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CORBIÈRELes Amours jaunes
PRÉSENTATION
NOTESDOSSIER
GLOSSAIRE
CHRONOLOGIE
BIBLIOGRAPHIE
par Jean-Pierre BertrandGF FlammarionRetrouver ce titre sur Numilog.com
La poésie duX IXesiècle
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R I M B A U DOEuvr escomplètes
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Conf es-
sionsR omancessans par oles
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P arallèlement
Les Mémoir esd'un v euf
V I G N YOEuvr espoétiques
© Flammarion, Paris, 2018.
ISBN : 978-2-0814-0983-5Retrouver ce titre sur Numilog.comP r é s e n t a t i o n
Souvent apparenté à Charles Cros et à Jules Laforgue, l'auteurd'unseullivre,LesAmoursjaunes
,paruen1873et rendu célèbre par Verlaine qui l'a placé en tête de la pre- mière série desP oètesmaudits
,dix ans plus tar d.T ristan Corbière, de son vrai nom Édouard Joachim Corbière, naît le 18 juillet 1845 au riche manoir de Coat-Congar, sur Antoine Corbière (1793-1875), marin au long cours, aven- turier, journaliste et romancier bien connu, fondateur, dit-on, du roman maritime dans les années 1830 ( LesPilotes de l'Iroise
,1832 ;Le Négrier
,1834), et qui ter mi- nera sa vie comme directeur de la Compagnie de naviga- tion du Havre à Morlaix, en homme fortuné et notable 1. Sa mère, Angélique Aspasie Puyo, fille d'un ami de la famille, est âgée de dix-sept ans lorsqu'elle épouse passe son enfance en Bretagne, entre Morlaix, Saint-Brieuc où il fait ses études, qu'il interrompt pour des raisons 1. " Ce monde aisé, note J ean-LucSteinmetz, r eprésentebien celui des grandes familles de ce temps, membres d'une haute bourgeoisie [...]. Les Puyo, les Corbière, les Le Bris vont tenir le haut du pavé à Mor- laix [...] » (inT ristanCorbièr e.Une vie à-peu-près
,F ayard,2011, p .51). Retrouver ce titre sur Numilog.comL e s A m o u r s j a u n e s6
obscures alors qu'il formait le voeu de passer le bac1. Pour
des raisons de santé ? C'est ce que sa légende raconte, en dépit d'une tout autre vérité, récemment mise au jour, notamment grâce à la biographie publiée par Jean-Luc Steinmetz : adolescent, Tristan n'est pas le poète souffrant que l'on croise dansLes Amour sjaunes
; il est au contr aire actif, " bon nageur, cavalier », excellent navigateur ; il se montre par ailleurs doué pour le dessin. On ne sait trop de quelle maladie il souffre (rhumatisme, phtisie ?) ; il a été soigné à Cannes, à Luchon puis à Roscoff. À partir de 1863, il ne fera plus rien, menant une vie libérée de tout souci matériel entre Morlaix et Roscoff. " Fils à papa, par excellence2», écrit son biographe, il fréquente les marins,
s'adonne à la littérature, voyage un peu en Italie en 1869 (certains poèmes de " Raccrocs » sont localisés à Naples, il ne s'est manifestement jamais rendu). Conscient de sa laideur native (André Breton évoquera sa " disgrâce phy- sique 1. V oirà ce pr oposSteinmetz : " Si Corbièr ea bien sui vides cours dans un établissement scolaire à Nantes en 1862-1863, ou bien il n'a pas été digne d'être présenté au baccalauréat, ou bien, jugé digne, il a échoué, ou bien encore - et c'est ce que dit la tradition - il a interrompu aupara- vant ses études » ( ibid. , p. 116). 2.J ean-LucSteinmetz, " T ristanCor-
bière et ses Bohèmes », in P. Brissette et A. Glinoer (dirs),Bohème
sans frontière ,Pr essesuni versitairesde R ennes," Interfér ences», 2010, p. 167. Voir également du même auteur,T ristanCorbièr e
op .cit. , p. 15. À propos de sa santé, le biographe observe que beaucoup de rumeurs ont circulé : " Des rhumatismes à la phtisie, bien des noms de maladie ont été prononcés, sans qu'on les voie jamais confirmés par un docu- ment fiable » (p. 113). 3.André Br eton,
Anthologie de l'humour noir
inOEuvr escomplètes
,éd. M. Bonnet, Gallimar d," Bib liothèquede laPléiade », 1992, t. II, p. 1005.
4.P ortraità dix-neuf ans d'a prèsla bio-
graphie de Martineau de 1904, reprise dans la notice d'Adolphe VanBever et Paul Léautaud,
P oètesd'aujour d'hui
: " gr and,maigr e,une barbe inculte en pointe, un nez énorme, accoutré bizarrement, tantôt en forçat, avec le bourgeron [blouse d'ouvrier], le pantalon de toile et les sabots, tantôt en matelot, avec les bottes de mer montant jusqu'auxgenoux, et un feutre cabossé » (Mercure de France, 1918, t. I, p. 28).Retrouver ce titre sur Numilog.com
L e s A m o u r s j a u n e s12
champ les obligent plus que jamais à tenir compte de ce qui se produit pour définir la position qu'ils pourront occuper sur la scène de leur choix ; en cela, leur inventi- vité touchera tout autant à leurs oeuvres qu'à la manière dont ils parviendront à les placer et à les faire recon- naître, fût-ce a posteriori , ce qui a été le cas de la plupart d'entre eux (et tout particulièrement de Tristan Cor- bière), passablement ignorés de leur vivant. C'est pourquoi cette littérature change aussi de dis- cours. Après 1870, l'écrivain prétend produire une littéra- ture qui n'est redevable qu'à elle-même. La poésie est aux avant-postes de cette revendication qui s'exerce sur elle autant comme une liberté que comme une contrainte. Liberté de se moduler à son gré, comme on dit à l'époque. Contrainte structurale, qui fait peser sur les choix esthétiques et sur les stratégies le poids de toute l'institution littéraire. Le premier signe de cette spéculari- sation du discours poétique (et plus largement littéraire dans les zones les plus lettrées du champ) est la spéciali- sation des styles et des écritures. Si l'on pouvait encore confondre les voix d'un Lamartine et d'un Vigny au temps du romantisme, quoi de plus irréductible les unes aux autres, en toute apparence, que les langues de Laforgue, de Mallarmé, de Verlaine, de Rimbaud ? Le deuxième signe est la réflexivité accrue dont témoignent les productions poétiques post-parnassiennes. Écrire de la poésie, ce n'est plus se regarder dans le miroir du poème comme au temps du romantisme, ni formuler des vers impeccables sur de graves sujets comme au temps du Parnasse : c'est produire un événement de langage qui toujours, en quelque façon, met en scène les opérations poétiques. Tous y contribuent, tantôt avec une désinvol- ture très étudiée (Corbière, Laforgue, Cros), tantôt dans la rage (Rimbaud), tantôt sous une disposition ironique et désenchantée (Mallarmé, Jarry). Un troisième signe,le plus visible, le plus publicisé, tient à l'évidence dansRetrouver ce titre sur Numilog.com