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Fidel de Cuba Retrouver ce titre sur Numilog.com

Du même auteur :

Les partis politiques devant l"école, Le Seuil, 1974 (ouvrage collectif). Le duel États-Unis - URSS dans l"espace, Autrement, 1985 (avec Paul

Iorcète). Retrouver ce titre sur Numilog.com

Jean-Pierre Clerc

Fidel de Cuba

Éditions

Ramsay

9, rue du Cherche-Midi 75006

PARIS Retrouver ce titre sur Numilog.com

© Éditions Ramsay, 1988

ISBN

2-85956-736-4 Retrouver ce titre sur Numilog.com

A la mémoire de Maurice Retrouver ce titre sur Numilog.com

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nue un continent connu, et même " à la mode » : pour le meil- leur et pour le pire, le " Lider maximo » a bousculé cet espace immense plus qu"aucun autre depuis Cortès ou Bolivar. Il a con- traint les États-Unis à s"interroger sur leur stratégie envers le sous-développement - à commencer par celui de leurs plus pro- ches voisins. Après l"Egyptien

Nasser, mais mieux que lui, il a

joué de l"antagonisme entre les deux " super-grands ». Il a su aussi profiter, comme nul autre avant lui et comme nul autre après lui, de la rivalité, naissante en 1959, entre les deux capitales du communisme : Moscou et Pékin. Plus tard, il a joué d"audace en Afrique, menant, avec l"aide logistique de Moscou, deux ful- gurantes campagnes militaires, en Angola puis en Éthiopie. Si sa victoire dans " la Corne » n"a, tout compte fait, guère modifié le cours de la " grande histoire », celle acquise dans le Sud-Ouest du continent noir aura sans doute hâté l"indépendance de deux pays : la Rhodésie-Zimbabwe et la Namibie. Son action aura éga- lement contribué à faire bouger la situation en Afrique du Sud. A Cuba, tout a changé radicalement. C"est trop peu dire que l"action politique, économique, sociale et culturelle du castrisme est diversement appréciée : l"île est devenue pour les uns le " pre- mier territoire libre d"Amérique », pour les autres un " goulag tropical ». Rares sont les tièdes! Mais trente ans, c"est le bon module pour porter une appréciation sans passion - à défaut de l"impossible impartialité. A vue humaine, Fidel Castro ne quittera pas si vite le devant de la scène. C"est un homme de soixante-trois ans seulement qui fête le trentième anniversaire de sa révolution. Moins d"une demi- douzaine de chefs d"État ou de gouvernement sur la planète, on l"observe au passage, peuvent se " flatter » d"une telle longévité politique. En l"an 2000, il n"aurait après tout que soixante- quatorze ans, si ce Dieu auquel il ne croit pas lui prête vie.

Sur deux

théâtres extérieurs au moins, l"actualité de Fidel Cas- tro est évidente : l"Angola, où le nouveau cours gorbatchévien l"a contraint à jeter du lest et à entrer en négociation en vue d"un retrait, un jour, de ses quelque cinquante mille hommes; et l"Amérique centrale, où la politique " musclée » de Ronald Rea- Retrouver ce titre sur Numilog.com gan a, un temps, occulté les problèmes, sans évidemment les résoudre, et où le Cubain demeure une référence incontourna- ble face à tout président américain. Fidel Castro est, par ailleurs, l"un des môles de résistance du communisme mondial à la perestrojka et à la glasnost soviétiques destinées à demeurer longtemps au premier plan de l"actualité.

Jusqu"où un

régime largement dépendant pour sa survie même des libéralités de

Moscou comme l"est celui de La Havane pourra-

t-il tirer sur la corde ? A ces questions tente de répondre ce Fidel de Cuba. Retrouver ce titre sur Numilog.com Cuba dans son environnement géographique Retrouver ce titre sur Numilog.com Les six provinces historiques ont été redécoupées en 1975-1976 pour former quatorze nouvelles circonscriptions administratives. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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CHAPITRE PREMIER

L"ENFANCE

D"UN CHEF RÉVOLUTIONNAIRE

(1926-1945) Croire que la conscience doit venir avant la lutte est une erreur. »

Fidel Castro

6 juillet 1966 Retrouver ce titre sur Numilog.com

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Fidel Alejandro Castro Ruz est né le 13 août 1926. Croit-on !

Croit-on,

car dans cette vie où les mystères abondent, il existe un doute sur la date même de sa venue au monde. Son frère Raul a assuré au journaliste américain Lionel Martin que Fidel était du

13 août 1927. Une biographie soviétique au moins a retenu

cette hypothèse. Mais c"est la version officielle désormais, la nais- sance en

1926, qui a toute chance d"être la bonne.

Quoi qu"il en soit, Castro est du Lion, le signe astrologique flamboyant. " Il ne veut jamais perdre » : cette citation n"est pas extraite d"un horoscope, mais de Revolucion, naguère journal officiel.

Que Fidel soit

né " hors mariage », comme on dit encore par- fois, voici une quasi-certitude. Son père, Angel Castro y Argiz, avait

épousé en première noce une institutrice, Maria Argota. Il en a eu deux enfants : Pedro Emiliano et Lidia. Puis il a

connu » Lina Ruz, sa servante. Sept autres enfants sont issus de cette nouvelle alliance. Et parmi eux Fidel et Raul. Ces hom- mes, qui sont respectivement numéro Un et Deux de Cuba, ont vu le jour alors que la première épouse d"Angel était toujours vivante. Plus tard, Maria Argota étant décédée, certaines pres- sions ou circonstances ont poussé le père à régulariser la situa- tion et à épouser Lina - à l"église. Ainsi s"expliquerait le fait que Fidel, dont la mère était croyante, ne fut baptisé - de son propre et récent aveu - qu"à cinq ans : une circonstance éton- nante dans ce qui était une " nation religieuse » (F. Castro). Le premier état civil dudit pourrait donc avoir été : Fidel Ruz. Enfant Retrouver ce titre sur Numilog.com son domaine. Lorsqu"une délégation se rend à Cuba, la visite sa ferme modèle est une étape presque obligatoire. Le " patron » aime à parler des cent quinze litres de lait de cette pies-blancs qui lui a valu d"être inscrit au Livre Guiness des records. Mais Ramon déteste qu"on lui fasse remarquer, dans la chaleur communicative du déjeuner, qu"il ressemble à son frère : " C"est le contraire, répond-il ; c"est moi l"aîné. » De sa mère, Castro a encore assuré qu"il ne l"avait pas fait souf- frir en naissant malgré ses quatre kilos et demi de colosse pré- coce ! Il a aussi rapporté qu"il était venu au monde à deux heures du matin et cette naissance nocturne " l"avait fait guérillero ». A la différence d"Angel, nullement torturé par les fins dernières, Lina était très croyante. Il n"est pas malaisé de se représenter les effigies de la Vierge de la Charité, patronne de Cuba, dans les chambres et la salle commune. Fidel a évoqué les cierges allu- més par sa mère. On retrouverait aisément les formules utilisées pour " implorer sur cette maison la bénédiction divine, en éloi- gner le feu, le tonnerre, les inondations, les accidents et les esprits mauvais» : pas de paysans chez qui cela ne se fît alors. Raul, beaucoup plus rebelle que Fidel à cette atmosphère bondieusarde, a dit un jour que l"air de l"Oriente en était "infesté». Il parlait surtout de l"école privée, qu"il a détestée ; mais comment ne pas imaginer que la maison en ait aussi été imprégnée ? Pas de messe, cependant, dans ces tendres années : il n"y a évidemment pas de curé dans le coin perdu de Biran. Et Fidel, qui ne fut baptisé que vers cinq ans, se souvient avoir été pour cette raison traité de "juif». Cela se faisait alors dans les campagnes cubaines. A la maison, il ne régnait pas une atmosphère familiale. D"ordi- naire laconique, le père pouvait entrer dans de violentes colères.

Angel, de vingt-cinq

ans plus âgé que sa femme, vivait au fond dans un monde à lui. Ainsi lorsque la faim le prenait, ce rustaud allait-il se tailler une tranche de pain à la miche ; puis il retour- nait vaquer. La maison de bois, construite sur pilotis pour rat- traper la pente, était vaste. Les chambres, à l"étage, donnaient sur les premiers contreforts de ces sierras qui allaient être un Retrouver ce titre sur Numilog.com jour le théâtre des exploits de Fidel et Raul. La mère veillait, avec l"aide de domestiques et des filles, à ce que tout fût propre et rangé. Mais Fidel, pas plus qu"Angel, n"y contribuait : son désordre est proverbial. C"est alors que le garçon avait six ans que, selon la légende dorée, se situe sa première révolte. L"histoire a été racontée par

Herbert Matthews,

du New York Times, qui a assuré la tenir de Castro. Le jeune garçon serait allé trouver son père pour lui demander de pouvoir aller à l"école. Sursaut d"Angel : " Et moi, j"y suis allé?» Et le gamin : "J"irai à l"école ou sinon je mettrai le feu. » Matthews ajoute : " Cette histoire montre que très tôt un esprit farouche de rébellion l"animait. » Castro n"a pas repris cette anecdote dans ses entretiens avec frère Betto. Il indique au contraire qu"on l"avait mis très jeune à l"école près de Biran, un peu pour s"en débarrasser : la famille ne savait pas trop à quoi occuper le turbulent bambin. Vers cinq ans, il fut envoyé à San- tiago, la capitale de l"Oriente, distante d"une centaine de kilo- mètres de la ferme vers le sud : encore, en raison de ses désordres de conduite ? Ici prend place une histoire à dormir debout. Elle est racontée par

Castro lui-même. A Santiago, il aurait vécu de la fin de 1931 au début de 1935 dans la maison de famille d"une de ses ancien-

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