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Céreq

Ruptures et irréversibilités dans les

trajectoires Comment sécuriser les parcours professionnels ? XIV es journées d'étude sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail

Jean-François Giret

Yvette Grelet

Christophe Lavialle

Joaquim Timoteo

Patrick Werquin

(éditeurs)

Échanges du Céreq

R E L I E F 22

juillet 2007

Ruptures et irréversibilités dans les

trajectoires Comment sécuriser les parcours professionnels ? XIV es journées d"étude sur les données longitudinales dans l"analyse du marché du travail

Jean-François Giret

Yvette Grelet

Christophe Lavialle

Joaquim Timoteo

Patrick Werquin

(éditeurs) R E

LIEF 22 / juillet 2007

© Centre d"études et de recherches sur les qualifi cations - Marseille 2007 3

Sommaire

Christophe Lavialle et Joaquim Timoteo

Conférence inaugurale - Concilier flexibilité et sécurité : inscription théorique et enjeux sociétaux.................................7

Christophe Lavialle

Atelier 1 - Bifurcations, ruptures, irréversibilités

Bifurcations biographiques et évolutions des rapports au travail.....................................................................................27

Claire Bidart, Maria Eugenia Longo

Articulation salariat/indépendance dans les trajectoires professionnelles : gestion des précarités et enjeux de mobilité..39

Christèle Assegond, Bernard Buron, Jean-Philippe Fouquet, Françoise Sitnikoff

Précarisation sociale et itinéraires de vie : interactions des champs sociaux et événements critiques..............................49

Nicole Sotteau-Leomant

La sécurisation des ruptures au sein des parcours professionnels :

les limites posées par les attentes différenciées de reconnaissance sociale......................................................................59

Alain Thalineau

Atelier 2 - Insertion des jeunes : réversibilités et outils d'insertion (1)

Génération 98 : Les formes de participation au marché du travail en début de vie active...............................................67

Henri Eckert, Virginie Mora

Les contrats à durée limitée : quel impact sur la stabilisation en emploi ?.......................................................................81

Oana Calavrezo

Increasing Vulnerability at Labor Entry in France............................................................................................................93

Yvette Grelet, Louis-André Vallet, Simone Zdrojewski

Une analyse de la diversité des itinéraires professionnels en début de carrière.............................................................113

Jean-François Giret, Patrick Rousset

Atelier 3 - Trajectoires de vie, trajectoires professionnelles (1)

À la croisée des trajectoires professionnelle et personnelles : la conciliation en question.............................................127

Nathalie Bosse, Christine Guégnard

Naissance et parcours professionnel des mères : rupture ou continuité ?......................................................................137

Ariane Pailhe, Anne Solaz

Les trajectoires d'activité des femmes en Europe : une analyse à partir des données de l'ECHP....................................151

Sabine Chaupain-Guillot, Olivier Guillot, Eliane Jankeliowitch-Laval Atelier 4 - Mobilités choisies, mobilités subies (1)

À quelles conditions la mobilité est-elle source de santé ? Cas des personnels de La Poste...........................................165

Sandrine Caroly, Céline Cholez Job Mobility in Portugal. A Bayesian Empirical Study with matched Worker-Firm Data................................................179

Guillaume Horny, Rute Mendès, Gerard Van Den Berg Atelier 5 - Insertion des jeunes : réversibilités et outils d'insertion (2) L'insertion des non-diplômés de l'enseignement supérieur :

réversibilité d'un échec et imbrications entre trajectoires scolaires et professionnelles.................................................191

Nicolas Gury, Stéphanie Moullet

Complexification du marché du travail et orientation professionnelle :

analyse des fondations d'un projet professionnel chez de futurs architectes.................................................................211

Jonathan Gautier

4Les stages étudiants peuvent-ils contribuer à sécuriser les parcours professionnels dans la phase d'insertion ?..............223

Béatrice Barbusse, Dominique Glaymann, François Grima

Les jeunes femmes faiblement qualifiées en région Centre : parcours d'une population fragile.....................................233

Nicolas Dubois-Dunilac, Simon Macaire, Joaquim Timoteo Atelier 6 - Du chômage à l'emploi : quel accompagnement ? Quelles sécurités ?

L'accompagnement des chômeurs : quelle sécurisation des parcours ?.........................................................................251

Pauline Domingo, Sophie Divay

Sortir du chômage à n'importe quel prix ?....................................................................................................................261

Laurence Lizé, Nicolas Prokovas

Le chômage de longue durée : une rupture à combattre autrement pour assurer sa réversibilité...................................277

Marie Salognon

L'apport du fichier historique dans la connaissance du marché local réunionnais :

l'analyse diachronique en complément des suivis longitudinaux..................................................................................291

Vanessa Boleguin, Stéphane Guillon

Atelier 7 - Mobilités choisies, mobilités subies (2)

Devenir infirmière libérale : les multiples facteurs du passage du statut de salariée à celui d'indépendante..................305

Florence Douguet, Alain Vilbrod

Ruptures de trajectoires et créations d'entreprises.........................................................................................................315

Michel Grossetti

La réorientation professionnelle : rupture et réversibilité...............................................................................................323

Agnès Legay, Nathalie Marchal

Atelier 8 - Trajectoires de vie, trajectoires professionnelles (2)

Après une rupture d'union : quelles modifications des trajectoires professionnelles ?...................................................339

Elisabeth Algava, Carole Bonnet, Anne Solaz

Immigrer en France. Quel impact sur les itinéraires professionnels individuels ?..........................................................355

Alina Toader

Le début de carrière à l'épreuve de la mise en couple et de la parentalité....................................................................367

Jean-Paul Cadet, Laurence Diederichs-Diop, Agnès Legay Atelier 9 - Formation professionnelle continue : quelle deuxième chance ? Une typologie des parcours de formation continue à partir d'une analyse exploratoire de

l'enquête Formation-qualification professionnelle (FQP) 2003.....................................................................................379

Johanna Durand

Sécuriser les parcours professionnels inter-métiers : l'émergence d'un marché transitionnel restreint

aux dimensions d'un groupe.....................................................................................................

...................................389

Olivier Guiraudie

La validation des acquis. Un outil de gestion et une nouvelle source de données sur les parcours professionnels ?......401

Jean-Paul Géhin

Atelier 10 - Nouveaux et anciens professionnels : quel modèle pour quel plein emploi ? Entre armée de réserve et liste d'attente : les employées du secteur hospitalier

à l'aune de la sécurisation des parcours.......................................................................................................................415

Anne-Marie Arborio, Jacques Bouteiller, Philippe Méhaut

Le secteur des services à la personne et la sécurisation des parcours professionnels des salariés...................................427

Fabrice Iraci

La stabilisation des parcours professionnels. Le cas des salariés intermittents du spectacle...........................................439

Chloé Langeard

5

Avant-propos

Depuis le " contrat d'activité » jusqu'aux " marchés du travail transitionnels », en passant par la " sécurité

sociale professionnelle » mise en avant par la CGT, la " sécurisation des parcours professionnels » prônée

par la CFDT ou la " formation tout au long de la vie » portée par l'Union européenne, nombreux sont

aujourd'hui les travaux qui alertent sur la nécessité de sécuriser les mobilités sur le marché du travail. Ce

faisant, ils postulent que, derrière l'instabilité accrue des parcours, émerge une nouvelle problématique du

risque professionnel, due à la rupture des logiques de marchés internes qui organisaient, à partir du contrat

de travail, un échange implicite entre subordination et sécurisation.

Sur ce point, les XIII

e journées du longitudinal, organisées à Aix-en-Provence en juin 2006 1 avaient montré

que, plus que l'émergence d'un risque nouveau, c'est la modification des modalités de répartition du risque

professionnel qu'il convenait de mieux cerner. Au-delà, il était ressorti des échanges au cours de ces

journées, que le véritable risque pour le salarié résidait pour l'essentiel dans les ruptures qui viendraient

heurter son parcours professionnel et dans l'irréversibilité des situations auxquelles elles conduiraient ; la

vraie sécurisation des parcours professionnels consisterait donc dans la capacité à conserver à tout " état »

d'une trajectoire professionnelle son caractère réversible.

Dans ces conditions, le triptyque " savoir-risque-mobilité » apparaissait pouvoir constituer les bases d'un

nouveau compromis répondant aux besoins de flexibilité des entreprises et à l'exigence de sécurité des

individus.

C'est cette hypothèse que les XIV

e journées du longitudinal, organisées à Orléans par le Laboratoire

d'économie d'Orléans (UMR CNRS 6221), se proposaient d'explorer en organisant les réflexions autour de

trois grands questionnements.

1) Le premier d'entre eux portait sur la nature des ruptures professionnelles et sur leurs déclencheurs.

Il revêtait d'abord une dimension méthodologique et épistémologique, en se donnant pour objet de clarifier

et de mieux cerner la notion même de rupture et les rapports qu'elle est susceptible d'entretenir avec les

notions voisines de transition, de bifurcation ou de contingence dans une trajectoire. Les sciences sociales,

toutes occupées traditionnellement à la recherche des effets de structure, des régularités et des continuités

dans les processus qu'elles étudient, ne se sont pas majoritairement préoccupées de donner un statut

théorique clair à ces notions. La clarification des termes et de leur contenu est donc une étape essentielle.

Ces notions se recouvrent-elles ? Quels rapports entretiennent-elles avec la question de l'irréversibilité d'une

trajectoire ?

Ensuite, dans le cadre de ce premier questionnement, il est possible de s'intéresser à ce qui se passe " en

amont » des ruptures : existe-t-il des épisodes déclencheurs (événements) particuliers ? Quelle est alors,

dans le déroulement des trajectoires, leur importance au regard des " conditions initiales » ?

Finalement on pouvait s'intéresser à ce dont sont porteuses, en aval, ces ruptures : sont-ce les ruptures ou

l'irréversibilité des situations qui portent les risques et fragilisent en conséquence les trajectoires

professionnelles ? Ces deux termes sont-ils d'ailleurs nécessairement liés ? Quels liens logiques entretiennent

ou pourraient entretenir les quêtes de flexibilité, d'une part, et de réversibilité des trajectoires, de l'autre ?

On pouvait également imaginer s'interroger sur les opérateurs de transition entre les niveaux micro et

macro : quels liens entre les trajectoires individuelles, leurs ruptures, leurs irréversibilités et les phénomènes

d'hystérèse ou de permanence du taux de chômage global, par exemple ?

2) Les ruptures qui perturbent les parcours tout en les façonnant, sont aussi des moments où se révèlent

conjointement les influences des trajectoires individuelles de vie et celles des " trajectoires » collectives

induites par les évolutions des professions ou des organisations productives. Les modifications des identités

professionnelles transforment ainsi les trajectoires et les conditions de leur sécurisation. Par ailleurs, si plus

généralement les " transitions », ont un contenu professionnel, elles peuvent également posséder un

contenu de vie privée (congés parentaux, par exemple) ou résulter d'événements de vie (mariage, divorce,

naissance, etc.) pouvant impacter significativement la situation des individus sur le marché du travail.

1

Béret P., di Paola V., Giret J.-F., Grelet Y. et Werquin P. (éds) (2006), Transitions professionnelles et risques. XIII

èmes

journées

d'étude sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail, Céreq, RELIEF, n° 15, juin.

6

L'analyse de l'articulation entre trajectoires professionnelles, trajectoires sociales et histoires de vie garde

ainsi toute sa pertinence au regard de l'actuelle complexification des relations de travail et constitue un

deuxième grand ensemble de questionnement analytique sur lequel des contributions étaient attendues.

3) Enfin si la sécurisation des parcours professionnels (et de vie) consiste à pouvoir y introduire la

réversibilité des " états » et des " situations », il reste à définir le rôle et les outils des pouvoirs publics

ainsi que celui des entreprises et des salariés eux-mêmes dans ce processus. En effet, les trajectoires sont

marquées par le passage dans des organisations, des entreprises où les identités professionnelles s'hybrident,

les métiers se transforment, les modes de gestion de la main-d'oeuvre et les formes de motivation se

redéfinissent. Cette complexification des situations de travail interpelle la responsabilité de l'entreprise mais

aussi celle de l'État par les incitations qu'ils peuvent mettre en oeuvre et leurs conséquences sur les

entrées/sorties du marché du travail.

À la lecture des contributions qui suivent, il apparaît que toutes ces interrogations, déclinées à la fois à

propos des trajectoires d'insertion, des trajectoires professionnelles, ou encore des trajectoires d'exclusion

spécifiques des chômeurs ou des salariés, ont été remarquablement renseignées. Leur pertinence même a

aussi été questionnée, et notamment l'idée qu'une réversibilité des états professionnels pourrait être

imaginée, alors même que l'imbrication des trajectoires professionnelles et des trajectoires de vie, des

parcours individuels et des parcours de " reconnaissance sociale », était par ailleurs si clairement mise en

évidence. Au-delà, la conception même de " trajectoires » individuelles peut être questionnée, dès lors

qu'elle renvoie à des processus spécifiques d'individuation et à leur renouvellement, et pourrait dérivée

d'une vision trop décontextualisée des parcours et des mobilités.

La nature des outils de sécurisation a également été interrogée, et leurs usages sociaux analysés à partir

d'une posture que l'on peut qualifier de " critique » (s tages étudiants, procédures d'accompagnement des

chômeurs, dispositifs de VAE, politiques de ressources humaines, formation professionnelle continue...). De

nouveaux objets, en fin, sont apparus. À titre d'exemple, l'hybridation du statut salarié/indépendant, souvent

questionnée du point de vue de la subordination (l'injonction d'autonomie et d'indépendance progressant

dans la relation salariée, tandis que la subordination à des donneurs d'ordre s'accroît dans le statut

d'indépendants) est ici abordée sous un angle original, selon lequel le passage du statut de salarié au statut

d'indépendant, de " profession libérale », voire de créateur d'entreprise, peut apparaître comme le résultat

d'une tentative individuelle de sécurisation de sa trajectoire, en même temps qu'elle permet de construire

des mobilités plus voulues que subies. Sur le plan des méthodologies, et des dispositifs convoqués, ces XIV e journées ont aussi satisfait toutes les

attentes. La prise en compte des différentes dimensions des trajectoires a logiquement conduit à rapprocher

et articuler assez systématiquement matériaux qualitatifs (entretiens biographiques, questions qualitatives

d'enquêtes, monographies...) et quantitatifs. Ces derniers, ont traditionnellement reposé sur les enquêtes

rétrospectives du Céreq (enquêtes Génération), mais aussi sur un grand nombre d'autres dispositifs : enquête

Mobilités géographiques et insertion sociale (INED-INSEE), enquête FQP 2003, panel long de licenciés

économiques, suivi longitudinal des chômeurs, enquête Sortants de l'ANPE, enquête Histoire de vie... Cette

richesse des sources, finalement, faisait écho à la grande diversité de l'auditoire et des participants

confirmant les " journées d'études sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail »

comme un lieu privilégié de rencontre, de débat et d'échange entre chercheurs de différentes disciplines, à

propos de leur objet partagé : l'analyse du marché du travail, de ses transformations, et des trajectoires qu'elles contribuent à structurer.

Christophe Lavialle et Joaquim Timoteo

7

Conférence inaugurale des XIV

e journées d'études sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail, Orléans, 30 et 31 mai 2007 Concilier flexibilité et sécurité : inscription théorique et enjeux sociétaux

Christophe Lavialle

Depuis quelques temps, un thème s'est invité au coeur des débats théoriques et de politique publique

concernant les reconfigurations à imaginer du rapport salarial et des protections sociales : celui de la

" flexicurité ». Ce concept, volontairement et utilement " flou » (Freyssinet 2006), veut évoquer l'idée d'une

conciliation possible entre ce que seraient les exigences (entrepreneuriales) de flexibilité, de mobilité et

d'adaptabilité d'une part, et les revendications (salariées) de sécurisation des parcours professionnels. Les

modalités particulières d'articulation entre réformes du marché du travail et de l'État social dont il contribue

à dessiner les contours sont parfois interprétées (Gautié 2003b) comme pouvant, face aux mutations à

l'oeuvre sur les marchés du travail et aux pressions qui s'exercent sur les systèmes de protection sociale,

constituer une " troisième voie » entre deux voies moins souhaitables, moins praticables, ou pouvant

difficilement faire l'objet d'un consensus, celle de la simple et systématique dérégulation marchande et

celle, symétrique », du maintien volontariste et opiniâtre des régulations héritées de la période " fordiste ».

Le débat autour du thème de la flexicurité implique donc logiquement trois dimensions essentielles, qui

dessinent autant de pistes de recherche 1

Une première dimension est celle relative à la firme, aux transformations organisationnelles et de la relation

de travail d'une part, de la relation d'emploi d'autre part. Il est ainsi possible de s'intéresser aux mutations

du rapport salarial sous l'angle de l'étude des processus de fragilisation des " marchés internes » d'entreprise

(Gautié 2003a), lesquels constituaient à tout le moins " l'horizon » du fordisme, et semblent aujourd'hui

laisser place à une réalité plus segmentée. L'étude des contenus du travail, de l'évolution des modalités de

gestion de la ressource humaine (émergence d'une " logique compétence » tendant à se substituer à une

logique poste-qualification qui serait devenue obsolète (Lichtenberger et Paredeise 2001)) en liaison avec les

transformations de l'organisation du travail et des modes de production (modernisation, juste à temps...),

l'étude, aussi, des formes renouvelées de " subordination » au travail et de mobilisation de la main-d'oeuvre,

sont autant d'entrées qui peuvent compléter ce premier angle. L'ensemble de ces transformations, qui

semble témoigner d'une forme de re-marchandisation tant de la relation d'emploi que de la relation de

travail, peut alors être interprété comme découlant d'une recherche systématisée de " flexibilité » (au moins

productive 2 ) de la part des entreprises, laquelle s'accompagne d'ailleurs, dans les discours, d'une revendication paradoxale de davantage de " sécurité » (juridique, cf. Freyssinet 2006).

Une deuxième dimension est évidemment la dimension individuelle et des trajectoires professionnelles et de

vie. La recherche peut alors consister à observer, quantifier et qualifier l'instabilité des emplois et des

parcours, repérer une éventuelle " déstandardisation »/individualisation des destinées professionnelles, leur

imbrication avec les parcours de vie et les événements qui les jalonnent, repérer les éléments déterminants

des trajectoires de précarisation/désaffiliation, identifier les " transitions » critiques, les bifurcations... C'est

sur la base de cette appréhension des transformations réellement à l'oeuvre dans les trajectoires

individuelles, et de leurs déterminants, que peut alors se comprendre la revendication mise à l'ordre du jour

de " sécurisation » des parcours professionnels, mais aussi, par exemple, de conciliation entre vie familiale

et vie professionnelle.

Christophe Lavialle, maître de conférences HDR en Science économique, Université d"Orléans et Laboratoire d"économie

d"Orléans (UMR CNRS 6221), directeur du centre associé au Céreq pour la région Centre/Poitou-Charentes,

christophe.lavialle@univ-orleans.fr 1 Le présent colloque s"attachera principalement aux deux dernières. 2

Car, comme le fait justement remarquer Freyssinet (2006) : " Pour que [la] conciliation (entre des exigences de flexibilité

[...] d'une part et des garanties de sécurité ou de sécurisation, d'autre part), soit concevable, il faut adopter une conception

de la flexibilité qui renvoie à la capacité d'adaptation du système productif et non à la précarité du statut des travailleurs. »

8

Une troisième dimension, enfin, est celle des politiques publiques, chargées de prendre en charge

l'éventuelle conciliation entre les deux exigences évoquées de flexibilité et de sécurité. Cette troisième

dimension peut renvoyer plus généralement, nous le verrons, à une interrogation sur les modalités de

coordination des décisions microéconomiques en économie décentralisée. Le long de cet " axe de

recherche », le débat peut s'enrichir des enseignements dérivés des expériences étrangères (descriptions

monographiques de " modèles de pays », approches comparatives), et de l'évaluation des réformes

entreprises.

Une contribution essentielle peut aussi être, en amont, d'éclairer la décision publique et le débat qu'elle

implique en s'efforçant de souligner son inscription théorique, et les enjeux sociétaux qu'il recouvre. C'est à

cette tâche que le présent article se consacre. L'idée est que, dans la mise en oeuvre de ce qui peut

apparaître comme une simple " ingénierie » sociale, une condition de réussite est l'existence d'une

cohérence globale de l'approche : les politiques publiques menées doivent être clairement identifiées sous

la forme d'une doctrine qui traduit le regard porté sur la situation de l'emploi. En l'occurrence, le débat sur

la flexicurité conduit à placer la question des politiques d'emploi, et plus généralement la question de la

reconfiguration de ce qu'il est convenu d'appeler " l'État social » 3 , à la croisée de quatre problématiques principales :

la première est évidemment celle de l'entrée dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler, avec Ulrich

Beck (2001), la société du risque, et son corollaire, l'exigence croissante de sécurité (1.1.) ;

une deuxième problématique est celle de l'entrée dans une société des individus , dans laquelle " people

are invited to constitute themselves as individuals, to plan, understand, design themselves as individuals »

(Giddens 1998, p. 36), en tout état de cause l'entrée dans une société où les processus d'individuation se

renouvellent (1.2.) ;

la troisième problématique - ouvertement revendiquée par la stratégie de Lisbonne - est l'entrée dans une

économie de la connaissance. Ce bouleversement pose la question de " l'institution » d'une telle économie,

et particulièrement de l'existence ou non de " bonnes pratiques institutionnelles » (2.1.) ;

enfin, nous observerons qu'une quatrième problématique peut être celle des médiations sociales à même

de faire émerger les formes institutionnelles en question (2.2.).

1. Concilier flexibilité et securité : quels concepts ?

1.1. L'État social dans une société du risque

1.1.1. Quels risques ?

Avec la question de la sécurisation des parcours professionnels et de vie, et de sa possible conciliation avec

les impératifs de flexibilité, c'est, bien évidemment, d'abord la question du risque dans le champ des

relations d'emploi et de travail qui est posée 4 . Le débat qui nous occupe réactive de la sorte un lien ancien

entre problématisation du social en termes de risque et recherches de nouvelles modalités d'intervention

publique. Comme le fait remarquer Verdier (2006) : " Ce lien n'est pas nouveau dans le champ de la

relation de travail salarié : c'est bien autour de l'incertitude et des aléas nés de cette relation, dans le

contexte des sociétés industrielles de la fin du XIX

ème

siècle, qu'est apparu pour la première fois l'impératif

d'une gestion politique du risque. » C'est pourquoi la réactivation de cette problématique témoigne moins

d'une émergence du risque que de sa résurgence, dans un contexte de décomposition du statut salarial et

des règles institutionnelles qui garantissaient, au terme d'un contrat au moins implicite, la sécurisation des

parcours professionnels. Cette résurgence concerne évidemment au premier chef le " risque » de chômage

qui insécurise des trajectoires professionnelles dont la déstabilisation (au regard du " standard » présumé des

Trente glorieuses) peut aussi être porteuse d'opportunités nouvelles. 3

Première définition.

4

C"est précisément à cette problématique du risque qu"avaient été consacrées les XIII

èmes

journées du Longitudinal, en 2006 à

Aix-en-Provence (cf. Béret et alii 2006).

9 Le risque dans le champ des relations de travail et d'emploi : émergence ou report ?

Le risque (et/ou l'incertitude

5 ) est un phénomène à la fois social et individuel, macroéconomique et

microéconomique. Individuel dans ses manifestations, il est toujours le produit de logiques qui ne peuvent

se réduire intégralement aux seules volontés ou comportements individuels 6 . Il peut résulter de la

méconnaissance a priori des " états de la Nature » susceptibles de se réaliser (le risque est alors d'une

certaine manière " exogène »). Il peut surtout découler des échecs de coordination marchande et de

l'incapacité d'une économie décentralisée à fonctionner sur le mode de l'équilibre (risque " endogène »). Le

risque est donc inhérent à la dynamique économique, et ne serait susceptible d'être éliminé que sous la

double hypothèse d'une économie où la mise en cohérence des plans individuels serait toujours garantie

7 , et

qui ne serait par ailleurs pas soumise à des chocs exogènes. En dehors de ces postulats " idéaux », toute

dynamique économique produit du risque, et tout modèle social susceptible d'y être associé repose sur une

répartition et un mode de gestion des risques, notamment ceux associés au travail. En l'occurrence, tout acte de travail et de producti on présuppose l'identification et la répartition/gestion de cinq grandes catégories de risque (cf. Gazier 2003 repris dans Lavialle 2004) :

les risques entrepreneuriaux (productifs) (faillite, mévente, erreurs de production) sont normalement

supportés par l'entrepreneur. Ce dernier, en contrepartie, est le " créancier en dernier ressort », celui

qui s'approprie les profits. Le salarié, quant à lui, de par son statut de subordonné, n'a qu'une

obligation de moyens et son contrat lui garantit (implicitement) une certaine sécurité en termes

d'emploi et de revenus. Dans la période récente, le risque d'entreprise s'est accru et on observe dans

le même temps un report de cette instabilité accrue sur les salariés : exigence de réactivité, de prise

d'initiative, de flexibilité, exigences ayant entraîné à leur tour une individualisation croissante de

l'évaluation et de la rémunération.

Les risques entrepreneuriaux peuvent aussi se décliner, pour les salariés, en termes de risque de

" flexibilité » des temps de travail. Il s'est accru avec la volatilité de la demande (et donc le risque

entrepreneurial) qui a conduit à l'émergence d'une modulation croissante des horaires de travail. On

a donc là aussi un report du risque sur les salariés, de manière aussi directe que conflictuelle, avec

notamment la question aujourd'hui déterminante de la conciliation entre vie familiale et viequotesdbs_dbs13.pdfusesText_19