[PDF] Britannicus - Le Vilar



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Britannicus - Le Vilar

1 DOSSIER PEDAGOGIQUE Britannicus Jean Racine Distribution Mise en scène : Tatiana Stepantchenko Avec Agrippine : Claire Mirande Néron : Jacques Allaire Britannicus : Mathias Maréchal Junie : Marion Delplancke Narcisse : Damien Rémy Burrhus : Laurent Letellier Albine : Catherine Mongodin Scénographie et costumes : Marina Filatova Création lumières : Laurent Deconte Création image : Mathieu Mullot Création son : Gérard Hourbette Régie lumières : Stéphane Deschamps Régie son et images : Mathieu Boulet Réalisation costumes : Léa Drouault et Colette Perray Régie générale : Thibault Dubois Assistants à la mise en scène : Catherine Mongodin et Mathieu Boulet Une production Compagnie Or. Azur, aidée par la Ministère de la Culture (DRAC Nord/Pas-de-Calais) et par la Région Nord/Pas-de-Calais / Coproduction Le Phénix-Scène Nationale de Valenciennes. Coréalisation série parisienne : Théâtre de l'Atalante. Dates : du 17 au 20 janvier 2012 Lieu : Théâtre Jean Vilar Durée du spectacle : 2 h 15 sans entracte Réservations : 0800/25 325 Contact écoles : Adrienne Gérard - 010/47.07.11 - adrienne.gerard@atjv.be • Nʼoubliez pas de distribuer les tickets avant dʼarriver au Théâtre • Soyez présents au moins 15 minutes avant le début de la représentation, le placement de tous les groupes ne peut se faire en 5 minutes ! N.B : - les places sont numérotées, nous insistons pour que chacun occupe la place dont le numéro figure sur le billet. - la salle est organisée avec un côté pair et impair (B5 nʼest pas à côté de B6 ma is de B7), tenez-en évent uellement compte lors de la distribution des billets. • En sall e, nous demandons au x professeurs dʼavoir lʼamabilité de se disperser dans leur groupe de manière à encadrer leurs élèves et à assurer le bon déroulement de la représentation.

2 I. Introduction Britannicus est une tragédie en cinq actes et en alexandrins, représentée pour la première fois le 14 décembre 1669 à lʼHôtel de Bourgogne. Britannicus est la deuxième grande tragédie de Racine. Pour la première fois, lʼauteur prend son sujet dans lʼhistoire romaine. Le su ccès nʼest arriv é que peu à peu. Britannicus est aujourd ʼhui la deuxièm e pièce de Racine la plus souvent représentée à la Comédie-Française après Andromaque, et cʼest lʼune des pièces les plus souvent étudiées à lʼécole. " Toujours la tyrannie a dʼheureuses prémices.» Mère possessive et manipulatrice, Agrippine nʼa reculé devant aucun forfait pour placer son fils Nér on à la tête d e lʼEmpire romain, au détriment du prétenda nt légitime au trône, Britannicus. Le puissant ascendant quʼelle exerce sur lʼempereur en herbe fait dʼelle, en définitive, la secrète détentrice du pouvoir à Rome, dont elle use avec un admirable sens politique. Tout va pour le mieux entre la mère et le fils, jusquʼau jour où le jeune homme sʼéprend de la belle Junie, lʼamante de Britannicus. Il sʼaffranchit alors soudainement de la tutelle de sa mère pour laisser libre cours à ses passions et révéler ainsi son vrai visage, cruel et tyrannique. De lʼaube à la tombée de la nuit - la tragédie nʼattend pas - lʼêtre pusillanime qui aura su faire preuve de " trois ans de ve rtu » va se métamorphose r sous nos y eux en un souverain brutal et sanguinai re, en un véritable monstre do nt le destin sera désormais de " courir de crime en crime ». Cʼest au plu s près de lʼépicentre de ce cataclysm e dévast ateur q ue se propose de nous mener la mise en scène de Tatiana Stepantchenko, là où sʼopère la singulièr e transmut ation des êtres sous lʼeffet de la passion (amoureuse et politique) et où se conçoivent les pires déraisons dʼÉtat.

3 II. Résumé de lʼoeuvre Les personnages Britannicus fils de l'empereur Claudius (Claude) Néron empereur, fils d'Agrippine Agrippine veuve de Domitius Ahenobarbus, mère de Nér on, et, en secondes noces, veuve de l'empereur Claudius (Claude) Junie amante de Britannicus Burrhus gouvernant de Néron Narcisse gouvernant de Britannicus Albine confidente d'Agrippine Gardes Lʼintrigue Agrippine, au petit matin, attend une entrevue avec son fils, lʼempereur Néron, qui, sans prévenir sa mère, vient dʼenlever Junie, lʼamante de Britannicus. Celui-ci, fils de Messaline et de Claude (mort dans des conditions douteuses, sans doute empoisonné par Agrippine), est à ce titre prétendant légitime au trône, mais Agrippine lʼa écarté du pouvoir au profit de Néron, né dʼun premier mariage. Néron fait savoir , par lʼintermédiaire de son gouverneur Burrhus, qu ʼil refus e lʼentrevue. Agrippine, inquiète de voir mi se en péril la tutelle quʼelle exerce sur son fils, informe Britannicus du sort de Junie et lui propose son soutien contre Néron. Britannicus accepte, encouragé par Narcisse, son gouverneur, en vérité un traître à la solde de Néron. Averti par Narcisse du complot qui se trame, Néron projette de répudier sa femme Octavie pour épouser Junie. Celle-ci, malgré lʼempressement amoureux de Néron, lui refuse sa main. Néron lui ordonne alors de rompre avec son amant, dont la vie dépendra de cet entretien. Elle doit affecter devant Britannicus une froideur qui le désespère sans pour autant réussir à apaiser Néron, qui observe la scène en cachette. Tandis que Burrhus ne parvient à apaiser ni Agrippine ni Néron, Junie révèle à Britannicus le stratagème de Néron. Mais ce dernier, averti par Narcisse, survient et fait emprisonner son rival, tout en maintenant Junie enfermée au palais. Agrippine rencontre enfin Néron. Cʼest la fameuse scène de " lʼaccouchement du monstre » dans laquelle elle croit le contraindre, par un long plaidoyer-réquisitoire, à une réconciliation avec Britannicus lors dʼun festin prochain. La promesse de Néron nʼest en réalité quʼune feinte. Burrhus adjure alors Néron de laisser la vie sauve à son demi-frère et rival. Néron semble ébranlé et prêt à écouter son gouverneur. Narcisse finit toutefois par le convaincre de ne pas se laisser détourner de son intention et de liquider Britannicus. Tandis quʼAgrippine se félicite de sa victoire sur Néron, Burrhus vient annoncer que Britannicus a été empoisonné lors du festin. Narcisse est lynché par la foule, Junie sʼenfuit chez les vestales, où le mariage est interdit, et Néron, maudit par sa mère, sʼabandonne à un désespoir farouche.

4 III. Le contexte dʼécriture, un sujet emprunté à lʼhistoire Quelques vers de Boileau expliquent lʼétat dʼesprit de Racine composant Britannicus : Mais pour les envieux un génie excité Au comble de son art est mille fois monté. Plus on veut lʼaffaiblir, plus il croît et sʼélance ; Au Cid persécuté Cinna dut sa naissance ; Et peut-être ta plume aux censeurs de Pyrrhus Dois les plus nobles traits dont tu peignis Burrhus. En 1667, Racine avait déjà atteint la gloire avec Andromaque. Mais les amis de Corneille semblaient défier Racine dʼégaler son vieux rival sur un sujet romain, cʼest alors quʼil prit dans Tacite lʼidée de Britannicus. Mais même si lʼépoque de cette histoire a déjà été traitée par Corneille, son but est de créer des héros plus ou moins surhumains, alors que le but de Racine est de peindre avec vérité des caractères purement humains. Lʼhistoire de Britannicus avait été traitée par Tacite, au ssi Racine commence-t-il pa r sʼimprégner tout entier des Annales de Tacite, son modèle. Mais Tacite est un historien et Racine un auteur d ramatique : le prem ier dépeint toute une époq ue, le seco nd doit la suggérer par la représentation dʼun seul moment de cette époque. Au final, Racin e, tout en restant fidèle a son m odèle, fait surtout oeuvre originale e t indépendante, en changeant au besoin les détails des faits, en supprimant des caractères ce quʼils ont de fugitif et dʼinstable pour ne laisser apparaître que lʼessentiel. Dans Britannicus, comme dans toutes les pièces de Racine, où lʼaction est subordonnée aux caractères, les faits sont le résultat des passions et des sentiments des personnages. Il fallait donc, tout en r espectant la v érité générale de lʼhistoire, disposer les événem ents dʼaprès la logique intime des caractères. Il existait déjà une rivalité entre Agrippine et Messaline, la première femme de Claude, qui fut empoisonnée, très certainement par les soins de sa rivale. Il y a donc aussi une rivalité entre Néron et Britannicus, motivée par une véritable jalousie de Néron à lʼégard de son demi-frère, fils de Claude, lʼempereur régnant. Lʼempereur Claude, lorsq uʼil épouse Agrippine, adopte s on fils Néron né dʼun préc édent mariage. Celui-ci est de trois ans lʼaîné de Britannicus. Toujours selon Tacite, il obtient ainsi la " toge virile » avant Britannicus, peut être élu avant lui et est alors considéré comme un héritier officiel. Il entre au Sénat et devient proconsul. Les historiens sʼaccordent à dire que Claude lors de sa dernière visite au Sénat ait émis le voeu que Néro n et Brit annicus règnent ensemble. Cela expliquerait le choix qu'avait f ait Claude en adoptant Néron. Le partage du pouvoir est en effet possible, cela s'est déjà produit avec Tibère et Drusus I, ainsi qu'avec G ermanicus et Drusus II . Sinon, Claude aurait très bie n pu promo uvoir Britannicus seul en le considérant comme son unique héritier. Néron avait donc de bonnes raisons de tenter le co up de force : dʼune part, en se débarrassant de son demi-frère Britannic us, qui aurait pu à tout instant réc lamer légitimement le pouvoir ; et dʼautre part, en sʼaffranchissant de la tutelle encombrante de sa mère qui exerçait alors le pouvoir véritable à sa place, ou du moins prétendait continuer à le faire.

5 La scène de lʼempoisonnement de Britannicus (12 f évrier 5 5), décrite par Racine, est quasiment conforme à la vérité historique rapportée par Tacite. Un breu vage encore innocent, mais très chaud, est ser vi après essai à Britannicus ; puis, comme il le repoussait à cause de son extrême chaleur, on y verse avec de lʼeau fraîche le poison qui se répandit dans tous ses membres avec une rapidité telle que la parole et la vie lui furent ravies à la fois. Le trouble sʼempare de ses voisins de table ; les moins prudents sʼenfuient ; mais ceux dont lʼintelligence est la plus profonde demeurent à leur place, immobiles et les yeux fixés sur Néron. Et lui, appuyé sur son lit et comme étranger à ce qui se passait, dit que le fait nʼavait rien dʼextraordinaire : cʼétait la conséquence du haut mal dont Britannicus était affligé dès sa première enfance. (trad. Goelzer, Les Belles Lettres) La pièce de Racine commence exactement au moment où le destin de Rome va basculer, par la décision de Néron de se débarrasser à la fois de Britannicus et de sa mère Agrippine. Sa passion subite pour Junie (ou sa présumée passion pour elle qui nʼest semble-t-il quʼun prétexte inventé par Racine), fiancée de Britannicus, le pousse à se libérer de la domination dʼAgrippine et à assassiner son frère. Comme cʼest le cas généralement chez Racine (sans doute pour des raisons de censure politique), son Néron, dans sa pul sion crimine lle, est moins animé par la crainte dʼêtre renversé par Britannicus que par une rivalité amoureuse. Son désir pour Junie et tout ce quʼelle aime est empreint de sadisme. Agrippine est une mère possessive qui ne supporte pas de perdre le contrôle de son fils et partant, des affaires de lʼEmpire. IV. Une tragédie du pouvoir En 1669, nous sommes à lʼapogée de la monarchie absolue de Louis XIV. Son pouvoir, célébré par de nombreuses fêtes, est à son summum et oriente dans le domaine théâtral le goût du public aristocratique vers lʼexpression et lʼanalyse des sentiments plutôt que vers lʼexaltation des rêves et des actions héroïques. Corneille nʼest plus à la mode. En racontant la violente prise de pouvoir de Néron, Racine prend soin de dépeindre surtout les aspects passionnels, les exigen ces intimes et contradictoires. Pour éviter tout rapprochement malencontreux avec son époque et le pouvoir de Louis XIV, il insiste dans sa première préface quʼil ne sʼagit pas de représenter " ...les affaires du dehors. Néron est ici dans son particulier ». Cette précaution prise, Racine met malgré tout en scène les jeux et les enjeux liés à la quête du pouvoir et montre que celle-ci anime lʼaction tragique surtout lorsque la nature du pouvoir est tyrannique. Ainsi, à travers Britannicus, Racine propose le spectacle, quʼil veut édifiant, dʼune nature humaine plongée sans cesse au coeur dʼune lutte entre le bien et le mal. Pour qui saura le lire, il parle bien de son époque. Anton Tchekhov, trois siècles plus tard, appellera cela, le " sous-texte »...

6 V. La vie de Racine Les oeuvr es de Racine sont en a ccord a vec sa vie. Il est d onc dès lors nécessaire de connaître lʼhomme pour comprendre ses textes car ceux-ci furent parmi les plus personnels de son temps. Jean Racine est né à La Ferté-Milon, le 21 décembre 1639, dʼune famille noble. Il devint très vite orphelin ; sa mère décéda en 1641 et son père en 1643. On le plaça alors sous la tutelle de sa grand-mère. Après avoir étudié au collège Beauvais, le jeune Racine fut appelé à lʼécole des Grandes où se trouvaient déjà beaucoup de ses parents. On lui y enseigna le latin, le grec, la rhétorique et il y fut également trempé dans la religion qui eut une forte influence sur lui. Pendant 3 ans, de 16 à 19 ans, Racine y reçut cette éducation à la fois fortement chrétienne et janséniste, et dʼautre part, imprégn ée dʼantiquité, surtout dʼantiquité grecque, éducation qui va profondément influencer sa vie et marquer sa dramaturgie. En 1658, il fit une année de logique à Paris où il vécut chez son oncle Vitart, intendant de lʼhôtel de Luynes où lʼon lisait les comédies antiques à la mode. Dans ce milieu, Racine commença à côtoyer les poètes et autres intellectuels, et à sʼessayer lui-même à lʼécriture. Il écrivit plusieurs poèmes dont une ode sur la Paix des Pyrénées en lʼhonneur du Cardinal Mazarin. Racine rencontra peu après Jean de La Fontaine qui était ma rié à la fille dʼun lieutenant basé dans sa ville natale. Une solide amitié naquit entre les deux hommes grâce à leur passion pour lʼécriture. Il écrivit ensuite un second poème pour célébrer le mariage de Louis XIV La Nymphe de la Seine à la Reine qui connut un vif succès. Dans le coura nt de lʼannée 1960, Racin e commença à sʼessayer au théâtre. Il écrivit LʼAmasie qui devait être jouée par la troupe du Marais mais ceux-ci changèrent dʼavis au dernier moment. Sa vie à Paris fut ensuite interrompue par un séjour dʼun an à Uzès, où son oncle le fit venir pour le préparer à recevoir un bénéfice ecclésiastique. Il ne reçut finalement rien et retourna sur Paris avec, néanmoins, les plans dʼune tragédie, La Thébaïde. De 1663 à 1667, Racine retourna définitivement vers le théâtre malgré les reproches de sa famille et de ses anci ens maîtr es. A cett e époque, le théâtre est le genre li ttéraire qui dispense le plus de renommée et cʼest sans doute une des raisons qui le poussa à lʼécriture dramatique. En 1664, La Thébaïde fut jouée par la troupe de Molière avec qui il était ami. Lʼannée qui suivit, cette même tr oupe représenta Alexandre le Grand, Ra cine donna dans le mê me temps le texte à la troupe de lʼHôtel de Bourgogne. Une querelle sʼensuivit entre Molière et Racine étant donné que les troupes étaient rivales et interprétaient donc la tragédie en même temps. Lʼamitié entre les deux hommes cessa lorsque Racine incita une comédienne, sa maîtresse, à quitter la troupe de Molière pour leur concurrente. La même année eut lieu la fameuse dispute entre Racine et ses anciens maîtres de Port Royal. Ceux-ci calomniaient la manière dont la poésie était intégrée dans le théâtre. Racine répondit par une lettre fort spirituelle mais également emplie de railleries et de paragraphes piquants. En 1667, année de lʼécriture de Phèdre, il compose Andromaque qui sera pour lui ce que Le Cid fut pour Corneille. Cette oeuvre est majeure. Elle est la naissance dʼun nouveau système de tragédie où tout le génie et la sensibilité de son écrivain sʼest exprimée. Ce système sera

7 innovant par la divergen ce de motivation des p ersonnages ainsi que par leur peintur e. Lʼaccent est mis sur l a plural ité des visages et des amours, mais au ssi sur la ligne rédactionnelle où lʼinstinct triomphe de la volonté contrairement à ce quʼécrivait Corneille. Jusquʼen 1677, Racine va faire représenter une série de chefs-dʼoeuvre dans lesquels vont sʼaffirmer de plus en plus des caractères dramatiques quʼon pourrait résumer par : une action simple et commune - accomplie par des personnages dont lʼinstinct triomphe de la volonté - et qui sʼexpriment dans un style naturel et poétique. Après son apogée de 1677, lʼauteur va tout doucement sʼeffacer notamment à cause de ses détracteurs (pour la plupart membres de lʼEglise ou partisans de Corneille), mais aussi par son emploi dʼhistoriographe chargé par le roi. De plus, il se mariera cette année-là avec Catherine de Romanet qui, par la suite, lui donnera sept enfants. Jusquʼen 1699, lʼécrivain trouvera encore le temps dʼécrire deux pièces, Esther et Athalie. Il sʼéteindra ensuite de vieillesse mais aussi de chagrin suite à une disgrâce royale mettant en cause ses rapports amicaux avec Port-Royal. VI. Le spectacle Pourquoi monter Britannicus ? Parce que le texte est magnifique, cʼest un chef-dʼoeuvre. Cʼest très complexe, il y a tout dedans. Cʼest surtout cette beauté qui me touche, du texte des mouvements... Racine a écarté les frontières, ouvert vers lʼinfini, ça va rester pour lʼéternité. Tatiana Stepantchenko, metteur en scène La " musique » de Racine ? Elle est certes dans ses mots et ses vers qui sʼimposent comme de véritables sculptures vocales. Il faut les servir et non point s'en gargariser pour la transformer en incantation et mélopée de fond, comme dans le mauvais " théâtre classique ». Le formalisme versificateur tue Racine au lieu de le servir et anesthésie et son sens et son énergie. Racine mérite mieux que les pédantes performances de diction française érigée en religion. Son secret est en effet dans cette énergie formidable que libère le vers racinien et auquel tous les acteurs depuis trois siècles se mesurent. Cette énergie ardente, vibrante au détour de chaque syllabe, de chaqu e son, qui produit de véritabl es arcs électriques ent re les personnages. Sa vraie musique se conjugue bien sûr à la fascinante sonorité de ses vers, mais plonge au-delà, vers ces vib rations harm oniques in audibles, ces silences, ces bruissements, puis ces hoquets telluriques des âmes en perdition. Malgré les apparences et ce que la " tradition » colporte, nous sommes sur le pan inverse de lʼharmonie pure. Cʼest aussi cela, le génie de Racine - le vrai... Le travail vocal sur Britannicus consistera à débusquer les rémanences harmoniques au-delà des mots. Le phrasé et la diction ne sont plus alors quʼun simple exercice de style, mais aussi justes et nécessaires quʼelles ne le sont dans une part ition mus icale - quʼelle soit baroque ou contemporain e. Un ti ssu sonore réunira comme une toile dʼaraignée les personnages saisis par la béance du mal.

8 La mise en scène Cherchant à se détacher d'un respect, selon elle, souvent trop académique envers l'écriture de Racine, Tatiana Stepantchenko puise dans la tradition théâtrale russe une expressivité du jeu qui exa cerbe ph ysiquement les sentiments et donne une ampl eur r enouvel ée à la tragédie. Elle met également à profit sa formation de musicienne pour conférer à la langue pure de Racine une mélodie qui en accentue l'intensité et rythme l'intrigue par-delà la beauté classique des vers. Le tra vail remarquable sur la lumière et la vidéo sou ligne en core lʼembrasement émotionnel qui assaille les personnages et les fait basculer dans la démesure jusquʼau point de non retour. Nord Eclair http://www.nordeclair.fr/Locales/Tourcoing/2010/11/17/theatre-avec-britannicus-la-virgule-pren.shtml Tatiana Stepantchenko, metteur en scène Née à Prokopievsk en Russie, elle passe son enfance en Sibérie. Formée au théâtre (dans la classe de Maria Knebel qui fut ancienne élève de Stanislavski et assistante de Mikhaïl Tchekhov) et à la mus ique, elle débute une carrière d'a ctrice en interprétant le rôle principal dans le spectacle musical-culte de la Perestroïka, La Punaise, célébré par le public au cour s de plus de 600 représe ntatio ns en Russie et dans toute lʼEurope. Elle in terprète quelques autres rôles de cette importance dans des grands théâtres d e répertoire de Moscou (Théâtre Maïakovski et Théâtre de lʼArmée Rouge notamment), puis allemands (Nuremberg, Munich), tourne dans 9 f ilms et met en scène une quinzaine de spectacles (en Allemagne et en France). Activités pédagogiques : Depuis 1996, elle dirige des séminaires de formation dʼacteurs - basés notamment sur les pédagogies de Mikhaïl Tchekhov et Maria Knebel, héritiers de Stanislavski. Activités de comédienne en France... En France, elle aura interprété en 2000-2001, le rôle de Lili Brik dans Les Deux Soeurs de et par Veniamin Smiechov, puis en 2004, le rôle de Lumir dans Le Pain dur de Paul Claudel, à la Comédie de Béthune (repris à Paris et à Moscou en 2010, accueilli au Théâtre Jean Vilar en 2011). Elle a créé en 2006 à Moscou, le rôle dʼYsé dans Le Partage de midi de Paul Claudel. Rôle pour lequel elle est nominée au Prix " Tchaïka » (La Mouette) en 2007, comme lʼune des trois meilleures actrices russes de la saison. À partir dʼoctobre 2009, elle interprète au Théâtre Pouchkine de Moscou (dans le cadre du Festival International Tchekhov), le rôle-titre de Fedra (Phèdre) de Marina Tsvetaeva. ...et de metteur en scène : Après LʼAffaire Elseneur ou Le Meurtre de Gonzague (dʼaprès Haml et) de Nedjalko Jordanov, elle met en scène Démons de Lars Noren. En 2005, elle dirige la création de La Cuisine dʼArnold Wesker dans une distribution internationale. En 2006 , elle monte Mozart et Salieri de Pouch kine (spectacle dans lequel Alain Eloy, interprétant le rôle de Mozart a été désigné en 2007 par la critique comme meilleur acteur belge).

9 Elle dirige en 2007 lʼopéra ubiquiste Kilda, lʼîle des hommes oiseaux (musique de David Graham et Jean Paul Dessy - direction musicale Philippe Nahon et lʼorchestre Ars Nova). Lʼopéra est joué simultanément et par liaisons satellite et Internet à haut débit, dans 5 pays européens (Ecosse, Allemagne, Belgique, Autriche, France). En octobre 2007, elle dirige la création dʼun " Tchekhov musical », Fleurs tardives (musique Alexis Shelygin), dʼaprès une nouvelle dʼAnton Tchekhov. En avril 2008, elle met en scène Richard Martin dans La Révolte des fous de Frédéric-Henri Blanc. En avril 2010, elle met en scène Britannicus dans le cadre dʼune résidence de création au Phénix, Scène Nationale de Valenciennes, ensuite repris au Théâtre de lʼAtalante à Paris puis en tournée. VII. Quelques pistes de réflexion Pourquoi peut-on dire que Britannicus est un héros cornélien ? Quelle est la contradiction majeure dans la crise politique de la pièce ? Britannicus est un personnage tragique. Pourquoi ? Que représente Albine ? Quels sont les éléments qui annoncent la trahison de Narcisse ? Qui sont les personnages confidents ? Quelle influence exercent-ils ? Comment les confidents voient-ils le peuple romain ? Comment Junie perçoit-elle la Cour ? Dans quelle mesure lʼinstinct triomphe-t-il de la volonté ? Comment la règle des Trois Unités est-elle exploitée dans Britannicus ? Quels rapprochements peut-on faire entre la vie de Racine et cette pièce ? A quel niveau intervient la religion ? Quelle est la force du divin dans Britannicus ? Bibliographie Britannicus, Racine, 4ème édition, Paris, H. Didier, 1927, La Littérature Française Illustré, 123p. Britannicus, Racine, édition de J. Morel, Paris, Flammarion, 2010, GF, 116p. Dossier de présentation Britannicus

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