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I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 1 La production textile de la région parisienne du Moyen Age à nos jours (colloque de l'Association Française pour l'Etude du textile, Paris, 17 et 18 novembre 2006) La draperie de Meaux au XVIe siècle : enquête en cours dans le Minutier central des notaires parisiens Isabelle Vérité (CNRS - Institut d'histoire moderne et contemporaine) " Au moien [desquelles ordonnances] la drapperie dudit Meaulx a esté par long temps de grant renon et proffit a Nous et a nostred. ville de Meaulx et au populaire du païs et des environs qui est la principalle marchandise dudit Meaulx. » Octobre 1498, confirmation par le roi Louis XII des statuts des tisserands en draps de Meaux, Arch. nat., JJ 231 nº 193, fol. 147-149v, au fol. 149. " Il n'y a aucunes manufactures dans la ville [de Meaux] ni dans l'élection. Les marchands de Picardie vont chez les labour eurs achete r les laines. » Fin du XVIIe si ècle, Mémoires des intendants su r l'état des généralités dressés pour l'instruction du duc de Bourgogne, t. I, Mémoires de la généralité de Paris, publié par A. M. de Boislisle, Paris 1881 (Collection de mémoires inédits sur l'histoire de France), p. 342. Les quelques observations réunies ici trouvent place dans le cadre de recherches sur " les territoires du drap, XIVe - milieu XVIIe si ècle », initiées par Jacques Botti n et Mathieu Arnoux1. Part ant du constat de l'absence quasi totale de sources directes pour étudier la production du drap de laine sur cette période, ils ont proposé d'aborder la question des processus productifs et de leur organisation à travers un questionnement sur les marchés et les circuits commerciaux. Le choix du drap de laine comme objet central de ces processus productifs et de commercialisation tient autant à la possibilité de s'appuyer sur des études portant sur d'autres régions ou d'autres périodes qu'à l'intérêt du produi t : un p roduit de consommation courante, quasimen t indispensable à tous, mais varié et évolutif (" perte de qualité » ou c hangement total de qualités, nouveaux pro duits remplaçant ou se rajoutant à d'anciens). Paris a été retenue com me la place commer çante sur laquell e tester et améliorer l a démarche, d'abord parce que de nouvelles recherches sur la draperie et le commerce des draps à Paris peuvent s'appuyer sur les travaux de Roger Gourmelon2, ensuite parce qu'avec ses quelque deux cents marchands drapiers dont l'activité se combine avec celle des teinturiers de la ville et du faubourg Saint-Marcel, la capitale du royaume organise et contrôle une grande part du commerce des draps du nord de la France. Concrètement, la première source parisien ne mise à contribution fut le corpu s des inventaires de marchands drapiers parisiens. Chaque inventaire permet d e connaître à une date donnée, c elle de son élaboration, d'une part les produits proposés à la vente (à partir du stock de draps), d'autre part l'état et la nature des dettes actives du marchand (créances en cédules, lettres obligataires, mémoires divers, créances inscrites au papier-journal encore à recouvrer), et au travers de ces dettes le réseau des clients du marchand. 1 Cf. la prés entation de ces recherches sur le site de l'Insi tut d'hist oire moderne et contemporaine : http://www.ihmc.ens.fr/Recherches/TerritoireEconomie.php. Mathieu Arnoux et Jacques Bottin, " Les formes de l'intégration sp atiale. Autour de Rouen et de Paris : moda lités d'intégration d'un espace drapier (XIIIe-XVIe si ècles) », dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, 48-2/3, avril-sept. 2000, p. 162-191 ; Iidem, " Les acteurs d'un processus industriel. Drapiers et ouvriers de la draperie entre Rouen et Paris (XIVe-XVIe siècle) », dans M. Arnoux et P. Monnet (dir.), Le technicien dans la cité en Europe occidentale 1250-1650, Rome, École française de Rome, 2004 (Collection de l'École française de Rome, 325), p. 347-386 ; Iidem, " L'organisation des territoires du drap entre Rouen et Paris (XIIIe-XVIe siècles) », dans A. Becchia (dir.), La laine et la draperie en Normandie du XIIIe au XXe siècle. Hommes, produits, entrep rises et réseaux, Rouen , PUR, 2004, p. 171-199. Marie-Claude Bran consacre s es recherc hes aux activités économiques liées aux textiles en Basse-Normandie au Moyen Âge (thèse en préparation, Université Paris-VII, sous la dir. de M. Arnoux), Cyril Cresson achève une thèse sur l'organisation des territoires drapiers de Beauvais et Amiens dans la première modernité (thèse en préparation, Université Paris-I, sous la dir. d'A. Cabantous). Des corpus de dépouillements sont consultables à l'IHMC (inventaires après décès de marchands drapiers parisiens, registres des foires de Saint-Denis, textes normatifs et réglementaires, ...). 2 Roger Gourmelon, L'industrie et le commerce des draps à Paris du XIIIe au XVIe siècle, dactyl. et manusc., thèse de l'École des chartes, 1950, 2 vol. (consultable aux Arch. nat., 76 Mi 10) ; Idem, " Étude sur le rayonnement commercial des marchands drapiers parisiens au XVIe siècle », dans Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du CTHS, année 1961, 1963, p. 265-275.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 3 Les sources et leurs limites Les premières sources mises à contribution sont donc les inventaires après décès parisiens conservés dans le Minutier central des notaires de Paris, aux Archives nationales : inventaires de marchands drapiers ou de leu rs épous es, auxquels s'ajo utent quelques inventaires dressés à l'occasion de l a cessation de sociétés commerciales ou de la séparation de biens entre époux. Jusqu'à l'année 1560 incluse, le corpus peut être établi de façon quasi exhaustive8 grâce aux deux volumes d'inventaires publiés par les Archives nationales9 : il se compose d'une petite centaine d'inventaires de marchands drapiers. Au-delà de l'année 1560 et jusqu'aux années 1640, le corpus, en cours de constitution, compte actuellement près de quatre-vingts documents10. De la source historique que sont les inventaires après décès, les silences, les limites, voire les pièges sont désormais bien connus. Image fixée de la fortune mobilière d' un individu ou d' un couple à un moment précis de son existence, l'inventaire est un document statique. Il n'est pas exhaustif, ne donne pas la description de tous les meubles et objets remplissant une maison, soit que le notaire ou le priseur de biens néglige d'inventorier des objets de peu de valeur ou n'ayant aucune valeur marchande, soit que l'inventaire ne concerne que l'une des communautés, familiales ou d'affaire, abritées dans une demeure parisienne. La valeur des biens y est systématiquement sous-évaluée. Enfin, la fortune immobilière en est absente11. Les parties des inventaires sur lesquelles nos recherches s'appuient plus particulièrement sont celles relatives au stock de draperie, aux dettes actives et aux dettes passives. Chacune présente des limites à rappeler. Pour dresser l' inventaire de la marcha ndise de draperie, les notaires parisi ens font appel à généralement deux marchands drapiers parisiens, rarement un seul ou trois. Et dans l'inventaire conservé en minute, c'est cet inventaire de draps, établi par des professionnels, que l'on trouve retranscrit12. Or certains marchands décrivent la marchandise de façon minimale, le but de l'opération à laquelle ils sont conviés étant de donner une valeur au stock de draperie : longueur de la pièce ou du coupon, sa couleur, son prix à l'aune suffisent pour cela13. D'autres précisent plus fréquemment l'origine du drap ou celle de sa teinture. Sans qu'il soit possible de déterminer si la plus grande abondance de tels renseignements est dépendante d'une plus grande application à la tâche effectuée, d'une plus grande compétence, ou de la possibilité même (donnée, par exemp le, par la prés ence d'étiquettes sur les draps) de f ournir des 8 Sous réserve de quelques inventaires après décès conservés parmi les minutes d'actes en liasse ou en registre. Citons, comme exemple significatif, l'inventaire de Guillaume Huvé, marchand et bourgeois de Paris, du 15 juillet 1482, conservé dans la liasse A.N., M.C., Et. LXI, 1 : cet inventaire n'est pas indiqué dans le répertoire de M. Jurgens signalé dans la note suivante, mais l'est en revanche dans la notice relative à Jean Boivin, notaire, de la base Etanot des Archives nationales (FRDAFANCH00MC_NANOTAIRE02858). 9 Madeleine Jurgens, Documents du Minutier central des notaires de Paris. Inventaires après décès, t. I : 1483-1547, Paris, Archives nationales, 1982. - Florence Greffe et Valérie Brousselle, Documents du Minutier central des notaires de Paris. Inventaires après décès, t. II : 1547-1560, Paris, Archives nationales, 1997. 10 Les références d'inventaires livrées par Roger Gourmelon dans sa thèse sur la draperie parisienne (cf. note 2), celles contenues dans les différents fichiers et bases du Minutier central, ont été accrues des références issues de nos propres dépouillements et de ceux de Robert Descimon. Robert Descimon, Gobelin et Canaye, entrepreneurs de teinturerie en draps à Saint-Marcel (mi XVe siècle-vers 1580), dactyl., mémoire de maîtrise sous la dir. de P. Vilar, Université de Paris, 1969, 180 p. ; R. Descimon a complété les résultats de cette première recherche par d'amples dépouillements dont il a rendu l'accès possible à l'IHMC, nous l'en remercions vivement. 11 Micheline Baulant, " Enquête sur les inventaires après décès autour de Meaux aux XVIIe et XVIIIe siècles » et " Typologie des inventaires après décès », dans Probates inventories ed. by A. Van Der Woude and A. Schuurman, Wangeninge, 1980 (A.A.G. Bijdragen 23), p. 141-148 et p. 33-42. - Daniel Roche, Le peuple de Paris : essai sur la culture populaire au XVIIIe siècle, nouv. éd., Paris, Fayard, 1998, p. 80-84.Olivier Poncet, " Inventaires après décès », dans Dictionnaire de l'Ancien régime, sous la dir. de L. Bély, Paris, PUF, 1996, rééd. 2002 (Quadrige), p. 677-678. 12 Voici un exemple montrant qu'il s'agit bien d'une retranscription : l'inventaire après décès de Marie Bigot, femme du marchand drapier parisien Guillaume Morin, porte comme date de début de ré alisation le 11 août 1544 (A.N., M.C., Et . XIX, 269). Il c ommence par l'inventaire du stock de draperie, et continue par celui des meubles, inventoriés à partir du 20 août 1544. Or, dans la liasse A.N., M.C., Et. XIX, 165 se trouve l'inventaire particulier de la draperie de ce couple, recopié intégralement dans l'inventaire de Marie, mais daté du 8 août 1544. 13 Les marchands drapiers appelés à évaluer un stock de draperie ne calculent pas eux-mêmes la valeur d'une pièce : ce travail de calcul revient aux notaires ou à leurs clercs... et parfois n'est pas réalisé (par exemple dans l'inventaire de Pierre de Bailly, dressé en 1611, que nous utiliserons plus loin).

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 4 informations sur l'origine des draps, i l résulte q ue tous les inventair es de dr aps ne sont pas, pour l'historien, aussi riches les uns que les autres. Les dettes actives qu'énumèrent les inventaires représentent des actifs potentiels de la succession. Au moment de l'inventaire, ce ne sont que des papiers sous forme de cédules, de lettres obligataires ou de parties écrites dans le papier journal du marchand. Elles informent d'une partie de l'activité commerciale de ce dernier, mais d'une partie seulement : les ventes ayant déjà fait l'objet d'un règlement ne sont pas visibles. Ce qu'on voit, ce sont d'abord les ventes à crédit ayant déjà entraîné l'établissement d'un papier, sans possibilité a priori de savoir ce que celles-ci représentent par rapport aux ventes comptant, ensuite des traces de dettes anciennes, parfois héritées et dont certaines sont d'ailleurs déclarées " douteuses » ou de " nulle valeur ». Quant aux dettes passives, elles sont rarement énumérées. L'inventaire après décès n'est en effet pas celui de la fortune du défunt, fortune mobilière et immobilière, mais l'inventaire des biens meubles (objets et dettes actives) dont la vente permettra d'abord d'exécuter le testament du défunt, souvent de régler ses funérailles, ensuite de régler ses dettes. Cependant, quand le survivant d'un couple de marcha nds drapiers parisiens fait t ranscrire par les notaires sa déclaration des dettes pa ssives, l'occasion est enfin donnée de s avoir auprè s de qui le marcha nd achetait sa march andise et les transformations qu'il y faisait apporter avant de la vendre. Autant que possible, la source première que sont les inventaires, est complétée par le dépouillement - toujours en cours, bien évi demment - de s minutes d' actes passées devant le s notaires parisiens. L a lecture de ces minutes, établies dans les mois qui précèdent et suivent la rédaction d'un inventaire éclaire souvent le contexte familial et social de cette rédaction. Dans le même temps, elle complète le tableau de la fortune du défunt - quand l'acte concerne le partage des biens immobiliers -, le devenir de la fortune mobilière inventoriée et celle de l'activité commerciale - quand se font les premiers règlements de dettes, ou quand la société dans laquelle le défunt était entrée est interrompue, par exemple. Une confront ation des actes de la prat ique, de la docum entation notariale, avec les sources réglementaires et normatives, nous av ait semblé, depuis le début de notre enquête, nécessaire. Dans le cas de la draperie de Meaux, nous y avons eu recours autant que possible. Enfin, si l'idée de départ de notre étude était de décaler le regard, de partir d'un regard parisien pour mieux appréhender la draperie de Meaux, il est appar u, à un m oment des recherches, néce ssaire de retourner vers les archives e t sources meldo ises. Dans cette démarche, le travail de dép ouillemen t accompli par Micheline Baulant a bien sûr servi de guide et doit encore être mis à contribution.14 Outre la nécessité qu'il y aura à reprendre les inventaires des personnes travaillant dans le secteur de la laine, il faudra aussi envisager de dépouiller les riches archives notariales de Meaux. L'entreprise peut réserver quelques découvertes. Ains i, en retournant consulter un acte de commande de 1604, qu 'avait re péré Micheline Baulant, ont été identifiés les fragments d'un registre de Robert Harelle, courtier en draps de Meaux, pour les années 1585-1586 : document exceptionnel tant les papiers commerciaux sont rares pour cette période et cette zone, et document précieux pour l'enquête puisqu'il indique les marchands pour lesquels ce courtier travaillait, les tisserands auxquels il achetait des draps, et donne des indications sur les prix et les longueurs des draps fabriqués à Meaux en ces années 15. 14 La base informatique des inventaires briards que créa Micheline Baulant, est consultable au Centre de recherche historique ; grâce à Arlette Schweitz, ingénieur au CRH, nous avons pu en consulter certaines données. Une partie des articles et la bibliographie complète de Micheline Baulant ont récemment été réédité, Micheline Baulant, Meaux et ses campagnes : vivre et survivre dans le monde rural sous l'Ancien régime, textes rassemblés et édités par Arlette Schweitz, Gérard Béaur et Anne Varet-Vitu, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. 15 Actuellement, quatre bifeuillets de ce registre ont été retrouvés, dans les minutes de Charles Harelle, notaires royal à Meaux au début du XVIIe siècle : Arch. dép. de la Seine-et-Marne, 143 E 2 (trois bifeuillets) et 143 E 3 (un bifeuillet rogné).

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 5 Les draps de Meaux dans les inventaires des marchands drapiers parisiens Le corpus d'inventaires après décès de marchands drapiers parisiens compte actuellement près de cent quatre-vingt items. Mais les inventaires dont a été exploitée la partie décrivant le stock de draperie ne sont encore que cinquante-trois. Or seulement neuf de ces cinquante-trois inventaires mentionnent des draps de Meaux - soit environ 17%, si ce pourcentage peut avoir un sens - également répartis sur la période16. Cinq de ces neu fs invent aires conce rnent des marchand s drapiers en gros du quartier des Halles, domiciliés rue Saint-Honoré. L'importance des stocks varie d'un inventaire à l'autre, de même l'indication par les marchands drapiers priseurs, de l'origine géographique des pièces de draps décrites. Ces informations sont résumées dans le tableau ci-dessous. Inventaire Stock de draperie. • Nombre d'items • Longueur en aune Pièces portant mention d'origine géographique • Nombre d'items • Longueur en aune Pièce de Meaux • Nombre d'items • Longueur en aune Rapports des pièces de Meaux avec les pièces portant mention d'origine 1540, Hamelin • 48 • 259,114 a. (et quelques morceaux) • 17 (soit 35,4%) • 86,291 a. (soit env. 33,3% du stock) • 2 • 10,125 a. • 11,7% des pièces inventoriées portant mention d'origine • 11,7% du stock portant mention d'origine 1544, Bigot • 119 • 652,458 a. (et quelques morceaux) • 34 (soit 28,5%) • 219,25 a. (soit env. 33,6% du stock) • 5 • 32,75 a. • 14,7% des pièces i nventoriées portant mention d'origine • 14,9% du stock portant mention d'origine 1547, Michel • 163 • 1 597,5 a. • 35 (soit 21,5%) • 457,125 a. (soit 28,6% du stock) • 6 • 43,5 a. • 17,14% des pièces in ventoriées portant mention d'origine • 9,5% du stock p ortant me ntion d'origine 1557, Coustart • 231 • 1 549,954 a. et 4 felins • 94 (soit 40,7%) • 656,33 a. et 4 félins (soit 42,3% du stock auné) • 13 • 64,125 a. • 13,8% des pièces i nventoriées portant mention d'origine • 9,77% du stock portant mention d'origine 16 1540, 3 juillet : inventaire de Jean Hamelin, marchand drapier et chaussetier de la rue Saint-Jacques (A.N., M.C., Et. XXXIII, 20). - 1544, 11 août : inventaire de Marie Bigot, femme de Guillaume Morin, marchand drapier de la rue Saint-Antoine (A.N., M.C., Et. XIX, 269). - 1547, 7 septembre : inventaire de Guillemette Michel, veuve depuis moins de trois mois de Guillaume Chenart, marchand drapier de la rue Saint-Honoré ; Guillemette a poursuivi l'activité marchande de son mari (A.N., M.C., Et. CXXII, 1287). - 1557, 22 septembre : inventaire de Pierre Coustart, marchand drapier de la rue Saint-Honoré (A.N., M.C., Et. CXXII, 1287). - 1579, 9 novembre : inventaire de Jean Guéret, marchand drapier (A.N., M.C., Et. XXIII, 131). - 1584, 23 juin : inventaire de Madeleine Joseph, veuve de Jean Guéret et épouse de Jacques Lustin, marchand drapier de la paroisse Saint-Barthélemy (A.N., M.C., Et. XXIII, 132). - 1595, 11 octobre : inventaire de Guillaume Plastrier l'aîné, marchand drapier de la rue Saint-Honoré (A.N., M.C., Et. VII, 81). - 1611, 8 février : inventaire de Pierre de Bailly, marchand drapier de la rue Saint-Honoré (A.N., M.C., Et. VIII, 580). - 1633, 13 juillet : inventaire d'Elisabeth de Compans, femme de Nicolas Yon le jeune, marchand drapier exerçant son activité en société avec son frère Simon, rue Saint-Honoré (A.N., M.C., Et. XVI, 232). Aucun des marchands drapiers appelés pour inventorier et priser la marchandise n'apparaît plus d'une fois dans cette fonction dans ces neuf inventaires. 17 L'inventaire de Guillaume Drouyn, marchand drapier de la rue Saint-Honoré, bien qu'il mentionne des draps de Meaux, n'a pas été retenu dans cette étude car il est en cours d'exploitation. Le stock de draps de Guillaume Drouyn compte 366 numéros, les indications d'origine des draps y sont très nombreuses, A.N., M.C., Et. LXXXVI, 172-173. Années Nombre d'inventaires étudiés Nombre d'inventaires signalant des draps de Meaux Antérieurs à 1551 28 3 1551-1594 16 3 1594-163317 9 3

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 6 (suite du tableau) Inventaire Stock de draperie. • Nombre d'items • Longueur en aune Pièces portant mention d'origine géographique • Nombre d'items • Longueur en aune Pièce de Meaux • Nombre d'items • Longueur en aune Rapports des pièces de Meaux avec les pièces portant mention d'origine 1579, Guéret • 208 • 2476,53 a. • 66 (soit 31,7%) • 1090,8 a. (soit 44% du stock) •13 • 126,625 a. • 19,7% des pièces inventoriées portant mention d'origine • 11,6% du stock portant mention d'origine 1584, Joseph • 281 • 3 865,33 a. (et quelques pièces non aunées) • 121 (soit 43%) • 1 697,475 a. (soit env. 44% du stock) • 3 • 9,875 a. • 2,47% des pièces inventoriées portant mention d'origine • env. 0,6% du stock portan t mention d'origine 1595, Plastrier • 35 • 385,625 a. • 5 (soit 14,3%) • 53,5 a. (soit 13,9% du stock) • 3 • 34,5 a. • 60% des pièc es inventorié es portant mention d'origine • 64,5% du stock portant mention d'origine 1611, de Bailly • 410 • 3 856,40 a. et 1 revêche • 285 (soit 69,5%) • 2 652 a. (soit 68,77% du stock auné) • 2 • 12,625 a. • 0,7% des pièce s inventoriée s portant mention d'origine • 0,47% du stock portant mention d'origine 1633, Yon • 430 • 9 060,8 a., plus 50 revêches et 10 draps** • 360 (soit 83,7%) • 7 503,50 a., plus 50 revêches et 10 draps (soit 82,8% du stock auné) • 23 • 293,615 a. • 6,4% des pièces inventoriées portant mention d'origine • 3,9% du stock a uné porta nt mention d'origine ** Revêches de Beauvais déjà teintes, dont la longueur courante semble d'environ 21 aunes. Draps de Berry blancs, dont la longueur courante est d'environ 10,250 aunes une fois teints. Autres origines des draps dans ces inventaires (entre parenthèses, nombre d'items) : 1540, Hamelin : Amiens (2), Aumale (2), Blangy (2), Étampes (1), Rosay (2), Sceau de Rouen (2), Vicomté (4). 1544, Bigot: Abbeville (4), Amiens (1), Angleterre (3), Beauvais (4), Berry (1), Espagne (1), Foucarmont (1), Gournay (1), Rouen (6), Saint-Arnoult (1), Sceau de Rouen (1), Vicomté (5). 1547, Michel : Abbeville (2), Amiens (2), Angleterre (3), Aumale (4), Blangy (1), Darnétal (1), Flandre (1), Espagne (1), Ris (2), Rouen (7), Sceau de Rouen (7), Vicomté (1). 1557, Coustart : Abbeville (1), Amiens (11), Angleterre (10), Aumale (8), Beauvais (3), Berry (14), Blangy (1), écosse (1), Foucarmont (3), Gournay (1), 1579, Guéret Amiens (2), Angleterre (6), Ascot (2), Beauvais (4), Berry (11), Hollande (1), Lormaye (2), Neuilly (1), Perpignan (2), Rouen (5), " Saint-Muscien » (1), Sceau de Limestre ou de Rouen (16), 1584, Joseph: : Amiens (6), Angleterre (14), Beauvais (11), Berry (45), Chartres (2), Espagne (4), Flandre (1), Foucarmont (1), Hollande (1), Limestre (7), Lormaye (1), Neuilly (1), " Saint-Duscen » (1), Sceau de Rouen ou du Roi (19), Senarpont (1), Sologne (3). - Le veuf mentionne également l'achat de 46 pièces de drap blanc de Romorantin réalisé début juin 1584. 1595, Plastrier : Angleterre (1), Senlis (1). 1611, de Bailly : Angleterre dont Londres et Norwich (34), Aumale (1), Beauvais (56), Berry (117), Blangy (2), Dieppe (3), Gisors (2), Limestre (40), Lormaye (1), Romorantin (10), Sceau de Rouen (17). 1633, Yon : Angleterre dont Londres (24), Beauvais (64), Berry (143), Darnétal (14), Dieppe (14), Dreux (22), Espagne (2), Limestre (5), Romorantin (2), Rouen (21), Sceau de Rouen (21), Ségovie (3), Valognes (1). De ces quelques données chiffrées, on est donc enclin à considérer le drap de Meaux comme peu présent dans les boutiques des marchands drapiers parisiens. Cependant, si l'on confronte les données fournies par les neuf inventaires utilisés avec celles données par d'autres inventaires ou documents, on doit constater que sur ce point, l'enquête n'est pas terminée. Prenons l'inventaire de Guillemette Michel, ouvert en septembre 1547 : il signale six pièces de frise de Meaux. Or l'inventaire de son mari, Guillaume Chenart18, ouvert le 7 juillet 1547, ne comporte pas de pièces 18 A.N., M.C., Et. CXXII, 1287.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 7 originaires de Meaux. D'ailleurs il ne signale que six origines géographiques (Abbeville, Amiens, Angleterre, Foucarmont, Ris, Rouen) tandis que celui de sa veuve en signale treize. Ajoutons que cet inventaire ne compte que 99 items, tandis que celui de sa veuve en compte 163. Et surtout - car on peut constater que les pièces de draps ont pu être réparties dans plusieurs items dans l'inventaire de Guillemette tandis qu'elles étaient groupées sous un seul dans celui de son mari - le stock de draperie ne se montait qu'à 1 015,875 aunes au moment de l'inventaire de Guillaume et était de près de 1 600 aunes au moment de la mort de Guillemette : celle-ci a donc effectué des achats après la mort de son mari, ou bien a reçu livraison de pièces commandées par son époux. Quoi qu'il en soit, c'est en juillet ou août que sont arrivées à Paris aussi bien les frises larges de Meaux que celles d'Angleterre, et un nombre important de blanchets (dra ps non te ints) do nt la provenance n'es t pas mentionnée. Au final, de même qu'un inventaire doit toujours être analysé en envisageant l'âge de la personne décédée, il convient de l'envisager dans le cycle d'une activité commerciale, peut-être dans le cas présent dans un cycle saisonnier. Puisqu'il vient d'être fait allusion à des draps blanchets, on peut examiner le fragment du courtier de draps meldois Robert Harelle qui couvre les années 1585-1586. Parmi les marchands pour lesquels Harelle effectue des achats de draps auprès des tisserands meldois ou aux foires de Meaux figure Michel Charpentier, gros marchand drapier parisien de la rue Saint-Honoré. Aux mois de mai et juillet 1585, de janvier et mars 1586, ce sont au minimum 62 pièces de draps blancs " de la ville » et 45 pièces de " draps des villages » qu'Harelle achète pour Charpentier. Or l'inventaire après décès de Michel Charpentier, commencé le 21 novembre 159019 ne mentionne aucune pièce de Meaux parmi les 329 pièces et lots de draps inventoriés, mais on y trouve en revanche une impressionnante énumération de draps noirs, de serges et d'estamets sans indication d'origine. Plus tôt dans le siècle, l'inventaire après décès de Charles Guidier, de 1529, et celui de Perrette Coignet, veuve de Jehan Phi lippes, de 153920, illu strent que les draps de Meaux, s 'ils sont bi en achetés par les marchands parisiens, ont la fâcheuse particularité de disparaître en tant que tels dans les boutiques, une fois teints et apprêtés à Paris. Dans aucun de ces deux inventaires n'apparaît de drap de Meaux, mais les dettes envers des tisserands de Meaux que déclarent la veuve de Charles Guidier ou le fils de Perrette Coignet, montrent assez que Meaux est bien, dans cette première moitié de siècle une des places où s'approvisionnent les marchands drapiers parisiens. La veuve de Charles Guidier déclare des dettes montant à 1571 l. 59 s. 6 d.t. envers douze drapiers drapants meldois (et seulement à 377 l. 7 s. 7 d.t. envers cinq rouennais). Jehan Philippes le jeune, fils de Perrette Coignet déclare, en 1539, une dette de 419 l.t. envers six meldois (et de 410 l.t. envers quatre rouennais). Au milieu du siècle, le même processus est encore à l'oeuvre : l'inventaire de la boutique de Jacques Chassebras, dressé en 1555 à l'occasion du décès de sa femme21, ne fait était d'aucun drap de Meaux parmi les 153 pièces énumérées, mais Jacques déclare au notaire qu'il a acquis récemment à Meaux même des draps pour un montant de 427 l. 1 s. 3 d.t., lesquels " sont a present sur les tinturiers et tondeurs ». Alors si une part des draps fabriqués à Meaux ne sont plus, une fois apprêtés, distingués par leur origine dans les boutiques parisiennes, pourquoi d'autres, bien peu nombreux il est vrai, conservent-ils parfois leur appellation " de Meaux » ? Dénominations et couleurs des draps de Meaux dans les inventaires Dans les neuf inventaires de drapiers parisiens, comment sont signalées les pièces originaires de Meaux ? Deux termes seulement les désignent : celui de drap et celui de frise. Le terme de drap est exclusif dans l'inventaire d'Hamelin, de 1540. Les deux pièces inventoriées sont teintes en noir, l'une de ces teintures est du " teint de Paris ». C'est aussi seulement du drap de Meaux qu'on rencontre dans les cinq inventaires des années 1579, 1584, 1595, 1611 et 1633. Dans la boutique de Jean Guéret en 1579 comme dans celle de Nicolas Yon en 1633, les 19 A.N., M.C., Et. LXXXVI, 165. 20 A.N., M.C., Et. XXXIII, 10, fol. 469-484, inventaire après décès de Charles Guidier, marchand drapier de la rue de la Tonnellerie, 8 juillet 1529. - A.N., M.C., Et. LIV, 55, inventaire après décès de Perrette Coignet, veuve de Jehan Philippes, marchand drapier de la rue Saint-Honoré, 30 juillet 1539. 21 A.N., M.C., Et. LIV, 226 ter, inventaire d'Isabeau Guymier, épouse de Jacques Chassebras, marchand drapier de la rue de la Petite-Truanderie, 27 novembre 1555.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 8 teintes appliquées aux trente-six pièces ou coupons de draps de Meaux22 sont variées mais correspondent à trois domaines de la teinture de bon teint : la teinture en pastel ou guède (pour les bleus), puis en garance (pour les noirs) ou en gaude (p our les verts), l a teinture en éca rlate, enfin la teinture en guède ou pastel puis en cochenille, pour tous les cramoisis (écarlate violette, pourpre, pourpre brun, tanné cramoisi, passe-velours, cramoisi ou cramoisi brun, incarnat, mais aussi les gris brun de l'inventaire de Pierre de Bailly en 1611). Quant à la frise de Meaux, elle est seulement mentionnée dans les inventaires de 1544, 1547 et 1557. Dans l'inventaire de Marie Bigot (1544) et dans celui de Guillemette Michel (1547), elle est le seul produit originaire de Meaux, de sorte qu'on pourrait envisager que dans les années quarante du XVIe siècle, les drapiers drapants meldois ont converti leur production vers un produit " nouveau », moins cher que l'ancien " drap de Meaux » mais qui ne doit pas être identifié avec les frises de très bas prix comme celles d'Amiens et d'Angleterre par exemple. Celles-ci, signalées dans les inventaires dès les première années du XVIe siècle, ne valent pas plus de 7 s.t. l'aune au long du siècle pour atteindre 13 s.t. en 1613. La frise de Meaux est un drap de qualité moyenne, si l'on s e base sur son estimation (environ 40 s.t. l'aune), celle de l'inventaire de Guillemette Michel est qualifiée de " frise large » et est teinte en noir. L'inventaire de Pierre Coustart, dressé en 1557, permet de comprendre que les drapiers drapants de Meaux ont produit en même temps du drap et de la frise. C'est le seul inventaire qui mentionne les deux qualités : six pièces de drap, toutes teintes en noir (estimées de 40 à 55 s.t. l'aune), et sept pièces de frise, soit noires soit de couleur (l'aune de frise noire est appréciée à 36 s.t., celle de couleur à 32 s. 6 d.t.). En quittant les inventaires de drapiers parisiens, en poussant plus avant les investigations dans le temps, de nouvelles dénominations des draps de Meaux apparaissent. Dans le registre de Robert Harelle, les draps que ce courtier de Meaux, achète ou aune pour des marchands de Paris, de Troyes ou de Lyon en 1585 et 1586, sont de plusieurs sortes, ou en tout cas désignés par plusieurs termes. Ce sont d'abord les " draps des villaiges » qu'a pportent sur les foires et marchés de Meaux des marchands ou tisserands des villages environnant Meaux et qu'Harelle se contente d'auner pour les marchands parisiens. Mais l'essentiel de l'activité d'Harelle porte sur les draps de Meaux : ceux-ci sont appelés en une occasion " draps de la ville » mais de façon systématique des " blancs », c'est-à-dire des draps non teints. Le prix à l'aune de ces draps, qui varie du simple à près du triple (de 50 s.t. à 140 s.t.), est un élément important pour saisir qu'au moins en ces années 1585-1586, la production drapière de Meaux n'est pas du tout uniforme ; un même tisserand peut d'ailleurs proposer des draps de qualités très différentes. Enfin, Robert Harelle désigne par deux termes différents une même pièce de drap. Le 2 septembre 1585, il achète à un tisserand de Meaux un " banc frizé » qu'il revend le 11 septembre suivant à un marchand de Paris sous l'appellation " frize blanche ». Cette simple mention, qui devra encore être confirmée par d'autres, laisse supposer que les " frises de Meaux » inventoriés dans les boutiques des marchands drapiers parisiens, sont elles aussi des " draps frisés », peut-être seulement des draps dont les fibres ont été tirées pour former une nappe de boucles. Ce drap frisé qu'Harelle achète au prix de 65 s.t. l'aune (pour le revendre à 67 s. 6 d.t. l'aune, réalisant ainsi et en une semaine un profit de 3,7%) se situe, d'après son prix, parmi les draps de moindre qualité achetés par ce courtier meldois pour le compte des marchands de Paris, de Troyes ou de Lyon. En 1603 et 1604, un marchand parisien de la rue Saint-Antoine, Claude Parfait, commande à des drapiers drapants de Meaux plusieurs pièces de draps23. Toutes ces commandes portent sur un même type de drap : le " passefin drap façon de Meaux » (dans les actes passés à Paris) ou " grand drap passefin » (dans celui passé à Meaux). " Passefin » est un terme rare, inconnu des dictionnaires et encyclopédies de l'époque moderne, mais auquel Cotgrave consacre une entrée. Dans son dictionnaire français-anglais, dont la première édition date de 161124, le " Passe-fin » y est défini comme un " excellent fine cloth ». Il faut effectivement retenir de cette dénomination l'idée d'un drap " au-delà » du drap fin, d'un drap d'excellente qualité, comme le sont les draps 22 Le s draps de Me aux inventoriés dans ces deux boutiques re présentent la moitié des pièces de Meaux repérés d ans les inv entaires parisiens actuellement exploités. 23 Contrats des 9, 14 et 21 janvier 1603, passés à Paris en la présence des drapiers drapants de Meaux et de Claude Parfait, A.N., M.C., Et. CVIII, 34, pièces 13, 19 et 38. Contrat du 4 décembre 1604, passé à Meaux entre un drapier drapant de la ville et Robert Harelle, courtier de draps et facteur de Claude Parfait, Arch. dép. de la Seine-et-Marne, 143 E 2. Vingt pièces de drap sont, au total, commandées. 24 Randle Cotgrave, A Dictionarie of the French and English tongues, Londres, printed by A. Islip, 1611. Cette première édition a fait l'objet de rééditions dès le XVIIe siècle, puis de réimpressions, et est finalement consultable sous forme numérisée sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 9 " oultreffins » d'Armentières25. " Passefin » et " outrefin » sont d'ailleurs deux termes utilisés en 1557 dans l'inventaire après décès d'un drapier drapant de Paris - peut-être l'un des derniers en activité dans la capitale - Thomas Quatorze, pour désigner à la fois une qualité de laine mise en oeuvre par ce tisserand et des draps de sa fabrication26. Sans doute donc, " passefin » n'est pas une appellation commerciale, susceptible d'être reprise dans des inventaires de boutiques. Longueur et largeur des draps de Meaux Les inventaires après décès des marchands drapiers parisiens sont d'un très faible intérêt pour définir les dimensions des draps de fabricat ion meldoise . La largeur des d raps n'y est jamais indiquée, quant à leur longueur, et même lorsque sont inventoriées des " pièces » de drap ou de frise, il est impossible de savoir si cette pièce est entière ou déjà entamée. Longueur maximale des pièces de draps de Meaux dans les inventaires parisiens. Inventaire Qualité de la pièce Longueur de la pièce 1540, Hamelin Drap 6,5 aunes 1544, Bigot Frise 14,125 aunes 1547, Michel Frise large 11,250 aunes 1557, Coustart Drap Frise 9,75 aunes 7,5 aunes 1579, Guéret Drap 13,5 aunes 1584, Joseph Drap 3,875 aunes 1595, Plastrier Drap 13,75 aunes 1611, de Bailly Drap 9,25 aunes 1633, Yon Drap 10,375 aunes Les statuts médiévaux des tisserands de Meaux, confirmés en 1498 par Louis XII, ne contiennent pas d'indication sur les dimensions des draps27. En revanche, des textes réglementaires plus généraux, fixant les impositions et taxes par exemple, en contiennent, tout comme les commandes de draps passées par Claude Parfait en 1603 et le registre du courtier Robert Harelle de 1585-1586. Dans tous ces documents, la longueur est celle d'un drap blanchet donc non teint, sans doute d'un drap foulé. Regroupées, ces données laissent su pposer un ch angement important de l a production meldoise au XVIIe siècle, entre le début de ce siècle et l'ordonnance colbertienne : celle-ci fixe un drap de Meaux plus long mais surtout plus étroit que tout ce qui a été produit ou normé jusque là. Quant au tarif d'imposition parisien de 1593, on doit sans doute le comprendre comme faisant référence à un demi-drap. 25 V oir les ordonn ances de la draperie d'Armentières rédigées au XVIe siècle, par exemple cell e du 20 a oût 1565 qui réglemente la fabrication des draps de neuf quartiers, nouvellement introduite dans la ville et qui contient de nombreuses références à ces " oultreffins », Henri-E. de Sagher, Recueil de documents relatifs à l'histoire de l'industrie drapière en Flandre, Deuxième partie, Le Sud-Ouest de la Flandre depuis l'époque bourguignonne, Tome I, Documents généraux, Armentières, Caëstre, Bruxelles, 1951, p. 99-496, aux p. 193-194. 26 Inventaire après décès de Thomas Quatorze, marchand drapier drapant de la rue Saint-Victor, 14 décembre 1557, A.N., M.C., Et. VIII, 116, fol. 325-355. 27 Confirmation par le roi Louis XII des statuts des tisserands en draps de Meaux, octobre 1498, A.N., JJ 231 nº 193, fol. 147-149v. Voir leur édition en annexe.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 10 Longueur des pièces de drap de Meaux dans les textes réglementaires et les actes de la pratique. Année Source Qualité du drap Longueur de la pièce Largeur 1582 Arrêt d'évaluation pour la levée du sol pour livre Drap de Meaux 20 à 25 aunes 1585-1586 Registre du courtier Robert Harelle Blanc ou drap de la ville 17 à 28,5 aunes. Mais 80% des 221 pièces signalées mesurent entre 23 et 25,5 aunes 1593 Imposition des marchandises dans Paris Drap de Meaux 10 aunes ou environ 1603 Commandes de draps par Claude Parfait Passefins façon de Meaux 25 à 26 aunes 1,125 aunes entre les lisières 1669 Ordonnance sur les longueurs Draps de Meaux, fins ou moyens 30 à 32 aunes 1 aune lisières comprises Sources. 1582, Edict du Roy, par lequel sa Majesté veut et ordonne que le droict d'un sold pour livre soit levé par tout le royaume, sur les draps et tous ouvrages et manufactures de laine, aux charges contenues audict edict. Ensemble les lettres d'evaluation et l'arrest de la Court des Aydes, Paris, Frédéric Morel, 1583. - 1585-1586, fragments du registre du courtier de draps Robert Harelle, Arch. dép. de la Seine-et-Marne, 143 E 2. - 1593, " Tableaux de l'impositions des marchandises [entrant dans Paris], dressé à l'occasion de la trêve générale », 20 août 1593, dans Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, t. X, 1590-1594, éd. par Paul Guérin, Paris, 1902 (Histoire générale de Paris), p. 364-370, à la p. 365. - 1603, contrats de commande de draps de Meaux passés en janvier 1603 par Claude Parfait, marchand drapier et bourgeois de Paris, A.N., M.C., Et. CVIII, 34, pièces 13, 19, 38. - 1669, Règlemens et statuts généraux pour les longueurs, largeurs et qualitez des draps, serges et autres étoffes de laine et de fil, et pour la jurisdiction des procez et différens concernans les manufactures, attribuée par le Roy aux maire et échevins des villes... (cf. note 7). Laines mises en oeuvre par les tisserands meldois Sur la question des laines mises en oeuvre par les tisserands de Meaux, les statuts confirmés en 1498 n'apportent pas d'information : qualités et origines des laines autorisées dans cette draperie ne sont pas des questions abordées par ce texte normatif. En revanche, quelques inve ntaires après décès de drapiers et de marchands de laine parisiens, quelques actes du Minutier central évoquent la question des laines. Dès la première moitié du XVIe siècle, les marchands parisiens fournissent aux drapiers drapants de Meaux tout ou partie des laines que ceux-ci tissent. En juillet 1545, l'inventaire après décès de la femme de Jacques Delacourt, marchand de cuirs et de laine de la rue au Feurre28 signale d'une part, parmi ses marchandises, une quantité importante de toisons de laine (3 143 toisons) ainsi qu'une petite quantité de laines blanche et noire (143 livres seulement), et d'autre part, parmi les dettes actives de Delacourt, des cédule émises en décembre 1544 par des marchands drapiers parisiens au profit de marchands de Meaux. Delacourt détient ces cédules par transport fait à son profit par les marchands de Meaux. Si les montants de ces créances sont relativement faibles (194 l.t. au total), la présence de ces créances parmi les actifs de Delacourt illustre les relations commerciales entre Paris et Meaux : vente par des marchands de cuir et laine parisiens de laine à des tisserands de Meaux, vente par ces derniers de leur production à des marchands drapiers parisiens29. Quelles laines cependant vend Jacques Delacourt aux Meldois ? Ici encore, l'inventaire de sa femme nous fournit une réponse à travers la longue énumération des baux de bêtes à laine contractés par Delacourt : des laines de l'Île-de-France et de la Brie30. Mais les marcha nds parisie ns, parce qu'ils sont impliqu és dans un commerce à plus grand e échelle, vendent aux tisserands meldois d'autre laines que celles d'Île-de-France et offrant d'autres qualités. Laines languedociennes peut-être, à suivre un acte de 1551 mettant en relation trois protagonistes : un groupe de cinq drapiers drapants meldois qui ont acheté en janvier et mars de cette année des laines pour un montant de 429 l. 28 7 juill et 1545, inventaire après décès de Marie Everard, femme de Jacques Delacourt, marc hand, bourgeois de Paris, A.N., M.C., Et. CXXII, 302. 29 Dans cette relat ion triangulaire, l es tisserands de Meaux p araissent quelque peu contraints par l eurs fournisseu rs parisiens, nous reviendrons plus loin sur cette question. 30 Les troupeaux de bêtes à laine (1 146 au total) sont sur les paroisses de Chelles, Noisy-le-Grand, Champs-sur-Marne, Torcy et Lognes d'une part, sur celles de Corbeil, d'Orly et de Fresnes d'une autre.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 11 9 s.t., un marchand d'Agde qui leur a vendu ces laines, enfin un marchand parisien, Nicolas Couppel à qui appartenaient les laines et qui reconnaît avoir reçu le montant de leur vente du marchand d'Agde (celui-ci conservant en ses mains les reconnaissances de dettes passées par les Meldois)31. Laines d'Espagne, et plus précisément de Valence selon un acte de 1578. En janvier de cette année, cinq drapiers drapant s meldois contestent devant des notaires du Châtelet la qualité, et donc le prix, de la laine que leur a vendue Jean Lesaige, marchand drapier de Paris32. Si l 'acte ne précise pas le nombr e de ball es qu'achetèrent ces Me ldois en septembre 1577, il indique cependant l'origine de la laine : Valence. De plus, il précise que cette vente de septembre a été précédée d'une vente de laine analogue n'ayant pas donné lieu à litige, montrant ainsi que cet achat de septembre 1577 s'inscrit dans un circuit d'achat de laines bien établi. Les actes relatifs à la vente de laine et postérieurs à 1578 confirment la place que continue de tenir Paris dans l'approvisionnement en laine des tisserands meldois, mais n'apportent pas de nouvelles informations sur l'origine et la qualité de ces laines. En juin 1591, Michel Passart et Fra nçois Sarrus, son gendr e, marcha nds pelletiers du quai de la Mégisserie, s'accordent avec Nicolas Levasseur, marchand drapier de la rue Comtesse-d'Artois, devant notaires et suite à une sentence prononcé le 13 mars 1591 par les juge et consuls de Paris33. Levasseur transporte à Passart six créances qu'il détient sur des marchands de Bretagne montant ensemble à 2 747 ∇ 10 s. 2 d.t. (soit 8 241 l. 10 s. 2 d.t.) pour s'acquitter d'une dette qu'il a envers Passart et Sarrus montant 2 384 ∇ 10 s.t. (soit 7 152 l. 10 s.t.)34. Cette dette se compose pour 853 ∇ 40 s.t. d'une cédule émise par Levasseur en faveur de Passart en 1588 (soit près de 36% de la dette totale) et de dix-sept cédules émises d'octobre 1587 à décembre 1588 par Levasseur au profit de divers marchands, puis transportées (à des dates non mentionnées dans l'acte de 1591) par ces marchands à Passart et Sarrus. Or, onze de ces dix-sept cédules ont été émises par Levasseur en faveur de huit marchands de Meaux (pour un montant de 744 ∇, soit 31% de la dette totale35). Le schéma commercial est donc identique à celui déjà décrit dans l'acte de 1545 concernant Delacourt : un marchand drapier parisien (ici Levasseur) règle à des marchands drapiers drapants de Meaux ses achats de draps en émettant des cédules, théo riquement pa yables à un an, ces marcha nds drapiers paient avec c e papier commercial les laines qu'ils achètent aux Parisiens (Passart et Sarrus). La Ligue n'a pas interrompu cette relation commerciale entre les deux places : après 1594, Paris reste un lieu d'approvisionnement en laine pour les Meldois. Non seulement en 1603 et 1604, Claude Parfait, quand il commande des draps à des tisserands meldois leur fournit la laine blanche qu'ils mettront en oeuvre, mais surtout en 1601, l'inventaire après décès de la femme de Pierre Bruneau, maître tisserand en draps de Meaux36, fait état de dettes de ce dernier envers deux marchands de laine parisiens : de nouveau François Sarrus (dette de 345 ∇ 6 s.t.), et Jean Dupouget, marchand de la rue des Petits-Champs que l'on connaît pour intervenir dans le commerce de laines languedociennes37 (dette de 378 ∇). Les acteurs et l'organisation du commerce À partir de la documentation parisienne, les points qu'il est le plus aisé d'approcher sont ceux relatifs au temps, aux lieux et aux modes d'achat des draps de Meaux par les marchands parisiens ; les fragments du registre du courtier Robert Harelle viennent heureusement confirmer les éléments recueillis. 31 A.N., M.C., Et. VIII, 149, fol. 6., acte du 4 avril 1551. A.N., M.C., Et., LXI, 83, acte du 2 janvier 1578. 33 A.N., M.C., Et. LXXXVI, 132, fol. 520-524v, acte du 26 juin 1591. 34 L'accord prévoit que si Passart et Sarrus perçoivent plus que cette somme de 2 384 ∇ 10 s.t., ils reverseront le surplus à Levasseur, ou bien lui rendront les créances dont ils n'auront pu percevoir le paiement. 35 Les six autres cédules que détiennent Passart et Sarrus ont été émises par Levasseur en faveur d'un marchand de Beauvais (pour la somme assez minime de 20 ∇) et de quatre personnes dont le seul nom n'a pas encore permis l'identification : rien n'empêche actuellement d'envisager que parmi ces quatre personnes se trouvent aussi des marchands de Meaux. 36 Arch. dép. de la Seine-et-Marne, 80 E 62, inventaire de Barbe Duru, épouse de Pierre Bruneau, maître tisserand de Meaux, 2 septembre 1601. 37 Un acte du 22 janvier 1592 fait état de la livraison à deux gros marchands merciers de Paris, de 38 balles de laine blanche et cardée de Languedoc par l'entreprise de Jean Dupouget, associé dans cette affaire avec deux marchands de Pézenas, A.N., M.C., Et. LXXXVI, 133, fol. 38-v.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 12 Achat de draps par commande Les quatre actes de 1603 et 1604 par lesquels Claude Parfait passe commande de draps auprès de tisserands de Meaux restent actuellement exceptionnels par le type de relations économiques qu'ils mettent en lumière, ni du verlagsystem ni du kaufsystem. Ces relations s'inscrivent sur fond d'un métier organisé dans une ville " juree et de loy », comme le rappelle la confirmation de 1498 des statuts des tisserands de draps de la ville38. Claude Parfait, marchand drapier parisien, est ici le donneur d'ordre. Il fournit la matière première aux tisserands : de la laine blanche avec laquelle ils fabriqueront des draps conformes à un échantillon que leur a montré le courtier Robert Harelle (le même que celui dont on a conservé les fragments de registre, ou bien son fils ?) et dont la longueur et la largeur sont définies par les contrats. Ces tisserands seront finalement payés à la pièce, ou plus précisément ici à l'aune. Le prix à l'aune précisé dans le contrat comprend le prix de la laine, la préparation de celle-ci, sa mise oeuvre dans le tissage, probablement enfin le foulage du drap tombé du métier, son lanage, et de façon certaine sa livraison à Paris même. Le contrat prévoit donc que la valeur de la laine sera déduite du prix final du drap livré. Enfin, un délai de réalisation et de livraison de la marchandise est fixé, tout comme le mode de paiement des pièces fournies. Acte du 9 janvier 1603 Acte du 14 janvier 1603 Acte du 21 janvier 1603 Acte du 4 décembre 1604 Noms des tisserands, métiers mentionnés Jacques Boyvin, marchand drapier-drapant à Meaux Macé de Cault, marchand drapier à Meaux Jean Larimé et Nicolas Braille, marchands drapiers drapants à Meaux Nicolas Poussain, marchand drapier à Meaux Nombre de pièces 2 draps passefins 8 draps passefins 2 draps passefins chacun 6 draps passefins Longueur et largeur 25 à 26 aunes de long 1,125 aune de large entre les lisières 25 à 26 aunes de long 1,125 aune de large entre les lisières 25 à 26 aunes de long 1,125 aune de large entre les lisières (longueur non indiquée) 1,125 aune de large entre les lisières Poids de laine fournie par Claude Parfait 318 livres nettes, toutes déductions faites (soit 159 livres pour un drap) 960 livres nettes, toutes déductions faites (soit 120 livres pour un drap) 320 livres nettes à chacun (soit 160 livres pour un drap) (non mentionné) Valeur estimée de la laine fournie 343 l.t. 1 035 l.t. 345 l.t. les 320 livres 1 162 l.t. Prix à l'aune 6 l. 5 s.t. l'aune 6 l. 5 s.t. l'aune 6 l. 5 s.t. l'aune 7 l. 5 s.t. l'aune, plus 45 l.t. par pièce Prix total des draps 312 l. 10 s.t minimum à 325 l.t. maximum 1 250 l.t. minimum à 1280 l.t. maximum 312 l. 10 s.t minimum à 325 l.t. maximum 1 442 l.t. (somme indiquée dans l'acte) Lieu de livraison Hôtel de Claude Parfait, à Paris Hôtel de Claude Parfait, à Paris Hôtel de Claude Parfait, à Paris (non mentionné) Délai de livraison 2 mois 6 semaines :3 draps 1 mois suivant les 6 semaines : les 5 autres draps. 2 mois 2 draps avant le 20 janvier, les 4 autres le samedi franc de mars. Conditions de paiement des draps Les draps sont estimés à une valeur inférieure à celle de la laine fournie, mais Parfait doit à Boyvin la somme de 60 l.t. Au plus, Boyvin peut donc espérer toucher quelque 20 l.t. Cependant l'acte prévoit que Boyvin reste débiteur de Parfait, et il est contraint de nantir sa promesse avec deux cédules de marchands parisiens payables à six mois (montant ensemble à 197 l. 10 s.t.). Paiement en deniers comptants par Parfait, si les draps excèdent la valeur de 1 035 l.t. Paiement par des cédules de marchands de Paris, payables à six mois, si les draps livrés sont d'une valeur inférieure à celle de la laine fournie. La valeur de la laine fournie est a priori supérieure à l'estimation de la valeur des draps. Si tel est le cas, chacun paiera à Parfait le surplus du prix de la laine en cédules de marchands de Paris, payables à six mois. Dans le cas contraire, paiement en deniers comptants par Parfait. L'acte ne prévoit pas que Poussain puisse devoir de l'argent à Parfait, une fois la livraison faite. Mais il devra accepter pour son paiement d'abord de reprendre une cédule que détient Parfait, ensuite des cédules sur des marchands de Paris et de Troyes. 38 Voir en annexe 1 l'édition des statuts des tisserands de draps de Meaux confirmés en 1498, et en annexe 2 celle des contrats des 14 janvier 1603 et 4 décembre 1604.

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 13 Dans ces clauses relatives au paiement du travail, il est toujours envisagé que le travail réalisé ne vaudra pas, au final, le prix de la laine mise en oeuvre, et cela en dépit d'un prix à l'aune fixé au départ et d'une définition précise du drap à fabriquer. Marché de dupes ou, sous l'apparence d'un marché librement contracté par les deux parties, façon pour Claude Parfait, d'obtenir règlement de dettes ? Dans deux contrats, la valeur de laine excède le prix fixé entre les parties pour la réalisation des draps (contrat avec Jacques Boyvin et contrat avec Jean Larimé et Nicolas Br aille) ; dans les trois actes passés à Paris, il est toujours envisagé que les Meldois, après avoir livré les draps, restent redevables envers Claude Parfait et qu'ils s'acquittent de cette dette en lui transférant des cédules de marchands de Paris, payables dans un délai très court de six mois. Seul l'acte passé à Meaux, avec Nicolas Poussain ne prévoit pas que celui-ci, une fois qu'il aura livré ses draps, restera redevable envers Parfait ; en revanche, il précise que la première partie du paiement que fera Parfait consistera en l'effacement d'une dette due par Poussain, et le reste consistera en cédules de marchands de Paris ou de Troyes. Pour bien comprendre ces actes, il faudrait pouvoir les comparer à d'autres commandes de draps, même passées auprès de tisserands d'autres villes ou région : nous n'en connaissons pas pour l'instant. En revanche, Achat en foire des draps de Meaux par les marchands parisiens Les foires de Saint-Denis, celle du Lendit qui se tient en juin et celle de la Saint-Denis en octobre, ne paraissent pas avoir été des lieux privilégiés par les drapiers drapants meldois pour vendre leur production. Certes, au XIVe et au début du XVe siècle, la présence de marchands drapiers de Meaux sur ces foires, en particulier sur celle du Lendit, est attestée aussi bien par le Dit du Lendit que par la liste des " priz des loiges du Lendit » que donne le Livre vert de Saint-Denis (mais celle-ci livre peut-être, en ce début du XVe siècle, un état déjà ancien des villes dont sont originaires les marchands fréquentant la foire)39. Mais pour les premiers temps de l'époque moderne, les sources disponibles, les registres des foires de Saint-Denis pour la fin du XVe siècle et jusqu'en 157940, répondent difficilement à quelques questions simples : les draps de Meaux sont-ils exposés à la vente sur ces foires, en quelle quantité - sinon en quelle proportion - et à quel moment du circuit de la consommation des draps ? Autrement dit, les drapiers drapants de Meaux viennent-ils vendre e ux-mêmes leur product ion sur ces fo ires, ou confient-ils leur pro duction à un commissionnaire, et quelle part de leur production pourrait être vendue de la sorte ? La série des registres des foires de Saint-Denis est très lacunaire, et pas totalement homogène. On n'y relève que très peu de traces de marchands meldois. Seuls les registres de la fin du XVe siècle en mentionnent, d'ailleurs en petit no mbre et en des lieux de la fo ire réser vés aux dra piers-drapants venant exposer le ur 39 L'auteur du Dit du Lendit rimé, pièce du premier tiers du XIVe siècle, n'oublie pas de mentionner " Miaux » parmi les villes dont sont originaires les marchands du " mestier hautain », c'est-à-dire les drapiers ; la pièce - dont la version manuscrite se trouve dans le ms BNF, ms fr 24432, fol. 261v-sq - a été plusieurs fois éditée, par exemple par Étienne Barbazan, Fabliaux et contes des poètes françois... nouv. éd. par Dominique-Martin Méon, Paris, 1808, t. II, p. 301-307 (cette édition a fait l'objet d'un reprint en 1976 par Slatkine Reprints, consultable sous forme numérique à la BNF), par Gustave Fagniez, Documents relatifs à l'histoire de l'industrie et du commerce en France, t. II, Paris, 1900 (Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire), doc. n° 79, p. 173-179, ou encore, d'après cette dernière édition dans l'Atlas de Saint-Denis des origines au XVIIIe si ècle, sous la dir. de Mich aël Wyss , Paris, 1996 (Documents d'archéologie française, 59), doc. 124, p. 390. - Cartulaire confectionné en 1411 sur ordre de l'abbé Philippe de Villette, le Livre vert est composé de deux volumes que complète un volume de tables alphabétiques réalisées au XVIIIe siècle, il est conservé aux Archives nationales, sous les cotes LL 1209-1211 (copie aux Archives municipales de Saint-Denis, GG 17-18). Le " priz des loiges du Lendit » occupe les p. 450-454 du ms A.N., LL 1209, Meaux est cité à la p. 454, parmi une centaine de villes d'où viennent les marchands exposant des draps au Lendit. 40 A. N., LL 1312, 1313 et 1314. Ces volumes offrent l a réunion - malheureusement lacunaire -des registres du placier de la foire. Lorsqu'ils sont conservés, ces registres livrent pour la foire (de la Saint-Denis ou du Lendit) d'une année donnée et selon un parcours ritualisé, les noms des marchands ayant loué une ou plusieurs loges. Ces noms s'accompagnent parfois de la ville d'origine du marchand et de sa spécialité. Les registres n'ont pas été conservés de façon exhaustive. Pour la foire du Lendit (quinze jours en juin), sont conservés ceux des années 1487 à 1490, 1495 à 1497, 1518, 1533, 1530, 1537, 1571, 1575 et 1579 ; pour celle de la Saint-Denis (en octobre) les registres pour les années 1487, 1489, 1490, 1495 à 1497, 1527, 1529, 1535, 1539 et 140, enfin 1571. Rappelons que la foire du Lendit qui se tenait traditionnellement sur le champ de foire du même nom - mais certaines marchandises, comme la pelleterie, se vendaient dès 1444 dans le bourg - fut définitivement déplacée dans le bourg de Saint-Denis en 1556 et occupa dès lors le même espace que la foire de Saint-Denis, la place aux chevaux et sans doute d'autres marchés aux bestiaux se maintenant cependant hors de la ville. Pour un état de la question, voir Anne Lombard-Jourdan, " Les foires de l'abbaye de Saint-Denis. Revue des données et révision des opinions émises », B.E.C., t. 145, 1987, p. 273-338, à compléter par l'Atlas de Saint-Denis des origines au XVIIIe siècle, sous la dir. de Michaël Wyss, Paris, 1996 (Documents d'archéologie française, 59).

I. Vérité / La draperie de Meaux dans le Minutier parisien / Colloque AFET, 17 et 18 nov. 2006. 14 production (ou peut-être seulement le reste de leur production, après avoir vendu la presque totalité de celle-ci à des marchands drapiers). Si, en 1487, un drapier de Meaux loue une loge dans la rue dite de Louviers41, en 1489 et en 1497, les Meldois s'installent aux " places de drapperie » ou " places sur terre », entourés d'autres drapiers drapants de l'Île-de-France (Senlis, Gisors, Lagny, etc.), pour y vendre quelques draps " blanchets », c'est-à-dire des draps non teints. Ces marchands doivent s'acquitter d'une taxe de 12 d.t. pour chaque pièce de drap exposée à la vente. En 1489, trois Meldois sont placés côte à côte et proposent ensemble sept draps ; ils y sont entourés d'un marchand de Senlis et d'un autre de Gisors, qui proposent chacun huit pièces, tandis qu'un marchand de Chaumont-en-Vexin42 met en vente dix draps et qu'un autre de " Illiertz près de Chams »43 en expose dix-sept44. Dans le registre du Lendit de 1497, un seul Meldois est mentionné parmi ceux qui occupent des places sur terre : Jehan Adam de Meaux expose dix pièces de drap et est donc taxé à 10 s.t. Mais le placier a noté dans son registre " Jehan Adam, de Meaulx, pour Meaux, Coully et Cressy45 » ; et cette précieuse indication permet de comprendre finalement que les marchands qui prennent des places sur terre n'exposent pas nécessairement leur seule production, qu'ils peuvent représenter d'autres fabricants de leur ville ou village, ou n'être que le facteur de plusieurs fabricants d'un même lieu, ou enfin, être des petits marchands revendeurs, ayant déjà acheté la production d'un ou plusieurs drapiers drapants et venant la revendre aux foires de Saint-Denis. Enfin, les registres postérieurs à 1497, mais antérieurs au transfert de la foire du Lendit dans le bourg de Saint-Denis, signalent finalement que les places sur terre sont désormais affermées46. Dès lors, la source, déjà peu abondante, est tarie. Et elle n'a pas permis de savoir si, oui ou non, les foires de Saint-Denis pouvaient être un des lieux où s'approvisionnaient les marchands drapiers parisiens en draps de Meaux. En revanche, la fréquentation des foires de Meaux, ou de la place de Meaux, par les marchands drapiers parisiens pour y acheter des draps est attestée par quelques inventaires après décès et par les fragments du registre du courtier Harelle. Au Moyen Âge et à l'époque moderne, Meaux comptait cinq foires dans l'année. Les foires de la Saint-Sébastien (en janvier), de la mi-mai et de la Saint-Fiacre (le 30 août) ne duraient chacune qu'un jour. Deux autres foires étaient plus importantes : la foire de la Grignon qui se tenait les mardi et mercredi avant les Rameaux (" Pâques fleuries »), et celle de la Saint-Martin qui, depuis 1409, se déroulait sur quatre jours, les 10 et 11 novembre près de la léproserie Saint-Lazare, à l'est de la ville, et les 12 et 13 novembre en ville, devant la 41 A.N., LL 1313, fol. 30v, Nicolas Gorgete : son nom n'apparaît dans aucun autre registre. 42 Chaumont-en-Vexin, Oise, arr. Beauvais, ch.-l. de cant. 43 Localité non identifiée, peut-être Illiers-Combray, Eure-et-Loir, arr. Chartres, ch.-l. de cant. ; mais " Chams » évoque aussi Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne, arr. Torcy, ch.-l. de cant.). 44 A.N., LL 1312, fol. 120v-121, pour les " places de drapperie », au fol. 121 pour les Meldois. Parmi les trois marchands meldois, seul Andry de La Granche apparaît dans des registres postérieurs, soit du Lendit et de la Saint-Denis, cependant à d'autres emplacements de ces foires, parfois avec une autre origine géographique et surtout l'indication d'un métier différent de celui de drapier ! Au Lendit 1495, un " Andry de La Granche », originaire de Paris occupe la sixième loge sur la Chaussée " a commencer a compter vers Sainct Denis, dotz vers Haulbervilliers » (A.N., LL 1312, fol. 329v). Au Lendit 1497, le même, à présent qualifié de pourpointier de Paris, occupe la huitième loge de la même rue (A.N., LL 1313, fol. 98v). Enfin, à la Saint-Denis 1497, Andry de La Granche occupe une loge dans la rue des tapissiers (A.N., LL 1312, fol. 485v). Mais Andry de La Granche n'apparaît pas dans les registres du Lendit pour les années 1490 et 1496, ni dans les registres de la Saint-Denis pour les années 1489, 1490, 1495 et 1496. 45 Coully : Couilly-Pont-aux-Dames, Seine-et-Marne, arr. Meaux, cant. Crécy-la-Chapelle. Cressy : Crécy-la-Chapelle, Seine-et-Marne, arr. Meaux, ch.-l. de cant. 46 Lendit 1518 : A.N., LL 1314, fol. 46, Jequotesdbs_dbs46.pdfusesText_46