Proposition danalyse dun extrait du chapitre 30 de Candide
tion d'analyse d'un extrait du chapitre 30 de Candide: « Candide I- Le passage constitue la fin de la quête du bonheur menée par le héros c- C'est donc la position finale de Candide qui l'emporte
Résumé chapitre par chapitre de lœuvre «Candide ou l
? de Candide chapitre par chapitre: Candide est un conte philosophique écrit par Voltaire en 1759 fait de l'homme le moteur de l'amélioration de sa condition Chapitre 30:
XVII° et XVIII° CANDIDE DE VOLTAIRE PARCOURS DANS
à la maison : Lecture du 1er chapitre de Candide Lecture analytique du chapitre 30 5 Construire le schéma narratif de chaque épisode : situation initiale/ situation finale/
Candide, Voltaire Lincipit 1 Début du chapitre 1 - Agentcobra
on initiale, beaucoup d'éléments descriptifs, formuler quelque hypothèse, sur (Chapitre 30)
SYNTHESE SUR CANDIDE
sages-‐clés de Candide : -‐Chapitre 30 excipit « il faut cultiver notre jardin » un paradis à taille Cunégonde pousse le héros à chercher un rétablissement de sa situation
Lecture analytique n° 13 : lincipit de Candide
TATION ET SITUATION DU PASSAGE Ce texte est le premier chapitre du conte philosophique Candide, écrit en 1759 par Le vrai bonheur se trouve dans le chapitre 30 : « Il faut cultiver son jardin »
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Can!de, hé"ta# $ rem%e en qu&tion de l'utopie ?
OEuvre intégrale!:
Candide, de Voltaire
Textes complémentaires : L'utopie de
More, L'abbaye de Thélème, Les lettres de
Malaisie
Lecture cursive :
Au choix : Utopia, Thomas More ; Supplément au voyage de Bougainville, Diderot ; Les Lettres Persannes,Montesquieu ; Les lettres de Malaisie, Paul Adam
La question de l'homme dans l'argumentation"du XVIe à nos joursDér$lement
Séance 1
Contexte et caractéristiques de l'humanisme
Séance 2 :
La lettre de Garagantua à Pantagruel
Séance 3 : Première utopies humanistes :
L'Abbaye de Thélème et l'Utopie de More
Séance 4 : LA 1 : Chapitre 1
Séance 5 : LA 2 : Chapitre 18, l'El dorado
Séance 6 : LA 3 : Chapitre 30
Séance 7 : Utopies modernes, de 1984 à
Bienvenue à Gattaca
Séquence 5
Not&Mme Loriant
Lycée La Croix Rouge Brest
Année 2012-2013
Production finale : Dissertation sur le thème de l'utopie : à partir du chapitre XVIII :L'Eldorado, et d'autres textes sur l'Utopie (More, Rabelais, Stavinien Cyrano de Bergerac )Can!de, de Voltaire
Chapitre 1 :
COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ
DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D'ICELUIIl y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à
qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le
jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait
Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le
baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser
parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique
avait été perdu par l'injure du temps.Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une
porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-
cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village
était son grand aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande
considération, et faisait les honneurs de la maison av ec une dignité qui la rendait encore plus
respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, g rasse,
appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle
de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son
caractère.Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a
point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le
baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles." Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin,
tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des
lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et
nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux,
aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ;
et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent,
ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »
Candide écoutait attentiv ement, et cr oyait innocemment ; car il trouvait Mlle Cunégondeextrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur
d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le
troisième, de la voir tous les jours ; et le quatrième, d'entendre maîtr e Pangloss, le plus grand
philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre.Voltaire, Candide, chapitre 1
5 10 15 20 2530
Can!de, de Voltaire
Chapitre 18 :
Ce qu'ils virent dans le pays d'Eldorado...
Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les conduisirent
aux bains, les vêtirent de robes d'un tissu de duvet de colibri; après quoi les grands officiers et les
grandes officières de la couronne les menèrent à l'appartement de sa majesté au milieu de deux files,
chacune de mille m usiciens, selon l'usage or dinaire. Quand ils approchèrent de la salle du trône,
Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s'y prendre pour saluer sa majesté: si on se
jetait à genoux ou ventre à terre; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière; si on léchait la
poussière de la salle: en un mot, quelle était la cérémonie. L'usage, dit le grand-officier, est d'embrasser
le roi et de le baiser des deux côtés. Candide et Cacambo sautèrent au cou de sa majesté, qui les reçut
avec toute la grâce imaginable, et qui les pria poliment à souper.En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu'aux nues, les marchés ornés de
mille colonnes, les fontaines d'eau pure, les fontaines d'eau rose, celles de liqueurs de cannes de sucre
qui coulaient continuellement dans de g randes places pavées d'une espèce de pier reries quirépandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour
de justice, le parlement; on lui dit qu'il n'y en avait point, et qu'on ne plaidait jamais. Il s'informa s'il y
avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut
le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d'instruments de
mathématiques et de physique.Après avoir parcouru toute l'après-dînée à peu près la millième partie de la ville, on les ramena chez le
roi. Candide se mit à table entre sa majesté, son valet Cacambo, et plusieurs dames. Jamais on ne fit
meilleure chère, et jamais on n'eut plus d'esprit à souper qu'en eut sa majesté. Cacambo expliquait les
bons mots du roi à Candide, et quoique traduits, ils paraissaient toujours des bons mots. De tout ce qui
étonnait Candide, ce n'était pas ce qui l'étonna le moins.Voltaire, Candide, chapitre18.
5 10 15 20 30Can!de, de Voltaire
Chapitre 30 :
CONCLUSION
Candide, en retournant dans sa métairie, fit de profondes réflexions sur le discours du Turc. Il dit à
Pangloss et à Martin : " Ce bon vieillard me paraît s'être fait un sort bien préférable à celui des six rois
avec qui nous avons eu l'honneur de souper. - Les grandeurs, dit Pangloss, sont fort dangereuses, selon
le rapport de tous les philosophes : car enfin Églon, roi des Moabites, fut assassiné par Aod ; Absalon
fut pendu par les cheveux et percé de trois dards ; le roi Nadab, fils de Jéroboam, fut tué par Baaza ; le
roi Éla, par Zambri ; Ochosias, par Jéhu ; Athalia, par Joïada ; les rois Joachim, Jéchonias, Sédécias,
furent esclaves. Vous savez comment périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse, Pyrrhus,
Persée, Annibal, Jugurtha, Arioviste, César, Pompée, Néron, Othon, Vitellius, Domitien, Richard II
d'Angleterre, Édouard II, Henri VI, Richard III, Marie Stuart, Charles Ier, les trois Henri de France,
l'empereur Henri IV ? Vous savez... - Je sais aussi, dit Candide, qu'il faut cultiver notre jardin. - Vous
avez raison, dit Pangloss : car, quand l'homme fut mis dans le jardin d'Éden, il y fut mis ut operaretur
eum, pour qu'il travaillât, ce qui prouve que l'homme n'est pas né pour le repos. - Travaillons sans
raisonner, dit Martin ; c'est le seul moyen de rendre la vie supportable. »Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre
rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ;
Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu'à frère Giroflée qui ne rendît service ; il
fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide :
" Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez
pas été chassé d'un beau c hâteau à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle
Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si
vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du
bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. - Cela est bien dit,
répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »Voltaire, Candide, chapitre 30
5 10 15 20Can!de, de Voltaire
LA 1 - Chapitre 1
Du début à "et par conséquent de toute la terreCandide ou l'Optimisme est un conte philosophique de Voltaire (1759) qui pour objectif la critique de l'optimisme
métaphysique de Leibniz.Cet incipit se présente comme l'ouverture d'un contre traditionnel en exposant la situation initiale du récit.
Mis en y regardant de plus près, il présente quelques anomalies qui interpellent le lecteur.Problématique : Comment Voltaire détourne-t-il le conte traditionnel pour critiquer la société de son temps ?
Pour répondre à cette questions, il semble judicieux de r elever d'abor d les caractéristiques du conte
traditionnel, puis de repérer en quoi ces caractéristiques sont détournées afin de cerner, dans un troisième
temps, la portée critique qui en fait un véritable conte philosophique.I.Un incipit de conte traditionnel
#1. les caractéristiques formelles du conteDès le début, la locution verbale "Il y avait...» nous fait entrer dans l'univers des contes, en se faisant l'écho de
l'expression typique "il était une fois». Cette ouverture est donc un procédé volontaire de la part de l'auteur
qui fait appel à la mémoire collective pour donner l'illusion d'un conte de fées (on peut se douter que cela sera
démenti plus tard).Par ailleurs, le texte présente de nombreux signes d'oralité, qui est l'une des caractéristiques principales du
conte. En effet, on sait que le conte est un genre qui se transmettait oralement avant que des auteurs comme
Charles Parrault les mettent à l'écrit. On note par exemple l'intervention de l'auteur : "c'était, je crois, pour
cela qu'on le nommait Candide». La présence de la première personne et du modalisateur "croire» placent le
narrateur en position de véritable conteur. !2. Le cadre spatio-temporelLa temporalité est volontairement imprécise "il y avait» renvoie, comme sa source, à une époque plus ou
moins lointaine mais inconnue et la présence exclusive de l'imparfait s'inscrit dans celle de la situation initiale
basique de tout conte. D'autre part, si la Westphalie est un lieu réel, son nom n'a pas été choisi au hasard : le
féminin et les sonorités douces lui confèrent une sorte d'aura qui renvoie au merveilleux. Sa composition
même, à partir du mot "west», évoque le partage des terres en fiefs. Enfin, l'auteur plante son récit dans un
décor somptueux, caractéristique des contes traditionnels : un "château», avec une "grande salle ornée de
tapisseries». On note l'emploi presque abusif de l'adjectif grand : "grande salle», "grand aumônier», "grande
considération» et la présence de nombreuses hyperboles, souvent matérialisées par des superlatifs : "les plus
douces» ; "une des plus puissants» ; "le plus beau des châteaux»... Ces formes superlatives font de cet univers
un monde hor s du commun, coupé de la réalité et préparent la formule finale "meilleur des mondes
possibles», qui confirme le caractère utopique du lieu.Can!de, de Voltaire
3. Des personnages stéréotypés
Comme dans de nombreux contes où les personnages sont toujours simplifiés à l'extrême dans un monde
manichéen et sans nuance, les personnages dans Candide sont réduits à une caractéristique : Candide se
définit par son "jugement assez droit» et surtout par "son esprit simple» ; le baron n'est appréhendé qu'à
travers sa richesse et son pouvoir, la baronne est caractérisée par sa dignité "avec une dignité» ; "respectable»,
Cunégonde est décrite à travers une énumération d'adjectifs qui mettent l'accent sur son apparence "haute en
couleurs» , "fraiche, grasse, appétissante». Pangloss est, lui, réduit à sa fonction : l'enseignement. Son nom est
d'ailleurs composé du grec "Pan» qui signifie "tout» et "glossa», la langue. C'est donc un être de parole qui
cherchera à enseigner uniquement par le langage.II.Le détournement du conte
#1. Un héros inhabituelCandide fait office de prince charmant qui donne une image de l'homme parfait. Cependant, de nombreuses
" anomalies » sont à repérer dans le personnage. En premier lieu, ces origines sont flous " les anciens
domestiques de la maison soupçonnaient », on ne sait pas trop qu'elles sont ces origines, ce ne sont que des
commérages et des ragots de domestiques. Candide est un enfant illégitime, un " bâtard », il n'est pas reconnu
comme faisant partie intégrante de la baronnie, on assiste à une certaine marginalisation du personnage.
Certes, il est beau mais il est décrit comme simple d'esprit ce qui là encore brise les stéréotypes du héros des
contes. Le personnage de Candide s'apparente à un prince charmant en total décalage avec l'univers de la
baronnie qui le place à l'écart de ce monde fermé. #2. L'ironie voltairiennePour accentuer cet effet de parodie, Voltaire fait quelques interventions dans le texte, et le parsème de son
ironie si caractéristique. L'ironie consiste à exprimer le contraire de ce que l'on pense : il s'agit donc de faire
semblant d'adhérer à une opposition fausse pour souligner le décalage entre cette proposition et la réalité.
Ainsi, lorsqu'il dit du baron " il riait quand il faisait des contes », Voltaire fait référence à lui et à ses lecteurs
qui, lorsqu'ils lisent ses textes, ne peuvent s'empêcher de rire tant les propos sont justes.La description du château très ironique. Le baron est le plus puissant seigneur de Wesphalie " car son château
avait une porte et des fenêtres ». le début de la phrase correspond à un aspect positif et mélioratif qui est tout
de suite réduit à néant par la suite des propos. (Coexistence d'un discours positif et négatif : IRONIE).
On note enfin l'ironie en ce qui concerne Madame la baronne " qui pesait environ 350 livres », elle est en faite
obèse ce qui la ridiculise d'autant plus que c'est de là qu'elle tire son influence et son charisme.
Can!de, de Voltaire
III.La visée critique du conte philosophique
!1. La critique de la noblesseÀ y regarder de plus près, derrière cette "ironie se cache une véritable critique de la noblesse. Le nom de
famille du Baron laisse d'emblée paraître la moquerie de Voltaire. Les sonorités sont dures et agressives, et
l'aspect grotesque produit par l'abondance des dentales ôte immédiatement sa dignité Au baron.
Para ailleurs, la critique apparaît aussi dans le décalage ironique cité plus haut entre les superlatifs et les raisons
de cette puissance. Le lien de causalité qui unit les deux phrases souligne implicitement que la famille ne doit
sa richesse et sa considération à aucune véritable qualité.Enfin Voltaire évoque l'illusion du baron d'être le plus riche et puissant qui n'est vraiment dans la description
des éléments de la cour. Le décalage entre la réalité et les rêves vaniteux du Baron se révèle à travers les lignes "
#qui sont construites à partir de termes presque antithétiques dans leur intensité : "c hiens de basse-
cours» / "meute»... !2. La Critique de l'optimismeVoltaire s'en prend également à la philosophie optimiste de Pangloss qui fait référence à celle du philosophe
Leibniz (philosophe allemand du XVIIe siècle).
Là encore le nom même donné à la science enseignée par Pangloss est absurde. La succession de [o] pour ce
mot à la longueur ridicule dénonce une science vaniteuse.Enfin les théories que Pangloss enseigne à candide ne sont f ondées sur aucune preuve et sont donc
complètement arbitraires, comme le prouve l'expression qui ouvre le discours "Il est démontré...» dont la
forme impersonnelle souligne l'absence de fondement.Voltaire joue sur l'abondance de connecteurs logiques, Il y a un détournement de l'habituel syllogisme, fondé
lui, sur un véritable raisonnement logique. Ces théories sont donc des sophismes.Conclusion
Si l'incipit de Candide se présente, d'une certaine manière comme une situation initiale de conte, la tradition
est détournée par l'ironie voltairienne et fait place à une véritable critique. Le caractère chimérique du lieu et
le confinement des personnages font de cet univers un espace ostensiblement utopique, mais dont l'idéalisme
ne tient qu'à un fil : l'illusion, l'absence de regard vers l'extérieur et la foi aveugle en les paroles d'un homme.
Le procédé de l'antiphrase, qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense pour en accentuer le ridicule,
se met ici au service d'une double lecture qui ne laisse pas le lecteur ignorant. Il est donc conduit d'emblée à
envisager une remise en question de ces affirmations dans la suite du récit.Can!de, de Voltaire
LA 2 - Chapitre 18
De "vingt belles filles...» à "ce qui l'étonna le moins»Candide ou l'Optimisme est un conte philosophique de Voltaire (1759) qui pour objectif la critique de l'optimisme
métaphysique de Leibniz. Pendant son voyage, Candide fait la découverte du pays d'El Dorado, qui est une
référence au territoire des derniers incas recherché par les conquistadors des XVe et XVIe siècles. Cette
référence est l'occasion pour Voltaire de présenter sa propre vision de l'utopie, et de critiquer sa propre société.
D'ailleurs, comme l'Utopie de More, l'El Dorado est préservée de la corruption des colonies européennes par
des barrages naturels qui rendront l'arrivée des personnages plutôt périlleuse. Problématique : Quelles sont les caractéristiques de l'utopie de l'El Dorado ?I. Un pays utopique
#1. Un monde de la grandeur et de l'abondance- Exagération des nombres :" vingt belles filles » et répétition du mot mille : " mille musiciens » , " mille
colonnes » , " galerie de deux mille pas » , " millième partie de la ville » : les adjectifs numéraux suggèrent
l'abondance mais aussi l'immensité de la ville.- Insistance sur le gigantisme de la ville, très étendue et très élevée : " élevées jusqu'aux nues », l'hyperbole par
l'usage du pluriel accentue cette impression.- Utilisation de nombreux pluriels et du procédé de l'accumulation : " édifices », " marchés », " fontaines » , "
celles de liqueurs».- La richesse matérielle : des matériaux précieux telles les " pierreries » sont cités, le " tissu de duvet de colibri
» suggère l'idée d'une étoffe précieuse, la " gérofle », " la cannelle » sont des épices très coûteux.
#2. Une société fondée sur des valeurs esthétiques et moralesLa description de l'El Dorado est marquée d'une touche d'exotisme qui renvoie au goût du XVIIIème siècle
pour l'Orient, pour la découverte du nouveau monde (voir les Lettres persanes de Montesquieu ou Zadig de
Voltaire) : " robes d'un tissu de duvet de colibri » (l83), " les marchés ornés de mille colonnes » (l96), " liqueurs
de canne de sucre » (97-98), " gérofle » (l100), " cannelle » (l100), tous ces termes renvoient à des animaux,
décoration et végétaux de pays exotiques, ce qui crée une ambiance de conte oriental.La perfection se marque par la présence de nombreux superlatifs : " le plus de plaisir » (l104), " fit meilleure
chère » (l110), " plus d'esprit » (l110) ; des hyperboles " toute la grâce imaginable » (l93-94). Ces expressions
décrivent à la f ois l'exquise courtoisie qui règne dans le pays de l'El Dorado, l'équilibre idéal entre les
satisfactions matérielles (la nourriture) et spirituelles (l'esprit) et le bonheur de Candide qui découvre autant de
merveilles. Cette perfection est donc d'ordre esthétique : " vingt belles filles », mais aussi morale, puisqu'elle est
fondée sur les valeurs de l'égalité et de la liberté.L'égalité : une place essentielle est accordée aux femmes. La garde est constituée de femmes. Parallèlement
aux " grands officiers » existent les " grandes officières » (l83-84).La liberté : cet idéal de liberté est représenté concrètement par l'absence de cour de justice et de prison : " on
lui dit qu'il n'y en avait pas et qu'on ne plaidait jamais » (l101-102)Can!de, de Voltaire
II. La critique de la société française du XVIIIe siècle #1. Le régime monarchique et l'organisation de la sociétéL'El Dorado est gouverné par un roi proche de ses sujets comme le montre l'usage de l'embrassade (l92). Il
apparaît aimable et spirituel. Il reçoit les voyageurs " avec toute la grâce imaginable » (l93-94). Il n'exerce
aucune tyrannie sur ses sujets car il n'y a ni palais de justice ni prison (l101-103). Cela suppose une absence
totale de conflits sociaux. La société vit harmonieusement sous un régime de type libéral selon le modèle
anglais qui impressionnait tant Voltaire (et non sous le régime français de la monarchie absolue). Il remet
implicitement en cause l'arbitraire de la justice royale de son temps.L'harmonie règne : il n'existe pas de classe aristocratique, pas de différences entre les sexes, l'entourage du roi
se compose de sa garde, des musiciens, des officiers et officières. La seule marque de déférence à montrer au
roi est de l'embrasser. A travers l'interrogation de Cacambo sur le protocole à suivre pour saluer le roi, Voltaire
fait une violente satire des courtisans et de l'étiquette imposée à la cour. Les hypothèses de Cacambo déclinent
des positions humiliantes : " à genou », " ventre à terre », " derrière la tête », " main sur le derrière », " lécher
la poussière » de manière très ironique. Il dénonce à la fois la servilité des courtisans et la vanité du roi
d'imposer des rituels compliqués et humiliants. La surprise disproportionnée de Candide à l'écoute des bons
mots du roi peut être comprise implicitement comme une attaque ironique contre l'absence d'esprit du
monarque français.Voltaire insiste sur l'élégance et la courtoisie de leur mode de vie : l'invitation à souper, l'accueil plein de
magnificence... Ceci suggère une critique du savoir vivre à la cour française. #2. L'aménagement de l'espaceLa civilisation de l'El Dorado est basée sur la ville. Voltaire insiste sur le remarquable aménagement de
l'espace qui joint l'utile à l'agréable : " les édifices publics », " les marchés ornés », " grandes places » . Il insiste
sur la propreté : " fontaines » variées, les odeurs agréables (" odeurs semblable à celle de gérofle et de la
cannelle »). La ville donne l'image d'un urbanisme parfaitement rationnel. Voltaire critique donc en creux
l'urbanisme anarchique de Pais, sa saleté, la puanteur des rues. #3. La place faite à la cultureElle est représentée par un gigantesque " palais des sciences » ): cela révèle l'importance dans l'El Dorado des
sciences pour le progrès humain. La mention du plaisir de Candide à le voir rappelle que Voltaire défend avec
acharnement la culture et le progrès. La philosophie des Lumières se base sur la raison et sur
l'expérimentation comme dans les sciences exactes. Des " instruments de mathématiques et de physique »
sont d'ailleurs cités dans l'extrait. Son aspiration rejoint celle des écrivains de l'Encyclopédie (Diderot et
d'Alembert) qui représente la somme des connaissances de tout le XVIIIè.Enfin l'art du langage est aussi évoqué à travers les plaisanteries de bon goût lors du souper, il est à plusieurs
reprises employé le mot "esprit» qui révèle les qualités intellectuelles du Roi.Can!de, de Voltaire
Conclusion
Au niveau du récit, ce passage constitue une étape déterminante dans l'itinéraire initiatique de Candide
puisqu'il découvre le " meilleur des mondes », un univ ers plus parfait encore que celui du château de
Thunder-ten-tronck en Westphalie. A partir de cette étape, Candide va de plus en plus remettre en cause
l'optimisme et gagner la maturité qui lui permettra de construire son propre " Eden » dans sa métairie de
Constantinople.
L'El Dorado se présente donc comme une Utopie. Ce monde trop parfait, trop idéal donne à lire en creux les
insuffisances de la société du XVIIIème siècle. L'El Dorado n'est pas un modèle parce que son organisation
reste imprécise (comment fonctionne la société ? la politique ?). Voltaire ne présente pas un système qui doive
être appliqué à son époque. Mais les valeurs qu'il véhicule sont à prendre en compte : la courtoisie, le souci de
marier l'utile à l'agréable, surtout dans le domaine de l'urbanisme.Cette utopie se situe à la charnière entre les utopies traditionnelles et leur renouvellement en Uchronies ("
hors de tout temps », mot f orgé à partir de la structure du mot " utopie ») : Voltaire rompt avec la
traditionnelle insularité de l'utopie et si la peinture de cette société idéale ne se projette dans aucun avenir,
même lointain, l'écrivain n'en exprime pas moins sa foi dans le progrès universel de l'humanité et annonce les
projets des architectes de la fin du XVIIIème siècle qui vont mettre en oeuvre dans leurs plans les idéaux
révolutionnaires. Cette rationalisation de l'espace, l'aménagement des jardins dans la cité évoqués dans le texte
renvoient à certains bâtiments utopiques qui vont être édifiés. Ainsi, l'amphithéâtre de Legrand et Molinos
construit en 1795 au jardin des Plantes à Paris symbolisera la sacralisation des sciences : il n'est pas sans
rappeler le palais des sciences voltairien.Can!de, de Voltaire
Lecture analytique 3 - Chapitre 30
de "En retournant dans sa métairie...» à la fin.I. Une fin heureuse
#1. Un dénouement heureux mais ambiguLe chapitre 30 se définit en partie par rapport au premier chapitre. Il reprend ainsi l'usage traditionnel de la
fin heureuse du conte dans laquelle les personnages finissent par échapper au mal et se marient. Mais on reste
tout de même loin de l'idyllique "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants» qui trouve un écho parodique dans le
portrait peu séduisant de Cunégonde. #2. L'évolution des personnages- avant l'extrait, les personnages arrivent à la fin de leur voyage passablement métamorphosés : peinture
presque négative "acariâtre», "insupportable».... Paquette et Giroflée arrivent dans un état d' "extrême misère» ;
et les portraits font un écho déformé au premier chapitre : Cunégonde est "à la vérité, bien laide» ; la vieille est
de "mauvaise humeur», ce qui montre une dégradation par rapport à l'énergie positive qui la caractérisait.
- Mais surtout, Candide a évolué : il a acquis une autonomie de pensée : "Je sais» ; "Vous avez raison» ; il n'est
plus le disciple de Pangloss et se montre même capable de faire taire le philosophe. Par ailleurs, il est capable
d'agir et de faire fonctionner la métairie. #3. La métairie : une nouvelle utopie- début de chacun des deux derniers paragraphes : expressions qui ferment et rduisent l'espace : le préfixe du
verbe retourner "retournant» évoque une boucle et l'adjcetif petite répété insiste sur la réduction de l'univers.
C'est un univers clos et limité, même s'il est, à la différence des autres utopies, ouvert au voyage "on voyait
passer les bateaux». On y trouve aussi les traces de la prospérité de la métairie, "la petite terre rapportait
beaucoup» et l'harmonie de la communauté où chacun peut librement "exercer ses talents».Can!de, de Voltaire
II. La portée moralisatrice du conte
!1. Une morale du Faire contre le DireLa première leçon consiste dans l'éloge du travail, opposé à la vanité du discours métaphysique : "Il faut
cultiver notre jardin» ; "travaillons sans raisonner». C'est bien une morale du Faire contre le Dire, de la
pratique contre la théorie qui relève du matérialisme des philosophes des lumières."exercer ses talents», est un argument longuement illustré : "excellente pâtissière» (vrai talent), "broda», "eut
soin du linge».... L'emploi répété du verbe "devenir» confirme cette évolution. !2. La dimension parodique des discours philosophiquesLes deux philosophes qui ont accompagné Candide au cours de son voyage, Pangloss et Martin, n'ont pas
évolué, à la différ ence des autres personnages. En effet, le précepteur de Candide continue de raisonner
comme dans le premier chapitre et de penser que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes
possibles», c'est d'ailleurs ce qui ressort de son allusion au jardin d'Eden. Le discours de Pangloss, est comme
l'incipit, une parodie de raisonnement philosophique : -Les marques du discours philosophique : #- les articles à valeur généralisante #- le présent de vérité générale !- les connecteurs logiques #- la présence d'exemples - Les marques de la parodie :#- La longueur des énumérations (la liste des rois fonctionne comme une mécanique qui s'est emballée)
#- le décalage entre les souffrances des personnages citées et les "cédrats confits» de la conclusion.
#3. Une leçon de modestie et de renoncement"Toute la société entra dans ce louab le dessein» : le fonctionnement et les valeurs de la métairie sont en
opposition : chassé, Candide chasse le baron (inversion des rôles, comme avec pangloss), la baronnie
s'organisait autour du baron, la métairie autour de candidequotesdbs_dbs9.pdfusesText_15