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SOMMAIRE

I - PREAMBULE............................................................................................................................................................2

II - UNE HISTOIRE DE 40 ANS..................................................................................................................................3

2.1 - LA PHASE DE CREATION........................................................................................................................................3

2.2 - LA DIVERSIFICATION PROGRESSIVE DE L'OFFRE DE FORMATION...........................................................................9

2.3 - L'ADAPTATION A L'ESPACE EUROPEEN DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR..........................................................10

2.4 - LE DEVELOPPEMENT RAPIDE DES LICENCES PROFESSIONNELLES........................................................................12

III - UN BILAN ET DES QUESTIONNEMENTS....................................................................................................15

3.1 - LES ATOUTS........................................................................................................................................................15

3.1.1 - Les IUT, un cadre institutionnel original...................................................................................................15

3.1.2 - Les IUT, promoteurs de la technologie dans l'université..........................................................................17

3.1.3 - Les IUT, innovations et réussites pédagogiques........................................................................................19

3.1.4 - Les IUT et la professionnalisation.............................................................................................................20

3.1.5 - La recherche, moteur de la pédagogie en IUT...........................................................................................21

3.1.6 - Les IUT, un réseau très organisé...............................................................................................................23

3.1.7 - Les IUT et leur présence sur le territoire : un atout social et économique................................................25

3.1.8 - Les IUT et l'ouverture à l'international.....................................................................................................26

3.2 - LES FREINS..........................................................................................................................................................30

3.2.1 - Un accueil parfois sujet à critiques ...........................................................................................................30

3.2.2 - Des coûts par étudiant inscrit stigmatisés comme élevés...........................................................................34

3.2.3 - Une dégradation progressive des moyens affectés par l'Etat aux IUT......................................................35

3.2.4 - Une évolution du taux d'Insertion Professionnelle immédiate post-DUT .................................................37

3.2.5 - Des freins majeurs dans l'évolution actuelle du système universitaire français........................................41

IV - PLAN D'ACTIONS ET PERSPECTIVES ........................................................................................................43

4.1 - PORTER L'IUT COMME VOIE D'ACCES AU SUCCES, PAR LA TECHNOLOGIE, A TOUS LES NIVEAUX DE

QUALIFICATION

4.1.1 - Conforter, développer et essaimer l'expertise des IUT dans le cadre du LMD.........................................43

4.1.2 - Conforter les missions d'accueil, de réussite et d'égalité des chances......................................................44

4.1.3 - Développer les liens formation emploi ......................................................................................................45

4.2 - CONFORTER LA RECHERCHE EN IUT...................................................................................................................47

4.3 - DEVELOPPER LES ACTIONS DES IUT A L'INTERNATIONAL...................................................................................47

4.4 - AMELIORER LE PILOTAGE DES IUT.....................................................................................................................49

4.4.1 - Rénover les modalités de gouvernance des IUT ........................................................................................49

4.4.2 - Poursuivre le développement des outils de pilotage du système................................................................49

V - CONCLUSION ......................................................................................................................................................51

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................................................54

Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 2

I - Préambule

Après 40 ans d'existence il est apparu nécessaire à la communauté des IUT de dresser un bilan

de l'activité du système IUT et de formaliser une réflexion prospective sur son devenir au regard de l'évolution du paysage universitaire et des besoins de la société. L'objectif de ce travail a été de proposer un document partagé par l'ensemble du système

IUT et de ses partenaires afin de construire collectivement l'avenir, à partir des principes solides

accumulés depuis 40 ans. Ce travail est le fruit de la réflexion de l'Assemblée des Directeurs d'IUT (ADIUT) et de l'Union Nationale des Présidents de conseils d'IUT (UNPIUT) auxquelles ont également été

associés les Présidents des Assemblées de Chefs de Départements. Les nombreux contacts que

nous avons eus avec les représentants des entreprises et des branches professionnelles ont permis d'amender le texte.

L'élaboration de ce document a nécessité l'organisation de quatre assemblées générales de

l'ADIUT, d'un séminaire avec, en particulier, un travail en ateliers thématiques et un travail de

synthèse. Que chacun de ceux qui y ont contribué en soit remercié chaleureusement. Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 3

II - Une histoire de 40 ans

2.1 - La phase de création

Au début des années soixante, la société française se trouvait face à de sérieux défis :

La poussée démographique de l'Après-Guerre, l'allongement de la scolarité obligatoire et gratuite portée à 16 ans en 1959, la suppression de l'enseignement primaire supérieur en

1963, ont provoqué une augmentation du nombre des jeunes à poursuivre leurs

" humanités » jusqu'au baccalauréat " secondaire », (en 1960 : 59 000, en 1970 : 167 000).

Ce diplôme leur ouvrant les portes des Facultés, ces dernières subirent un gonflement rapide et important du nombre de leurs étudiants. En 1960, 215 000 étaient inscrits en

Facultés, dix ans plus tard, ils étaient trois fois plus nombreux, 637 000. Pour mémoire, ils

sont 1 421 000 en 2005. Dans cette perspective de formation de masse, le niveau et la persistance des taux élevés d'insuccès parmi les inscrits en Facultés inquiétaient les pouvoirs publics, sans toutefois que soient recherchées les causes profondes de cet état de fait. En 1963, en Lettres 54 %

des inscrits et 37 % des présents rataient leurs examens de première année. En sciences, les

proportions étaient respectivement de 56 % et 47 %. En Médecine, les étudiants abandonnaient leurs études sans diplôme dans la proportion de 40 %, en Sciences de 65 %, autant ou plus en Droit et Lettres. (Observons qu'à cette époque, les bacs professionnels n'étaient pas encore créés et les premiers bacheliers de mathématiques et techniques n'étaient que symboliquement présents parmi les inscrits en Faculté).

Par ailleurs, la relève de la maîtrise, des cadres et ingénieurs " maison » posait un problème

aigu. Issus de la promotion interne, ils assuraient principalement les fonctions d'encadrement du développement des produits, services et production. Un climat nouveau prévalait, où les maîtres-mots étaient : productivité, croissance, recherche et développement. Ils reprenaient, ceux non entendus lancés cinquante ans auparavant par Henry Le Chatelier, fondateur emblématique de la recherche industrielle française, qui

constatait " Chez nous, le contremaître est resté le roi de l'usine, l'ingénieur joue seulement

un rôle effacé et administratif ..., c'est le contre-pied de l'industrie allemande, dont la

grande prospérité tient au développement énorme du personnel issu des écoles techniques,

... (qui ont fait) ... disparaître la maîtrise ignorante ... ». Déjà en Floréal, an XI, il y a 205

ans, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale constatait dans son bulletin " On s'est peu occupé, en France, de technologie et jamais cette étude n'a fait partie de l'instruction publique. L'Allemagne a sur nous cet avantage. ».

Or, face aux 12 000 ingénieurs, qui étaient alors formés annuellement par les grandes écoles (ils

sont 27 000 en 2005-2006), l'effectif des étudiants cherchant un diplôme supérieur en technique

affichait une distorsion flagrante en n'atteignant pas les 5 000 unités.

En 1964-65, 53,7 % des étudiants de Faculté s'étaient inscrits en Lettres et en Droit, pour 31 % en

Sciences

(38,7 % en 2005-06). Le développement des " Diplômes d'Études Supérieures de

Techniques », DEST, créés en 1960, dans les Facultés des Sciences, ne répondait pas aux espoirs

(cinq années après leur création seulement 78 DEST y avaient été délivrés).

Il s'agissait donc de faire face à l'augmentation du nombre d'élèves accédant au baccalauréat en

favorisant leur orientation en fonction du développement économique et social, étroitement lié au

Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 4

progrès technique dans tous les secteurs d'activités où se développaient des fonctions nouvelles

d'encadrement technique. Ces fonctions possédaient des caractéristiques communes. Elles

impliquaient une spécialisation plus poussée que celle d'un ingénieur et une formation générale

plus étendue que celle du technicien 1 . Elles exigeaient un effort permanent de réflexion, une

maîtrise suffisante des moyens d'expression et de communication et la capacité de s'adapter à un

milieu en constante évolution.

A cette époque un doublement, voire un triplement des effectifs du supérieur, était envisagé sur dix

ans. L'expansion économique, quant à elle, ne pouvait être envisagée en l'absence de

développement scientifique et technique. D'où la nécessité de développer de nouvelles formations

répondant aux besoins renforcés de " cadres intermédiaires » 2 Fin 1963, Christian Fouchet, ministre de l'Education Nationale, constitua un premier groupe de

réflexion de 18 personnes pour préparer les réformes de structure du secondaire et du supérieur. En

septembre 1964, le Gouvernement décidait que : Des Instituts, assurant une formation technique supérieure, seraient ouverts aux bacheliers. L'orientation des étudiants vers ces Instituts ou vers les Facultés serait déterminée au niveau du baccalauréat. La formation donnée dans ces Instituts serait organisée en deux années, l'enseignement dispensé devant être plus concret que celui des Facultés.

Cette première étape était rassurante, elle n'annonçait ni la création de facultés dans de nouveaux

domaines, ni de troisième année pour ces Instituts, comme les licences et les grandes écoles. Les

groupes de pression ne réagirent pas.

Une " Commission des Instituts de Formation Technique Supérieure », placée sous la présidence

du secrétaire général du ministère de l'Education Nationale et composée de personnalités de

l'enseignement supérieur, de la haute administration et de l'industrie, fut chargée, début 1965, de

préciser la finalité de ces nouveaux Instituts, les objectifs professionnels à respecter, les contours

de leurs organisations. Des expérimentations en profondeur devaient permettre d'observer en vraie

grandeur l'efficacité des méthodes didactiques différentes de celles pratiquées par les Facultés, les

écoles supérieures et les lycées. Des enquêtes préciseraient les besoins professionnels. Un

document très complet et circonstancié dit " Rapport Pierre Laurent » a officialisé cette réflexion

de fond, sur son projet pédagogique sous tous ses aspects.

Les concepteurs du système IUT ont assigné à cette innovation universitaire de 1966, des finalités

sociales et professionnelles précises, dans un cadre défini, qui en ont fait une composante originale

de l'enseignement supérieur français :

" Les IUT, en tant que " pivots " de la réforme générale illustrent tout particulièrement

certains de ces principes nouveaux : o par leur place et leur mission dans la structure dans l'ensemble de l'enseignement français, o par l'originalité de leur pédagogie et de leur organisation, 1

G. SAUMADE (1998)

Le terme de " cadre intermédiaire » utilisé à plusieurs reprises dans le document ne fait pas référence à la

classification retenue dans les conventions collectives, mais globalement aux emplois occupés par les titulaires de

DUT et de LP, situés classiquement à un échelon intermédiaire de la hiérarchie des entreprises.

Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 5 o par les effets importants que peut avoir leur existence sur l'évolution de notre enseignement à l'avenir, et sur les conditions dans lesquelles est organisée l'adaptation permanente de l'enseignement à l'évolution sociale ... . ... Y sont nettement soulignées les " trois lignes " de force de la réforme que sont : o le souci de substituer à la sélection des orientations positives, o l'acceptation d'une diversification des objectifs et des pédagogies en fonction des types d'enseignement, o l'ouverture de l'université sur le monde qui l'entoure, sans pour autant subordonner culture et enseignement à des fins utilitaires » (conférence de Pierre Laurent).

Les pouvoirs publics voulaient, " dériver une part non négligeable (25 %) des étudiants vers ces

nouveaux Instituts Universitaires ». Ils désiraient que " dans l'avenir, le D.U.T. soit le seul

diplôme officiel de technologie à ce niveau, et que les Sections de Techniciens Supérieurs soient

utilisées, après les modifications de structure qui s'imposent, pour le démarrage de certains

Instituts ». Enfin, ils souhaitaient que " les enseignements préparant au Brevet de Technicien

Supérieur et au Diplôme d'Etudes Supérieures Techniques soient supprimés au fur et à mesure de

la création des enseignements correspondant dans les nouveaux Instituts Universitaires de

Technologie ».

Un complément de réforme fut apporté à l'occasion d'un Conseil restreint des Ministres, le 3 mai

1965, au cours duquel, trois séries de mesures furent adoptées : la généralisation des collèges

d'enseignement secondaire, la réorganisation des sections de second cycle du second degré (avec

notamment la création de cinq baccalauréats généraux et des baccalauréats de technicien

mathématiques et techniques) et la diversification des enseignements supérieurs. Cette

diversification sera en particulier illustrée par la création des IUT, laquelle se trouvera confirmée

par le décret organique du 7 janvier 1966 3 (cf annexe 1). Ceux-ci se trouvent chargés de former en

deux années après le baccalauréat les techniciens supérieurs qui étaient formés jusque-là dans les

classes supérieures des lycées techniques.

En octobre 1965, s'ouvraient quatre IUT expérimentaux. Un décret signé le 7 janvier 1966, créait

les onze premiers IUT, exposait les choix définitifs du Gouvernement et assurait a posteriori la

légitimité des IUT déjà ouverts et l'accueil des 1 503 étudiants de la promotion de 1966. L'objectif

annoncé était de créer les IUT, avec une capacité globale d'accueil de 125 000 étudiants pour 1980.

(1997 : 100 IUT - 2005 : 115 IUT et 134 000 étudiants).

C'est à cette date que s'est ouvert le chantier du développement des IUT pour transposer, dans les

faits et la réalité, les préceptes innovants, définis et consignés dans le rapport Laurent, notamment

en faisant intervenir dans la formation des étudiants, des enseignants-chercheurs des Facultés, des

enseignants techniques détachés du second degré et, sous forme de vacations, des professionnels

en activité. Le défi était de créer ex nihilo une nouvelle filière de formation supérieure en dehors

des facultés existantes, pour produire un nouveau profil de diplômés " capables de traduire dans le

concret les conceptions de l'ingénieur ou le résultat de recherches théoriques, de transmettre et

d'interpréter les instructions générales des responsables supérieurs administratifs, financiers et

commerciaux ». Les IUT n'étaient rattachés à aucune Faculté, mais directement au recteur de

l'académie de leur lieu d'implantation. Cette construction a mis à contribution, dans un enthousiasme ou un agacement certain, les

juristes, les financiers, les architectes de l'administration centrale du Ministère de l'Education

A. PROST (1997)

Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 6

Nationale (MEN), les collectivités locales et les enseignants de différents statuts pour coordonner

leur rôle dans la formation en devenir. De 1965 à 1968, un organisme consultatif dit " article 35 » (décret du 19 novembre 1965),

composé de 38 personnalités, principalement des enseignants des différents statuts et d'experts du

monde économique, fera un travail de défrichement, puis des propositions de perfectionnement souvent innovantes dans les domaines des programmes de formation, de leur pédagogie et de leur didactique.

Le développement des IUT ne sera pas linéaire. Les trois premières années verront la mise en place

de 14 des 25 spécialités existantes et un tiers des départements seront ouverts entre 1966 et 1970.

Cette phase de mise en place sera suivie d'une période beaucoup plus calme. Seulement cinq

nouvelles spécialités seront créées en deux décennies au cours desquelles les ouvertures annuelles

de départements fluctueront entre 1 et 20 unités par an.

La création des spécialités

012345678

1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006

Nombre annuel de spécialités créées

Chimie, Génie Biologique, Génie Civil, Génie Mécanique et Productique,

Génie Electrique et Informatique Industrielle,

Gestion des Entreprises et des Administrations, Informatique.

Génie Thermique et Energie, Mesures Physiques,

Information Communication, Carrières Sociales,

Technique de Commercialisation.

Génie Chimique - Génie des Procédés,

Statistique et Traitement Informatique des Données.

Hygiène, Sécurité, Environnement

Carrières

Juridiques

GestionLogistiqueet Transport

Génie Industrielet Maintenance

Organisation etGénie de la production

Génie des Télécommunications et Réseaux,

Science et Génie des Matériaux

Services et Réseaux de Communication

Gestion Administrativeet COmmerciale

Métrologie Contrôle Qualité

Conditionnementet de l'emballage

Génie du

Source : DES, 2005

Livre blanc sur le système IUT après 40 ans d'existence : Histoire, Bilan et Perspectives 7

Les ouvertures de départements

01020304050607080

1965
1966
1967
1968
quotesdbs_dbs12.pdfusesText_18

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