Lautréamont», semble souvent renier toute tentative d'explication de son œuvre Les Chants de Maldoror Trop souvent, on a recours à trois voies différentes
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Lautréamont», semble souvent renier toute tentative d'explication de son œuvre Les Chants de Maldoror Trop souvent, on a recours à trois voies différentes
Maldoror, corps et sang - CORE
et narratologiques traditionnelles comme Les Chants de Maldoror par le comte comte de Lautréamont, l'auteur prétendu des Chants, ou bien Maldoror, abandonner la critique des mythèmes religieux au niveau de la signification » ( 1974
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A QUI LA PALME ? DEUX LECTURES D'UN TEXTE DE LAUTRÉAMONT by
KENNETH D. WIDGREN
(Under the Direction of Timothy Raser)ABSTRACT
Literary theory is a tool, a guide for the interpretation of a text, but often poses more questions than it resolves. The theorist Roland Barthes provides one model, a "top-down" approach to literary analysis. While effective, such an approach is not without weaknesses. Michael Riffaterre uses an opposite approach, looking not only for the development of the key ideas in a text, but how those main ideas are generated, and thus can be used to fill in the holes left by Barthes. Les Chants de Maldoror by Lautréamont serves as a jump-off point for a comparison of these two theorists. In the end, Riffaterre's more "objective" viewpoint provides a better path to understanding Lautréamont's enigmatic text. INDEX WORDS: Lautréamont, Barthes, Riffaterre, analyse textuelle, sémiotique A QUI LA PALME ? DEUX LECTURES D'UN TEXTE DE LAUTRÉAMONT byKENNETH D. WIDGREN
B.A., Georgia State University, 1998
A Thesis Submitted to the Graduate Faculty of The University of Georgia in Partial Fulfillment of the Requirements for the DegreeMASTER OF ARTS
ATHENS, GEORGIA
2005© 2005
Kenneth D. Widgren
All Rights Reserved
A QUI LA PALME ? DEUX LECTURES D'UN TEXTE DE LAUTRÉAMONT byKENNETH D. WIDGREN
Major Professor: Timothy Raser
Committee: Catherine Jones
Nina Hellerstein
Electronic Version Approved:
Maureen Grasso
Dean of the Graduate School
The University of Georgia
August 2005
ivDEDICATION
This is dedicated to my father, Kenneth Michael Widgren, who wanted me to major in anything other than foreign language. I wish you could've been here to see this, but don't worry, I'll bring a copy with me when we meet back up later. vACKNOWLEDGEMENTS
Thanks to all my committee members for their guidance and suggestions, especially to Dr. Timothy Raser. You and I both get from A to B, though admittedly by a rather circuitous path, which is, I think, one reason we work well together! viTABLE DE MATIERES
PageCHAPITRE
1 INTRODUCTION.........................................................................................................1
2 M/D, OU VERS UNE SÉMIOTIQUE..........................................................................8
3 CONCLUSION............................................................................................................35
1CHAPITRE 1
INTRODUCTION
L'analyse littéraire est une tentative de dire l'indicible non-dit, de faire parler un texte, de rendre une voix à ce qui est muet. Nous n'avons devant nous que le produit final, un produit quin'est d'ailleurs que le résultat d'un long processus. Le texte littéraire est une machine à
véhiculer du sens, des messages et tout comme n'importe quelle autre machine, il faut qu'elle aitune structure, qu'elle soit psychologique, sémantique, ce que vous voulez. Ce n'est pas autant la
sorte de structure qui compte, mais le fait qu'il en y a. En fait, le texte littéraire ne saurait
s'empêcher de produire du sens ; c'est sa raison d'être. Alors, faire l'exégèse d'un texte, c'est
trouver les frontières qui le retiennent, c'est trouver les supports de sa cohérence et de sa stabilité, les colonnes de sa signification.Blanchot a affirmé que " la parole critique, sans durée, sans réalité, voudrait se dissiper
devant l'affirmation créatrice : ce n'est jamais elle qui parle, lorsqu'elle parle ; elle n'estrien...mais ce rien est précisément ce en quoi l'oeuvre, la silencieuse, l'invisible se laisse être ce
qu'elle est : éclat et parole » (11-12). Mais ce rien est un rien extraordinaire, et l'analyse
littéraire ne doit pas de toute façon s'effacer devant le texte dont elle tente l'exégèse ; elle s'y
impose plutôt. Elle vient de l'extérieur pour chercher, ironiquement, ce qui est l'intérieur du
texte en question, ce qui est caché derrière les superficies du texte. D'un côté, l'analyse est une
tentative de trouver la signifiance des scènes et de l'action du texte. On parle de symboles, d'allégories, et de thèmes et de motifs. On parle du caractère du personnage principal, du protagoniste et de l'antagoniste. Je ne nie pas que ce sont des outils parmi d'autres qui peuvent 2mener à une interprétation plus profonde du texte en question. Mais il ne faut surtout pas oublier
qu'un texte est un phénomène linguistique, qu'il ne peut se créer qu'avec des mots ; le texte
littéraire est un acte de parole, c'est l'instanciation du langage dans le sens saussurien. Tout texte
est la culmination de choix linguistiques ; c'est le mot devenu corps, le concret qui correspond à
l'abstrait qui est le langage. Sans mots, pas de personnage, pas d'allégorie, pas de texte du tout.
Il semble donc logique que toute interprétation de tout texte doive partir des mots. Il faut établir
les liens entre les mots afin de voir comment ils s'engendrent et se propagent à travers le texte.
Pour être plus précis, il est nécessaire aussi que l'on tienne toujours compte de ce que Michael
Riffaterre appelle l'unicité de l'oeuvre (8). Chaque texte se distingue d'un autre par cetteunicité, exactement comme chaque énoncé se distingue d'un autre ; en empruntant la sentence de
Héraclite, on peut dire que l'on ne peut jamais dire la même phrase deux fois. Par exemple, l'intonation change, même imperceptiblement. C'est plus ou moins la même chose avec untexte ; on peut écrire les mêmes mots, mais ce n'est pas le même texte, parce que la perception
de ce texte va changer chaque fois que le lecteur s'en approche. En y appliquant desgénéralisations (et des interprétations généralisantes) on risque souvent de ne pas apercevoir
cette unicité dont parle Riffaterre. Souvent négligé au profit de ses contemporains, Isidore Ducasse, " le Comte de Lautréamont», semble souvent renier toute tentative d'explication de son oeuvre Les Chants deMaldoror. Trop souvent, on a recours à trois voies différentes pour considérer le texte, chacune
pire que le précédent. Premièrement, on se contente parfois de dire que le seul but de Lautréamont était de choquer, de frapper le lecteur avec des images apparemment inexplicables. Confronté avec des images de pourceaux vomissant, de poux rongeant le corps du narrateur, lelecteur croit avoir affaire au produit d'un malade mental ("C'est un vrai fou , hélas ! Un vrai fou
3qui sent sa folie » (Bloy, in Philip 27)) ; mais il arrive à cette conclusion sans essayer de trouver
la logique, la structure derrière ses images. Nous trouvons cette remarque de de Jonge à propos
du problème de lecture de Lautréamont : If we read Lautréamont as we would a poet of the nineteenth century, the result is chaos ; a world of absurd and meaningless violence, undiciplined lyricism and the occasional anticipation of surrealism. But what appear, at first, to be the ravings of a deranged mind, look very different if we use our reason, not our prejudices, to readLautréamont. (144)
Mais pour bien des lecteurs, c'est cette même violence, cette incompréhensibilitéindisciplinée des images qui se met comme obstacle à l'interprétation. L'ambiguïté du texte
nargue, leur semble-t-il, l'analyse profonde. Même Michael Riffaterre admet " however divergent, [most] interpretations agree that what characterizes Lautréamont's verbal behavior isexaggeration ; in everything he writes he goes too far, seeking either to parody or to shock » (in
Harari 404, je souligne). Mais en fin de compte il s'agit toujours d'un processus verbal, d'unecréation linguistique. Le problème qui se pose aux lecteurs est que Lautréamont semble violer
les règles de ce à quoi nous nous attendons du langage et du mot. Il fait une sorte deprestidigitation linguistique. Nous pensons comme êtres humains en général en termes binaires :
la porte est fermée ou ouverte, sans autre possibilité. Si l'on faisait un sondage dans lequel on
demandait à quelqu'un de terminer cette phrase : " l'amour est comme une... », sans doutetrouverait-on la vaste majorité qui diraient " rose. » Ce sont ces idées reçues qui informent la
manière dont nous apercevons ce que nous voyons et lisons. Mais Lautréamont lance un défi au
lecteur dans ce sens. Pourquoi l'amour est-il comme une rose ? Pourquoi cette image arbitraire 4devient-elle associée à l'amour ? Prenons, par exemple, de l'oeuvre lautréamontienne la série
" beau comme » et le célèbre exemple frappant de " beau comme...la rencontre fortuite sur une
table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie » (234). Ses images semblent renier à la logique afin de montrer qu'en fait, il n'y en a pas. Le lecteur abandonne donc toutetentative de trouver la signification (et la signifiance) en se disant qu'il ne vaut pas la peine d'en
chercher. Cette attitude est un peu réhabilitée par les surréalistes, qui voyaient en Lautréamont
un précurseur, sinon même un prophète. Mais il faut aussi indiquer que ces louanges faites par
les surréalistes ont peut-être trop influencé l'appréciation de Lautréamont après. Haes l'explique
de cette façon : " Il plane...une équivoque sur les explications de l'oeuvre, puisque celles-ci
partent toujours d'un a priori favorable ou défavorable ; on crie au génie ou l'on accuse l'auteur
de mystification » (147). Le mot " équivoque » paraît aussi dans l'appréciation de Pierssens
quand il dit que Les Chants de Maldoror sont soumis à " tous les irrationalismes...insensiblesaux complexités du projet et aux arcanes de sa réalisation suspendue » (12-13). Il s'agit dans ce
cas d'un problème méthodologique, puisqu'on tâche de lire le texte à un niveau littéral, et on est
victime du " fallacy of reference » de Riffaterre. On considère comme donné que Lautréamont a
juxtaposé ses images pour choquer par leur incohérence, il se contredit exprès pour mystifier le
lecteur. Mervyn est " beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces » (234), ce qui
veut dire qu'il n'est pas en fait beau. Il faut bien sûr plonger plus loin, plus profondément pour
en trouver la logique, le système sémiotique. Deuxièmement, en se contentant d'un éloge superficiel, on vante souvent, comme l'auteur anonyme d'un article dans la revue La Jeunesse, paru après la première édition desChants, " l'emphase hyperbolique du style, l'étrangeté sauvage, la vigueur désespérée d'idée »
de l'oeuvre (Philip 12), mais on ne tente pas d'en déceler la logique cachée là-dessous. L'auteur
5continue à critiquer le livre pour " ses défauts, qui sont nombreux, l'incorrection du style, la
confusion des tableaux » mais en même temps louant " son originalité peu commune » (13). Si
pourtant on se sert d'un oeil plus perceptif, on verra que cette " étrangeté » n'est en fait
qu'illusion, un procédé littéraire produit par une structure tout à fait explicable. En pédagogie,
on parle des " garden path sentences. » Chaque fois que nous lisons (ou même entendons) une phrase, nous avons toujours des attentes qui sont ou ne sont pas remplis. L'exemple classique (en anglais) évolue de cette façon : The article défini ; on s'attend à ce qu'un nom suive. old adjectif ; donc, il faut réinterpréter, mais on attend toujours un nom man nom, comme attendu the article défini, imprévu ; on sait maintenant que " man » est verbe boats nom, comme d'habitude après l'article.Dans cette séquence, alors, il fallait reconsidérer chaque mot quant à ce qui l'a précédé et l'a
suivi. C'est le travail linguistique de tout locuteur chaque fois qu'il entend un énoncé, et c'est la
seule façon de comprendre chaque nouvel énoncé. Le processus est exactement le même quand
on lit ; tout mot informe tout autre mot. L'écrit de Lautréamont peut se qualifier comme unesorte de " garden path writing, » dans ce même sens. Chaque épisode, chaque phrase, même
chaque mot nécessite une opération de ré-interprétation constante, et c'est une raison pourquoi
tant de lecteurs hésitent à se lancer dans les profondeurs de ce texte que Léon Bloy traite d'un
" monstre [qui] ressemble à quelque effroyable polymorphe sous-marin qu'une tempêtesurprenante aurait lancé sur le rivage, après avoir saboulé le fond de l'ocean » (in Philip, 19).
Troisièmement (ce qui n'est pas, d'ailleurs, un problème qui se limite à Lautréamont) on essaie de trouver des liens indiscutables entre le texte et la vie de l'auteur pour expliquer les 6 prétendues bizarreries qu'ils trouvent dans le texte. Il est vrai que souvent les connaissancesbiographiques d'un auteur peuvent nous aider à comprendre un texte, elles y jettent une lumière
de plus qui fait ressortir peut-être des détails couverts d'ombre. Pourtant, cette approchebiographique devient problématique quand elle devient trop précise. Trop souvent, on nie toute
autre explication en faveur de la biographie. Une fausse historicité se crée alors. Par exemple, il
faut que Charles Bovary soit médecin puisque le père de Flaubert était médecin. Dans Les
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