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THÈSE

En vue de l"obtention du

DOCTORAT DE L"UNIVERSITÉ DE TOULOUSE

délivré par l"Université Toulouse-Jean Jaurès Spécialité : géographie et aménagement

Présentée et soutenue par Jerónimo D

ÍAZ

le 8 décembre 2014 La gentrification négociée. Anciennes frontières et nouveaux fronts dans le Centre Historique de Mexico

Sous la direction de Marie-Christine J

AILLET et Guy THUILLIER

École doctorale TESC (ED 327)

Centre interdisciplinaire d"études urbaines (LISST) JURY Jérôme MONNET!professeur à l"Université Paris-Est! Vincent VESCHAMBRE!professeur à l"École nationale supérieure d"architecture de Lyon! rapporteurs Guénola CAPRON professeure à l"Universidad Autónoma Metropolitana-Azcapotzalco! Marie-Christine JAILLET!directrice de recherche CNRS, Université Toulouse-Jean Jaurès! Modesta SUÁREZ!professeure à l"Université Toulouse-Jean Jaurès! Guy THUILLIER!maître de conférences à l"Université Toulouse-Jean Jaurès! Résumé  La gentrification négociée. Anciennes frontières et nouveaux fronts dans le Centre Historique de Mexico

Durant la première décennie du XXI

e siècle, le centre historique de Mexico a cessé de perdre ses habitants, amorçant un mouvement de revalorisation économique et symbolique dont on com-

mence à peine à mesurer l"importance. Cette thèse retrace la formation de ce haut lieu patrimo-

nial pour mieux appréhender la singularité du processus de gentrification qui s"y déploie. Deux

postulats sont mis à l"épreuve.

D"abord, il est stipulé que la gentrification s"inscrit dans un continuum historique qui déter-

mine la division sociale de l"espace urbain. On constate en effet que les "pionniers urbains"

prennent place en des lieux spécifiques, en particulier le long des foyers "civilisateurs" établis

depuis la période coloniale, où l"on retrouve actuellement une offre immobilière adaptée aux as-

pirations et aux besoins sécuritaires des nouveaux habitants. Ensuite, la gentrification n"est pas le produit d"acteurs individuels mais elle implique des con-

flits d"intérêts entre des acteurs collectifs. Nourrie par de nombreux témoignages, cette re-

cherche interroge le rôle que les élites politiques et économiques entendent attribuer au noyau

historique de la capitale mexicaine ; elle expose la participation ambigüe des classes intermé-

diaires ainsi que les différentes formes de résistance exprimées par les populations exclues du

projet urbain. Enfin, afin d"évaluer la prétendue pluralité du projet de "revitalisation", reprenant

les débats autour de l"aménagement participatif, elle offre une description détaillée des diffé-

rents mécanismes de patrimonialisation et de gestion sociale établis par le gouvernement local en guise de neutraliser les conflits inhérents au processus de gentrification. Resumen  Negociar la gentrificación. Antiguas fronteras y nuevos frentes en el Centro Histórico de la Ciudad d México

Durante la primera década del siglo XXI, el Centro Histórico de la Ciudad de México dejó de des-

poblarse, dando paso a un proceso de revalorización económica y simbólica cuyas causas y con-

secuencias no han sido plenamente identificadas. La tesis abarca los orígenes de este importante

sitio patrimonial y pretende analizar los territorios actuales de la gentrificación a partir de los

postulados siguientes. Primero, se estipula que la gentrificación se desenvuelve dentro de un continuo histórico que

determina la división social del espacio urbano. De hecho, la investigación arroja que los "pione-

ros" tienden a apropiarse lugares específicos, que suelen ser los antiguos núcleos "civilizatorios"

establecidos durante la colonia. Allí se concentra también la oferta inmobiliaria dirigida hacia

estos nuevos grupos de población, más exigentes en términos de seguridad y de confort urbano.

En segundo lugar, se establece que la gentrificación no es el producto de actores aislados sino que implica conflictos de intereses entre diversos actores colectivos. Nutrida con testimonios

diversos, esta tesis examina el carácter que las élites económicas y políticas quisieran imprimir

sobre un territorio medular para la capital mexicana; expone además la participación ambigua de las clases medias y retrata las diferentes formas de resistencia puestas en marcha por los sec- tores excluidos del nuevo proyecto de ciudad. Con el fin de evaluar la pluralidad del proyecto "revitalizador" del Centro Histórico, y retomando discusiones en torno al ordenamiento territo- rial participativo, la tesis ofrece un panorama detallado de los mecanismos de patrimonializa-

ción y de gestión social, establecidos por el gobierno del Distrito Federal en su intento por neu-

tralizar los conflictos inherentes al proceso de gentrificación. Université Toulouse-Jean Jaurès, campus du Mirail Centre interdisciplinaire d"études urbaines (LISST-Cieu)

École doctorale TESC

THÈSE

pour obtenir le grade de docteur de l"université en géographie et aménagement La gentrification négociée. Anciennes frontières et nouveaux fronts dans le Centre Historique de Mexico

Jerónimo DÍAZ

Présentée et soutenue publiquement

le 8 décembre 2014

Sous la direction de Marie-Christine J

AILLET et Guy THUILLIER

Jury

Jérôme M

ONNET professeur à l"Université Paris-Est Vincent VESCHAMBRE professeur à l"École nationale supérieure d"architecture de Lyon rapporteurs Guénola CAPRON professeure à l"Universidad Autónoma Metropolitana-Azcapotzalco Marie-Christine JAILLET directrice de recherche CNRS, Université Toulouse-Jean Jaurès Modesta SUÁREZ professeure à l"Université Toulouse-Jean Jaurès Guy THUILLIER maître de conférences à l"Université Toulouse-Jean Jaurès 3 On ne peut pas éliminer la géographie car elle est la base du Tout. Si l"on s"en tient au Centre Historique, le tracé préhispa- nique a servi de base au tracé espagnol. Les anciens n"ont jamais quitté l"espace qu"ils occupaient avec leurs chinampas et les Es- pagnols ont utilisé cet espace en remblayant les canaux et en asséchant le lac. Tout cela est très géographique. À l"intérieur de cette géographie se donnent les relations humaines et en particu- lier la culture mexicaine. Le Centre Historique est le noyau de la mexicanité, c"est à dire qu"il est fondamental pour tout le pays. Il ne suffit pas de savoir que le Zócalo existe : chacun fait de son mieux pour pou- voir venir jusqu"ici au moins une fois dans sa vie. C"est en cela qu"il constitue un noyau de formation nationale. La culture qui se crée ici au quotidien implique bien sûr des affrontements et des situations harmonieuses. Rien que dans la zone où je travaille, j"observe chaque jour la richesse qu"apportent les uns et les autres avec leurs différents héritages culturels. On retrouve ces héritages dans les travaux universi- taires mais parfois les gens ont aussi leur propre culture et dans n"importe quel quartier on peut t"apprendre plein de choses qui n"apparaissent pas dans l"histoire officielle. L"habitant du terri- toire recèle en effet une richesse incomparable qui se perd lorsqu"il est déplacé. Mais j"observe surtout un enrichissement mutuel, non pas exclusif, des différentes classes sociales et des lieux. Le Centre Historique est un être vivant qui évolue et nous ignorons encore la personnalité qu"il aura au bout du temps. Don Miguel, président de l"Union des Mécanographes et Typographes de Santo Domingo. Entretien 4 5

Remerciements

Cette recherche a été réalisée grâce à une allocation de recherche de l"Université de Toulouse-

Le Mirail, désormais Jean Jaurès, grâce à laquelle j"ai eu l"opportunité d"apprendre puis

d"enseigner la géographie. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers l"équipe de l"Institut

Daniel Faucher, particulièrement envers Guy Thuillier pour m"avoir accompagné dans la réflexion scientifique, mais également dans le quotidien du travail pédagogique. En outre,

l"aventure de la thèse engagée en 2008 n"aurait jamais abouti sans le soutien et la qualité de la

direction de Marie-Christine Jaillet. Ensemble, ils ont assuré un suivi rigoureux et suffisam- ment flexible sur mes recherches, même lorsque j"étais à l"autre bout de l"Atlantique. En ce sens, je remercie Guénola Capron pour m"avoir facilité le passage d"un univers à l"autre, d"abord, en m"associant depuis 2007 à ses recherches sur La notion de confort dans les

banlieues de classes moyennes et supérieures (Mexico/Toulouse), ensuite, en me présentant

l"équipe mexicaine du Laboratorio de Análisis Socioterritorial (LAST), alors dirigé par Sa- lomón González. La convivialité et les discussions tenues avec les membres du LAST, autour

de la question de la gentrification, ont été aussi importantes que les échanges tenus au sein de

mon propre institut de rattachement : le Laboratoire Interdisciplinaire, Solidarités, Sociétés,

Territoires. Je remercie spécialement les membres de sa composante urbaine, le Centre inter-

disciplinaire d"études urbaines (LISST-Cieu), pour m"avoir encouragé à tout moment, y

compris pour m"avoir permis de participer au séminaire Gentrificación en metrópolis lati-

noamericana organisé au Chili par Yasna Contreras. Mes remerciements vont, par ailleurs, envers toutes ces personnes qui se sont prêtées au partage et à l"écoute, particulièrement Claudia Zamorano, David Mateos Escobar, Luis Fer- nando Granados, Anne Becker, Diana Silva, Víctor Delgadillo, Marco Madrigal, Marie

Védie et Lila Oriard, entre autres spécialistes de la question urbaine à Mexico. Ces échanges

ont déterminé le cours de cette thèse, tout aussi alimentée par les nombreux débats réalisés au

sein de la communauté scientifique américaniste à Toulouse. Je tiens à saluer l"effort des

jeunes chercheurs de l"Association Toulousaine pour la Recherche Interdisciplinaire sur les Amériques (ATRIA) ainsi que celui des professeurs qui participent à cette dynamique. En dehors du cadre académique, l"émission radio Expression Latine a été pour moi une expérience collective formatrice, au même titre que le projet de journalisme Agencia SubVer- siones auquel je participe. J"admire l"engagement et je remercie la camaraderie des gens qui m"ont entouré, en France comme au Mexique, au long de ce parcours militant. Merci égale- ment aux amis de la Casa del Pueblo pour leur soutien permanent. Je voudrais remercier mes proches pour m"avoir accompagné sans relâche, en particulier ma mère Catherine Marielle, qui a relu le manuscrit à plusieurs moments. À mon père et

mon frère, Marco et Lucio Díaz, ainsi qu"à ma chère Elena. À eux tous je dédie ce travail.

Enfin, mis à part un épisode malencontreux, lorsque j"ai dû courir pour garantir ma sécu-

rité et celle de mon appareil photographique, le Centre Historique de Mexico m"a exceptionnellement accueilli dans ses rues et ses foyers. Je suis infiniment reconnaissant en-

vers toutes celles et ceux qui m"ont invité dans leur intimité et qui m"ont généreusement

prêté leur parole. Même si tous les échanges ne sont pas restitués dans cette thèse, j"espère

qu"elle sera à la hauteur de la qualité humaine que chacun m"a professée. 6 7

Mode d"emploi

Afin de faciliter une lecture croisée des différentes parties de la thèse, nous avons créé cinq

catégories d"illustrations : les cartes, les tableaux, les figures, les clichés (planches photogra-

phiques) et les encadrés (biographies et études de cas). En plus d"être référencés dans le corps

du texte, ces éléments sont repérables dans la table des illustrations (p. 449). Sauf mention contraire, les illustrations sont de l"auteur. Les vingt-neuf cartes mobilisées,

y compris la carte synthétique détachée qui accompagne l"ouvrage, ont toutes été élaborées

par l"auteur avec les logiciels libres QuantumGIS, Inkscape et le gratuiciel Philcarto, dont l"inventeur exige une mention légale à chaque utilisation. Concernant l"usage des signes de ponctuation et la typographie, nous avons fait le choix de la police Adobe Garamond Pro, qui évoque -à l"image de notre travail- la continuité des

œuvres du passé dans le monde présent (police recréée et commercialisée à partir des carac-

tères établis par Claude Garamond, 1499-1561). En revanche, compte tenu du passage

permanent de l"espagnol au français, il n"a pas été aussi simple de déterminer l"emploi des

majuscules, des italiques et des guillemets :

o Les majuscules sont utilisées pour les noms d"institutions (ex : secrétariat aux Affaires So-ciales). Une liste des sigles est disponible en fin de thèse, avec tous ces noms en langue originale. Le Mexique étant une fédération, soulignons d"emblée qu"une distinction est faite entre les ministères (instances fédérales) et les secrétariats (instances locales).

o Les italiques sont appliquées aux mots en langue étrangère (voir le glossaire pour les termes récurrents de barrio, plaza, traza et vecindad), aux néologismes (hormis gentrifica- tion), aux titres de publications et aux programmes gouvernementaux. En des cas exceptionnels, elles permettent de mieux distinguer des concepts composés (ex : mode d"action sur la mémoire).

o Les guillemets anglais (" ") introduisent des expressions familières ou servent à nuancer la portée d"un concept (ex : "revitalisation"). En revanche, l"usage des guillemets français (" ») est réservé aux citations d"auteurs et aux fragments de témoignages. Lorsqu"ils dépas-sent plus de trente mots, ces éléments sont séparés du corps du texte.

Toutes les citations utilisées sont présentées en français. Quand la source mentionnée est

un texte étranger, la traduction a été faite par l"auteur. Enfin, le système de références biblio-

graphiques adopté est celui de la Revue d"histoire moderne et contemporaine. 8 9

Sommaire

Introduction

1

ère partie

VERS UN NOUVEL ORDRE URBAIN

I. Le patrimoine urbain

1. Une notion moderne

2. Le phénomène urbain en Amérique latine

II. Théories et terrains de la gentrification

1. Élaborer un concept pour changer de paradigme

2. Circulations paradoxales du néologisme

III. L"aménagement participatif en question

1. Les degrés de la participation

2. Vers un urbanisme collaboratif

2ème partie

GENÈSE D"UN ESPACE PATRIMONIAL

IV. La Nation dans la ville

1. L"odyssée urbaine de Huitzilopochtli

2. Une cité, deux républiques

3. En quête d"une identité propre

V. Le centre-ville face à la modernité

1. Gouverner l"urbanisation

2. Le réveil de la société civile

3. La gauche au pouvoir

VI. La reconquête du Centre Historique

1. López-Slim : un partenariat contre-nature ?

2. Les territoires de la politique sociale

3. La lutte des places : confiner l"ambulantage

4. La consolidation du projet urbain

5. Retours en ville : un bilan contrasté

3ème partie

RÉSISTANCES ET PARTICIPATIONS

VII. L"archipel des "pionniers"

1. Liens et lieux des nouveaux habitants

2. Les activistes de la "revitalisation"

VIII. Résistances populaires

1. Permanence et mutations du MUP

2. Témoignages de "la base"

3. Le barrio bravo de Tepito : ultime frontière

IX. Les nouveaux chemins de la participation

1. EFCyCP : de retour à l"école

2. Une participation dépendante

Conclusion

10 11

INTRODUCTION

Un couple de jeunes riches et sans enfants me reçoit dans l"appartement rénové qu"ils ont acquis dans le Centre Historique. Ils appartiennent à une famille d"agents immobiliers éta- suniens et prétendent élargir le buisines vers le centre ancien de Mexico qu"ils comparent volontiers au New York d"avant Rudolph Giuliani. Le décor est impeccablement blanc, à l"exception d"une carte cadastrale colorée de punaises, chacune indiquant les immeubles qu"ils ont dans le collimateur. Une punaise rouge indique un immeuble transformé en en- trepôt par les commerçants ambulants : en le rachetant, ils espèrent infliger un coup au commerce informel qui " enlaidit » le secteur.

Une femme indigène me raconte son histoire de vie. Elle est arrivée à Mexico à l"âge de

huit ans pour se consacrer à l"ambulantage. La lutte qu"elle a entreprise à partir de 1977 pour se maintenir dans l"appartement qu"elle habite aujourd"hui, s"est radicalisée vers la fin

des années quatre vingt, lorsqu"elle s"est incorporée à une organisation de locataires affectés

par le séisme de 1985. Après avoir résisté à sept tentatives d"expulsion, elle a enfin réussi à

ce qu"en 2003 le gouvernement de la ville exproprie l"immeuble en faveur des occupants. Elle imagine un avenir meilleur pour les six enfants qu"elle a élevé seule et souhaiterait qu"ils restent dans le Centre Historique qui les a vu naître. Durant la première décennie du XXIe siècle, le Centre Historique de Mexico a cessé de perdre ses habitants, annonçant un mouvement de " retours en ville »

1 dont on commence à

peine à mesurer l"importance. La requalification de l"habitat et le repeuplement du site sont l"expression d"une revalorisation symbolique et économique qui appelle toutes les approches

scientifiques, des évaluations variées permettant d"établir les causes et les effets de ce processus

ainsi que différentes lectures critiques capables d"identifier les acteurs en jeu, les "gagnants" comme les "perdants". Cependant, bien que la littérature apparaisse de plus en plus abon-

dante, la question de la gentrification de ce haut lieu du patrimoine national n"a fait

qu"effleurer le débat académique sans être vraiment posée en tant qu"objet de recherche. L"objet n"est pas simple et la problématique n"implique pas un débat précisément neutre. L"hypothèse de la gentrification provoque des mécontentements et des réactions de la part

des promoteurs de la "revitalisation" ou encore de la "régénération", des métaphores qui ont

le mérite de mobiliser les consciences mais qui occultent des relations d"inégalité.

2 Elle dé-

range car elle se focalise sur ce qui ne va pas, elle sème le doute au lieu de célébrer une

urbanité retrouvée, elle interroge la différentiation sociale au lieu d"intégrer le décor. En

somme, elle vient à l"encontre d"une opinion publique construite par les promoteurs immobi- liers, les médias, les habitants qui défendent la "revitalisation" comme une cause qui leur serait propre et les chercheurs ayant fixé certains compromis avec les pouvoirs publics.

L"argument privilégié par les détracteurs du concept consiste à dire que le terme corres-

pond à une réalité culturelle spécifique, le monde anglophone, et qu"il n"a pas lieu d"être dans

des pays comme la France ou le Mexique. Pourtant, dans les pays anglophones la polémique

n"est pas moins vive. La gentrification a tour à tour été qualifiée de " concept chaotique » par

les sociologues urbains, condamnée à mort par des géographes exaspérés, et l"on a même assis-

1 Catherine BIDOU-ZACHARIASEN (éd.), Retours en ville: des processus de " gentrification » urbaine aux politiques

de " revitalisation » des centres, Paris, Descartes & Cie, 2003.

2 Mathieu VAN CRIEKINGEN, " Comment la gentrification est devenue, de phénomène marginal, un projet

politique global », Agone, 38-39, 2008, p. 7188. 12 té à des campagnes publicitaires payées par les promoteurs newyorkais afin de nettoyer sa connotation. Ce faisant, le terme n"a fait qu"acquérir de l"importance en se propageant de

façon incontrôlée. Qu"on le veuille ou non, on le retrouve désormais dans les manuels sco-

laires de géographie française comme dans les pages des quotidiens mexicains. Mais de quoi s"agit-il ? La gentrification implique des individus et des groupes issus de différentes classes sociales

dont les projets de vie apparaissent opposés, voire contradictoires : les uns tendent à déplacer

les autres. De nombreux auteurs s"accordent à dire qu"il s"agit d"une forme de colonisation des quartiers populaires par des secteurs plus aisés de la société.

3 Cette "colonisation" mo-

derne opère schématiquement à travers des "pionniers" qui, enthousiastes et volontaristes, s"occupent de "pacifier" et d"ouvrir le terrain à de nouveaux habitants, dans un mouvement soutenu par des groupes nationaux et internationaux ayant un pouvoir économique et poli-

tique. Par ailleurs, la gentrification se réfère aux effets pervers induits par la revalorisation

d"un espace urbain donné et ce serait donc un contresens de la revendiquer comme un objec- tif programmatique.

4 Pourtant, étant donné les nouvelles conditions d"accumulation du

capital, la concurrence interurbaine globale et le remplacement du paradigme de l"État socialquotesdbs_dbs8.pdfusesText_14