendhal, mais qui paraît toutefois être un synonyme proche de l'anecdote. Notre corpus comprendra ainsi l'ensemble des écrits de Stendhal. Sa correspondance sera également l'objet de notre attention. On relève en effet dans celle-ci une somme importante d'anecdotes. Cela ne signifie pas pour autant que tous les textes du corpus auront une importance

équivalente dans notre réflexion. Si une nouvelle sera étudiée dans son intégralité, nous

sélectionnerons en revanche les passages des romans et des récits de voyage relevant de

l'anecdote. Nous proposerons d'ailleurs à la fin de notre étude un relevé très précis - pour

chaque écrit stendhalien - des anecdotes et des récits courts contenus dans des textes dont les dimensions excèdent celles de la nouvelle. On trouvera également en annexe un recueil de citations stendhaliennes dans lesquelles le récit court est abordé. Il convient du reste désormais de se focaliser sur la notion même de " récit court ». Nous pouvons, pour simplifier notre démarche, nous arrêter d'abord un instant sur

les deux adjectifs postposés au terme " récit » : " court » et " stendhalien ». Le second

adjectif semble aller de soi : notre étude portera exclusivement sur des textes écrits par Stendhal. La récente réédition des OEuvres romanesques complètes de Stendhal dans la

Bibliothèque de la Pléiade sera notre principal outil de référence. En effet, des doutes ont

été émis, ces dernières décennies, concernant la paternité de certains récits courts, souvent

inachevés. L'important travail de Philippe Berthier, Yves Ansel et Xavier Bourdenet a permis de lever une grande partie des interrogations exprimées jusqu'alors. On considérera donc comme proprement stendhaliens les textes présents dans les trois tomes des OEuvres romanesques complètes de la Bibliothèque de la Pléiade, parus entre 2005 et 2014.

Il convient toutefois de préciser d'emblée que nous établirons, dès que cela s'avérera

nécessaire, des parallèles entre les textes stendhaliens et ceux d'autres auteurs, qu'ils soient

des contemporains de Stendhal ou non. Nous nous intéresserons notamment aux nouvelles de Prosper Mérimée, ami et rival littéraire de Stendhal. Ces dernières décennies, de 16 nombreux articles ont mis en lumière les nombreux points communs entre les textes courts des deux auteurs1. Rappelons que Mérimée et Stendhal ont, pendant un temps, considéré l'écriture de nouvelles comme une sorte de joute littéraire, dans laquelle chacun d'entre eux

devait redoubler de brio et d'ingéniosité afin de faire montre de tout son talent. Un véritable

échange littéraire s'est alors mis en place entre les deux hommes, par nouvelles interposées.

Si le sujet mériterait en soi un développement à part entière, nous nous efforcerons ici de

l'évoquer, même brièvement, au cours de notre étude. De manière plus générale, pourront être mobilisées les nouvelles des contemporains

de Stendhal. Si Mérimée est passé maître dans cet art si délicat du récit court, un romancier

comme Balzac a lui aussi laissé à la postérité un nombre conséquent de textes brefs. Nous

pourrons très ponctuellement étudier les oeuvres d'auteurs ayant écrit après la mort de Stendhal, afin notamment de voir si l'écrivain grenoblois a pu avoir une influence quelconque sur leur manière de composer. Nous porterons également notre regard vers

d'autres époques que le XIXe siècle, en nous intéressant notamment aux prédécesseurs de

Stendhal. Notre attention sera principalement focalisée sur les conteurs français et italiens de la Renaissance, comme Camus, Rosset, Boccace et Bandello, que Stendhal cite à de

nombreuses reprises dans ses carnets et récits de voyage. Si la référence à ces grands noms

de la littérature française et transalpine peut relever parfois de la mystification, il n'en reste

pas moins que leurs textes étaient connus et appréciés de Stendhal. La tradition éditoriale

des fameuses Chroniques italiennes provient notamment du goût prononcé de Stendhal pour de vieux manuscrits italiens de la Renaissance, dans lesquels des faits divers sanglants

étaient relatés avec force détails. Stendhal ne borne du reste pas son inspiration à la seule

littérature italienne. Philippe Berthier et Michel Crouzet ont ainsi mis en lumière des

sources très diverses, allant de François de Rosset à Cervantès, en passant par des textes

anglais ou danois. L'étude de ces différentes sources ne pourra nous occuper trop

longuement, mais elle sera à n'en pas douter une étape essentielle à la compréhension de la

notion de récit court stendhalien. Les textes de notre corpus se trouvent en effet au coeur de phénomènes intertextuels complexes, qui expliquent en partie l'importance prise par les notions de réécriture et de mouvance dans leur composition.

Le second adjectif postposé à " récit » est " court ». Son sens paraît de prime abord

1Citons dès maintenant l'article de George M. Rosa " Stendhal collaborateur de Mérimée », Stendhal Club,

n° 148, 15 juillet 1995, p. 289-293, ainsi que l'article de Kajino Kichiro " San Francesco a Ripa :

Stendhal et Mérimée », Stendhal Club, n° 148, 15 juillet 1995, p. 281-288. 17 des plus simples, le terme ne se prêtant guère à des analyses polysémiques. Antonyme de " long », et synonyme de " bref », il suppose nécessairement une limitation de taille, de dimensions. C'est la raison pour laquelle - comme nous l'avons exposé plus haut - seuls certains passages des romans pourront être inclus dans notre corpus. Cette règle vaut

également pour tous les textes qui excèdent un certain nombre de pages, à savoir les récits

de voyage, les biographies de personnages historiques, les écrits théoriques. Même des nouvelles comme L'Abbesse de Castro peuvent poser question : ce récit est en effet relativement long, et s'apparente au roman, notamment en ce qu'il est constitué de chapitres. Si sa classification en nouvelle ne va pas nécessairement de soi, nous choisirons toutefois de l'inclure dans sa totalité à notre corpus. En effet, L'Abbesse de Castro demeure une nouvelle en bien des aspects. Le nombre de personnages est somme toute limité,

l'action est relativement simple, et la majeure partie de l'intrigue se déroule sur une période

assez courte. Ce texte possède toutefois une hybridité qui pourra justifier l'intégration de

textes très divers à notre corpus. En effet, en fonction de l'angle que l'on choisit d'adopter,

L'Abbesse de Castro peut être considérée comme un petit roman ou une longue nouvelle. Stendhal emploie lui-même à plusieurs reprises le terme italien de " romanzetto », que l'on peut traduire en français par " petit roman ». Ce terme, en associant des sèmes aussi

différents que " roman » et " brièveté » (par l'emploi du diminutif italien -etto), montre que

roman et nouvelle ne sont pas nécessairement à opposer dans l'oeuvre de Stendhal. Un cas de figure similaire à celui de L'Abbesse de Castro se présente avec Lamiel, même si laquotesdbs_dbs47.pdfusesText_47