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1 Écrire en vers après la prose : vers une poésie scientifique ? classique, les rapports entre le vers et la prose que tels pour les textes savants et leur transmission en français au Moyen Âge. Cette question a pourtant : les travaux de Jean- Yves Till-latin1, font nuancer la place du vers en français affaiblie

faits connus, mais non étudiés en tant que tels : on peut relever, en français cette fois, les

Image du monde de Gossouin de Metz, avec trois rédactions en vers et une version en prose et souligner que ce dernier avatar est le seul qui a été traduit en hébreu, en judéo-allemand et en anglais et s, signifiant sur le rôle respectif de la prose et du vers. ou de la prose pour le savoir que nous qualifions de scientifique - ou du moins relevant de la philosophie naturelle - est, à partir du XIIIe écriture spécifiques du savoir, relayant ou a période du XIVe siècle est particulièrement intéressante, puisque diversifient et

s multiplient, que le choix du vers est assumé en tant que tel, alors que la prose est

désormais plus fréquente pour desclairier

antiques de la poésie scientifique ne sont pas encore prégnants. Les catégories éclatent alors

et, face à la diversification des savoirs en latin comme en français, leur diffusion se modifie

selon les domaines, selon les lectorats et les modalités traductions, des écrits qui insèrent le savoir, même si leur enjeu est autre comme les encyclopédies, même encore lues, ne sont plus source de nouveaux écrits.

1 En particulier " Vers et prose dans la théorie littéraire médio-latine », Écrire en vers, écrire en prose : une

poétique de la révélation, études réunies par Catherine Croizy-Naquet, Littérales n° 41, 2007, p. 27-42.

2 Hans Ulrich Gumbrecht2 a pu ainsi parler " complexification des structures de savoir », , ainsi que de catégories

qui classent les écrits selon des critères de contenus et de formes variables : à ce titre il

rappelle la classification de la librairie de Philippe le Bon avec les types suivants : Bonnes ; Chapelle ; Librairie meslée ; Livre de gestes ; Livres de ; Croniques de France ; Oultre Mer ; Médecine et Astrologie ; Livres non parfaits. Les écrits dits littéraires se côi poésie lyrique, chanson

de geste ou historiographie sont clairement distinguées, si la répartition entre médecine et

astrologie est également nettequi tentent de rendre compte de la complexité de la production. Pour H. Gumbrecht, les deux siècles de la fin du Moyen Âge constituent " de savoir et des structures sociales qui caractérisent notre modernité 3 textuelles, dans ses diversités et ses choix.

La réflexion sur les relations entre vers et prose amène donc inévitablement à celle sur les

catégories qui permettent de classer les écrits : peut-on dir ? La célèbre formule de Pierre de Beauvais qui distinguait dans son Bestiaireprosaïque) et celle du plaisir (en vers) est-

elle encore valable pour le XIVe siècle ? Quel rôle joue la forme poétique ? Est-elle toujours

seconde ou non ? Y a-t- pour cette période ? On le voit le rec qualification des textes (scientifique, savant ) et que les

ouvrages de synthèse, histoires littéraires ou manuels bibliographiques, sont variables dans les

catégorisations. qualifier de scientifique.

I. Catégories :

2 Hans Ulrich Gumbrecht, " Complexification des structures de savoir

Moyen Âge », Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, VIII/1, Carl Winter-Universitâtsverlag,

Heidelberg, 1988, p. 25-27.

3 Ibid., p. 27.

3 des catégories que la critique néglige à propos du Moyen Âge est celle de la poésie scientifique alorntiquité - en particulier avec Lucrèce - et pour la Renaissance4. Pourtant la littérature latine médiévale au XIIe siècle c qui en relèvent clairement comme la Cosmographie de Bernard Silvestre ou le De naturis rerum d une conception cosmique

avec des rimes, mais évoquent poétiquement des théories, et la forme du vers a véritablement

une vis poetica. Il est vrai que ce terme de poésie scientifique est, à y regarder de près, moins

cla t : est-ce une poésie philosophique, ou didactique, encyclopédique ou

cosmologique, une poésie de la connaissance ou de la nature ? Les dénominations sont

nombreuses et mettent en évidence la difficulté à définir des textes polymorphes5. Selon

Albert-Marie Schmidtenseigner, mais est " une intuition » pour des lecteurs qui la comprennent6. Quant à Isabelle Pantin, elle encyclopédique ni exclusivement exégétique7 ou les objets textuels- est clairement identifié, sa s entre une écriture explicitement savante (latine ou française) et littéraire.

correspond à notre même embarras pour classer et saisir dans la plénitude de leur écriture des

n Âge, ne relèvent pas du littéraire au sens étroit oserais-je dire

contemporain - du terme, mais qui pourtant ne sauraient être assimilés à ceux qui font naître et

se développer la vie intellectuelle en latin ou en français. Bien

didactique et le nom didactisme qui leur sont associés dans les manuels de littérature

médiévale : Histoire de la littérature française du Moyen Âge

Berthelot8 : elle évoque une

(encyclopédies, allégorie et Roman de la rose), suivie de la période de 1275 à 1330, qui

4 Voir infra dans la troisième partie.

5 Voir en particulier le constat que fait Violaine Giacomotto-Charra à propos de Du Bartas : " Il est frappant de

constater à quel point le statut de la parole et du texte poétiques est ici incertain. Un indice signif

e, cette poésie placée sous le pa : si le terme de " poésie scientifique -Marie Schmidt, rante, il semble que la nébuleuse des dénominations révèle essentiellement une

difficulté intrinsèque à définir un genre par nature hybride », La forme des choses. Poésie et savoirs dans La

Sepmaine de Du Bartas, Toulouse, Presse Universitaires du Mirail, 2009, p. 17.

6 Albert-Marie Schmidt, La poésie scientifique en France au XVIe siècle, [1938] Lausanne, éd. Rencontre, 1970,

p. 15.

7Isabelle Pantin, La poésie du ciel en France dans la seconde moitié du seizième siècle, Genève, Droz, 1995.

8 Anne Berthelot, Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes,

2e éd., 2006, p. 153-164 ; p. 197 et p. 227-236.

4

apparaît comme le triomphe du didactisme (textes allégoriques) avant celle de 1330 à 1450 où

une nouvelle catégorie apparaît, la " poésie et la littérature dite sérieuse », mais il y disparaît,

au profit du politique et de la morale,

classement est évident : où situer ces formes poétiques, souvent allégoriques, qui ne sont pas

des traités scientifiques et qui pourtant proposent des savoirs ? Y a-t-enjeu

entre ce qui est appelé " didactisme » et ce qui est appelé " sérieux ». Que signifie la catégorie

du didactique " visée didactique »9 , indiquer la mouvance et le caractère polymorphe. Il est vrai que finalement, toute forme -Yves Badel : pas sûr que le fabliau

échappe à cette règle et soit un pur divertissement. Tout écrit marque la volonté de son auteur

technique10. aident guère à la précision, malgré leur volonté classificatrice de Bossuat11 et ses suppléments, on ne p hésitations face à des formes qui ans les grands genres littéraires : la prencien français, la littérature didactique avec deux espèces, " scientifiques » ; pour le moyen français, ce sont les , les écrits scientifiques et techniques. Le dernier supplément, reflétant naissant de la critique pour les textes non littéraires , et les écrits scientifiques distinguant

quadrivium, bestiaires, traités encyclopédiques, arts et sciences (architecture, art militaire,

droit, géographie, grammaire, glossai ; pour le moyen français, trois catégories sont indiquées

étendue

entre 1951 et 1991, la spécialisation entre ancien et moyen français, où

9 Dominique Boutet, Histoire de la Littérature française du Moyen Âge, Paris, Champion, 2003, p. 99.

10 Pierre-Yves Badel, Introduction à la vie littéraire du Moyen Âge, Paris, Bordas, nouvelle édition, 1984, p.

165.

11 Robert Bossua, Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age, suivi des suppléments de

1949-1953 et 1954-1960 avec le concours de Jacques Monfrin, Genève-Paris, Slatkine, 1986 ; Françoise

Vielliard et Jacques Monfrin, Troisième supplément. 1960-1980, Paris, éd. du CNRS, 1991. 5 scientifique se détache du didactisme

bailler science en franchois. Cependant, dans tous ces outils de la critique littéraire, le

caractère de la catégorie didactique est général et assez flou, car elle est commode pour toute

du lyrisme, mais gomme aussi bien les différences que les zones de confluence ou de porosité entre les genres. Deux volumes du Grundriss der romanischen Literaturen des mittelalters également à ce genre de

textes. Si le volume 8 (La littérature française aux XIVe et XVe siècles) distingue nettement ce

qui relève du scientifique (médecine, astronomie, alchimie), le volume 6 (La littérature

didactique, allégorique et satirique) consacre une partie aux formes du didactique avant le

XIVe siècle en la séparant pourtant

la didactique religieuse dans cette partie. Quant aux savoirs, ils sont répartis entre différentes

catégories tant dans le tome 1 que dans le tome 2 arti liberali et regroupe ce qui relève des sept son versant astrologique et le comput, mais aussi les savoirs moins orthodoxes que sont la géomancie, la didactique " pratique » scientifique et comprend les lapidaires, les encyclopédies les compilations géographiques, les

traités de médecine et les écrits juridiques. Les bestiaires sont absents dans cette partie,

titulé Genèse et structure des genres allégoriques (Entstehung und Strukturwandel der Allegorischen Dichtung, Hans Robert Jauss) dans le cadre de la transformation littéraire du Physiologus.

Ces distinctions, on le voit, posent des difficultés : les encyclopédies en langue vernaculaire

relèvent-elles de la " didactique mondaine » où sont claséss les versions du Secret des secrets

et les ensenhamens ? On ne saur exclusivement de la didactique

scientifique, sauf à les considérer de manière anachronique, selon un modèle encyclopédique

dans la tradition du Secret des secrets. La séparation

non plus complètement convaincante, la pensée allégorique imprégnant les deux genres. Ces

divisions, cohérentes théoriquement et rationnelles, permettent de donner une bibliographie classée, mais donnent pourtant riture des savoirs en laissant de côté la distinction entre prose et vers. Dans le volume 8, les traités scientifiques fon

partie séparée et développée, mais le " didactique » disparaît ou plutôt est diffus entre le

poème allégorique, la traduction et la littérature religieuse. Le contenu prime ainsi sur la

forme. Pour terminer cet inventaire, il faut remarque Histoire de la France 6

Littéraire12, ces catégories disparaissent en tant que formes, mais resurgissent dans la partie

intitulée " Dieu et le monde » (Armand Strubel), à propos du déchiffrement du monde ou de

, et dans celle qui a comme titre intitulée " Formes et genres », dans le chapitre " La » de Sylvie Lefèvre, où les formes encyclopédiques et

allégoriques (Roman de la Rose) sont évoquées. La diffusion du savoir est ainsi réduite aux

marges de la littérature, et les modalité guère envisagées. Il Inventaire systématique des documents en langue romane13 qui évite la

qualification de didactique : on y trouve une partie " Littérature instructive et scientifique »,

divisée en " Savoirs de base » (comput, bestiaire, lapidaire, proverbes), " Théologie, morale et

philosophie », et " Sciences pratiques » (recettes). La classification est donc autre, quoique donnant aussi matière à discussion effet exposés, mais le comput ne relève-t-il pas du " pratique », plutôt que de base », puis ? On le voit, la synthèse inévitable de ces manuels et la taxinomie indispensable de ce genre laissent apparaître une

ne reproduisent pas les catégories épistémologiques de notre temps, ni non plus complètement

celles du Moyen Âge puisque bien des domaines ne sont pas représentés dans ces écrits. Les

critères formels ne sont pas non plus, semble-t-il, opératoires, la distinction entre traduction,

adaptation et en avant sauf dans le GRLMA VIII, et la séparation entre forme versifié formes écrites des savoirs, sont évidentsurs E.

Baumgartner dans son histoire littéraire14, dans un chapitre intitulé " Enseignements et

chastoiements » :

Un trait caractéristique et trop souvent occulté de la littérature médiévale à partir du XIIIe siècle au

moins est la multiplicati vulgariser », -à-dire de mettre à la portée des laïcs les différentes

mondaine, de les guider enfin sur la voie du salut. Cette production ne présente aucune unité formelle.

les sermons, les traités, les chansons lyriques les dits narratifs.

12 Histoire de la France littéraire : Naissances, Renaissances, Moyen Âge-XVIe siècle, volume dirigé par Frank

Lestringant et Michel Zink, Paris, PUF, 2006.

Heike Kürschner, Tübingen, Gunter Narr., 1997, 5 vol. I : Introduction. Bibliographie, Tables. II : Partie

documentaire. Enoncés métalinguistiques explicatifs et commémoratifs. Littérature de caractère religieux.

III: Partie documentaire. Littérature instructive et scientifique. Poésie profane. Historiographie. Législation.

IV: Partie documentaire. Chartes (françaises et occitanes). V : Partie documentaire. Chartes (italiennes, sardes,

catalanes, espagnoles et portugaises) Lettres Documents administratifs.

14 Emmanuèle Baumgartner, Histoire de la Littérature Française, Moyen Âge, 1050-1486, Paris, Bordas, p. 145.

7

Évitant le terme didactique, elle préfère distinguer trois groupes en fonction de trois enjeux

" Pour une culture laïque », " Moraliser », " Édifier moins pour le XIIIe laïque

prégnante au XIIIe siècle et si la question de la culture dans les milieux laïcs est encore de nos

jours La q didactisme. Pourtant elle est centrale, comme a pu le montrer J. Cerquiglini-Toulet15 à propos des ure : modèles grammaticaux des Donat, modèles religieux, modèles

juridiques auxquels se rattachent les débats et jugements, modèles testamentaires, qui se

hybrides et complexes. Il est impossible de parler de modèles savants, même s les traductions ts communs, avec une importance réelle et sa multiplicité, se cherche une identité et que le vers a une place singulière connaissance et aux formes textuelles: entre la glose de Problèmes et les Echecs amoureux, le savoir est e

16. Le poème qui,

semble-t- savante et une modulation évidente.

Le choix du vers paraît ainsi à la fin du XIVe siècle amener à une forme et un contenu de

vulgarisation qui ne sont pas les mêmes que pour la prose

étudier à partir de quelqsavoirs :

x sciences ou aux techniques. L médicaux ou originaux, ne doit pas réduire la diffusion des savoirs à ces deux domaines. I que le strict domaine scientifique, au sens contemporain du terme. Une autre interrogation naît également de ce parcours des manuels : quelles formes en français philosophique et scientifique ?

15 Jacqueline Cerquiglini-Toulet dans Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Franl Lestringant, Georges Forestier et

Emmanuel Bury, La littérature française : dynamique et histoire I, Paris, Folio, 2007, p. 164-172.

16 Voir à ce sujet Traduire au XIVe siècle, Evrart de Conty et la vie intellectuelle à la cour de Charles V, éd. J.

Ducos et M. Goyens, Paris, Champion, 2015, en particulier p. 71-241. 8

II. La guerre et la science en vers

A partir de la fin du XIIIe siècle, lssible dans les traductions savantes, . Mais il est plus surprenant de transformer une traduction, , en un texte versifié, surtout militaire. est pourtant ce que fait Priorat de Besançon pour le De re militari de Végèce traduit par Jean de Meun écrite vraisemblablement entre 383 et 450 à st un manuel qui traite successivement de la formation des soldats

continuer par les préparatifs de guerre (logistique, défense, machines de guerre) et les

stratégies avec un long chapitre constitué des regulae belli (livre III) et finir sur les sièges et

les batailles navales avec un long descriptif des navires de guerre, il apparaît comme un ensemble synthétique destiné aux chefs de guerre romains et qui a eu une diffusion descriptions de bataille17. Mais de Priorat de Besançon18 n seul manuscrit (BnF fr 1604) » (v. 192-195), pour les rois, les ducs, les comtes et -à-dire pour un lectorat laïc et expérimenté à la guerre. Mais, comme le visiblement de sa propre expérience19. Quel intérêt à transposer un texte militaire en vers tant " les frontières entre ce que nous nommons prose et vers sont poreuses 20». Il semble que le vers paraisse plus aisé,

17 Voir Christopher Allmand, The De re militari of Vegetius. The Reception, Transmission and Legacy of a

Roman Text in the Middle Ages, Cambridge University Press, Cambridge, 201, en particulier p. 47-55. 18

Priorat de Besançon, éd. Ulysse Robert, Paris, Firmin Didot et Cie, 1897. Voir également le manuscrit BnF fr

1604.

19 Sur ces questions, voir notre article, "

Végèce par Priorat de Besançon », dans éd. J. Ducos et J.

Gardes Tamine, Paris, 2016, p. XXX.

la description des vents, v. 10540-10546.

20 Voir J. Y. Tilliette, op. cit., p. 31.

9

et soit un meilleur support à la mémorisation, ce que Jean-Yves Tilliette rapproche des

lectures scolaires constituées principalement de poètes21. Question de rythme assurément, de

sonorités et de rimes : on le voit nettement dans certains passages de Priorat de Besançon où

les énumérations des différentes catégories de grades et de soldats ou les descriptions des machines . Des topiques littéraires sont employées, comme la tempête en mer, et informative de Jean de Meun :

Quiconques conquist ost a armes par

navie, il doit avant connoistre les signes des estourbeillons, car par tempestes et par flos ont esté souvent peries les nés plus griefment que par la force des anemis. Et en ceste partie doit estre ajoustee toute la sagece de philosophie, car la nature des vens et des tempestes est cueillie de la raison dou ciel.( Jean de Meun, IV, 37)

Quiconque porte per navies

Son ost et a voiles dracies

Ainçois doit conoistre les signes des

estorbillons en lui meïmmes ;

Car per plus sovantes foïes

Ont estey les nés perillies

per floz et per les perillouses

Tempestes, forz et enniouses,

contraires,

Que per force des adversaires,

Ne que per bataillier formant ;

Tel peril doivent per maitrie

Estre eschivey saigemant ;

Car vos savez bien vraiement

Que des vanz la nature tote

La mer corroce et rebote

Et est ou ciel prise ou coillie ;

de Besançon, v. 10463-10482)

Sans considérer que est une gra

et démontre une

plasticité du français médiéval, avec une phrase qui est modulée dans le rythme du vers, et

acquiert une fluidité parfois absente en prose, en mettant en évidence une prosodie et des accents. On le voit encore plus nettement dans les regulae belli, ces sentences destinées à de mettre en évidence des oppositions (ex. 1 et 2), des chiasmes (ex. 3), des assonances (ex.

4), amplifie et renforce la capacité à être mémorisée :

21 Ibid.

10

Végèce Jean de Meun Priorat de Besançon

1. Occasio in bello amplius

solet juvare quam virtus. plus aidier en batailles que en vertus.

Plus suet en bataille achoison

Aidier que de vertuz foison.

2. Amplius juvat virtus quam

multitudo.

Plus ayde vertus que

multitude. cuide,

Vertuz que ne fait multitude.

3. Exercitus labore proficit,

otio consenescit.

Ost pourfite par travail et

devient pereceus par oizeuse.

Li ost profitent per la poinne,

Oisivetez a mal les moinne.

4. Subita conterrent hostes,

usitata vilescunt.

Soudaines choses espoentent

les anemis ; les choses aüseez tiennent pour vils.

Soudeinne chose apaonte

Sovant les anemis et donte ;

Ne tenir mi en vitance

acostumance. la transmission

seulement dans le domaine strictement littéraire, mais aussi dans ce qui relève du scientifique

et du technique. latins. e siècle, la prose est préférée par les auteurs, mais avec des insertions poétiques nombreuses22 toujours introduites par la formule " unde

versus ». Astronomie, médecine, alchimie, mathématique, prédictions astrologiques, tous les

domaines scientifiques présentent des exemples de ces vers inclus dans les traités ou en marge des manuscrits : les plus connus sont le

Placides et Timeo,

variations et des 23. Poésie et science ne sont donc pas incompatibles, mais au contraire se répondent, comme on peut le de Lucain renforcent une argumentation, une définition ou une description.

22 Lynn Thorndike, " Unde versus », Traditio, 11, 1955, p. 163-193.

23 Lynn Thorndike, ibid., p. 193 : " Such is some illustration of the quotation of anonymous, but apprently well

knoxn and traditional verses, by writers in the fields of astronomy and astrology, weather prediction and

cosmography, computus and calendar, music and mathematics, natural history and medicine, human

temperaments and sex relations and manners, alchemy and painting. When and how did they originate? In what

groupings were they first found and used? The variations of wording and the arrangement of them as repeated by

different authors suggest that they had undergone a long process of use in class-rooms, of copying and

recopying, of repeating and learning, of forgetting and remembering and revising. 11 Aussi une traduction en vers se justifie-t-elle en langue vulgaire, car elle correspond à cet accès au savoir. Ainsi le Thesaurus

Pauperum24 de

traite des maladies dans un ordre vertical, de la tête au pied. Elle a donné lieu à une traduction

au XIVe siècle par Jean Sauvage25, médecin picard installé à Blois, qui en propose une forme

versifiée en octosyllabes pour les deux tiers et en prose pour le dernier tiers. Il faut noter que

cette adaptation intègre aussi la Fisique rimée, réceptaire conservé dans un manuscrit de

Cambrt dont a conservé trois manuscrits, ainsi que la Lettre , autre réceptaire en prose composé au XIIIe siècle. La forme versifiée

comme le fait Priorat de Besançon, de donner une forme versifiée qui aide à la mémorisation

et à une lecture à haute voix ou à la rumination. Les recettes, dont on connaît la forme très

Doit-on penser cependant

mémorisation diffusent un que prennent la

poésie du XIVe siècle où le jeu sur le savoir devient un des thèmes de prédilection. Jean de

Meun a ouvert la voie dans le Roman de la Rose par le long discours de Nature, adaptant aussi aristotélicien. Des thématiques reviennent régulièrement

éléments, les âges de la vie, les humeurs, les allégories des arts libéraux, les sphères célestes.

Elles sont souvent topiques, mais les auteurs du XIVe siècle peuvent en jouer et les transformer : songeons au Chemin de Longue estude de Christine de Pisan où elle renouvelle

Ovide Moralisé

Dieu. On ne peut pas non plus passer sous

silence le Rosarius chose » de ce monde

(naturel ou non) et ses propriétés avant une interprétation allégorique en relation avec la

24 auteur est devenu pape en 1276 sous le nom de Jean XXI (mort en 1277) Thesaurus

pauperum, éd. M. H. da Rocha Pereira, Coimbra, 1974.

25 Cette traduction se trouve sous le titre de Novelle fisique. Voir en particulier les travaux de Claude de Tovar,

" Contamination, interférences et tentatives de systématisation dans la tradition manuscrite des réceptaires

médicaux français », 3 , 1973, p. 115-191 et 4, 1974, p. 239-288. 12

Vierge Marie26.

mais le développement initial en octosyllabe a pu être édité séparément, tant il semblait en

rupture de ton et de contenu de la Vierge. Le savoi

L donc pas

plutôt la mise en vers traditionnelle ou plus innovante pour une évocation où la transmission des un autre enjeu, moral,

religieux, théologique, ou lyrique. Le développement de la littérature allégorique contribue à

une poétisation du savoir fréquent, dans une imitation plus ou moins lâche du Roman de la Rose, en particulier dans les récits allégoriques en vers les poèmes allégoriques »27. Citons par exemple Guillaume de Digulleville, dont de nombreux développements du Livre de pèlerin de vie humaine rappellent des notions scientifiques parfois complexes, comme le mouvement des planètes, ou des polémiques comme la place

28. Mais la notion scientifique peut aussi

donner naissance à un ensemble poétique : On peut aussi songer à Jean Dupin dont le livre 8

du Livre de Mandevie, écrit entre 1324 et 1340, propose un exposé poétique de la mélancolie

écrit en sizains octosyllabiques, mais inséré dans un voyage allégorique et moral

majoritairement en prose. Le livre 7 par contraste utilise essentiellement la prose pour les exposés sur la religion, le salut, la création du monde et

Le livre suivant en revanche se

centre sur les humeurs, avec un exposé en vers, dans un développement du modèle traditionnel versifié :

319. Ou livre des naturiens 2224

Sont registrez des anciens

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