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Extrait : Jean Anouilh, Le Voyageur sans bagage, tableau III, 1937 De retour de la Première Guerre mondiale, Gaston est amnésique La famille Renaud le 



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[PDF] LE VOYAGEUR SANS BAGAGE DE JEAN ANOUILH - LHG - Lettres

Dans Le voyageur sans bagage, il s'agit d'un extrait On y apprend que le personnage qui semble principal est amnésique Le bagage que le personnage a perdu 



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Julie Cottier et Amélie Pinçon, professeures de lettres modernes

PROPOSITION DE TEXTE POUR LE PARCOURS (2)

VARIATIONS AUTOUR DU MOTIF DU RETOUR DU FILS : LE VOYAGEUR SANS BAGAGE D'ANOUILH Extrait : Jean Anouilh, Le Voyageur sans bagage, tableau III, 1937

De retour de la Première Guerre mondiale, Gaston est amnésique. La famille Renaud le réclame : Gaston serait en fait

leur fils Jacques. La soeur et le frère brossent de Jacques le portrait d'un jeune homme monstrueux qui s'est brouillé

avec sa mère, juste avant de partir à la guerre.

GASTON

Et qu'est-ce que j'avais fait, moi, pour que cet infranchissable fossé se creuse entre nous ?

Mme RENAUD, avec soudain le ton d'autrefois.

Oh ! Tu t'étais mis en tête d'épouser une petite couturière que tu avais trouvée Dieu sait où, à dix-huit ans, et qui

refusait sans doute de devenir ta maîtresse... Le mariage n'est pas une amourette ! Devions-nous te laisser

compromettre ta vie, introduire cette fille chez nous ? Ne me dis pas que tu l'aimais... Est-ce qu'on aime à dix-huit

ans, je veux dire : est-ce qu'on aime profondément, d'une façon durable, pour se marier et fonder un foyer, une petite

cousette rencontrée dans un bal trois semaines plus tôt ?

GASTON, après un silence.

Bien sûr, c'était une bêtise... Mais ma classe allait être appelée dans quelques mois, vous le saviez. Si cette bêtise était

la seule qu'il m'était donné de faire ; si cet amour, qui ne pouvait pas durer, celui qui vous le réclamait n'avait que

quelque mois à vivre, pas même assez pour l'épuiser ?

Mme RENAUD1

Mais on ne pensait pas que tu allais mourir !... Et puis, je ne t'ai pas tout dit. Tu sais ce que tu m'as crié, en plein

visage, avec ta bouche toute tordue, avec ta main levée sur moi, moi ta mère ? " Je te déteste, je te déteste ! » Voilà ce

que tu m'as crié.

Un silence.

Comprends-tu maintenant pourquoi je suis restée dans ma chambre en espérant que tu monterais, jusqu'à ce que la

porte de la rue claque derrière toi ?

GASTON, doucement, après un silence.

Et je suis mort à dix-huit ans, sans avoir eu ma petite joie, sous prétexte que c'était une bêtise, et sans que vous m'ayez

reparlé. J'ai été couché sur le dos toute une nuit avec ma blessure à l'épaule, et j'étais deux fois plus seul que les autres

qui appelaient leur mère.

Un silence, il dit soudain comme pour lui.

C'est vrai, je vous déteste.

Mme RENAUD crie, épouvantée.

Mais, Jacques, qu'est-ce que tu as ?

GASTON revient à lui, la voit.

Comment ? Pardon... je vous demande pardon.

1L'explication linéaire de l'extrait dans le cadre de l'épreuve orale de l'EAF pourrait commencer ici.

Julie Cottier et Amélie Pinçon, professeures de lettres modernes

Il s'est éloigné, fermé, dur.

Je ne suis pas Jacques Renaud ; je ne reconnais rien ici de ce qui a été à lui. Un moment, oui, en vous écoutant parler,

je me suis confondu avec lui. Je vous demande pardon. Mais, voyez-vous, pour un homme sans mémoire, un passé tout

entier, c'est trop lourd à endosser en une seule fois. Si vous vouliez bien me faire plaisir, vous me permettriez de

retourner à l'asile. Je plantais des salades, je cirais les parquets. Les jours passaient... Mais même au bout de dix-huit

ans - une autre moitié exactement de ma vie - il n'étaient pas parvenus, en s'ajoutant les uns aux autres, à faire cette

chose dévorante que vous appelez un passé.

Mme RENAUD

Mais, Jacques...

GASTON

Et puis, ne m'appelez plus Jacques. Il a fait trop de choses, ce Jacques. Gaston, c'est bien ; quoique ce ne soit

personne, je sais qui c'est. Mais ce Jacques dont le nom est déjà entouré des cadavres de tant d'oiseaux2, ce Jacques qui

a trompé, meurtri, qui s'en est allé tout seul à la guerre sans personne à son train, ce Jacques qui n'a même pas aimé, il

me fait peur.

Mme RENAUD

Mais enfin, mon petit...

GASTON

Allez vous-en ! Je ne suis pas votre petit.

Mme RENAUD

Oh ! Tu me parles comme autrefois !

GASTON

Je n'ai pas d'autrefois, je vous parle comme aujourd'hui. Allez-vous-en ! Enjeux de l'extrait, pistes d'explorations en lien avec l'intitulé du parcours Dans cet extrait, Gaston l'amnésique cherche à élucider une nouvelle part d'ombre de son

passé : "l'infranchissable fossé" entre sa mère et Jacques3. La crise familiale appartient donc

d'abord au passé. Pourtant, l'originalité de l'extrait tient au fait que cette crise soit réactualisée dans

le présent4. On entend moins Mme Renaud qui s'adresse à Gaston que la mère s'adressant à

Jacques. La crise familiale débouche alors sur une crise personnelle : Gaston, qui semble bien être

Jacques Renaud, refuse son passé et son identité.

A la fin de la pièce, Gaston, qui a la preuve d'avoir été Jacques, préfère mentir et se choisir

une autre famille. A partir de cette variation sur le thème du retour du fils, on peut mettre en perspective le personnage de Gaston avec celui de Louis, dans Juste la fin du monde. Là où la

parole de Louis achoppe, Gaston préfère le mensonge ; là où Louis décide de quitter sans famille

2Au début du troisième tableau, Mme Renaud rapporte que Jacques aimait tuer les oiseaux et, plus généralement,

maltraiter les animaux de façon sadique avant de les empailler.

3Le conflit mère/fils peut rappeler le conflit tragique entre Agrippine et Néron.

4La didascalies " avec soudain le ton d'autrefois » participe de cette surimpression entre présent et passé.

Julie Cottier et Amélie Pinçon, professeures de lettres modernes

pour retourner à sa solitude et à la mort, Gaston se choisit une famille et s'offre une nouvelle

identité, une nouvelle vie. Prolongement artistique sur le thème du départ/retour du fils : La Malédiction paternelle, est un diptyque de Greuze (1778) comprenant Le Fils ingrat et son

pendant Le Fils puni. Le diptyque représente une crise familiale en cherchant à émouvoir et tirer les

larmes du spectateur du XVIIIème siècle : dans le premier volet, le fils annonce

à son père son départ pour le guerre et

le père le maudit (Le Fils Ingrat) ; dans le second volet, le fils revient dans sa famille mais arrive trop tard, le reste de la famille étant déjà en train de pleurer la mort du père (Le

Fils puni). Diderot ne tarit pas

d'éloges sur Greuze et souligne le talent qu'a eu le peintre à hisser une "peinture de genre" (peinture

représentant une scène de la vie quotidienne) à l'universalité5. Ces deux toiles permettent de

travailler sur le motif du départ / retour du fils.

5https://www.franceculture.fr/emissions/la-visite-au-louvre/le-fils-puni-de-jean-baptiste-greuze

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