sociale professionnelle » mise en avant par la CGT, la « sécurisation des parcours macro : quels liens entre les trajectoires individuelles, leurs ruptures, leurs mobilités et des transitions professionnelles, peut être, pour les individus, tout On voyait s'affirmer chez elle le désir d'accomplir ensemble une passion et un
Previous PDF | Next PDF |
[PDF] Ce document est le fruit dun long travail approuvé par le jury de
empiriques liés entre eux Par une socio-logique, sont à porter au débat des questions Car llanalyse n'est ianais produite en dehors des outils dont elle se dote pour le partictrlier, où la natrre du lien qui unit les individus les uns aur< autses rePose comment telle chose s'est produite dans le passé, Cra, c'est pour
[PDF] Les modèles socio- économiques associatifs - INJEP
17 oct 2019 · comment elles sont prises dans les tensions inhérentes à la qu'elle est le lien entre la liberté de chacun et la liberté de tous répartition initiale injuste des richesses sociales entre les individus, Source : Enquête CRA-CSA 2017 largement est affirmée aussi par la Charte de l'économie sociale de
[PDF] Anthropologie et développement : essai en socio-anthropologie du
consensuels 2, la socio-anthropologie du développement affirme dès le départ la complexité du sur le lien entre trois composantes fondamentales et indissociables : (1) un objet Dans ce décalage entre ce qu'elle est et comment on entend d'initiative (ou de résistance) des individus et des groupes locaux Là encore
[PDF] Ruptures et irréversibilités dans les trajectoires Comment - Cereq
sociale professionnelle » mise en avant par la CGT, la « sécurisation des parcours macro : quels liens entre les trajectoires individuelles, leurs ruptures, leurs mobilités et des transitions professionnelles, peut être, pour les individus, tout On voyait s'affirmer chez elle le désir d'accomplir ensemble une passion et un
[PDF] réseaux sociaux - CORE
14 oct 2015 · Les marginalia de lecture dans les ” réseaux sociaux ” du livre (2008-2014) : Or, elles ont été produites par les membres du réseau de Or, une annotation entretient un lien de dépendance irréductible avec l'objet annoté il n'est pertinent que lorsque l'expression affirme le primat d'un texte central (p
[PDF] expression littérale exercice 3eme
[PDF] réduire une expression littérale 5eme
[PDF] exercices réduire une expression littérale 4eme
[PDF] comment réduire calcul littéral
[PDF] quels sont les déterminants de la mobilité sociale en france asie 2015
[PDF] expression avec nombre
[PDF] quelle relation peut on etablir entre declassement et paradoxe d anderson
[PDF] expression avec le chiffre 4
[PDF] vous montrerez que l école rencontre des difficultés pour assurer la mobilité sociale
[PDF] expression avec 100
[PDF] quel est le rôle du capital culturel dans la mobilité sociale ?
[PDF] expression avec 5
[PDF] jeu de mot avec chiffre
[PDF] expression avec le chiffre 3
Céreq
Ruptures et irréversibilités dans les
trajectoires Comment sécuriser les parcours professionnels ? XIV es journées d'étude sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travailJean-François Giret
Yvette Grelet
Christophe Lavialle
Joaquim Timoteo
Patrick Werquin
(éditeurs)Échanges du Céreq
R E L I E F 22
juillet 2007Ruptures et irréversibilités dans les
trajectoires Comment sécuriser les parcours professionnels ? XIV es journées d"étude sur les données longitudinales dans l"analyse du marché du travailJean-François Giret
Yvette Grelet
Christophe Lavialle
Joaquim Timoteo
Patrick Werquin
(éditeurs) R ELIEF 22 / juillet 2007
© Centre d"études et de recherches sur les qualifi cations - Marseille 2007 3Sommaire
Christophe Lavialle et Joaquim Timoteo
Conférence inaugurale - Concilier flexibilité et sécurité : inscription théorique et enjeux sociétaux.................................7
Christophe Lavialle
Atelier 1 - Bifurcations, ruptures, irréversibilitésBifurcations biographiques et évolutions des rapports au travail.....................................................................................27
Claire Bidart, Maria Eugenia Longo
Articulation salariat/indépendance dans les trajectoires professionnelles : gestion des précarités et enjeux de mobilité..39
Christèle Assegond, Bernard Buron, Jean-Philippe Fouquet, Françoise SitnikoffPrécarisation sociale et itinéraires de vie : interactions des champs sociaux et événements critiques..............................49
Nicole Sotteau-Leomant
La sécurisation des ruptures au sein des parcours professionnels :les limites posées par les attentes différenciées de reconnaissance sociale......................................................................59
Alain Thalineau
Atelier 2 - Insertion des jeunes : réversibilités et outils d'insertion (1)Génération 98 : Les formes de participation au marché du travail en début de vie active...............................................67
Henri Eckert, Virginie Mora
Les contrats à durée limitée : quel impact sur la stabilisation en emploi ?.......................................................................81
Oana Calavrezo
Increasing Vulnerability at Labor Entry in France............................................................................................................93
Yvette Grelet, Louis-André Vallet, Simone ZdrojewskiUne analyse de la diversité des itinéraires professionnels en début de carrière.............................................................113
Jean-François Giret, Patrick Rousset
Atelier 3 - Trajectoires de vie, trajectoires professionnelles (1)À la croisée des trajectoires professionnelle et personnelles : la conciliation en question.............................................127
Nathalie Bosse, Christine Guégnard
Naissance et parcours professionnel des mères : rupture ou continuité ?......................................................................137
Ariane Pailhe, Anne Solaz
Les trajectoires d'activité des femmes en Europe : une analyse à partir des données de l'ECHP....................................151
Sabine Chaupain-Guillot, Olivier Guillot, Eliane Jankeliowitch-Laval Atelier 4 - Mobilités choisies, mobilités subies (1)À quelles conditions la mobilité est-elle source de santé ? Cas des personnels de La Poste...........................................165
Sandrine Caroly, Céline Cholez Job Mobility in Portugal. A Bayesian Empirical Study with matched Worker-Firm Data................................................179
Guillaume Horny, Rute Mendès, Gerard Van Den Berg Atelier 5 - Insertion des jeunes : réversibilités et outils d'insertion (2) L'insertion des non-diplômés de l'enseignement supérieur :réversibilité d'un échec et imbrications entre trajectoires scolaires et professionnelles.................................................191
Nicolas Gury, Stéphanie Moullet
Complexification du marché du travail et orientation professionnelle :analyse des fondations d'un projet professionnel chez de futurs architectes.................................................................211
Jonathan Gautier
4Les stages étudiants peuvent-ils contribuer à sécuriser les parcours professionnels dans la phase d'insertion ?..............223
Béatrice Barbusse, Dominique Glaymann, François GrimaLes jeunes femmes faiblement qualifiées en région Centre : parcours d'une population fragile.....................................233
Nicolas Dubois-Dunilac, Simon Macaire, Joaquim Timoteo Atelier 6 - Du chômage à l'emploi : quel accompagnement ? Quelles sécurités ?L'accompagnement des chômeurs : quelle sécurisation des parcours ?.........................................................................251
Pauline Domingo, Sophie Divay
Sortir du chômage à n'importe quel prix ?....................................................................................................................261
Laurence Lizé, Nicolas Prokovas
Le chômage de longue durée : une rupture à combattre autrement pour assurer sa réversibilité...................................277
Marie Salognon
L'apport du fichier historique dans la connaissance du marché local réunionnais :l'analyse diachronique en complément des suivis longitudinaux..................................................................................291
Vanessa Boleguin, Stéphane Guillon
Atelier 7 - Mobilités choisies, mobilités subies (2)Devenir infirmière libérale : les multiples facteurs du passage du statut de salariée à celui d'indépendante..................305
Florence Douguet, Alain Vilbrod
Ruptures de trajectoires et créations d'entreprises.........................................................................................................315
Michel Grossetti
La réorientation professionnelle : rupture et réversibilité...............................................................................................323
Agnès Legay, Nathalie Marchal
Atelier 8 - Trajectoires de vie, trajectoires professionnelles (2)Après une rupture d'union : quelles modifications des trajectoires professionnelles ?...................................................339
Elisabeth Algava, Carole Bonnet, Anne Solaz
Immigrer en France. Quel impact sur les itinéraires professionnels individuels ?..........................................................355
Alina Toader
Le début de carrière à l'épreuve de la mise en couple et de la parentalité....................................................................367
Jean-Paul Cadet, Laurence Diederichs-Diop, Agnès Legay Atelier 9 - Formation professionnelle continue : quelle deuxième chance ? Une typologie des parcours de formation continue à partir d'une analyse exploratoire del'enquête Formation-qualification professionnelle (FQP) 2003.....................................................................................379
Johanna Durand
Sécuriser les parcours professionnels inter-métiers : l'émergence d'un marché transitionnel restreint
aux dimensions d'un groupe.....................................................................................................
...................................389Olivier Guiraudie
La validation des acquis. Un outil de gestion et une nouvelle source de données sur les parcours professionnels ?......401
Jean-Paul Géhin
Atelier 10 - Nouveaux et anciens professionnels : quel modèle pour quel plein emploi ? Entre armée de réserve et liste d'attente : les employées du secteur hospitalierà l'aune de la sécurisation des parcours.......................................................................................................................415
Anne-Marie Arborio, Jacques Bouteiller, Philippe MéhautLe secteur des services à la personne et la sécurisation des parcours professionnels des salariés...................................427
Fabrice Iraci
La stabilisation des parcours professionnels. Le cas des salariés intermittents du spectacle...........................................439
Chloé Langeard
5Avant-propos
Depuis le " contrat d'activité » jusqu'aux " marchés du travail transitionnels », en passant par la " sécurité
sociale professionnelle » mise en avant par la CGT, la " sécurisation des parcours professionnels » prônéepar la CFDT ou la " formation tout au long de la vie » portée par l'Union européenne, nombreux sont
aujourd'hui les travaux qui alertent sur la nécessité de sécuriser les mobilités sur le marché du travail. Ce
faisant, ils postulent que, derrière l'instabilité accrue des parcours, émerge une nouvelle problématique durisque professionnel, due à la rupture des logiques de marchés internes qui organisaient, à partir du contrat
de travail, un échange implicite entre subordination et sécurisation.Sur ce point, les XIII
e journées du longitudinal, organisées à Aix-en-Provence en juin 2006 1 avaient montréque, plus que l'émergence d'un risque nouveau, c'est la modification des modalités de répartition du risque
professionnel qu'il convenait de mieux cerner. Au-delà, il était ressorti des échanges au cours de ces
journées, que le véritable risque pour le salarié résidait pour l'essentiel dans les ruptures qui viendraientheurter son parcours professionnel et dans l'irréversibilité des situations auxquelles elles conduiraient ; la
vraie sécurisation des parcours professionnels consisterait donc dans la capacité à conserver à tout " état »
d'une trajectoire professionnelle son caractère réversible.Dans ces conditions, le triptyque " savoir-risque-mobilité » apparaissait pouvoir constituer les bases d'un
nouveau compromis répondant aux besoins de flexibilité des entreprises et à l'exigence de sécurité des
individus.C'est cette hypothèse que les XIV
e journées du longitudinal, organisées à Orléans par le Laboratoired'économie d'Orléans (UMR CNRS 6221), se proposaient d'explorer en organisant les réflexions autour de
trois grands questionnements.1) Le premier d'entre eux portait sur la nature des ruptures professionnelles et sur leurs déclencheurs.
Il revêtait d'abord une dimension méthodologique et épistémologique, en se donnant pour objet de clarifier
et de mieux cerner la notion même de rupture et les rapports qu'elle est susceptible d'entretenir avec les
notions voisines de transition, de bifurcation ou de contingence dans une trajectoire. Les sciences sociales,
toutes occupées traditionnellement à la recherche des effets de structure, des régularités et des continuités
dans les processus qu'elles étudient, ne se sont pas majoritairement préoccupées de donner un statut
théorique clair à ces notions. La clarification des termes et de leur contenu est donc une étape essentielle.
Ces notions se recouvrent-elles ? Quels rapports entretiennent-elles avec la question de l'irréversibilité d'une
trajectoire ?Ensuite, dans le cadre de ce premier questionnement, il est possible de s'intéresser à ce qui se passe " en
amont » des ruptures : existe-t-il des épisodes déclencheurs (événements) particuliers ? Quelle est alors,
dans le déroulement des trajectoires, leur importance au regard des " conditions initiales » ?Finalement on pouvait s'intéresser à ce dont sont porteuses, en aval, ces ruptures : sont-ce les ruptures ou
l'irréversibilité des situations qui portent les risques et fragilisent en conséquence les trajectoires
professionnelles ? Ces deux termes sont-ils d'ailleurs nécessairement liés ? Quels liens logiques entretiennent
ou pourraient entretenir les quêtes de flexibilité, d'une part, et de réversibilité des trajectoires, de l'autre ?
On pouvait également imaginer s'interroger sur les opérateurs de transition entre les niveaux micro et
macro : quels liens entre les trajectoires individuelles, leurs ruptures, leurs irréversibilités et les phénomènes
d'hystérèse ou de permanence du taux de chômage global, par exemple ?2) Les ruptures qui perturbent les parcours tout en les façonnant, sont aussi des moments où se révèlent
conjointement les influences des trajectoires individuelles de vie et celles des " trajectoires » collectives
induites par les évolutions des professions ou des organisations productives. Les modifications des identités
professionnelles transforment ainsi les trajectoires et les conditions de leur sécurisation. Par ailleurs, si plus
généralement les " transitions », ont un contenu professionnel, elles peuvent également posséder un
contenu de vie privée (congés parentaux, par exemple) ou résulter d'événements de vie (mariage, divorce,
naissance, etc.) pouvant impacter significativement la situation des individus sur le marché du travail.
1Béret P., di Paola V., Giret J.-F., Grelet Y. et Werquin P. (éds) (2006), Transitions professionnelles et risques. XIII
èmes
journéesd'étude sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail, Céreq, RELIEF, n° 15, juin.
6L'analyse de l'articulation entre trajectoires professionnelles, trajectoires sociales et histoires de vie garde
ainsi toute sa pertinence au regard de l'actuelle complexification des relations de travail et constitue un
deuxième grand ensemble de questionnement analytique sur lequel des contributions étaient attendues.
3) Enfin si la sécurisation des parcours professionnels (et de vie) consiste à pouvoir y introduire la
réversibilité des " états » et des " situations », il reste à définir le rôle et les outils des pouvoirs publics
ainsi que celui des entreprises et des salariés eux-mêmes dans ce processus. En effet, les trajectoires sont
marquées par le passage dans des organisations, des entreprises où les identités professionnelles s'hybrident,
les métiers se transforment, les modes de gestion de la main-d'oeuvre et les formes de motivation se
redéfinissent. Cette complexification des situations de travail interpelle la responsabilité de l'entreprise mais
aussi celle de l'État par les incitations qu'ils peuvent mettre en oeuvre et leurs conséquences sur les
entrées/sorties du marché du travail.À la lecture des contributions qui suivent, il apparaît que toutes ces interrogations, déclinées à la fois à
propos des trajectoires d'insertion, des trajectoires professionnelles, ou encore des trajectoires d'exclusion
spécifiques des chômeurs ou des salariés, ont été remarquablement renseignées. Leur pertinence même a
aussi été questionnée, et notamment l'idée qu'une réversibilité des états professionnels pourrait être
imaginée, alors même que l'imbrication des trajectoires professionnelles et des trajectoires de vie, des
parcours individuels et des parcours de " reconnaissance sociale », était par ailleurs si clairement mise en
évidence. Au-delà, la conception même de " trajectoires » individuelles peut être questionnée, dès lors
qu'elle renvoie à des processus spécifiques d'individuation et à leur renouvellement, et pourrait dérivée
d'une vision trop décontextualisée des parcours et des mobilités.La nature des outils de sécurisation a également été interrogée, et leurs usages sociaux analysés à partir
d'une posture que l'on peut qualifier de " critique » (s tages étudiants, procédures d'accompagnement deschômeurs, dispositifs de VAE, politiques de ressources humaines, formation professionnelle continue...). De
nouveaux objets, en fin, sont apparus. À titre d'exemple, l'hybridation du statut salarié/indépendant, souvent
questionnée du point de vue de la subordination (l'injonction d'autonomie et d'indépendance progressant
dans la relation salariée, tandis que la subordination à des donneurs d'ordre s'accroît dans le statut
d'indépendants) est ici abordée sous un angle original, selon lequel le passage du statut de salarié au statut
d'indépendant, de " profession libérale », voire de créateur d'entreprise, peut apparaître comme le résultat
d'une tentative individuelle de sécurisation de sa trajectoire, en même temps qu'elle permet de construire
des mobilités plus voulues que subies. Sur le plan des méthodologies, et des dispositifs convoqués, ces XIV e journées ont aussi satisfait toutes lesattentes. La prise en compte des différentes dimensions des trajectoires a logiquement conduit à rapprocher
et articuler assez systématiquement matériaux qualitatifs (entretiens biographiques, questions qualitatives
d'enquêtes, monographies...) et quantitatifs. Ces derniers, ont traditionnellement reposé sur les enquêtes
rétrospectives du Céreq (enquêtes Génération), mais aussi sur un grand nombre d'autres dispositifs : enquête
Mobilités géographiques et insertion sociale (INED-INSEE), enquête FQP 2003, panel long de licenciés
économiques, suivi longitudinal des chômeurs, enquête Sortants de l'ANPE, enquête Histoire de vie... Cette
richesse des sources, finalement, faisait écho à la grande diversité de l'auditoire et des participants
confirmant les " journées d'études sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail »
comme un lieu privilégié de rencontre, de débat et d'échange entre chercheurs de différentes disciplines, à
propos de leur objet partagé : l'analyse du marché du travail, de ses transformations, et des trajectoires qu'elles contribuent à structurer.Christophe Lavialle et Joaquim Timoteo
7Conférence inaugurale des XIV
e journées d'études sur les données longitudinales dans l'analyse du marché du travail, Orléans, 30 et 31 mai 2007 Concilier flexibilité et sécurité : inscription théorique et enjeux sociétauxChristophe Lavialle
Depuis quelques temps, un thème s'est invité au coeur des débats théoriques et de politique publique
concernant les reconfigurations à imaginer du rapport salarial et des protections sociales : celui de la
" flexicurité ». Ce concept, volontairement et utilement " flou » (Freyssinet 2006), veut évoquer l'idée d'une
conciliation possible entre ce que seraient les exigences (entrepreneuriales) de flexibilité, de mobilité et
d'adaptabilité d'une part, et les revendications (salariées) de sécurisation des parcours professionnels. Les
modalités particulières d'articulation entre réformes du marché du travail et de l'État social dont il contribue
à dessiner les contours sont parfois interprétées (Gautié 2003b) comme pouvant, face aux mutations à
l'oeuvre sur les marchés du travail et aux pressions qui s'exercent sur les systèmes de protection sociale,
constituer une " troisième voie » entre deux voies moins souhaitables, moins praticables, ou pouvant
difficilement faire l'objet d'un consensus, celle de la simple et systématique dérégulation marchande et
celle, symétrique », du maintien volontariste et opiniâtre des régulations héritées de la période " fordiste ».
Le débat autour du thème de la flexicurité implique donc logiquement trois dimensions essentielles, qui
dessinent autant de pistes de recherche 1Une première dimension est celle relative à la firme, aux transformations organisationnelles et de la relation
de travail d'une part, de la relation d'emploi d'autre part. Il est ainsi possible de s'intéresser aux mutations
du rapport salarial sous l'angle de l'étude des processus de fragilisation des " marchés internes » d'entreprise
(Gautié 2003a), lesquels constituaient à tout le moins " l'horizon » du fordisme, et semblent aujourd'hui
laisser place à une réalité plus segmentée. L'étude des contenus du travail, de l'évolution des modalités de
gestion de la ressource humaine (émergence d'une " logique compétence » tendant à se substituer à une
logique poste-qualification qui serait devenue obsolète (Lichtenberger et Paredeise 2001)) en liaison avec les
transformations de l'organisation du travail et des modes de production (modernisation, juste à temps...),
l'étude, aussi, des formes renouvelées de " subordination » au travail et de mobilisation de la main-d'oeuvre,
sont autant d'entrées qui peuvent compléter ce premier angle. L'ensemble de ces transformations, qui
semble témoigner d'une forme de re-marchandisation tant de la relation d'emploi que de la relation de
travail, peut alors être interprété comme découlant d'une recherche systématisée de " flexibilité » (au moins
productive 2 ) de la part des entreprises, laquelle s'accompagne d'ailleurs, dans les discours, d'une revendication paradoxale de davantage de " sécurité » (juridique, cf. Freyssinet 2006).Une deuxième dimension est évidemment la dimension individuelle et des trajectoires professionnelles et de
vie. La recherche peut alors consister à observer, quantifier et qualifier l'instabilité des emplois et des
parcours, repérer une éventuelle " déstandardisation »/individualisation des destinées professionnelles, leur
imbrication avec les parcours de vie et les événements qui les jalonnent, repérer les éléments déterminants
des trajectoires de précarisation/désaffiliation, identifier les " transitions » critiques, les bifurcations... C'est
sur la base de cette appréhension des transformations réellement à l'oeuvre dans les trajectoires
individuelles, et de leurs déterminants, que peut alors se comprendre la revendication mise à l'ordre du jour
de " sécurisation » des parcours professionnels, mais aussi, par exemple, de conciliation entre vie familiale
et vie professionnelle.Christophe Lavialle, maître de conférences HDR en Science économique, Université d"Orléans et Laboratoire d"économie
d"Orléans (UMR CNRS 6221), directeur du centre associé au Céreq pour la région Centre/Poitou-Charentes,
christophe.lavialle@univ-orleans.fr 1 Le présent colloque s"attachera principalement aux deux dernières. 2Car, comme le fait justement remarquer Freyssinet (2006) : " Pour que [la] conciliation (entre des exigences de flexibilité
[...] d'une part et des garanties de sécurité ou de sécurisation, d'autre part), soit concevable, il faut adopter une conception
de la flexibilité qui renvoie à la capacité d'adaptation du système productif et non à la précarité du statut des travailleurs. »
8Une troisième dimension, enfin, est celle des politiques publiques, chargées de prendre en charge
l'éventuelle conciliation entre les deux exigences évoquées de flexibilité et de sécurité. Cette troisième
dimension peut renvoyer plus généralement, nous le verrons, à une interrogation sur les modalités de
coordination des décisions microéconomiques en économie décentralisée. Le long de cet " axe de
recherche », le débat peut s'enrichir des enseignements dérivés des expériences étrangères (descriptions
monographiques de " modèles de pays », approches comparatives), et de l'évaluation des réformes
entreprises.Une contribution essentielle peut aussi être, en amont, d'éclairer la décision publique et le débat qu'elle
implique en s'efforçant de souligner son inscription théorique, et les enjeux sociétaux qu'il recouvre. C'est à
cette tâche que le présent article se consacre. L'idée est que, dans la mise en oeuvre de ce qui peut
apparaître comme une simple " ingénierie » sociale, une condition de réussite est l'existence d'une
cohérence globale de l'approche : les politiques publiques menées doivent être clairement identifiées sous
la forme d'une doctrine qui traduit le regard porté sur la situation de l'emploi. En l'occurrence, le débat sur
la flexicurité conduit à placer la question des politiques d'emploi, et plus généralement la question de la
reconfiguration de ce qu'il est convenu d'appeler " l'État social » 3 , à la croisée de quatre problématiques principales :la première est évidemment celle de l'entrée dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler, avec Ulrich
Beck (2001), la société du risque, et son corollaire, l'exigence croissante de sécurité (1.1.) ;
une deuxième problématique est celle de l'entrée dans une société des individus , dans laquelle " people
are invited to constitute themselves as individuals, to plan, understand, design themselves as individuals »
(Giddens 1998, p. 36), en tout état de cause l'entrée dans une société où les processus d'individuation se
renouvellent (1.2.) ;la troisième problématique - ouvertement revendiquée par la stratégie de Lisbonne - est l'entrée dans une
économie de la connaissance. Ce bouleversement pose la question de " l'institution » d'une telle économie,
et particulièrement de l'existence ou non de " bonnes pratiques institutionnelles » (2.1.) ;enfin, nous observerons qu'une quatrième problématique peut être celle des médiations sociales à même
de faire émerger les formes institutionnelles en question (2.2.).1. Concilier flexibilité et securité : quels concepts ?
1.1. L'État social dans une société du risque
1.1.1. Quels risques ?
Avec la question de la sécurisation des parcours professionnels et de vie, et de sa possible conciliation avec
les impératifs de flexibilité, c'est, bien évidemment, d'abord la question du risque dans le champ des
relations d'emploi et de travail qui est posée 4 . Le débat qui nous occupe réactive de la sorte un lien ancienentre problématisation du social en termes de risque et recherches de nouvelles modalités d'intervention
publique. Comme le fait remarquer Verdier (2006) : " Ce lien n'est pas nouveau dans le champ de larelation de travail salarié : c'est bien autour de l'incertitude et des aléas nés de cette relation, dans le
contexte des sociétés industrielles de la fin du XIXème
siècle, qu'est apparu pour la première fois l'impératifd'une gestion politique du risque. » C'est pourquoi la réactivation de cette problématique témoigne moins
d'une émergence du risque que de sa résurgence, dans un contexte de décomposition du statut salarial et
des règles institutionnelles qui garantissaient, au terme d'un contrat au moins implicite, la sécurisation des
parcours professionnels. Cette résurgence concerne évidemment au premier chef le " risque » de chômage
qui insécurise des trajectoires professionnelles dont la déstabilisation (au regard du " standard » présumé des
Trente glorieuses) peut aussi être porteuse d'opportunités nouvelles. 3Première définition.
4C"est précisément à cette problématique du risque qu"avaient été consacrées les XIII
èmes
journées du Longitudinal, en 2006 àAix-en-Provence (cf. Béret et alii 2006).
9 Le risque dans le champ des relations de travail et d'emploi : émergence ou report ?Le risque (et/ou l'incertitude
5 ) est un phénomène à la fois social et individuel, macroéconomique etmicroéconomique. Individuel dans ses manifestations, il est toujours le produit de logiques qui ne peuvent
se réduire intégralement aux seules volontés ou comportements individuels 6 . Il peut résulter de laméconnaissance a priori des " états de la Nature » susceptibles de se réaliser (le risque est alors d'une
certaine manière " exogène »). Il peut surtout découler des échecs de coordination marchande et de
l'incapacité d'une économie décentralisée à fonctionner sur le mode de l'équilibre (risque " endogène »). Le
risque est donc inhérent à la dynamique économique, et ne serait susceptible d'être éliminé que sous la
double hypothèse d'une économie où la mise en cohérence des plans individuels serait toujours garantie
7 , etqui ne serait par ailleurs pas soumise à des chocs exogènes. En dehors de ces postulats " idéaux », toute
dynamique économique produit du risque, et tout modèle social susceptible d'y être associé repose sur une
répartition et un mode de gestion des risques, notamment ceux associés au travail. En l'occurrence, tout acte de travail et de producti on présuppose l'identification et la répartition/gestion de cinq grandes catégories de risque (cf. Gazier 2003 repris dans Lavialle 2004) :les risques entrepreneuriaux (productifs) (faillite, mévente, erreurs de production) sont normalement
supportés par l'entrepreneur. Ce dernier, en contrepartie, est le " créancier en dernier ressort », celui
qui s'approprie les profits. Le salarié, quant à lui, de par son statut de subordonné, n'a qu'une
obligation de moyens et son contrat lui garantit (implicitement) une certaine sécurité en termes
d'emploi et de revenus. Dans la période récente, le risque d'entreprise s'est accru et on observe dans
le même temps un report de cette instabilité accrue sur les salariés : exigence de réactivité, de prise
d'initiative, de flexibilité, exigences ayant entraîné à leur tour une individualisation croissante de
l'évaluation et de la rémunération.Les risques entrepreneuriaux peuvent aussi se décliner, pour les salariés, en termes de risque de
" flexibilité » des temps de travail. Il s'est accru avec la volatilité de la demande (et donc le risque
entrepreneurial) qui a conduit à l'émergence d'une modulation croissante des horaires de travail. On
a donc là aussi un report du risque sur les salariés, de manière aussi directe que conflictuelle, avec
notamment la question aujourd'hui déterminante de la conciliation entre vie familiale et viequotesdbs_dbs13.pdfusesText_19