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La disqualification sociale

Essai sur la nouvelle pauvreté

Serge Paugam

Préface à la huitième édition : la disqualification sociale, vingt ans après

L'enquête a été réalisée à Saint-Brieuc en 1986-1987, ville moyenne de 50 000 habitants environ,

chef-lieu des Côtes d'Armor, département essentiellement agricole fortement touché par le chômage

de longue durée.

Cette étude a été effectuée au-cours d'une décennie marquée par une profonde transformation de la

perception sociale de la pauvreté. En 1970, il y avait un chômage résiduel, la pauvreté touchait

essentiellement les ménages de retraités. Il s'agissait de la population entrée sur le marché du travail

avant la Seconde Guerre Mondiale, c'est-à-dire avant la création de la Sécurité sociale et la mise en

place d'un système généralisé de retraite.

En revanche, la pauvreté des années 1980 touchait les jeunes en difficulté d'insertion sur le marché

de l'emploi et des chômeurs de longue durée, ayant progressivement épuisé leurs droits aux

indemnités chômage. Ce que l'on a appelé la " nouvelle pauvreté » au milieu des années 1980

déconcertait par la désorganisation sociale qu'elle entraînait.

Le type idée de l'intégration professionnelle a été défini comme la double assurance de la

reconnaissance matérielle et symbolique du travail et de la protection sociale qui découle de

l'emploi. La première condition est remplie lorsque les salariés disent qu'ils éprouvent des

satisfactions au travail, et la seconde, lorsque l'emploi qu'ils exercent est suffisamment stable pour

leur permettre de planifier leur avenir et d'être protégés face aux aléas de la vie. Ce type idéal,

qualifié d'intégration assurée, a permis de distinguer, par déduction, et de vérifier ensuite

empiriquement 3 types de déviations :

1.L'intégration incertaine : satisfaction au travail et instabilité de l'emploi

2.L'intégration laborieuse : insatisfaction au travail et stabilité de l'emploi

3.L'intégration disqualifiante : insatisfaction au travail et instabilité de l'emploi

En ce sens, la disqualification sociale ne commence pas avec le refoulement hors du marché de l'emploi. Elle existe au sein même de la population des salariés et correspond à une forme d'exploitation.

Le RSA a crée officiellement un nouveau statut : celui de travailleur précaire assisté. Si l'on peut

espérer que, pour certains, ce statut ne sera qu'un pis-aller temporaire avant d'accéder à un emploi

stable non assisté, on peut déjà craindre que le RSA participe à un mode généralisé de mise au

travail des plus pauvres dans les segments les plus dégradés du marché de l'emploi. Ce qu'il faut

redouter, c'est l'institutionnalisation par les pouvoirs publics d'un sous-salariat déguisé. Cette mesure apparaît pourtant légitime car elle concerne des pauvres dont on pense qu'ils ont

intérêt à se satisfaire de ce nouveau statut : mais n'est-ce pas une façon de les obliger à entrer non

pas dans le salariat mais dans ce que l'on appelle aujourd'hui de plus en plus le " précariat » ?

On officialise ainsi l'abandon de la notion de plein emploi, remplacée de façon manifeste par celle

de " pleine activité ». Les pauvres n'auront pas par le RSA un emploi au sens que l'on a donné à

cette notion dans les luttes sociales en faveur de la garantie d'une carrière et d'une protection sociale

généralisée. Ils ne seront que des salariés de " seconde zone ».

Présentation

Il est difficile de comparer la pauvreté dans des sociétés qui n'ont pas atteint le même stade de

développement économique, et, parfois même, au sein d'un même pays, de comparer la pauvreté

dans des régions dont les conditions géographiques sont dissemblables.

Il y a bien là un paradoxe : les chercheurs en sciences humaines ne parviennent pas à mesurer de

façon satisfaisante un phénomène dont la définition semble claire à l'opinion publique et qui, de

surcroît, mobilise l'énergie de nombreuses institutions et d'associations confrontées en permanence

aux multiples difficultés de populations défavorisées.

Georg Simmel avait déjà posé le problème de l'ambiguïté de la notion de pauvreté comme catégorie

sociologique. Il se demande quel est le " contenu positif » de ce groupe hétérogène que l'on désigne

et qualifie de pauvre et tente d'apporter une solution : " Le fait que quelqu'un soit pauvre ne veut

pas dire qu'il appartienne à la catégorie sociale spécifique des pauvres. Il peut être un commerçant,

un artiste ou un employé pauvre, mais il demeure dans la catégorie, commerçant, artiste ou

employé, qui est définie par une activité ou une position spécifique. [...] Ce n'est qu'à partir du

moment où ils sont assistés qu'ils deviennent membres d'un groupe caractérisé par la pauvreté. Ce

groupe ne demeure pas uni par l'interaction de ses membres, mais par l'attitude collective que la société, en tant que tout, adopte à son égard ».

La sociologie de la pauvreté telle que la conçoit Simmel renvoie, par conséquent, à l'analyse

approfondie d'un groupe réel à qui la société reconnaît un statut spécifique, en l'occurrence celui

d'assisté.

L'octroi de l'assistance peut, dans certains cas, être vécu comme une cérémonie de dégradation

statutaire dans la mesure où le récipiendaire est à cette occasion désigné publiquement comme un

individu appartenant à une catégorie au statut peu honorable. La relation régulière à un travailleur

social, dont le rôle est parfois de se rendre au domicile du ménage et de prendre en charge la totalité

de ses difficultés matérielles ou morales, peut être également une épreuve pour les assistés obligés

dans ce cas de dévoiler leur vie privée à l'enquête publique. Première partie : Identités et expériences vécues, la négociation du statut

L'objectif de cette partie est d'étudier le sens donné par les individus interviewés à leurs conduites et

à leurs expériences. L'hypothèse de départ, était, d'analyser dans quelle mesure les populations

aidées d'une façon ou d'une autre, ou assistées, résistent à la dégradation morale et à la

stigmatisation liées à l'infériorité de leur statut. Il s'agit de reconnaître la possibilité d'une

négociation de la disqualification sociale ou, en d'autres termes, l'existence d'une marge

d'autonomie à l'intérieur de laquelle les acteurs sociaux peuvent jouer. •Fragilité et apprentissage de la disqualification sociale

Les fragiles se caractérisent par une précarité économique liée dans la plupart des cas à des statuts

juridiques infériorisés : stages de formation ; emploi à durée déterminée ou " petits boulots »

occasionnels, chômage... Ils bénéficient d'une intervention sociale ponctuelle en raison de

difficultés essentiellement financières.

Ils se distinguent dont nettement des assistés, qui font l'objet d'un suivi social régulier par les

travailleurs sociaux, et des marginaux. On peut dire que les fragiles ont un point commun : un sentiment d'infériorité sociale.

L'activité professionnelle assure tout à la fois une sécurité matérielle et financière, des relations

sociales, une organisation du temps et de l'espace... dans le cas des jeunes il s'agit de la reconnaissance du statut d'adulte, donc d'homme. A ce propos, il convient de distinguer le travail et l'emploi. Une mère au foyer ou un chômeur

peuvent évidemment travailler : s'occuper des enfants ou des petits-enfants, faire le jardin, rendre

des services au voisin... Cela limite évidemment le risque de désocialisation, mais ne remplace pas

pour autant le statut lié à l'emploi et aux conditions juridiques de l'activité professionnelle. Il est

frappant de constater que lorsque les personnes interviewées parlent du travail, c'est à l'emploi

salarié à durée indéterminée qu'elles font référence.

Le statut de l'emploi définitif conditionne toutes les dimensions de la réussite sociale : vie familiale,

satisfaction des besoins matériels... Certaines personnes - notamment les plus jeunes - ne souhaitent ni se marier ni avoir des enfants tant qu'elles n'auront pas un emploi stable et bien rémunéré.

L'infériorité sociale et le manque de ressources se renforcent l'un l'autre et expliquent cette

aspiration commune à un statut social plus élevé lié à l'emploi. Cependant, cette épreuve n'est pas

vécue de la même manière par l'ensemble des fragiles. On peut en effet distinguer 2 types d'expérience :

1.La première est celle que vivent les personnes dont l'infériorité sociale se traduit par

l'humiliation, le désarroi, le repli sur soi et le ressentiment, voire la condamnation d'un ordre qui lui semble injuste. J'appellerai cette expérience la fragilité intériorisée.

2.La deuxième expérience est vécue par des personnes qui tentent de conjurer l'échec en

élaborant des projets et en multipliant les démarches pour " s'en sortir ». Dans ce cas l'infériorité sociale est considérée comme une situation temporaire. Contrairement au

premier type, ces personnes n'éprouvent aucune gêne à utiliser les services d'action sociale

ou les associations caritatives. J'appellerai cette expérience la fragilité négociée. ◦La fragilité intériorisée

Ce sont généralement des personnes de plus de 30 ans. Elles ont connu un véritable déclassement

entraînant un discrédit social, soit parce qu'ils étaient salariés et qu'ils se retrouvent chômeurs, soit

parce qu'ils étaient commerçant ou artisans et qu'ils ont fait faillite.

L'angoisse de l'échec est sans doute encore plus forte lorsque l'infériorité sociale est liée également

à la disqualification de l'habitat dans lequel on est contraint de vivre. La plupart des habitants de la

Cité du Point-du-Jour (" La petite Chicago »), conscients de la dégradation et de la mauvaise

réputation de leur lieu de résidence, éprouvent un sentiment de malaise quand ils doivent révéler

leur adresse. Ils ne disent pas " J'habite à la cité du Point-du-Jour » mais " j'habite 119, rue

Théodule-Ribot ». Ceci est la preuve que l'identité négative s'intègre progressivement dans la

conscience sociale des habitants.

L'humiliation est réactualisée à chaque démarche effectuée pour obtenir un emploi ou pour

demander un secours financier ou un colis alimentaire. Pour les personnes qui connaissent l'épreuve

de la fragilité intériorisée, la fréquentation des services d'action sociale est par conséquent très

éprouvante. Dans certains cas, c'est à ce moment que l'individu prend conscience qu'il n'est pas à la

hauteur de ce qu'il devrait être. Dès lors il perçoit sa situation personnelle comme une situation

avilissante qui, à plus ou moins long terme, ne peut que compromettre ses chances d'accéder à un

statut social supérieur.

Les ménages qui dont l'expérience de la fragilité intériorisée adoptent souvent, lorsqu'ils sont en

relation avec le service social de secteur, une stratégie de distanciation. Ils refusent catégoriquement

d'être assistés et ont généralement beaucoup de scrupules à demander une intervention ou à

bénéficier d'une aide sociale. ¨Pour eux, la relation avec une assistante sociale est humiliante.

→ on pourrait rapprocher l'expérience de la fragilité intériorisée d'un des trois types d'expériences

vécues étudiés par Dominique Schnapper, celui de chômage total. Humiliation, amertume, malaise mais aussi attitude de repli ou de distanciation dans les relations sociales, tels sont les aspects les plus marquants de cette expérience vécue. ◦La fragilité négociée

La fragilité négociée est une expérience vécue par des jeunes qui ont généralement moins de 25 ans.

Ils éprouvent comment l'ensemble des fragiles un sentiment d'infériorité sociale mais, à la

différence des ménages que nous venons d'étudier, ils parviennent à élaborer un ensemble de

rationalisations pour justifier leur situation sociale précaire sans pour autant renoncer à rechercher

un emploi stable, et, si possible, bien rémunéré. Il apparaît clairement que ces jeunes souhaitent

s'intégrer socialement et refusent absolument l'échec.

Les jeunes qui font l'expérience de la fragilité négociée sont issus de classes populaires et ont un

niveau culturel plus faible. Le risque pour eux n'est pas celui de la prolétarisation, ce qui explique,

dans une certaine mesure, qu'ils sont moins en situation de manifester à l'égard du travail régulier et

des contraintes qui lui sont associées une véritable répulsion. Ils n'ont donc pas les moyens

financiers et culturels du chômage inversé.

Les jeunes de moins de 25 ans peuvent bénéficier de plusieurs mesures d'aide à la formation : stage

d'initiation à la vie professionnelle (SIVP), TUC, contrat de qualification ou d'adaptation, etc. Ce

dispositif a le mérite de proposer des solutions aux jeunes démunis de formation professionnelle

solide et susceptible de connaître l'épreuve du chômage. Cependant, ces formules ne correspondent

pas vraiment aux souhaits de ceux qui font l'expérience de la fragilité négociée. En effet, selon

certains d'entre eux, faire un TUC ou un SIVP, c'est accepter un statut social infériorisé qui ne leur

apportera rien, voire les discréditera encore davantage auprès des entreprises.

On voit que ceux qui font l'expérience de la fragilité négociée ont beaucoup plus confiance en eux-

mêmes. Ils multiplient les démarches, élaborent des projets et rêvent d'un statut social supérieur.

Cette attitude les libère progressivement du poids de l'échec et de l'infériorité sociale. Conscients

tout de même de leur fragilité, ils adoptent un comportement pragmatique dans l'utilité des services

d'action sociale.

Quand ils sont confrontés à la nécessité de solliciter une aide financière auprès d'un service social,

ils n'éprouvent aucun sentiment de malaise, ce qui les distingue nettement de ceux qui font l'expérience de la fragilité intériorisée. •La carrière morale des assistés

3 types d'expériences vécues de l'assistance :

1.L'assistance différée

2.L'assistance installée

3.L'assistance revendiquée

◦L'assistance différée

Ces personnes sont généralement motivés par la recherche d'un emploi. Malgré une assez forte

dépendance envers les services de l'action sociale et les travailleurs sociaux - ce qui n'est pas le cas

des fragiles - ils acceptent difficilement le suivi social régulier et la prise en charge assistancielle de

l'ensemble de leurs difficultés ou de leurs handicaps. Ils ne se considèrent pas comme des assistés.

L'assistance différée rejoint, au moins sur un point, l'expérience de l'infériorité sociale vécue par les

fragiles. La forte motivation à l'emploi traduit tout à la fois un refus d'identification au statut

d'assisté et une volonté avouée de promotion sociale.

La relation régulière aux services d'action sociale desquels ils dépendent directement pour leur

survie est une épreuve douloureuse pour ceux qui font cette expérience. Ils essaient d'éviter de se

rendre trop souvent à la permanence de l'assistante sociale mais, en réalité, leur marge d'autonomie

est restreinte.

Quand ils sollicitent les services d'action sociale, c'est toujours en raison de difficultés financières.

Toute démarche effectuée pour demander une aide financière réactualise le sentiment d'échec social.

La recherche d'un statut de salarié est la seule solution préconisée pour se libérer définitivement du

contrôle social et du poids symbolique de l'assistance.

L'assistance différée correspond à l'apprentissage du statut d'assisté. Il s'agit en effet de l'expérience

vécue par des personnes relativement jeunes et encore peu familiarisés avec les services d'action

sociale dont elles sont pourtant dépendantes. Seule la solution de l'emploi est à leurs yeux

envisageable, car le statut d'assisté et le suivi social régulier qui lui est associé relèvent d'un passage

indésirable. Pour accepter ce statut, il faut faire l'expérience de l'insistance installée. ◦L'assistance installée

On constate au cours de cette expérience, une identification progressive au statut d'assisté. Cela ne

signifie pas pour autant une soumission aux services d'action sociale, mais il importe de souligner

les traits suivants : une plus faible motivation à l'emploi, l'élaboration de rationalisations pour

justifier l'assistance et des stratégies adroites de relation avec le travailleur social.

Le passage de l'assistance différée à l'assistance installée ne se réalise pas spontanément. Il faut faire

l'apprentissage des rouages des services d'action sociale, c'est-à-dire connaître les mesures d'aide ou

les allocations d'assistance, le fonctionnement des institutions, le rôle des assistantes sociales etc.

Ce passage est aussi le résultat d'un long processus de négociation du statut d'assisté, ce qui veut

dire :

1.Renoncer implicitement au statut de l'emploi

2.Relativiser l'opinion défavorable de départ sur les assistés

3.Acquérir les justifications personnelles pour éventuellement répondre à ceux qui s'opposent

au recours systématique à l'assistance. Il existes plusieurs types de rationalisations :

1.Certains parents expliquent par exemple qu'ils sont assistés non pas pour eux-

mêmes mais seulement pour leurs enfants

2.D'autres justifient leur statut d'assisté par leur maladie ou leur invalidité

3.Enfin, quelques-uns s'appuient sur la crise économique pour réinterpréter

l'assistance en termes de droits sociaux.

En définitive on peut dire que l'assistance installée correspond à une étape au cours de laquelle les

assistés intériorisent les attitudes qui s'accordent à la logique de leur statut. Le discrédit qui

généralement s'y attache ne représente plus pour eux un coût symbolique intolérable. Sans renoncer

définitivement à l'emploi, ils s'habituent progressivement à l'inactivité. Les difficultés qu'ils ont

rencontrées dans la recherche d'une activité professionnelle sont autant de raisons qui les incitent

désormais à accepter le statut d'assisté. Ce choix n'est pas économiquement irrationnel pour les

ménages avec enfants qui peuvent bénéficier d'allocations mensuelles. Ce statut devient acceptable

à partir du moment où ils élaborent des rationalisations pour répondre éventuellement aux

accusations et aux reproches de ceux qui considèrent le recours à l'assistance comme une solution

de facilité. Le bilan de cette expérience peut leur paraître satisfaisant. Ils ont acquis désormais une

sécurité financière et matérielle sans pour autant connaître l'épreuve de l'humiliation et de la

soumission. ◦L'assistance revendiquée

Cette expérience accentue les tendances observées dans l'assistance installée : aucune motivation à

l'emploi n'est observable et la dépendance envers les services d'action sociale devient très forte. On

constate également la naissance de conflits, passagers ou durables, dans la relation avec les travailleurs sociaux. Ceux-ci acceptent difficilement l'attitude de revendication adoptée par les

assistés pour obtenir entière satisfaction à leurs demandes d'aides, le plus souvent financières.

La première raison de l'absence de motivation à l'emploi est liée à l'âge. Ceux qui ont plus de

quarante ans, assistés depuis plusieurs années, n'espèrent plus trouver d'emploi. Ils n'ont aucune

qualification professionnelle et, d'après eux, il est trop tard pour envisager une formation. Par

ailleurs, ils ont intériorisé la logique de l'assistance et les services d'action sociale, dont ils

connaissaient désormais tous les rouages, se sont habitués à leur fréquentation régulière.

L'assistance revendiquée se traduit par une dépendance très forte envers les services d'action

sociale. Lorsqu'on ne répond pas favorablement à toutes leurs demandes d'intervention, notamment

dans le domaine financier, les assistés sont parfois agressivement mécontents, et critiquent

ouvertement, souvent de façon virulente les travailleurs sociaux. (L'auteur fait ensuite une analogie

avec les toxicomanes qui ont expérimenté les drogues " dures ». Dépendance qui devient intolérable

lorsqu'ils rencontrent des difficultés d'approvisionnement).

Les assistés n'ont plus aucun scrupule à demander une intervention sociale et on remarque que les

travailleurs sociaux sont perçus par eux comme des agents à leur service. La relation assistant-

assisté prend la forme d'un rapport distributeur-consommateur. •Marginalité et résistante au stigmate

Les marginaux ne disposent ni de revenus liés ou dérivés d'un emploi régulier, ni d'allocations

d'assistance. Il s'agit donc de personnes ne bénéficiant plus d'indemnités de chômage sans pour

autant faire l'objet d'une intervention sociale régulière du type assistanciel. Elles vivent de

ressources subsidiaires - aides financières d'un montant peu élevé ou colis alimentaires distribués

par le CCAS ou les associations caritatives - et pratiquent souvent des activités diverses en marge

du marché de l'emploi.

Les marginaux sont discrédités par les échecs qui ont jalonné leur existence. Stigmatisés dans leur

entourage et confrontés à cette " différence honteuse » dont parle Goffman, ces individus " en

marge » doivent endurer quotidiennement l'épreuve de la réprobation sociale.

L'essentiel de l'énergie de ces individus passe à entretenir l'existence biologique : manger, se laver,

dormir. L'enquête de terrain montre que ces besoins sont souvent insatisfaits.

La phase ultime du déclassement est la stigmatisation, car aux yeux d'autrui l'individu " en marge »

devient très vite un incapable, un fainéant. Cet attribut, véhiculé par l'opinion, entraîne un discrédit

très fort qui ne laisse pratiquement aucune perspective de progrès. Aujourd'hui les marginaux sont

comparés aux clochards car leurs comportements et habitudes s'écartent des normes " bourgeoises »

et en particulier de la propreté des corps. On peut toutefois distinguer deux expériences vécues :

1.La marginalité conjurée : révèle les tentatives d'intégration sociale de ceux qui sont si

accablés par le malheur qu'ils souhaitent trouver un équilibre et mettre un terme à leur vie

marginale.

2.La marginalité organisée : correspond à l'accession à une forme d'identité positive. Il ne

s'agit pas pour autant d'une volonté de changement de statut mais plutôt d'une adaptation individuelle à une condition dont on peut dire qu'elle est à la limite de l'exclusion sociale. ◦La marginalité conjurée

Ceux qui en font l'expérience considèrent que la " marge » est synonyme de galère et ils ne peuvent

plus supporter le caractère de ce statut. Ils prennent conscience qu'ils faut modifier leurs comportements et même leur présentation pour trouver plus facilement un emploi, même si ils doivent renoncer à ce qu'ils ont voulu être ou ressembler pendant plusieurs années. Il y a un souhait de réinsertion sociale et professionnelle mais qui pose cependant d'énormes

problèmes. Il est improbable en effet qu'un vagabond, plusieurs fois incarcéré, toxicomane ou

alcoolique, sans qualification, réussisse à se défaire de tous les handicaps qui l'accablent.

◦La marginalité organisée Les marginaux du premier type parviennent tant bien que mal à être logés dans des chambres

souvent insalubres pour des loyers parfois excessifs. Ils tiennent cependant à bénéficier du statut de

locataire même au prix d'une insécurité permanente et d'énormes difficultés financières.

Les marginaux du second type, ceux qui se sont organisés dans la marginalité, rencontrent aussi ce

problème de l'habitat. Etant donné qu'ils n'ont généralement aucun revenu régulier, ils ne peuvent

pas payer de loyer, aussi modique soit-il. Ils se rabattent alors sur d'autres solutions : le squat ;

l'hébergement à titre gracieux ou en foyer d'accueil ; la caravane ; la baraque en bois ou la cahute.

Dans ces logements de fortune, le " choix du nécessaire » s'explique évidemment par les contraintes

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