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L"APPRENTI ET LE SORCIER Retrouver ce titre sur Numilog.com

DU MÊME AUTEUR

Méthode

de Quasi-Réversibilité et Applications, Dunod Éditeur (en collabora- tion avec J.-L. Lions), 1967. Traduit en américain, russe, etc. Quelques problèmes aux limites de la Physique Mathématique, Gordon and Breach Éditeur, 1967. Traduit en plusieurs langues, dont l"américain. Mille milliards de dollars, J.-C. Lattès, 1969. Traduit en plusieurs langues. Matière grise année zéro (en collaboration avec J. Lesourne et R. Armand), Denoël, 1970. Une nouvelle industrie : la matière grise (en collaboration avec J. Lesourne et R. Armand), Denoël, 1970. Pour une autre croissance, Le Seuil, 1973, préfacé par Edgar Faure. La Fortune des Français, J.-C. Lattès, 1977.

a

préfacé Halte à la croissance? (Fayard, 1972) et Stratégie pour demain (Le Seuil, 1974), versions françaises des deux premiers rapports au Club de Rome; a écrit en collaboration avec Carroll Wilson les recommandations du rapport au Club de Rome sur l"énergie : Énergie : le compte à rebours, J.-C. Lattès, octobre 1978.

Mille milliards

de dollars, version 1982 entièrement nouvelle. J.-C. Lattès.

Nombreuses publications

scientifiques, économiques, politiques. A écrit de très nombreux articles, notamment dans le Monde (depuis 1962 et le Figaro (depuis 1967). Nombreuses conférences en France et aux États-Unis (et dans nombre d"autres pays européens et au Japon). Retrouver ce titre sur Numilog.com

ROBERT LATTÈS

L"APPRENTI

ET LE

SORCIER ou Les Défis de l"innovation

8, rue Garancière Paris Retrouver ce titre sur Numilog.com

La loi du 11 mars 1957 n"autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l"article 41, d"une part, que les " copies ou reproductions strictement réservées à l"usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d"autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d"exemple et d"illustration, "toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l"auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa premier de l"article 40), Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Librairie Plon, 1988. ISBN 2-259-01836-X Retrouver ce titre sur Numilog.com

PRÉFACE

Entre l"univers de l"immédiat après-guerre et celui que nous connaissons aujourd"hui il y a non pas une mais dix mutations technologiques. Faut-il rappeler les plus importantes d"entre elles? Énergie nucléaire, transistors, grands ordinateurs, microélectroni- que, microinformatique, télématique, ensemble des techniques nées de la biologie moléculaire et de la génétique, scanner, matériaux spéciaux, etc. Et déjà se profile la supraconductivité. Autrefois, il s"écoulait entre la découverte scientifique et son utilisation par le grand public des dizaines, voire des centaines d"années. Rien de comparable aujourd"hui. Tout se passe comme si l"invention ou la série d"inventions concernait en quelques années des millions de consommateurs. Du coup les manières de vivre changent. Pour le meilleur et pour le pire. C"est la science et sa fille la technologie qui ont imposé la télévision, cette boîte à images que les satellites ont rendue planétaire; elles deux qui ont jeté sur le marché les antibiotiques et aujourd"hui le scanner; elles aussi qui à travers l"électronique et la robotique ont précipité le déclin des industries traditionnelles et donc augmenté spectacu- lairement le nombre des " sans emploi ». Jamais, depuis les débuts de l"histoire, les hommes n"ont subi une telle avalanche de nouveautés, jamais en tout cas dans un laps de temps aussi court. Or ce bouleversement ne tombe

pas du ciel. Derrière chacune de ces découvertes il y a des équipes d"hommes, des laboratoires de Retrouver ce titre sur Numilog.com

chercheurs, des publications, des rencontres dont nous avons du mal à mesurer l"importance. Plus étonnant encore: montages financiers et méthodes de gestion se sont mis à l"écoute des scientifiques. Qu"il s"agisse des États, des groupes industriels ou des financiers, la plupart ont compris qu"il fallait donner aux scientifiques les moyens dont ils avaient besoin. Un exemple surprenant: l"une des premières grandes réalisations européennes a été la construction du très grand cyclotron de Genève. Une dizaine d"États durant la décennie 50-60 ont accepté d"engager un budget considérable pour étudier le comportement des particu- les élémentaires. Il est probable que la plupart des hommes politiques qui prirent cette décision ignoraient ce que pouvaient bien être ces fameuses particules et pourquoi les savants désiraient tellement les cerner, mesurer leurs vitesses, déterminer leur nature, ou simplement les voir. Or ce mystérieux cyclotron de Genève fera pendant deux décennies l"admiration des Américains et des Russes. Aujourd"hui les deux Grands construisent chacun de leur côté des cydotrons géants. Nous aussi d"ailleurs. Le grand public a probablement entendu parler de ces étranges engins au moment de la bataille entre Grenoble et Strasbourg pour la mise en chantier du nouveau cyclotron : c"était il y a trois ans. Grenoble a gagné. Les Français ne savent toujours pas à quoi peuvent bien servir ces gigantesques anneaux dans lesquels courent à de prodigieuses vitesses des particules qui retiennent encore tant de secrets. Personne en tout cas ne paraît discuter la validité de cette recherche coûteuse qui dure depuis trente ans. Cette transformation accélérée de notre petit univers humain, qui l"a voulue, qui l"a réalisée? Pourquoi? Comment? Existe-t-il une logique de ces successives découvertes? Ou bien s"agit-il d"un mélange de génie et de hasard? Questions fondamentales aux- quelles on répond d"ordinaire par une série d"a priori plus ou moins bien fondés. Avant de se prononcer sur le fond il paraît utile d"observer davantage les acteurs de cette époque mal connue. Curieusement tout le monde se garde de les interroger sur leur vie, ce qui les fait courir - la curiosité, l"ambition ou l"argent ? -, ce qu"ils craignent et ce qu"ils espèrent A sa manière ce petit livre est une enquête sur l"univers des hautes technologies et surtout sur le comportement des hommes qui à travers elles bricolent le XXIsiècle. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Radios et télévisions, ces grands consommateurs de vedettes en tous genres - comédiens, chanteurs, sportifs, hommes politiques, penseurs dans le vent et prix Nobel récents - s"intéressent enfin de compte peu aux acteurs de l"aventure scientifique, technique et économique. Aussi bien ceux-ci sont-ils généralement discrets, peu sensibles au tintamarre médiatique. Plutôt que de paraître, ils ont choisi de faire. Robert Lattès appartient évidemment à cette deuxième catégorie. A ceci près qu"il est sensible au fossé séparant le monde de la recherche de celui du grand public. Telle est la raison de ce livre. Qui est son auteur, Robert Lattès? J"ai dû le rencontrer pour la première fois il y a une dizaine d"années. C"était au cours de l"un de ces dîners austères qui réunissent hauts fonctionnaires, chefs d"entreprises, banquiers, sociologues, parfois même quelques jour- nalistes volontairement démunis, ces soirs-là, de leurs stylos. J"ai oublié le sujet de la réunion. Je me souviens pourtant de l"intervention de Robert Lattès; pas très grand, le chef dégarni, le regard vif derrière des lunettes de comptable ou d"agrégé de mathématiques - il appartient à cette dernière espèce - il s"exprimait avec clarté. J"ai gardé un souvenir ciselé de son court exposé: le raisonnement paraissait rigoureux, les chiffres cités exacts et bien choisis, les déductions logiques. Le tout baignait dans un humour aimablement caustique. J"étais bien incapable de juger si cet intervenant avait tort ou raison; mais il réussissait à rester convaincant tout en étant mesuré. De quel ciel tombait cet aérolithe? Au fil des années j"allais découvrir le personnage. Normale Sciences (rue d"Ulm) à l"origine; après l"agrégation de mathéma- tiques, un peu de physique théorique pour s"exciter l"esprit; une bonne connaissance du monde industriel et plus généralement de toutes les activités économiques français ou étrangers; un intérêt informé pour la peinture; grand lecteur de tout ce qui mérite d"être lu, passionné de littérature et de poésie; une passion égale Pour la musique (il lui arrive de courir à un bout du monde pour ne pas manquer un concert ou un opéra qu"il juge important), il est administrateur de l"orchestre de Paris. Cinéphile impénitent (il a tout vu), il fut même un temps président de la commission d"avance sur recettes du cinéma. Pendant les années 50, se livre un peu aux délices du bridge; à partir du moment où il devint champion du monde, il ne toucha plus une seule carte. Sans doute Retrouver ce titre sur Numilog.com

estimait-il avoir épuisé les satisfactions intellectuelles que ce jeu offrait. En somme un paroissien de qualité. Comment a-t-il trouvé le temps d"écrire quelque neuf ouvrages de mathématiques et d"économie qui ne sont pas tous d"une lecture facile? Mystère. Il me semble pourtant aujourd"hui que son secret est d"une simplicité biblique : Robert Lattès travaille beaucoup parce qu"il trouve cela amusant et stimulant; il a aussi la chance d"avoir besoin de peu de sommeil. C"est au printemps 1986 que je lui suggérai de rédiger un petit ouvrage susceptible de faire comprendre à nos contemporains les voies et moyens du nouveau monde, et du nouveau monde de l"activité économique, dans lequel nous étions en train de pénétrer. Il n"avait bien entendu pas le temps. Accepterait-il en ce cas de répondre à des questions et de corriger les brouillons maladroits que je tirerais de ses réponses? Il réfléchit et me proposa quatre ou cinq jours sur les trois semaines de vacances d"été qu"il s"accorde chaque année. Sensible à l"importance de ce sacrifice, j"allai le retrouver entre le 10 et le 15 août de la même année à la Baule où il regardait la mer en lisant et travaillant, se promenait et jouait au tennis. Puis durant près d"un an, je lui adressai, chapitre après chapitre, ce qu"avait fait naître cette promenade dans les hautes technologies. Il corrigea, réécrivit avec une méticulosité de chartiste. C"est progressivement que nous découvrîmes l"un et l"autre la nature de l"ouvrage. Il s"agissait moins de prospective que de pédagogie. Robert Lattès - j"ai oublié de le préciser - fut l"un des fondateurs du club de Rome, dont les mises en garde bousculèrent quelque peu l"irénisme béat des années 60. Mais cette fois il cherche moins à annoncer l"avenir qu"à décrire les aspects les moins connus du monde actuel.

Mal connues,

les hautes technologies? Allons donc! Dès main- tenant l"informatique est banalisée, trois millions de Français jouent avec leurs Minitels. Un soir sur trois les journaux télévisés s"émerveillent devant les découvertes médicales et les conséquences de la recherche génétique. La double hélice de l"ADN semble aussi familière aux commentateurs que le moulin à café et les satel- lites. Merveille du

snobisme. La minuscule minorité de ceux qui savent approximativement ce que désigne cette gerbe de mots et de concepts neufs se garde d"en donner la définition pour ne pas Retrouver ce titre sur Numilog.com

le temps. L"état-major allié travaillait sur cette opération depuis plus de deux ans. Pour qu"elle puisse réussir, il fallait éliminer un maximum de risques, donc avoir tout prévu; les dates réellement possibles pour le débarquement, en particulier le contrôle de la météo; la taille et la nature des bateaux et des barges; les équipements des hommes pour ne pas patauger et pouvoir escalader les falaises; les zones de concentration des troupes; la logistique d"appui, le ravitaillement, l"approvision- nement en munitions; la variété des troupes d"intervention et des armements; les véhicules nécessaires, l"acheminement des équipements préfabriqués permettant de construire en quel- ques heures un port capable de recevoir de gros bateaux de ravitaillement et d"approvisionnement, etc. Tout cela en imaginant les ripostes d"un adversaire détermi- né, disposant de moyens précis et variés. Hitler pouvait décider ceci ou cela, les renforts allemands monter du sud de la France ou venir du nord et de l"est. Il fallait aussi multiplier avant et dès le déclenchement leurres et intoxications. En somme une immense partie d"échecs sans connaître exactement la dimen- sion de l"échiquier, pas davantage toutes les pièces dont se servirait l"adversaire et à quel instant il les jetterait dans la bataille. Connaissez-vous le jeu des échecs ? Un très bon joueur imagine et évalue au moins cinq à sept coups d"avance : qui plus est certaines séquences sont parfaitement connues ou éliminées. Overlord correspondait peut-être, toutes choses égales par ailleurs, à une prévision à vingt coups. Presque impossible pour un cerveau humain. D"autant plus que les alliés avaient pleinement conscience du facteur temps : toute minute perdue ou gagnée compterait. Il fallait tout organiser avec minutie, cela prit plus de deux ans, pour être en mesure d"agir n"importe où durant les premiers jours et de s"adapter à l"imprévisible, sinon l"imprévu. Aujourd"hui encore, quiconque se penche sur le débarquement reste fasciné. Le débarquement sur la lune était une opération relativement plus simple. Jeter deux millions d"hommes sur un continent transformé en forteresse, c"était l"opération jamais tentée la plus complexe de l"histoire. Les ordinateurs n"existent pas à l"époque ou à peine, on y reviendra. Ce fut véritablement un extraordinaire méca- nisme d"horlogerie aux rouages multiples et qui, une fois enclenché, eut les capacités d"adaptation voulues. Cette expé- Retrouver ce titre sur Numilog.com

rience d"Overlord a marqué plusieurs générations d"entrepre- neurs, de dirigeants ou de créateurs d"un certain niveau ou d"une certaine ambition. Nombre d"opérations ont été conçues et planifiées en s"inspirant de ce gigantesque modèle. Au point qu"O verlord a très souvent été le nom de code d"opérations complexes dans les entreprises. Maîtrise du temps, multiples actions concourant à un même but, par exemple lancement d"un nouveau produit, évaluation des aléas, tout y est. Overlord annonce aussi, bien sûr, les programmes spatiaux et tout ce qu"exigeront les sociétés de hautes technologies pour conce- voir, réaliser et lancer des produits.

G. S. : Si je vous suis bien ce sont les États-Unis qui ont mené le jeu. R.

L. : En gros, oui. Mais la Grande-Bretagne et assez vite la France prennent conscience de l"enjeu et de ses exigences. Je vous rappellerai une petite histoire qui prouve une fois de plus l"extraordinaire génie de De Gaulle. Bertrand Goldschmidt la raconte dans l"un de ses livres; elle concerne le nucléaire. Bertrand Goldschmidt fait partie de l"équipe des Français qui, au Canada, avant la fin de la guerre, participent à l"opération Manhattan, la mise au point de la bombe atomique. Ils veulent sensibiliser les plus hauts responsables sur la signification fondamentale, civile et militaire, de l"énergie atomique. Ils n"ont que peu de temps, lors de l"unique visite de De Gaulle. " Je vous écoute », déclare laconiquement le Général. Bertrand Goldschmidt parle quelques instants. De Gaulle ne l"inter- rompt pas, le remercie et en quatre phrases résume les conclusions opérationnelles qui découlent de l"exposé de l"émi- nent scientifique. Acuité du visionnaire, précision et concision de la synthèse du Général, telles sont les origines de la création en France du Commissariat à l"énergie atomique dès après la Libération.

G. S. : Les conséquences ne seront pas immédiates?

R. L. :

Tout au moins ne seront-elles pas immédiatement visibles. Mais l"élément essentiel sera la création du CEA. La raison saute aux yeux : pour percer les secrets de l"atome civil Retrouver ce titre sur Numilog.com

et militaire et en maîtriser l"emploi, il faut concentrer dans un même organisme les laboratoires appropriés de recherche de physiciens, de chimistes, de biologistes, de mathématiciens, etc. Il ne s"agit pas seulement que chacun travaille dans sa spécialité, il faut coordonner les efforts, agir de façon concer- tée, savoir s"écouter les uns les autres. On trouve là, je crois, le premier organisme pluridisciplinaire français, mais véritable- ment conçu en fonction de buts communs. Ajoutez que les problèmes de protection contre les radiations, fondamentaux, posent toute une série de questions entièrement nouvelles : les radiologues qui, dès avant la guerre, utilisaient les rayons X, avaient découvert dans leur chair les terribles effets des radiations. Dès l"instant où l"on travaille sur l"atome, les risques sont infiniment plus élevés. D"où la nécessité d"introduire d"autres spécialistes dans les équipes du CE A; très précisément les biologistes. Je vous fais remarquer que le regroupement des quatre sciences qui vont être décisives dans le développement des nouvelles technologies est réalisé dès la création du CEA. Technologies complémentaires certes, mais également appui sur la recherche fondamentale. Le reste suivra : matériaux spéciaux, informatique, robotique. Les grandes entreprises, privées ou non, ne vont pas tarder à réaliser la nécessité de laboratoires pluridisciplinaires. C"est ainsi par exemple que quelques années plus tard la CSF, dirigée par Maurice Ponte - un grand bonhomme -, créera non loin de Saclay le centre de Corbeville. Et que la CGE installera un centre de recherche à Marcoussis.

G. S. : Je ne vois rien de particulièrement neuf dans tout cela. R.

L. : Vous êtes difficile! La prise de conscience de la pluridisciplinarité, comme condition fondamentale à la recher- che de pointe, constitue une démarche qui n"a guère de précédent. Mais j"admets que les conséquences du phénomène ne sont pas à l"époque convenablement perçues. Pour le moment je me borne à décrire les étapes qui vont présider à l"émergence du paysage actuel. Ici il faut évidemment introduire la découverte ou plutôt la redécouverte des États-Unis. Retrouver ce titre sur Numilog.com

G. S. : Vous parlez de leur attirance pour les savants fran- çais ?

R. L. :

De bien davantage : les principaux acteurs et déci- deurs européens vont commencer à franchir l"Atlantique. Essayez de réaliser que nous ne sommes pas en 1987 mais en 1947. Depuis 1939, scientifiques et industriels français - et même européens, sauf peut-être les Anglais - ont été totale- ment coupés des États-Unis. Avant guerre on allait là-bas en bateau : cinq jours à l"aller, autant pour en revenir. Encore fallait-il ajouter, le cas échéant, plusieurs journées de train pour atteindre la côte ouest. Les grands laboratoires de recherche existaient à peine et les États-Unis n"étaient pas encore la Mecque de l"innovation. Donc les Européens restaient en Europe. Lorsque les Américains lancent le plan Marshall, les missions de productivité vont se multiplier. Si vous disposez d"une qualification appropriée dans votre entreprise ou votre administration, vous avez toutes chances de pouvoir y partici- per; trois semaines à deux mois pour des visites, de la côte est à la côte ouest. L"avion met seize heures jusqu"à New York avec une escale du côté de Terre-Neuve ou des Açores. Entrepre- neurs et fonctionnaires, plus rarement scientifiques et journa- listes, découvrent brusquement le décalage qui existe désormais entre l"Europe et les États-Unis. Les centres de recherche - qui sont en France des exceptions - sont là-bas de plus en plus courants; les entreprises, grandes ou moins grandes, ont compris leur intérêt et leur importance. Les Européens visi- tent, observent, interrogent et ces voyages auront des consé- quences durables et profondes sur la mentalité de toute une génération que nous n"allons pas tarder à retrouver dans les multiples centres de décision et bureaux d"études de l"État ou des entreprises; l"embryon du réseau entre chercheurs et décideurs européens et américains date de cette époque. Nous sommes aux alentours des années 50.

G. S. : La langue n"a pas constitué une barrière? R.

L. : Non. C"est d"ailleurs un élément supplémentaire qui explique la naissance d"une sorte de club informel des brico- Retrouver ce titre sur Numilog.com

leurs de l"avenir. Tout spécialiste, savant ou expert dans une technique ou une technologie doit se tenir au courant des travaux de ses pairs. Or le volume des publications scientifiques va en quelques années suivre une courbe exponentielle. Pres- que toutes les revues et les rapports sont rédigés en anglais. Vous êtes condamné à l"apprendre. Un exemple permet de comprendre l"ampleur du bond en avant. En 1949 la grande revue de physique théorique - il n"en existe alors vraiment qu"une seule de très haut niveau - s"appelle Physical Reviews. Elle est trimestrielle. Devant le volume des articles de valeur qu"elle reçoit du monde entier, il va lui falloir devenir mensuelle, puis plus fréquente encore. Enfin elle va éclater en fascicules par spécialités. Fascicules dont certains vont fré- quemment être trois à cinq fois plus épais que chaque numéro quelques années auparavant. Il devient de plus en plus impos- sible à un chercheur d"absorber et maîtriser cette masse d"informations. Quoi qu"il en soit, notre scientifique, européen ou d"ailleurs, est obligé de bien comprendre l"anglais; éventuel- lement de classer avec soin cette masse de publications. Quelques humoristes se sont alors amusés à calculer - si cette production scientifique continuait à croître au même rythme - la vitesse à laquelle en 2025 il faudrait ranger ces publications sur des étagères. Réponse : à la vitesse de la lumière. Même tendance, extrapolée au début des années 50, en ce qui concerne le nombre de physiciens; en 2040 tous les habitants de la planète seraient des physiciens théoriciens. Bien entendu ce rythme s"est considérablement infléchi, mais ces chiffres permettent de mesurer l"énormité du bond en avant de l"immédiat après-guerre. Bond qui rapidement ne va pas se limiter à la physique. Il s"est à de multiples égards poursuivi et a donc contraint tout le monde - y compris les Français - à se mettre à l"anglais.

G.

S. : Vous n"avez pas mentionné l"informatique.

R. L. :

Parce qu"elle n"est pour ainsi dire pas encore née. Mais de façon sous-jacente et implicite l"ensemble des phéno- mènes que je viens de vous décrire l"appelle. Impossible de maîtriser la complexité qui se développe, impossible de réaliser les calculs et d"intégrer la masse de données correspondantes, Retrouver ce titre sur Numilog.com

impossible de modéliser aux fins d"applications sans l"appari- tion des ordinateurs. Nous n"allons pas réécrire ici, une fois de plus, ce que fut la naissance de l"informatique...

G. S.

: Je note au passage que vous donnez en partie raison à ceux qui accusent les scientifiques d"être des apprentis sorciers; ceux qui affirment que les découvertes techniques s"enclenchent les unes derrière les autres et que les hommes n"y peuvent plus rien.

R. L. : C"est

aller un peu vite et juger sans bien connaître la trame des faits. Parce que je viens d"affirmer que nous avions à l"époque besoin de l"informatique, je n"affirme pas pour autant qu"elle devait apparaître. C"est tenir pour nul le rôle des personnes. Savez-vous comment a été inventé le principe clef de la " programmation » ?

G.

S. : Non.

R. L. :

Eh bien, je vais vous raconter une histoire qui prouve que ce qui vous semble être la nécessité n"existerait pas sans l"intelligence ou l"imagination. Il était une fois un physicien et mathématicien hongrois qui s"appelait John Von Neuman. Il avait joué un rôle clef dans le projet Manhattan. C"est un des grands génies du XX siècle. S"il ne se préoccupait pas spécia- lement de l"informatique naissante, il savait néanmoins qu"elle existait. Un

jour, vers 1946, de passage à Boston au MIT (Massachus- sets Institute of Technology) on lui fait visiter l"ENIAC, l"ancêtre des ordinateurs modernes, une énorme machine, totalement archaïque aujourd"hui; elle fonctionne avec des lampes à diodes, des " tubes », et des relais; car, ne l"oublions pas, le transistor n"existe pas encore. Curieux de nature, Von Neuman interroge, écoute les explications, s"arrête, perplexe, sur les tableaux de câblage. Car à l"époque les données étaient introduites dans l"ordinateur mais la séquence des opérations logiques et arithmétiques à réaliser l"était par l"intermédiaire de panneaux de câblages électriques à fiches amovibles, les jeux de câblage variant avec les problèmes ou les fractions de problèmes. C"est de l"extérieur que ces panneaux étaient Retrouver ce titre sur Numilog.com

enfichés sur le calculateur (le mot ordinateur n"avait pas encore été inventé). Au bout de quelques instants de réflexion, Von Neuman formula une suggestion qui allait être révolu- tionnaire : " Vous codez vos données; pourquoi ne pas coder également les diverses opérations logiques et arithmétiques? Vous aurez par exemple pour cet unique ensemble deux grands codes de base, un pour les données, un pour les opérations. De sorte que la machine reconnaîtra si elle a affaire à des données ou à des instructions; mais tout pourra dès lors être introduit dans le calculateur. Formellement il n"y a pas de raison de distinguer données et instructions, c"est une complication inutile, il n"y a là qu"une question de codage. Et vous gagnerez considérablement sur les temps de traitement et sur la facilité de mise en œuvre. Simplement vous aurez besoin de mémoires plus importantes. » A noter le caractère séquentiel de cette conception où les opérations continuaient à être exécutées l"une après l"autre. C"est en tout cas ainsi qu"est née la notion de programme enregistré sur laquelle allait être fondée toute la conception de nos ordinateurs modernes *. C"était simple, il suffisait d"y penser. Autre anecdote sur

le même Von Neuman. Il avait promis d"assister à un séminaire de maths pures à Princeton, l"un des hauts lieux américains de la recherche mathématique. Mais il ne pouvait participer à la totalité de la réunion. Il débarqua en fin de matinée : lors de la pause finale, il accepta de prêter attention à deux jeunes spécialistes qui étudiaient depuis quelques mois une algèbre particulière et souhaitaient son avis sur l"intérêt de celle-ci et la poursuite de leurs travaux. Ils lui résumèrent rapidement leurs hypothèses et axiomes de base et lui fournirent les premiers théorèmes et les premières propriétés qu"ils avaient établis. Von Neuman demanda quelques précisions et leur donna rendez-vous après le déjeuner. Non sans arrière-pensées, vu ce qu"ils avaient entendu dire du génie de Von Neuman, nos deux matheux s"étaient gardés de lui exposer tout ce qu"ils avaient trouvé. Le

Pour certains problèmes, notamment pour des problèmes très complexes et en intelligence artificielle, on commence depuis quelques années à réfléchir à des structures nouvelles de machines que, par définition, on baptise structures non-Von Neuman. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Soudain des mots envahissent notre univers mental et notre vie quoti- dienne: transistor, électronique, ordinateur, laser. greffe d"organes, recombi- naison génétique, clonage, intelligence artificielle (I.A.). système expert, supraconductivité, céramiques, etc. De quels cieux tombent-ils? Annoncent-ils une version moderne de la manne chère à la Bible? Ou bien, au contraire. sont-ce les signes avant-coureurs de là fin d"un monde, de la fin de notre monde rongé, déchiqueté par la science et sa fille toute-puissante, la technique? A ces questions, Robert Lattès répond d"abord par une histoire, des histoires : celles des hautes technologies. Comment elles explosent pendant et surtout au lendemain de la Seconde Guerre mondiale: leur progressif foisonnement: les secteurs d"activités qu"elles contraignent les uns après les autres à la méta- morphose: leur intrusion et leur impact - en bien, en mal. comme autant de défis de l" innovation - dans nos vies de chaque jour. Tout cela dans le langage le plus simple : le lecteur comprendra en lisant Robert Lattès le sens exact def multiples termes ou des concepts dont les médias nous abreuvent sans en toujours bien connaître les significations profondes. Plus étonnant et plus nouveau encore: Robert Lattès décrit les acteurs de l"émergence tout autour de nous des hautes technologies. On découvre quelle alliance entre savants, entrepreneurs et financiers a permis cet extraordinaire bond en avant dans nos vies quotidiennes. Mais qu"est-ce qui fait courir ces individus? Le goût du jeu, la volonté de puissance, l"argent? Ou bien plus fon- damentalement et plus simplement la curiosité, l"ancestrale pulsion à compren- dre et modifier le réel ?

Robert

Lattès répond ici à toutes ces questions que vous vous posez et qui lui sont posées par Georges Suffert.

Robert

Lattès est né en 1927. Norma- lien, agrégé de mathématiques, il travaillé d"abord au CNRS; puis il rejoint le dépar- tement de physique-mathématiques er calculateurs électroniques du Commis- sariat à l"Énergie Atomique (CEA). Aujour- d"hui, directeur dans un grand établisse- ment financier, il se consacre à la création et au développement d"entre- prises. souvent spécialisées en hautes technologies ; il siège à de nombreux- conseils d"administration et hauts comi- tés. Il partage son temps entre ses bureaux - à Paris et à San Francisco - et ses passions pour la lecture et les livres, la musique. l"opéra. le cinéma et la peinture. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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