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I Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) Texte B - Samuel BECKETT (1906-1989), En attendant Godot (1953), Acte 1 Texte C - Eugène IONESCO (1912-1994), Rhinocéros (1959) [ Harpagon, vieillard d'une avarice extrême, est veuf et veut épouser la jeune Mariane que 



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Dans ce corpus constitué des extraits de pièces de théâtre suivants, L'Avare de Molière, En attendant Godot de Samuel Beckett puis, Rhinocéros de Ionesco, 



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Texte B: Samuel Beckett, En attendant Godot (1953), Acte I Texte C : Eugène Ionesco, Rhinocéros (1959), Acte I Annexe : Alain Satgé A - Molière (1622- 1673), l'Avare (1668), Acte II, sc 5 (Harpagon Quelles fonctions peut-on attribuer au costume de théâtre d'après les textes A, B, C du corpus? II - Vous traiterez 



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Texte A : Molière (1622-1673), L'Avare, Acte II, scène 5 (1668) • Texte B : Samuel Beckett (1906-1989), En attendant Godot, Acte I (1953) Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante : quelles fonctions peut-on attribuer sur les caractères, nous révélant dans Rhinocéros un Jean soi- gneux 



[PDF] Liste des sujets de bac àPrague

Texte B : Samuel Beckett, En attendant Godot, Acte I, 1953 Texte C : Eugène ÉCRITURE I Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) Vous ferez le commentaire du texte de Ionesco extrait de Rhinocéros (Texte C) La comédie de L'Avare a été écrite et représentée en 1668



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I Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) Texte B - Samuel BECKETT (1906-1989), En attendant Godot (1953), Acte 1 Texte C - Eugène IONESCO (1912-1994), Rhinocéros (1959) [ Harpagon, vieillard d'une avarice extrême, est veuf et veut épouser la jeune Mariane que 



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les trois extraits du corpus de textes à étudier le théâtre contemporain avec par exemple « En attendant Godot » (1952) de Samuel Beckett Au cours du



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SUR LE CORPUS Les élèves de En attendant Godot et Rhinocéros, les situations de parole cassette pleine d'or d'Harpagon dans L'Avare de Molière) et 

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LES SUJETS DE L"EAF 2004

SÉRIE L

Objet d"étude : L"épistolaire.

Textes :

Texte A - Gustave FLAUBERT, Lettre à Victor Hugo, Croisset, 15 juillet 1853 Texte B - Gustave FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, Croisset, 15 juillet 1853 Texte C - Gustave FLAUBERT, Lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie,

Croisset, 8 octobre 1859

Texte D - Gustave FLAUBERT, Lettre à Jeanne de Tourbey, Croisset, 8 octobre 1859. Texte A - Gustave FLAUBERT, Lettre à Victor Hugo, Croisset, 15 juillet 1853. [Grand admirateur de Victor Hugo, Flaubert entretint avec lui une relation épistolaire, en

particulier après le coup d"État de Louis-Napoléon Bonaparte; Victor Hugo est alors en exil.]

Croisset, 15 juillet [1853]

Comment vous remercierai-je, Monsieur, de votre magnifique présent1 ? Et qu"ai-je à dire ? si

ce n"est le mot de Talleyrand à Louis-Philippe qui venait le visiter dans son agonie: "C"est le plus

grand honneur qu"ait reçu ma maison !" Mais ici se termine le parallèle, pour toutes sortes de raisons. Donc, je ne vous cacherai pas, Monsieur, que vous avez fortement Chatouillé de mon coeur l"orgueilleuse faiblesse

comme eût écrit ce bon Racine ! Honnête poète ! et quelle quantité de monstres il trouverait

maintenant à peindre, autres et pires cent fois que son dragon-taureau2. L"exil, du moins, vous en épargne la vue. Ah ! si vous saviez dans quelles immondices nous

nous enfonçons! Les infamies particulières découlent de la turpitude politique et l"on ne peut

faire un pas sans marcher sur quelque chose de sale. L"atmosphère est lourde de vapeurs

nauséabondes. De l"air ! de l"air ! Aussi j"ouvre la fenêtre et je me tourne vers vous. J"écoute

passer les grands coups d"ailes de votre Muse et j"aspire, comme le parfum des bois, ce qui s"exhale des profondeurs de votre style.

Sujets nationaux :Centres étrangers :

série L série ES / S séries technologiquessérie L (Pondichéry) séries ES / S (Pondichéry) séries technologiques (Pondichéry) série L (Amérique du nord) série ES / S (Amérique du nord) série L (Beyrouth) série ES / S (Beyrouth) série L (Guadeloupe) série ES / S (Guadeloupe) séries technologiques (Guadeloupe) séries technologiques (étranger) série L (Polynésie) série ES / S (Polynésie) séries technologiques (Polynésie). Et d"ailleurs, Monsieur, vous avez été dans ma vie une obsession charmante, un long amour; il ne faiblit pas. Je vous ai lu durant des veillées sinistres et, au bord de la mer sur des plages douces, en plein soleil d"été. Je vous ai emporté en Palestine, et c"est vous encore qui me consoliez, il y a dix ans, quand je mourais d"ennui dans le Quartier Latin. Votre poésie est entrée dans ma constitution comme le lait de ma nourrice. Tel de vos vers reste à jamais dans mon souvenir, avec toute l"importance d"une aventure. Je m"arrête. Si quelque chose est sincère pourtant, c"est cela. Désormais donc, je ne vous importunerai plus de ma personne et vous pourrez user du correspondant3 sans craindre la correspondance. Cependant, puisque vous me tendez votre main par-dessus l"Océan, je la saisis et je la serre.

Je la serre avec orgueil, cette main qui a écrit Notre-Dame et Napoléon le Petit, cette main qui a

taillé des colosses et ciselé pour les traîtres des coupes amères, qui a cueilli dans les hauteurs

intellectuelles les plus splendides délectations et qui, maintenant, comme celle de l"Hercule biblique, reste seule levée parmi les doubles ruines de l"Art et de la Liberté ! A vous donc, Monsieur, et avec mille remerciements encore une fois.

Ex imo4.

1. Victor Hugo avait joint à une de ses lettres à Flaubert son propre portrait peint par son fils.

2. Allusion au monstre mythique évoqué par Racine dans Phèdre.

3. Flaubert aide Victor Hugo à faire parvenir clandestinement des lettres en France.

4. Signifie : du très humble.

Texte B - Gustave FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, Croisset, 15 juillet 1853. [Louise Colet fut la maîtresse de Flaubert]. [Croisset] Vendredi soir, 1 heure [15 juillet 1853]. [...] Je lui ai écrit une lettre monumentale, au Grand Crocodile1. Je ne cache pas qu"elle m"a

donné du mal (mais je la crois montée, trop, peut-être), si bien que je la sais maintenant par

coeur. Si je me la rappelle, je te la dirai. Le paquet part demain. [...]

1. Surnom donné par Flaubert à Victor Hugo.

Texte C - Gustave FLAUBERT, Lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, Croisset, 8 octobre 1859. [Mademoiselle Leroyer de Chantepie est une admiratrice de Flaubert, devenue peu à peu une confidente]. [Croisset, 8 octobre 1859] Vous devez croire que je vous ai oubliée ! Il n"en est rien. Mais il faut pardonner un peu de paresse à un pauvre homme qui garde la plume à la main toute la journée et qui se couche le soir, ou plutôt le matin, éreinté comme un casseur de cailloux.

Dans votre dernière lettre du 23 juin, vous me disiez que vous deviez aller à Nantes. Avez-vous

fait ce voyage et vous en êtes-vous bien trouvée ? Non, n"est-ce pas ? Quand on a une douleur, on la porte avec soi partout. Les plaies ne se déposent pas comme les vêtements, et celles que nous aimons, celles qu"on gratte toujours et qu"on ravive ne guérissent jamais. Je ne puis rien faire pour vous que vous plaindre, pauvre âme souffrante ! Tout ce que je vous dirais, vous le savez; tous les conseils que je vous donnerais, on vous les donne. Mais pourquoi n"êtes-vous pas plus obéissante et n"essayez-vous pas ? J"ai vu des personnes

dans un état déplorable finir par se trouver mieux à force de recevoir du monde, d"entendre de

la musique, d"aller au théâtre, etc. Venez donc un hiver à Paris et prenez avec vous une jeune

fille gaie qui vous mènera partout. Le spectacle de la gaieté rend heureux quand on a le coeur bon. Faites l"éducation d"un enfant intelligent, vous vous amuserez à voir son esprit se

développer. Pendant que vous étiez dans vos souffrances, j"étais dans les miennes; j"ai été

physiquement malade le mois dernier, par suite d"une longue irritation nerveuse due à des inquiétudes et tracas domestiques. Les difficultés de mon travail y avaient peut-être aussi contribué. J"écris un gros livre; il est lourd et il me pèse quelquefois.

Enfin, me voilà bientôt à moitié; j"ai presque écrit six chapitres ! Il m"en reste encore sept. Vous

voyez que j"ai encore de la besogne. Une chose magnifique vient de paraître : la Légende des

Siècles, de Hugo. Jamais ce colossal poète n"avait été si haut. Vous qui aimez l"idéal et qui le

sentez, je vous recommande les histoires de chevalerie qui sont dans le premier volume. Quel

enthousiasme, quelle force et quel langage ! Il est désespérant d"écrire après un pareil homme.

Lisez et gorgez-vous de cela, car c"est beau et sain. Je suis sûr que le public va rester

indifférent à cette collection de chefs-d"oeuvre ! Son niveau moral est tellement bas, maintenant !

On pense au caoutchouc durci, aux chemins de fer, aux expositions, etc., à toutes les choses

du pot-au-feu et du bien-être; mais la poésie, l"idéal, l"Art, les grands élans et les nobles

discours, allons donc ! A propos de choses élevées, lisez donc les travaux de Renan1. Que dites-vous de tous les

mandements des évêques à propos de l"Italie ? Comme c"est triste ! II est immonde, ce clergé

qui défend et bénit toutes les tyrannies, jette l"anathème2 à la liberté, n"a d"encens que pour le

pouvoir et se vautre bassement devant la chose reçue; quand même, toutes ces soutanes qui se cousent au drap du trône me font horreur ! Avez-vous lu la Question romaine, d"Edmond About ? Cela est très spirituel et très vrai pour

quiconque a vu l"Italie; on ne peut faire à ce livre aucune objection sérieuse, et néanmoins ce

n"était pas là ce qu"il fallait dire. La question devait être prise de plus haut; cela manque de

maîtrise. - II me semble que tout craque sur la terre depuis la Chine jusqu"à Rome. - Le musulmanisme, qui va mourir aussi, se convulsionne. Nous verrons de grandes choses. J"ai peur qu"elles ne soient funèbres. Adieu, je vous serre les mains bien affectueusement.

Le verre de votre portrait accroché dans ma chambre, sur une porte, s"est fêlé ces jours-ci. J"ai

de ces superstitions. Vous est-il arrivé quelque malheur ?

1. Penseur et écrivain contemporain de Flaubert

2. Condamne.

Texte D - Gustave FLAUBERT, Lettre à Jeanne de Tourbey, Croisset, 8 octobre 1859. [Jeanne de Tourbey fut célèbre pour ses relations mondaines et amoureuses sous le Second

Empire].

[Croisset,] samedi 8 [octobre 1859]. C"est moi ! M"avez-vous oublié ? Rassurez-moi bien vite en me disant que non, n"est-ce pas ?

Je n"ai rien à vous conter si ce n"est que je m"ennuie de vous démesurément. Voilà ! et que je

songe à votre adorable personne avec toutes sortes de mélancolies profondes. Qu"êtes-vous

devenue cet été ? Avez-vous été aux bains de mer, etc., etc.? Êtes-vous maintenant revenue de

Neuilly ? Est-ce dans le boudoir de la rue de Vendôme que se retrouvent vos grâces de

panthère et votre esprit de démon ? Comme je rêve souvent à tout cela ! Je vous suis, de la

pensée, allant et venant partout, glissant sur vos tapis, vous asseyant mollement sur les fauteuils, avec des poses exquises ! Mais une ombre obscurcit ce tableau..., à savoir la quantité de messieurs qui vous entourent

(braves garçons du reste). Il m"est impossible de penser à vous, sans voir en même temps des

basques d"habits noirs à vos pieds. Il me semble que vous marchez sur des moustaches comme une Vénus indienne sur des fleurs. Triste jardin ! Et les leçons de musique ? Faisons-nous des progrès ? Et les promenades à cheval ? A-t-on toujours cette petite cravache dont on cingle les gens ? Comme si vous aviez besoin de cela

pour les faire souffrir ! Quant à votre serviteur indigne, il a été le mois dernier assez malade, par

suite d"ennuis dont je vous épargne le détail. J"ai travaillé. Je n"ai pas bougé de chez moi. J"ai

regardé les clairs de lune, la nuit, je me suis baigné dans la rivière quand il faisait chaud, j"ai

pendant quatre mois supporté la compagnie de bourgeois et surtout de bourgeoises dont ma

maison était pleine - et, il y a aujourd"hui trois semaines, j"ai failli passer sous une locomotive !

Oui, j"ai manqué être écrasé comme un chien ! Hélas ! aucune "amante" ne serait venue sur

"ma tombe isolée" et le "pâtre de la vallée1", etc. Dans deux mois, j"espère vous revoir, revenir me mettre à vos genoux, et causer comme les autres hivers de philosophie sentimentale, tout en regardant vos yeux qui rient si franchement et qui pensent si fort.

Je me précipite sous la semelle de vos pantoufles, et, tout en les baisant, je répète que je suis

tout à vous. Amitiés de ma part à Fournier, si ça ne vous dérange pas...

1. allusions à la poésie de Lamartine.

I. Après avoir lu les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points).

Après avoir observé les caractéristiques des lettres de ce corpus, vous dégagerez l"image que

Flaubert s"attache à donner de lui-même à chacun de ses correspondants. II. Vous traiterez ensuite un de ces sujets (16 points).

Commentaire

Écrites le même jour à deux correspondantes, les lettres du 8 octobre 1859 constituent deux discours à la fois proches et différents. Comparez ces deux lettres sous la forme d"un commentaire organisé. (Textes C et D)

Dissertation

Dans quelle mesure l"art épistolaire, qu"il s"agisse de lettres authentiques ou fictives, permet-il une construction de l"image de soi, à la fois adaptée au destinataire et choisie par l"épistolier ? Vous répondrez à cette question en un développement composé, prenant appui sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.

Invention

Rédigez à l"intention d"un écrivain contemporain que vous nommerez une lettre pour lui dire votre admiration pour une des oeuvres que vous venez de lire. Vous écrirez ensuite un bref billet à un camarade pour commenter cette lettre. Vous pourrez vous inspirer plus particulièrement des textes A et B du corpus.

N.B. Vous ne signerez pas cette lettre.

haut de page

SÉRIE ES / S

Objet d"étude : Le théâtre, texte et représentation.

Textes :

Texte A - MOLIÈRE (1622-1673), L"Avare (1668), Acte II, scène 5 Texte B - Samuel BECKETT (1906-1989), En attendant Godot (

1953), Acte 1

Texte C - Eugène IONESCO (1912-1994), Rhinocéros (1959) Annexe - Alain Satgé, " Mises en scène » de En attendant Godot (1999). TEXTE A - Molière (1622-1673), L"Avare (1668), Acte II, scène 5. [Harpagon, vieillard d"une avarice extrême, est veuf et veut épouser la jeune Mariane que son

fils Cléante aime en secret. Pour réaliser ce mariage, Harpagon a recours à une entremetteuse,

Frosine, qui le flatte pour en obtenir de l"argent.] FROSINE. - Voilà de belles drogues1 que des jeunes gens, pour les aimer ! Ce sont de beaux morveux, de beaux godelureaux2, pour donner envie de leur peau ! et je voudrais bien savoir quel ragoût3 il y a à eux ! HARPAGON. - Pour moi, je n"y en comprends point, et je ne sais pas comment il y a des femmes qui les aiment tant. FROSINE. - II faut être folle fieffée. Trouver la jeunesse aimable ! est-ce avoir le sens commun ? Sont-ce des hommes que de jeunes blondins ? et peut-on s"attacher à ces animaux- là ? HARPAGON. - C"est ce que je dis tous les jours, avec leur ton de poule laitée et leurs trois petits brins de barbe relevés en barbe de chat, leurs perruques d"étoupe4, leurs hauts-de- chausses5 tout tombants et leurs estomacs débraillés. FROSINE. - Eh ! cela est bien bâti auprès d"une personne comme vous ! Voilà un homme

cela ! Il y a là de quoi satisfaire à la vue, et c"est ainsi qu"il faut être fait et vêtu pour donner de

l"amour.

HARPAGON. - Tu me trouves bien ?

FROSINE. - Comment ! vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre. Tournez-vous un peu,

s"il vous plaît. Il ne se peut pas mieux. Que je vous voie marcher. Voilà un corps taillé, libre et

dégagé comme il faut, et qui ne marque aucune incommodité. HARPAGON. - Je n"en ai pas de grandes, Dieu merci : il n"y a que ma fluxion6 qui me prend de temps en temps.

FROSINE. - Cela n"est rien. Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser.

HARPAGON. - Dis-moi un peu : Mariane ne m"a-t-elle point encore vu ? n"a-t-elle point pris garde à moi en passant ? FROSINE. - Non. Mais nous nous sommes fort entretenues de vous. Je lui ai fait un portrait de

votre personne, et je n"ai pas manqué de lui vanter votre mérite et l"avantage que ce lui serait

d"avoir un mari comme vous.

HARPAGON. - Tu as bien fait, et je t"en remercie.

FROSINE. - J"aurais, Monsieur, une petite prière à vous faire. (Il prend un air sévère.) J"ai un

procès que je suis sur le point de perdre, faute d"un peu d"argent, et vous pourriez facilement me procurer le gain de ce procès si vous aviez quelque bonté pour moi. Vous ne sauriez croire

le plaisir qu"elle aura de vous voir. (Il reprend un air gai.) Ah ! que vous lui plairez ! et que votre

fraise7 à l"antique fera sur son esprit un effet admirable ! Mais surtout elle sera charmée de votre

haut-de-chausses, attaché au pourpoint8 avec des aiguillettes9. C"est pour la rendre folle de vous; et un amant aiguilleté sera pour elle un ragoût merveilleux.

HARPAGON. - Certes, tu me ravis de me dire cela.

1. drogues : remèdes désagréables.

2. godelureaux : élégants prétentieux.

3. ragoût : goût.

4. étoupe : résidu tiré du chanvre ou du lin.

5. hauts-de-chausses : pantalons.

6. fluxion : bronchite chronique.

7. fraise : collerette amidonnée et tuyautée qui se portait autour du cou, sous Henri IV.

8. pourpoint : veste.

9. aiguillettes : sorte de lacets.

TEXTE B - Samuel Beckett (1906-1989), En attendant Godot (1953), Acte 1. VLADIMIR. - Quand j"y pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...

sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu"un petit tas d"ossements à l"heure qu"il est, pas

d"erreur.

ESTRAGON (piqué au vif). - Et après ?

VLADIMIR (accablé). - C"est trop pour un seul homme. (Un temps. Avec vivacité.) D"un autre

côté, à quoi bon se décourager à présent, voilà ce que je me dis. Il fallait y penser il y a une

éternité, vers 1900.

ESTRAGON. - Assez. Aide-moi à enlever cette saloperie. VLADIMIR. - La main dans la main on se serait jeté en bas de la tour Eiffel, parmi les premiers. On portait beau alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter. (Estragon s"acharne sur sa chaussure.) Qu"est-ce que tu fais ? ESTRAGON. - Je me déchausse. Ça ne t"est jamais arrivé, à toi ? VLADIMIR. - Depuis le temps que je te dis qu"il faut les enlever tous les jours. Tu ferais mieux de m"écouter.

ESTRAGON (faiblement). - Aide-moi !

Vladimir. - Tu as mal ?

ESTRAGON. - Mal ! II me demande si j"ai mal !

VLADIMIR (avec emportement). - Il n"y a jamais que toi qui souffres ! Moi je ne compte pas. Je voudrais pourtant te voir à ma place. Tu m"en dirais des nouvelles.

ESTRAGON. - Tu as eu mal ?

VLADIMIR. - Mal ! Il me demande si j"ai eu mal !

ESTRAGON (pointant l"index). - Ce n"est pas une raison pour ne pas te boutonner. VLADIMIR (se penchant). - C"est vrai. (Il se boutonne.) Pas de laisser-aller dans les petites choses. ESTRAGON. - Qu"est-ce que tu veux que je te dise, tu attends toujours le dernier moment. VLADIMIR (rêveusement). - Le dernier moment... (Il médite.) C"est long, mais ce sera bon. Qui disait ça ?

ESTRAGON. - Tu ne veux pas m"aider ?

VLADIMIR. - Des fois je me dis que ça vient quand même. Alors je me sens tout drôle. (Il ôte

son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) Comment dire ?

Soulagé et en même temps... (Il cherche) ... épouvanté. (Avec emphase.) É-POU-VAN-TÉ. (Il

ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) Ça alors ! (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) Enfin... (Estragon, au prix d"un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s"il n"en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans la chaussure, les yeux vagues.) - Alors ?

ESTRAGON. - Rien.

VLADIMIR, - Fais voir.

ESTRAGON. - Il n"y a rien à voir.

VLADIMIR. - Essaie de la remettre.

ESTRAGON (ayant examiné son pied). -- Je vais le laisser respirer un peu. VLADIMIR. - Voilà l"homme tout entier, s"en prenant à sa chaussure alors que c"est son pied le coupable. (Il enlève encore une fois son chapeau, regarde dedans, y passe la main, le secoue,

tape dessus, souffle dedans, le remet.) Ça devient inquiétant. (Silence. Estragon agite son pied,

en faisant jouer les orteils, afin que l"air y circule mieux.) TEXTE C - Eugène Ionesco (1912-1994), Rhinocéros (1959).

[Au début de la pièce, deux amis se retrouvent, dans une ville où une étrange maladie, "la

rhinocérite", transformera peu à peu les habitants, sauf Bérenger, en rhinocéros. Cette transformation constitue une image de la montée du nazisme ou d"autres formes de totalitarisme.] JEAN, l"interrompant. - Vous êtes dans un triste état, mon ami. BERENGER. - Dans un triste état, vous trouvez ?quotesdbs_dbs4.pdfusesText_8