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1

LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET

SES ENJEUX EDUCATIFS

ACTEURS, SAVOIRS, STRATEGIES TERRITORIALES

Thèse pour obtenir le grade de Docteur en Géographie

Caroline Leininger-Frézal

Sous la direction d'Isabelle Lefort

Présentée et soutenue publiquement le 9 décembre 2009

COMPOSITION DU JURY :

Jacques Donze, Maitre de Conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 Isabelle Lefort, Professeure des Universités, Université Lumière Lyon 2 (directrice) Philippe Pelletier, Professeur des Universités, Université Lumière Lyon 2

Lucie Sauvé, Professeure titulaire de la Chaire d'ERE, Université du Québec à Montréal

(examinatrice) Jean-François Thémines, Professeur des Universités, I.U.F.M* de Caen (rapporteur) Christine Vergnolles-Mainar, Maitre de Conférence, I.U.F.M* Midi-Pyrénées (rapporteur) UUnniivveerrssiittéé LLuummiièèrree LLyyoonn 22

UUMMRR 55660000

2 3

A mes filles, dans l"espoir que

nous changions de chemin 4 5

REMERCIEMENTS

La thèse de doctorat est un diplôme qu'on obtient seul mais tout au long du chemin, j'ai

été accompagnée, soutenue, conseillée et portée même parfois. Les mots ne sont pas assez

forts pour exprimer toute ma gratitude envers mes proches, mes collègues et ma famille. Je tiens plus particulièrement à remercier :

Isabelle Lefort, ma directrice de thèse

Sylvin Babin et Serge Ferreri de la DAAC* de l'Académie de Lyon

Nicole Allieu et Jacky Fontanabona, de l'INRP

L'ensemble de l'équipe du GRAINE Rhône-Alpes et plus spécifiquement Frédéric

Villaumé, Elise Ladeveze et Michel Besset

L'ensemble de l'équipe de la Chaire d'ERE de l'Université du Québec qui m'a fait

avancer dans ma réflexion

Cédric Leininger, Jean-Claude, Gilberte et Béatrice Frézal, Joseph Caridi, Célia

Roussin, Julien Oddoz, Caroline Constantin et Christophe Danel pour leur soutien méthodologique, technique, logistique ou moral. Je tiens également à adresser mes sincères remerciements à l'ensemble des acteurs

de l'éducation à l'environnement, éducateurs, chargés de mission dans les collectivités

territoriales ou dans les institutions publiques qui ont pris le temps de me recevoir et accepté de partager leurs données. 6 7

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ............................................................................................................... 5

SOMMAIRE ........................................................................................................................... 7

PROLOGUE .......................................................................................................................... 9

PREAMBULE .......................................................................................................................11

INTRODUCTION ..................................................................................................................13

A. Une recherche socioconstructiviste ......................................................................13

B. Une recherche dans le champ de l'ERE ...............................................................16

PARTIE IDU DEVELOPPEMENT DURABLE A L'EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT VERS LE DEVELOPPEMENT DURABLE : UN CHEMIN POLITIQUE .................................25 CHAPITRE 1 LE DEVELOPPEMENT DURABLE : UN INSTRUMENT POLITIQUE .............29

A. Le développement durable : un écodéveloppement capitaliste .............................29

B. Le développement durable, ou la nouvelle esthétique du développement ............42 CHAPITRE 2 LE GLISSEMENT D'UNE EDUCATION RELATIVE A L'ENVIRONNEMENT (ERE) A UNE EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT VERS UN DEVELOPPEMENT

DURABLE (EDD) .................................................................................................................53

A. L'ERE : une éducation pour un nouveau rapport au monde .................................53 B. De l'ERE à l'éducation à l'environnement vers un développement durable : un

choix d'en haut ? .........................................................................................................65

CHAPITRE 3 LE ROLE CENTRAL DES DECIDEURS POLITIQUES ? ................................95

A. L'ERE : une compétence territoriale ? ..................................................................95

B. L'ERE un milieu de partenaires .......................................................................... 110

C. Les creux et les bosses du milieu ....................................................................... 127

D. Deux modèles de prise en charge de l'ERE ....................................................... 141

PARTIE II

L'ECOLE ET LE MIRAGE DE L'EDD ................................................................. 157 CHAPITRE 4 DE L'EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT A L'EDUCATION AU DEVELOPPEMENT DURABLE : LE BULLDOZER DE LA CULTURE SCOLAIRE ............. 161

A. La dénaturation de l'objet par la culture scolaire ................................................. 162

B. L'investigation méthodologique .......................................................................... 172

C. Des projets conformes à la culture scolaire ? ..................................................... 200

D. Enseignants, élèves et partenaires : à chacun sa place ! ................................... 211

CHAPITRE 5 LES PARTENAIRES, UNE OUVERTURE DE l'Ecole SUR LE MONDE ? .... 221

A. La culture associative ......................................................................................... 221

B. Un formatage scolaire ? ..................................................................................... 229

8

PARTIE III

LE DEVELOPPEMENT DURABLE, UN DEFI SOCIETAL ................................ 243 CHAPITRE 6 LE DEVELOPPEMENT DURABLE : UN STATUT SCIENTIFIQUE EN

QUESTION .............................................................................................................................

........................................................................................................................................... 247

A. Le développement durable, un impensé de la modernité .................................... 247

B. Vers une révolution scientifique ? ....................................................................... 256

C. Les géographes dans le chemin durable ? ......................................................... 262

CHAPITRE 7 LE DEVELOPPEMENT DURABLE, LES APORIES DU SYSTEME EXPERT.

........................................................................................................................................... 273

A. Le développement durable : une nouvelle forme de démocratie ? ...................... 274 B. Les rendez-vous manqué du développement durable face aux enjeux d'une

éducation citoyenne .................................................................................................. 285

CONCLUSION ................................................................................................................... 297

A. L'ERE prisonnière de l'école et du développement durable ................................ 297

B. Libérons l'ERE ! .................................................................................................. 301

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................ 305

ANNEXES .......................................................................................................................... 321

TABLE DES CARTES ........................................................................................................ 519

TABLE DES FIGURES ....................................................................................................... 521

TABLE DES TABLEAUX .................................................................................................... 525

TABLE DES ANNEXES ...................................................................................................... 527

LEXIQUE............................................................................................................................ 529

INDEX ................................................................................................................................ 531

TABLE DES MATIERES .................................................................................................... 533

9

PROLOGUE

Commence ici mon chemin initiatique.

A l'origine je n'ai pas d'affinité particulière avec le développement durable ni même

avec l'environnement. Ma posture était plutôt sceptique, influencée par des lectures pointant

les lobbies qui se cachent derrière certaines revendications environnementales. Pourquoi

entreprendre alors une thèse sur l'éducation à l'environnement vers le développement

durable

1 ? Deux facteurs ont motivé mon investigation. Le premier est la dimension

didactique et pédagogique de la question. Me destinant à l'enseignement - je suis

aujourd'hui professeur d'Histoire-Géographie en collège-, j'étais particulièrement intéressée

par la diffusion des savoirs en dehors de la sphère universitaire. Ma maîtrise portait d'ailleurs

sur la diffusion de la chorématique dans l'enseignement secondaire

2. Néanmoins, je ne

souhaitais pas m'orienter ni vers une thèse en didactique ni vers une thèse de Sciences de l'éducation. Je souhaitais conserver mon ancrage disciplinaire et le questionnement

épistémologique qui m'avaient animée jusque-là. C'est un choix que j'ai fait dès le Master.

L'éducation à l'environnement vers le développement durable (EEDD) n'est pas en soi un sujet géographique mais elle en mobilise fortement des éléments. C'est le cas ici puisque cette recherche doctorale propose une approche des politiques publiques et des stratégies territoriales des acteurs de l'EEDD. D'une manière plus globale, il s'agit d'une analyse des pratiques d'acteurs, ce qui ne se limite pas à la dimension spatiale du sujet mais en inclut

également d'autres, d'ordre pédagogique et didactique. C'est le caractère transversal du

sujet qui m'a séduite puisqu'il me permet de questionner plusieurs champs de la connaissance et d'en interroger les horizons. L'EEDD pose aussi des questions éthiques et morales qui amènent à une réflexion sur soi. Plus qu'une recherche doctorale, ce travail a modifié beaucoup de choses dans ma vie. Elle a d'abord changé mes représentations de l'environnement et du développement

durable. Au-delà de celles-ci, qui relèvent du champ de la cognition, je suis rentrée sans en

avoir conscience au départ, dans un processus de questionnement de mon propre rapport à l'environnement, à Autrui et au monde. Derrière des gestes quotidiens, pour ne pas dire automatiques, se redessine ma filiation au monde du vivant, des choses et des hommes. De

l'extérieur cela se traduit par l'adoption de comportements étiquetés " durables » mais la

démarche dépasse largement le simple apprentissage de gestes éco-citoyens. C'est mon

identité qui a été ébranlée. Ce processus n'est pas encore achevé. Chaque étape

réinterroge à nouveau mon rapport-au-monde (SAUVE L., 1997). C'est donc un chemin qui

s'est ouvert, l'obtention de la thèse et le travail qu'il a été nécessaire de fournir n'en sont

qu'une étape. On touche ici sans crier gare à un des points épineux du domaine de l'éducation à l'environnement vers le développement durable. Pour amorcer un véritable changement, il n'est pas suffisant d'apprendre à agir et d'avoir conscience des problèmes environnementaux. Il est nécessaire d'entrer dans un processus de réflexion qui est en partie

personnel, ce qui ne relève pas à proprement parler de l'Education à l'environnement vers le

développement durable mais de l'éducation relative à l'environnement (ERE). EEDD ou

ERE, les deux termes peuvent paraître proches puisqu'il qu'il s'agit d'une éducation

environnementale. Pourtant ils ne sont pas équivalents. L'EEDD et l'ERE découlent de

visions du monde différentes et ont des finalités divergentes. Je reviendrai longuement au

1 E.E.D.D.

2 Maîtrise entreprise à l'université Lyon 3 sous la direction de Jacques Donze en 2003

10 chapitre 3 sur les différences et les divergences entre l'EEDD et l'ERE. Soulignons simplement que cette thèse s'ancre plus largement dans le champ de l'éducation relative à

l'environnement que dans celui de l'éducation à l'environnement vers le développement

durable. Son titre peut donc paraître trompeur mais il traduit le choix des acteurs étudiés qui

sont plus dans l'EEDD que dans l'ERE. Le titre de cette recherche permet également d'avoir

une visibilité et une certaine audience dans un champ fragmenté et fragile. Nous y

reviendrons. Cette thèse de doctorat a changé ma posture de chercheur. De la posture wébérienne et positiviste de mon master (WEBER M., 1919), je suis passée à une posture sartrienne (SARTRE J.-P., 1945) et socioconstructiviste. Mon Master

1 m'avait amenée à rencontrer de

nombreux éducateurs à l'environnement, dans le cadre des animations observées pour les besoins de ma recherche ou de formations du GRAINE*

2 Rhône-Alpes. Au cours de ce

travail, je suis toujours restée en dehors du milieu, adoptant une posture d'observatrice non participante tel le " savant » de Max Weber (1919) neutre et imperméable au politique. Ma

position est aujourd'hui tout à fait différente. Je suis une éducatrice à l'environnement. Je

mène des projets avec les élèves dans ce domaine. Le collège où je travaille est même

devenu un établissement en démarche de développement durable (E3D). Je suis formatrice pour le Rectorat dans le champ de l'EEDD. Enfin, je suis professeur relais au GRAINE

Rhône-Alpes. Je suis mise à disposition de l'association, six heures par semaine, pour

participer à ses projets et à ses missions. Je suis partie prenante de l'éducation à

l'environnement. Il m'est devenu impossible de conserver une posture de recherche wéberienne parce qu'il y avait une contradiction avec mon implication dans le champ de l'EEDD de l'autre. De fait, j'étais déjà engagée au sens sartrien du terme. L'engagement

sartrien est inhérent à notre condition humaine, c'est le contraire de la neutralité. " Nous

sommes condamnés à l'engagement de la même façon que nous sommes condamnés à

être libres. L'engagement n'est pas l'effet d'une décision volontaire, d'un choix qui lui

préexisterait : je ne décide pas d'être ou non engagé car je suis toujours déjà engagé,

comme je suis jeté au monde » (WAGNER P., 2003). Avoir côtoyé le monde l'éducation à

l'environnement a fait de moi quelqu'un d'engagé, c'est-à-dire quelqu'un qui appartient à ce

milieu : j'ai été rattrapée par mon terrain.

Enfin, ma thèse est à l'origine d'un dernier changement, il a modifié ma vision du

métier d'enseignante. Mon implication dans l'éducation à l'environnement vers le

développement durable m'a amenée à redéfinir les finalités que j'attribuais à l'enseignement.

Je m'inscris aujourd'hui dans la lignée des mouvements d'éducation populaire. Je me

perçois comme une médiatrice, une intermédiaire chargée de permettre à des jeunes,

enfants et adolescents, de bien se développer. La dimension cognitive de l'enseignement ne m'échappe pas mais elle ne me parait pas première. Parler de chemin initiatique pour une thèse de géographie est peut-être inhabituel mais l'expression caractérise bien ma démarche et le processus dans lequel je suis entrée.

1 Master intitulé La sensibilisation à l'environnement, entre culture et patrimoine, entrepris à

l'université Lumières Lyon 2 sous la direction d'Isabelle Lefort

2 Les mots avec une étoile indiquent qu'ils sont définis dans le lexique

11

PREAMBULE

Les géographes sont encore peu familiers du développement durable et encore moins

celui de l'éducation à l'environnement vers le développement durable. A l'exception de

l'Université de Toulouse sous la houlette de C. Vergnolle (2003 ; 2004 ; 2006-2007) et de R.

Sourp (2006-2007)

1, de Nicole Tutiaux Guillon (2006) à Lille et de Paul Arnoud à Lyon, peu

de géographes investissent ce champ de recherche si ce n'est sous un angle didactique.

D'une manière générale, la recherche dans le champ de l'EEDD est dispersée. Il y a

quelques chercheurs isolés qui travaillent sur la question mais rattachés à des laboratoires

qui traitent de thématiques plus larges. Même au Muséum d'Histoire Naturel de Paris qui a une certaine visibilité autour de Cécile Fortin-Debart et Yves Girault (2006), l'EEDD n'est qu'une partie des recherches entreprises. L'observatoire de EEDD n'a encore que peu de

réalité. L'INRP a également trois équipes de chercheurs sur la question. Là encore, ce ne

sont pas des équipes spécialisées dans le champ de l'EEDD et leurs travaux sont en cours ou récents. Enfin les formateurs I.U.F.M* contribuent aussi à la construction de la recherche dans le domaine mais de manière tout aussi isolée que les universitaires. Il n'existe pas de pôle de recherche fort, ayant un rayonnement national et international, constitué autour de la question de l'éducation à l'environnement vers le développement durable en France

2. L'avis

peut paraître tranché mais c'est un constat qui découle d'un ensemble d'entretiens réalisés

auprès de chercheurs travaillant sur l'éducation à l'environnement et au développement

durable

3. Dans la Francophonie, seule l'Université de Québec à Montréal (UQAM) a une

véritable équipe de recherche constituée autour de Lucie Sauvé sur la question de

l'éducation relative à l'environnement (ERE). Il existe donc un véritable créneau de

recherche à investir. Apporter un regard géographique sur l'éducation relative à l'environnement peut paraître inhabituel. La géographie est néanmoins une des disciplines phares de la mise en oeuvre de l'éducation à l'environnement vers le développement durable dans l'enseignement

secondaire conformément à la circulaire de juillet 2004 relative à la généralisation de

l'EEDD. La prise en charge disciplinaire de l'éducation au développement durable

4 telle

qu'elle a été promulguée par la circulaire suivante d'avril 2007, va également dans ce sens.

L'épistémologie et la didactique de l'histoire-géographie ne peuvent pas faire l'impasse d'une

réflexion sur les apports spécifiques de la géographie dans une démarche de développement durable.

Au-delà de l'école, la géographie a pleinement un rôle à jouer dans le champ de

l'éducation à l'environnement vers le développement durable. De nombreuses collectivités

locales ont développé dans le cadre de leur politique d'Agenda 21, un volet éducation à l'environnement vers le développement durable. Cela représente un investissement de 4 à 5

1 Tous les textes des auteurs cités ne sont pas référencés. Les ouvrages ou articles cités sont ceux

utilisés ultérieurement dans ce travail.

2 J'ai évincé volontairement l'IFREE de mon inventaire (Institut de Formation en Education à

l'Environnement) car c'est un pôle de formation bien plus qu'un centre de recherche.

3 Le protocole des entretiens, la liste des personnes rencontrées et les réflexions auxquelles ont

abouti ces entretiens se situent dans l'épilogue.

4 Il y a un glissement sémantique de la première à la seconde circulaire : on passe d' " éducation à

l'environnement vers le développement durable » à l' " éducation au développement durable ».

12 millions d'euros chaque année rien que dans la région Rhône-Alpes

1. L'implication des

collectivités territoriales constitue une première porte d'entrée pour une analyse géographie.

Il s'agit de faire une analyse différentielle du positionnement et des pratiques des différentes

collectivités territoriales et de déterminer si ces pratiques sont convergentes et cohérentes

ou divergentes et incohérentes. Les institutions publiques ne sont pas les seuls acteurs dans

le champ d'éducation à l'environnement vers le développement durable. Ils ont recours à des

partenariats associatifs qui interviennent en milieu scolaire. La question de la convergence des pratiques des institutions publiques ouvre sur la cohérence des pratiques associatives entre elles et avec les pratiques enseignantes. Il n'existe aujourd'hui pas de cartographie

lisible dans la région Rhône Alpes de ce qui est mis en oeuvre dans le domaine de

l'éducation à l'environnement vers le développement durable. Cela signifie qu'il n'y a pas de

vision d'ensemble sur les dynamiques territoriales actuelles en EEDD. En tant que géographe, mon questionnement se structure autour de deux axes. Le premier est une analyse spatiale des territoires mobilisés autour de l'éducation à

l'environnement vers le développement durable. Il s'agit d'identifier ces territoires mais

également de cerner qui sont les acteurs mobilisés. Ce premier travail effectué, il est

nécessaire de déterminer les pratiques de ces acteurs et les réseaux dans lesquels ils

s'inscrivent. Au-delà, il s'agit surtout de cerner les facteurs favorables à l'émergence d'une

éducation à l'environnement vers le développement durable sur un territoire. On peut

imaginer que l'action publique soit un moteur important du processus mais pas seulement.

D'une part, il est alors nécessaire de déterminer qui de la politique ou de la démarche

d'EEDD est le premier. D'autre part, à différents niveaux d'échelle, une même politique peut

conduire à des résultats différents. C'est l'identité des territoires qui est questionnée ici. Il

s'agit de cerner ce qui à travers l'histoire, les acteurs ou la culture d'un territoire favorise l'émergence d'une démarche de développement durable et d'éducation à l'environnement vers le développement durable. Pour réaliser cette analyse, nous avons choisi de limiter nos

investigations à l'Académie de Lyon qui regroupe les départements de l'Ain, de la Loire et du

Rhône. Nous ne nous aventurerons pas dans l'évaluation des impacts de la mise en place d'actions et de projets d'EEDD sur un territoire. C'est un sujet qui mérite une recherche à

part entière. Il me semble que le manque de visibilité sur les pratiques actuelles nécessite

d'abord une analyse de ces pratiques. C'est l'objet de cette thèse. Le deuxième axe de cette recherche se structure autour d'une analyse de pratiques et

des savoirs mobilisés. L'ensemble des acteurs du champ s'identifie à l'éducation à

l'environnement, orientée vers le développement durable pour une partie d'entre eux. Mais la

variété et la diversité des parties prenantes en jeu questionnent néanmoins l'homogénéité

des pratiques et des postures. L'éducation à l'environnement vers le développement durable

est un des courants de l'éducation relative à l'environnement. Peut-il réellement constituer le

seul cadre des pratiques dans le domaine ? C'est l'adéquation des discours et des pratiques

qui est ici questionnée. C'est aussi la cohérence des pratiques entre elles. Il y a deux

niveaux d'analyse possible pour investir cette question qui seront traités successivement. Le

premier se situe entre les collectivités ou services déconcentrés de l'Etat qui financent des

projets d'EEDD et les associations qui mettent en oeuvre ces projets. Le second réside entre ce qui est entrepris en classe par les associations et le projet dans lequel s'inscrit cette

intervention, qui est le projet de l'enseignant. Les pratiques se déclinent à chacun des

niveaux décrits au travers des savoirs transmis, des valeurs portées et des approches

pédagogiques mobilisées. Cela conduit à interroger les savoirs géographiques en jeu sur le

développement durable.

1 Sont pris en compte dans ce calcul les subventions de la région, les départements, les services

déconcentrés de l'Etat et les grandes agglomérations. 13

INTRODUCTION

Mon positionnement en tant que chercheur a évolué en cours de recherche. Extérieure

au champ de l'ERE, j'en devenue partie prenante comme je l'ai expliqué précédemment

dans le prologue. L'orientation méthodologique de mon travail en a donc été influencée.

D'une recherche positiviste à l'origine, mon travail s'est ensuite construit plutôt dans la lignée

du socioconstructivisme. Mais le chemin non linéaire de ce travail tend aujourd'hui à l'ancrer dans une position médiane qu'est le constructivisme structuraliste.

A. Une recherche socioconstructiviste

1. Du positivisme au socioconstructivisme

L'orientation initiale de ce travail était positiviste et empiriste dans la lignée de mon mémoire de Master qui se basait sur des entretiens et des observations non participantes. C'est dans cette perspective que se sont structurées les premières ébauches méthodologiques pensées au cours de la première année de thèse. Cette orientation est devenue incohérente quand je suis devenue partie prenante de l'EEDD. Je ne reviendrai pas plus amplement sur mon parcours déjà évoqué en prologue. Je ne pouvais pas prendre part

à l'EEDD d'un côté (dans ma vie professionnelle) et me définir comme étant neutre de l'autre

dans cette recherche doctorale. C'est cette contradiction qui m'a conduite à abandonner une posture wébérienne (1919) pour adopter une vision sartrienne (1954) Derrière la question de

l'engagement, c'est le rapport à la réalité qui est interrogé. On ne peut pas être positiviste

quand on agit consciemment et sciemment sur son objet de recherche. Inversement, on ne

peut pas se dire engagé en considérant que l'engagement ne peut influer sur la réalité. Mon

engagement m'a conduit vers une vision habitée du monde, c'est-à-dire à considérer la

réalité non comme un donné mais comme un construit auquel je participe, d'où l'orientation

socioconstructiviste de ce travail. L'orientation socioconstructiviste découle aussi d'une réflexion de fond sur le développement durable, ses racines et ses implications. Une seconde incohérence a émergé de ma posture positiviste initiale. Le positivisme s'inscrit dans le cadre du paradigme scientifique occidental (MORIN E., 2005). Il renvoie à une science qui sépare le sujet, le chercheur, de son objet et qui érige la connaissance au statut de réalité objective. Pour

cerner cette réalité, il est nécessaire de recourir à des méthodologies réductionnistes. Or la

notion de développement durable ne relève pas de ce paradigme mais de la pensée

complexe (MORIN E., 2005), c'est-à-dire d'une pensée qui ne soit pas linéaire mais

systémique, qui ne soit plus fragmentée mais transversale et qui appelle finalement un

nouveau travail scientifique. Nous reviendrons plus tard dans ce travail sur les concepts de paradigme scientifique occidental et de complexité car ce sont des piliers de ce travail. Il s'agit ici simplement de souligner le décalage entre le cadrage méthodologique et le cadre

de l'objet étudié. Ce décalage était dual car, dans le champ de l'éducation, le positivisme

correspond à un modèle transmissif de la connaissance. Les savoirs étant une connaissance objective du monde, ils sont transmis par ceux qui savent : c'est l'héritage du mythe de la

caverne. L'éducateur ou l'enseignant est celui sait et l'apprenant, celui qui reçoit la

connaissance et se l'approprie. C'est la transmission du savoir selon la logique descendante illustrée ci-dessous. 14 Figure 1 : Modèle transmissif de la connaissance Or l'éducation à l'environnement vers le développement durable a émergé de

l'éducation relative à l'environnement, qui s'inscrit dans la lignée des courants de

psychologie de l'apprentissage (PIAGET J., 1938 ; VYGOTSKY L.S., 1978 ; BRUNER J.S., GOODNOW J.J., AUSTIN G.A, 1956) et adhère à une vision socioconstructiviste des savoirs. Les savoirs ne sont pas transmis mais construits par l'apprenant en lien avec son environnement. Le modèle transmitif n'est pas celui de l'EEDD ni même de l'ERE. Adopter une posture positiviste pour analyser le développement durable et l'éducation à l'environnement vers le développement durable c'est adopter une perspective opposée à celle du sujet étudié, c'est risquer de ne pas voir les choses pour avoir choisi les mauvaises lunettes.quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46